dimanche 30 septembre 2012

Musique - I bet on sky de Dinosaur Jr.

Dinosaur Jr. - I bet on sky : Un album plein de finesse livrant une collection de musiques luxuriantes !!!

Note : 4 / 5

Groupe de rock indépendant américain originaire d'Amherst dans le Massachusetts, Dinosaur Jr. est une formation emblématique de l'indie-rock US. Le groupe, ayant régné sur les bas-fonds des années 80 et 90, fait aujourd'hui encore vrombir ses amplis. D'autant plus qu'il a retrouvé son line-up originel, autour de Jay Mascis, Lou Barlow et Murph.
Le cœur et le cerveau de tout être humain normalement constitué devraient s’emplir de joie et d’émotions à l’écoute de "Start Choppin’" ou de "Goin’ Home", deux titres de Dinosaur Jr. extraits de "Where You Been?", disque bruitiste majestueux de la bande de J. Mascis datant de 1993. Le groupe originaire d’Amherst en était déjà à son cinquième opus et la nonchalance lourde du groupe et de son leader était devenue une marque de fabrique inoxydable.
Séparés en 1997 puis reformés en 2005 avec Lou Barlow, ex-démissionnaire et génial instigateur de Sebadoh, Dinosaur Jr. avait un défi à relever : ce lui qui consiste à diluer les années 1990 dans les années 2000. Sans passer pour un ringard et sans pour autant renier ce son si caractéristique qui a fait la gloire du groupe.
Depuis bientôt trente ans qu’il est apparu pour la toute première fois, Dinosaur Jr. aurait pu saisir moult occasions de dévier de sa marque de fabrique qui, avec le temps et à la veille de chaque nouvel album, l’a toujours rendu prévisible. Il ne l’a jamais fait, y compris en 2005 quand il mettait fin à huit années d’absence. Tout juste Jay Mascis, Lou Barlow et Murph auront offert quelques variantes à leur indie-rock. Aussi, le trio aurait pu lasser son public. Malgré quelques aspects parfois répétitifs, il n’y est jamais parvenu non plus, la faute à son charismatique frontman qui, en chantant et jouant de la guitare comme personne, aura toujours servi de garantie indéfectible au style Dinosaur Jr. Autant dire qu’il était inutile d’attendre une quelconque innovation de la part de ce "I Bet On Sky", nouvel et dixième album forcément symbolique.
Ces types sont diablement impressionnants. Après quelques disques fondamentaux et des disputes légendaires, le groupe, succombant à la tentation de la reformation en 2005, s’amusa à sortir un disque, "Beyond". Excellent. Surpassant les livraisons des années 90. Un cas d’école. Alors que la grande majorité des reformations se vautraient lamentablement, Dinosaur Jr. sortait un disque chic avec une facilité déconcertante. Jay et Lou font dans le comique de répétition : en 2009, "Farm" reprenait paresseusement mais avec talent les affaires de 2005. Nous sommes en 2012 et la blague dure toujours.
Et il se pourrait bien que "I Bet On Sky" soit le meilleur des trois. Pour son nouvel album, le trio n'a pas hésité à ajouter quelques gimmick pop à ses traditionnelles compos portées par des rythmiques pesantes. Cela n'empêche pas "I Bet On Sky" dans un pur style Dinosaur Jr., fait de riffs imparables et d'un chant incroyable.
Ainsi les riffs autistes de Mascis et la basse lourde de Barlow sont au service de chansons parfaites.  Les cinq premières du disque, relativement courtes, sont hallucinantes. Le riff du morceau d’ouverture peut rendre fou les gens fragiles. Une véritable cure de jouvence. 30 ans d’existence et une jeunesse immaculée.
"I Bet On Sky" semble dresser des passerelles entre les différentes époques de Dinosaur Jr. "Pierce the Morning Rain", bien nichée au milieu de l’album, rappelle que le groupe sait envoyer des mini-tubes cradingues dans le ciel et les faire exploser en vol, comme un bouquet final de feu d’artifice. "Watch The Corners" rappelle la dimension "geek du fond de la classe" de Dinosaur Jr. tandis que "See It On Your Side" va chercher du côté du grunge le plus désarticulé pour le plus grand plaisir des oreilles.
A l’écoute de ce disque, on ne peut qu’accuser Mascis and co de paresse en ce qui concerne les deux derniers disques. "I Bet On Sky" est un album diablement inspiré. "Recognition", une des deux chansons écrites par Barlow, frise l’excellence. "Rude", quant à elle, est assez dispensable.
L’intelligence musicale du groupe de Jay Mascis, Lou Barlow et Murph fait que le passé n’assombrit pas le présent, sans pour autant le tourner en ridicule, loin de là. "I Bet On Sky" a tout du petit tour de force. On n’en attendait pas moins de Dinosaur Jr. certes mais cette constance dans la quasi excellence force le respect, encore et toujours, près de vingt-cinq ans plus tard.
Plutôt que de se perdre et frôler le pathétique comme de nombreux autres rockeurs à bouteille, Dinosaur Jr. dépoussière, lustre sans cesse ici son statut de groupe culte renforcé chaque fois qu’un morceau s’achève. Forts d’une osmose qui semble ne jamais avoir été si forte, les trois sont la preuve vivante que, avec beaucoup de talent, le rock dans son plus simple appareil peut faire mieux que seulement résister au temps : il peut aussi le dicter !!!  

samedi 29 septembre 2012

Livre (Manga) - Virtus des éditions Ki-oon

Virtus : Un Ken le survivant à l'époque romaine !!!

Note : 3.75 / 5

Synopsis :
An 185 de l’ère chrétienne. L’empereur Commode, cruel et sanguinaire, entraîne Rome à sa ruine. Peu pressé de gouverner, il préfère combattre dans l’arène. Pour Marcia, concubine du tyran, Rome a perdu ce qui faisait le fondement de sa grandeur : la “virtus”, la force d’âme, la droiture.
Désespérée, elle sollicite l’aide d’une sorcière, qui fait venir par magie à Rome des hommes capables de rappeler cette valeur fondamentale au tyran. Le sort choisit un groupe de prisonniers japonais du XXIème siècle. Précipités sur les sables de l’arène, ils vont découvrir la cruauté du destin des gladiateurs : brutalité des entraînements, férocité des combats, brimades quotidiennes au ludus. Les intrigues politiques et la corruption de la capitale impériale parviendront-elles à briser l’esprit de ces hommes ?

Critique :
Après "Thermae Romae" (manga sur les bains publics romains et japonais), Rome continue d'inspirer les mangakas. Les éditions Ki-oon nous proposent "Virtus". Une histoire plutôt virile pour lecteurs avertis : L’empereur Commode se défoule régulièrement dans l’arène et mène  Rome à sa ruine, alors sa concubine s'associe à une sorcière pour ramener du japon, et du XXIème siècle, un mystérieux judoka qui saura faire revenir tout le monde à la vertu !
"Virtus" est un seinen de testostérone, une lecture bourrine où les pages sont à lire parce qu'elles déménagent, et qu'on se laisse emporter par l'action en oubliant toute réflexion. Beaucoup d'action donc, de violence, et de combat. Les auteurs n'y vont pas de main morte et proposent des pages parfois très "gores" pour le grand bonheur des amateurs du genre !
Ce qui frappe en premier c'est l’esthétique old school de ce manga, que l'on pourrait croire avoir été dessiné dans les années 80. Trait épais, musculatures surdéveloppées, yeux globuleux exsangues et déformations extrêmes des corps meurtris par les coups.
Découlant directement de ce parti pris old school, la lecture se révèle très efficace. Le tome se dévore et l'on parvient à la fin sans vraiment sans apercevoir. Le style y est donc pour beaucoup : on se délecte du graphisme réaliste, aux traits d'une épaisseur cohérente avec le côté "brut" de l'histoire. Le dessin, très détaillé, possède aussi une puissante expressivité et beaucoup de dynamisme. Les visages en colère, les mouvements, et autres faciès de lion d'arène ont une sacrée gueule et nous font frémir ! Cependant, le dessinateur a beaucoup plus de peine avec les visages souriants ou inexpressifs, qui parfois dérangent un peu l’œil au milieu de tant de réussite. Mais comme il n'a pas si souvent que ça l'occasion de les dessiner, ce n'est pas en fin de compte ce qui marque le plus.
Ainsi, son aspect clairement old school lui donne un charme désuet sympathique, à défaut de transcender la série graphiquement parlant. Si le dynamisme, la mise en scène et les coups d'éclats sont bien là, l'aspect gothique, surchargé parfois, ajoute à toute une ambiance qu'il est difficile de renier : à la lecture de ce premier tome, "Virtus" est avant tout un défouloir qui fonctionne ! Ajoutons à cela une source fantastique, proche de ce que l'on a connu dans l'excellent "Thermae Romae", à savoir le choc des cultures de la Rome antique et du Japon contemporain, pour donner à ce "Virtus" un ambiance assez unique, il faut bien le dire.
Le manga mélange ouvertement "Gladiator", "Rome" la série (le héros étant un gentil géant un peu frustre à la Titus Pullo) et divers mangas de baston. On pensera d'ailleurs à "Coq de combat" concernant les détails techniques des affrontements et à "Hokuto no Ken" ("Ken le survivant") concernant le dessin et l'ambiance réalistico-gore !
Au final, on ne lit pas "Virtus" pour sa finesse ni sa morale, mais pour sa redoutable efficacité dans l'illustration des différents combats que va aligner Takeru Narumiya avant sa probable rencontre finale avec Commode. Réponse en cinq volumes !!!

vendredi 28 septembre 2012

Musique (Actu) - Grrr ! des Rolling Stones

The Rolling Stones - Grrr ! : Deux inédits pour le best of du cinquantenaire du groupe !!!

Cinquante ans ! Un demi-siècle que les Rolling Stones font vrombir leur rock'n'roll à travers le monde.
C'est sans doute le logo le plus populaire de la musique britannique ! Cette bouche en forme de cœur, colorée d'un rouge vif, tirant la langue. Personne ne s'y trompera ! On parle bien des Rolling Stones. Le groupe rock célèbre cette année ses 50 ans de carrière. Un tel anniversaire ne pouvait être fêté sans rien donner au public. Mick Jagger et ses acolytes ont donc accepté de publier un nouveau best-of regroupant leurs plus grands hits. Intitulée "Grrr !", cette compilation paraîtra sur le label Mercury (Universal Music).
Pour célébrer cet anniversaire, le groupe sort le 12 novembre prochain un best of de pas moins de cinquante titres. La discographie des Rolling Stones s'étoffera donc cet automne avec la parution de ce nouveau best-of regroupant les plus gros hits du groupe britannique, et deux titres inédits dont l'un sera très prochainement envoyé aux radios.  
Aux morceaux les plus mémorables du groupe anglais, tels que "(I Can't Get No) Satisfaction", "Paint It, Black" et "She's a Rainbow", s'ajouteront deux pistes inédites enregistrés à Paris en août, "Gloom & Doom" et "One Last Shot". Ces dernières sont les tous premiers enregistrements du groupe réunis dans sa globalité (Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts et Ronnie Wood) depuis l’album "A Bigger Band" paru en 2005. Elles répondent à une forte demande des fans et font suite au succès de la réédition en novembre 2009 de "Get Yer Ya-Ya’s Out", le concert Live au Madison Square Garden du 4 septembre 1970.
"Grrr !" sortira en quatre formats différents. Du simple digipack 3CD au coffret Super Deluxe Edition en passant par le coffret cinq vinyles, "it's only rock'n'roll, but we like it !". Ainsi du premier "Come on" (qui était une reprise de Chuck Berry) jusqu'au deux derniers inédits, c'est tout un pan de la culture rock qui se fait enfin en coffret !!!  

jeudi 27 septembre 2012

Actu - Exposition "Nowhere" de Julien Pacaud

Julien Pacaud - "Nowhere" : Un Olympe futuriste, raffiné et épuré, où des personnages des trente glorieuses côtoient l'abstraction la plus contemporaine !!!

Quarks Gallery
32, rue Rodier
Paris IXème

Note : 4.5 / 5

Toute jeune galerie d'art lovée dans le IXème arrondissement de Paris, la Quarks Gallery vient d'inaugurer sa seconde exposition. A l'honneur cette fois Julien Pacaud, dont l'univers s'intègre à la politique néo-surréaliste menée par la galerie.
Diplômé de l’école Louis Lumière, où il a étudié le cinéma de 1993 à 1996, Julien Pacaud y développe son goût de l’image et y rencontre le réalisateur Jean-Christophe Sanchez avec qui il fonde l’Institut Drahomira, entité dédiée à l’expérimentation plastique, cinématographique et musicale. C’est en 2002 qu’il découvre le potentiel esthétique de l’imagerie numérique, et plus particulièrement la "photomanipulation", qui va lui permettre de développer pleinement sa créativité artistique. De là naissent ses "Rêves perpendiculaires", mondes fictifs où des personnages rétro évoluent au cœur de paysages géométriques baignés d’une lumière magnétique. Depuis 2003, ses œuvres ont été exposées en France, en Europe, aux Etats-Unis et en Australie.
Spécialiste de l'art digital, il opère un travail fascinant sur le montage-photo, alliant tons vintage et symbolique fantasmagorique. Il est également très actif sur Internet, participant ou créant de nombreux sites Web où il s'abandonne à son amour de l'expérimentation.
L’exposition "Nowhere" se déroulera donc du 25 septembre au 13 octobre 2012 et montrera donc les dernières œuvres numériques de l’artiste, principalement en tirages photographiques uniques. Aborder les rivages d’un nouveau monde, voyager dans le temps, ouvrir les portes d’autres dimensions sont des quêtes qu’a toujours poursuivies l’humanité. Nous avons tous rêvé un jour de lieux à la géométrie inconnue, aux règles physiques différentes de la Terre, où le temps, la lumière et l’espace se combinent intimement pour donner naissance à des phénomènes extraordinaires. Nos songes nous ont, à maintes reprises, transportés au cœur de cosmogonies inédites, dans des contrées chaotiques et complexes, ou au contraire ordonnées, structurées et désertiques.
Aujourd’hui encore, qu’il s’agisse des méandres de l’esprit humain où des tréfonds de l’univers, de nombreux mystères perdurent. L’art nous offre une image possible, plausible, non censurée de cette poursuite de l’absolu. Ainsi, ce n’est pas un voyage auquel Julien Pacaud nous convie, mais plutôt une transposition dans un Olympe futuriste, raffiné et épuré, où des personnages des trente glorieuses côtoient l’abstraction la plus contemporaine.
Le travail de Julien Pacaud n’est pas une tentative nostalgique de ressusciter ou de sublimer une époque révolue, déformée par la mémoire humaine, mais bien une connexion entre passé et avenir, un pont lâché entre deux tranches temporelles qui nous mène à une quête mystique à la fois interne et cosmique. Dans cette nouvelle vérité, tout devient possible. L’intime se mêle à l’universel. La poésie s’unit à la science-fiction !!!

mercredi 26 septembre 2012

BND - Le Rallye de France 2012 en Alsace

Le Rallye de France 2012 en Alsace : Du spectacle à renfort de pistons sur les routes alsaciennes !!!

Note : 4.5 / 5 

Sébastien Loeb, enfant chéri du Pays et octuple champion du monde de Rallye, revient en Alsace avec sa Citroën DS3, du 4 au 7 octobre, afin d'y disputer l'épreuve française comptant pour le Championnat du Monde des Rallyes WRC. Que l'on aime la course automobile ou pas, impossible de passer à côté de la déferlante WRC en Alsace.
A chaque début d'automne, depuis maintenant trois ans, les petites routes de notre belle région sont prises d'assaut par des dizaines de voitures gonflées à bloc, pilotées par les plus grands professionnels du monde (Loeb, Hirvonen, Soldberg, Ogier, etc.). Sang-froid, vélocité et virages en épingle abordés à plus de 100 km/h, le spectacle est continu et enchante les Alsaciens et autres, qui se déplacent en masse (plus de 350 000 spectateurs en 2011 !) pour assister à ces performances.
Pour cette troisième édition du rallye, le parcours a été profondément renouvelé avec 40% de nouvelles spéciales et 17% de kilomètres en plus par rapport à 2011. Si le rallye débute dès le jeudi soir par une super-spéciale tracée dans Strasbourg, la grosse journée de cette édition aura lieu le samedi avec 190 km au programme dans le Centre-Alsace et dans les Vosges. La journée du dimanche est originale pour un WRC avec six spéciales à parcourir et l’ES20 en guise de Power Stage. Deux anciennes spéciales disparaissent avec le Grand Ballon (cause environnementale) et Salm (à cause d’une portion terre interdite désormais).
Plusieurs parcours inédits cette année donc, comme la spéciale en plein Strasbourg du côté du Wacken, le rallongement record de l'épreuve dans le Pays d'Ormont (43 km), ou encore la modification du tracé de la spéciale au cœur de Haguenau. Les Haut-Rhinois se rassureront, la spéciale autour du Palais des Sports à Mulhouse est conservée : ou comment garantir 4,65 km de sensations fortes aux spectateurs !
Lors de la présentation du Rallye, Dominique Serieys, Directeur du Rallye, se faisait fort d’organiser de plus une course "éco-responsable, une charte pour le respect de l’environnement devant d’ailleurs être signée au Haut-Koenigsbourg". Cette Charte, signée par la Fédération Française du Sport Automobile (FFSA) et les 7 collectivités territoriales partenaires du Rallye, les engage en faveur d’un Rallye exemplaire en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Elle vise à officialiser la stratégie éco-responsable dans son ensemble. 
Ainsi, grâce à la Charte, des actions d’éco-conceptions ont été mises en place avec pour objectif, la réduction des émissions compressibles émises lors du Rallye et une politique de compensation carbone, ciblant les émissions incompressibles générées par le Rallye ont été développées. A ce titre, les Conseil Généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin et la Région Alsace, ont travaillé à une action conjointe de compensation carbone en créant un îlot de sénescence de 32 ha à travers l'arrêt d'exploitation d'une forêt de haute valeur biologique pendant 30 ans.
Du spectacle, de la tension, de l'adrénaline et des moteurs ronronnant, ne manquez pas du 4 au 7 octobre le troisième Rallye de France en Alsace !!!

mardi 25 septembre 2012

Livre (BD) - My lady vampire

My lady vampire : Une série qui ne révolutionne pas le genre, mais qui apporte des nouveautés intéressantes !!!

Note : 3.75 / 5 

Synopsis :
En 1825, Aloïs, bâtard du Marquis de Tullencourt, est accosté par le ténébreux Faust, assassin et vampire de son état. Après avoir été mordu jusqu'au sang, le jeune homme découvre qu'il est mort et devenu un vampire. De fait, son tortionnaire lui propose d'œuvrer pour lui durant le demi-siècle à venir. 
Au bout d'une trentaine d'années, alors qu'il s'est acquitté normalement de ses missions, Aloïs se voit pris dans un traquenard tendu par la meute dont dépend Faust. In extremis, il sauve sa peau pour échouer gravement blessé en Cambridge, au manoir du Comte Shelley dans lequel vit Loreleï, jeune aveugle après l'accident mortel de sa mère. Ne sera-t-elle pas la prochaine victime du vampire ou, au contraire, va-t-elle être celle qui va influer sur la destinée du fuyard ?

Critique :
Vu l'abondante production d'histoires de vampires parues ces derniers temps, faire preuve d'originalité dans le genre n'est guère une entreprise aisée. Pourtant, s'apparentant à la romance paranormale de par ses thèmes et ses atours, "My Lady Vampire : Deviens ma proie", de la collection Strawberry de chez Soleil, fait figure de bonne surprise. Une impression positive due à l'efficacité de l'histoire. 
On ne s'ennuie à aucun moment lors de la lecture de ce premier tome : une intrigue solide prend place rapidement, la galerie de personnages se réclame intéressante et les grandes lignes d'une romance complexe s'ébauchent. Force est de constater que la lecture de ce premier épisode est des plus agréables, bien rythmé, même s'il ne bouleverse pas le genre. On y trouve quelques bonnes trouvailles liées aux vampires et à leur mode opératoire.
La série s'adresse principalement aux filles, le titre et la couverture de ce premier tome ne font d'ailleurs guère mystère de la tonalité sentimentalo-gothique de la BD. Néanmoins, dès les premières planches, la série aborde deux petites originalités qui font plaisir. Premièrement, les humains découvrent tout de suite qu'Aloïs est un vampire (ce dernier ne s'en cache pas vraiment) ; ensuite, il ne tombe pas sous le charme de la charmante humaine Loreleï, du moins pour le moment. Du coup le récit concocté par Audrey Alwett ("Ogres", "Triskell", "Voyages aux ombres") y gagne en rythme et en intérêt.
L’histoire est attrayante et la lecture fluide. Son intérêt vient surtout d'une sorte de contre-emploi que la scénariste use adroitement dans la psychologie de certains de ses personnages (en particulier la jeune Loreleï). De même, certaines scènes s'écartent des ambiances ouatées, type fleur bleue liées à la collection Strawberry, en tombant dans une violence assez surprenante et dans une causticité bien accrocheuse qui donne réellement un certain mordant.
Les dessins de cette nouvelle série sont assurés par Silvestro Nicolaci, auteur italien ayant déjà participé au collectif "Sweety sorcellery", en illustrant une histoire courte. La partition visuelle se montre à la hauteur du récit. Le dessinateur réussit avec efficacité les transitions entre les ambiances nocturnes et diurnes. De même, son travail sur le character-design permet de distinguer aisément les vampires des humains.
Graphiquement donc, le dessin possède un très bon potentiel. Appuyé par une colorisation très réussie, le trait de Nicolaci est gracieux, assuré, plein de détails et anime un univers historique homogène qui colle aux intentions scénaristiques et plaisant à parcourir. Si les décors, dans leurs proportions, sont un tant soit peu "cartoonesques", il n’en demeure pas moins que la qualité picturale est au rendez-vous et se veut indéniable grâce à des personnages au charisme et au physique envoutants.
"My Lady Vampire : Deviens ma proie" est une BD qui s'adresse aux lecteurs en quête d'une fiction rappelant les grandes tragédies anglaises pleines de cruauté, de sensualité et de sentiments. Le tout saupoudré de fantastique. Une bonne entrée en matière d’une aventure au mordant assuré que filles et pourquoi pas garçons grignoteront bien volontiers. Un premier tome qui fait bonne impression et génère l'attente de sa suite avec une certaine impatience !!!

lundi 24 septembre 2012

Musique - Black Traffic de Skunk Anansie

Skunk Anansie - Black Traffic : Un album nouveau et évolutif conservant cependant la sauvagerie animale de leurs débuts !!!

Note : 4 / 5 

Qui ne connaît pas Skunk Anansie ? Et bien pour les rares ermites qui peuples notre terre, Skunk Anansie est un groupe de rock alternatif britannique dont le membre le plus remarquable est la chanteuse au crâne rasé, Deborah Dyer, alias Skin, qui est accompagnée d'Ace à la guitare, de Cass à la basse et de Mark Richardson aux percussions. Le nom du groupe vient du mot africain "anansie", qui signifie araignée ou homme-araignée et fait référence à Anansi, un personnage mythique de certains contes africains.
Le groupe s’est affirmé dans les années 1990 comme un des plus beaux fleurons du rock alternatif bourrin, le temps de trois excellents albums et, surtout, de concerts endiablés durant lesquels Skin et ses troupes ont toujours mis tout le monde d’accord. 
Un split et une reformation plus tard, Skunk était revenu en forme en 2010 avec "Wonderlustre", qui nous montrait un groupe à l’aise dans ses baskets, apaisé mais pas mou du genou, qui faisait toujours son truc sans se soucier du qu’en dira-t-on, avec quelques années en plus. 
Et surtout, le gang n’avait rien perdu de sa superbe en live et avait atomisé les salles dans lesquelles il s’était produit.
Skunk Anansie avait donc disparu depuis "Post Orgasmic Chill" en 1999, qui avait triomphé tout comme son prédécesseur "Stoosh" en 1996. Ainsi, après une séparation de 10 ans, le groupe revenait sur le devant de la scène en 2009. "Black Traffic" est le troisième album du groupe de non-conformistes londoniens depuis leur réunion en 2009. Skunk Anansie n'a pas l'habitude de réaliser des albums bâclés, et il en va de même pour celui-ci. Un must pour tout fan de Skin et ses acolytes.
Il serait dommage de réduire Skunk Anansie à une image facile de groupe de punk métal emmené par une exubérante amazone. Il a déjà prouvé par le passé avec "Post Orgasmic Chill" qu'il sait aussi manier les climats. Le charme de Skunk Anansie, c'est justement ce mélange entre des titres violents, et d'autres qui font penser à un trip-hop très rock.
Skin
Comme leurs concerts qui défilent à 100 à l'heure, "Black Traffic" est un album relativement hard qui offre peu de répit à l'auditeur. On entre tout de suite en matière avec "I Will Break You", avec ses riffs méchants et une batterie lourde et rapide, et "Sad Sad Sad", qui rappelleront aux adeptes de jeux vidéo classiques l'univers de Doom. On a néanmoins plusieurs occasions au long de l'album de prendre du repos auditif, comme lors de "I Hope You Get to Meet Your Hero", avec son violon triste et langoureux, ou "Our Summer Kills the Sun", qui se rapproche du son original de Skunk.  Propulsé par une basse lourde, ce titre monte en intensité jusqu'à l'inévitable explosion finale.
La qualité est au rendez-vous de manière générale, mais deux chansons en particulier sont à noter : "Spit You Out" commence de manière tranquille, avant de partir en vrille à vous donner la chair de poule. "I Believed In You", à la cinquième plage, est un véritable appel à la révolution, et d'ailleurs la chanson qui porte le reste de l'album. Rayon rentre dedans ou coup de boule en pleine face donc, "Will Break You", "I Believed in You", et "Satisfied ?" font le boulot sans aucun remords, riffs punk et pied au plancher. "Sticky Fingers in Your Honey" n'est pas à mettre en toutes les mains, et renoue avec une tradition lubrique du rock. "Drowning" et ses violons approche même de territoires pop que Skunk Anansie n'a jamais trop aimé fréquenter. 
Le ton de ce nouvel opus se rapporte directement aux habitudes de Skunk. On y retrouve l'angoisse existentielle, et la désillusion se trouve à chaque tournant. Cependant On ne peut pas parler de Skunk Anansie sans s'attarder un instant sur leur charismatique front woman, dont la gamme d'utilisation vocale est sans doute la marque déposée du groupe depuis toujours. 
Dans "Black Traffic", Skin ne perd rien de sa verve et de sa rage habituelle, mais s'adoucit habilement quand il s'agit de passages plus calmes et mélodieux. En passant du fragile aux cris rauques, Skin démontre un enthousiasme pour son art tout aussi frais qu'il y a 20 ans.
Le groupe se trouve dans les bacs depuis le 17 septembre, sous le nouveau label du groupe, Boogooyamma. Pour son seulement cinquième album en dix ans de carrière effective, Skunk Anansie poursuit une évolution qui a le bon goût de ne pas renier la sauvagerie animale qui a fait son charme au début. Évoluer sans se renier, voilà bien une des marques des grands groupes !!!

dimanche 23 septembre 2012

Série - Southland

Southland : Une série réactive qui colle au plus près de l'action et qui revisite le genre !!!

Note : 4 / 5

Synopsis :
Une plongée au cœur de la police de Los Angeles... Le vétéran John Cooper est chargé de former la jeune recrue Ben Sherman. Les méthodes brusques de son nouveau mentor vont pousser Sherman dans ses derniers retranchements et l'amener à se demander s'il a vraiment ce qu'il faut dans le ventre pour devenir un flic de L.A. 
De son côté, l'inspecteur Adams, qui vit toujours chez sa mère, fait équipe avec Russell Clarke, un homme malheureux en ménage et père de 3 enfants. L'inspecteur Daniel "Sal" Salinger supervise quant à lui Nate Moretta et Sammy Bryant, en charge des enquêtes sur les gangs. Quant à l'officier Chickie Brown, elle rêve de devenir la première femme à intégrer l'unité d'élite SWAT.

Critique :
Écrite par Ann Biderman ("Copycat", "Peur Primale", "Smilla" et le "Public Enemies" de Michael Mann, excusez du peu !) et produite par John Wells ("Urgences"), "Southland" narre le quotidien très réaliste d'une équipe de police de Los Angeles. "Southland" s’intéresse donc à la police de Los Angeles, détectives et uniformes.  La série reprend le principe "d’Urgences" mais adapté à la police, à savoir nous faire découvrir le quotidien des policiers de L.A dans un portrait patchwork en passant de personnages en personnage à un rythme très soutenu.
Avec son ouverture au son de Supertramp, c’est dès les premières images que le style visuel s’impose à nous. Un choix artistique audacieux pour une chaine comme NBC, mais qui s’accompagne de contraintes. C’est filmé façon documentaire, pour nous plonger au cœur de l’action, façon "Cops".  "Southland" est un vrai cop show, une vraie sorte d'initiation au cœur de la police tout en étant une vraie fiction. Et filmer la série à la façon d’un documentaire permet d’épaissir le contenu de la série sans pour autant devenir lourd. Le réalisme est là et ça plait ! 
D'abord diffusée sur NBC puis aujourd'hui sur TNT, "Southland" s'inspire énormément de la série de Shawn Ryan, "The Shield" : les codes du documentaires sont repris (absence de musique, caméra au plus près des protagonistes), voir poussés à l'extrême (des "bip" interviennent à chaque injure proférée). Ce qui est intéressant dans cette série, c'est la profusion des personnages qui parvient à donner au récit une véritable richesse narrative. En effet, on suit souvent une enquête des inspecteurs et la traditionnelle ronde des officiers dans les rues de L.A dans un seul et même épisode. Vous me direz que jusque-là rien de très original.
Sauf que chaque épisode est construit de telle façon que les personnages, indépendamment des autres, vont vivre et ressentir la même chose, annoncée en préambule par une voix off au début (comme par exemple : l'incapacité pour un flic d'être un héros). L'immersion provoquée par le choix du documentaire permet de nous toucher et de nous rendre compte des difficultés du boulot de flic, entre une hiérarchie aussi lourde que dérangeante, la vie privée impossible à concilier avec un travail pareil, et les blessures intimes jamais refermées.
Le temps d’adaptation est très rapide et l’on va sans trainer s’intéresser aux différents protagonistes. Nouvel arrivant dans les forces de police, l'officier Ben Sherman va très vite découvrir que les règles apprises à l'école de police seront loin d'être suffisantes pour survivre aux problèmes de la rue et aux traumas qui en résultent. Ainsi, Ben (Benjamin McKenzie, "The O.C.") et son officier instructeur, John Cooper (Michael Cudlitz) auront le droit à la part belle. Le duo fonctionne tout de suite à l’écran et se révèle plus posé que d’autres personnages qui frôlent les excès afin d’être défini plus rapidement.
"Southland" est d’entrée de jeu brutal, sombre et nous présente Los Angeles comme une ville gigantesque, violente, gangrenée par les guerres de gangs, à la police surmenée. Clairement, "Southland" n’est pas là pour nous donner une vision idéalisée de la police. C’est un métier dur, éprouvant et risqué, la mort pouvant les toucher à chaque moment. La force de la série étant de ne jamais tomber dans le pathos, et un événement douloureux peut être suivi d'une scène tragi-comique, comme un résumé de l'existence.
"Southland" est donc une réussite, tant sur le fond (mis en scène, esthétisme et scenario) que sur la forme (personnage, format, genre). La série s’élève petit à petit et en vient à donner des leçons à la concurrence. La série est passionnante de bout en bout et mérite beaucoup plus que l'anonymat relatif dans lequel elle baigne !!!

samedi 22 septembre 2012

Ciné - Looper de Rian Johnson

Looper : Le nouveau "Matrix" de cette génération ???

Synopsis :
En 2044, c'est le marasme économique, l'industrie est en panne, la société s'est appauvrie. Joe (Joseph Gordon-Levitt), lui, mène une vie de patachon, grâce à l'argent qu'il gagne à tuer des hommes expédiés du futur par un puissant criminel surnommé "Faiseur de pluie". Celui-ci vit en 2074 et expédie toutes les personnes qu'il veut éliminer sans laisser de trace au moyen d'une machine à remonter le temps. 
Tout "looper" qui rate la cible à date et heure convenue est liquidé pour avoir failli à "boucler la boucle". Un jour, Joe se retrouve face à son double, vieilli de 30 ans (Bruce Willis). L'ayant manqué, il poursuit le fuyard tandis que lui-même est pris en chasse. La machine si bien huilée déraille.

Attente :
"Looper" est-il le nouveau chef-d’œuvre de la science-fiction US ? Le nouveau "Matrix" de cette génération ? C’est en tous cas ce que semblent penser les critiques cinéma américains. Le film d’action / SF avec Bruce Willis et Joseph Gordon-Levitt affole la critique US et récolte 100% d’opinions positives. Un quasi-record.
Sur le papier, "Looper" paraît être un film d'action / SF séduisant au vue de son scénario musclé, de son brillant réalisateur en devenir, Rian Johnson, et de son casting alléchant composé de Bruce Willis, Joseph Gordon-Levitt et d'Emily Blunt pour la touche de féminité, pour ne citer que les premiers rôles. Et la première bande annonce ne fait que renforcer cette idée. Ça court et ça tire dans tous les sens sans jamais paraître bourrin. A première vue donc, "Looper" serait l'un des films d'action SF de cette année 2012 et le Festival de Toronto (TIFF) vient de confirmer cette idée avec 23 critiques positives sur 23, soit 100% de tomates "fresh" sur le site Rotten Tomatoes.
Le site compile les critiques et les classe suivant leur opinion : "fresh" (frais) si la critique est positive, "rotten" (pourri) si elle est négative. Le pourcentage d’opinions "fresh" indiquant donc grosso modo la qualité du film face à la critique.
Troisième long-métrage du surdoué Rian Johnson (dont le polar teenager minimaliste, éthéré et onirique "Brick", déjà avec Joseph Gordon-Levitt, avait mis tout le monde d’accord en 2005), "Looper" est un ambitieux mélange de SF et d’action. Dans lequel Joe (Gordon-Levitt) est un "looper", un tueur à gages chargé d’exécuter des cibles que la mafia lui envoie du futur, où le voyage dans le temps a été inventé. Des crimes parfaits, jusqu’au jour où il doit se tuer lui-même (sous les traits de Bruce Willis). Au programme, paradoxes temporels, script millimétré et une généreuse dose d’action et de courses-poursuites.
Apparemment, on reste scotché deux heures durant dans son fauteuil tant le suspense est savamment entretenu par le réalisateur et scénariste Rian Johnson. La mémorable scène du face à face du vieux et du jeune Joe semble fasciner les critiques américains. Peut-être parce qu'elle touche au désir atavique de connaître et maîtriser l'avenir. On lit entre les lignes qu'on ne peut se combattre soi-même et qu'il faut d'abord régler son passé avant de tenter de changer l'avenir.
Le film, qui sortira aux États-Unis le 28 septembre et le 31 octobre en France, récolte donc 100% d’opinions positives. Ce score impressionnant est suffisamment exceptionnel pour être souligné. Tous les journalistes qui ont vu le film en avant-première ne tarissent pas d’éloges sur le film. "Le troisième film de Rian Johnson est grandiose et impressionnant", écrit Peter Debruge (Variety). "Son concept de science-fiction est étourdissant mais au bout d’un moment, la SF passe à l’arrière-plan et les personnages complexes prennent le contrôle". "Looper" "place l’action à un niveau explosif tout en maintenant ’intérêt de son scénario", renchérit Todd McCarthy (The Hollywood Reporter). "Un thriller électrisant sur le voyage dans le temps dans la lignée de Terminator", écrit-on sur JoBlo. La comparaison avec le film séminal de James Cameron, qui mêle action over the top et voyages temporels, résume tout. "Looper" joue dans la cour des grands.
Joseph Gordon-Levitt
"Le vrai défi du long-métrage réside dans ses cassures narratives. La fiction voltige sur elle-même et se renouvelle à chaque fois, en accélérant la temporalité puis en la faisant renaître sous une autre forme. Cette œuvre dense et immersive n'a rien a envié à L'Armée des douze singes, modèle de déterminisme poético-uchronique qui bénéficie de la même qualité picturale et d'un propos multicouches. Le film de Rian Johnson réserve en plus des scènes d'action de haute volée. "Looper", c'est l'impression d'avoir assisté à plusieurs longs-métrages en un seul. Avec l'envie de le revoir en boucle" (extrait de la critique d'excessif.com).
Mais il y a aussi des louanges pour les acteurs : "Voir Bruce ressortir et tenir son numéro de gros dur est un voyage dans le temps en lui-même", remarque-t-on à This Is London. "Il y a là deux performances extraordinaires de la part de Willis et Gordon-Levitt. Ce dernier parvient même à reproduire l’air douloureux d’incrédulité et la démarche voûtée qui ont contribué à faire de Bruce Willis une star", s’emballle même The Guardian. Et on vous passe les "Brillant", "le film le plus cool de 2012", "plus proche de L’Armée des Douze Singes que de Terminator 2", ou encore "le film de SF le plus pertinent depuis Les Fils de l’homme"Bref, c'est enthousiasmant. Mais "Looper" pourra-t-il continuer sur cette lancée ? Espérons-le de toutes nos forces, parce qu'après de tels éloges, on n'en attend beaucoup !!!

vendredi 21 septembre 2012

Livre - Qu'avons-nous fait de nos rêves ? de Jennifer Egan

Qu'avons-nous fait de nos rêves ?
                                                           de Jennifer Egan

Note : 4 / 5

Synopsis :
Qui n'a jamais rêvé de monter un jour sur scène ? De quitter l'ombre pour se retrouver sous les feux des projecteurs ?
C'est l'ambition que partage une petite bande d'adolescents dans le San Francisco débridé des années 1970. Avec leur groupe de musique punk, ils jouent dans des bars, font des pogos et se donnent l'illusion d'une désinvolture propre à leur jeunesse. Mais le temps passe et l'irrévérence laisse bientôt place aux contraintes de la vie adulte. Bennie, ancien mélomane passionné, est devenu producteur de musique et se contente de sortir des tubes insipides. Lou Kline, dragueur invétéré, se retrouve seul dans sa belle maison. Et que dire de la belle Sasha qui, après un passé tumultueux, a le sentiment d'entraîner les échecs ? Et pourtant, ils n'ont pas dit leur dernier mot.

Critique :
L'un des temps forts de la rentrée littéraire est la traduction aux éditions Stock du prix Pulitzer 2011, "Qu'avons-nous fait de nos rêves?", de Jennifer Egan. Née à Chicago en 1962, aujourd'hui installée à New York, l'auteur de "L'envers du miroir" (Belfond, 2003) relie dans ce livre une série de courtes nouvelles, autant d'histoires où les destins s'enchaînent "en restituant le passage du temps et les aléas du désir".
Il y a mille et une façons de raconter une histoire, commencer par le début pour aller vers la fin n'est qu'une des options, assez académique mais pas obsolète pour autant, non plus que forcément banale. Ce n'est pas celle qu'a choisie la romancière américaine Jennifer Egan, dont "Qu'avons-nous fait de nos rêves ?" s'offre à contempler, à lire, à savourer comme une constellation (de personnages, de scènes, d'épo­ques) dont l'ordonnancement, assurément savant, répond à une logique qui ne doit rien en apparence à la chronologie. Jennifer Egan démontre une grande ironie, qu'elle pratique avec bonheur et délicatesse. Ludique, chatoyante est l'architecture romanesque qu'elle met en place avec brio, mais sans bousculer en profondeur les codes. 
Séduisant, virtuose, ancré dans notre temps, "Qu'avons-nous fait de nos rêves ?" demeure un beau roman mélancolique, au cœur duquel se déploie une méditation sur le temps et le destin de l'individu. On dit toujours que l'intelligence nuit au romanesque. Jennifer Egan prouve le contraire. Elle sait ce qu'elle fait et où elle va. La technique n'est pas incompatible avec l'émotion.
Beaucoup de personnages, plus ou moins liés au monde de la musique : producteurs, musiciens, parfois bien installés dans leur existence, mais toujours avec une pointe d'insatisfaction, ou bien partant à la dérive. Le livre est un roman hybride, ni roman ni recueil de nouvelles, qui regroupe différentes histoires axés sur un de ces personnages alors que les autres passent au second plan, sans continuité chronologique, et dans un style d'écriture très différent d'un chapitre à l'autre, l'un d'entre eux par exemple est le journal d'une adolescente écrit en Powerpoint. Chaque chapitre se concentre donc sur un personnage et un moment de sa vie.
Jennifer Egan
Chaque personnage a un côté obscure, et on a l'occasion de lire Face A et Face B pour chacun d'entre eux. On fait régulièrement des bons dans le temps, voir dans l'anticipation pour l'un des chapitres. Un livre plein d'énergie, de rire ou de larmes et de réflexions sur nos destins quotidiens.
Prix Pulitzer en 2011, "Qu'avons-nous fait de nos rêves ?" est addictif comme une série télé, le livre entremêlant les destins et les époques pour dire les désillusions et le temps qui passe. Jennifer Egan parle d'ailleurs de lui comme un livre se situant entre Proust et Les Sopranos !
Qu'est-il arrivé à tous ces personnages ? Quelqu'un peut-il leur expliquer ce qui est arrivé ? La réponse attend peut-être page 146. "Je suis comme l'Amérique", dit un des personnages, "je me suis sali les mains". Une ribambelle d'autres questions surgissent dans ces chapitres enlevés. Pourquoi les joggeuses portent-elles des brassières ? Un punk peut-il avoir des taches de rousseur ? Où ont disparu les espoirs ? Qui a bousillé les illusions ? Comment se fait-il que le monde n'ait pas changé ?
Au-delà des questionnements, ce livre est une peinture de la société si juste et violente qu'il résonne forcément en chacun de nous et nous laisse un goût de nostalgie. Un livre dense, qui remue et ne laisse pas indifférent. Difficile de résumer ce roman brillant et ambitieux, en tous cas une chose est sûre il faut le lire absolument !!!

jeudi 20 septembre 2012

DVD - Cosmopolis de David Cronenberg

David Cronenberg - Cosmopolis : Une transposition à l'écran très réussit d'un roman métaphysique !!!

Note : 4.5 / 5

Synopsis :
Dans un New York en ébullition, l'ère du capitalisme touche à sa fin. Éric Packer, golden boy de la haute finance, s’engouffre dans sa limousine blanche. Alors que la visite du président des États-Unis paralyse Manhattan, Éric Packer n’a qu’une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville. 
Au fur et à mesure de la journée, le chaos s’installe, et il assiste, impuissant, à l’effondrement de son empire. Il est aussi certain qu’on va l’assassiner. Quand ? Où ? Il s’apprête à vivre les 24 heures les plus importantes de sa vie.

Critique :
Publié aux States en 2003, le roman de Don DeLillo, "Cosmopolis", raconte l'odyssée d'un multimillionnaire au bord de l'implosion qui traverse Manhattan, enfermé dans une limousine ultra-moderne. Coincé dans les embouteillages générés par une visite présidentielle, le jeune homme assiste à divers évènements et fait l'expérience de rencontres qui témoignent de l'effondrement progressif du monde, mais surtout de son monde intérieur !
"Cosmopolis" se veut une œuvre cryptique dont la vocation est d'ébranler les certitudes de son lecteur, à l'image de celles du héros. Pour le producteur Paulo Branco, ayant acquis les droits du livre, seul David Cronenberg serait capable de transcender un matériau aussi littéraire pour en extraire l'émanation cinématographique. Plus que le récit à proprement parler, ce sont les échanges dialogués qui vont séduire le cinéaste canadien, qui se chargera lui-même de l'adaptation cinématographique.
Et à n’en pas douter "Cosmopolis" est bien du Cronenberg. En adaptant assez fidèlement le roman de Don DeLillo, le réalisateur canadien trouve un matériau à sa hauteur. Récit hypnotique et philosophique, "Cosmopolis" pourra en surprendre plus d’un. Sous forme d'huis-clos mouvant (la quasi-totalité du film se déroulant dans la limousine), le film apparait excessivement bavard dès le départ et le spectateur devra faire l’effort de s’y atteler.
Parce que "Cosmopolis" se mérite. Il faudra d’ailleurs penser à le revoir une seconde fois (au moins) pour réellement cerner tous les méandres et la densité du nouveau film de celui à qui l’on doit A "History of Violence" et "eXistenZ". Tout au long de son parcours intérieur, Éric Packer (Robert Pattinson) verra défiler, dans sa bulle, différents personnages qui cimentent sa vie. Nous y retrouverons ainsi Jay Baruchel, Juliette Binoche, Samantha Morton, Sarah Gadon, Mathieu Amalric pour se terminer avec l’apothéose Paul Giamatti. Ces rencontres capitonnées se feront, pour la plupart dans la limousine elle-même, où Éric assiste au spectacle d’une société qui explose, le monde des autres, celui qui n’entre jamais dans le sien.
David Cronenberg porte un regard sans concession sur notre Monde dont les racines du mal se trouvent clairement dans un capitalisme ravageur, déshumanisant et glacial.
Au fur et à mesure de ces dissertations longues et appuyées, Éric Packer sombre doucement et cours à sa chute. Une chute salvatrice, ou du moins source d’une redécouverte de la réalité de l’autre. 
Déconcertant, agaçant, étonnant, excitant, ce gigantesque dérèglement universel, qu'est "Cosmopolis", sera non seulement cristallisé par le parcours du personnage, mais aussi par une mise en image qui a l'audace d'épouser son sujet sans essayer de plaire !!! (Sortie DVD le 25 septembre 2012)