mardi 22 janvier 2013

DVD - When we were kings de Leon Gast

Leon Gast - When we were kings : Deux boxeurs, deux visions de l'Amérique qui s'affrontent !!!

Note : 4.5 / 5

Synopsis :
En 1974 à Kinshasa, capitale du Zaïre, eut lieu une rencontre historique entre les deux poids lourds les plus réputés des Etats-Unis, Muhammad Ali, alias Cassius Clay, et George Foreman. A trente-deux ans, Ali passe pour un has-been tandis que Foreman, vingt-cinq ans, est auréolé de ses victoires sur Frazier et Norton.
Après avoir été déchu de ses droits pour insoumission (refus de participer à la guerre du Vietnam) pendant trois ans et demi, Ali avait décidé de reconquérir son titre en 1970. Le 30 octobre 1974, le stade de Kinshasa ouvre ses grilles à 4 heures du matin.

Critique :
Tous les amateurs de boxe ont en mémoire un combat mythique, peut-être le plus célèbre de l'histoire des poids lourds : celui qui opposa, en 1974 à Kinshasa, au Zaïre, Muhammad Ali, alias Cassius Clay, prodige vieillissant (nommé sportif du XXe siècle par une assemblée de journalistes internationaux, précédant Pelé), à George Foreman, jeune bulldozer réputé invincible. Pour les historiens, ce combat, accompagné d'un concert fleuve de James Brown, B.B. King et Miriam Makeba, marque une date essentielle dans l'histoire de la communauté afro-américaine : la prise de conscience de ses racines.
"When we were Kings" est un film documentaire sur L’Événement sportif de l'année 1974. Pour cela, Leon Gast a utilisé des images et de témoignages d'époques. L'événement est LE combat de boxe du siècle orchestré autour de la communauté noire américaine. 
Cette rencontre se déroule dans un pays renversé par un jeune général, un "certain" Mobutu dans un "superbe costume léopard". Boxeurs, artistes sont venus accompagnés par les médias. On commence donc par un match de conférences de presse, avec un Ali déchaîné, véritable comédien et un Foreman plus discret et moins charismatique. 
Pour Leon Gast, qui filma l'événement, c'est un invraisemblable marathon de vingt-deux ans, commencé dans la souffrance, terminé dans le bonheur, avec l'Oscar du meilleur documentaire l'année de sa sortie (1996). Maintenant, "When we were kings" est d'abord le portrait d'un grand personnage de cinéma. Un homme capable d'introduire dans sa vie, et dans ce documentaire, un rêve de fiction, en endossant tous les rôles : boxeur, bien sûr ­ il est même l'un des plus grands de tous les temps ­, Muhammad Ali est aussi histrion, poète, meneur d'hommes, leader charismatique... Mais, avant tout, scénariste inspiré : cette histoire, son histoire, il l'écrit et la maîtrise de bout en bout. Il est le deus ex machina de ce film.
C'est comme s'il en avait pris les commandes. Il se joue de la caméra comme s'il se tenait entre les cordes, avec un sens très sûr de l'esquive et du harcèlement, des allers-retours saisissants entre le calcul et l'improvisation, une puissance magnétique de démolisseur qui se régale du moindre espace et pose méthodiquement, comme à chaque round de sa carrière, le sens d'un combat au sens large. "J'ai une mission", souffle Ali à l'équipe qui le suit pas à pas dans sa retraite de Kinshasa où il est accueilli en prophète. "Au diable l'Amérique ! Après 4 000 ans d'esclavage, je rentre chez moi, je suis de retour en Afrique". "Je vais combattre pour mon peuple, lance-t-il aussi. Pour ceux qui dorment sur le pavé, pour les camés, pour les prostitués".
Dès l'instant où il pose le pied sur le sol africain, dans le Zaïre de Mobutu, l'ancien champion du monde, converti à l'islam, condamné à cinq ans de prison pour avoir refusé de servir au Vietnam, comprend qu'il tient le rôle de sa vie, sa grande histoire. "La démission de Nixon a surpris mais... attendez que j'écrase Foreman", lâche-t-il, survolté, presque possédé. Ces micros qui se tendent vers lui, ces caméras qui le suivent partout, Muhammad Ali les met à son service. Bête de scène avant d'être un fauve sur le ring, il lance ses répliques comme des directs et trouve des images cocasses. Autant de trouvailles sûrement travaillées, mais auxquelles il sait donner toute l'apparence du spontané.
Le combat de Kinshasa c'est toute la fureur retenue, la colère et en même temps la certitude d'un homme bafoué qui va gagner le combat de sa vie. D'une scène à l'autre, Ali prend l'ascendant sur l'invincible Foreman, ravalé au rang de vilain, falot, Noir coupé des Noirs et que l'Afrique prend en grippe sur l'air de "Ali Bomayé !" ("Ali détruis-le !"). "Qui est-il ?" demande Ali dans son autobiographie. "Il est l'Amérique blanche, la chrétienté, le drapeau". "When We Were Kings" nous mène ainsi au combat sans faux rythme en s'appuyant sur les souvenirs des témoins de l'époque.
Le génie d'Ali devient éclatant lorsqu'il comprend qu'il peut gagner en donnant à son combat l'allure d'une croisade. Objectivement plus faible que son adversaire, il le démolit psychologiquement bien avant de monter sur le ring, mettant à profit le report du match (pour une blessure à l'entraînement de Foreman) pour rallier le pays, mais aussi tous les Noirs d'Afrique et d'Amérique, à sa cause.
On n'est pas seulement fasciné. On est d'abord ému, parce qu'on devine Ali ravagé par la peur. Derrière le surhomme, il y a l'humanité de celui qui se met au niveau des autres. Du coup, il force chacun, son adversaire mais aussi les témoins de l'événement ­ que l'on retrouve aujourd'hui ­, à se situer par rapport à lui : Muhammad Ali devient le film à lui tout seul.
En d'autres termes, "When We Were Kings" est un documentaire monté avec du suspens, un final inattendu et un véritable scénario, où les personnages sont riches en couleur (pas uniquement les vedettes, puisque les entraîneurs, le manager de L'événement, etc. valent également le détour). Le film va bien plus loin qu'un simple match de boxe, il offre une vision des années 70 when we were kings. Aujourd'hui, personne ne porte une communauté comme a pu le faire Ali, quand les rois n'étaient pas les rois du business, bien moins glorieux !!!

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