lundi 28 janvier 2013

Livre - Le livre de Johannes de Jorgen Brekke

Le Livre de Johannes
                                      de Jorgen Brekke

Note : 3.75 / 5

Synopsis :
En août 2010, le cadavre décapité et écorché d’Efrahim Bond est retrouvé au musée Edgar Allan Poe de Richmond, Virginie. L’assassin a, par ailleurs, emporté sa peau. L’enquêtrice Felicia Stone s’aperçoit rapidement que peu avant sa mort, la victime avait envoyé un morceau de la reliure en cuir d’un livre pour analyse. Quand elle prend connaissance des résultats de celle-ci, elle ne doute plus que le meurtre soit lié à ce mystérieux ouvrage relié en peau humaine.
L’auteur nous transporte alors cinq siècles en arrière, sur les traces de ce mystérieux manuscrit intitulé "Livre de Johannes" qui décrit les observations du premier médecin de l’histoire pratiquant des autopsies. Selon la rumeur, le chirurgien ne se contentait pas de subtiliser des corps dans les cimetières mais fabriquait lui-même les cadavres indispensables à ses travaux !
Quelle fascination cette histoire séculaire exerce-t-elle sur l’assassin et pourquoi écorche-t-il chacune de ses proies, car Efrahim Bond n’est que la première victime d’une longue série ?

Critique :
"Le Livre de Johannes" est un roman sur les romans, sur des amoureux des livres qui se retrouvent embarqués dans une folle histoire. Jorgen Brekke nous livre un excellent thriller. Il nous entraîne dans les enquêtes de deux meurtres, un commis à Richmond en Virginie et l’autre à Trondheim en Norvège, dont le point commun est le Livre de Johannes qui a été relié en peau humaine.
Nous sommes donc entrainés dans deux examens judiciaires qui vont se recouper. Le premier sera conduit par l’enquêteur américain Felicia Stone. Le second par son pendant norvégien, le détective Singsaker. Les enquêtes sont bien ficelées et nous tiennent en haleine jusqu’à la fin.
Brekke nous tient en haleine jusqu’au bout grâce à de nombreuses fausses pistes. De nombreux personnages sont suspects par leur attitude ou leur passé : le chef de la sécurité de la bibliothèque de Trondheim qui ne se souvient plus des derniers instants passés avec une des victimes et qui a déjà été suspecté de meurtres, la nouvelle bibliothécaire un peu trop entreprenante et curieuse qui a une prédilection pour tout ce qui touche au polar, la reproductrice de livre ancien  bien pressée devant les policiers, un universitaire américain qui semble en savoir plus sur le livre de Johannes que ce qu’il dit, etc.
Bien que le meurtrier commette des crimes affreux (il dépèce ses victimes après leur mort), vous n’y verrez pas de portrait trop macabre ou dégoûtant. La plume subtile de l'auteur décrit à merveille les choses sans entrer dans des détails non nécessaires. On visualise bien assez facilement les scènes, aucun besoin de rajouter des particularités sordides. Superbement écris.
Les personnages, quant à eux, sont très variés et très nombreux. Cet aspect est à la fois la force et la faiblesse du "Livre de Johannes". Déjà, nous suivons deux enquêtes parallèles et ses acteurs, mais nous sommes aussi confrontés à quelques retours dans un lointain passé. Il y a donc un enchevêtrement de récits qui peut mêler les idées à certains moments. Toutefois, outre cet aspect un légèrement négatif, les protagonistes ont un vécu bien défini, des réactions qui leur sont propres et un tempérament réaliste. 
Ainsi le livre n’est pas seulement une simple enquête. Il y a toute une partie historique, qui se passe au début du XVIe siècle, en Norvège puis dans l’Europe. On y suit un moine mendiant, qui va raconter une histoire particulière, dans laquelle il va côtoyer un barbier chirurgien et un médecin anatomiste.
Cette histoire fait froid dans le dos ! Il s'agit d'abord d'une histoire où les corps sont découpés au scalpel pour découvrir les origines de l’homme et le fonctionnement de son corps. Pour être repris par la suite, quelques siècles plus tard, afin d'assouvir le questionnement d'un psychopathe. D’où venons-nous ? Comment sommes-nous à l’intérieur ?
De fait, Brekke nous ballade dans ce thriller entre les différents suspects et protagonistes mais aussi entre les différentes époque (2010 et le seizième siècle) nous menant sur les traces du Livre de Johannes, manuscrit comportant les observations du premier légiste qui n’aurait pas seulement prélevés les corps à disséquer dans les cimetières mais qui serait à l’origine de la perte de vie des personnes qui se retrouvaient sur sa table. 
Au final, ce premier roman de Jorgen Brekke est une réussite. On se laisse rapidement emporter par cette histoire et par ces personnages. Au début le changement de lieux et d’époque ainsi que le nombre important de protagoniste sont un peu perturbant, mais le récit est assez prenant et soutenu pour happer le lecteur. 
Une des bonnes idées de ce thriller a été d’utiliser Edgar Allan Poe en tant que fil rouge : nom du musée, auteur préféré ou détesté de certains personnages… Quoi de mieux que de faire apparaître le maître des récits macabres dans un thriller tout aussi macabre. Enfin, quelle bonne initiative d’avoir nommé ce livre relié en peau humaine "Johannes", prénom de Gutenberg, inventeur de l’imprimerie et de la typographie.
Pour un suspense qui nous tient en haleine, avec des personnages bien définis et un meurtrier sadique, je conseille ce roman aux amateurs du genre !!!

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