samedi 29 juin 2013

Musique - Metal & Dust de London Grammar

London Grammar - Metal & Dust : Une pop aérienne qui va faire des vagues !!!

Note : 4.25 / 5

Attention groupe à suivre de très près ! London Grammar, tout jeune trio pop indie, est en train de percer chez nos amis britanniques et américains et cela ne devrait pas tarder à arriver chez nous.
En à peine quelques semaines, ce trio est devenu la coqueluche des magazines anglais. Tout juste signé sur le label "Because", London Grammar pourrait bien détrôner The XX et Florence & the Machine grâce à sa pop mélancolique.
Hannah Reid (voix, synthé), Daniel Rothman (guitare) et Dot Major (synthé, djembe, batterie) se sont rencontrés sur les bancs de l’université à Nottingham en 2009, via facebook plus précisément ! Daniel ayant trouvé une photo d’Hannah avec une guitare à la main sur ce réseau social, il lui envoie un message pour savoir si cette dernière en joue et si elle écrit des textes. Ils se rencontrent et commencent à jouer ensemble. Ils rencontrent Dot un peu plus tard lors d’une "house party", puis ils commencent à jouer tous les trois alors qu’ils ne se connaissent que très peu.
Après leur diplôme, les London Grammar ont joué plusieurs fois à Londres jusqu’à être rapidement repéré et signé par un des membres du Ministry Of Sound de Londres. Par la suite ils signent un contrat avec le label indé français Because Music.
C’est à la fin de l’année 2012 en publiant leur premier single "Hey now" que London Grammar s’est fait connaître donc, comptabilisant rapidement près de 300 000 écoutes sur leur soundcloud. Puis en février 2013, leur deuxième EP "Metal & Dust" (éponyme du titre de l'album) confirmait l’engouement suscité. Elégant et captivant, à classer musicalement quelque part entre Everything but the girl, Florence and the Machine et the XX, London Grammar propose ensuite un tout nouveau titre "Wasting my young years" fascinant.
Grâce à ce dernier single imparable et une musique lorgnant vers la synth-pop, le jeune groupe pourrait bel et bien rivaliser avec les spécialistes de la pop mélancolique, The XX en tête. De plus, comme ses grands frères de Everything but the girl, le trio affiche également un véritable engouement pour la musique électronique.
"Wasting my young years" commence par une voix qui d’emblée vous crucifie. C’est celle bouleversante de Hannah Reid. Elle offre à elle seule une grande partie de la magie de la chanson.
Mais très vite, le chant de la sirène est poursuivi pour être rattrapé par une rythmique et une guitare qui affolent irrésistiblement l’intention dramaturgique de la chanson. Cela s’appelle un tube et celui-ci est loin d’être creux. Cette grammaire londonienne musicale a donc été bien pensée. Par un trio qui a voulu profiter de la jeunesse de son histoire pour ne capter que l’intensité dans ses morceaux.
Au final, le trio, avec un son mélodique et minimaliste, a toutes les chances de se hisser au même niveau que ses aînés. Depuis un petit moment maintenant, la jeunesse anglaise a décidé de voir la vie en noir et blanc. Après l'avènement des corbeaux de The XX, 2013 sera certainement l'année de London Grammar. Ils ont les chansons, une moue typiquement britannique et de jolis minois. Bref, de quoi grimper rapidement en hauts des charts !!!

mercredi 26 juin 2013

Livre (Comics) - Superman Terre Un Tome1 de Joseph Michael Straczynski et Shane Davis

J. M. Straczynski et S. Davis - Superman Terre Un Tome 1 : Une rénovation des origines de l'Homme d'acier à la tonalité plus que tragique !!!

Note : 4 / 5

Synopsis :
Extraterrestre envoyé enfant sur la Terre, Clark Kent découvre ses pouvoirs et tente de se fondre dans la masse des habitants de Metropolis. Mais son destin est tout autre : comment concilier son statut de sauveur de l’humanité et son désir de vivre comme un humain normal ?
Dans le train de Smallville à destination de Metropolis, Clark Kent se rappelle les derniers conseils que sa mère lui a donnés avant son départ. Gentil et discret, le jeune homme est sûr de ses capacités. Il loue une chambre et passe des tests d'embauche dans le club de football américain et dans un grand laboratoire. Pour ces deux opportunités, c'est une réussite totale aboutissant à un contrat. Il gagne très vite beaucoup d'argent et en envoie à sa mère, veuve depuis seulement quelques mois.
Se baladant, il remarque la couverture d'un journal, le Daily Planet, et choisit d'aller y proposer ses services. Perry White, le rédacteur en chef, n'a pas vraiment de place pour un nouveau journaliste et l'envoie plus ou moins paître. De retour à son immeuble, Clark voit que son appartement est en feu. Sans attendre et à une vitesse folle, il fonce récupérer un costume cousu par sa mère et un morceau de métal. En le touchant, un système s'active.
Quelques minutes plus tard, les ciels du monde entier sont couverts par des vaisseaux extra-terrestres. Leurs intentions sont loin d'être pacifiques mais celui qu'ils sont venus chercher est aussi celui qui leur opposera une vive résistance. En effet, Clark vient d'une autre planète et possède des capacités surhumaines, vitesse, force ou encore pouvoir voler, qui ne seront pas de trop pour repousser cette menace venue de l'espace.
 Critique :
Après son label "All-Star" quelques années auparavant, DC Comics lance en 2010 un nouveau label mélangeant les genres : "Earth One" ("Terre Un" en français). Un peu comme "All-Star", l'idée est de donner à une équipe créative la liberté de réinventer un personnage DC pour un public plus actuel. On retrouve là-dedans ce qui était également à l'origine de la ligne "Ultimate Marvel 10" plus tôt. La particularité du label se trouve principalement sur sa publication : il n'y a pas vraiment de contrainte de temps pour les auteurs, et ceux-ci sortent des tomes de 128 pages, que l'on appellera Graphic Novel, plutôt que des singles classiques de 22 ou 24 pages. Ainsi chaque fois nous avons une histoire complète.
À l’occasion de la sortie de "Man of Steel" au cinéma (long métrage réalisé par Zack Snyder et produit par Christopher Nolan promet aux néophytes une entrée en matière spectaculaire et accessible), Urban Comics nous sort un récit inédit en France. Celui de "Superman Earth One" dont les deux volumes parus en version originale sont rassemblés en un seul album. Mais qu’est-ce donc que cet univers de "Terre Un" ?
C’est probablement la réponse de DC à l’univers "Ultimate" de Marvel, un monde où les héros sont bien différents de ce qu’ils sont dans l’univers principal et dont la lecture, détachée de toute continuité, est bien plus accessible aux nouveaux lecteurs. Et qui de mieux qualifié que Joseph Michael Straczynski pour accomplir cette tâche ? En effet le scénariste, habitué au cinéma et à la télévision, ne reproduit pas ici les erreurs qu’il a commises sur "Superman à Terre" et nous montre sa maîtrise parfaite de l’icône qu’est le dernier fils de Krypton.
Le scénariste, désireux de rénover l'image et les origines de l'Homme d'acier, modernise le héros en le montrant plus fragile et dans un contexte plus réaliste. Ainsi l'auteur applique la méthode de Marvel sur l'univers "Ultimate", avec cependant un aspect politique moins prononcé. Straczynski évite aussi de placer dès le début les ennemis classiques de Superman. C'est ainsi que vous ne croiserez pas Brainiac et quasiment pas Lex Luthor dans ces pages.
Aux USA, "Earth One" a été publié sous la forme de plusieurs graphic novels. La narration s'en trouve bousculée et permet au scénariste d'offrir une lecture agréable et qui monte en puissance. Cet album contient les deux premiers épisodes et amène sa pagination à plus de 250 pages. Straczynski est en grande forme et ne déçoit à aucun instant durant ces deux sagas successives. Il est vraiment intéressant de voir un Clark Kent qui s'installe progressivement dans le costume de Superman et qui se construit une personnalité de super héros.
Le parti pris du scénariste est ici de nous montrer un Superman plus proche du monde d’aujourd’hui que de l’image qu’il représentait en 1938. A l’image de la réalité, le héros a évolué, est devenu plus dur et le récit est clairement ancré dans la période post 11 Septembre, dans une Amérique en proie aux doutes, qui craint la crise économique et où le secteur de la presse papier, symbolisée par le Daily Planet est menacé par internet. Son Clark Kent a beaucoup de difficultés pour appréhender ce monde et semble un peu perdu, il ne parvient pas à trouver sa place rapidement et semble manquer quelque peu de maturité.
C’est en effet un récit initiatique que nous propose ce graphic novel : tout au long de l’histoire, Superman apprendra à se connaître et tentera de déterminer le rôle qu’il a à jouer sur Terre, en tant qu’homme et en tant que super-héros. Il apparaît comme étant quelqu’un de sensible et altruiste, un héros sacrificiel qui lutte pour le bien d’une race qui n’est pas la sienne mais dont il est très proche, bien qu’il soit incapable de s’intégrer pleinement dans cette société, vivant parmi elle sans en faire partie. La dimension tragique du protagoniste est probablement l’aspect le plus réussi de "Superman Terre-Un", qui brille pourtant aussi par ses scènes d’action, très hollywoodiennes et par la présence d’un casting secondaire plutôt bien développé, constitué de figures connues, comme de nouveaux arrivants.
La série bénéficie en plus d'un seul et unique dessinateur. Shane Davis n'est pas encore très connu mais il possède suffisamment de qualités pour devenir l'un des futurs grands du métier. Un trait fin, des personnages soignés, des décors fouillés sont les points notables et positifs de cet artiste en devenir. Un Jim Lee en puissance !
Le dessinateur est incroyable d'efficacité. Son trait est beau et précis, même si on peut trouver qu'il manque du dynamisme qui aurait pu être nécessaire pour atteindre de plus hauts sommets en seconde partie de volume. On retrouve ses inspirations cinématographiques et télévisuelles dans ses décors et ses personnages. Sa Lois Lane est d'ailleurs le sosie de Jennifer Carpenter (la sœur dans "Dexter"). Et tant qu'on parle d'elle, elle fait partie des quelques personnages secondaires mis en avant dans ce récit, suffisamment pour ne pas se concentrer que sur Clark et introduire plusieurs intrigues pour la suite de l'histoire.
Au final, efficace et spectaculaire, malgré la tonalité tragique que  Straczynski donne aux aventures de son héros qui peut sembler assez pesante bien qu’elle soit tout à fait appropriée au personnage, voici une nouvelle série consacrée à Superman à suivre obligatoirement. "Terre Un" en reste un vrai Superman pour la nouvelle génération qui a le mérite de moderniser le personnage sans le trahir et nous montre, plus que jamais, que le dernier fils de Krypton n’est pas véritablement l’homme de demain, mais bien l’homme d’aujourd’hui !!!

lundi 24 juin 2013

Actu (Jeu) - Watch_Dogs d'Ubisoft Montréal

Ubisoft Montréal - Watch_Dogs : Un jeu inventif et soigné qui entrera dans le top 3 2013 ?!?

Attente : 4.5 / 5

Synopsis :
Watch_Dogs est un jeu d'action à la troisième personne. Dans un univers moderne et ouvert où tout est connecté à un système de contrôle central appartenant à des sociétés privées, le joueur incarne un groupe de hackeurs et d'assassins capables de manipuler et de pirater les systèmes électroniques. 

Attente :
Sensation à Los Angeles en 2012, "Watch_Dogs" d'Ubisoft a donc fait son grand retour sur le showfloor de l'E3 2013 avec tous les regards braqués sur lui, et la ferme intention de confirmer les promesses entrevues un an plus tôt. L'éditeur parisien semble dorénavant porter une confiance sans limites à cette nouvelle franchise de Montréal.
La démonstration de "Watch_Dogs" sur le stand d'Ubisoft fut l'un des moments forts de cet E3 2013, et pour cause. La version de présentation lâchait le programme scripté pour une vraie session de jeu, qui donnait à voir, sans trucage, l'articulation des différents aspects du gameplay (piratage, infiltration, TPS, course poursuite). Fenêtre sur le futur, tant par son thème (société du tout connecté) que par ses innovations visuelles et ludiques, je prends le pari peu risqué que "Watch_Dogs" comptera parmi les jeux phares du début de l'ère next-gen.
"Watch_Dogs" semble avant tout une claque au niveau esthétique. Les personnages sont dotés d'un excellent look, les décors, particulièrement vivants, s'avèrent très détaillés, tandis que les animations apparaissent souples et ultra réalistes. De plus, quelques détails confortent l'impression que le joueur se retrouve bel et bien en présence d'un grand jeu, comme en témoigne l'étonnante dynamique du vent qui circule dans les rues, qui s'engouffre dans les immeubles, soulève les feuilles et la poussière… Mais bien sûr, une aventure solide repose avant tout sur une véritable histoire avec un début, un milieu et une fin unique (c'est en tout cas ce qu'ont précisé les développeurs).
Le monde Watch_Dogs est régi par la CTOS, société informatique qui centralise toutes les infrastructures réseau (wifi, réseau téléphonique) et s'assure un contrôle absolu sur la société. Le jeu se déroule plus précisément à Chicago et propose d'incarner un certain Aiden, hacker hors-pair reconverti en justicier, en guerre contre le système et sa police en même temps qu'il défend la veuve et l'orphelin. Autant d'éléments narratifs qui constitueront la matière première des missions. Quant à la structure de la progression, elle rappelle celle des "Assassin's Creed", le joueur devra d'abord infiltrer puis pirater le centre CTOS d'un quartier pour débloquer ses missions.
Niveau gameplay, le jeu semble basé sur quatre axes à utiliser en même temps. Voilà ce qui constitue le fondement même du monde vaste et ouvert de "Watch_Dogs". D'abord, il y a l'exploration à pied qui permet de se balader en streaming et sans temps de chargement dans toute la ville de Chicago. Ensuite, la conduite et le tir : la première offre le pilotage de pas moins de 65 véhicules, tandis que le second permet d'accéder à une trentaine d'armes (parmi lesquelles shotgun, mitrailleuse, fusil sniper, lance-grenades…). De plus, le joueur peut recourir au système de Focus qui, en certaines circonstances, provoque le ralentissement de l'action, comme une sorte de bullet time, afin de mieux ajuster son tir entre autres.
Enfin dernier axe, probablement le plus important : le piratage. Grâce à lui, Aiden est capable de rentrer dans n'importe quel système informatique et donc de contrôler ce que bon lui semble. Par exemple, il peut hacker les serrures électroniques des automobiles et ainsi s'en emparer facilement. D'ailleurs, au passage, le jeu contient un système de looting à travers lequel Aiden récupère de l'argent et des objets automatiquement (c'est le cas en entrant dans une voiture). A cela s'ajoute aussi une dose de crafting. Régulièrement, la ville propose des boutiques "Pawn Shop" dans lesquelles le héros est capable de vendre, échanger ou acheter des éléments et matériaux (informatiques, chimiques…) pour upgrader ses armes et créer lui-même son propre équipement.
Toutefois, ce qui semble le plus impressionnant est la totale liberté d'action, car le jeu n'est pas scripté. Lors de la présentation, les développeurs ont montré que dans le jeu, rien n'était scripté et que tout était systémique. C'est-à-dire que le joueur peut à tout moment décider de son action et faire n'importe quoi, comme il l'entend. Il est par exemple possible d'accomplir une mission en infiltration totale ou bien au contraire de casser la baraque et de tuer tout le monde violemment.
Mais attention, vos actes ont une répercussion directe sur l'environnement et les agissements d'autrui, l'aventure incluant un système de Réputation. Par exemple, si Aiden tire délibérément sur un passant sans le blesser, celui-ci s'enfuit de peur, tout comme les gens alentour qui commencent à courir dans la direction opposée au héros. Le joueur peut alors s'apercevoir via un indicateur à l'écran que trois personnes sortent leurs téléphones portables et commencent à appeler la police. Aiden se précipite donc rapidement vers l'individu le plus proche afin de le mettre en joue avec son pistolet. Celui-ci lâche alors son portable et détale au galop.
Vaste monde ouvert oblige, "Watch_Dogs" propose, sur le même principe que "GTA", pas moins d'une centaine de missions mais aussi de nombreux mini-jeux ainsi que des applications pour téléphones portables accessibles sur le mobile d'Aiden. A ce titre, les développeurs en ont dévoilé quelques-unes telles que City HotSpot (sélection des meilleurs endroits de la ville), Wall (un équivalent de Facebook), DeadSec (un guide de survie) ou encore Song Sneak. Cette dernière permet de récupérer automatiquement sur le téléphone du héros la chanson qui est diffusée dans l'endroit où vous vous trouvez.
De plus, le monde simulé serait propice aux "happennings". Les séquences ludiques se lancent parfois de manière surprenante, comme de purs happenings qui prennent le joueur de court. On pense notamment à ces quêtes annexes basées sur le système de prédiction de crime (façon "Minority Report"), qui indiquent l'emplacement d'une embrouille à venir, comme cette femme qui, dans la démo de l'E3, se fera bientôt agresser : une fois sur place, où l'on prend le malfrat sur le fait, se lance sans transition une course poursuite à travers les jardins. Occasion de constater que le jeu est visuellement aussi à l'aise dans le détail à courte portée que dans le panorama de grande ampleur.
Dans sa course, le joueur franchit des palissades et traverses plusieurs propriétés, le tout dans un enchaînement de mouvements d'une fluidité remarquable. Sans transition là encore, le voyou entre dans une voiture, poursuivi par le joueur sur les routes défoncées du suburb, qui traversent au passage des espaces incroyablement détaillés de zones vertes en friches. Puis vient un croisement muni de plots de blocages de route, que le joueur pirate au réflexe : la voiture prise en chasse s'y fracasse, fin de mission. Magistral !
Dernière belle surprise des démos, et non des moindres : un autre joueur pourra s'inviter dans votre partie pour y pirater le réseau. La figure du piratage est ici particulièrement bien choisie : c'est le cours même d'une partie solo qui peut être l'objet d'une attaque pirate par un agent extérieur (un autre joueur connecté à votre partie).
Sitôt la jauge de piratage enclenchée, s'engage alors dans la zone la recherche du coupable. A l'aide du "profiling", le joueur pourra passer en revue les PNJ de la place en plein downtown, jusqu'à tomber sur le pirate. Une course poursuite s'engage alors, d'autant plus jouissive que c'est un joueur humain que l'on traque, et qui dispose de la totalité des outils de piratage, d'infiltration et de tir. On en sait encore assez peu sur les enjeux de ce mode multi (y gagne-t-on de l'argent, des points, une forme de prestige ?), mais la simple perspective de percées multi-brutales en pleine partie solo semble avoir un beau potentiel ludique.
Au final, Si la comparaison avec la saga "GTA" apparaît sur le papier, et dans certains faits, comme assez évidente, il n’en reste pas moins que "Watch_Dogs" semble faire preuve de davantage d’inventivité, tout en n'oubliant pas de soigner son aspect esthétique. Nul doute que grâce à son univers énorme et soigné, son héros charismatique et torturé ou encore ses systèmes de jeu ingénieux et intuitifs surfant à merveille sur l’air du temps (l’hyper-connectivité), le jeu d’Ubisoft Montréal est bien parti pour figurer dans le Top 3 des jeux de l’année 2013 !!!

samedi 22 juin 2013

Musique - 13 de Black Sabbath

Black Sabbath - 13 : Un retour tonitruant aux sonorités incroyablement vintage !!!

Note : 4 / 5

L'annonce de la réunion de Black Sabbath dans sa formation originale en 2011 était déjà un évènement en soi. Malgré la défection entre temps de Bill Ward qui s'estimait lésé contractuellement par ses acolytes, le diagnostic du cancer de Tommy Iommi et la voix hésitante d'Ozzy Osbourne lors des concerts de 2012, la sortie de "13" vient concrétiser le grand retour des créateurs de la face sombre du heavy metal. Black Sabbath vient tout simplement de réussir ce sur quoi la plupart des reformations plus ou moins éphémères des grands groupes du rock ont échoué, produire un album digne de leur âge d'or.
"Imaginez un peu les gars. Vous êtes en 1970, vous venez d'enregistrer votre premier album. Qu'est-ce que vous faites après ?" C'est à peu près en ces termes que le producteur Rick Rubin a entamé les sessions d'enregistrement de "13", le nouvel album de Black Sabbath, avec trois de ses membres d'origine, le chanteur Ozzy Osbourne, 64 ans, le guitariste Tony Iommi, 65 ans, et le bassiste Geezer Butler, 63 ans.
Il s'agit donc sans doute d'une des reformations les plus attendues de l'histoire du métal, régulièrement espérée depuis le départ d'Ozzy, il y a 35 ans ("Never Say Die!" 1978). L'une des plus légitimes aussi tant l'empreinte du groupe de Birmingham, ses quatre premiers disques en particulier, est évidente sur à peu près 99% des albums de métal, d'hier et d'aujourd'hui. Sans des titres mythiques comme "Iron Man", "Paranoid", "War Pigs" ou "NIB", pas de Metallica, pas de Slipknot, pas d'Alice in Chains, pas de Melvins ou de Marilyn Manson non plus.
"Is it the end of the begining or the begining of the end", la première phrase lâchée par Ozzy sur "End of the begining", le premier titre de l'album, résume à elle toute seule l'état d'esprit dans lequel ce disque a été pondu. On ne sait pas s'il y aura un successeur à l'album, ou si le groupe est reparti sur des bases solides, mais une chose est sûre: il se passe quelque chose !
Pour ceux qui auraient encore des craintes sur le sujet, Sabbath reste Sabbath. On reconnaît ainsi sans peine la signature du groupe : guitares grasses et massives d'un Iommi dont le jeu, pour notre plus grand bonheur, accroche et "raccroche" toujours autant (tout comme il dégouline  toujours de classe et de feeling sur les soli et autres arpèges mélancoliques), toujours appuyé par la basse volubile de Geezer Butler qui reste inégalable dans son propre domaine, même lorsqu'elle se retrouve mixée un peu plus en retrait par rapport au chant et aux guitares et enfin les lignes vocales geignardes, incantatoires ou plus vindicatives du Sieur Osbourne.
Pour ce retour en fanfare, Black Sabbath privilégie la concision avec seulement huit titres sur la version standard de "13". Quatre autres pistes viennent s'ajouter à l'album original par le biais des différentes éditions spéciales. L'esprit est là et bien là, à tel point qu'on se demande si les huit chansons de "13" ne sont pas des compositions qui dormaient dans un grimoire oublié depuis 1975. Tout y passe, les ambiances lourdes, les rires déments, les chorus ravageurs d'un Tommy Iommi grandiose, l'odeur du souffre qui imprègne les cinquante-trois minutes et trente-six secondes que dure le disque.
Ainsi un dix-neuvième opus studio pour ce légendaire combo de heavy metal Anglais, né en 1969, et, originaire de Birmigham. Dès l'entame, avec "End Of The Beginning", on reconnait le style bien heavy des accords assénés par Tony. Puis, l'ambiance se fait plus soft, et, angoissante. Ozzy entre en scène avec sa voix nasillarde. Puis, arrive une accélération, façon "Under The Sun", et un chorus bien chaud où Tony Iommi fait hurler sa Gibson.
Même approche sur "God Is Dead", avec son climat pesant, et son chorus aérien. Toujours aussi heavy, il y a, encore, "Dear Father", parsemé par les breaks de  Brad Wilk (Rage Against The Machine/ Audioslave), et, qui se termine avec la pluie, l'orage et le tocsin. En plus enlevé, on trouve "Loner" où Tony nous sert un chorus ensorcelant, mais, aussi, "Age Of Reason" avec son riff qui bourdonne, genre "Into The Void", ou, encore, "Damaged Soul", aux riffs bien bluesy sublimé par l'harmonica d'Ozzy et la basse de Geezer.
Dépourvu de temps faible, "13" accumule au contraire les morceaux épiques. Dévoilé en avant-première en avril, "God Is Dead ?" n'était donc pas un leurre. "Zitgeist", "End of the Beginning", et "Live Forever" l'accompagnent sur la route pavée de mauvaises intentions des classiques de Black Sabbath. La différence entre "13" et la majorité des albums de reformations semble être d'avoir un but artistique au-delà du simple fait de raviver la flamme des fans. En terminant le disque par les mêmes bruits d'orage et de cloches lointaines qui ouvraient "Black Sabbath" (1970) il y a quarante-trois ans, le groupe semble signifier que l'histoire se referme définitivement avec "Dear Father".
Seul bémol ? Le jeu du batteur de Rage Against The Machine, Brad Wilk, solide mais bien moins créatif que celui du bon vieux Bill Ward. Son absence n'empêchera pas les fans de célébrer cette messe noire musicale qui se prolongera sur scène dans les mois qui viennent. Escale parisienne le 2 décembre prochain, à Bercy.
Au final, réussir son retour était déjà inespéré, soigner ainsi sa sortie est tout simplement exceptionnel et fait pour toujours de Black Sabbath un groupe définitivement à part. "13" ranime des frissons que l'on croyait à jamais oubliés, devenant l'ultime ensorcellement du heavy metal le plus occulte.
Avec "13", Black Sabbath signe donc ici un retour tonitruant qui mettra toute la planète rock sur la même longueur d'onde. En nous donnant une véritable leçon d'efficacité, ces papy du hard rock nous balancent ici un must have, ni plus, ni moins !!!

mercredi 19 juin 2013

Ciné - Man of Steel de Zack Snyder

Zack Snyder - Man Of Steel : Lorsqu'un blockbuster spéctaculaire rencontre le film intimiste !!!

Note : 4.25 / 5

Synopsis :
Un petit garçon découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et qu'il n'est pas né sur Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple afin de comprendre d'où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s'il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour toute l'humanité.

Critique :
"Man of steel", le nouveau Superman réalisé par Zack Snyder et produit par Christopher Nolan, divise la presse cinéma. Pour ma part, et ce malgré ses défauts (parce qu'il en a !), ce reboot de l'homme d'acier est une réelle réussite !
Six ans après le raté "Superman Returns" de Bryan Singer, les compteurs de la franchise Superman, l'homme d'acier créé par Jerry Siegel et Joe Shuster, sont remis à zéro. Warner propose ainsi un reboot (on recommence là où tout a commencé, aux origines de l'histoire connue de tous). Fort de sa trilogie Batman, Christopher Nolan s'est occupé de la production et du scénario de "Man of Steel", pendant que Zack Snyder, réalisateur de "300" et de "Watchmen" (un des meilleures comicsmovie que j'ai vu), s'est chargé de la réalisation.
Le défi était de taille car imaginer un film de super-héros captivant et moderne avec le plus kitsch et inintéressant personnage de DC Comics n'était pas chose aisée. Car autant le dire toute de suite : l'univers de Superman, son histoire personnelle, sa relation avec ses parents, avec Lois Lane, tout cela est plutôt lourdingue. Lui-même peut paraître ennuyant : irréprochablement bienveillant, aussi droit et lisse que sa coupe de cheveux, le personnage est en plus indestructible, ce qui rend toute intrigue sur lui généralement peu passionnante.
Pourtant, Zack Snyder et ses scénaristes parviennent à déringardiser la légende en y allant mollo sur la Kyptonite et les fantaisies de Lex Luthor, et font coexister deux films en un. L'un racontant les origines de Superman et l'autre le montrant évoluer au présent- grâce à un récit en entrelacs plutôt divertissant. C'est là que Zack Snyder, aidé par Christopher Nolan, démontre tout son talent.
Il évite tous les écueils, nous épargne les couplets du désarroi de l'adolescence perturbée, la confrontation vue et revue avec un fade Lex Luthor, ou les discours larmoyants et pleins de bonnes intentions. Le réalisateur a, au contraire, la bonne intuition de ne pas s'attarder sur le background des personnages, de toute façon déjà connu de tous.Après une première partie remarquable, tant sur le plan du rythme, du fil conducteur, du spectacle et de la mise en place des personnages, le film s'emballe avec des scènes d'action d'une intensité qui ont le mérite d'en mettre vraiment plein la vue aux amateurs de grosses sensations. Certes, les combats finissent par prendre le dessus, au détriment de l'histoire, mais la qualité de la photo, de la réalisation, l'intelligence des plans alternativement courts et longs, permettent au film de se hisser bien au-delà d'un vulgaire blockbuster. L'émotion passe aussi, au demeurant, sans tomber dans l'excès dramaturgique, par touches, en deux trois plans serrés sur des personnages sur le point de passer l'arme à gauche.
Les deux hommes s'emparent de cette histoire pour livrer un film plus sombre et proche de la perfection. Les deux réalisateurs ont décidé de raconter à leur manière l'histoire de Superman donc, contrecarrant le choix linéaire des précédents réalisateurs, préférant l'utilisation répétitive de flash-back. Cette préférence permet ainsi de laisser une plus grande partie à la narration de la vie sur Krypton avant l'expédition de Kal-El sur la planète Terre, ce qui dégage une part d'ombre et une perspective jamais fouillée dans les précédents volets.
Christopher Nolan et Zack Snyder se sont attelés à ce reboot, et ont remis Superman au goût du jour. Les deux réalisateurs ont décidé de s'inspirer du "Superman" de Richard Donner, incarné par le charismatique Christopher Reeve. Difficile de surpasser cet interprète toujours présent dans les esprits, mais pourtant Henry Cavill y est arrivé.
L’une des grandes forces de "Man of Steel", c’est son casting. La véritable révélation du film, c’est bien sûr Henri Cavill. Bien que le film se démarque du "Superman" de Richard Donner, tout en s'y inspirant, on ne peut s’empêcher de remarquer la ressemblance de l’acteur avec Christopher Reeves. Mais Cavill ne se contente pas de reprendre l’héritage laissé par son défunt prédécesseur, il le modernise, le rend plus humain, plus touchant, à tel point que l’on y croit à 100%.
Clark Kent a deux papas, et comme il a de la chance, tous les deux sont des Robins des bois. Si Jonathan Kent, joué par Kevin Costner, est assez en retrait dans le scénario, Russel Crowe est lui crucial dans Man of Steel. L’acteur signe là une grande performance en Jor-El. Et même si ses apparitions sont assez rares, sa présence et son charisme lui permettent d’hanter le film du début à la fin.
Quant à Zod, incarné par Michael Shannon, là aussi, l’acteur donne un coup de vieux à Terence Stamp, qui a interprété Zod dans les films de Donner. Le général déchu impose sa présence dans ce reboot et la tension est bien là à chacune de ses apparitions. On appréciera également le fait que les scénaristes n’ont pas donné un méchant sans saveur à Superman. Zod n’est pas un mégalomane détruisant tout juste pour le plaisir. Non. Zod est un bad-guy avec ses motivations, des buts, des espoirs. Son histoire est même touchante par certains aspects et Snyder arrive parfois à nous faire ressentir de la compassion pour ce général qui est prêt à tout pour sauver sa race. Un méchant qui va certainement marquer.
Toutefois, le film n'est pas exempt de défauts. Le plus grand de tous est que le côté Snyder du film l'ait emporté sur le côté Nolan. Le prologue avec ses visions de science-fiction psychédélique sur Krypton, la découverte par Clark de sa capacité à voler, enfin le dernier tiers bourré de scènes d'action spectaculaires, on peut regretter un certain manque d'audace dans le script, ce que Nolan avait incroyablement apporté à son Batman.
La première partie du film est un régal. Narration inventive, scènes de bravoure, personnages profonds, analyses sociétales sur la gestion de la différence… tout s’annonce pour le mieux. Malheureusement, Zack Snyder reste Zack Snyder et le réalisateur n’a pas pu s’empêcher de faire tout péter à la fin. La dernière heure du film se résume à un combat entre le bien et le mal, le bien étant incarné par un Superman quasi messianique. Un peu long, incohérent avec la première partie du film (Superman est soucieux du sort des humains, mais rien ne le retient lorsqu’il s’agit de tout faire péter à Metropolis), le final aurait mérité un meilleur traitement, quitte à être raccourci.
Au final, Zack Snyder a réussi à donner un coup de jeune à un héros accusant tout de même 75 ans d’âge. La première heure et demie du film est un exemple de ce qu’il faut faire dans un film de Superhéros. Une première partie solide, captivante, admirablement mise en scène. Et même si la dernière partie est un peu longue, le réalisateur maîtrise le sujet à la perfection. A l'arrivée, "Man of Steel" pose avec une efficacité technique bluffante les nouvelles fondations du bon vieux Superman !!!

lundi 17 juin 2013

DVD (Anime) - Les enfants loups, Ame et Yuki de Mamoru Hosoda

Mamoru Hosoda - Les Enfants Loups, Ame et Yuki : Une épopée intime, ensorcelante et sublimement efficace, prenant une dimension lyrique inattendue !!!

Note : 4.5 / 5

Synopsis :
Hana et ses deux enfants, Ame et Yuki, vivent discrètement dans un coin tranquille de la ville. Leur vie est simple et joyeuse, mais ils cachent un secret : leur père est un homme-loup.
Quand celui-ci disparaît brutalement, Hana décide de quitter la ville pour élever ses enfants à l'abri des regards. Ils emménagent dans un village proche d'une forêt luxuriante.

Critique :
Refoulé à l’entrée de Studios Gibli, le réalisateur Mamoru Hosoda à qui l’on doit "La Traversée du temps" et l’incroyable "Summer Wars" revient avec surement l’un des plus beaux films de l'année 2012. Nul besoin d’être fan de japanim’ pour apprécier le travail hors pair et la poésie narrative de cet auteur qui compte aujourd’hui parmi les valeurs sures de l’avenir cinématographique de l’animation nippone. Avec "Les enfants loups", Hosoda nous emmène dans une fable moderne où le monde du fantastique et de l’onirique s’invite avec tendresse dans celui de la société moderne normée qui ne laisse que peu de place à l’anticonformisme, qui plus est au Japon.
En quelques années, Hosoda est devenu un réalisateur incontournable dont les films sont attendus avec impatience, au Japon comme en Europe. Pour réaliser ce nouveau long-métrage, le réalisateur a choisi de créer son propre studio, le Studio Chizu, avec lequel il compte bien redessiner la carte du monde du cinéma d’animation, tant à travers ses productions que celles d'autres artistes.
Sous prétexte qu'il est le nouveau prodige de l'animation japonaise, Mamoru Hosoda a été comparé à Miyazaki. A tort. Sa volonté d'indépendance, sa capacité à séduire le public au-delà des seuls amateurs d'"anime" sont les seuls traits communs qu'il partage avec le vieux maître. Ce n'est qu'avec cette œuvre de maturité qu'apparaît une certaine filiation : pour lui aussi, la nature est à la fois une source d'équilibre pour l'homme et un rappel de sa sauvagerie originelle.
Le film commence tout de même en ville : une jeune femme, Yuki, raconte, en voix off, comment sa mère, Hana, rencontra son père au lycée et en tomba amoureuse instantanément. "Détail" qui change bien des choses : le jeune homme est le dernier représentant de la race des hommes loups. Ce prologue est l'histoire d'amour la plus intense qu'il m'ait été donné de voir depuis longtemps. La plus bouleversante aussi, quand Hana se retrouve veuve du jour au lendemain.
Comment élever seule deux enfants loups quand on est une simple humaine ? Direction la campagne, luxuriante, et une grande maison isolée loin des regards, où les deux enfants peuvent, tour à tour, être enfants ou louveteaux. Commence, alors, le récit, travail magnifique sur la couleur, des dix années qui vont mener Yuki la turbulente et son petit frère, Ame le craintif, de la petite enfance à l'adolescence.
L'idée des "Enfants Loups, Ame et Yuki" est venue au réalisateur en observant les couples autour de lui devenir parents et les changements que cela entraine. Marqué par la façon dont les femmes devenues mamans rayonnent, il a voulu en faire un film dont le cœur serait ce passage de jeune femme à mère, mais sans jamais négliger les deux enfants. Résultat, tant les enfants que leur mère Hana sont des personnages principaux, indépendants mais surtout attachants, avec chacun une personnalité qui leur propre.
Mamoru Hosoda est un grand conteur, maître des ellipses et du temps, qu'il dilate ou compresse à sa guise. Il rythme de splendides scènes élégiaques par de petits indices saisonniers, souvent rieurs. Chacun retrouvera une sensation, sucrée ou amère, de son enfance dans cette chronique familiale d'une infinie délicatesse. Depuis Ozu jusqu'à Miyazaki, la famille et l'éducation inspirent le cinéma japonais, qui a toujours fait des mères de grandes héroïnes. Hana en fait dorénavant partie, avec son prénom si juste ("Fleur" en japonais), son dévouement, et son sourire incomparable.
La mise en scène laisse très vite apparaître l’intelligence de Hosoda. Ce dernier ne cherche pas à reproduire les scènes clés d’une romance de collégienne pour cette histoire qui commence à s’y méprendre comme un Shojo. Le réalisateur nous fait traverser littéralement le temps avec une séquence vierge de tout dialogue, rythmée de la seule merveilleuse bande originale et qui multiplie les petits gestes du quotidien du couple jusqu’à la naissance de Yuki, leur première née. Leur second, un petit garçon nommé Ame, ne tarde pas à arriver. Les deux enfants héritent des gènes doubles de leur père et peuvent passer d’humain à loup à volonté.
"Les Enfants Loups" ne s’appesantit pas sur l’argument fantastique qui lui sert de base. Il le tient pour acquis et nous le fait accepter comme tel, tout comme il nous fait accepter avec une étonnante facilité l’idée de l’accouplement entre une femme et un loup au cours d’une scène insolite dont on ne retient pourtant que la délicatesse.
Le fantastique est omniprésent, les enfants profitant constamment de leur capacité à se métamorphoser instantanément en loups au gré de leur humeur, mais il est traité comme un secret de famille, une différence avec laquelle il faut composer pour ne pas attirer l’attention. Mamoru Hosoda opte pour une approche réaliste, une observation naturaliste du comportement de ses personnages. Mamoru Hosoda est, contrairement à ce que pourraient faire croire les thèmes de ses films ("le voyage dans le temps", "la guerre entre monde réel et le monde virtuel", "les humains qui se transforment en loups"), un cinéaste très réaliste. Il puise son inspiration dans son propre quotidien.
De son histoire de loups-garous, il tire une fable universelle qui parle d’amour, de perte, d’apprentissage, de découverte de soi et de l'autre, d’identité et d’éducation. A travers le personnage d’Hana, il dresse aussi le portrait magnifique d’une mère autant soucieuse de protéger sa progéniture que d’offrir à ses enfants la chance d’exprimer pleinement leur nature profonde et, le moment venu, de choisir la vie qui leur convient le mieux.
Animation traditionnelle en 2D, spécialité du Japon, et animation numérique sont réunies ici pour un résultat visuel très agréable et parfaitement maitrisé, que l'on peut qualifier sans hésiter de très beau. Les personnages ainsi que les décors ont été dessinés un à un à la main et c’est Takaaki Yamashita, maître de l’image pour Mamoru Hosoda depuis son passage chez Toei, qui a dirigé l’animation du film. Hiroshi Ohno, directeur artistique expérimenté qui a occupé ce poste pour de nombreux longs-métrages d’animation dont "Kiki, la petite sorcière" participe également à ce projet. Enfin, c’est l’un des animateurs les plus talentueux du Japon, Toshiyuki Inoue, qui a dirigé l’animation clé.
Au final, le projet est ambitieux et parfait dans sa forme, qui mêle intimement animation traditionnelle et images de synthèse. Le film impressionne constamment par sa beauté, sa richesse visuelle, son sens du détail et la finesse de son scénario qui lui permet de balayer, sans l’ombre d’une précipitation, treize ans en deux heures, grâce à une maîtrise de l’ellipse qui laisse pantois.
Raconté par Yuki, "Les Enfants Loups" a le tendre parfum de l’enfance, de ses blessures inguérissables et de ses joies incomparables. Drôle à en pleurer, émouvant aux larmes, il est de ces œuvres qui vous chamboulent, vous suivent et rendent le monde meilleur. Incontournable.
A la fois conte de fées moderne, allégorie sur l’éducation et hommage aux mères, "Les enfants loups, Ame et Yuki" s’adresse à tous, parents et enfants, du Japon ou d’ailleurs. Dernier film d'animation de l'été 2012, il est sans conteste l'un des meilleurs, pour ne pas dire le meilleur, et il serait vraiment dommage de passer à côté. A voir donc, sans hésitation !!!

vendredi 14 juin 2013

Livre - La Geste du Sixième Royaume d'Adrien Tomas

La Geste du Sixième Royaume
                                                 d'Adrien Tomas

Note : 4 / 5

Synopsis :
Cinq royaumes des plus turbulents se combattent sans relâche depuis des décennies. Au cœur même de ce monde se trouve le Sixième royaume, la Grande Forêt. Des palais luxueux aux cases les plus misérables de Val ou encore dans les villages mouvants des yogourts des plaines venteuses de Khara, partout l’on conte les légendes de la Grande Forêt, terre d’asile des créatures fantastiques qui peuplent les rêves les plus fous ou les cauchemars les plus noirs.
Un jour les cinq royaumes s’unissent sous la bannière Seï et la Déesse Seva pour détruire la Grande Forêt. Venus des cinq royaumes des aventuriers que rien ne lie se lèvent et prennent la route vers cette immense forêt sauvage. Moineau, la sorcière Grise, le conteur désabusé, le demi-nain marchand et enfin l’homme loup se retrouvent sur le devant de la scène bien malgré eux. En effet, à la suite de circonstances tragiques pour nos valeureux héros, ils vont devoir comprendre et surtout survivre aux différentes embûches et aux pièges que leur réserve leur destinée commune.
Une véritable course poursuite sous les frondaisons d’une forêt immense aux pouvoirs magiques impressionnants, avec aux trousses une ribambelle d’assassins et de créatures des plus machiavéliques, attendent ces hérauts d’une cause dont ils n’ont encore pas compris l’ampleur pour la survie de leur monde.

Critique :
En bref : Adrien Tomas nous propose un premier tome solide et efficace, qui fera passer un bon moment à tous les férus de fantasy. Si la trame reste très classique, il faut reconnaître que l'auteur connait ses bases et s'amuse même à les détourner de temps en temps. Après cette lecture, vous ne verrez plus jamais les elfes et les dragons de la même manière !
L'opposition entre le Bien et le Mal se transforme également en conflit entre la Nature et le Progrès, une vision intéressante assez appréciable. Les personnages sont nombreux et bien travaillés, même s'il est regrettable que certains le soient beaucoup plus que d'autres. Une bonne pioche avec ce livre qui, malgré quelques longueurs, se révèle efficace et prenant.
Plus en profondeur, "La Geste du Sixième Royaume" est un pur roman de fantasy épique. Destinée, monde en danger, batailles, magie, nombreuses races, etc, etc... La grande majorité des figures imposées du genre répondent à l’appel, même si l'auteur se les approprie pour mieux les détourner.
"La Geste du Sixième Royaume" est le premier roman d’Adrien Tomas. L’auteur a fait le choix audacieux d’écrire une véritable épopée en prenant le parti de développer son récit à travers les yeux d’une multitude de personnages. Le livre se divise en quatre parties : l’appel, le rassemblement, la guerre et la chute. Adrien Tomas nous raconte l’histoire d’un pays qui se prépare à subir une guerre.
Deux grandes puissances, le Père et l’Autre, s’affrontent depuis la nuit des temps mais elles ne peuvent le faire directement au risque de signer la destruction de l’univers tout entier. Elles choisissent alors de nommer des représentants, les Héraults. Ces Héraults sont au nombre de cinq dans chaque camp. Adrien Tomas les a baptisés : la Dame, le Prophète, le Soldat, la Bête et le Danseur. Ils présentent certains pouvoirs comme la magie, la télépathie, un flair hors norme, la voyance ou encore une maîtrise exceptionnelle de la science guerrière.
Chaque Hérault a un double dans l’autre camp, il lui incombe de l’affronter et de le terrasser pour apporter la victoire à la puissance qu’il sert. Il y a un aspect très intéressant concernant ces personnages qui doivent s’affronter. En effet, ils ont parfois été amenés à se côtoyer dans le passé. Les relations qui les lient peuvent aussi bien être cimentées par la haine que par des sentiments plus positifs. La mission qui leur est confiée prend alors une tournure plus personnelle et cela confère une grande crédibilité au texte, le lecteur se laissant volontiers contaminer par les émotions des protagonistes.
La trame de base semble classique vous me direz. Toutefois, si l'univers et l'intrigue sont en apparence assez classiques, Tomas détourne habilement les codes de la fantasy tout en suivant une trame qui a fait ses preuves. Il transforme certains peuples bien connus des adeptes de la fantasy en leur attribuant une histoire et des caractéristiques étonnantes, bien loin des glorieux récits qu'on a l'habitude de lire sur ces créatures. C'est notamment le cas des elfes et des dragons, mais pas seulement... Sans oublier qu'une autre créature bien connue est évoquée dans le tout dernier chapitre du livre, ce qui nous réserve très certainement des surprises pour la suite.
L’auteur décide donc de prendre à contre-pied ses lecteurs pour ce premier roman. En effet on trouve plusieurs différences dans cette histoire de fantasy par rapport aux stéréotypes du genre.
Notamment, comme dit plus haut, vous vous retrouvez non pas avec un, mais plusieurs narrateurs, qui vont faire avancer et prendre vie cette aventure épique. Ce n’est pas par un numéro de chapitre mais par l’un des prénoms des héros qu'Adrien Tomas annonce ses chapitres, ce qui est pratique pour ne pas se perdre avec cette ribambelle d’intervenants. Chacun très différents autant pour le physique que pour le caractère. Le jeu du chaud et du froid est très souvent employé, apportant régulièrement une note d’humour dans ce monde assez dur malgré tout.
Ainsi là où Tomas innove et convainc, c’est par le traitement de son histoire. Plus qu’il ne rend hommage aux grands classiques de la Fantasy, Adrien Tomas redéfinit ses codes. Ainsi nous sommes en face d’un immense échiquier où chaque personnage est un pion qu’il faut faire avancer. Il y a les blancs, il y a les noirs, mais comme dans la vraie vie, aucun joueur n’est finalement totalement bon ou mauvais, l’enjeu de cette guerre étant beaucoup plus complexe que ça.
"La Geste du Sixième Royaume" est un très bon roman de fantasy, mais qui n'est cependant pas exempt de défauts. Dans ses meilleurs moments, le roman d’Adrien Tomas n’est pas loin par exemple d’évoquer David Eddings, dans certains dialogues notamment, amusants ou enlevés. Mais en creux, il faut bien admettre que l’on a parfois l’impression de tomber sur le récit d’une partie de jeu de rôle couchée sur papier. Et le problème, c’est que l’on sait qu’écouter ou lire quelqu’un vous raconter une partie dont vous ne connaissez rien n’est pas très agréable.
Une chose est sûre, l’auteur a pris la peine et le temps de bâtir un univers cohérent. Citons une vraie chronologie, le travail et le soin apporté au peuple des sylphides, les liens entre les différentes thématiques abordées. Adrien Tomas essaie aussi d’apporter sa propre patte en jouant sur les clichés du genre : le véritable passé des Elfes, le rôle des dragons, la nature du conflit entre le Père et l’Autre. Des petites touches qui apportent un plus.
La contrepartie négative de la chose existe, malheureusement. De nombreuses plages explicatives, y compris par le biais des dialogues, pèsent sur le rythme du récit et lui donnent parfois des allures de guide, avec l’impression que l’on résume pour le lecteur, et non pour les personnages, les épisodes précédents.
Au final, vous l’aurez compris, le bilan est plus que positif pour "La Geste du Sixième Royaume". Le point fort d’Adrien reste son style, un style ovni dans le genre de la fantasy puisqu’il apporte une légèreté favorisant l’immersion du lecteur dans un univers d’une grande richesse. Généreux, pas bête, mais souffrant encore de défauts de jeunesse, Adrien Tomas nous propose un premier tome solide et efficace, qui fera passer un bon moment à tous les férus de fantasy !!!

mercredi 12 juin 2013

Ciné - Star Trek, Into Darkness de J. J. Abrams

J. J. Abrams - Star Trek, Into Darkness : Une réalisation mature et maîtrisée aux effets spéciaux spéctaculaire, mais qui n'a rien de révolutionnaire !!!

Note : 3.5 / 5

Synopsis :
Alors qu’il rentre à sa base, l’équipage de l’Enterprise doit faire face à des forces terroristes implacables au sein même de son organisation. L’ennemi a fait exploser la flotte et tout ce qu’elle représentait, plongeant notre monde dans le chaos.
Dans un monde en guerre, le Capitaine Kirk, animé par la vengeance, se lance dans une véritable chasse à l’homme, pour neutraliser celui qui représente à lui seul une arme de destruction massive. Nos héros entrent dans un jeu d’échecs mortel. L’amour sera menacé, des amitiés seront brisées et des sacrifices devront être faits dans la seule famille qu’il reste à Kirk : son équipe.

Critique :
Autant être clair dès le début. Après avoir brillamment réinventé la mythologie "Star Trek" dans son premier opus, J.J. Abrams signe un deuxième volet ultra-référencé, inspiré de "La Colère de Khan" et de "A la recherche de Spock". Confronté à un terroriste aux visées belliqueuses, venu de l'intérieur, l'équipage de Kirk nous entraîne dans une surenchère d'explosions et de bastons. La 3D en met plein la vue, mais on reste sur sa faim !
"L'espace, frontière de l'infini, vers lequel voyage le vaisseau spatial Enterprise..." Il y a quatre ans, J.J. Abrams faisait résonner le leitmotiv de la série culte pour des spectateurs subjugués par une relecture dépoussiérée de l’œuvre de Gene Roddenberry. Les critiques sont unanimes, J.J. Abrams est un explorateur de la science-fiction, comme l'ont été Spielberg et Lucas avec "E.T. l'extraterrestre" et "La guerre des étoiles".
Quel bonheur donc, à première vue, de reprendre l’espace à bord de l’Enterprise. Fidèles au poste, le capitaine Kirk (Chris Pine), monsieur Spock (Zachary Quinto) et le reste de l’équipage vont, cette fois-ci, être confrontés à un ennemi intérieur. Réalisateur intergalactique, J.J. Abrams nous ouvre un nouveau chapitre de la saga, formaté pour plaire aux geeks sectaires comme aux spectateurs avides d’un simple divertissement pétillant.
À l'instar du capitaine Kirk, il avance vers l'inconnu au mépris du danger. Des risques, il y en a et ils sont de taille. Depuis le premier "Star Trek", les personnages ont en effet évolué, ils ont mûri. Choix moraux et responsabilités sont à l'ordre du jour face aux menaces d'un terroriste intergalactique qui a juré la fin de la Fédération. Abrams s'intéresse cette fois-ci davantage aux rapports humains de l'équipage, en mettant l'accent sur les notions d'amitié et de loyauté qui étaient au cœur de l'univers de Roddenberry.
La suprématie d’Abrams, sa grande force, est de vouloir produire un cinéma populaire, un grand film à l'ancienne, épique, généreux, ouvert. De ce point de vue-là, "Into Darkness" est une réussite totale. L’intro démente avec son volcan et ses indigènes (et une utilisation affolante de la 3D), la scène quasi muette de l'attentat à Londres, l'attaque de San Francisco, l'arrivée chez les Klingons... Le film enchaîne les scènes d’action et les morceaux de bravoure avec une maîtrise prouvant qu’Abrams a terminé sa mue, passant de génie télévisuel en artisan néoclassique.
Ainsi, sa force, il le prouve une nouvelle fois ici, tient dans son génie du mouvement perpétuel et dans sa gestion du trop-plein. Personne aujourd’hui ne sait mieux filmer une scène d’action ultracomplexe, regorgeant à ce point de personnages, de véhicules, d’espaces, voire de temporalités différentes. Roi de l’aplat, ce dont le fameux flare (ces traits de lumière qui apparaissent naturellement lorsqu’une caméra braque un projecteur) constitue la signature la plus évidente, Abrams expérimente ici pour la première fois la 3D, et prouve aux sceptiques qu’il n’y a nulle fatalité à l’inanité courante de cette technologie. Dans les mains du réalisateur de "Super 8", elle offre une richesse picturale prodigieuse.
Si le premier "Star Trek" d'Abrams, sorti en 2009, avait déjà donné un bon coup de fouet à une franchise marquée par ses monstres en plastiques, sa suite enchaine la seconde. Dès les premières minutes, le ton est donné et le souffle est coupé, J.J. Abrams donnant tout ce qu’il peut pour rendre son aspect titanesque à la saga. Volcan infernal, vaisseaux monumentaux, explosions dantesques, "Star Trek Into Darkness" laisse une large place aux scènes d’action et aux effets visuels aussi réussis que spéctaculaires.
Le casting, quant à lui, tient la note, même s’il semble presque écrasé par la figure impériale de Benedict Cumberbatch, qui compose un super-vilain aux accents tragiques. Sa prestation est magistrale !
Bien connu des fans de la série Sherlock de la BBC dont il incarne le personnage principal, Cumberbatch est le principal ajout au casting de ce deuxième volet de "Star Trek". Il incarne un ennemi tout en nuance, à la fois menace mystérieuse et personnage plus profond avec un réel historique. Si son jeu se rapproche finalement assez de celui qu’il a adopté dans la série de la BBC, j'aurais aimé le voir dans un rôle plus important encore tant il aurait été un Spock parfait.
Toutefois, au final, même si "Into Darkness" est réalisé avec une réelle efficacité dynamique, le film remplissant son contrat de blockbuster d’action, il déçoit cependant par son scénario fadasse et sans réelles surprises. On attend des aventures de "Star Trek" qu’elles nous emmènent explorer les confins de la galaxie, à la manière d’un Jules Vernes du futur. On reste ici dans la baston high-tech, extrêmement bien maîtrisée et visuellement incroyable certes, mais de la simple baston tout de même.
"Star Trek, Into Darkness" est une franche réussite visuelle. S’il n’est pas parfait, il aura au moins le mérite de plaire aux fans de grand spectacle. Ce second volet prouve bien que J.J. Abrams est encore un réalisateur sur qui on peut compter. Espérant simplement que pour  le prochain épisode de "Star Wars", le réalisateur conserve une telle maîtrise mais pour un scénario bien plus complexe !!!