Note : 4 / 5
Ben Howard, c'est un crack du tapping,
technique consistant à utiliser sa guitare en frappant les cordes. Signature du légendaire label Island (PJ Harvey, U2, DJ
Shadow, Bob Marley, etc.), ce jeune anglais, qui passe le reste de son
temps sur une planche de surf, a délivré, avec "Every Kingdom", son premier album.
Ben Howard c'est un jeune gars de 26 piges, anglais originaire de Devon
qui commence très tôt son éducation musicale au sein de sa famille (sa
mère a d'ailleurs produit ses premiers titres et sa sœur l'accompagne régulièrement sur scène). Arrêtant la fac pour se
plonger complétement dans sa passion, il gagne peu à peu ses galons dans
le milieu folk. Sa voix légèrement roque et ses
mélodies à la limite du pop procurent une petite sensation de bien-être.
Il insuffle tant de fraîcheur au genre et lui redonne un tel lustre que
l'on s'imaginerait presque qu'il s'agit d'un courant musical inédit, et
cela même si ses chansons recèlent une sagesse et une authenticité
élémentaires vieilles comme le monde. Son jeu de guitare, dynamique et délicat, fait des étincelles.
Sa fanbase, Ben
Howard l'a bien méritée, au gré de nombreux concerts donnés ici et là
(on ne compte pas le nombre de connexions sur Youtube le
concernant) et grâce à sa marque de fabrique : ce jeu de guitare
tout à fait personnel nourri au son de Donovan, Ben Harper, John Butler,
Nick Drake. Technique et poétique, soient deux adjectifs
qui résument bien la situation de ce jeune homme discret.
"Every Kingdom" a été enregistré dans un studio aménagé dans une grange dans le Devon.
La noirceur des textes a été une surprise pour Ben. Contrairement aux
mélodies qui lui sont venues facilement, il a beaucoup travaillé sur les
paroles. Ces dernières portant beaucoup sur les gens, les relations et lui-même.
D'une
voix claire, Howard déroule une dizaine de chansons comme on peut en
trouver sur les albums de Fink, quelque chose qui est à la fois très
aérien et très technique. Mais là où d'autres
s'égarent en ne privilégiant que ce côté technique, Ben Howard, lui, essaie d'éviter la démonstration au profit
d'ambiances mélancoliques.
En gros, il s'attache à faire vivre chacun de
ses morceaux, avec ici une chorale et des cordes ("The Wolves"), là des arpèges délicats ("Promise", "Old Pine") sans oublier de rythmer le tout ("The Fear", "Only Love"). D'autres fois, on trouvera des similitudes avec des Bon Iver et Damien Rice ("Everything").
Au final, avec un disque sombre et fascinant et une aisance pour raconter des
histoires sur scène, Ben Howard nous ramène à une époque révolue où tout
était plus simple, et tout cela avec un jeu de guitare novateur. Cet album, dans lequel hurle le loup, mugit le vent et se fracasse la
mer, salue l’avènement, en filiation directe de John Martyn, d’un
remarquable chanteur et compositeur !!!
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