jeudi 31 janvier 2013

Série - Copper produit par la BBC America

BBC America - Copper : Une série rafraîchissante, cependant desservie par une réalisation médiocre !!!

Note : 3 / 5

Synopsis :
Dans le New York du 19ème siècle, on suit les aventures d'un jeune flic irlandais cherchant à découvrir la vérité sur la disparition de son épouse et la mort de sa fille. Son amitié avec deux compatriotes de la Guerre Civile, le fils d'un riche industriel et un médecin afro-américain, l'amène à côtoyer aussi bien la très chic 5ème Avenue que le Harlem populaire. De leurs années de combats, les trois amis partagent un terrible secret qui lie leurs vies à jamais.

Critique :
Pour son premier drama original, BBC America a décidé d’exploiter un domaine dans lequel les Anglais excellent, soit le period drama, tout en l’américanisant. C’est ainsi que l’on se retrouve à New York en 1864. On ne peut pas dire que ce soit une ère particulièrement exploitée, "Gangs of New York" de Martin Scorsese (qui s’arrête en 1862) étant clairement ce qui est le plus ancré dans la culture populaire aujourd’hui sur la question.
Dans la série, on suit Kevin Corcoran, un immigré irlandais, flic dans la Grosse Pomme du lendemain de la guerre de Sécession, en 1864. Un héros aux manières brutales, à vif depuis la mort de sa fille et la disparition mystérieuse de sa femme, prêt à tout pour rendre justice et débarrasser la ville de ses criminels, mais freiné par une hiérarchie corrompue. Ses meilleurs alliés, son équipe de flics quasi cow-boys, une prostituée dont il a fait sa confidente, et bientôt la femme d’un des hommes les plus riches de la ville.
Créée par Tom Fontana et Will Rokos ("Southland"), "Copper" se concentre donc sur Kevin Corcoran, interprété par Tom Weston-Jones. Passionné d’histoire, Tom Fontana ("Oz", "Borgia"), s’est fait un nom grâce à l’excellent polar "Homicide", dans les années 1990. Première série originale de BBC America, la branche américaine de la télévision publique britannique, "Copper" lui offre l’occasion de mêler ses deux passions.
On retrouve une ville crasseuse, boueuse, violente (on est aussi dans le même quartier que dans le film de Scorsese, les Five Points) où la justice est expéditive et où la différence entre flics et truands se fait parfois par le seul port d’un badge. Si la réalité de l’Amérique de l’époque (conflits entre immigrants, difficile intégration des Noirs à peine affranchis, corruption, etc.) est bien présente, la patte de Fontana qui n'est pas du genre à mépriser la réalité historique, "Copper" est avant tout un polar, et un drame autour de la vie privée de son héros. 
Dans son pilote, "Copper" part sur des bases très classiques pour une série policière. Si elle semble d'abord correspondre à un procedural traditionnel, le deuxième épisode apporte une continuité plus " feuilletonnante", prouvant que la série entend construire des storylines dans la durée. En dépit d'une exécution très prévisible, l'atout principal de la série réside avant tout dans la valeur ajoutée que constitue son cadre.
Elle s'efforce donc de capturer une ambiance new yorkaise marquée par la violence, tout particulièrement au sein du quartier pauvre dans lequel évolue notre héros où prospèrent crime et prostitution. Les incursions dans les coins plus riches, notamment cette maison close vers laquelle nous conduit la première enquête, montrent aussi que derrière des apparences plus policées, les excès et les dérives se rencontrent tout autant dès que l'on entrouvre les portes closes.
Le choix d'évoquer d'emblée la prostitution et le meurtre d'enfant témoigne des intentions de "Copper" de nous glisser dans ce XIXe siècle. Mais la série peine à happer le téléspectateur dans ce tourbillon qui reste un arrière-plan distant, avec du potentiel, mais bien loin de la force qu'avait pu avoir l'installation du cadre dans "Deadwood" par exemple (pour rester dans une même époque).
L’enquête centrale de ce début de série s’articule donc autour du viol et du meurtre d’une fillette dont la sœur jumelle est prostituée. Corcoran, avec l’aide de son équipe et d’un médecin légiste précurseur, une sorte d’expert du XIXe siècle, va remonter la piste du tueur, qu’il localise rapidement dans les hautes sphères de la ville, parmi les clients d’une luxueuse maison close. Menée brutalement, avec tabassages et menaces en lieu et place des interrogatoires, l’intrigue est solide, et permet d’installer l’univers de la série, sombre et crasseux.
Toutefois, ceci étant dit, il est difficile de ranger "Copper" dans une case. Ce n'est pas vraiment une série policière avec une enquête par épisode mais ce n'est pas non plus une série dramatique à proprement parler et peut-être qu'elle souffre d'être d'un genre bâtard. Le premier épisode est assez rude, et j'aurais aimé que la série garde l'esprit de ce début plutôt marquant, même si la violence est latente tout au long de la série. Les épisodes sont inégaux qualitativement parlant. Après un début explosif, l'histoire se traine un peu avant de devenir plus passionnante grâce à un complot visant New York. Cependant, la série est assez plaisante à regarder grâce aux personnages charismatiques qui la peuplent tels Kevin "Corky" Corkoran et le major Robert Morehouse.
Le casting est très bon. On regrettera seulement que les femmes, Franka Potente et Anna Griffith, soient moins imposantes que leurs collègues masculins, elles font pâle figure face à Tom Weston Jones et Kyle Schmid dont les personnages leur permettent plus de profondeur. Même Kevin Ryan (Francis Maguire) a plus de présence qu'elles alors qu'il n'a qu'un second rôle (mais quel second rôle ! Son accent et la violence retenue sur le point d'exploser de son personnage sont exceptionnels !).
Casting de qualité, narration efficace, ressorts dramatiques déjà vus (le héros maudit veut venger sa famille) mais convenablement exploités, "Copper" profite du savoir-faire de Fontana et de son producteur exécutif Barry Levinson, Oscar du meilleur réalisateur pour "Rain Man" en 1989. C’est pourtant du côté de la mise en scène que la série pèche le plus.
Au mieux banale, au pire hésitante, elle fait le choix d’un "réalisme" sans style, pas forcément judicieux et desservi par une photo médiocre. La conséquence, sans doute, d’un budget limité, tout entier dépensé dans des décors et des costumes, eux convaincants. 
Au final, sur la forme, "Copper" fait un travail honnête de reconstitution du New York des années 1860. Abusant parfois un peu d'une image très sombre, mais qui correspond bien à l'ambiance recherchée, la série sait poser ses décors. Pour provoquer l'immersion, plus que son visuel, c'est sa bande-son fournie qui est mise à contribution : elle est riche en musiques irlandaises qui donnent un certain rythme au récit. Le générique est soigné et bien représentatif de la tonalité d'ensemble.
Sur le fond, la mise en scène et un certain manque d'ambition dans l'écriture laisse la série dans une zone de confort trop convenue pour être innovante. Il y avait pourtant nombre de passionnantes thématiques à exploiter : des enjeux raciaux avec le contexte de la guerre, mais aussi le caractère inégalitaire de la justice ou encore la manière dont les puissants restent ostensiblement impunis et intouchables. La conception du métier de policier à l'époque offre suffisamment de contraste avec l'idéal théorique moderne pour pouvoir proposer quelque chose de sombre, de percutant. Par intermittence, la série tente de s'aventurer de manière superficielle sur ce terrain, mais elle souffre d'un manque de subtilité chronique, cédant à trop de facilités pour être convaincante.
Fort heureusement, "Copper" semble avoir une histoire à raconter qui puisse emporter une certaine adhésion et, malgré ses imperfections esthétiques et scénaristiques et les quelques lourdeurs, pardonnables ma foi, de cette première saison, elle reste assez plaisante à regarder.
La série originale de BBC America a connu un succès immédiat aux États-Unis, avec 1,1 million de téléspectateurs, du jamais sur la chaîne pour une nouvelle série, elle a été renouvelée. C’est désormais chose faite, "Copper" reviendra sur les écrans en 2013 pour une deuxième saison. "Copper" ne sera certes pas la série de l'année, mais elle saura se montrer divertissante !!! 

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