samedi 12 janvier 2013

BND - Rover en concert au Grillen de Colmar le 1er février 2013

Rover - Rover : Le chanteur au style aérien vient survoler la scène du Grillen à Colmar !!!

Note : 4.5 / 5

Derrière Rover, il y a Timothée Regnier. Une silhouette hors norme, sorte de croisement aberrant entre un marin soviétique et un écrivain romantique du début du XIXème. C'est le déracinement qui donne du grain à moudre à ce jeune compositeur français. Transbahuté entre la France et les États-Unis, ce fils d'expatrié s'installa au Liban pour rejoindre le groupe punk de son frère. Faute d'avoir renouvelé ses papiers à temps, il fut expulsé du jour au lendemain. Un traumatisme pour ce grand romantique, qui s'échoua sur les côtes bretonnes en plein hiver.
L'artiste français chante en anglais, avec une sacrée gueule et un goût sûr affiché pour quelques précieuses icônes de la pop anglo-saxonne. Avec un physique impressionnant, à la fois inquiétant et lunaire, une diction libérée de tout accent ­ridicule (ni trop susurré, ni trop forcé) maniant l'anglais avec naturel et évidence, un coffre réellement à part et une écriture qui évite la trop respectueuse photocopie, le garçon se révèle à la hauteur de ceux auxquels il s'inspire.
Il marche dans les pas de ceux qu’il considère comme ses maîtres, ceux qu’il écoute presque quotidiennement, les Beach Boys de Brian Wilson, Bowie ou les Beatles. Mais lui n’est le disciple de personne, encore moins un jeune passéiste. Comme les contemporains qu’il apprécie, d’Interpol aux Black Keys, il a digéré, réinterprété et synthétisé ses influences. De New York, ville où sa famille s’est installée quand il avait 7 ans, il a gardé l’esprit créatif.
Intitulé sobrement "Rover", l'album dévoile onze titres de haute facture, enrobés dans une délicieuse ambiance mélancolique et rehaussés par la très belle voix de l'artiste. Une de ces voix qu'il serait sacrilège de ne pas utiliser pour la musique, tant elle se balade dans les aigus et les graves avec aisance. Car Rover, c'est avant tout une voix qui s’étend sur plusieurs octaves. Le titre phare de l’opus, "Aqualast", permet à tout à chacun de s’en rendre compte. La dimension épique de ce titre est tout à fait exceptionnelle, dans une ambiance feutré, la voix de l’artiste s’envole vers des sommets pop que n’auraient pas renié les Beach Boys ou Bowie.
Car il y a bien du Bowie de la grande époque dans ses mélodies tortueuses, son art de tordre les mots sur fond d'arrangements pop stylés, d'une savante sobriété. Et peut-être aussi de Dan Bejar, l'am­bitieux disciple canadien du Thin White Duke opérant sous le nom de Destroyer. Rover a beaucoup bourlingué, de New York à Beyrouth, cela expliquant sûrement son style singulier, de partout et nulle part à la fois. Loin d'être lourd et insignifiant, c'est costaud et aérien !
S’il a choisi de répondre au nom de Rover, c’est pour ses sonorités viriles, parce qu’il est fan de voitures anglaises mais aussi parce qu’il conçoit sa vie comme une suite de voyages ("to rove" signifiant "errer"). Justement, il est loin d’être arrivé à destination. Depuis quelques semaines, c’est à la tête d’un groupe qu’il prend la route pour donner des concerts intenses. Et justement cette route l'amènera à Colmar le 1er février prochain, pour un concert intimiste dans la sublime et minimaliste salle du Grillen. A ne pas perdre assurément !!! 

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