lundi 29 avril 2013

Livre (Comics) - Saga T1 de Brian K. Vaughan et Fiona Staples

Brian K. Vaughan et Fiona Staples - Saga T1 : De la space fantasy fiévreuse et captivante !!!

Note : 4.25 / 5

Synopsis :
Dans l'arrière-salle d'une carrosserie, Alana, une jeune femme portant des ailes dans le dos et ancienne soldat, et Marko, un lunien orné de cornes de bouc et ayant des dons pour la magie, vivent des instants merveilleux avec la naissance d'Hazel, leur petite fille. Cet enfant n'aurait pourtant jamais du naître. Alana et Marko viennent tous deux de planètes différentes et d'espèces en guerre depuis longtemps.
Considérés comme des parias, ils sont recherchés de toutes parts. Un baron robot et des soldats de la coalition les ont retrouvés et les tiennent en joue. Trois luniens font aussi irruption. Par miracle, le couple et leur bébé parviennent à s'échapper et à mettre la main sur une carte. Sur celle-ci figure un lieu synonyme d'espoir : la forêt de la fusée.
Là-bas, ils pourront quitter Clivage et se rendre sur une autre planète. Mais leur fuite ne se fera pas sans danger, car les différents camps ont engagé des mercenaires indépendants, réputés pour leur méthode expéditive et leurs résultats.

Critique :
La space fantasy, voilà un genre bien casse-gueule. Mais quand on s’appelle Brian K. Vaughan, bâtir une série galactique avec des luniens cornus, des robots à tête cathodique, des fantômes rosâtres et des combattantes à ailettes, n’est pas du tout mission impossible. Pour preuve ce premier tome de "Saga", quête héroïque et romantique qui met en scène deux amoureux fuyant la guerre que se font leurs peuples respectifs, ainsi que les tueurs lancés à leurs trousses. Car ils portent un symbole d’espoir plus fort que la haine : un nouveau-né, narrateur de cette épopée éclatante.
Parti durant quelques années dans l'industrie de la télévision pour participer à l'écriture de séries télé comme "Lost", Brian K. Vaughan a laissé de nombreux fans dans l'expectative de son retour. Il faut dire que le scénariste canadien a livré de jolies pépites de l'art séquentiel avec "Y, le dernier homme", "Les Seigneurs de Baghdad" ou "Ex Machina". Avec "Saga", l'auteur créé une histoire aux confluents des genres, entre le space opera, le récit d'aventure et la love-story.
La collection Urban Indies de Urban Comics accueille des titres indépendants qui ne sont donc pas issus de l’univers DC Comics. Ce premier volet, qui reprend les épisodes 1 à 6 de "Saga", va ainsi piocher dans le catalogue d’Image comics et permet surtout de retrouver l’excellent Brian K. Vaughan. Ce dernier revient sur le devant de la scène avec une nouvelle série particulièrement prometteuse qui mélange space opera, romance, géopolitique, aventure et même une petite touche de fantasy. Bref, un ovni que je vous conseille vivement.
Démarrant sur les chapeaux de roue, cette aventure spatiale a d’abord des allures de road-movie fantasy relativement traditionnel. Mais, très vite, les personnages imaginés par Vaughan et surtout son humour mordant font décoller le récit bien au-dessus du lot. À partir d’une trame de facture classique, il brode une bande dessinée ambitieuse aux confins des genres, un conte moderne tantôt tendre, tantôt cruel, et véritablement palpitant.
Tout ici est un prétexte à une aventure spatiale où l’action sait parfois laisser sa place à un peu d’humour et de sentiments tout en permettant à l’auteur d’apporter des nombreuses idées toutes aussi originales les unes que les autres. C’est là que réside la principale force du récit d'ailleurs.
"Saga" est une aventure hors du commun dans un univers foisonnant d'espèces étranges et dangereuses. Débute alors une aventure parfaitement rythmée au sein d’un univers fourmillant d’excellentes trouvailles et d’espèces insolites. Des fantômes de la planète Clivage à l’arbre-fusée, en passant par les pouvoirs magiques des habitants de la lune Couronne, l’album regorge ainsi d’idées originales.
L’idée de base, qui consiste à opposer deux peuples qui ont exporté leur conflit sur d’autres planètes de la galaxie afin de préserver les leurs, s’avère excellente. L’univers proposé est du coup non seulement extrêmement vaste, multipliant ainsi les possibilités scénaristiques, mais cela permet surtout à Brian K. Vaughan d’intégrer de nombreux peuples à son récit et quand on connaît sa capacité à exploiter pleinement ses personnages, cela est certainement un autre des gros plus de la série.
Brian K. Vaughan effectue un retour payant, avec un récit racé et doté de dialogues affutés. Le naturel de ceux-ci en étonnera plus d'un et l'humour qui ressort de certaines tirades est proprement irrésistible. "Saga" est également très dynamique, le lecteur ne cesse de découvrir de nouveaux lieux ou de nouvelles menaces. Et puis quelle bonne idée de faire parler les luniens en espéranto, une langue auxiliaire créée au XIXème siècle.
Avec un scénario aussi inspiré, il fallait bien un visuel en adéquation. C'est la dessinatrice canadienne, elle aussi, Fiona Staples qui se charge d'offrir des planches étonnantes et des designs aussi surprenants que déstabilisants. Entre les robots barons (des écrans de télé sur des corps humains) ou la Traque (nom d'une des mercenaires indépendants), l'originalité déborde des cases. Le travail sur les décors est minutieux et se joue des perspectives. Si certains n'accrocheront peut être au premier coup d’œil au visuel de Fiona Staples, nul doute qu'en entamant la lecture de "Saga", ils sortiront, une fois l'album terminé, finalement conquis, le visuel étant juste parfait pour un tel récit.
Les design sont orignaux et plaisants tandis que l’ensemble du travail est très soigné et les couleurs maitrisées. Fiona Staples nous offre là une atmosphère unique pour un récit qui ne l’est pas moins ! Staples donne vie à des créatures au look très réussi et installe une ambiance toujours adéquate, à l’aide d’une colorisation qui accompagne toujours parfaitement le ton du récit. La dessinatrice canadienne offre également un découpage efficace qui contribue à une lecture fluide qui incite à tourner les pages à grande vitesse.
Au final, grâce à des héros aux sentiments et réactions si humains, à des figures secondaires hautes en couleurs (le prince robot, les chasseurs de têtes) et des trouvailles jouissives, Vaughan développe une histoire d’amour S-F accessible et rapidement fascinante, parfaitement mise en image par la Canadienne Fiona Staples, dont le dessin, en apparence rêche et froid, se révèle finalement plus chaleureux que prévu. Une belle réussite du label Image, et encore une bonne pioche pour Urban Comics. "Saga" est donc une série de science-fiction et, surtout, un comics absolument génial à l'univers hyper dense et peuplé de créatures magnifiquement dingues !!!

dimanche 28 avril 2013

Actu - Ninja Gaiden 3, Razor's Edge de Tecmo

Tecmo - Ninja Gaiden 3, Razor's Edge : Une version corrigée qui redonne goût à la franchise !!!

Note : 4 / 5

Synopsis :
"Ninja Gaiden 3 : Razor's Edge" sur PS3 est un jeu d'action sanglant plaçant le joueur dans la peau de Ryu Hayabusa, un ninja dont l'habileté n'a d'égal que sa maîtrise du katana. Cette fois-ci, c'est à Londres que notre trancheur de membres préféré va jouer de l'épée du dragon face à de belliqueux terroristes.

Critique :
La sortie de "Ninja Gaiden 3" avait laissé un goût amer à certains fans de la franchise l’an dernier sur PS3 et Xbox 360. Et pour cause, ce volet n'était pas tout à fait à la hauteur de ses deux prédécesseurs. La Team Ninja et Tecmo avaient donc pris le pari d’offrir une version corrigée sur Wii U. Intitulée "Ninja Gaiden 3 : Razor's Edge", cette version est arrivée finalement sur PS3 et Xbox 360 en ce début du mois d’avril.
La série des "Ninja Gaiden" a une longue histoire mais c'est en 2004 qu'elle renaît de ses cendres et qu'elle accouche d'un titre qui fait encore frémir les possesseurs de la Xbox première du nom. Il s'agissait en effet d'un beat'em all incroyablement exigeant qui réservait de belles joies aux joueurs prêts à suer sang et eau pour devenir un véritable ninja. L'homme qui se cache derrière ce retour en force n'est autre que Tomonobu Itagaki, l'un des game designers les plus rock'n roll du milieu.
A la tête de la fameuse Team Ninja, il nous a gratifiés d'un second épisode toujours aussi bien maîtrisé. Ce charmant gaillard a toutefois claqué la porte de chez Tecmo qui a dû se passer de ses talents pour mettre sur pied ce troisième opus. On connaît le résultat, un "Ninja Gaiden 3" qui peine à convaincre les fans en cédant aux sirènes de l'accessibilité à outrance. Ne partez pas en courant, la Team Ninja a revu sa copie et nous propose aujourd'hui une nouvelle version qui mérite vraiment le détour.
Alors en un mot comme en cent, autant clairement vous dire les choses. C'est la version "Razer's Edge" que les fans de la série attendaient, et non la première. Elle est en quelque sorte la réponse à la majeure partie des critiques qui ont été faites sur les versions 360 et PS3 de l'an dernier. Elle inclut donc tous les DLC qui ont vu le jour depuis la sortie de "Ninja Gaiden 3" et bénéficie d'autres ajouts franchement indispensables.
Alors que dans "Ninga Gaiden 3", Ryu Hayabusa ne possédait qu’une seule arme et un seul ninpo, cette version "Razor’s Edge" ne fait pas les choses à moitié en nous ne proposant pas moins de six armes (chacune évolutive sur trois niveaux) et quatre ninpos. Une bonne occasion pour notre célèbre ninja de pouvoir enfin mettre en avant son talent pour le combat en proposant un éventail de coups beaucoup plus important qu’à l’origine. Mais, comme vous l’aurez compris, cela ne signifie en aucun cas que Ryu devient plus puissant, ce serait même plutôt le contraire et je ne vais pas m'en plaindre.
Notre ninja de choc dispose donc logiquement d'un panel de coups bien plus étendu. Ça ne vous suffit pas ? De nouveaux stages ont fait leur apparition et vous permettront de vous glisser dans la peau de la belle Ayane qui dispose bien entendu elle aussi de combos qui lui sont propres. Vous en voulez encore plus ? Il faut aussi compter avec un nouveau mode de jeu, intitulé "Défi Chapitre", qui vous permet de vous lancer instantanément dans n'importe quel niveau et d'incarner notamment Kasumi et Momiji. Leur plastique de rêve n'est bien entendu pas leur seul intérêt, elles apportent elles aussi leur lot d'attaques et viennent ajouter de ce fait une jolie replay value.
Mais, histoire de ne pas faire les choses à moitié et de répondre complètement aux attentes des aficionados, les développeurs ont également décidé de supprimer de nombreuses indications qui rendaient la progression un peu trop simpliste. Alors que, par le passé, de nombreuses informations venaient nous faciliter la tâche, celles-ci sont beaucoup moins présentes à l’écran. De même, sortir une attaque spéciale ne sera plus aussi facile et automatique et il faudra faire preuve de maîtrise pour réussir à débloquer chaque niveau à 100 % et obtenir toutes les récompenses.
Un système de notation répond également présent afin de vous proposer de récompenser chacune de vos actions et vous inciter à combattre avec classe et maîtrise. En fonction des notes ainsi obtenues, on pourra bien entendu faire évoluer différentes compétences de notre ninja. Un petit plus fort sympathique qui permet d’incarner un héros non générique et qui répondra clairement à la façon de jouer de chacun. Il faudra donc consciencieusement dépenser ses points dans les compétences qui vous intéressent afin que vos actions fétiches soient celles qui infligent le plus de dégâts à l’adversaire et non le contraire.
Si les nouveautés en termes de contenu sont celles qui sautent le plus aux yeux dans un premier temps, les amoureux de la série devraient particulièrement apprécier les différents ajustements liés au gameplay. Pour commencer, autant vous prévenir, la difficulté a été clairement revue à la hausse. Les ennemis sont plus coriaces, les ninpos moins puissants, les attaques spéciales moins automatisées, les indications sont moins souvent affichées à l'écran,... Bref, on en bave et ça tombe bien, c'est ce qu'on cherche lorsqu'on se lance dans un "Ninja Gaiden".
Les plus courageux pourront même essayer de dénicher les Tests de valeur cachés dans les niveaux qui réservent bien entendu des challenges de taille. De manière générale, le feeling n'est pas le même, on se retrouve avec une maniabilité plus exigeante et qui valorise davantage le skill.
Au final, cette version corrige bel et bien le tir et permet de profiter pleinement de "Ninja Gaiden 3" tel qu'on aurait aimé le voir débarquer l'année dernière. Cette édition sous-titrée "Razor's Edge" vous permet en effet de retrouver le challenge, le punch et la violence qui ont fait le succès de la série !!!

vendredi 26 avril 2013

Musique - Outlaw Gentlemen & Shady Ladies de Volbeat

Volbeat - Outlaw Gentlemen & Shady Ladies : Un album à la première écoute mitigée, mais qui risque de devenir une référence dans quelques temps !!!

Note : 3.75 / 5

Après avoir gravi les échelons et s’être taillé une solide réputation scénique, Volbeat, avec sa tambouille musicale détonante, était attendu au tournant. Après avoir développé une imagerie originale qui s’apparentait à l’Amérique des années 30, le groupe danois reste chez l’oncle Sam, mais visite cette fois le Far West et l’univers des westerns spaghetti. L’univers de Sergio Leone mêlé au talent du groupe a de quoi faire fantasmer le fan en quête de nouvelles ambiances.
À force de revendiquer son amour pour la country, il fallait bien que ça arrive. Pas un album de country, évidemment, mais un disque ayant pour thème les personnages de western. Produit par Rob Caggiano (ex Anthrax) qui en a profité pour prendre la place de guitariste laissée vacante depuis 2011 par Thomas Bredahl, "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies" est à la fois l'album le plus abouti de Volbeat et, curieusement, un cran en dessous de "Beyond Hell/Above Heaven".
Poulsen chante toujours aussi bien, c’est une constante sur les albums de Volbeat, mais le ton de ce nouvel album semble un poil plus sombre que les précédents, et le songwriting enfin revenu à un bon niveau, de même que les influences thrash de Metallica ("The Hangman’s Body Count" par exemple), qui occupent à nouveau le devant de la scène partageant le rôle principal avec les habituelles influences 50′s mais aussi celles revendiquées depuis longtemps par Poulsen, à savoir les influences country (Poulsen étant un grand fan de Johnny Cash) particulièrement audibles sur "Pearl Heart", "Lola Montez" ou sur le très réussi "Doc Holliday" qui mêle banjos et riffs thrashy en diable.
Idem pour "Our Loved Ones" sur lequel l’harmonica ouvre le bal. Volbeat continue également d’effectuer quelques détours par une pop efficace et vraiment bien écrite, comme sur le single "Cape of our Hero", très radio-friendly mais tout à fait réussi ou sur le bien rythmé "My Body".
À chaque fois qu'un groupe obtient un peu de succès et a le malheur de sortir un album un poil plus accessible, plus mélodique (parfois simplement plus recherché), l'accusation de mercantilisme n'est jamais bien loin dans le chef de file des fans de la première heure. Fans qui ont généralement cette fâcheuse tendance à considérer que si le groupe est là où il en est, c'est bien évidemment grâce à eux, ce qui interdirait tout changement, au risque de les décevoir.
Je ne suis pas ici pour juger cette tendance, qui a ses arguments, et après tout, nombre sont les groupes qui de toute façon ne varient pas d'un iota leur formule et s'en portent très bien, merci pour eux. Mais force est de constater qu'elle est quasi-systématique, comme auront pu le constater Slipnot, In Flames, Marilyn Manson, Mastodon, et bien évidemment le "cas d'école" Metallica avant eux. Non, le vrai problème est quand ce changement d'orientation s'accompagne d'une perte d'efficacité, de qualité de composition.
C'est sur une douce introduction acoustique, "Let's Shake Some Dust" que l'album commence. Traduit littéralement, "Secouons un peu de poussière" porte bien son nom car ces 90 secondes nous emmènent dans une ambiance de désert digne des westerns de Clint Eastwood. Malheureusement, la promesse n’est pas toujours tenue. En effet, l’univers western n’est exploité que sur quelques titres de l’album. On s’imagine ainsi les paysages arides s’étendant à perte de vue lors de l’intro, on voit le bandit, la cordelette au cou, sous sa potence dans "The Hangman’s Body Count", ou encore la cavalcade endiablée du couple Michael Poulsen / Sarah Backwood sur "The Lonesome Rider", qui sont autant de titres réussis de cet album. On notera également que le groupe peut allier cette ambiance d’un autre âge avec son heavy metal contemporain, avec "Doc Holliday".
Ainsi, une fois l'intro passée, il faudra attendre la chanson "Dead But Rising" pour vraiment sentir que l'album décolle d’une belle façon. Je n'ai vraiment pas été impressionné par les deux premières chansons "Pearl Hart" et "The Nameless One", les deux pistes (avec une ou deux autres) fragilisant un album qui aurait pu être d'anthologie.

Après un "Beyond Hell/Above Heaven" qui proposait paradoxalement les titres les plus radio-friendly de leur histoire jusque-là ("Fallen" et "Heaven nor Hell" en tête) mais également de vrais brûlots metal, accompagnés par exemple de valeurs sûres comme Mille Petrozza de Kreator et Barney de Napalm Death, Volbeat s'était imposé comme un groupe majeur, bientôt considérés par la plèbe comme les "nouveaux Metallica".
Conquérir le public metal était fait. L'objectif suivant était clair : entrer dans la cour des grands. Franchir l'étape supplémentaire, l'étape franchie par Metallica sur son "Black Album", ne plus être un groupe majeur du metal, mais un groupe majeur du rock. Un groupe majeur tout court. Le single "Cape Of Our Hero" allait dans ce sens : harmonies de guitare volbeatesques, voix caractéristique de Poulsen, le tout enrobé dans de superbes mélodies et un refrain tout simplement idéal. Un tube, un vrai, une réussite, plus accessible.
Malheureusement, si la variété des influences avait été un point fort sur "Beyond Hell/Above Heaven", elle tire "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies" un peu vers le bas en donnant un album mitigé. Un opus dans lequel les points forts, comme par exemple "Cape Of Our Hero", le très volbeatien "Dead But Rising" ou le sombre "Room 24", qui présente une prestation convaincante du légendaire King Diamond, se retrouvent parasité par des titres un peu trop passe-partout, comme "Lola Montez" et "The sinner is you".
Là où le précédent album était très direct et générait une énergie proche d'un AC/DC, "Outlaw Gentlement & Shady Ladies" est parfois un peu alambiqué et fait surtout penser dans sa construction à "Johnny the Fox" de Thin Lizzy. Au jeu des références, "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies" contient également deux titres dont l'emprunt à Black Sabbath est plus qu'évident avec "Dead But Rising" et surtout "Room 24".
Fidèle au thème choisi, Volbeat tire finalement le mieux son épingle du jeu avec "Our Loved Ones" introduit par un harmonica qui n'aurait pas dépareillé "d'Il était une fois dans l'Ouest", et "Doc Holliday" où Volbeat fait un usage magistral du banjo. Un autre vent de fraicheur sur l'album est la chanson "Lonesome Rider", avec comme invité la chanteuse Sarah Blackwood. Le duo s'en donne à cœur joie dans un mélange de country et rockabilly ! Sans oublier le refrain vraiment accrocheur !
Au final, avis mitigé pour "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies". Si certains morceaux sont assez décevants, les autres chansons sont d'un calibre supérieur. Les Danois nous font passer un bon moment, mais avec un léger arrière-goût. Alors que la formation est, qu'on se le tienne pour dit, un grand groupe, capable de faire passer de grands moments.
On peut gager que "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies" a tout pour séduire les États-Unis à qui il s'adresse en priorité. C'est certainement le prix à payer pour grandir encore, avec un album qui risque bien de devenir une référence dans les années qui viennent, à défaut de convaincre totalement sur l'instant !!!

mercredi 24 avril 2013

Livre - Angle mort d'Ingrid Astier

Angle Mort
                d'Ingrid Astier

Note : 4 / 5

Synopsis :
"La nature a horreur du vide. Dans le banditisme peut-être plus qu'ailleurs". Diego est braqueur, né à Barcelone. Il vit à Aubervilliers, dans une hacienda délabrée, avec son frère Archibaldo et des souvenirs. Leur sœur, Adriana, a fait d'autres choix. Artiste au cirque Moreno, elle rêve d'accrocher son trapèze à la tour Eiffel.
Paris, bassin de la Villette. Lors d'un braquage, le gérant d'un bar s'effondre, terrassé par un coup de batte de base-ball. La brigade criminelle du 36 et le 2e DPJ sont co-saisis. Les commandants Desprez et Duchesne, aidés de la Fluviale, tirent le fil qui les fera remonter à Diego.
La traque est lancée, du quai des Orfèvres au canal Saint-Denis, des marges du Grand Paris aux cerveaux des indics, du port de l'Arsenal aux replis secrets d'Aubervilliers. Entre flingages et virées nocturnes, Diego garde toujours un temps d'avance. Comment piéger celui que rien n'arrête ?
Au fil de l'enquête, les histoires se tissent. Celle d'un homme dont le salut passe par les armes. Celle d'une jeune femme en lutte contre son hérédité. Diego prêt à tout pour protéger sa sœur. Adriana prête à tout pour protéger son frère. Quand les sentiments viennent bouleverser les liens de sang.

Critique :
Chez Ingrid Astier, le caractère obsessionnel du geste de l'écrivain évoque le travail d'un peintre. Qu'elle décrive un commissariat de banlieue ou la piste aux étoiles d'un cirque, aucun détail ne manque au tableau. Quand elle trace les mots Paris, Saint-Denis ou Aubervilliers sur le papier, elle veut que la littérature cesse d'être cosa mentale et que le lecteur sente, entende et voie.
"Angle Mort" est un roman noir superbe, dont on souhaite qu’il ne séduise pas seulement pour ses qualités techniques. Certes, on ne peut que rester agréablement pétrifié devant la qualité de sa documentation : armes, méthodes de casse, procédure policière, on jurerait qu’Ingrid Astier a passé une partie de sa vie dans le milieu très fermé des braqueurs de banlieue avant de se reconvertir chez ceux qui les traquent.
Cependant, si ce professionnalisme concourt au parfum d’authenticité du récit, les véritables mérites du roman sont ailleurs. Avec maestria, sans embellissement épique ni dénigrement racoleur, Astier a choisi de présenter trois semaines d’affrontement à Aubervilliers entre un jeune hors-la-loi rageur et suicidaire et des policiers coriaces.
Il y a des livres dont les premiers mots nous sautent aux yeux comme des fléchettes sur une cible. C’est le cas "d’Angle mort" : "Les armes, c’est comme les femmes, on les aime quand on les touche". Voilà un style qui fait mouche même si l’on dit que les revolvers et les fusils sont des symboles phalliques. Ici l’auteur est une femme et elle voit midi à sa porte. Dans ce polar nous ne sommes ni à Chicago ni à Tokyo et encore moins à Singapour. L’intrigue se déroule à Aubervilliers donc.
Magistralement mise en scène, la cité a vu, avec la disparition de ses usines et d’une classe ouvrière organisée, les solidarités se dissoudre dans les égoïsmes individuels et la volonté de s’en tirer contre plutôt qu’avec. Loin des clichés et du mépris courant pour l’humanité ondoyante et diverse qui s’y mélange, de la peinture au vitriol d’une ville forcément sinistre et sinistrée, l’auteur témoigne une véritable compréhension à ses habitants, jusqu’aux moins recommandables. La ville est d’ailleurs une des héroïnes du récit. Comme la Seine, lorsqu’à bord d’une embarcation de la brigade fluviale, on découvre un monde insoupçonné avec la même frayeur émerveillée que les lecteurs du XIXe siècle l’océan à travers les hublots du Nautilus.
Dans cet univers reconstitué avec un soin maniaque, ses personnages évoluent avec un naturel confondant, restituant les grandeurs et misères de l'humanité contemporaine de part et d'autre du périphérique nord parisien dans les premières années du XXIe siècle. Il y a Diego, le braqueur catalan, qui travaille avec son petit frère Archibaldo et veille sur la fragile Adriana, sa sœur trapéziste au cirque Moreno. Mais aussi les commandants Desprez et Duchesne, de la brigade criminelle, que l'on retrouve trois ans après "Quai des enfers", premier roman d'Ingrid Astier. Comme dans ce premier roman noir, ces policiers à la faconde audiardesque peuvent compter sur le soutien de leurs collègues de la brigade fluviale, et notamment sur celui de Remi Jullian, un plongeur habitué à éclairer les mystères de Paris en inspectant ce qui se passe sous le fil de l'eau.
Astier sait créer de véritables personnages, fouillés, fascinants, attachants. Elle est très douée pour maintenir l’attention des lecteurs, une politesse qui n’est pas donnée à tout le monde. Elle campe bien ses personnages qu’elle fait évoluer dans une trame à rebondissements.
Le rythme et la construction du livre, alternant (simple, mais si efficace) regards des tenants de la loi, et ceux des voyous, sont minutés par un en-tête de chaque chapitre ("lundi 27 juin 2011 – 10h50 – Paris XIXè – croisement du quai de Seine et de la rue Riquet – bar-PMU le Bellerive"). Tout, mené à train d’enfer, vous faisant avaler les 500 pages, sans presque reprendre le souffle (une poursuite dans le canal Saint-Martin est digne d’un très grand film américain).
Toutefois, les amateurs de sensations fortes mais invraisemblables seront certainement déçus, "Angle Mort" prend autant le temps que son prédécesseur pour planter un décor et une atmosphère qui sont, il faut le rappeler, très différents. Les très nombreux détails ne nous sont pas livrés pour alourdir le texte, mais pour coller à une réalité, y être fidèle et accréditer le roman par son aspect documentaire.
Cette densité n'empêche en rien les accélérations soudaines d'une action qui privilégie la vraisemblance aux frissons faciles. L'ambiance qui rappelait Simenon ou Vargas qui a attiré beaucoup de détracteurs pour "Quai des Enfers" laisse place à une brutalité banlieusarde dont l'auteure a su gommer la plupart des clichés au bénéfice de réalités ignorées par d'autres polars dit "sociaux".
Au final, "Angle Mort" est un produit littéraire des plus réussis. Ingrid Astier a trente-sept ans, elle est française. Son roman, magistral, évoque pourtant les chefs-d’œuvre du cinéma américain noir des années quarante. "Angle mort" frappe par la netteté de son style, la précision souveraine de son déroulement, la puissance de ses sombres images et la hauteur de son ambition !!!

lundi 22 avril 2013

BND - Cf. Légendes à la galerie My Monkey de Nancy

Galerie My Monkey - Cf. Légendes : L'école des Beaux-Arts de Nancy et leur vision de la notion de légende !!!

15, rue du Faubourg des Trois Maisons
57000 Nancy
www.mymonkey.fr

Note : 3.75 / 5

La galerie d'art My Monkey accueille, du 11 avril au 31 mai, le travail d'étudiants de l'école des Beaux-Art de Nancy, sous le tutorat du designer graphique Pierre Vanni. Designer graphique indépendant issu d’une formation universitaire en Arts Appliqués, Pierre Vanni développe une activité professionnelle depuis 2007. Formé aux nouvelles technologies, il cherche à travers ses expérimentations graphiques et ses projets professionnels à réinvestir autrement les technologies de l’image. Depuis 2012, il enseigne à l’École des Beaux-Arts de Nancy. La liste de ses projets et expositions sont disponibles sur son site Internet (www.pierrevanni.tumblr.com).
L’exposition "Cf. Légendes" restitue leur réflexion autour de la notion de "légende" accompagnant une image quant à dix lieux nancéiens plus ou moins emblématiques.
Dix lieux de Nancy, dix morceaux d’architecture ou d’espaces de vie, connus ou inconnus, ont été sélectionnés par les étudiants de 3e année du Nouveau Département de l’École des Beaux-Arts de Nancy. Dix lieux choisis pour leur étonnante singularité ou rassurante familiarité. Dix lieux que les étudiants se proposent de vous (re)raconter, navigant entre le vrai et le faux, le légendé et le légendaire, mais toujours avec l’envie de vous faire partager leur vision personnelle des lieux. 
Sous le tutorat de Pierre Vanni donc, ils se sont confrontés à cette notion dans leur environnement immédiat. Ils ont collecté des "petites étrangetés" du quotidien et légendé leurs découvertes, histoire de décaler le regard, histoire de nous raconter autre chose. Pour un regard frais et terriblement artistique, à voir sans hésitation !!!

samedi 20 avril 2013

Série - The Following de Kevin Williamson avec Kevin Bacon

Kevin Williamson - The Following : Un thriller à couteaux tirés au goût très 90's !!!

Note : 4.25 / 5

Synopsis :
Le FBI estime qu'il y aurait 300 serials killers aux États-Unis. Et s'il existait un moyen de communiquer entre eux ? De se suivre, et de s'organiser ?
Quand le serial killer Joe Caroll (James Purefoy, Rome) fait de nouveau parler de lui, le FBI fait appel à l'ancien agent Ryan Hardy, qui l'avait capturé 9 ans auparavant, pour le pister de nouveau. Mais Hardy n'est plus que l'ombre de lui-même, et l'équipe de jeunes affutés du FBI sera un atout pour lui. Heureusement pour lui, il connait Caroll par cœur. Une enquête qui passera par les anciennes victimes de Caroll et par son ex-femme.

Critique :
Ouverture sur "Sweet Dream" de Manson, une prison, des gardes baignant dans leur sang et un prisonnier qui se fait la malle, l'ambiance est posée. En s'ouvrant ainsi sur les accords de la reprise de Marilyn Manson, le pilote de "The Following" a le mérite d'annoncer la couleur. Ce thriller produit par la fox est resté bloqué quelque part au milieu des années 90.
Les indices sont confondants : aux manettes, Kevin Williamson, l'auteur de "Scream" et de "Dawson", deux monuments de la fin du siècle dernier. Dans le rôle principal, Kevin Bacon, star emblématique pré-troisième millénaire ; à l'image une esthétique proche de "Seven" ; sans oublier une BO rythmée par la crème du rock post-Nirvana.
Le pitch est dans la même lignée. Il lorgne du côté du "Silence des agneaux" avec ce tueur en série charismatique fan d'Edgar Allan Poe (James Purevoy), qui tire les ficelles alors qu'il est sous les verrous. Agissant sous son emprise, ses "followers" (partisans) exécutent un plan diabolique dont le but est, entre autres choses, de torturer Ryan Hardy (Kevin Bacon) l'ex agent du FBI qui a envoyé leur gourou en prison.
Nouvelle série de la Fox, "The Following" se propose de nous entrainer dans la chasse d’un serial killer, mais surtout, de ses adeptes. Le concept n’est pas tout de suite explicité, il faut attendre la conclusion du pilote pour que toutes les règles soient posées. Néanmoins, on nous dirige doucement vers l’idée que cette traque "feuilletonnante" ne manquera pas de twists.
Le point de départ est cependant des plus classiques. Un tueur en série prend la fuite, l’ex-agent du FBI qui l’a précédemment arrêté est de retour pour l’appréhender de nouveau. Les deux hommes ont un passé commun et des secrets, certains d’entre eux sont d’ailleurs révélés sans trop attendre. Le tout est parfaitement huilé, un peu trop d'ailleurs à première vue.
Cependant ne vous y laissez pas prendre. Malgré un certain classicisme, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu un début de série aussi excitant. Diablement efficace. Sec, redoutable, tendu. Kevin Bacon n'y est pas pour rien, mais il n'est pas seul.
D'abord les références sont là : l'auteur-tueur Edgar Allan Poe est la toile de fond de l'intrigue, et l'inspiration numéro un du serial killer joué par James Purefoy, froid comme de la glace dans ce rôle. Ensuite parce que la série utilise tous les codes habituels de ce genre, celui des meurtriers, pour mieux en jouer, et nous emmener sur un terrain qu'on croit connaître et qui nous surprend. Le show s'inscrit ainsi dans la lignée de tous les Capers, ces films dont vous ne voyez pas venir la fin.
Car "The Following" a un atout majeur qui pourra donner à cette histoire son intérêt, c’est une série. Là où tant de films ont déjà retourné la question dans tous les sens, le format (avec ses 15 épisodes) devrait permettre à l’intrigue d’évoluer dans des directions inédites. L’ensemble n’est pas dénué de surprises, le but étant clairement de mettre en place le concept du show avant toute chose.
Doté d’un casting solide, Kevin Bacon ("X-Men : Le Commencement"), James Purefoy ("Episodes", "Rome"), Natalie Zea ("Justified"), Nico Tortorella ("Scream 4"), "The Following" est l’une des séries les plus attendues de l’année. Kevin Bacon mène bien sûr la danse, dans le rôle d'un flic dévasté, et pourtant instinctif. Mais il n'en fait pas trop, il est juste, pour ne pas écraser le reste du cast.
James Purefoy est un parfait Nemesis, et leurs confrontations promettent des séances de tension extrême. Car la bonne idée de fin de premier épisode c'est de faire de ses deux ennemis jurés des alliés contraints et forcés pour le bien des intrigues à venir. Notons aussi la présence remarquée de Maggie Grace ("Taken", "Lost") dans ce pilote, ainsi que quelques éléments déjà vus dans "Dexter" ou "Californication" (Natalie Zea, Shawn Ashmore).
Entre policier et horreur, il faut avoir le cœur bien accroché pour regarder cette série. D'abord parce que la violence des meurtres est retranscrite de manière implacable, corps ensanglantés jonchés sur le sol, litres de sang coulant abondamment... Mais aussi parce que les Fear-Effects sont à leur maximum : corps qui tombent, absences soudaines d'un personnage-clé, vous aurez forcément peur au moins une fois pendant le pilote, et tendu, les dents grinçantes, pendant une longue partie de l'épisode.
"The Following" réussit son pari en utilisant parfaitement les codes du thriller tout en n’omettant pas l’installation d’une trame que l’on suivra tout au long de cette saison. L’un des points forts de la série reste son ambiance et la volonté de Williamson d’aller au bout des choses. Dans ce sens il parvient à nous surprendre et nous donner l’envie de continuer cette prometteuse série.
Au final, une écriture au couteau, une réalisation nerveuse, des acteurs tendus, "The Following" est d'une grande qualité pour un network, quasiment à celui des séries du câble. Une très belle promesse, qu'il ne faudra pas gâcher avec des intrigues répétitives, du style formula-show. Mais je ne suis pas trop inquiet, la profondeur des personnages laisse présager de nombreuses possibilités scénaristiques !!!