de Jorgen Brekke
Note : 3.75 / 5
Synopsis :
En août 2010, le cadavre décapité et écorché d’Efrahim Bond est retrouvé
au musée Edgar Allan Poe de Richmond, Virginie. L’assassin a, par
ailleurs, emporté sa peau. L’enquêtrice Felicia Stone s’aperçoit
rapidement que peu avant sa mort, la victime avait envoyé un morceau de
la reliure en cuir d’un livre pour analyse. Quand elle prend
connaissance des résultats de celle-ci, elle ne doute plus que le
meurtre soit lié à ce mystérieux ouvrage relié en peau humaine.
L’auteur nous transporte alors cinq siècles en arrière, sur les traces
de ce mystérieux manuscrit intitulé "Livre de Johannes" qui décrit les
observations du premier médecin de l’histoire pratiquant des autopsies.
Selon la rumeur, le chirurgien ne se contentait pas de subtiliser des
corps dans les cimetières mais fabriquait lui-même les cadavres
indispensables à ses travaux !
Quelle fascination cette histoire séculaire exerce-t-elle sur
l’assassin et pourquoi écorche-t-il chacune de ses proies, car Efrahim
Bond n’est que la première victime d’une longue série ?
Critique :
"Le Livre de Johannes" est un roman sur les romans, sur des amoureux des livres qui se retrouvent embarqués dans une folle histoire. Jorgen Brekke nous livre un excellent thriller. Il nous entraîne
dans les enquêtes de deux meurtres, un commis à Richmond en Virginie et
l’autre à Trondheim en Norvège, dont le point commun est le Livre de Johannes qui a été relié en peau humaine.
Nous sommes donc entrainés dans deux examens judiciaires qui vont se recouper. Le premier
sera conduit par l’enquêteur américain Felicia Stone. Le second par son pendant
norvégien, le détective Singsaker. Les enquêtes sont bien ficelées et nous tiennent en haleine jusqu’à la fin.
Brekke nous tient en haleine jusqu’au bout grâce à de nombreuses fausses
pistes. De nombreux personnages sont suspects par leur attitude ou leur
passé : le chef de la sécurité de la bibliothèque de Trondheim qui ne se
souvient plus des derniers instants passés avec une des victimes et qui a
déjà été suspecté de meurtres, la nouvelle bibliothécaire un peu trop
entreprenante et curieuse qui a une prédilection pour tout ce qui touche
au polar, la reproductrice de livre ancien bien pressée devant les
policiers, un universitaire américain qui semble en savoir plus sur le
livre de Johannes que ce qu’il dit, etc.
Bien que le meurtrier commette des crimes affreux (il dépèce ses
victimes après leur mort), vous n’y verrez pas de portrait trop macabre
ou dégoûtant. La plume subtile de l'auteur décrit à merveille les choses sans entrer dans des détails non nécessaires. On visualise bien assez facilement les scènes, aucun besoin de rajouter des particularités sordides. Superbement écris.
Les personnages, quant à eux, sont très variés et très nombreux. Cet aspect est à la fois la force et la faiblesse du "Livre de Johannes". Déjà, nous suivons deux enquêtes parallèles et ses acteurs, mais nous
sommes aussi confrontés à quelques retours dans un lointain passé. Il y a
donc un enchevêtrement de récits qui peut mêler les idées à certains moments. Toutefois, outre cet
aspect un légèrement négatif, les protagonistes ont un vécu bien défini, des réactions qui
leur sont propres et un tempérament réaliste.
Ainsi le livre n’est pas seulement une simple enquête. Il y a
toute une partie historique, qui se passe au début du XVIe siècle, en
Norvège puis dans l’Europe. On y suit un moine mendiant, qui va raconter une histoire particulière, dans laquelle il va côtoyer un barbier chirurgien et un
médecin anatomiste.
Cette histoire fait froid dans le dos ! Il s'agit d'abord d'une histoire où les
corps sont découpés au scalpel pour découvrir les origines
de l’homme et le fonctionnement de son corps. Pour être repris par la suite, quelques siècles plus
tard, afin d'assouvir le questionnement d'un psychopathe. D’où venons-nous ? Comment sommes-nous à l’intérieur ?
De fait, Brekke nous ballade dans ce thriller entre les différents suspects et
protagonistes mais aussi entre les différentes époque (2010 et le
seizième siècle) nous menant sur les traces du Livre de Johannes,
manuscrit comportant les observations du premier légiste qui n’aurait
pas seulement prélevés les corps à disséquer dans les cimetières mais
qui serait à l’origine de la perte de vie des personnes qui se
retrouvaient sur sa table.
Au final, ce premier roman de Jorgen Brekke est une réussite. On se laisse rapidement emporter par cette histoire et par ces personnages. Au début le
changement de lieux et d’époque ainsi que le nombre important de protagoniste sont un peu perturbant, mais le récit est assez prenant et soutenu pour happer le lecteur.
Une des bonnes idées de ce thriller a été d’utiliser Edgar Allan
Poe en tant que fil rouge : nom du musée, auteur préféré ou détesté de
certains personnages… Quoi de mieux que de faire apparaître le maître
des récits macabres dans un thriller tout aussi macabre. Enfin, quelle bonne initiative d’avoir nommé ce livre relié en peau
humaine "Johannes", prénom de Gutenberg, inventeur de l’imprimerie et
de la typographie.
Pour un suspense qui nous tient en haleine, avec des personnages bien
définis et un meurtrier sadique, je conseille ce roman aux amateurs du
genre !!!
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