Cinéma




Lee Daniels - Le Majordome : Un film intimisme, relevant heureusement bien plus du film indépendant que du mélo hollywoodien !!!

Note : 3.75 / 5

Synopsis : 
Le jeune Cecil Gaines, en quête d'un avenir meilleur, fuit, en 1926, le Sud des États-Unis, en proie à la tyrannie ségrégationniste. Tout en devenant un homme, il acquiert les compétences inestimables qui lui permettent d’atteindre une fonction très convoitée : majordome de la Maison-Blanche. C'est là que Cecil devient, durant sept présidences, un témoin privilégié de son temps et des tractations qui ont lieu au sein du Bureau Ovale.
À la maison, sa femme, Gloria, élève leurs deux fils, et la famille jouit d'une existence confortable grâce au poste de Cecil. Pourtant, son engagement suscite des tensions dans son couple : Gloria s'éloigne de lui et les disputes avec l'un de ses fils, particulièrement anticonformiste, sont incessantes.
À travers le regard de Cecil Gaines, le film retrace l'évolution de la vie politique américaine et des relations entre communautés. De l'assassinat du président Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des "Black Panthers", de la guerre du Vietnam au scandale du Watergate, Cecil vit ces événements de l'intérieur, mais aussi en père de famille.

Critique :
"Le majordome" est le genre de film difficilement contestable voire "critiquable". De ceux qui procèdent d'une motivation immaculée à la limite d'une certaine forme de sacerdoce cinématographique. Un genre à part entière que le cinéma américain a littéralement créé et dont il se plaît à l'enrichir de temps à autre avec des productions emblématiques.
"Le majordome" s'inscrit ainsi dans la droite lignée de films tels que "Miss Daisy et son chauffeur" ou plus récemment "La couleur des sentiments" qui tous expriment une forme de contrition de masse où la rédemption d'un passé pas folichon passe par une sorte de flagellation en public forcément expiatoire. À la différence toutefois ici que derrière la caméra on retrouve le réalisateur de "Precious" et "Paper boy", Lee Daniels, qui par la simple couleur de sa peau permet une perception différente revenant prosaïquement à enfin donner la possibilité à un black d'aborder frontalement l'Histoire afro américaine des États-Unis.
Déjà dans les salles aux États-Unis depuis quelques semaines, la plus grande réussite du film n’est pas de dominer le box-office, mais de nous imposer la mémoire afro-américaine à travers la trajectoire d’une famille. Il ressuscite l’histoire incroyable et pourtant vraie d’un homme noir, né en 1919 comme fils d’esclaves dans des champs de coton de l’Amérique et qui finit comme le majordome préféré de huit présidents à la Maison Blanche à Washington.
Inspiré parfois très librement par l’histoire véritable d’Eugene Allen, déterrée par le Washington Post lors de l’élection de Barack Obama en 2008, le majordome, dans le film de Lee Daniels s’appelle Cecil Gaines. Interprété avec brio et retenue par Forest Whitaker (Denzel Washington avait décliné le rôle), Eugene Allen a écrit à sa façon l’histoire de son pays.
"Le majordome" c'est l'histoire des droits civiques des noirs américains à travers les destins mêlés d’un domestique à la maison blanche ultra digne dans sa servilité (Forest Whitaker) et de son fils activiste, lieutenant de Martin Luther King puis des Black Panthers.
Moins vindicatif que son homologue Spike Lee mais tout aussi concerné par le sujet, le cinéaste condense en deux heures et cinq minutes un demi-siècle d'histoire américaine : les premières émeutes anti-raciales, les assassinats de John Kennedy et Martin Luther King, Sidney Poitier, premier acteur noir à recevoir l'oscar (1964), le Ku Klux Klan, les Black Panthers, la guerre du Vietnam… Pour appuyer son cours d'éducation civique, il fait défiler dans le Bureau ovale Eisenhower, Ke
nnedy, Johnson, Nixon, Reagan, les dévoilant sous un autre jour.
J'avoue avoir été très curieux de voir comment Daniels allait traiter la chose, lui qui s'est très vite démarqué de la jeune génération indé actuelle en forçant énormément le trait cinéma via une mise en scène et une photo outrancières (mouvements de caméra sur signifiants, saturation écrasante de la palette colorimétrique...) certes pas désagréable mais tout de même un peu vaine car atténuant la plupart des émotions.
Et paradoxalement si ce que l'on voit à l'écran est l'exact reflet de ce que l'on est en droit d'attendre d'un tel produit dit classique, on est tout de même un peu déçu de le constater tant on espérait cette confrontation avec l'univers si marqué du réalisateur. En résulte donc un film classieux où affleure pour le coup l'émotion sans pour autant verser dans le lacrymal.
Pour cela Lee Daniels n'opte pas pour le biopic s'inscrivant au sein d'une époque de tous les changements mais pour la version romancée d'une histoire vraie et édifiante d'un majordome d'origine afro américaine qui entre 1952 et 1986 aura travaillé à la Maison Blanche sous sept administrations et autant de présidents. Il en profite alors pour raconter une époque. Celle de toutes les radicalités et défiances entre noirs et blancs par le prisme d'un homme et de sa famille qui en accompagne toutes les évolutions.
Les partisans de Lee Daniels saluent son goût pour la subversion et l’énergie de son cinéma. Ses détracteurs n’y voient que provocation immature et racolage. Son dernier film surprendra donc les deux camps. Exempt de scènes scabreuses, "Le Majordome" retrace, avec une incontestable élégance formelle et une véritable vision d’auteur, le parcours de Cecil Gaines.
Forest Whitaker campe impeccablement ce maître d’hôtel discret qui n’est dupe de rien. Whitaker, impeccable samouraï en livrée, démontre l'acteur exceptionnel qu'il est et porte le film à lui tout seul. Il lui donne cette touche d'humanité et sa puissance morale, celle d'un enfant pauvre du Sud devenu le serviteur zélé des plus grands.
Tout à son grand sujet, le film menacerait cependant de virer à l’académisme n’était cette tension entre le progressisme silencieux de Gaines et l’engagement de son fils dans la lutte contre la ségrégation raciale. Au centre de cet échiquier politique et familial, la femme du majordome, interprétée par une Oprah Winfrey bluffante, tente de profiter des plaisirs que lui procure le progrès (disques de soul, alcool), offrant la touche hédoniste qui fait du "Majordome" un film parfaitement équilibré.
Ainsi, si le thème principal pouvait légitimement inquiéter par son classicisme, et même son académisme, Daniels est parvenu à garder un aspect purement indépendant au film. Si le réalisateur est contraint de passer par tous les événements fondamentaux de l’histoire américaine contemporaine, il se débrouille pour les évoquer en creux, par le biais des personnages principaux et non pas frontalement. Il évite ainsi les écueils de l’illustratif et de la compilation qui menacent chaque projet de cette ampleur. En concentrant son intrigue sur la famille du majordome, et notamment sur les positions politiques différentes entre le père (respectueux des institutions et plutôt réformiste) et le fils (plus ouvertement révolutionnaire), le cinéaste parvient à synthétiser le dilemme qui s’est emparé de la population noire quant à la ségrégation qui perdurait dans les années 50-60.
Au final, lorsque le film choisit la carte de l’intime et de l’anecdote, il touche plutôt juste. Notamment les scènes d’incommunicabilité familiale dans le pavillon du majordome, ou le petit vaudeville quotidien qui se trame dans les coulisses de la Maison Blanche, ébranlées hors champ, par la fureur et les revendications du monde extérieur.
En mêlant ainsi l'intime et la grande Histoire, Lee Daniels trace un sillon connu voire rabâché mais qui reste toujours aussi efficace. Point de catharsis donc ici mais pas de surprise non plus. Juste le constat d'un travail bien fait respectant scrupuleusement tous les diktats du genre. Forest Whitaker est promis une nouvelle fois à l'Oscar et Lee Daniels montre une nouvelle fois sa faculté d'adaptation en fonction des sujets qu'il traite. Preuve s'il en était besoin encore qu'il fait déjà parti des cinéastes avec qui il va falloir définitivement compter à l'avenir !!!

Joshua Michael Stern - Jobs : Un film superficiel, trop lisse et premier degré, qui se révèle au final assez insipide !!!

Note : 2.5 / 5


Synopsis :
Dans les années 70, un jeune étudiant du nom de Steve Jobs rêve de changer le monde. C’est avec son ami Steve Wozniak qu’il va se lancer dans l’informatique en travaillant pour Atari, mais va très vite se rendre compte qu’il veut être son propre patron. Les deux compères travaillent donc sur leur premier ordinateur, l’Apple, qui va rapidement leur permettre de recevoir un financement conséquent et de lancer leur propre entreprise.

Critique :
Que l'on aime l'homme ou pas, personne ne pourra nier que Steve Jobs, co-créateur d’Apple Inc., l'un des entrepreneurs les plus créatifs et respectés du XXIe siècle, était un visionnaire et un génie. Un génie qui aura impressionné et inspiré de nombreuses personnes. C'est donc avec une réelle et sincère envie que j'attendais ce biopic sur la vie de Jobs.
Et qu'elle ne fut ma déception à la fin de la séance ! En résumant l'affaire de manière caricaturale, on pourrait dire ceci : autant "The Social Network" de David Fincher était réussi, autant "Jobs" est raté.
Réalisé par Joshua Michael Stern, "Jobs" est un film purement narratif, racontant au premier degré ce que fut une partie de la vie du créateur d'Apple, de 1974 (il était alors en voie de déscolarisation dans un collège californien) à 2001 (année du triomphe de l'iMac). On ne saura donc rien de la fin de la vie de Jobs, de son cancer et de sa mort, à 56 ans, au faîte de sa gloire, le 5 octobre 2011 à Palo Alto (Californie).
C’est une vingtaine d’années de la vie de Steve Jobs, de la création d’Apple dans un garage californien à son retour triomphant, en 1996, à la tête de l’entreprise qu’il avait créée avant d’en être écarté que raconte ce premier biopic sur cet homme au destin fascinant. Malheureusement, ce récit réalisé de façon linéaire glorifie un peu trop l’inventeur visionnaire de l’iPod, évinçant les aspects controversés du personnage. Même s’il consacre quelques scènes à son caractère difficile, comme celle de la rupture brutale avec sa petite amie enceinte et son refus initial de reconnaître l’enfant, le film n’approfondit jamais les choses, abordant le tout de manière bien trop superficielle.
Ainsi après Mark Zuckerberg avec "The Social Network", c'est au tour de Steve Jobs d'avoir droit à son biopic. Et on peut dire que Fincher a tué le job ! Car la comparaison se révèle fatale pour Joshua Michael Stern. Il manque à ce dernier un point de vue puissant de réalisateur. Et les partis pris de son scénariste apparaissent étranges : pourquoi ainsi ne traiter la passionnante rivalité avec Bill Gates qu'en une seule scène au téléphone? De plus, pour l'incarner, le choix d'Ashton Kutcher n'est pas des plus heureux. Il a certes beaucoup travaillé. Mais, à l'écran, on ne voit justement que ça.
Si le côté baba cool, cheveux mal coiffés et barbe hirsute lui vont particulièrement bien d’un point de vue physique (ressemblant à s'y méprendre au Jobs de cette période), l’acteur a mis un point d’honneur à reproduire à l’identique la démarche nonchalante et mal assurée de Jobs, comme son petit sourire en coin. Toutefois, il ne se contente que de singer la gestuelle et la démarche de son modèle. On a peine à croire au Jobs qui présente en 2001 l’iPod.
Il manque cruellement de crédibilité quand il tente de jouer au méchant garçon qui ne veut pas octroyer d’actions à un des premiers employés d’Apple, Bill Kottke. Les moments d’émotion sont littéralement gâchés par le jeu limité de l’acteur, qui se cantonne généralement aux comédies romantiques et qui, à mon humble avis, devrait rester dans ce rôle.
Ceux qui ont lu la biographie officielle de Steve Jobs le savent : l’inventeur était quelqu’un d’extrêmement lunatique, colérique et émotif, doublé d’un égoïste mégalomane. Si ces traits de sa personnalité sont bien sûr évoqués dans le film, ils sont en revanche largement passés sous silence dans de nombreux moments clés de l’histoire. Steve Jobs était un patron craint de ses employés, le genre de patron capable de virer un subalterne sur un coup de tête dans l'ascenseur. Malgré les efforts du scénario pour reproduire ce côté imprévisible, le Jobs de ce film est en revanche plus édulcoré, et son histoire s’en trouve de fait largement romancée.
Mais c’est surtout la traversée du désert de Steve Jobs qui déçoit, évoquée en deux coups de cuillères à pot. Deux photos du fondateur de NeXT, sans aucune mention de l’immense réussite de Pixar, emballé c’est pesé. Pourtant, ces deux événements ont largement contribué à façonner le "nouveau" Steve Jobs, plus mûr, plus apte à prendre les rênes de l’entreprise qu’il a fondée et qu’il s’apprête à sauver. Le film prend également le parti-pris intéressant mais sans doute un peu trop appuyé que Steve Jobs aurait considéré Jonathan Ive comme une sorte d’égal. Certes, le designer en chef a toute sa part dans le succès renouvelé de l’Apple moderne, mais c’est sans doute souligner le trait trop fort.
L'acteur Giles Matthey qui interprète Jonathan Ive dans "Jobs".
C’est d’autant plus dommage que le film souffre d’un certain nombre de longueurs qui tendent à gâcher le plaisir, malgré une histoire qui aurait pu être captivante si mieux racontée.
En outre, la scène d’ouverture du film se place en 2001, et nous montre Steve Jobs montant sur scène pour présenter l’iPod. On imagine alors qu’il s’agit de l’accomplissement d’une longue période de travail, mais qui là encore ne sera pas réellement évoquée dans le film. Steve Jobs retrouve son poste chez Apple, et... c’est tout. Même dans sa conclusion, Jobs parvient à laisser un goût d’inachevé qui laissera le spectateur sur sa faim. Apple étant une marque ayant énormément fait parler d’elle dans les années 2000, de même que Steve Jobs est devenu un personnage emblématique, il est dommage que cette période ne soit même pas abordée dans le long-métrage.
Alors, tous les ingrédients étaient a priori réunis pour un biopic hors-norme et, pourtant, rien n'y fait, la magie n'opère pas. Steve Jobs est présenté comme un pionnier rebelle et visionnaire qui, pour échapper à tous ceux qui voudraient prendre le contrôle de son empire naissant, finit par devenir une sorte de gourou névrosé et paranoïaque, incapable du moindre sens de l'altérité, tout entier absorbé par l'idée d'aller au bout de son intuition. Apple, il en est convaincu, sera un jour "une devise sociale", mieux, "un statut social". Pas de quartier pour ceux qui oseraient se mettre en travers de son chemin. Il en est convaincu : "Ceux qui sont assez fous pour penser qu'ils peuvent changer le monde sont ceux qui le font".

Fort de cet adage, comme habité par l'idée de la mission qu'il doit accomplir, il va se lancer à corps perdu dans une véritable guerre technologique. IBM, Microsoft, il ne leur fera aucun cadeau. A mi-chemin entre cinéma et marketing, tout cela n'est guère convaincant. Steve Jobs, le charismatique, le créateur de génie, méritait mieux que cette saga mégalo-paranoïaque.
Le film, tout comme son sujet, n'a pas manqué de faire grincer quelques dents, notamment celles du co-fondateur d'Apple, Steve Wozniak (interprété par Josh Gad), qui a publiquement fait part de ses réserves. Le créateur des premiers ordinateurs de la marque, Apple I et Apple II, digère mal une scène du film dans laquelle on voit Steve Jobs lui décrire le potentiel extraordinaire de systèmes d'exploitation qu'il vient de créer.
"Steve me fait la leçon sur le potentiel des ordinateurs, alors que c'était exactement la situation inverse", expliquait-il récemment au Los Angeles Times. "Steve n'a jamais créé un grand ordinateur. A cette époque, il enchaînait les échecs. Il était incroyablement visionnaire, mais il n'avait pas la capacité de mettre en pratique" ce qu'il imaginait.Sony prépare d'ailleurs avec Wozniak son propre biopic de Steve Jobs, basée sur la biographie officielle de Walter Isaacson. Le projet n'en est encore qu'au stade de l'écriture du scénario, qui a été confiée à Aaron Sorkin, l'auteur oscarisé du film de David Fincher sur Facebook. Le scénariste a déjà révélé qu'il construirait le film en trois scènes de trente minutes, qui décriraient Steve Jobs à travers le lancement de trois produits phares de la marque. Ni le réalisateur, ni l'acteur qui incarnera Steve Jobs n'ont été choisis pour le moment.
Au final, "Jobs" n’a rien d’un film sur Steve Jobs. Il se contente de dépeindre un caractériel qui casse ses jouets, avant finalement de se venger puis de connaître une réussite éclatante alors que le protagoniste de cette histoire exceptionnelle était bien plus complexe et génial que cela. Une histoire illustrée ici sans talent ni éclats !!!

Louis Leterrier - Insaisissables : Magie et charme opèrent jusqu'à un twist final ultra prévisible !!!

Note : 3.75 / 5 


Synopsis :
"Les Quatre Cavaliers", un groupe de brillants magiciens et illusionnistes, viennent de donner deux spectacles de magie époustouflants : le premier en braquant une banque sur un autre continent, le deuxième en transférant la fortune d’un banquier véreux sur les comptes en banque du public. Deux agents spéciaux du FBI et d’Interpol sont déterminés à les arrêter avant qu’ils ne mettent à exécution leur promesse de réaliser des braquages encore plus audacieux.
Ils font appel à Thaddeus, spécialiste reconnu pour expliquer les tours de magie les plus sophistiqués. Alors que la pression s’intensifie, et que le monde entier attend le spectaculaire tour final des Cavaliers, la course contre la montre commence. 

Critique :
Ils ne sont pas nombreux les réalisateurs français à faire leur bonhomme de chemin à Hollywood. A l'image d'un Alexandre Aja ("La colline a des yeux", "Mirrors" et "Piranha 3D"), Louis Leterrier, dans un autre genre, fait partie de cette petite vague. Après avoir approché le travail de l'image à travers quelques courts-métrages très intimistes, le jeune cinéaste prenait ses bagages pour la Tisch School of the Arts de l'Université de New York où il étudie le cinéma. Revenu en France, il a d'abord travaillé avec Jean-Pierre Jeunet (sur "Alien"), puis a rejoint l'équipe de Luc Besson, pour des spots publicitaires dans un premier temps, puis collaborer sur "Jeanne d'Arc", et ensuite se voir confier la réalisation des deux premiers opus de la saga "Le Transporteur".
Aujourd'hui, il est de retour avec une production mêlant enquête policière et milieu de la magie. Casting grand luxe pour le Français qui se permet d'aligner trois Oscarisés et douze nommés. Ce n'est pas véritablement une première pour Mélanie Laurent qui a déjà approché Hollywood. Par contre, pour le très Frenchy José Garcia, c'est le grand saut (et peu importe s'il s'agit d'un petit rôle). Depuis sa sortie aux USA fin mai dernier, ces Insaisissables ne décrochent pas des dix premières places du box-office.
Après avoir enchaîné les superproductions, Leterrier ("L'incroyable Hulk" et l'innommable "Le Choc des Titans") s’improvise cette fois prestidigitateur pour réaliser ce film au casting cinq étoiles et au scénario riche en tours de passepasse. Une bonne idée même si son numéro de magie s’avère plus proche du style de David Copperfield que de celui de Houdini. Si Leterrier n’a toujours pas réitéré son coup d’éclat de "Danny the Dog", l’élève le plus doué de l’écurie Europacorp s’est donc définitivement installé dans une belle carrière aux États-Unis.
Influencé par "Le Prestige", de Christopher Nolan, le cinéaste a pensé qu’une mise en scène ostentatoire (travellings et lents mouvements de caméra) ferait illusion. Or, il manque l’essentiel : le mystère et l’incertitude, inhérents au genre, qui auraient rendu cet "Insaisissables" moins déchiffrable. Heureusement, Leterrier est soutenu par des comédiens hétéroclites qui, sans livrer les performances du siècle, prennent plaisir à se rencontrer, à se tromper et à se renvoyer la balle. Un écheveau manipulateur qui divertit jusqu’à la révélation finale, assez prévisible.
Ainsi "Insaisissables" se frotte à un exercice dont le maître-étalon semble intouchable : "Le Prestige" donc. Le grand spectacle de la magie dont la manipulation trouve un écho logique dans celle opérée par le metteur en scène et son scénario, le sens du spectacle, et même la présence de Michael Caine. Sauf que là où le récit élaboré par les frères Nolan brillait par sa cohérence dans la multitude de rebondissements, celui dont ont accouché Ed Solomon (jadis scénariste de "Men in Black"), Boaz Yakin (scénariste de "Prince of Persia" et du "Punisher" de Mark Goldblatt) et Edward Ricourt, ne tient pas toujours la route.
A trop vouloir jouer avec la poudre aux yeux, il s’aveugle lui-même et ne va nulle part, plombé par une construction terriblement maladroite par moments. C’est d’autant plus rageant que sur le papier, "Insaisissables" possède un potentiel immense, celui de réitérer l’exploit "Ocean’s Eleven" avec en plus l’ingrédient non négligeable de la magie comme outil de braquage. Malheureusement chaque bonne idée ne se transforme pas nécessairement en bon film, en particulier si elle est exploitée que partiellement.
Côté casting, même s'il réunit un grand nombre de personnages importants, le long métrage ne fait pas l'erreur d'en oublier. Aucun n'est traité de manière trop superficielle. Il faut dire que le film peut compter sur une solide distribution. Outre les acteurs mentionnés ci-dessus, on retrouve notamment Michael Caine, Morgan Freeman, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Isla Fisher, Dave Franco et Jesse Eisenberg. Contrairement au film "The company you keep", le réalisateur a su tirer pleinement profit de sa distribution. On retiendra surtout les prestations solides de tous ces acteurs, avec un casting dominé de la tête et des épaules par un Jesse Eisenberg toujours aussi vif et un Woody Harrelson impérial.
Au final, "Insaisissables" est un film rythmé et sexy qui, malgré une mise en scène maladroite et légèrement épuisante au bout de deux heures, arrive tout de même à nous tromper et nous charmer. Le film aurait été meilleur si plusieurs des "punchs" principaux n'avaient pas été révélés dans la bande d'annonce et si le final ne se dévoilait pas aussi prévisible. Un bon divertissement, mais bien loin de son réel potentiel !!!

Guillermo Del Toro - Pacific Rim : Un blockbuster au scénario plus que classique, mais oh combien sublime visuellement !!!

Note : 4.5 / 5 (pour les amateurs du genre) 


Synopsis :
Surgies des flots, des hordes de créatures monstrueuses venues d’ailleurs, les "Kaiju", ont déclenché une guerre qui a fait des millions de victimes et épuisé les ressources naturelles de l’humanité pendant des années. Pour les combattre, une arme d’un genre nouveau a été mise au point : de gigantesques robots, les "Jaegers", contrôlés simultanément par deux pilotes qui communiquent par télépathie grâce à une passerelle neuronale baptisée la "dérive". Mais même les Jaegers semblent impuissants face aux redoutables Kaiju.
Alors que la défaite paraît inéluctable, les forces armées qui protègent l’humanité n’ont d’autre choix que d’avoir recours à deux héros hors normes : un ancien pilote au bout du rouleau (Charlie Hunnam) et une jeune femme en cours d’entraînement (Rinko Kikuchi) qui font équipe pour manœuvrer un Jaeger d’apparence obsolète. Ensemble, ils incarnent désormais le dernier rempart de l’humanité contre une apocalypse de plus en plus imminente. 


Critique :
Blockbuster visuellement dingue, "Pacific Rim" est un grand spectacle épique et naïf. Un rêve d'enfants (ceux qui, comme moi, ont grandi avec "Goldorak", "Mazinger", "San Ku Kaï" et autre "Evangelion") devenu réalité !
Dans un futur proche, des lézards hauts comme des gratte-ciel surgissent de l’océan. Pour combattre ces Kaiju, les hommes ont inventé des robots géants commandés par deux pilotes dont les cerveaux sont couplés. Cette fois-ci, Guillermo del Toro ("Le labyrinthe de Pan", "Hellboy") fait dans la sidérurgie lourde, le heavy metal cinématographique. "Pacific Rim", c’est du lourd, voire du lourdingue côté scénario, mais sur le plan visuel et sonore, ce tour de manège en 3D vaut son pesant de pop-corn. Impressionnant, immergeant, ce film est un sumo digne d’écraser "Superman" au box-office.
Ainsi "Pacific Rim" ne va pas au-delà du sujet simplissime et manichéen qui l'anime, la lutte de l'humanité contre des extraterrestres pour sa survie, la lutte du bien contre le mal. A de très rares moments près, tout le film suit ce chemin balisé jusqu'à son inévitable conclusion héroïque et martiale. D'ailleurs, plutôt que de s’appesantir dans un épilogue mou, le film s'arrête dès son dernier enjeu dramatique résolu, à la façon des bons vieux blockbusters 80's. Cela est à la fois un défaut et une qualité.
Ces enjeux et personnages simplistes, construits à partir d'une seule idée (sauver le monde), ne dépassent jamais leur archétype : le scientifique guindé, le savant pile électrique, le héros ultra héroïque... Mais ce schématisme, quoique regrettable, ne tire cependant pas le film par le bas et a au moins le mérite d'assurer au film la lisibilité totale et rassurante d'un blockbuster familial, mais sans star ni licence connue pour tenter d'assurer son succès au box-office.
Les abysses sont un formidable réservoir de peurs primales, Steven Spielberg et James Cameron en savent quelque chose. Les monstres surgissent des failles de l'océan comme autant de cauchemars d'apocalypse. Nées dans le Japon post-Hiroshima, ces créatures sous-marines géantes (le fameux Godzilla) ont longtemps permis d'exorciser le péril nucléaire. En opposant aux bestioles venues des flots des robots géants pilotés par des humains, le réalisateur mexicain, maître du conte fantastique et psychanalytique, réunit à l'écran deux sous-genres de la science-fiction japonaise. Son inventivité est toujours aussi ludique, et l'ébouriffante fluidité des effets spéciaux numériques, élaborés par les champions du genre, comble notre désir cathartique de destruction. Finie l'époque des maquettes piétinées par des sauriens en caoutchouc !
Mais assez de psychologie, et c'est le film lui-même qui nous le dit. Aller voir "Pacific Rim", c'est vouloir assister à des combats entre des robots et des monstres grands comme des immeubles. C'est le retour de Godzilla, mais sans la peur du péril atomique qui donnait naissance au film d'Ishiro Honda en 1954, et les ennemis sont de commodes envahisseurs aliens qu'on peut exterminer sans aucun remords. En fait, c'est "Godzilla" Vs. "Transformers". Mais qui serait mis en scène avec les moyens techniques d'ILM et le savoir-faire de Del Toro. Dès le départ, on est conditionné par ce qu’on va voir : du combat pur et dur entre Jaegers et Kaijus enragés.
Les scènes de combats sont purement titanesques. Combats qui se retrouvent magnifiés par une 3D splendide alors que le film est converti ! Mais grâce à l’utilisation massive d’effets spéciaux, la véritable profondeur de champ recréée font du film une nouvelle référence en la matière, à ranger aux côtés "d’Avatar", "Pi" ou encore "Hugo Cabret". On ne peut décemment pas dire ici que la 3D est inutile et invisible.
Et on prend un pied gigantesque à voir des monstres de chair et de métal s'étriper à l'échelle d'une ville. Comme d'habitude chez Del Toro, les scènes de combat sont particulièrement bien écrites, la dimension gigantesque et la lenteur de mouvement des adversaires lui permettant de s'attarder sur le moindre coup de poing dévastateur. Dans cet opéra de la destruction, les ponts s'effondrent, les buildings explosent, un bateau est utilisé comme gourdin, des containers comme poings américains...
La qualité et l'élégance des effets visuels sont à s'en décrocher la mâchoire, le film enchaînant les money shots cyclopéens lors de la séquence de bataille centrale dans les néons d'un Hong Kong cyber et pop. Un storytelling naïf (taper des monstres dans un cosmos fait de principes bons et mauvais) éclipsé par une mise en scène plus que surexcitante. En fait, "Pacific Rim" accomplit une bonne synthèse de l'art de Del Toro. Le bouillonnant Mexicain semble ici réaliser un rêve d'enfant, voir grandir et s'animer pour de vrai des jouets robotiques et monstrueux, et faire tout péter.
Toutefois, paradoxalement, l'idée la plus originale du film est celle qui est la moins exploitée. Pour venir à bout des monstres préhistoriques, dotés de deux cerveaux comme certains dinosaures, l'homme va devoir utiliser ses neurones. C'est la riche idée et le fil conducteur du film : le salut passera par la connexion. D'abord entre les binômes de pilotes des robots, dont les cerveaux sont reliés pour mutualiser leurs réflexes, avec toutes les conséquences psychologiques imaginables. Connexion encore lors d'une expérience où un scientifique tente de pénétrer dans le cerveau d'une bestiole ennemie pour trouver la faille de son système de défense. Quel dommage que la "dérive", cette belle idée de cinéma (les deux pilotes du robot partageant leurs souvenirs via un programme, la "dérive", pour piloter leur engin) ne soit pas plus développée.
Au final, Guillermo Del Toro livre avec "Pacific Rim" une pellicule ultra généreuse aux effets visuels et sonores renversants. Il convoque par ailleurs tout une génération de geek et autres fans de la culture nippone. Un vrai petit plaisir savoureux qui compose avec un certain savoir-faire, propre et unique de la part de son réalisateur. On va voir "Pacific Rim" pour ce qu’on pense avoir : des combats entre robots géants et monstres géants, matérialisation complète du fantasme japonais !!!

Nicolas et Bruno - Le grand méchant Loup : Une comédie classique, mais racée, élégante et réellement très efficace !!!


Note : 4 / 5 

Synopsis :
Il était une fois trois frères qui vivaient heureux. Du moins le pensaient-ils. Un jour leur maman eut un accident. Alors Henri, Philippe et Louis se mirent à se questionner sur le sens de leur vie. Une grande vague de doutes pour ces quarantenaires versaillais sans histoire, qui suffit à leur faire entrouvrir la porte à l'inédit, à l'interdit, à l'aventure... au Grand Méchant Loup.
De maison de paille en maison de bois, le loup aussi sexy soit-il délogera-t-il nos trois frères ? Et l'hôtel particulier en pierre de taille de l'aîné, est-il vraiment si solide ? Et si au bout du compte la vie d'adulte n'était pas complètement un conte pour enfant ? 

Critique :
Après le très conceptuel "La Personne aux deux personnes", Nicolas & Bruno revisitent "Les Trois Petits Cochons" et signent une comédie piquante sur un de leurs sujets fétiches, la schizophrénie, celle de quadras tiraillés entre le désir et la raison. Les auteurs pratiquent avec esprit l’hommage (notamment à Jean-Loup Dabadie) et le détournement (les films d’Arnaud Desplechin, la série "Big Love"). Offrant de plus des répliques drôles et qui font mouche, comme celle de Poelvoorde : "Où tu es, l’interroge sa femme. – A la cafèt. – Avec qui ? – Un sucre".
Après l’échec de leur premier long métrage, Nicolas & Bruno ont décidé de revenir à une forme de comédie nettement plus balisée. Le pitch de leur deuxième long a déjà fait ses preuves ailleurs (il s’agit du remake d’un gros succès du cinéma québécois) et la présence massive de stars au générique est censée réconcilier les réalisateurs avec le box-office.
Nicolas et Bruno ont décidé de réunir trois acteurs majeurs de la comédie française dans leur nouveau projet. Au casting kad Merad, Fred Testot et Benoît Poelvoorde. Ils incarnent trois frères mariés dont la vie va basculer le jour où leur mère a un accident. Dans "Le grand méchant Loup", ils s’interrogent alors sur leurs vies et l’un après l’autre cèdent à la tentation, à l’aventure et à l’inattendu. Leurs écarts de conduite vont avoir des conséquences et les trois frères devront faire face à leur famille et plus particulièrement leur compagne.
Outre les trois rôles principaux, notons Valérie Donzelli, Charlotte Le Bon, Zabou Breitman, Léa Drucker, Linh-Dan Pham, Denis Podalydès... Ce n'est plus une ronde, mais une véritable farandole de grands acteurs !
En voyant le synopsis et le casting, on ne peut s'empêcher de penser à une sorte de blockbuster français. Une réunion de grands noms de l'humour francophone tenant les rôles principaux. De plus, le scénario reprend l'histoire du conte pour enfants "Les trois petits cochons", tout en s'inspirant librement du film du canadien Patrick Huard, "Les Trois P'tits Cochons". Pourtant, malgré tous ces éléments qui pourraient nous pousser à nous méfier, le film fonctionne.
Plus rigoureux que "La Personne aux deux personnes", ce "Grand méchant Loup" est très classique dans la structure de son scénario. Cependant, agréablement porté par un casting de vedettes jouant au cordeau, le film est d’une haute précision comique et d’une vraie classe formelle qui confirme que ces garçons, quoi qu’ils fassent, planent cent coudées au-dessus de la concurrence.
Le métrage ne tombe jamais dans les blagues trop faciles ou trop lourdes. Au contraire, l'humour se place assez subtilement. On rit des situations, de la nullité des personnages en matière d'adultère, de leur naïveté et aussi de leur malheur, mais jamais de gags trop prévisibles. De plus, au-delà de la dimension humoristique, le film s'attarde également sur un côté plus profond.
Le fait de traiter trois relations distinctes permet aux réalisateurs de revenir sur des amours différents. Henri (interprété par Fred Testot) est un jeune marié et déjà dans la routine, pendant que Philippe (Benoît Poelvoorde) semble vivre une relation qui marche tout en ayant des peurs et des doutes sur l'avenir, alors que Louis (Kad Merad) est installé avec sa femme dans un quotidien qui lui plait, bien qu'il soit dénué d'amusements.
Ces réflexions sont amenées par une narration des différentes histoires par les personnages eux-mêmes, chacun ayant ainsi un segment du film lui étant réservé. Par ce biais, Nicolas et Bruno permettent une meilleure compréhension des questions et des doutes auxquels font face ces trois quarantenaires. De plus, cela rajoute au côté conte pour enfant, qui reste le postulat de départ, bien que l'histoire est pris un tournant plus adulte sur le thème abordé.
Au final, "Le grand méchant Loup" est une comédie racée, lointainement inspirée des "Trois Petits Cochons", emmenée par une brochette d’acteurs et actrices parfaitement assortis, mériterait d’être le succès comédie de l’été. Quant à l’ex-Miss Météo Charlotte Lebon, qui fait ici ses débuts au cinéma, elle prouve qu’elle a d’autres arguments à faire valoir que son affolante plastique. Une bonne surprise qui donnera aussi bien à rire, qu'à réfléchir !!!

Zack Snyder - Man Of Steel : Lorsqu'un blockbuster spéctaculaire rencontre le film intimiste !!!

Note : 4.25 / 5 


Synopsis :
Un petit garçon découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et qu'il n'est pas né sur Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple afin de comprendre d'où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s'il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour toute l'humanité. 

Critique :
"Man of steel", le nouveau Superman réalisé par Zack Snyder et produit par Christopher Nolan, divise la presse cinéma. Pour ma part, et ce malgré ses défauts (parce qu'il en a !), ce reboot de l'homme d'acier est une réelle réussite !
Six ans après le raté "Superman Returns" de Bryan Singer, les compteurs de la franchise Superman, l'homme d'acier créé par Jerry Siegel et Joe Shuster, sont remis à zéro. Warner propose ainsi un reboot (on recommence là où tout a commencé, aux origines de l'histoire connue de tous). Fort de sa trilogie Batman, Christopher Nolan s'est occupé de la production et du scénario de "Man of Steel", pendant que Zack Snyder, réalisateur de "300" et de "Watchmen" (un des meilleures comicsmovie que j'ai vu), s'est chargé de la réalisation.
Le défi était de taille car imaginer un film de super-héros captivant et moderne avec le plus kitsch et inintéressant personnage de DC Comics n'était pas chose aisée. Car autant le dire toute de suite : l'univers de Superman, son histoire personnelle, sa relation avec ses parents, avec Lois Lane, tout cela est plutôt lourdingue. Lui-même peut paraître ennuyant : irréprochablement bienveillant, aussi droit et lisse que sa coupe de cheveux, le personnage est en plus indestructible, ce qui rend toute intrigue sur lui généralement peu passionnante.
Pourtant, Zack Snyder et ses scénaristes parviennent à déringardiser la légende en y allant mollo sur la Kyptonite et les fantaisies de Lex Luthor, et font coexister deux films en un. L'un racontant les origines de Superman et l'autre le montrant évoluer au présent- grâce à un récit en entrelacs plutôt divertissant. C'est là que Zack Snyder, aidé par Christopher Nolan, démontre tout son talent.
Il évite tous les écueils, nous épargne les couplets du désarroi de l'adolescence perturbée, la confrontation vue et revue avec un fade Lex Luthor, ou les discours larmoyants et pleins de bonnes intentions. Le réalisateur a, au contraire, la bonne intuition de ne pas s'attarder sur le background des personnages, de toute façon déjà connu de tous.Après une première partie remarquable, tant sur le plan du rythme, du fil conducteur, du spectacle et de la mise en place des personnages, le film s'emballe avec des scènes d'action d'une intensité qui ont le mérite d'en mettre vraiment plein la vue aux amateurs de grosses sensations. Certes, les combats finissent par prendre le dessus, au détriment de l'histoire, mais la qualité de la photo, de la réalisation, l'intelligence des plans alternativement courts et longs, permettent au film de se hisser bien au-delà d'un vulgaire blockbuster. L'émotion passe aussi, au demeurant, sans tomber dans l'excès dramaturgique, par touches, en deux trois plans serrés sur des personnages sur le point de passer l'arme à gauche.
Les deux hommes s'emparent de cette histoire pour livrer un film plus sombre et proche de la perfection. Les deux réalisateurs ont décidé de raconter à leur manière l'histoire de Superman donc, contrecarrant le choix linéaire des précédents réalisateurs, préférant l'utilisation répétitive de flash-back. Cette préférence permet ainsi de laisser une plus grande partie à la narration de la vie sur Krypton avant l'expédition de Kal-El sur la planète Terre, ce qui dégage une part d'ombre et une perspective jamais fouillée dans les précédents volets.

Christopher Nolan et Zack Snyder se sont attelés à ce reboot, et ont remis Superman au goût du jour. Les deux réalisateurs ont décidé de s'inspirer du "Superman" de Richard Donner, incarné par le charismatique Christopher Reeve. Difficile de surpasser cet interprète toujours présent dans les esprits, mais pourtant Henry Cavill y est arrivé.
L’une des grandes forces de "Man of Steel", c’est son casting. La véritable révélation du film, c’est bien sûr Henri Cavill. Bien que le film se démarque du "Superman" de Richard Donner, tout en s'y inspirant, on ne peut s’empêcher de remarquer la ressemblance de l’acteur avec Christopher Reeves. Mais Cavill ne se contente pas de reprendre l’héritage laissé par son défunt prédécesseur, il le modernise, le rend plus humain, plus touchant, à tel point que l’on y croit à 100%.
Clark Kent a deux papas, et comme il a de la chance, tous les deux sont des Robins des bois. Si Jonathan Kent, joué par Kevin Costner, est assez en retrait dans le scénario, Russel Crowe est lui crucial dans Man of Steel. L’acteur signe là une grande performance en Jor-El. Et même si ses apparitions sont assez rares, sa présence et son charisme lui permettent d’hanter le film du début à la fin.
Quant à Zod, incarné par Michael Shannon, là aussi, l’acteur donne un coup de vieux à Terence Stamp, qui a interprété Zod dans les films de Donner. Le général déchu impose sa présence dans ce reboot et la tension est bien là à chacune de ses apparitions. On appréciera également le fait que les scénaristes n’ont pas donné un méchant sans saveur à Superman. Zod n’est pas un mégalomane détruisant tout juste pour le plaisir. Non. Zod est un bad-guy avec ses motivations, des buts, des espoirs. Son histoire est même touchante par certains aspects et Snyder arrive parfois à nous faire ressentir de la compassion pour ce général qui est prêt à tout pour sauver sa race. Un méchant qui va certainement marquer.
Toutefois, le film n'est pas exempt de défauts. Le plus grand de tous est que le côté Snyder du film l'ait emporté sur le côté Nolan. Le prologue avec ses visions de science-fiction psychédélique sur Krypton, la découverte par Clark de sa capacité à voler, enfin le dernier tiers bourré de scènes d'action spectaculaires, on peut regretter un certain manque d'audace dans le script, ce que Nolan avait incroyablement apporté à son Batman.
La première partie du film est un régal. Narration inventive, scènes de bravoure, personnages profonds, analyses sociétales sur la gestion de la différence… tout s’annonce pour le mieux. Malheureusement, Zack Snyder reste Zack Snyder et le réalisateur n’a pas pu s’empêcher de faire tout péter à la fin. La dernière heure du film se résume à un combat entre le bien et le mal, le bien étant incarné par un Superman quasi messianique. Un peu long, incohérent avec la première partie du film (Superman est soucieux du sort des humains, mais rien ne le retient lorsqu’il s’agit de tout faire péter à Metropolis), le final aurait mérité un meilleur traitement, quitte à être raccourci.
Au final, Zack Snyder a réussi à donner un coup de jeune à un héros accusant tout de même 75 ans d’âge. La première heure et demie du film est un exemple de ce qu’il faut faire dans un film de Superhéros. Une première partie solide, captivante, admirablement mise en scène. Et même si la dernière partie est un peu longue, le réalisateur maîtrise le sujet à la perfection. A l'arrivée, "Man of Steel" pose avec une efficacité technique bluffante les nouvelles fondations du bon vieux Superman !!!

J. J. Abrams - Star Trek, Into Darkness : Une réalisation mature et maîtrisée aux effets spéciaux spéctaculaire, mais qui n'a rien de révolutionnaire !!!


Note : 3.5 / 5 

Synopsis :
Alors qu’il rentre à sa base, l’équipage de l’Enterprise doit faire face à des forces terroristes implacables au sein même de son organisation. L’ennemi a fait exploser la flotte et tout ce qu’elle représentait, plongeant notre monde dans le chaos.
Dans un monde en guerre, le Capitaine Kirk, animé par la vengeance, se lance dans une véritable chasse à l’homme, pour neutraliser celui qui représente à lui seul une arme de destruction massive. Nos héros entrent dans un jeu d’échecs mortel. L’amour sera menacé, des amitiés seront brisées et des sacrifices devront être faits dans la seule famille qu’il reste à Kirk : son équipe. 


Critique :
Autant être clair dès le début. Après avoir brillamment réinventé la mythologie "Star Trek" dans son premier opus, J.J. Abrams signe un deuxième volet ultra-référencé, inspiré de "La Colère de Khan" et de "A la recherche de Spock". Confronté à un terroriste aux visées belliqueuses, venu de l'intérieur, l'équipage de Kirk nous entraîne dans une surenchère d'explosions et de bastons. La 3D en met plein la vue, mais on reste sur sa faim !
"L'espace, frontière de l'infini, vers lequel voyage le vaisseau spatial Enterprise..." Il y a quatre ans, J.J. Abrams faisait résonner le leitmotiv de la série culte pour des spectateurs subjugués par une relecture dépoussiérée de l’œuvre de Gene Roddenberry. Les critiques sont unanimes, J.J. Abrams est un explorateur de la science-fiction, comme l'ont été Spielberg et Lucas avec "E.T. l'extraterrestre" et "La guerre des étoiles".
Quel bonheur donc, à première vue, de reprendre l’espace à bord de l’Enterprise. Fidèles au poste, le capitaine Kirk (Chris Pine), monsieur Spock (Zachary Quinto) et le reste de l’équipage vont, cette fois-ci, être confrontés à un ennemi intérieur. Réalisateur intergalactique, J.J. Abrams nous ouvre un nouveau chapitre de la saga, formaté pour plaire aux geeks sectaires comme aux spectateurs avides d’un simple divertissement pétillant.
À l'instar du capitaine Kirk, il avance vers l'inconnu au mépris du danger. Des risques, il y en a et ils sont de taille. Depuis le premier "Star Trek", les personnages ont en effet évolué, ils ont mûri. Choix moraux et responsabilités sont à l'ordre du jour face aux menaces d'un terroriste intergalactique qui a juré la fin de la Fédération. Abrams s'intéresse cette fois-ci davantage aux rapports humains de l'équipage, en mettant l'accent sur les notions d'amitié et de loyauté qui étaient au cœur de l'univers de Roddenberry.
La suprématie d’Abrams, sa grande force, est de vouloir produire un cinéma populaire, un grand film à l'ancienne, épique, généreux, ouvert. De ce point de vue-là, "Into Darkness" est une réussite totale. L’intro démente avec son volcan et ses indigènes (et une utilisation affolante de la 3D), la scène quasi muette de l'attentat à Londres, l'attaque de San Francisco, l'arrivée chez les Klingons... Le film enchaîne les scènes d’action et les morceaux de bravoure avec une maîtrise prouvant qu’Abrams a terminé sa mue, passant de génie télévisuel en artisan néoclassique.
Ainsi, sa force, il le prouve une nouvelle fois ici, tient dans son génie du mouvement perpétuel et dans sa gestion du trop-plein. Personne aujourd’hui ne sait mieux filmer une scène d’action ultracomplexe, regorgeant à ce point de personnages, de véhicules, d’espaces, voire de temporalités différentes. Roi de l’aplat, ce dont le fameux flare (ces traits de lumière qui apparaissent naturellement lorsqu’une caméra braque un projecteur) constitue la signature la plus évidente, Abrams expérimente ici pour la première fois la 3D, et prouve aux sceptiques qu’il n’y a nulle fatalité à l’inanité courante de cette technologie. Dans les mains du réalisateur de "Super 8", elle offre une richesse picturale prodigieuse.
Si le premier "Star Trek" d'Abrams, sorti en 2009, avait déjà donné un bon coup de fouet à une franchise marquée par ses monstres en plastiques, sa suite enchaine la seconde. Dès les premières minutes, le ton est donné et le souffle est coupé, J.J. Abrams donnant tout ce qu’il peut pour rendre son aspect titanesque à la saga. Volcan infernal, vaisseaux monumentaux, explosions dantesques, "Star Trek Into Darkness" laisse une large place aux scènes d’action et aux effets visuels aussi réussis que spéctaculaires.
Le casting, quant à lui, tient la note, même s’il semble presque écrasé par la figure impériale de Benedict Cumberbatch, qui compose un super-vilain aux accents tragiques. Sa prestation est magistrale !
Bien connu des fans de la série Sherlock de la BBC dont il incarne le personnage principal, Cumberbatch est le principal ajout au casting de ce deuxième volet de "Star Trek". Il incarne un ennemi tout en nuance, à la fois menace mystérieuse et personnage plus profond avec un réel historique. Si son jeu se rapproche finalement assez de celui qu’il a adopté dans la série de la BBC, j'aurais aimé le voir dans un rôle plus important encore tant il aurait été un Spock parfait.
Toutefois, au final, même si "Into Darkness" est réalisé avec une réelle efficacité dynamique, le film remplissant son contrat de blockbuster d’action, il déçoit cependant par son scénario fadasse et sans réelles surprises. On attend des aventures de "Star Trek" qu’elles nous emmènent explorer les confins de la galaxie, à la manière d’un Jules Vernes du futur. On reste ici dans la baston high-tech, extrêmement bien maîtrisée et visuellement incroyable certes, mais de la simple baston tout de même.
"Star Trek, Into Darkness" est une franche réussite visuelle. S’il n’est pas parfait, il aura au moins le mérite de plaire aux fans de grand spectacle. Ce second volet prouve bien que J.J. Abrams est encore un réalisateur sur qui on peut compter. Espérant simplement que pour  le prochain épisode de "Star Wars", le réalisateur conserve une telle maîtrise mais pour un scénario bien plus complexe !!!

Night Shyamalan - After Earth : Un semi-échec réalisé par un cinéaste incapable de retrouver la verve de ses débuts !!!


Note : 2.5 / 5 

Synopsis :
Après un atterrissage forcé, Kitai Raige et son père, Cypher, se retrouvent sur Terre, mille ans après que l’humanité a été obligée d’évacuer la planète, chassée par des événements cataclysmiques. Cypher est grièvement blessé, et Kitai s’engage dans un périple à haut risque pour signaler leur présence et demander de l’aide.
Il va explorer des lieux inconnus, affronter les espèces animales qui ont évolué et dominent à présent la planète, et combattre une créature extraterrestre redoutable qui s’est échappée au moment du crash. Pour avoir une chance de rentrer chez eux, père et fils vont devoir apprendre à œuvrer ensemble et à se faire confiance. 

Critique :
A la vue de la première bande-annonce "d'After Earth", on pouvait s'imaginer tout de suite qu'il s'agirait d'un bon film. Il faut dire que Will Smith n'est pas un gage de gros ratés (bien au contraire), que les scènes semblaient superbes à regarder et que l'on pouvait bien croire que le fait de rejouer avec son fils, Jaden Smith, serait l'occasion d'une analyse intéressante de la relation d'un père pas toujours très présent avec son petit bonhomme qui lui voue un culte.
Jusqu'au moment où le nom du réalisateur était dévoilé. Une certaine crainte aurait pu nous assaillir, puisque le tout était signé M. Night Shyamalan. Ce dernier a l'art de nous mettre dans des situations impossibles. Avec "After Earth", comme pour ses derniers projets, il a bien lancé quelques bonnes idées, un concept audacieux, voire carrément ambitieux. Mais comme pour ses derniers projets ("La Jeune fille de l'eau", "Phénomènes", "Le Dernier Maître de l'air",...), "After Earth" finira par se faire railler et démonter. Car même si ce n'est pas un ratage total, c'est très loin d'être une réussite !
A ses débuts, Shyamalan avait mis tout le monde d'accord. En enchaînant l'ultra efficace "Sixième sens", le quasi-parfait "Incassable" et le sublime "Signes", le natif de Pondichéry s'était fait une réputation de "nouveau Spielberg" ou "d'héritier d'Hitchcock" qui ne demandait qu'à être confirmée. Hélas, la suite de sa carrière n'a pas été à la hauteur de son glorieux commencement.
"Le Village", intriguant, mais la formule Shyamalan commence à lasser. "La Jeune fille de l'eau", guimauve et sans saveur. "Phénomènes", des arbres tueurs...on ne sait que dire. Et finalement, "Le dernier Maître de l'air", qui a réussi à faire l'unanimité contre lui. Avec "After Earth", on espérait que le réalisateur allait relever un peu la barre.
Il faut dire qu'avec un pitch de science-fiction efficace, sa star internationale en tête d'affiche et sa bande d'annonce extrêmement bien travaillée, cette super-production avait bon nombre d'atouts pour séduire public comme critique. Or, après la vision du film, le tout se révèle plutôt décevant.
Revenons deux secondes sur les prémices du film. Will Smith souhaite lancer la carrière de son fils Jaden pour de bon. Sur une idée de script lui appartenant, il embauche Gary Whitta ("Le Livre d’Eli", entre autres) pour écrire le scénario et demande au réalisateur à court d’options de le mettre en images. Dès sa production, "After Earth" est donc un projet particulier : première commande de Shyamalan depuis ses débuts dans les années 1990, impliquant donc un encadrement imposé par la famille Smith, qui en est l’origine. Le tournage, enfin, est lui aussi original : Shyamalan est chargé de la mise en image (mise en scène, angles de prises de vue, mouvements de caméra, traitement esthétique), tandis que Will Smith s’occupe personnellement de guider le jeu de son fils, sur qui repose la partie centrale de l’œuvre.
Seulement voilà, le jeune comédien âgé aujourd'hui de 15 ans peine à confirmer et seul à l'écran (ou presque) pendant 1h30, Jaden Smith est loin d'être convaincant. Surjouant d'un bout à l'autre et pas aidé par un personnage caricatural, terriblement agaçant, il fait franchement pâle figure comparé à la classe naturelle de son paternel. On peut conclure que le personnage s'en sort mieux que le jeune comédien : dans la fiction, il sauvera papa, dans la réalité, l'insuccès du film va sans doute le traumatiser, l'équivalent de l'expérience de Sofia Coppola avec "Le Parrain 3".
Dans sa première demi-heure, le film expose son univers à l’aide d’un long flashback édifiant les règles du monde qui se dévoile au public. Méthode typique du cinéaste certes, même s’il nous a autrefois offert de meilleures introductions. L’expression science-fictive est ici de plusieurs types : visuelle, d’abord, par sa technologie et son architecture à la fois épurées et stylisées, plus chaleureuses que ses rivales star-trekkienne ou marvellienne, par exemple, sans doute parce qu’un étrange aspect organique, quelque peu diffus mais présent néanmoins, reste attaché à la conceptualisation graphique. Bien que moralisatrice au possible, cette introduction et le visuel de l'ensemble du film sont les meilleurs aspects de cet "After Earth".
Concernant le scénario, il est tellement léger et peu approfondi qu'il vous fait passer pour un devin. Là encore, on aurait pu imaginer une série de combats en duo impressionnants, un rite initiatique père / fils qui fait dans l'introspection des personnages, un rythme qui va crescendo jusqu'à un dénouement que nous n'aurions pas pu voir venir. Eh bien non, malheureusement ! Tout est prévisible de bout en bout.
D'autant que Shyamalan n'y va pas avec le dos de la cuillère dans sa peinture de la relation père/fils. Se vautrant dans un sentimentalisme assez navrant, il égrène un à un les clichés du fiston qui veut plaire à tout prix à son papa trop charismatique. On a bien compris l'analogie lourdingue de la superstar hollywoodienne, face à son rejeton qui tente aussi de faire carrière.
Qui plus est, l'histoire "d'After Earth", trop prévisible donc, s'embourbe assez vite dans une aventure très linéaire et sans aucune surprise. Malgré quelques belles images, un message écolo intéressant et des séquences spectaculaires assez sympa, on n'arrive jamais à être pris par l'univers SF de Shyamalan. Dommage, car on a avait vraiment envie de faire le voyage. Mais tout ça sonne trop faux, trop "cheap", et même trop ringard pour fonctionner.
Pourtant, derrière la caméra, le réalisateur retrouve une certaine maîtrise bienvenue. Pour donner vie à ce scénario, les caméras sont donc aux commandes de Shyamalan, qui admettons-le tout de suite, n’avait pas tourné aussi bien depuis "The Village". Libéré de ses ambitions conceptuelles auteurisantes, et surtout encadré par la famille de producteurs, le cinéaste a pu se concentrer sur sa mise en images et le résultat est assez plaisant.
Ses angles et mouvements de caméra sont à la fois discrets et élégants, servant son intrigue en l’illustrant de manière symbiotique (par exemple, en adaptant ses plans aux situations ou aux conditions émotionnelles des personnages), non sans offrir quelques passages de bravoure (le vol plané, magnifique) et plans à l’ambition iconique. Toutefois, son style ne se perd pas, et si l’on apprécie son découpage ample, c’est parce qu’il contraste avec le reste des blockbusters saisonniers, qui poursuivent leur course toujours effrénée après le rythme supersonique ne laissant aucune place au spectateur.
Au final, si vous n'êtes pas trop regardant sur les qualités d'un scénario, que vous aimez les réussites visuelles et que la moralisation sur l'état de la planète ne vous donne pas directement de l'urticaire, vous apprécierez sans doute ce film. N'y allez pas par contre pour voir Will Smith au meilleur de sa forme ou pour le jeu des acteurs. Ceux-ci ne doivent pas être plus de vingt en comptant les figurants et seul le duo de choc a droit à plus de dix lignes de texte.
"D'After Earth", nous attendions sans doute trop de choses et, au final, nous n'avons obtenu qu'un mélange un peu raté entre différentes histoires que l'on nous avait déjà bien mieux racontées. Dommage. On pourrait regretter le temps où M. Night Shyamalan était maître de ses sujets. Toutefois, au service de la famille Smith, le cinéaste s'efface, mais trouve une forme d'élégance classique. "After Earth" n'est pas, de loin, le plus mauvais de ses films !!!

Paolo Sorrentino - La grande bellezza : Une vision critique, inquiétante, mais oh combien sublime de la société romaine !!!


Note : 4.25 / 5 

Synopsis :
Rome dans la splendeur de l’été. Les touristes se pressent sur le Janicule : un Japonais s’effondre foudroyé par tant de beauté. Jep Gambardella, un bel homme au charme irrésistible malgré les premiers signes de la vieillesse, jouit des mondanités de la ville. Il est de toutes les soirées et de toutes les fêtes, son esprit fait merveille et sa compagnie recherchée.
Journaliste à succès, séducteur impénitent, il a écrit dans sa jeunesse un roman qui lui a valu un prix littéraire et une réputation d’écrivain frustré. Il cache son désarroi derrière une attitude cynique et désabusée qui l’amène à poser sur le monde un regard d’une amère lucidité. Sur la terrasse de son appartement romain qui domine le Colisée, il donne des fêtes où se met à nu "L’appareil humain" (le titre de son roman) et se joue la comédie du néant.
Revenu de tout, Jep rêve parfois de se remettre à écrire, traversé par les souvenirs d’un amour de jeunesse auquel il se raccroche, mais y parviendra-t-il ? Surmontera-t-il son profond dégoût de lui-même et des autres dans une ville dont l’aveuglante beauté a quelque chose de paralysant ? 

Critique :
Paolo Sorrentino est un des chouchous du Festival de Cannes. On peut comprendre cet engouement, car le réalisateur de "Il Divo" a toutes les qualités qui rappellent aux cinéphiles le passé glorieux du cinéma d'auteur italien, au premier rang desquels figure bien entendu Federico Fellini, couronné par la Palme d'Or en 1960 avec "La Dolce Vita". "La Dolce Vita", justement, dont le héros, Marcello Rubini, plumitif aux ambitions littéraires frustrées peut apparaître comme l'ombre de ce que fut Jep Gambardella dans sa jeunesse, et qui dessine au long de son errance nocturne dans la Ville Éternelle le brouillon du parcours que va suivre le dandy désabusé qui court à la recherche d'une si grande beauté un demi-siècle plus tard.
Sorti en même temps qu’il était présenté en compétition à Cannes, cet ironique voyage au bout d’un désenchantement est surtout un splendide hommage à la Ville Éternelle. A sa beauté qui parfois coupe le souffle aux touristes jusqu’au malaise, comme dans la séquence d’ouverture. A ses fantômes, aussi, dont ceux qui, venus de l’âge d’or des studios mythiques et aujourd’hui déserts de Cinecitta la mythique, peuplent toujours notre mémoire cinéphilique. Un peu long (2 h 22) sans doute, parfois un peu redondant, peut-être. Mais étrangement envoûtant !
Plongée désenchantée dans une Rome hantée par des bourgeois à la flamboyante vanité, "La grande bellezza" est un film grandiloquent, opulent, dans lequel Paolo Sorrentino évoque Fellini et Scola tout en affirmant son langage, fait d’incessants mouvements de caméra et d’un goût prononcé pour l’emphase et l’hyperbole. Mais derrière ce style affirmé se cache une sensibilité rare, que Sorrentino partage avec son acteur fétiche, Toni Servillo.
Les mouvements de caméra virtuoses qui laissent le souffle court et les yeux exorbités, le sens tétanisant du montage pop, une pensée se déployant selon un rythme quasi hallucinatoire... Dès les premiers plans de "La grande bellezza", on comprend que c’est gagné. La page "This Must Be the Place" est tournée, l’escapade new wave avec Sean Penn n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. Paolo Sorrentino est de retour à la maison en compagnie de son acteur fétiche donc, le génial Toni Servillo, pour une nouvelle dérive mentale dans le cerveau en surchauffe d’un homme au soir de sa vie.
Si l'on excepte l'homme politique Giulio Andreotti dans "Il Divo", Paolo Sorrentino ne filme que des lâches et des las. Le temps a grignoté ces zombies, ils vivent mal et en ont honte. Avant qu'il ne soit vraiment trop tard, ils se forcent à entamer un parcours : le héros de "L'Uomo in più" part à la recherche de son homonyme, son double et celui des "Conséquences de l'amour" se rue, au risque d'en mourir, à la poursuite de sa dignité perdue. Parce qu'ils ont somnolé une grande partie de leur pauvre vie, parce qu'ils ont pris du retard, en somme, Sorrentino semble les presser sans cesse, les pousser aux fesses avec sa caméra.
Il y avait déjà quelque chose de profondément désabusé dans la description de la société romaine en 1960 faite par Fellini, alors même que l'Italie n'avait pas encore connu les années de plomb et la déliquescence morale du berlusconisme. On retrouve des prolongements aux thèmes de la "Dolce Vita".
Au faux miracle de la Vierge s'opposent la sainte édentée qui reçoit les représentants de toutes les religions et le cardinal "papabilisable" qui fuit la réponse aux questions existentielles de Jep, les discussions intellectuelles chez Steiner trouvent un écho dans les joutes futiles qui se jouent sur la terrasse de Jep, et les errances nocturnes de Marcello et Maddalena inspirent les déambulations de Jep qui croise Fanny Ardant. Et puis à la frivolité blasée de la jet set romaine des années 60 vient s'ajouter la vulgarité de l'époque post-moderne, et les effets de la pourriture de la société symbolisée par le mystérieux voisin de Jep qui se fait arrêter par la brigade financière.
À travers Jep, ses déambulations mélancoliques, ses conversations baroques, ses ruminations amères, ses aphorismes cyniques, le metteur en scène observe une Italie post-Berlusconi en pleine déconfiture culturelle et morale. Et c’est bien sûr tout sauf un hasard si Céline est cité en exergue. Comme l’auteur du "Voyage au bout de la nuit", le cinéaste vomit la médiocrité de ses contemporains. Comme lui, il part au combat avec pour seule arme la suprématie de son style. En l’occurrence, un cortège de visions folles, d’embardées opératiques et de décrochages sensuels, à la fois hanté par la littérature et totalement électrisant, sans aucun équivalent dans le cinéma de la Péninsule.
Et si on pense tellement au créateur de "La dolce vita" et "d’Intervista", ce n’est finalement pas tant pour le déchaînement de bouffon et le défilé de saintes, de freaks et de putains, que parce que Sorrentino donne l’impression d’errer, seul, dans les décombres fumants de l’âge d’or du cinéma italien. En cela, il est raccord avec son alter ego incarné par Servillo, un homme obsédé par une chimère, un esthète à la recherche de l’idéal insaisissable qui donne son titre au film. En bout de course, il finira par la trouver, et nous avec lui.
La critique est divisée devant "La Grande Bellezza", entre ceux qui admirent l'inventivité et l'ambition de Sorrentino, et ceux qui dénoncent la prétention et la durée excessive du film. C'est peut-être bon signe, car une telle œuvre ne peut prétendre au consensus, et les choix radicaux du réalisateur napolitain, que ce soit dans l'écriture du scénario ou dans le travail de la photographie de Stefania Cella, ne peuvent plaire à tout le monde, surtout quand on voit comment ils s'opposent au minimalisme seventies de "Only God Forgives". Alors certes, 2 h 22, c'est long, et on frôle la saturation aux deux-tiers du film devant un tel foisonnement, mais le basculement de la fin vers une sobriété qui correspond à celui de l'état d'esprit du héros retend l'attention et amène une réelle émotion en écho au sentiment que Jep résume à "la tristesse disgracieuse de l'homme misérable".
Au final, douze ans après ses débuts, Sorrentino signe avec "La grande bellezza" son grand œuvre. Il y filme avec nostalgie l’architecture romaine, symbole d’une splendeur passée, de cette Italie qui a tant apporté à la culture, à la peinture, à la littérature et évidemment au cinéma.
D’où l’indicible mélancolie qui se dégage de ce film bouleversant et formellement époustouflant. Lorsque s’envolent en guise de tableau final des flamants roses, après qu’une vieille religieuse au visage parcheminé eut apporté une touche d’humanité à ce ballet virtuose où tournoient les ego, difficile de ne pas être ému. Tout à la fois pesant et virtuose, agaçant et fascinant, "La Grande Bellezza" a les défauts de ses qualités, mais il possède le très grand mérite devenu rare de nos jours de porter une formidable ambition de cinéma, et rien que pour ça, il mérite d'être vu !!!

Brian Singer (1995) - Usual Suspects : L'art suprême de la mystification !!!


Note : 4.5 / 5 

Synopsis :
Une nuit, dans le port de San Pedro, en Californie, l’explosion d’un cargo fait une trentaine de morts. Il n’y a que deux survivants : un marin hongrois gravement brûlé et un petit escroc boiteux de New-York.
Tandis que le hongrois est expédié à l’hôpital, le boiteux, Roger "Verbal" Kint (Kevin Spacey) est interrogé par la police et par un agent des douanes new-yorkais, Dave Kujan (Chazz Palminteri). Il va alors lui raconter une étrange histoire où lui-même et quatre autres bandits, réunis par hasard, vont se faire manipuler par un criminel légendaire, Keyser Söze. 

Critique :
Qui est Keyser Söze ? Un fantasme, une identité volatile qui change de visage au gré de nos soupçons. En 1995, ce polar insolite s'imposait comme "LA" devinette de la saison. A la sortie des salles, ceux qui "savaient", encore ébahis par les infernales montagnes russes dans lesquelles on les avait embarqués, enviaient les autres. "Usual Suspects" est pourtant un film qu'on se plaît à revoir pour le plaisir d'en décortiquer les rouages. Avec son intrigue violente et tortueuse, Bryan Singer se joue des ficelles du polar classique. Bien mieux, il nous ligote avec.
Bien avant de briller avec "X-Men" ou de sombrer avec "Superman Returns", Bryan Singer a signé, avec "Usual Suspects", un des thrillers les plus surprenant qu'il m'ait été donné de voir et dont le scénario original déroule une intrigue diaboliquement efficace. Ce chef-d’œuvre ne pourra jamais laisser personne indifférent.
La plus grande astuce de Bryan Singer, c'est d'avoir convaincu son public "qu'Usual suspects" est un grand film et, à n'en pas douter, c'est bien le cas ! Et sur ce point, je ne peux m'empêcher de voir une corrélation avec une phrase de Kevin "Verbal" Spacey dans le film : "Le coup le plus rusé que le diable ait réussi, c’est de convaincre tout le monde qu’il n’existe pas" !
Après un premier film méconnu ("Public access"), mais déjà à bien des égards prémonitoire de ce qui allait suivre, Bryan Singer stupéfia un public de plus en plus chloroformé avec "Usual suspects". D'une roublardise sidérante de virtuosité, ce dernier fait partie de ces films qui méritent obligatoirement deux visions. Une pour avoir le plaisir de se faire rouler dans la farine dans les grandes largeurs, et une autre bien sûr, pour décortiquer tous les paramètres et situations décrites afin de trouver une éventuelle faille dans la mécanique du récit (en vain !).
Avec seulement 4 millions de dollars de budget et tourné en 35 jours, ce thriller psychologique a rencontré un franc succès, qu'il soit critique ou populaire. Le film débute sur un interrogatoire de cinq malfrats, soupçonnés d'avoir pris part à l'explosion d'un cargo. Très rapidement, ils se rendent compte qu'ils n'ont pas été réunis au hasard et que le "Diable", Keyser Söze, un mystérieux malfaiteur, va leur proposer un coup où, s'ils réussissent, ils pourront partager un butin de 91 millions de dollars.
D'abord donc, la mise en place, énigmatique, qui nous dépeint à travers l'œil d'une petite frappe le troublant Kaiser Sozë. Un récit méticuleux qui ne manque pas de captiver le spectateur, qui suit une introduction des protagonistes principaux très hollywoodienne.
Tandis que la narration suit son cours, "Usual Suspects" captive de plus en plus l’intérêt du spectateur et le talent de conteur de Bryan Singer y est pour beaucoup. Et très habilement, le réalisateur stoppe net le flot d'informations qui vient au spectateur. Il ne livre plus qu'au compte-goutte les informations nécessaires à la quête de compréhension du mystère Kaiser Sozë, dont on ne voit jamais le visage.
Les hypothèses sont tour à tour éludées, les questions fusent et le spectateur est complètement manipulé. Mais même en suivant avec attention le spectateur peut-il seulement y voir clair ? Singer montre des lieux et des événements qui paraissent anodins et qui prendront plus tard toute leur importance, mais bien malin celui qui pourra les déceler au premier coup d'œil.
Ainsi l'intrigue lancée, on part sur un scénario dont la narration est non-linéaire : des flashbacks et des flashforwards se croisent et se décroisent, basés sur les témoignages de Verbal Kint (Kevin Spacey). Le tout est magnifiquement ficelé, intelligemment mis en place et tout se délie au fur et à mesure. Ce système de narration est, notons-le, assez déroutante au départ mais on s'y habitue facilement. L'Oscar du meilleur scénario est tout à fait mérité. La véritable intrigue est de savoir qui est ce fameux Keyser Söze et très vite, l'étau se resserre jusqu'à arriver à une conclusion étonnante !
Ainsi, ce qui fait la force de ce film, c’est d’abord la grande qualité de son scénario. Dès le début, on est pris par l’histoire et notre intérêt ne faiblit jamais. La structure est habile (des flash-backs durant un interrogatoire donc). On est scotché à ces 5 malfrats (Verbal, Keaton, McMannus, Fenster et Hockney) et à leur aventure. Mais rapidement, l’intrigue se complexifie. Il ne faut louper aucune image, aucune ligne de dialogue.
Chaque danger rencontré par nos cinq anti-héros en amène un autre qui débouche lui-même sur un autre. C’est une construction en poupées russes. On a l’impression d’avoir tout compris dès le départ mais en fait, plus on avance, plus on est perdu et plus l’histoire se révèle être autre chose que ce qu’elle paraissait de prime abord.
Tout cela est renforcé par le personnage de Keyser Söze, un génie du crime légendaire (existe-t-il vraiment ?) que personne n’a jamais vu mais que la rumeur décrit comme un psychopathe machiavélique, déterminé et impitoyable. Une sorte de Marque Jaune ou de Professeur Moriarty des temps modernes, que certains assimilent au diable en personne. Mais peut-être n’est-il qu’une rumeur ou une légende urbaine ? Qui sait ? En tout cas, les dangers qu’il fait courir aux protagonistes de cette histoire sont bien réels !
Constamment, tout se dérobe. On va de chausse-trape en chausse-trape. Ce que l'on croyait vrai l'instant d'avant devient doute l'instant d'après. On navigue entre un être diabolique, mais invisible, un flic vivant que l'on croyait mort et une cargaison de drogue qui ne sera qu'un mirage de plus comme dans tous les grands romans et films noirs, c'est la désillusion qui l'emporte.
En utilisant à foison la technique éculée du flashback on aurait pu voir le réalisateur tomber dans le piège de l'ennui et du manque de clarté. Mais les acrobaties effectuées avec ces incessants retours au passé sont parfaitement maitrisées et l'équilibriste Singer domine son sujet. Les caractères fouillés des personnages ne faisant que rendre encore plus réussie la création d'une atmosphère pesante.
Car c'est aussi une des forces indéniable du film : le casting. Kevin Spacey à contre-emploi est insolent de facilité. Benicio Del Toro séduit, Stephen Baldwin colle littéralement à son personnage et Gabriel Byrne réussit à imposer un style sobre et rugueux à la fois. Même Kevin Pollak qui n'a pas mes faveurs d'ordinaire n'arrive pas à me faire ajouter un bémol.
Les personnages sont incroyablement bien campés et les dialogues sont juste formidables. McQuarrie, le scénariste, s’est servi de son vécu d’enquêteur privé et ça se sent. Tous les protagonistes sonnent justes et sont authentiques. Il y a aussi de l’émotion, par moments : l’histoire d’amour entre Keaton (incarné par un magnifique Gabriel Byrne) et l’avocate Eddie Finneran. Mais quelquefois, c’est au coin d’un dialogue que cette émotion affleure. Par exemple, quand, à San Pedro, McMannus (Baldwin), juste avant de faire le "gros coup" lance: "Il doit pleuvoir à New-York". New-York représentant là sa vie passée et sa sécurité qui s’est envolée. Quant aux acteurs donc, ils sont TOUS incroyables et livrent là des interprétations de haute volée. Petit hommage à feu Pete Postlewhaite qui campe un inquiétant avocat, sardonique à souhait.
Au final, outre son formidable scénario qui étonne jusqu’à la fin, le film est réalisé de main de maître par Bryan Singer. Chaque mouvement de caméra, chaque cadrage, chaque entrée de personnage dans le champ, traduit quelque chose et nourrit à la fois le suspens de l’histoire et la paranoïa qui s’installe dans l’esprit du spectateur. Même un plan en plongée anodin sur une tasse à café a un sens caché.
C’est tout simplement miraculeux pour un deuxième film. Même si Singer n’a rien perdu de son talent (comme le démontre l’excellent "Walkirie"), il n’a jamais vraiment retrouvé l’état de grâce de sa réalisation sur "Usual Suspects". Il est bien secondé par le travail du monteur/compositeur (superbe thème principal) John Ottman et du directeur de la photo Newton Thomas Sigel.
"Usual suspects" est le genre de film qu’il faudra voir deux fois une première fois pour le plaisir d’être manipulé, une seconde pour le plaisir encore plus intense de comprendre et de disséquer les mécanismes de la manipulation. En bref, "Usual Suspects" est un chef-d’œuvre, un polar noir bourré de chausse-trappes et de retournements de situations inattendus jusqu’à cette fin qui reste l’une des plus célèbres de l’histoire du cinéma !!!

Jeff Nichols - Mud : Un film riche et magiquement maîtrisé, atteignant parfois l'évidence des grands classiques !!!


Note : 4 / 5 

Synopsis :
Ellis et Neckbone, 14 ans, découvrent lors d’une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississipi. C’est Mud : un serpent tatoué sur le bras, un flingue et une chemise porte-bonheur.
Mud, c’est aussi un homme qui croit en l’amour, une croyance à laquelle Ellis a désespérément besoin de se raccrocher pour tenter d’oublier les tensions quotidiennes entre ses parents. Très vite, Mud met les deux adolescents à contribution pour réparer un bateau qui lui permettra de quitter l’île. Difficile cependant pour les garçons de déceler le vrai du faux dans les paroles de Mud. A-t-il vraiment tué un homme, est-il poursuivi par la justice, par des chasseurs de primes ? Et qui est donc cette fille mystérieuse qui vient de débarquer dans leur petite ville de l’Arkansas ? 

Critique :
"Mud" est une aventure initiatique de deux pré-ados sur une île, fuyant la petitesse et la résignation des adultes. Le jeune réalisateur Jeff Nichols était particulièrement attendu, un an après la révélation de "Take Shelter", époustouflant film d'apocalypse mental.
Nichols laisse de côté le mystère vaporeux de son précédent long-métrage mais reste au sud, dans l’Arkensas cette fois-ci et nous livre un magnifique récit initiatique. La bande-annonce de "Mud" est trompeuse, elle laisse entendre un thriller inquiétant. Si le film n’est pas exempt de suspens et tension, il n’est pas vraiment un polar. C’est un film sur l’enfance et la figure paternelle.
L’année dernière, lorsque le British Film Institute a demandé à Jeff Nichols d’établir sa liste des dix meilleurs films de tous les temps, celui-ci s’est débrouillé pour y caser pas moins de quatre longs métrages avec Paul Newman. Rien que ça. Plutôt qu’un délire monomaniaque, il fallait y voir une profession de foi cinéphile qui ne surprendra aucun spectateur de "Mud".
En choisissant comme protagoniste de son troisième film un hobo charismatique, le cinéaste a en effet offert à Matthew McConaughey le genre de rôle que Newman tenait dans les 60s. Celui d’un antihéros séduisant et mystérieux, d’un type solitaire qui débarque dans un patelin du sud des États-Unis, chamboule la vie de ses habitants et distille des maximes cool d’une voix traînante avant de repartir dans le soleil couchant.
En trois films seulement, "Shotgun Stories" (2007), "Take Shelter" (2011) et aujourd'hui "Mud", le petit gars de Little Rock, Arkansas, s'est fait un nom. À 34 ans, Jeff Nichols est devenu l'une des figures marquantes du cinéma indépendant américain. Un mètre quatre-vingt-dix sous la toise, les yeux bleus délavés par le soleil, un accent à couper au couteau, voici Jeff Nichols, beau gosse et sudiste indécrottable.
Le Deep South, il l'a dans la peau, il y a tourné tous ses films. Dans "Mud", le cinéaste invoque entre les mânes de Mark Twain, William Faulkner, Flannery O'Connor, ces auteurs qui ont bercé son enfance et son adolescence, tout en revenant sur ses thèmes de prédilection, la nature et ses sortilèges, la famille qui se délite et se désagrège.
Après les champs de blé de l'Arkansas dans "Shotgun Stories", après les horizons infinis de l'Ohio dans "Take shelter", Jeff Nichols s'est installé sur les bords du Mississippi, entre l'eau et la forêt. Un décor de maisons flottantes et de motels sans âme, filmé avec réalisme, mais où l'imaginaire est au coin de la rive ! C'est là que vivent Ellis, 14 ans, et son copain Neckbone, un orphelin débrouillard. Des Tom Sawyer et Huckleberry Finn d'aujourd'hui qui, plutôt que de s'ennuyer à l'école, préfèrent naviguer sur le fleuve.
Au cours d'une de leurs expéditions, les deux inséparables découvrent une île déserte où tout devient possible. Même un bateau perché dans un arbre à dix mètres du sol. Même un héros de roman d'aventures en chair et en os, qui a le visage buriné et le charisme de Matthew McConaughey. L'homme, sorti de nulle part, se fait appeler Mud, il a un serpent tatoué sur le bras, un revolver à la ceinture et des bottes qui laissent des empreintes en forme de croix. Mud a tué par amour pour la belle Ju­niper (Reese Witherspoon, très touchante en Barbie paumée). Les deux enfants deviennent les chevaliers servants du prince du bayou, aux prises avec des tueurs à gages.
"Mud" est un récit empreint de classicisme mais au bon sens du terme. Il séduit par le calme qui règne dans ce film pourtant parcouru par des péripéties. Chaque scène est d’une beauté majestueuse tandis que les acteurs sont tous très justes, et n’en font pas des tonnes malgré des rôles archétypaux. "Mud" est empreint d’une douceur, celle de l’enfance, tout le film est vu à la hauteur d’enfant et à travers les yeux d’Ellis. Un film bourré d’optimisme dont tous les personnages sortent grandis.
La fascination qu’exerce le film est en grande partie due à la performance radieuse de McConaughey, qui n’aura jamais autant mérité son surnom de "bouddha redneck". Nichols le met en scène avec l’amour d’un fan, à hauteur d’enfant, l’histoire étant racontée du point de vue d’un ado aventureux, sorte d’alter ego du cinéaste. "Mud", c’est la rencontre entre Tom Sawyer et Luke la main froide. Un récit initiatique qui aspire à tutoyer les mythes fondateurs de l’Amérique (l’opposition entre la liberté et la loi, l’irruption de la violence dans une nature édénique,…) en charriant dans son sillage tout un pan de la culture "Southern Gothic", cette tradition qui va de Mark Twain à Faulkner, de "La Nuit du chasseur" à "La Balade sauvage". Au lieu d’écraser le réalisateur, ces influences lui permettent d’aérer son cinéma, de sortir du système claustrophobe mis en place dans "Shotgun Stories" et "Take Shelter".
Au final, dans "Mud", l'idéal de l'enfance se heurte aux compromis de l'âge adulte, par la découverte du mensonge et la douleur du premier chagrin d'amour. Dans ce film sensuel et lumineux, Jeff Nichols prend le temps de creuser les relations entre Ellis et son père et de développer de solides seconds rôles (un drôle de scaphandrier joué par Michael Shannon, un as de la gâchette taciturne incarné par Sam Shepard). Le récit progresse au rythme paisible du fleuve, mais la violence peut survenir à tout moment. Qu'elle soit feutrée ou explosive, comme dans l'impressionnante fusillade finale. On savait le réalisateur doué pour la contemplation, le voilà aussi expert en scènes d'action !!!

Joseph Kosinski - Oblivion : De la science-fiction assez spectaculaire, empruntant des sentiers, certes connus et prévisibles, mais avec brio !!! 

Note : 4 / 5 

Synopsis :
2077 : Jack Harper, en station sur la planète Terre dont toute la population a été évacuée, est en charge de la sécurité et de la réparation des drones. Suite à des décennies de guerre contre une force extra-terrestre terrifiante qui a ravagé la Terre, Jack fait partie d’une gigantesque opération d’extraction des dernières ressources nécessaires à la survie des siens. Sa mission touche à sa fin. Dans à peine deux semaines, il rejoindra le reste des survivants dans une colonie spatiale à des milliers de kilomètres de cette planète dévastée qu’il considère néanmoins comme son chez-lui.
Vivant et patrouillant à très haute altitude de ce qu’il reste de la Terre, la vie "céleste" de Jack est bouleversée quand il assiste au crash d’un vaisseau spatial et décide de porter secours à la belle inconnue qu’il renferme. Ressentant pour Jack une attirance et une affinité qui défient toute logique, Julia déclenche par sa présence une suite d’événements qui pousse Jack à remettre en question tout ce qu’il croyait savoir.
Ce qu’il pensait être la réalité vole en éclats quand il est confronté à certains éléments de son passé qui avaient été effacés de sa mémoire. Se découvrant une nouvelle mission, Jack est poussé à une forme d’héroïsme dont il ne se serait jamais cru capable. Le sort de l’humanité est entre les mains d’un homme qui croyait que le seul monde qu’il a connu allait bientôt être perdu à tout jamais. 

Critique :
L'année 2013 s'annonce comme un festin science-fiction (SF) avec les prochaines sorties de "After Earth" (le dernier Night Shyamalan avec Will et Jaden Smith), "Elysium" (avec Matt Damon), "Pacific Rim" (le dernier Guillermo Del Toro), "Iron Man 3", "Man of Steel", et j'en passe... ! Et "Oblivion" se démontre une belle mise-en-bouche.
"Oblivion" est le genre de film dont il est difficile de rendre compte tant une partie de ses attraits réside dans la façon dont le récit se retourne régulièrement à mesure que se succèdent divers coups de théâtre, un récit où les apparences s'effondrent pour céder la place à des vérités plus ou moins extraordinaires. Certes, pour qui est un peu habitué à la littérature ou au cinéma dits de science-fiction, un certain nombre de ces surprises n'en seront pas véritablement ! Disons qu'elles renvoient à une certaine manière, un peu systématique, d'utiliser des postulats délirants pour dévoiler, allégoriquement, l'envers de diverses illusions, métaphysiques ou non.
Un réalisateur prometteur qui s’est un peu cassé les dents dans la suite d’un film culte, un acteur en phase de reconquête de son public et qui revient à la science-fiction, une intrigue mystère et des premières images de toute beauté, "Oblivion" avait tout du projet excitant, une promesse de grand film évènement. Je vous rassure tout de suite, même s'il n'atteint pas complètement les promesses espérées, le film reste une belle réussite !
"Oblivion" se traduit par "Oubli". Un titre plus qu’approprié pour ce cher Tom Cruise qui, toujours à la recherche de nouveaux succès, tient à rappeler qu'il reste une star incontournable du cinéma d'action en revenant ici à un genre (la SF) qui lui a particulièrement réussi jusqu'ici si on se souvient des cartons au box-office de "Minority report" et de "La Guerre des mondes". Il se lie ici avec le metteur en scène Joseph Kosinski, infographiste de talent tout juste promu réalisateur depuis son remake de "Tron". Avec son univers post-apocalyptique et son design à la fois sophistiqué et épuré, le film, sorte de "Je suis une légende" futuriste a en effet tout du projet original et singulier.
Adapté d'un comics-book créé par Joseph Kosinski et Arvid Nelson, "Oblivion" se dévoile dans ses premières minutes comme un film majeur de la science-fiction, très loin du blockbuster calibré que j'attendais. Film intimiste aux décors sidérants et à l'univers riche, le long-métrage ne manque alors pas de rappeler l'ambiance de départ de "Wall-E" (excepté qu'ici le héros n'est pas totalement seul). Pendant toute une première partie, nous assistons ainsi au quotidien de Jack, dont la vie n'est certes pas sans danger, mais indéniablement aussi morne que peut l'être le sol de la planète.
En réalisant "Tron : L'héritage", suite de "Tron" film culte des 80's, Kosinski nous avait gentiment remis les idées en place avec un déluge visuels flashy. Véritable ode au code couleur des années 80, il nous rappelle au passage qu'un film pouvait tout à fait capitaliser sur un intérêt purement formel et n'exister que pour le plaisir des yeux et des oreilles (la BO de Daft Punk étant tout simplement sublime. Il n'y a donc rien d'étonnant que le metteur en scène reprenne plus ou moins la même recette dans la mise en œuvre de son deuxième long métrage, tout en visitant cette fois d'autres segments du cercle chromatique.
Dans une première partie, l'univers présenté à l'écran fonctionne très bien. On prend même plaisir à suivre le quotidien de Jack Harper et de Vika comme derniers gardiens de la mémoire de l'humanité et on ne demande qu'à voir développer cette nouvelle Terre composée de drones et de stations orbitales. Visuellement, le film est une véritable claque. Paysages désertiques lumineux, structures humaines emblématiques en ruine, designs technologiques, c’est d’une beauté sans nom.
Et quelle bonne idée de n’avoir pas gâché tout ça avec des lunettes 3D, ce qui auraient assombri l’image. La réalisation de Joseph Kosinski est aérienne. Les effets spéciaux sont bluffants. Plus que jamais, le réalisme atteint un niveau extrême. Les objets, décors et paysage de synthèse offrent un degré de détail inégalé qui renforce leur matérialité.
L'installation est donc un sommet de science-fiction, sachant imposer une ambiance et créer une tension sans avoir recourt à de quelconques artifices. Si l'ambiance est mise en place par la maîtrise de la mise en scène, elle l'est également par tout le travail tournant autour des designs (de pièces intérieures tout comme ceux des véhicules), des mattes painting, des décors naturels ou encore de l'écriture des dialogues qui apportent une certaine froideur.
Seule la musique d'Anthony Gonzalez / M.8.3 s'avère être un grain de sable dans cette belle machine, et ce tant cette dernière souffre d'un manque flagrant de créativité de par sa parenté assez sidérante avec les partitions de "Tron : l'héritage" et de "The Dark Knight". Reste que mis de côté ce détail, cette première partie représente le rêve pour tout amateur de science-fiction. Ici, pas de thriller camouflé ou de monde virtuel, mais un film réellement ambitieux, aux décors vastes, recherché et à l'univers aussi fascinant qu'intriguant.
C'est quand il s'agit de dévoiler son histoire que le film se prend un peu les pieds dans le tapis au moment où le héros se reconnecte progressivement à son passé en la personne de Julia (Olga Kurylenko). Les révélations s'enchaînent alors de façon laborieuse et, à force de vouloir convoquer tous les grands concepts de la science-fiction, le film pourra perdre certains de ses spectateurs. Surtout qu'en matière de réflexion sur le pouvoir de la mémoire, "Solaris" est déjà passé par là. Un travers qu'on retrouvait déjà dans le précédent opus du réalisateur, au moment où le film tentait d'aborder la relation père-fils avec Jeff Bridges.
Ainsi, de faux-semblants en clonage, de mensonges d’état en multiples conspirations, Kosinski puise dans la grammaire la plus classique du genre les (nombreux) rebondissements dont il émaille cet "Oblivion" prévisible, à peine bousculé par quelques scènes de batailles virtuoses virant parfois à l’abstraction. Mais c’est à sa marge que le film intrigue enfin, lorsqu’il installe une tension mélodramatique entre ses trois survivants aux identités flottantes, tous liés par de vieux désirs refoulés et la conscience d’avoir été réunis ailleurs, dans une autre vie.
C’est moins sa pente spectaculaire qui captive dès lors que ce suspens sentimental et mémoriel tissé au cœur d’un triangle amoureux, où chacun tente de se souvenir ce qu’il fut pour l’autre et de recomposer les strates de sa mémoire manquante. Une quête existentielle que troublent encore un peu plus la beauté plastique et l’opacité naturelle de ses acteurs, filmés comme des clones défaillants dans cette relecture du concept de "Total Recall" de Paul Verhoeven d’où émerge une belle étrangeté.
La deuxième partie, qui reste en tout de même assez attachante, est cependant quelque peu plus conventionnelle donc, rappelant une sorte de patchwork de plusieurs autres films, utilisant quelques raccourcis malheureux.
Cette deuxième partie retrouve un côté bien plus ancré blockbuster avec des courses-poursuites (dont une terriblement  sidérante), des combats explosifs, un certain nombre de grandes, et petites, révélations. Si cela paraît pour une partie dispensable, il paraît honnête de dire que ce côté "spectacle" est loin d'être désagréable et amène même quelques morceaux de bravoure aussi mémorables que gratuits.
Si Kosinski semble visiblement avoir intégré les codes de la SF, alignant des thèmes fétiches du genre tels que la dystopie, le clonage ou l'exploration spatiale, le problème est qu'il n'en tire pas vraiment partie. Malgré ce défaut, "Oblivion" reste de très bonne facture et, surtout, une des rares créations originales estampillées SF de l'année.
Le casting est quant à lui plutôt solide, Tom Cruise en tête qui interprète toujours aussi merveilleusement les héros. On peut penser ce qu’on veut de l’homme, l’acteur reste impressionnant. Et particulièrement sa propension à exécuter ses propres cascades, ce qui renforce la réalité de ses personnages. C’est particulièrement frappant dans "Oblivion" tant Cruise est omniprésent à l’écran.
Alors oui, le personnage de Morgan Freeman est construit un peu trop comme le second rôle "cool", avec ses répliques pleines de bons sens et ses lunettes noires, mais le job reste accompli avec classe. On ne peut pas terminer ici sans parler de la direction de la photographie tant Claudio Miranda, aidé par des moyens financiers certainement considérables, accomplit un travail exemplaire et propose visuellement ce qui se fait de mieux en terme de rendu.
Au final, si le film accuse donc une certaine baisse de rythme en son milieu, il reste d'une grande qualité visuelle tout du long et sait se révéler efficace jusqu'à sa toute fin. Une ambition esthétique accouplée à la présence de Tom Cruise de tous les plans qui devrait empêcher le film de définitivement tomber dans l'Oubli... sans pour autant rester mémorable par son histoire.
Malgré une affiche teaser assez intrigante et une bande-annonce prometteuse, mais qui donnait une impression de voir déjà tout le film, nous pouvions émettre quelques doutes légitimes vis-à-vis "d'Oblivion", surtout en sachant que Joseph Kosinski avait signé une suite à "Tron", visuellement spectaculaire mais au scénario particulièrement insipide. La première bonne nouvelle est que la bande-annonce "d'Oblivion" est loin de tout raconter, la deuxième est que Kosinski signe ici un très grand film de science-fiction, certes pas aussi parfait dans sa durée que pendant son exceptionnelle première partie, mais d'un niveau qualitatif tel que j'aimerais en voir plus souvent sur toile !!!

Zack Snyder - Superman, Man of Steel : Une bande d'annonce, prémisse d'un film qui va faire référence ?


Note : 4.75 / 5 (pour l'attente) 

Synopsis :
Un petit garçon découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et qu'il n'est pas né sur la Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple afin de comprendre d'où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s'il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour toute l'humanité…
Superman va devoir affronter deux autres survivants de la planète Krypton, le redoutable Général Zod, et Faora, son partenaire. 

Attente :
Au vu de la dernière bande d'annonce, le Superman de Zack Snyder, produit par Chris Nolan, semble se faire opératique, lyrique et triste. Devons-nous à du vrai cinéma, donc ? Je l'espère fortement !
Le cinéma de Zack Snyder a toujours été opératique, et la plupart du temps à bons escient (comme dans l’ouverture de "L'armée des morts" ou dans certains passages de "Watchmen"). Cette fois, il semble avoir superbement canalisé ses élans pour "Man Of Steel", reboot de Superman. Car le nouveau trailer que vient de dévoiler Warner fait partie des plus beaux que l’on ait vu cette année dans tout son lyrisme, son ampleur visuelle et ses tristes émotions.
À vrai dire, cela me rappelle même les bandes d'annonces de "The Dark Knight Rises"… Et ce, même si Chris Nolan a assuré que le traitement effectué sur Superman n’était pas le même que celui offert à Batman. Autant dire que "Man Of Steel" s’annonce comme un gros morceau de 2013, en espérant que ces espoirs seront récompensés par le produit final. Sortie chez nous fixée au 19 juin.
Aux États-Unis, les blockbusters sont souvent montrés à une poignée de personnes longtemps avant leur sortie. Dernièrement, on a ainsi pu lire les premiers avis sur "Pacific Rim", le film de robots géants de Guillermo Del Toro, alors que les effets-spéciaux du long-métrage sont loin d'être bouclés (et pour cause, la version finale ne sortira qu'en juillet). Rebelote aujourd'hui avec "Man Of Steel", ce nouveau long-métrage consacré à Superman.
Après Christopher Reeve et Brandon Routh, c'est l'Anglais Henry Cavill qui a été choisi pour se glisser dans le costume de l'Homme d'Acier et c'est, vous l'aurez compris maintenant, Zack Snyder, qui est apprécié pour ses mises en scène très esthétiques, qui réalise ce reboot.
Jusqu'ici, la Warner Bros a réussi à garder le secret sur le contenu du film. Les premiers teasers et bandes d'annonces présentaient un film sombre, où le héros semblait plus humain que jamais. Une idée confirmée il y a peu, lorsque l'équipe a détaillé pour quelles raisons le film ne s'appelait pas Superman. Avec Christopher Nolan à la production et son frère Jonathan au scénario, accompagné de David S. Goyer, le projet n'échappe à la comparaison avec "Batman Begins", qui revenait aux origines de l'Homme Chauve-Souris de manière particulièrement dark.
Ainsi, après avoir remarquablement bien bossé sur la saga "The Dark Knight" au côté de Christopher et Jonathan Nolan, David Goyer a rempilé pour ressusciter Superman dans "Man Of Steel". Chris Nolan n’a d’ailleurs jamais caché que les idées de Goyer l’avaient convaincu de se lancer dans la production de ce reboot des aventures de l’Homme d’Acier. On imagine donc que Goyer s’est surpassé.
Est-ce à dire que, comme la trilogie "The Dark Knight", "Man Of Steel" jettera un œil quasi objectif à notre monde et à son actualité, par le biais d’une bonne fantaisie super-héroïque ? Sans doute. Et l’on imagine que Superman, héros positif et sacrificiel acceptant son destin et se fondant dans la race humaine en dépit de son statut d’extraterrestre, permettra à ce reboot de suinter d’un optimisme allant à l’encontre du cynisme actuel.
Voici ce que rapporte un de ces rares chanceux après avoir vu le film : "Imaginez une histoire de Nolan mélangée aux effets-spéciaux et au sens de l'action de Snyder, c'est simplement le meilleur film de l'année ! Il y a des TONNES de scènes d'action où Superman botte des tas de culs dans son costume et sa cape est la plupart du temps animée en numérique. Le résultat est impressionnant. L'équipe a gardé plein de séquences de super-action sous le coude. On n'a pas tout vu dans les trailers promotionnels. Le film n'est pas aussi austère et sérieux que ce qu'on pouvait penser en voyant les bandes d'annonces".

Outre la position prise de ce spectateur, tout-au-moins partisane, sa réaction est tout de même assez intéressante, car au-delà de son avis personnel, il confirme quelques éléments, comme le choix d'animer la cape du héros en numérique. On comprend mieux également pourquoi la bande-annonce officielle montrait peu les personnages entourant Clark Kent (Amy Adams en Loïs Lane, Michael Shannon en grand méchant, Lawrence Fishburne en éditeur du Daily Planet...) et pourquoi elle n'a finalement montré que peu de séquences d'action. Si la promo continue dans cette voie, les spectateurs devraient avoir pas mal de surprises sur les écrans à partir du 19 juin prochain !!!

Andy et Lana Wachowski et Tom Tykwer - Cloud Atlas : Un blockbuster transgenre d'une rare intelligence et minutie, mais qui porte en lui le germe de l'indigeste à certains moments !!!


Note : 3.75 / 5 

Synopsis :
À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces temps, des êtres se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant successivement… Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leur parcours, dans le passé, le présent et l’avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution. Tout, absolument tout, est lié. 

Critique :
Salué par les uns, décrié par les autres, voici enfin que déboule dans nos salles le nouveau film des Wachowski, accompagnés pour l’occasion par Tom Tykwer. Un mastodonte, dans tous les sens du terme, qui déchaina les passions avant même sa première projection et qui aujourd’hui continue plus que jamais de diviser. Six histoires qui se croisent sur cinq siècles, de 1849 à 2346, de l’Écosse au Pacifique en passant par la sombre et futuriste Nouvelle-Séoul ; une durée qui flirte avec les trois heures, trois réalisateurs travaillant de concours... On peut dire que Tom Tykwer, Lana et Andy Wachowski n’ont pas eu froid aux yeux.
Adapté du roman "La Cartographie des Nuages" de David Mitchell pointant dans le top des matériaux inadaptables, "Cloud Atlas" version Wacho et Tykwer explose la structure narrative pyramidale d’origine mêlant six temporalités différentes de 1850 à un futur post-apocalyptique pour proposer un format plus cinématographique sous forme de puzzle. Une complexité renforcée par la présence de comédiens récurrents mais interprétant différents rôles au sein des époques par le biais de maquillages absolument bluffants.
Alors comment donner vie à cet inadaptable roman ? Brisant les carcans narratifs linéaires par le biais d’un montage parallèle hérité de D.W. Griffith ("Intolérance", 1919), le trio fait se télescoper les genres (SF, comédie, mélo, film d’époque) et abolit les frontières spatio-temporelles. Mystique, cette conception poreuse de l’existence s’illustre à l’écran par un jeu complexe de correspondances visuelles et de travestissements, les différents personnages étant incarnés par les mêmes acteurs sous des tonnes de maquillage et de postiches un peu kitsch.
Ce qui faisait l’intérêt du roman d’origine, c’était sa parfaite cohérence malgré la complexité de construction, une cohérence que l’on retrouve de la plus pure manière au sein du film malgré la suppression de personnages essentiels au déroulé de l’histoire. Chacun de ces segments régissant le film vise à aborder les pivots fondamentaux de l’humanité, de la liberté, de la mort, du don de soi, de la croyance tout en les mixant avec des questions humanistes telles l’homosexualité, l’antisémitisme, l’amour interracial, une sorte de vision exacerbée et plus radicale que celle déjà développée dans la trilogie "Matrix". Pour faire court, "Cloud Atlas" est la mise en images de la notion de destin  à la manière des Wachowski, et ce n’est évidemment pas si simple à détailler.
Toutes ces histoires sont certes linéaires mais suivent des structures parallèles, ignorant le besoin de tout compartimenter comme cette tendance irrépressible du spectateur, et utilisant les thèmes et les petits détails comme éléments connecteurs. Ce sont des histoires qui font des allers-retours constants entre elles de scène en scène, à des intervalles importants ou ironiques, tout en prenant chacune un ton complètement différent et existant dans toute une disparité de genres.
Car à chaque temporalité correspond aussi son genre. La SF néo-"Blade Runner" croise le thriller parano seventies à la Pollack/Pakula. La romance se teinte de "screwball comedy" dans une série de sketchs dont seule la somme importe, et dont un superbe personnage résume le cœur battant dans une lettre adressée d’outre-tombe à son amant : "Ma vie s’étend bien au-delà des limites, écrit-il. Toutes les limites sont des conventions qui attendent d’être transcendées".
"Cloud Atlas" est un objet monstrueux, hétéroclite, composé d'un ensemble d'éléments hétérogènes. Son intérêt se situerait, exclusivement, dans la manière dont ces éléments s'articuleraient les uns avec les autres. Il est évident que les Wachowski (que l'on ne peut plus appeler frères puisque l'an passé, l'un d'eux, Larry, est devenu une femme, Lana) étaient attendus après un silence de quatre ans. Aidés par le réalisateur allemand Tom Tykwer ("Cours, Lola, cours" et "Le Parfum"), ils semblent renouer avec ce qui faisait la particularité de "Matrix" : la construction d'un objet hybride où le divertissement cherche à se marier avec l'abstraction philosophique, aussi rudimentaire soit-elle.
Voilà le secret de "Cloud Atlas", ce qu’il dissimule sous ses grands airs métaphysiques : le récit d’un affranchissement, d’un rejet des genres, des orthodoxies, et de tout ce futur normé qu’incarne en 2144 une organisation oppressive baptisée Unanimity. Chacune des histoires qui composent le film vibre ainsi de la même pulsion libertaire : un esclave qui s’émancipe, un clone qui apprend son individualité…
Il faut être un solide narrateur et un technicien de génie pour accoucher d’une œuvre si ambitieuse, si difficile à raconter et pourtant… Non content d’assurer une maîtrise totale du projet, les Wacho et Tykwer se permettent de pousser le vice jusqu’à afficher un long-métrage de 2h45. A ce niveau de perfection technique, de cet art du montage qui permet à l’impossible de fonctionner avec une fluidité exemplaire, on ne peut que s’avouer vaincu par KO.
Ceux qui ont passé leur vie à être en avance sur tout, notamment par "Matrix", trouvent ici le projet ultime à leur quête artistique mêlant cinéma, réflexion profonde sur l’Homme et symphonie musicale. Sans être un défenseur de la première heure de leur cinéma (ayant moi-même été déçu par l’ultime volet de la saga "Matrix"), je conçois assez facilement le désarroi que l’on peut éprouver face à "Cloud Atlas", tant celui-ci peut apparaître comme une véritable épreuve de force par la totale liberté artistique qu’il suit.
Ainsi, toutes les pièces de ce puzzle complexe et spectaculaire s’assemblent grâce à une excellente poétique du montage. Tout est pensé d’une façon musicale, entrecoupant des mouvements similaires de caméra et les emplacements des personnages à l’intérieur du cadre pour osciller parfaitement entre les époques, comme une symphonie juxtaposée qui donne l’impression que cette disparité des évènements fait partie d’un tout unique et intégral. C’est comme si le film était un remix de lui-même. Tout dévale vers l’avant simultanément.
Toutefois, si les épisodes de ce blockbuster transgenre s’agrègent avec un certain brio, ils peinent à certains moments à s’enrichir mutuellement. Lorsque cela arrive, l’idée prend malheureusement le pas sur l’affect, nous laissant à distance de ce fascinant puzzle. Car si "Cloud Atlas" a tout du chef-d’œuvre, il contient quelques longueurs que d'aucuns pourraient décrire comme fatalement ennuyeuses. C’est l’émotion qui fait le plus défaut dans ces cas. Les péripéties s’enchainent, mais, victime de son ambition démesurée, le long-métrage ne parvient que peu à communiquer une émotion sincère.
Cependant, malgré ce défaut, le film est tout sauf grand public. C’est intemporel à souhait, c’est probablement un chef d’œuvre et cela mériterait d’être étudié dans les écoles de cinéma tant le film a tout d’un monument. Pour autant, est-ce que l’extase a été totale lors du visionnage, non, est-ce que je prendrai un plaisir fou à le revoir encore et encore non. Ce que je peux dire avec certitude, c’est que le jugement individuel n’a pas beaucoup de sens pour parler de "Cloud Atlas" tant ce film semble voler à des kilomètres de tout cela.
Au final, "Cloud Atlas" est une œuvre tentaculaire, qui raconte six histoires à la fois, au risque de perdre le spectateur en route. Outre cette difficulté, les Wachowski et Tykwer n'ont reculé devant rien en mêlant même différents genres de cinéma. Si le "Cloud Atlas" n'en demeure pas moins un film d'une rare intelligence porté par un montage d'une minutie extrême, il peut sembler indigeste par certains aspects.
On y retrouve l’obsession des Wachowski pour un cinéma mouvant, en phase avec son époque, dont il vampirise les innovations, qui les a menés de l’ère du tout-numérique ("Matrix" et "Speed Racer") à celle des séries et de leur écriture proliférante. Dans sa densité folle, sa manière de bousculer les temporalités, son flux ininterrompu de récits et cliffhangers virant parfois à l’abstraction, "Cloud Atlas" condense à lui seul la puissance narrative d’une série moderne et constitue ainsi la plus belle réponse du cinéma américain à la télévision : un film mutant.
Ce long métrage a certes beaucoup divisé, et continuera de le faire encore pour de nombreuses années, mais je ne saurais que trop vous conseiller de vous faire votre propre opinion. Ces 2h40 ne laisseront personne indifférent !!!

Jonathan Levine - Warm Bodies Renaissance : Un croisement entre zombies movies et comédie romantique qui tient la route par sa fraîcheur et par ses références à la pop-culture !!!


Note : 3.75 / 5 

Synopsis : 
Un mystérieux virus a détruit toute civilisation. Les rescapés vivent dans des bunkers fortifiés, redoutant leurs anciens semblables devenus des monstres dévoreurs de chair.
R, un mort-vivant romantique, sauve contre toute attente Julie, une adorable survivante, et la protège de la voracité de ses compagnons. Au fil des jours, la jeune femme réveille chez lui des sentiments oubliés depuis longtemps. Elle-même découvre chez ce zombie différent autre chose qu’un regard vide et des gestes de momie.
Perturbée par ses sentiments, Julie retourne dans sa cité fortifiée où son père a levé une armée. R, de plus en plus humain, est désormais convaincu que sa relation avec Julie pourrait sauver l’espèce entière. Pourtant, en cherchant à revoir Julie, il va déclencher l’ultime guerre entre les vivants et les morts. Les chances de survie de ce couple unique sont de plus en plus fragiles.
Critique :
De "Twilight" à "True Blood", le sex-appeal des vampires et des loups-garous est évident. Le zombie, lui, est moins veinard : trop rigide donc peu sensuel, décérébré donc pas séducteur, toujours en horde donc peu disposé à l’intimité. Et surtout trop mort donc asexué. "Warm Bodies : Renaissance" parie sur sa beauté cachée. Le cadre est connu : un monde post-apocalyptique, scindé entre morts-vivants en liberté et derniers humains retranchés. La greffe de la comédie romantique, un peu moins, lorsqu’un jeune zombie s’entiche d’une demoiselle de bonne composition (Teresa Palmer, sorte de Kristen Stewart blonde).
Un peu moins connu certes, mais pas de la plus grande fraîcheur pour autant : c’était mot pour mot l’argument de vente de "Shaun of the Dead", un film de bientôt dix ans maintenant. En attendant, les adaptations et autres bifurcations du genre vont bon train. Aux États-Unis, "The Walking Dead" continue d’assurer une rente bien confortable à HBO. La série BBC "In the Flesh" vient disputer un peu le marché, sur le terrain du thriller psychologique post-apocalyptique. La France a ses énigmatiques "Revenants".
"Warm Bodies" voudrait nous faire croire à son originalité, voire à son irrévérence. Il n’en est rien, toutefois si on prend la peine de jouer le jeu, quand bien même il ne serait qu’un cran de plus sur une relecture dans l’air du temps, ça ne le rend pas pour autant antipathique.
L’excellente surprise du film, c’est que la romance entre R. et Julie est réussie. Drôle, attachante, elle est dénuée de toute niaiserie, ce qui ravira les allergiques à l’eau de rose. Les acteurs y sont pour beaucoup : Nicholas Hoult ("X-men : Le commencement") est impeccable dans la peau de R. et l’acteur arrive à rendre palpable le changement que vit son personnage au fur et à mesure du film. Le monologue intérieur de R., contre-point ironique à sa gaucherie, vient renforcer le sous-texte du zombie comme malade exclu de la société, prisonnier de son corps. La piste médicale est claire lorsque s’esquisse une guérison des morts-vivants. Une entorse aux lois d’un genre radicalement pessimiste. Elle sied à ce "Roméo et Juliette" rigolard, avec scène au balcon et John Malkovich en papa Capulet à la gâchette facile.
Quant à Teresa Palmer, si elle se fait éclipser la vedette par son amoureux de zombie, elle livre quand même une performance honorable en humaine badass. Les seconds rôles ne déméritent pas, et malgré leur faible temps de présence, ils assurent, surtout Analeigh Tipton qui joue Nora, la meilleure amie de Julie.
Si ce film de Jonathan Levine ("All the Boys Love Mandy Lane" et "50/50") peut se vanter d'une chose, c'est réellement d'être sympathique. Parce que bon an mal an, le film nous tire quelques sourires, bienveillants voire conquis, souvent grâce au charme douillet de la comédie romantique, plaisir coupable s’il en est (on se surprend à adhérer benoîtement aux séquences de badinages entre la belle et la bête). Si l’on a beau savoir parfaitement où on va, le voyage n’en est pas désagréable pour autant.
Jonathan Levine mène la cour avec entrain et humour. Et si la sauce prend, c’est certainement du fait des humbles prétentions du film, qui semble assumer sans complexe son caractère tout à fait artificiel, ses ressorts comiques téléphonés mais pas périmés, sa fraîcheur plutôt ludique. Pourquoi bouder donc ? Une friandise, ça ne se refuse pas.
"Warm Bodies" est une excellente surprise. Servi par une bande-originale excellente (Bruce Springsteen, Bob Dylan, M83, The National, Bon Iver entre autres), des acteurs à l’enthousiasme contagieux et un humour jubilatoire, ce bijou fantastique est aussi une très belle réflexion sur l’amour et les changements qu’il provoque en nous. Et si la fin fera probablement grincer des dents plus d’un puriste des zombies, il faut saluer l’audace d’une telle histoire, surtout quand elle est aussi attachante.
Au final, en voulant concilier pastiche de film d'horreur et vraie comédie romantique, "Warm Bodies : Renaissance" prenait le risque de rater les deux. Miracle, ce mariage contre nature fonctionne grâce à deux bonnes initiatives : choisir un zombie comme narrateur et en confier l'interprétation à l'excellent Nicholas Hoult !!!

Christian Duguay - Jappeloup : Un film authentique qui parvient à faire vibrer le spectateur, malgré un certain manque d'originalité !!!


Note : 3.75 / 5 

Synopsis : 
Au début des années 80, abandonnant une carrière d’avocat prometteuse, Pierre Durand se consacre corps et âme à sa passion, le saut d’obstacle. Soutenu par son père, il mise tout sur un jeune cheval auquel personne ne croit vraiment : Jappeloup.
Trop petit, trop caractériel, trop imprévisible, il a de nombreux défauts mais une détente et des aptitudes remarquables. De compétition en compétition, le duo progresse et s’impose dans le monde de l’équitation. Mais les JO de Los Angeles sont un terrible échec et Pierre prend alors conscience de ses faiblesses. Avec l’aide de Nadia, sa femme, et de Raphaëlle, la groom du cheval, Pierre va regagner la confiance de Jappeloup et construire une relation qui va les mener aux JO de Séoul en 1988.
Critique :
Quelques semaines seulement après "Turf" de Fabien Onteniente, voici que débarque sur nos écrans un nouveau long-métrage se déroulant dans le milieu équestre. Mais si les chevaux ont la côte, il n’est, cette fois-ci, plus question de comédie.
S’intéressant à l’histoire vraie de Pierre Durand, jeune homme destiné à un grand avenir d’avocat, qui plaque tout pour revenir à sa première passion, le saut d’obstacle, "Jappeloup" est également la chronique d’une famille qui a décidé de tout sacrifier pour permettre la réussite d'un fils. Et pour mettre en boîte cette histoire, c’est le réalisateur Christian Duguay, plutôt habitué aux séries B et aux gros muscles ("L'art de la guerre", "Suffer Island"), qui a été désigné. Projet atypique, le film est une plongée spectaculaire dans l’univers des grands concours équestres, entre intimité et grand spectacle.
On connaît tous plus ou moins le destin sportif de Pierre Durand, dont le sacre olympique dans la discipline du saut d’obstacles à Séoul en 1988 constitue le point d'orgue de ce biopic qui vaut moins par son final fédérateur que par le parcours humain du bonhomme. Le film met notamment en relief sa relation complexe avec son père (Daniel Auteuil, dans l'un de ces rôles empathiques dont il a le secret), ses emportements d’enfant gâté, son entêtement confinant à la bêtise, ses manières de putschiste (il fit virer Jacques Rozier, le capitaine de l’équipe de France d’équitation).
Si le film évite l’overdose de bons sentiments, c’est en particulier grâce à un scénario très bien ficelé. Refusant l’idolâtrie et la contemplation, le film n’a pas peur de montrer un futur héros national empli de failles, aussi antipathique qu’il peut être touchant. Guillaume Canet, également scénariste, excelle dans un rôle taillé pour lui, offrant aux spectateurs une palette d’émotions extrêmement variées. Canet, qui fut cavalier de haut niveau, n’occulte aucune zone d’ombre du personnage et laisse le soin à Christian Duguay, talentueux réalisateur canadien qui monte également, de mettre en scène les moments-clés avec une certaine maestria.
De l’habile montage parallèle du début à la première rencontre, sans paroles et d'anthologie, entre Durand (Canet) et Rozier (Karyo), en passant par toutes les scènes de compétitions et d’intimité que partagent Durand et sa femme, il y a une adéquation parfaite entre la forme, ambitieuse, et le fond, assez compact. Cependant à côté de Canet, le reste du casting ne déçoit pas non plus. Tous sont à leur meilleur niveau, en particulier Daniel Auteuil, en père aimant et attentionné, dont le charisme explose une fois de plus à l’écran.
Peinture familiale, le métrage est également l’incroyable histoire d’un cheval en qui personne ne voulait croire, celui-là même qui donne son nom au projet. Pour pouvoir l’apprivoiser, Pierre Durand va devoir multiplier les efforts, ne faire plus qu’un avec sa monture. S’installe alors une danse entre les deux, leurs corps se confondant dans une parade intelligemment filmée. Malgré le rythme soutenu, le réalisateur prend, en effet, le temps de s’attarder sur ces petits moments anecdotiques qui construisent les grandes épopées.
Et malgré tout, c'est peut-être là le réel défaut de ce très bon "Jappeloup". Si le film est intéressant, même plus intéressant que prévu pour ceux qui ne sont pas fans d'équitation, il traîne en longueur, particulièrement au milieu du film. Les échecs du jeune cavalier s'enchaînent et nous font nous demander s'il y arrivera un jour. En effet, les films sur les chevaux font rarement l'unanimité mais celui-ci n'est en aucun cas soporifique.
La mise en scène de Christian Duguay y est sans doute pour quelque chose. L'investissement de Guillaume Canet aussi, tant sa passion des chevaux se fait sentir. Ce dernier allant même jusqu'à reprendre l’entraînement, à faire insérer des images d’archives personnelles et à caster Marina Hands (formidable), son amour de jeunesse, rencontrée dans les paddocks. "Jappeloup", c’est aussi son histoire.
Au final, Guillaume Canet, qui a, en langage équestre, une bonne assiette aux yeux des producteurs, n’a pas reculé, et signe un film qui a du panache et vous emmène direct à Séoul. Scénariste et acteur, il a marié le caractère difficile du cavalier et celui du cheval. Ce film tient aussi par ses acteurs (Marina Hands, Daniel Auteuil dans le rôle du père, Jacques Higelin impeccable en éleveur,…) et par un récit aussi épique qu’hippique. Surtout, "Jappeloup" est un film qui célèbre, sans en gommer les aspérités, la ténacité et le désir. Beau parcours, vraiment !!!

John Moore - Die Hard 5, Une belle journée pour mourir : Un film à l'action explosive, mais totalement volatil et décevant !!!

Note : 1.5 / 5 


Synopsis : 
John McClane, le héros mythique des "Die Hard", le flic qui ne fait pas dans la demi-mesure, est vraiment au mauvais endroit au mauvais moment après s’être rendu à Moscou pour aider son fils Jack, qu’il avait perdu de vue. Ce qu’il ignore, c’est que Jack est en réalité un agent hautement qualifié de la CIA en mission pour empêcher un vol d’armes nucléaires.
Avec la mafia russe à leur poursuite et la menace d’une guerre imminente, les deux McClane vont découvrir que leurs méthodes radicalement différentes vont aussi faire d’eux des héros que rien ne peut arrêter. 

Critique :
Fan inconditionnel de John McClane depuis ses débuts, j'attendais impatiemment ce nouveau rendez-vous avec le légendaire flic new-yorkais. Et pour être clair dès à présent, je suis sorti du ciné avec des aigreurs d'estomac terribles tellement la déception se révélait intense ! Las, ce cinquième opus est d’une fainéantise scénaristique indigne. Succession de cascades convenues, cet épisode fastidieux semble même avoir lassé son interprète principal qui en a perdu sa verve et son humour. Sans parler de Jai Courtney (Jack McClane, fils de John), aussi charismatique qu’une crosse de revolver !
En 1987, John McTiernan ("Predator", "A la poursuite d'Octobre Rouge") réalise le film d'action ultime des 80's, celui qui va redéfinir les codes d'un genre et faire de son héros un des plus populaires du cinéma : "Piège de Cristal" et son flic poissard, John McClane. Avec ce personnage de flic désabusé au mauvais endroit au mauvais moment, McTiernan propose au public un héros faillible et débrouillard, loin des gros bras qui tiennent alors le box-office dans leurs poches, à savoir Sylvester Stallone ou encore Arnold Schwarzenegger. Avec sa mise en scène inventive et dynamique, le futur réalisateur du "13ème Guerrier" livre un divertissement intelligent et imparable qui permet à Bruce Willis de gagner ses galons de star de cinéma.
Trois ans plus tard, Renny Harlin livre une suite certes moins définitive que son illustre prédécesseur mais sacrément fun : "58 minutes pour vivre". Avec son héros encore une fois aux prises avec des terroristes, cette fois-ci dans un aéroport, le film est violent, drôle, rythmé et augure de ce que le cinéma d'action des années 90 sera, en d'autres termes un héros, un lieu, une action.
Puis déboule, en 1995, le film qui va mettre tous les autres à l'amende : "Die Hard With A Vengeance", ou "Une Journée en Enfer". Marquant le retour de John McTiernan aux rênes de la franchise, "Die Hard 3" est un sommet du film d'action avec sa mise en scène nerveuse et immersive, son scénario ludique et jubilatoire et ses moments de bravoure. Bref, une trilogie parfaite, conclue par son meilleur opus.
Dès son annonce, ce "Die Hard : Belle journée pour mourir" a été attendu et redouté par les fans de l’agent de police. Le souvenir de ce duel entre un 38 tonnes blindé et F-35 numérique dans le dernier acte du précédent opus réalisé par Len Wiseman ("Underworld 1 & 2") avait quelque peu dérangé, avec un Bruce Willis qui commençait déjà à se faire vieux. Bien loin de la qualité de la trilogie originelle, ce quatrième volet restait tout de même un bon divertissement.
Alors que pouvions-nous attendre du réalisateur de "Max Payne" avec notre héros propulsé en Russie ? L’impatience de découvrir ce nouveau chapitre était bien là. La peur de la déception aussi. Mais ce à quoi je ne m'étais pas préparé, c’était à ce résultat catastrophique, bien en deçà de toutes mes prévisions les plus pessimistes.
John Moore ("Le vol du Phoenix", "Max Payne" ou "En territoire ennemi"), mercenaire à la botte de la 20th Century Fox, vient donc briser un héros et par extension, une franchise qui se défendait encore pas trop mal il y a de cela cinq ans malgré quelques errements peu convaincants. Les performances de cette "Belle Journée Pour Mourir" pâtissent d’abord énormément de son format d'image 1:85, beaucoup trop étroit pour ce type de spectacle.
Un comble pour une production qui mise tout sur la pyrotechnique et qui n’offre pour ainsi dire aucune histoire si ce n’est une intrigue de corruption et trahison diplomatique qui nous emmène tout droit vers Tchernobyl. On aurait pu accepter les énormes compromis fait avec le personnage et la réalité (comme réduire la radiation d’une pièce avec un aspirateur high-tech) s'il y avait eu une certaine distance de prise avec le sujet.
Le succès de la série reposait jusqu'ici sur la désinvolture de Bruce Willis / John McClane, embarqué malgré lui dans un contre-la-montre pétaradant, mais avec unité de lieu, de temps et d'action. Depuis, le film viril des années 1980-1990 s'est fait phagocyter par le thriller high-tech à la Jason Bourne. Cela s'incarne dans le coup de vieux donné au père par le fils : McClane junior est un agent de la CIA, qui voit son géniteur comme un dinosaure aux méthodes de bourrin. Mais quand la technologie le lâche, le vaniteux rejeton est contraint de reconsidérer son jugement. Papa retrouve un peu de crédit aux yeux de son espion de fiston. Au milieu des explosions se dessine alors, en filigrane, l'habituel éloge de la filiation.
Vous l'aurez compris, le scénario se trouve être plus une source de problèmes que de solution pour faire avancer l’action. Nombreux sont les raccourcis et maintes sont les aberrations dans un récit qui, par exemple, pour justifier la présence du fils comme le nouveau side-kick, fait de lui un agent secret travaillant sous couverture pour la CIA. Et le petit McClane devra tenir la distance aux côtés d’un papa qui, comme par miracle, résiste de mieux en mieux aux chocs avec l’âge et qui dégomme ses ennemis comme les bots décérébrés d’un jeu vidéo. 
Il faut dire ce qui est, ce nouveau "Die Hard" est un sacré ratage. Sans doute est-ce à cause de la réalisation qui abandonne l’ampleur du format Cinémascope pour du 1,85 plus télévisuel. Ceci étant baigné dans une photographie affreuse, oscillant entre le doré ou le turquoise et recouvrant parfois toute l’image de flares. Alors qu’il sur-découpe inutilement certaines scènes quitte à faire dans le ridicule, John Moore ne sachant déjà pas découper. Pendant que des dizaines de véhicules sont broyés lors de la première grosse séquence d’action, le montage de la course poursuite dans Moscou est illisible et truffé d’erreurs.
Dans le précédent opus, Len Wiseman avait au-moins lui montré un vrai talent de metteur en scène dans la poursuite dans Washington qui se terminait avec la voiture de police lancée dans un hélicoptère. Dans "Die Hard : Belle journée pour mourir", lorsqu’un camion blindé talonne à quelques mètres une camionnette, il peut se retrouver au plan suivant à la même hauteur, sur une bretelle parallèle pour amorcer ensuite une grosse cascade. Les exemples d’accentuation lourdingue de l’action avec des gros ralentis sont légion et Moore nous gratifie également, avec le décès du personnage de Chagarin, de l’une des morts plus mal filmées et les plus moches de l’histoire du Cinéma.
Au final, cumulant avec une énergie et une conviction rageante le pire du pire, "Die Hard 5" est une expérience de cinéma écœurante dans sa capacité à piétiner et enterrer un personnage culte comme celui de John McClane. Faisant fi de tout ce qui avait été apporté précédemment, John Moore, les producteurs de la Fox et Bruce Willis viennent de nous pondre un truc visuellement affligeant et thématiquement moisi même pas digne d'un direct-to-video.
Cela n'a plus rien à voir avec un "Die Hard" : le jeu des acteurs est médiocre, le format de l'image n'est pas du tout adapté au métrage, le final relève du grand n'importe quoi, le film ne semble n'être construit qu'autour de ses scènes d'action, et le scénario est très mauvais. Un film d’action explosif donc, mais où les invraisemblances sont tellement nombreuses que cela en devient souvent ridicule. Sans aucun doute le plus faible et le plus mauvais épisode de la saga !!!

Genndy Tartakovsky - Hôtel Transylvanie : Un conte gentillet et sans temps mort, mais qui est malheureusement sans surprise !!!

Note : 3 / 5


Synopsis :
Bienvenue à l’Hôtel Transylvanie, le somptueux hôtel de Dracula, où les monstres et leurs familles peuvent enfin vivre leur vie, se détendre et faire "monstrueusement" la fête comme ils en ont envie sans être embêtés par les humains.
Pour l’anniversaire de sa fille, la jeune Mavis, qui fête ses 118 printemps, Dracula invite les plus célèbres monstres du monde (Frankenstein et sa femme, la Momie, l’Homme Invisible, une famille de loups-garous, et bien d’autres encore…). Tout se passe très bien, jusqu’à ce qu’un humain débarque par hasard à l’hôtel et se lie d’amitié avec Mavis.
 
Critique :
2012 aura été l’année de l’animation macabre, avec notamment le brillant "ParaNorman", le médiocre "Frankenweenie", et enfin cet "Hôtel Transylvanie", déprogrammé de sortie en France pour Noël 2012 pour ne finalement débarquer que courant février. Un choix étrange car bien que la réception critique ne l’ait pas acclamé, le succès commercial reste indéniable. Fait d’autant plus surprenant que "ParaNorman", qui lui est bien supérieur, n’a en revanche pas été aussi bien accueilli par le public. 
A priori, "Hôtel Transylvanie" arrive après la bataille de l’animation horrifique pour tous, déjà explorée, dynamitée et digérée par Tim Burton jusqu’au dernier "Frankenweenie". La bonne nouvelle, c’est que Genndy Tartakovsky, venu de la télé ("Star Wars, Clone Wars"), ne se laisse pas démonter par la concurrence avec ce coup d’essai au mauvais esprit euphorisant. De quoi faire risette avec une bande de cintrés qui aiment faire la fête jusqu’au bout de la nuit, les allusions aux productions Hammer et les répliques qui fusent.
Cependant voilà, Hollywood doit bien proposer une douzaine de films d'animation par année, tous pareils, en ce sens qu'ils tentent tous de plaire autant aux enfants qu'à leurs parents. Mais ils n'y parviennent pas tous. C'est pourquoi, en allant le voir on espère que ce énième film sortira du lot. Il n'y a qu'un moyen de faire ça selon "Hôtel Transylvanie" : des références à la culture populaires et des blagues salées à double-sens. On s'en doute, bien que cela fait rire pour partie, ça tombe vite à plat. Quelque acrobatie que l'on fasse !
Parce que le pari du réalisateur Genndy Tartakovsky est que plus on bouge vite plus on s'amuse. C'est vrai au foot, mais pas au cinéma. Ses personnages virevoltent donc sans arrêt, se transforment, dans un traitement très cartoon qui devient vite insipide. Cela donne lieu à une belle démonstration technique (l'animation est de qualité et particulièrement fluide), mais comme plus rien n'a de sens, plus rien n'a d'impact. 
Les studios d’animation Sony ont fait un boulot sublime pour ce qui est du chara-design, s’élevant aisément au niveau des productions Pixar ou Dreamworks. Le bestiaire de monstres est sans fin, chaque plan est l’occasion de nous en présenter un nouveau, en plus d’imaginer des petits tracas de tous les jours pour ces personnages hauts en couleurs (Frankenstein voyage dans des colis séparés pour ne pas avoir à payer une place d’avion, par exemple). Le rire est donc aisément assuré par ce puits sans fond, mais ce qui est également assez triste, c’est qu’aucun des personnages principaux n’est suffisamment creusé pour susciter un attachement auprès du spectateur.
Quant à l’histoire, elle tient sur le dos d’un ticket de caisse. En plus de n’avoir qu’un seul niveau de lecture, décevant le public adulte habitué aux films d’animation possédant cette finesse pouvant faire craquer deux publics, les thématiques abordées sont éculées (la tolérance et l'ignorance, l'amitié, l'amour, les parents protecteurs).
Comble du mauvais goût, la production a été à ce point destinée à un public adolescent que la bande-son a été composée en suivant cette logique, et c’est donc un déluge de morceaux avec des voix VO codées qui nous sont balancés dans les oreilles, ce qui aura par moment le don d’agacer. Personne n’a, par exemple, pensé à refaire "Hotel California" version Transylvania.
"Hôtel Transylvanie" ne propose donc rien de neuf à un genre qui a tant d'exemples de bonne qualité. Ce n'est pas un ratage complet, juste un manque de nouveauté. Car la minceur de la proposition mise à part, le travail des artisans du projet est efficace, l'animation est jolie et colorée, le travail vocal des acteurs est intéressant, mais cela n'a que très peu d'impact lorsque le récit a si peu à proposer. C'est aux histoires que les enfants s'accrochent vraiment, on en est convaincu. En ce sens, "Hôtel Transylvanie" est distrayant, mais il s'oublie vite. 
Au final, ce premier long-métrage de Genndy Tartakovsky n'est ni mieux ni pire que ce que le marché nous a récemment proposé. Logique, quand tout le monde s'inspire des autres et que personne ne veut véritablement donner dans l'originalité. Amusant, oui, indispensable, non, mémorable, pas du tout !!!

David O. Russell - Happiness Therapy : Une comédie romantique efficacement bipolaire mélangeant énergie comique et tension dramatique !!!

Note : 3.75 / 5 


Synopsis : 
La vie réserve parfois quelques surprises. Pat Solatano a tout perdu : sa maison, son travail et sa femme. Il se retrouve même dans l’obligation d’emménager chez ses parents. Malgré tout, Pat affiche un optimisme à toute épreuve et est déterminé à se reconstruire et à renouer avec son ex-femme.
Rapidement, il rencontre Tiffany, une jolie jeune femme ayant eu un parcours mouvementé. Tiffany se propose d’aider Pat à reconquérir sa femme, à condition qu’il lui rende un service en retour. Un lien inattendu commence à se former entre eux et, ensemble, ils vont essayer de reprendre en main leurs vies respectives. 

Critique :
Depuis quelques années, les personnages atteints de troubles bipolaires apparaissent de manière de plus en plus fréquente dans le paysage cinématographique. L’un des cas les plus marquants est sans doute Léonard dans "Two Lovers", le génialissime film de James Gray. Le trouble bipolaire est une maladie de mieux en mieux diagnostiquée et par conséquent de plus en plus répandue.
Le personnage principal de "Happiness Therapy", Pat Soletano en est atteint et à cause de cela, a tout perdu, femme, boulot et maison. Il en est même réduit à emménager chez ses parents, ce qui est un peu la honte, passé trente ans. Le film va alors accompagner Pat dans la difficile reconstruction de son identité.
"Happiness Therapy" peut se voir comme l’envers sentimental et surtout optimiste de l'incroyable "Fighter" toujours de Russell. Son scénario confronte une galerie de personnages pétris de bonnes intentions dont l’abnégation flirte avec la folie, et surtout deux héros adeptes de la méthode Coué et programmés pour s’entendre, mais dont l’entêtement menace à tout moment de transformer la rencontre amoureuse en guerre totale. Il s’en dégage une énergie comique folle ainsi qu'une tension dramatique qui maintiennent l’ensemble sur le fil (chose rare dans le genre, la dernière demi-heure est à ce titre un petit bijou de suspense romantique). 
Au départ, on peut être surpris par ce thème peu usité pour le genre de la comédie (la dépression et la reconstruction psychologique) et croire qu’il s’agit presque d’une étude clinique de cas. Au fur et à mesure que l’intrigue avance, ce choix de traitement nous apparaît de plus en plus pertinent et profite incontestablement à la profondeur des émotions du film.
Cette œuvre distille ainsi un subtil parfum de "Little Miss Sunshine", une philosophie de "gloire dans la défaite", thème très fordien, à l’opposé du culte américain du gagnant, qui la rend discrètement indispensable et surtout incroyablement touchante. Comme beaucoup des meilleurs films, "Happiness Therapy" commence assez doucement pour monter progressivement en puissance et terminer en beauté.
Les acteurs, eux, contribuent largement à la réussite du film. Grande carcasse, belle gueule et débit infernal, Bradley Cooper trouve là son meilleur rôle, une boule de nerfs charmante façon Cary Grant sous acide. Jennifer Lawrence possède ce mélange de sensualité et d’espièglerie tordues qui font les grandes actrices. Véritable révélation du film, elle lui offre de véritables moments de grâce !
Avec son sourire poupin qui masque une détermination à toute épreuve, elle a la classe d’une Audrey ou d’une Katharine Hepburn, dont elle incarnerait d’ailleurs une forme de fusion miraculeuse, chatte et tigresse réunies dans un même corps. La voir surgir par surprise dans le cadre ou exécuter quelques pas de danse suffit à comprendre qu’elle est l’une des plus douées, sinon la plus douée, de sa génération.
Si le film prend de l’ampleur, il le doit aussi à Robert De Niro qui, en père peu enclin à exprimer ses sentiments, revient quasiment à son meilleur niveau, ce qui n’est pas peu dire ! On ne l'avait pas vu à pareille fête depuis des lustres, en paternel superstitieux aussi bienveillant que toqué.
Ce film parle de névroses avec richesse, de celles qui font que l'on reste amoureux toute sa vie. Happiness Therapy aurait pu glisser dans la catégorie des films dont on voit les coutures, les intentions et les chichis à des kilomètres. Heureusement, le cinéaste se révèle être un authentique champion de la névrose, dont le premier film, "Flirter avec les embrouilles" (1996), conceptualisait ce qui sous-tend son œuvre : l’autodestruction progressive d’une cellule a priori parfaite, qu’elle soit familiale ("Fighter"), militaire ("Les Rois du désert") ou matrimoniale (ici avec "Happiness Therapy").
Si David O. Russell a su si bien orchestrer cette rencontre entre deux fêlés qui vont s’entraider pour essayer de sortir mutuellement de leur tragédie quotidienne, c’est parce qu’il a un fils atteint de troubles bipolaires. Par conséquent il traite cette maladie avec la bonne et juste distance, en restant drôle avec dignité, tout en évitant la caricature.
"Happiness Therapy" est donc le meilleur remède contre le blues, un "Feel-Good Movie" à partir de personnages qui vont très mal, et le meilleur moyen de commencer l’année par une savoureuse démonstration de vie !!!

Martin McDonagh - 7 psychopathes : Un film cinglé, à l'humour cinglant, mais plus sage et moins abouti que les précédents !!!

Note : 3.75 / 5 


Synopsis : 
Marty est un scénariste hollywoodien en panne d’inspiration. Confronté à l’angoisse de la page blanche, il peine à écrire son nouveau projet de film au titre prometteur : 7 PSYCHOPATHES. 
Son meilleur ami Billy, comédien raté et kidnappeur de chiens à ses heures, décide de l’aider en mettant sur sa route de véritables criminels. Un gangster obsédé par l’idée de retrouver son Shih Tzu adoré, un mystérieux tueur masqué, un serial-killer à la retraite et d’autres psychopathes du même acabit vont alors très vite prouver à Marty que la réalité peut largement dépasser la fiction. 

Critique : 
Sommes-nous tous des psychopathes en puissance ? Voilà la question que pose la nouvelle comédie noire de Martin McDonagh après "Bons baisers de Bruges", qui mettait en scène les déboires d’un tueur à gages dépressif et de son comparse, chargé de l’éliminer. Déjà, en Belgique, les personnages n’étaient pas tout à fait ce qu’ils semblaient être, et révélaient des facettes inattendues. C’est à Los Angeles et son proche désert que Marty, scénariste en mal d’inspiration, tente de finir une histoire dont il n’a pour l’instant que le titre : "7 Psychopathes". Alors qu’il n’aspire qu’à la paix et l’amour, il s’est engagé sur un sujet aux antipodes de ses préoccupations. Sa recherche désespérée de psychopathes fictifs le conduit à en rencontrer plusieurs spécimens dans sa vie ordinairement tranquille.
De son néopolar existentiel "Bons baisers de Bruges" et de "L'Irlandais", une comédie policière "monthypytiesque" ultra jouissive, on garde un souvenir jubilatoire. Que Martin McDonagh rassemble sept psychopathes dans un même film laissait donc augurer du meilleur.
Le début ne déçoit pas, onirique, sauvage et délirant. Parmi les frappadingues que croque le cinéaste avec un sens aiguisé de la déconne, on compte un scénariste, un kidnappeur de toutous et un gangster furibard depuis la disparition de son Shih tzu adoré. S'ensuit un bordel pétaradant, ambiance série B roublarde post-Snatch. Si McDonagh ne rivalise pas avec ses modèles Ritchie et Tarantino, son exercice de style n'en a pas moins du chien. 
Derrière le premier degré, McDonagh traite surtout de l'amitié. Car c'est bien de cela dont il s'agit : l'amitié, à la vie, à la mort. Derrière les artifices de la violence (les balles qui fusent, le sang qui gicle), derrière les ressorts de la comédie (de situation, de mot, de geste), McDonagh, le réalisateur, raconte la loyauté, le dévouement. Il montre jusqu'où peut aller un ami pour en sauver un autre de la dépression et la boisson. Est alors mis en scène la trajectoire de deux camarades, en route vers l'enfer et, comme chez les frères Coen, l'enfer est souvent pavé de bonnes intentions.
McDonagh traite d'une façon peu banale le sujet de l'amitié, ses difficultés, ses impasses et ses embarras. Il mine le terrain de jeu, dressant une série d'obstacles (comme les méchants, ou encore les angoisses que se trimballent les deux potes) face aux héros, pris dans le tourbillon de la vie. La grande qualité du film réside dans cet équilibre juste entre narration, action et émotion. Le réalisateur vise quelque part entre "Barton Fink" (la problématique de l'auteur, le bovarysme), "Las Vegas Parano" (le road trip alcoolisé) et "Kill Bill" (le parcours initiatique). Il métisse les genres (western spaghetti, comédie de mœurs, action movie) pour plus de piment dans l'intrigue. Et ça marche jusqu'à un certain point.
Parce que c'est justement ce mélange des genres qui, à certains moments dans le film, crée des anicroches, des faiblesses dont les précédentes œuvres de McDonagh étaient exemptes. La partition est casse-gueule et se ramasse donc de temps en temps.
Cependant, sans se départir d’une bonne humeur constante, seulement mise au second plan quand l’émotion tape à la porte. Parfois, c’est carrément complètement Déjanté. Comme lorsque Sam Rockwell raconte sa vision rêvée d’un film où les dits 7 psychopathes se mettent sur la tronche dans un cimetière. Un grand moment parmi tant d’autres, entrecoupé maladroitement de quelques plages où le récit patine. Il pédale dans la choucroute c’est sûr, mais il assume toujours. Même quand il se perd en conjonctures bizarres pour retomber sur ses pattes au dernier moment dans un final choral un poil "capillotracté". Malgré ces défauts, quoi qu’il arrive, le film garde sa pêche, son identité et son côté racé. 
"7 Psychopathes" regorge d’idées. Contrairement à "Bons Baisers de Bruges" qui affichait une complexité, via, entre-autres, les rapports entre les deux personnages principaux, "7 Psychopathes" s’avère beaucoup plus décomplexé. McDonagh sacrifie-t-il pour autant sa propension à brosser des personnages en profondeur ? Pas le moins du monde.
McDonagh revient sur les écrans, l'humour entre les dents, mettant à nouveau ses héros face à leurs échecs, à leurs contradictions, leurs addictions, et Colin Farrell endosse décidément bien le costume de loser narcissique au grand cœur. Mention spéciale à Christopher Walken, toujours aussi élégant, nous saisissant encore par ses grands yeux froids.
C’est dans la mise en abyme que réside surtout la force comique du scénario dont la structure éclatée fait cohabiter les séquences vécues par le héros et les scènes qu’il imagine au point que les personnages de psychopathes surgissent dans sa vie, et se mettent également à intervenir dans la construction de son scénario. Ainsi, alors que le meilleur ami Billy appelle de ses vœux un final ultra violent dans le désert à la manière d’un western, la préférence de Marty pour boucler le scénario irait plutôt à une longue discussion entre hommes dans l’immensité du décor de l’Ouest américain.
McDonagh choisit bien entendu de nous livrer les deux fins, en s’offrant même une variante du duel. La drôlerie du film passe très largement par cette construction qui s’amuse à faire balbutier le récit et à jouer sur la cohabitation des ambiances, des genres et des décors. Ce film de mecs n’hésite pas non plus à intégrer son autocritique. 
Les femmes, épouses modèles, petites amies hystériques ou bimbos décoratives sont toutes des stéréotypes, ce que déplore Hans (Christopher Walken), au point d’imaginer que la prostituée, dont le rôle était initialement cantonné à un défilé en petite tenue, convainc un kamikaze vietnamien de renoncer à ses funestes projets grâce à sa connaissance de sa langue, étudiée à Harvard. Faisant la part belle aux seconds rôles (parmi lesquels défilent Tom Waits, Harry Dean Stanton, Michael Pitt) et jonglant entre scènes de guerre, évocation du film de mafia et western, "7 Psychopathes" traduit un goût immodéré et communicatif du cinéma.
"7 Psychopathes" est une étonnante fable sur les passages à vide, sur les bosses sur lesquels on bute parfois dans la vie. Une manière d'exorciser les démons pour Martin McDonagh, de revisiter les troubles de l'auteur face à l'inspiration et ses caprices. Les psychopathes et leurs aspérités ne pouvaient être alors meilleur symbole du chaos qui règne autour de Martin et Billy. Une des bonnes pioches du début d'année 2013.
C'est un film à voir de toute urgence dans le registre humour noir et décalé. On a l'impression que McDonagh a lorgné sur Guy Ritchie pour sa mécanique scénaristique et sur Quentin Tarantino pour son humour si particulier. Alors que Martin McDonagh aurait pu se complaire dans le genre de film policier à tiroirs sur fond de critique du système hollywoodien (dans la veine de "Be Cool"), il s’en éloigne assez vite, et lorgne du côté de la joute verbale à la Tarantino. C’est d’ailleurs ce que beaucoup lui reprochent : faire du sous-Tarantino et du sous-Ritchie.
Martin McDonagh confirme non seulement qu’il est l’un des auteurs les plus intéressants du moment, mais que oui, en osant tout et en ignorant la pédale de frein, on peut tout à fait réussir à toucher au but et à fournir un long-métrage dont la principale qualité (au-delà de toute la folie, du sang, des "fuck", des chiens tout mignons, d’Olga Kurylenko en petite tenue et du lapin de Tom Waits) est d’être attachant au possible. Conscient de son côté foutraque et de ses défauts, au risque d’être incompris, on ressent que "7 psychopathes" est totalement assumé et complètement Rock and roll !!!

Quentin Tarantino - Django Unchained : Un western-hommage qui contient le meilleur de Tarantino et, surtout, sa direction et le jeu d'acteur !!!

Note : 4 / 5

Synopsis : 

Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Docteur King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle, morts ou vifs.
Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves.
Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche. Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie. 


Critique : 
Mêler la légende germanique de Siegfried et l'esclavage en Amérique avant la guerre de Sécession, il n'y a que Quentin Tarentino pour oser le faire. Django, l'esclave justicier, incarné par Jamie Foxx, est comparé au Siegfried de la légende, prêt à battre le fer, ou plutôt ici manier à merveille le pistolet, pour délivrer sa belle Brunehilde (Broomhilda dans le film). Il est aidé par un chasseur de prime allemand qui l'achète, puis l'affranchit pour qu'il l'aide à retrouver trois négriers sadiques.
Dans "Django Unchained", on retrouve tout ce qu’on aime dans le cinéma de Tarantino, et tout ce qui en fait un cinéma important tout en étant un joyeux divertissement. Il y a les nombreuses références, donc, mais aussi les dialogues drôles et hyper affûtés, les situations absurdes, les scènes cultes (la libération de Django, les négociations sur le meurtre d’un shérif, le caméo "explosif" de Tarantino himself,…), les explosions soudaines de violences, la bande son méticuleusement constituée, la mise en scène éclatante, etc. 
Sans oublier bien sûr le casting tout simplement énorme. Tout d'abord, Jamie Foxx est nickel chrome en Django et Christoph Waltz (la seule et unique révélation et génialité de "Inglorious Basterds", le pire Tarantino à mon sens) est une nouvelle fois délicieux dans le rôle d’un chasseur de prime très smart (qui se fait passer pour un dentiste et ment effectivement comme un arracheur de dents !). 
Ensuite Leonardo DiCaprio s’en donne à cœur joie dans le rôle d’un vrai méchant, celui de Candie (qui a d’ailleurs nommé son domaine "Candie Land"), un riche exploitant qui abuse de l’autorité qu’il a sur ses esclaves.  Et enfin un Samuel L. Jackson, dans le rôle de Stephen un vieux serviteur renégat, est tout simplement incroyable dans son interprétation du personnage le plus haïssable du film.
"Django Unchained" est un western-spaghetti particulier, sans indiens mais en plein monde de l’esclavagisme américain. Django est un esclave affranchi, qui va bientôt vouloir se venger de ceux qui lui ont arraché à sa femme. Tiens, voilà d’ailleurs à nouveau la vengeance, l’un des grands thèmes récurrents du cinéma de Tarantino ! 
Dans "Django Unchained", on ressent une énergie vengeresse, devenue encore plus déterminée, plus crue et plus impressionnante que dans les précédentes œuvres du cinéaste. Peut-être prêt à accepter une maturité qu'il semblait toujours repousser, Tarantino livre un film d'une beauté presque classique et se laisse gagner par une sincérité nouvelle. 
Si l'humour et la dérision n'ont pas disparu, ils semblent tenus en respect. Le ton est donné par le personnage à la fois ahurissant et subtil du chasseur de primes qui se fait passer pour un arracheur de dents. Interprété par Christoph Waltz, aussi splendide que dans "Inglourious Basterds", King Schultz est un pince-sans-rire. Capable de balancer un bon mot en même temps qu'une balle en pleine tête, ce VRP pragmatique court après les dollars mais se double d'un idéaliste, un homme de culture et de valeurs. Venu d'Europe, il est prêt à s'affronter à la sauvagerie de l'Amérique, mais pas à s'y fondre. Il libère Django (Jamie Foxx) uniquement parce qu'il l'aidera à reconnaître trois négriers dont la tête est mise à prix. Mais il accepte, très vite, au nom de l'honneur et de la liberté, d'aller sauver sa femme, esclave du riche Calvin Candie (Leonardo DiCaprio).
Dans ce western spaghetti new-look, le kitsch parodique auquel on pouvait s'attendre passe après un réquisitoire à la gravité jamais feinte contre l'esclavage. Il y a une part profondément tragique dans le personnage de Django, sobrement campé par Jamie Foxx. 
Toutefois, l’emprunt aux westerns spaghetti se trouve surtout dans l’utilisation de la musique. Elle n’est pas là pour simplement accompagner l’image ou "remplir" grossièrement un mauvais silence. Elle passe soudainement au premier plan, tandis que les mouvements des acteurs ralentissent. Les scènes prennent ainsi des accents opératiques.
L’approche musicale se retrouve dans les réparties des acteurs.  Tarantino est d’abord un formidable dialoguiste. Il déclare aimer écrire pour Christoph Waltz ou Samuel L. Jackson car ces derniers ne récitent pas le texte, ils "chantent" les échanges. Ces figures du Sud esclavagiste manient le canon, mais aussi le verbe. Le pouvoir des personnages est établi par leur maîtrise du discours et le niveau de langue employé. Ainsi, King Shultz, l’étranger, est un modèle de raffinement et de civilisation. 
Si le film possède un scénario et des dialogues coupés au cordeau, un rythme d’enfer malgré ses presque trois heures (et quelques légères longueurs) et un ton entre ultraviolence et désinvolture goguenarde tout à fait savoureux, il n’en demeure pas moins que l’on n’en sort peut-être pas autant emballé que d’autres expériences cinématographiques du réalisateur de "Pulp Fiction".
En effet, tout est bien là, mais tout semble aussi un peu trop calculé, ou trop maîtrisé ! Le film se prend sans doute un peu trop au sérieux, ne serait-ce que dans sa façon d’aborder ce thème si délicat de l’esclavage. On a connu Tarantino bien plus corrosif et impertinent sur des sujets pourtant tout aussi casse-gueule, comme le nazisme dans "Inglorious Basterds". Pas d’inquiétude cependant, le tout reste de très haut niveau, mais il est possible de se demander si Tarantino ne commencerait pas à s’engoncer légèrement dans une forme de classicisme, bien malgré lui d’ailleurs, qui le freinerait dans son audace ou ses ambitions.
Ceci étant dit, au final, Tarentino le cinéphile avait renouvelé le film de gangsters avec "Reservoir Dogs", pastiché les films de sabre asiatiques avec les deux "Kill Bill". Ici, il rend hommage au western spaghetti. On retrouve sa patte : des dialogues très écrits et jubilatoires alternant avec des séquences ultraviolentes. Avec cette septième œuvre, Quentin Tarentino est au sommet de son art. Lui qui réaffirme qu'il arrêtera la réalisation à son dixième film.
"Django Unchained" procure un plaisir immédiat, à commencer par son formidable trio d'acteurs. Une fois de plus, l’art du génial Quentin ne ressemble qu’à du Tarantino : et c’est purement jubilatoire. Pour nous, et pour ses comédiens qu’il gâte comme personne. En retour, Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio et Samuel L. Jackson lui donnent le meilleur et s’illustrent dans un grand moment de cinéma !!! 

RZA - L'Homme aux poings de fer : Un hommage un peu brouillon au genre "wuxia", mais qui dispose de la vitalité d'un véritable passionné !!!

Note : 3.75 / 5 (pour les fans)

                2 / 5 (pour les autres)

Synopsis :

Depuis son arrivée dans un village de la jungle chinoise, un forgeron venu de la ville est contraint par des factions tribales radicales à fabriquer des armes de destruction élaborées. Quand l'irruption d'une guerre clanique semble inévitable, l'étranger fait appel à une énergie ancestrale qui le transforme en une véritable arme humaine. 
Combattant aux côtés de héros de légende et d'implacables brutes, cet ancien reclus va devoir apprendre à contenir et maîtriser son nouveau pouvoir s'il veut parvenir à sauver ceux à qui il a choisi de se rallier. 

Critique : 
Depuis sa rencontre avec Tarantino sur "Kill Bill", RZA, le fondateur du collectif de rap Wu-Tang Clan, s’est associé avec Eli Roth pour apporter sa contribution aux films qui ont bercé sa jeunesse. RZA a ainsi voulu rendre hommage au cinéma de kung-fu dont il est un fan érudit. L'affection débordante pour le genre se ressent en voyant le film qui regorge de personnages parmi lesquels ont reconnaît, si tant est qu'on en ai vu quelques-uns, des figures récurrentes : le méchant aux cheveux blancs, le vieux maître ou les prostituées assassines.
Grand consommateur de wuxia (films de sabre chinois), RZA, fait ses débuts derrière la caméra avec un film d'action produit par Tarantino et inspiré des grands classiques du kung-fu donc. Il en incarne l'un des personnages centraux : un forgeron qui fournit des armes à un petit village qu'il va devoir défendre contre deux clans ennemis qui cherchent à s'enrichir d'or. Le résultat est, quant on ne regarde pas de trop près, à la fois spectaculaire et plein d'humour, mêlant harmonieusement culture hip-hop et arts martiaux. Du cinéma joyeux et assez efficace accompagné par une bonne BO.
En l'état, "L'Homme aux poings de fer" est parfaitement sympathique comme délire. L'ouvrage foisonne d'idées dans son univers, mêlant arts martiaux et armes gadget en tous genres, et l'ensemble ne se prend évidemment pas au sérieux. Le must étant la prestation bedonnante et jouissive de Russell Crowe.
Dans tous les cas, on trouve dans "L'Homme aux poings de fer" un réel culte voué aux films asiatiques, qui ne manque pas de combats. Les chorégraphies sont toutes différentes et chaque combattant a son propre style, tel un jeu vidéo (fantastique, mécanique ou tout juste brutal). Bien que sans génie, les scènes d’actions sont correctement réalisées par des spécialistes et l’ensemble tient dans des limites raisonnables.
L'action du film se passe principalement dans la ville "Jungle Village" : entre la maison close, l'atelier du forgeron et l'auberge. Ils ont réussi à créer un univers à part entière plein de détails précis dans un espace très réduit. Pour une première réalisation, RZA s'en sort vraiment bien, de ce point de vue-là, ce film est esthétiquement réussit. 
Omniprésent, il s’est donné le rôle principal de l’humble ouvrier qui se transforme en superhéros pour démolir les méchants. Les innombrables références citent aussi bien le cinéma de kung-fu que le film de samouraï japonais, le western spaghetti, un peu de blaxploitation, jusqu’aux comics de superhéros, le tout sur une BO hip-hop. Contre toute attente, cette hybridation improbable produit un résultat à peu près cohérent. 
Du côté des acteurs, les seconds rôles sont au top avec Lucy Liu, Russell Crowe ou encore Dave Batista. Même si elle est légèrement en retrait, Lucy Liu joue de son charme en tant que maîtresse de la maison rose. L'acteur Dave Batista perce l'écran ; il pourrait être un des rares à pouvoir faire de l'ombre à Dawyne Johnson (The Rock) avec sa masse musculaire et son jeu, loin d'être mauvais, même si il ne dit pas grand-chose. Sans oublier Russell Crowe, qui se fait apparemment plaisir dans son rôle de Jack Knife. Une leçon d'humilité pour de nombreux acteurs, français comme internationaux, de voir des acteurs de cette trempe endosser des seconds rôles avec talent, et ça fait plaisir ! 
Toutefois, tout n'est pas "rose". Il y a beaucoup de combats, bien mis en scène mais qu'est-ce que c'est foutraque par contre. Le second degré et la dérision sont poussés à leur paroxysme ici et pourraient en dérouter et en décourager plus d'un ! Il y a par exemple de grands moments ridicules, comme les flashbacks d'Iron Fists (RZA), qui frise parfois le ridicule et l'est encore plus du fait du jeu pitoyable de l'acteur. RZA à la réalisation, ok ! Pour un premier film il s'en sort bien, mais pourquoi a-t-il tenu à endosser en plus le rôle d'acteur ? Dès qu'il apparaît à l'écran c'est une catastrophe !
S'il s'avère un metteur en scène très honorable RZA qui s'est attribué le rôle principal est un très mauvais comédien, au charisme quasiment négatif. Il vide de toute énergie les scènes où il apparaît, en particulier les moments "dramatiques". On pourrait être indulgent et dire qu'il est dur de briller face à une star comme l'oscarisé Crowe, l'argument ne tient pas quand dans le même film un combattant de MMA, Dave Bautista, joue bien mieux que lui !
Regardez ce film comme vous regarderiez un film qui rend hommage aux films asiatiques tout en les tournant en dérision et vous l'apprécierez ! Sinon vous risquez d'être déçu. Si vous aimez les arts martiaux, le comic-book et le gore et que vous souhaitez passer un bon moment qui vous rappelle la belle époque des vidéos clubs et des productions Shaw Brothers, "L'Homme aux poings de fer" est un divertissement fait pour vous !!!

Kate Madison - Born of Hope : Un préquel au Seigneur des Anneaux fait par des fans !!!

Note : 4 / 5

Synopsis : 

À la fin du Troisième Âge, le pouvoir de Sauron grandit. Il envoie ses orques à la recherche des restes de la lignée d'Elendil chez les Dúnedain. Dírhael, sa femme Ivorwen et leur fille Gilraen tentent d'échapper à une attaque de leur village quand ils sont pris en embuscade par les orques sur un chemin forestier, et sauvés par un groupe de rôdeurs dirigé par Arathorn. N'ayant pas d'endroit plus sûr pour aller, les réfugiés vont avec Arathorn à Taurdal, le village dirigé par son père le chef des Dúnedain, Arador. Une fois arrivés, Arathorn et Arador s'interrogent sur les motivations des orques après avoir trouvé des bijoux sur leurs corps. Pendant son séjour à Taurdal, Gilraen tombe amoureuse d'Arathorn.
À la lumière des attaques contre les villages environnants, Arador envoie ses troupes contre les orques pour tenter de rétablir la paix dans la région. Pendant ce temps, il envoie Arathorn découvrir le sens des attaques. Arathorn découvre que les orques sont au service de Sauron, qui cherche l'Anneau de Barahir. Arador bénit l'union d'Arathorn et Gilraen, qui après diverses péripéties finissent par se marier. 
Un an plus tard, Arador est tué par un troll des collines dans les Monts Brumeux, rendant Arathorn le chef des Dúnedain. Gilraen tombe enceinte et donne naissance à un fils, Aragorn. Taurdal connaît la paix pendant un certain temps, jusqu'à ce qu'Elladan et Elrohir arrivent avec des nouvelles de Fondcombe. Ayant senti le danger qui menace à nouveau la région, Elrond a en effet envoyé ses deux fils pour porter son conseil : que Gilraen et Aragorn soient mis en sécurité à Imladris, comme c'est la tradition avec tous les héritiers des chefs des Dúnedain, tandis qu'Arathorn doit mettre en sécurité les Dúnedain. Avant qu'Arathorn et Gilraen n'arrivent à une décision, les orques attaquent le village. Ils sont repoussés, cependant beaucoup de rôdeurs sont tombés. Arathorn conduit alors les rôdeurs à la poursuite des orques. Arathorn est mortellement blessé. Sans un chef capable de les conduire, les Dúnedain quittent Taurdal et se cachent dans la forêt de Rhudaur, tandis qu'Elladan et Elrohir conduisent Aragorn et Gilraen à Fondcombe.
Critique :

Certains livres resteront à jamais gravés dans le temps. Et l'ensemble de l’œuvre de Tolkien fait bien évidemment parti de cette catégorie. Ainsi, qui dit œuvre d'exception, dit aussi adaptation cinématographique plus ou moins réussie. L’adaptation du "Seigneur des Anneaux" par Peter Jackson au cinéma a été, de mon point de vue et pas seulement, une véritable réussite. 
Cependant le plus beau, dans cette histoire, c’est que le film a donné suite à de nombreux de courts-métrages de fans enragés. Et justement, "Born of Hope" est l’un d’entre eux. 
"Born of Hope" est un fanfilm britannique réalisé par Kate Madison et sorti en 2009, qui raconte l'histoire des parents d'Aragorn (leur rencontre, leur idylle, leur peine, leur secret au milieu de la vie des Dúnedains). Ce qui, soyons francs, ne manquera pas de susciter un vif intérêt ! Ce fanfilm, disponible gratuitement sur la toile (www.bornofhope.com), est extrêmement proche de l’univers visuel de Jackson, chose qui ne peut pas laisser indifférent.
A travers ce moyen métrage d'un peu plus d'une heure, nous découvrons une belle réalisation avec de beaux costumes, maquillages et décors, de la musique et des effets spéciaux qui essayent de respecter l'univers de Tolkien et l'ambiance de la trilogie réalisée par Peter Jackson. Je peux vous dire sans trop m'avancer qu’il s’agit là du meilleur fan film jamais réalisé. Les acteurs sont convaincants, les effets spéciaux collent complètement à l’ambiance visuelle des trois films et les passionnés du genre seront sans doute aux anges.
Gilraen et Arathorn
"Born of Hope" est disponible uniquement en anglais, mais sous-titré dans plusieurs langues dont le français. Vous pouvez le visionner depuis son site officiel en version HD ou bien directement depuis Dailymotion. N'hésitez pas aussi à parcourir son site officiel, qui regorge d'informations sur la réalisation du film, les acteurs. 
Le film totalise, à ce jour, plus de 16 millions de vue rien que sur Youtube. Alors qu'il a dû faire face à de nombreux problèmes lors de sa réalisation, notamment budgétaires, "Born of Hope" est le résultat des nombreux sacrifices de toute une équipe de passionnés, Kate Madison en premier ! Christopher Dane, 44 ans, qui incarne le rôle-titre, a par exemple décliné plusieurs propositions au théâtre pendant la longue production du moyen métrage pour ne pas abandonner l’aventure en cours de route. Et tout cela pour le plaisir de manier une grosse épée, explique-t-il en plaisantant… à moitié.
En novembre 2008, alors que le projet était seulement à moitié terminé, tout faillit bien s’arrêter pour de bon. L’argent manquait cruellement dans les caisses, et pourtant, la réalisatrice avait déjà investi 8000 £ de ses deniers personnels. Ce fut alors le lancement de la campagne virale sur internet "Don't Give", sur le modèle du "Don't Vote" américain de 2008, qui permit de réunir 17 000 £ en quelques semaines, alors que les fans avaient la possibilité de faire des dons depuis des mois via le site officiel du projet.
"Born of Hope" est réellement à découvrir, si ce n'est déjà fait, ne serait-ce que pour saluer l'incroyable travail de cette équipe de passionnés !!!

Premier trimestre 2013 : Les sorties ciné les plus attendues... à mon sens !!!


Comme à chaque fin d'année, les fans de cinéma attendent impatiemment les nouvelles sorties dans les salles obscures. Et 2013 s'annonce très prometteuse, du moins sur le papier ! Tout le monde y trouvera son compte : les amateurs de blockbusters, aussi bien dédiés à l'action pure ("Die Hard 5") qu'aux ados ("G.I. Joe 2" par exemple), les amateurs d'acteurs mythiques des 80's ("Du plomb dans la tête" de et avec Stallone), les amateurs de bobines déjantées ("Django Unchained"), et tous les autres !!!
 
Janvier 2013 :
"Django Unchained" (Western Spaghetti 16/01/13) - Attente 4.5 / 5 : Le parcours d’un chasseur de prime allemand et d’un homme noir pour retrouver la femme de ce dernier retenue en esclavage par le propriétaire d’une plantation. 
Prochain film de Quentin Tarantino avec un casting exceptionnel ! Jamie Foxx (Django), Leonardo DiCaprio (Calvin Candie), Christoph Waltz (Dr. King Schultz), Kerry Washington (Broomhilda von Shaft), Don Johnson (Spencer Gordon Bennet), Samuel L. Jackson (Stephen), et encore Walton Goggins (Billy Crash).
 
"Le dernier rempart" (Action 23/01/13) - Attente 3.75 / 5 : Un shérif et son équipe inexpérimentée sont chargés de stopper le chef d'un cartel de la drogue mexicain en cavale. 
"The Last Stand" est un thriller de Jee-woon Kim, avec Arnold Schwarzenegger, Forest Whitaker et Peter Stormare. Juste pour voir ce que donne Schwarzy de retour au ciné d'action !
 
"Lincoln" (30/01/13) - Attente 4 / 5 : Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l’esclavage. Cet homme doté d’une détermination et d’un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir.
Prochain film de Steven Spielberg avec dans le rôle principal Daniel Day-Lewis, rien que pour ce dernier l'attente est grande !
 
"7 psychopathes" (Thriller 30/01/13) - Attente 4 / 5 : Un acteur au chômage veut aider son meilleur ami scénariste par tous les moyens nécessaires pour lui donner de l’inspiration. Ensemble, ils volent le Shih Tzu bien aimé d’un gangster, qui se met ensuite en chasse pour retrouver son animal de compagnie.
C'est donc un thriller décalé de Martin McDonagh ("Bon Baisers de Bruges" rien que ça !), avec un casting impressionnant ! Colin Farrell, Woody Harrelson, Sam Rockwell, Christopher Walken, Abbie Cornish, Olga Kurylenko et Tom Waits.

Février 2013 :
"Die Hard 5, Une belle journée pour mourir" (Action 20/02/13) - Attente 4.5 / 5 : Cette fois-ci, John McClane est vraiment au mauvais endroit au mauvais moment, à Moscou, pour aider son fils Jack qu’il ne voit plus. Entre la mafia russe qui veut leur faire la peau et leur combat pour éviter le déclenchement d’une guerre, les McClane découvrent que leurs méthodes pourtant bien différentes font d’eux des héros que rien ne peut arrêter.  
Cet épisode est réalisé par John Moore, avec Bruce Willis, Jai Courtney, Cole Hauser, Amaury Nolasco et Mary Elizabeth Winstead au casting. Juste pour entendre une nouvelle fois son fameux "yippee kay yay" après qu'il s'en soit pris plein la mouille !
 
"Du plomb dans la tête" (Action 27/02/13) - Attente 4 / 5 : Stallone y jouera un tueur qui doit s’associer avec un flic de New York (Sung Kang) pour arrêter un ennemi commun. Adewale Akinnuoye-Agbaje ("Lost") sera cet ennemi, un procureur puissant qui a couvert une arnaque pour exploiter les quartiers pauvres de la Nouvelle Orléans. Christian Slater et Holt McCallany (“Lights Out”) incarneront deux policiers.
Le scénario d'Alessandro Camon est basé sur la bande-dessinée "Bullet to the Head" de Matz et Colin Wilson. Juste parce que les dernières œuvres de Stallone rappellent merveilleusement ce qui se faisait de mieux dans les 80's !

Mars 2013 :
"Elysium" (Science-Fiction 06/03/13) - Attente 4 / 5 : En l’an 2159, la Terre est devenue surpeuplée. Les plus riches peuvent vivre dans un eden hors de prix dans une station spatiale, alors que les plus pauvres vivent sur une planète mourante. L’immigration vers la station est rigoureusement contrôlée. Max accepte une mission qui pourrait apporter une équité entre les deux mondes.
Juste pour la rencontre Matt Damon et Jodie Foster !

 
"Cloud Atlas" (Science-Fiction 13/03/13) - Attente 4 / 5 : L’histoire de six personnages différents à six époques différentes : un notaire qui se lance sur une expédition dans le Pacifique au 19e siècle, un musicien bisexuel des années 30, une journaliste au sein d’un thriller dans la Californie des seventies, un éditeur dans le Londres actuel, un clone dans une contre-utopie futuriste, puis, un survivant évoluant dans un monde post-apocalyptique.
Juste parce que c'est la dernière réalisation des frères Wachowski, avec notamment Tom Hanks, Halle Berry, Hugh Grant et Susan Sarandon !
 
"Broken City" (Thriller 20/03/13) - Attente 4.5 / 5 : Engagé par le maire pour enquêter sur la possible infidélité de sa femme, un ex-flic devenu détective se retrouve au cœur d’une vaste machination politique.
Avec notamment Mark Wahlberg (Billy Taggart), Russell Crowe (Nicholas Hostetler), Catherine Zeta-Jones, Jeffrey Wright. Juste parce que ça a l'air terriblement prenant !
 
"G.I. Joe 2, Conspiration" (Action 27/03/13) - Attente 4 / 5 : Joe Colton et Roadblock rejoignent l'équipe d'élite des G.I. Joe pour affronter ensemble leur ennemi mortel, COBRA, une mystérieuse organisation terroriste. Mais le danger est partout. Les agents doivent également faire face à des menaces venant de l’intérieur du gouvernement et qui mettent en péril leurs existences-mêmes.
"G.I Joe 2" est un film d’action de Jon M. Chu, avec Channing Tatum, Dwayne Johnson, Bruce Willis, Ray Stevenson, Adrianne Palicki et Ray Park. Juste pour voir The Rock et John "yippee kay yay" McLane réuni sur le même écran !!!

Marco Tullio Giordana - Piazza Fontana : Une véritable et passionnante méditation sur la politique italienne, mais pas seulement !!!

Note : 3.5 / 5


Synopsis : 

L’année 1969 en Italie est marquée par une vague de grèves et de manifestations. Le gouvernement conservateur, s’inquiétant de l’avancée du parti communiste, met en place un réseau d’informateurs et d’infiltrés dans les partis d’extrême gauche et d’extrême droite.
Le 12 décembre, une bombe explose à la Banque Nationale d’Agriculture sur la Piazza Fontana, faisant 17 morts et 88 blessés. Le commissaire Luigi Calabresi est chargé de l’enquête. Très vite il recherche les terroristes dans les milieux d’extrême gauche. Lors d’un interrogatoire à la préfecture de Milan, le non violent Giuseppe Pinelli, membre fondateur d’un cercle anarchique, tombe par la fenêtre et décède. 
Calabresi, absent au moment du drame, doit se fier aux témoignages des policiers présents qui s’accordent sur une version officielle de "suicide comme aveu de culpabilité". Mais leurs explications, peu convaincantes, divisent l’opinion publique. Peu à peu, Calabresi a la certitude qu’il faut aller chercher les responsables dans les hautes sphères politiques.
A ce jour, personne n’a été déclaré coupable dans l’attentat de Piazza Fontana qui reste l’une des affaires les plus sombres de l’histoire contemporaine de l’Italie.

Critique :
Dans un célèbre article publié en 1974, Pier Paolo Pasolini (journaliste, écrivain, etc., bref, un des plus grands intellectuels italiens du XXème siècle) déclarait connaître les noms des commanditaires des troubles qui déstabilisaient l'Italie de la fin des 60's. Mais il lui manquait des preuves.
Depuis, les langues se sont déliées. En recoupant la somme des informations remontées à la surface, Marco Tullio Giordana révèle les manœuvres extrêmement nébuleuses qui visaient à instaurer, en Italie, une dictature militaire comme celle qui existait en Grèce. 
Marco Tullio Giordana nous plonge dans une affaire tombée dans l’oubli mais qui a joué un rôle majeur dans l’histoire de l’Italie moderne. L’attentat de la Piazza Fontana marque le début d’une enquête policière aux ramifications tentaculaires et qui dépasse très vite le domaine de l’inspecteur Calabresi pour prendre des implications nationales et même internationales sur fond de montée du communisme et du néo-fascisme en Italie et de guerre froide dans le monde entier.
Nous avons ici affaire à un véritable polar, pas à un film d’action déguisé mais une vraie enquête policière poussée, avec ses innocents, ses suspects, des juges, des préfets, des actions en sous-main, des implications politiques, des pressions, tout y est. La grande force du film est d’arriver à présenter d’une manière claire et simplifiée cette affaire tentaculaire tout en évitant la caricature et en évitant de désigner des coupables.
On est très loin des bonnes vibrations qui avaient valu au cinéaste une renommée internationale avec "Nos meilleurs années" (2003). Cette fois, reprenant l'enquête commencée par un commissaire trop curieux, le réalisateur reconstruit avec fluidité une affaire marquée par les morts suspectes et les preuves escamotées.
Giordana maîtrise l’exercice, il jongle avec le temps pour le déconstruire, le recréer dans le cadre et il le fait avec une facilité déconcertante. Cela paraît si facile qu’on n’imagine plus la difficulté de ce type de reconstitution. Aujourd'hui, aucun coupable n’a encore été désigné, Giordana avance sa théorie au prix d’une mise en scène au cordeau, précise, sans appel, conviant tous les acteurs de cette tragédie à la barre de la justice rétroactive. Le président Saragat, le premier ministre Moro, le commandant Calabresi, l’activiste anarchiste Pinelli, enquêteurs, extrémistes de droite, de gauche… tous confirment l’intuition qu’avait déjà eue Pasolini dans en 74, à savoir que les responsables étaient des néo-fascistes. Pasolini fut assassiné un an plus tard.
Valerio Mastrandrea
L’histoire racontée ici est un gigantesque puzzle dont on nous fournit la plupart des éléments et des pistes. Il nous faudra nous faire notre propre opinion et naviguer parmi la complexité des rouages de l’affaire. La réalisation et l’interprétation sont sans failles et permettent au spectateur de se reposer sur les acteurs (notamment un Valerio Mastrandrea et un Pierfrancesco Favino époustouflants de justesse et de sincérité) et la mise en scène pour lui fournir les éléments sans le perdre.
Les premières 90 minutes sont une succession de scènes de discussion et d’interrogatoires, une démonstration statique d’éléments à charge qui n’ont pas grand-chose de cinématographique. Mais il faut passer par là, présenter tous les intervenants, puis scolairement éliminer une à une toutes les pistes de l’enquête.
Il faut attendre la dernière demi-heure du film pour entrer de plein pied dans la vision du cinéaste, dans cet espace dédié à l’interprétation, là où il peut se laisser aller à donner une opinion subjective. Il exploite alors la subjectivité du commissaire Luigi Calabresi (Valerio Mastandrea) avec lequel il partage les opinions dissidentes, à savoir que les responsables sont dans les hautes sphères de l’Etat. Dans cette Italie de la fin des années 60, les hommes honnêtes et sincères finissent tous assassinés, il faut un certain courage pour le rappeler et remuer le passé chloroformé. Le réalisateur terminera d’ailleurs son film sur le plan d’un homme abattu, la tête en sang.
Dans cette dernière demi-heure, il y a une proposition de cinéma qui n’est plus à ranger dans la reconstitution ou le travail journalistique, on touche à quelque chose qu’on pourrait appeler une conscience historique. Calabresi doute, s’interroge, dialogue en silence avec le fantôme de Pinelli, la mise en scène s’étoffe de mouvements de caméra aériens, ça devient beau, touchant. Tout simplement parce qu’à l’exercice de reconstitution Giordana a préféré l’échappée intérieure et subjective.
Pierfancesco Favino
On ressort de ce film un peu plus paranoïaque qu’avant. Et si tout était plus complexe qu’il n’y paraît ? Et si chaque affaire avait des implications qui remontent jusqu’au plus haut niveau ? Les réponses à l’affaire de la Piazza Fontana ne sont pas fournies et les réponses amènent d’autres questions.
Marco Tullio Giordana parvient à renouer avec ce qu’il fait de mieux, induire dans la reconstitution historique une émotion de l’individu face à la froide raison de l’État. Le film ne s'adresse pas seulement aux Italiens, il rappelle les dangers qui menacent la démocratie quand elle est trop faible.
Au final, "Piazza Fontana" est un vrai polar "à l’ancienne" qui retrouve l’ambiance de la fin des années 60, une enquête d’une très grande complexité basée sur un fait réel et présentée clairement par le réalisateur. Bien joué, bien filmé, très documenté, le film est également un hommage à Pier Paolo Pasolini, admiré par le réalisateur et qui avait notamment enquêté sur l’affaire à l’époque !!! 

Les Barbarians : Un nanar héroïque-fantaisie assumé et divertissant devenu culte !!!

Note : 4.5 / 5 (pour les fans)

            0.5 / 5 (pour les autres)

Synopsis : 
Deux frères jumeaux orphelins, autrefois adoptés par des artistes itinérants, ont, lors d'une attaque menée par le maléfique Kadar pour enlever la reine Canary, été séparés, alors enfants, réduits en esclavage et envoyés dans des camps d'entrainement de gladiateurs.
Quelques années plus tard, le hasard les réunis. Devenus gladiateurs, ils sont contraints de s'affronter dans l'arène mais refusent le combat. Les deux frères allient alors leurs forces pour se libérer du joug de leurs maîtres et décident de délivrer la reine Canary encore captive, et se venger de Kadar.

Critique :
Avant tout un point de vocabulaire. À la différence du navet, film ennuyeux, insipide et nul au 1er comme au 36e degré, le nanar désigne un film tellement décalé ou tellement mauvais qu’il en devient fascinant, et hypnotise littéralement celui qui le visionne. Vous l'aurez compris c'est d'un magnifique nanar dont il s'agit ici : "Les Barbarians" de Ruggero Deodato de 1987 ! Ce film d'heroic-fantasy, réalisé par Ruggero Deodato, appartient à une catégorie particulièrement prisée : celle du nanar euphorisant. Du film d'une stupidité tellement franche et joyeuse qu'elle vous fait oublier momentanément tous vos problèmes pour vous plonger aussitôt dans un univers de bêtise heureuse et décomplexée, où bon sens et logique n'ont plus cours et où les barbares culturistes s'affrontent dans des batailles de tartes à la crème. 
Produit par la Cannon de Menahem Golan et Yoram Globus (les exécutifs les plus incompétents de l’époque mais qui nous ont offert grâce à cela des perles inoubliables comme "Delta Force" avec Chuck Norris ou encore "Cobra" avec Stallone), "Barbarians" est en fait la dernière production italienne de film de genre, car à part l’argent américain, toute l’équipe est transalpine. Réalisé par Ruggero Deodato, un faiseur compétent qui s’est révélé dans les films de cannibales, ce nanar jouissif vaut surtout par les deux jumeaux, David Paul et Peter Paul, les deux acteurs en strings moule-burnes les plus nullissimes de l’histoire du cinéma.
Ces deux énormes jumeaux, catcheurs et culturistes, furent un temps des célébrités médiatiques, un peu comme les "Barbie Twins", mais en version masculine et musclée. Concevoir un film autour de ces deux phénomènes de foire était d'emblée courir le risque du ridicule le plus absolu, ce qui nous confirme une fois de plus que Golan et Globus n'avaient aucun sens de la mesure.
Ruggero Deodato, plus finaud, avoue pour sa part avoir voulu d'emblée tirer le film vers la parodie en se rendant compte du potentiel "comique" de ses deux stars. Rarement a-t-on vu scénario aussi délicieusement crétin, personnages aussi justement  clichetonneux et, surtout, bande originale aussi génialement ringarde. Le film est un long vidéo-clip totalement délirant, pétaradant à un rythme d'enfer, et jamais ennuyeux : l'action ne s'arrête jamais, et la nanardise non plus ! Un bonheur, à condition bien sûr d'apprécier ce genre d'humour !
Tout le film est en effet à l'image de ses deux interprètes principaux, les jumeaux Paul : infantile et joyeux, idiot et sympathique, rabougri du cervelet et débordant de testostérone ! David et Peter Paul sont à eux deux un spectacle tout bonnement UNIQUE ! Et c’est leur prestation d’extra-terrestre qui fait ainsi le charme d’un film qui alterne un humour volontairement nase et des situations involontairement ridicules. Car Barbarians n’est pas une parodie, l’histoire d’aventure est très sérieuse. 
David et Peter Paul
Seuls les jumeaux, décidément intenables, dotés de la maturité d’un enfant demeuré d’une classe maternelle, sont décalés, et d’une débilité jamais vue. Et le plus fort, c’est que l'on sent que cela leur est tout à fait naturel (l’acteur George Eastman qui incarne le vendeur d’arme dans le film, disait d’eux qu’ils sont les pires acteurs qu’il ait jamais rencontré, et quand on connaît sa filmo, on réalise la portée de la déclaration) et qu’ils sont bien incapables de faire autre chose que de se disputer, de marcher tout le temps comme s’ils avaient des oursins dans leur slip en peau, de peloter le cul des filles et de gueuler comme des bêtes.
Un petit mot sur le casting, simplement pour nous réjouir de la présence de Richard Lynch et Michael Berryman, deux des tronches les plus incroyables du cinéma de genre. 
Richard Lynch
Interprète du rôle de Kadar, Richard Lynch est un comédien tristement et malheureusement sous-exploité. Gravement brûlé dans sa jeunesse, il en a gardé un inquiétant visage de charognard, qui lui vaut régulièrement des rôles de méchants et de sadiques. S'il put montrer un vrai talent d'acteur dans les rares occasions où il eut quelque chose de consistant à jouer (Il faut le voir dans "L’Épouvantail", où il tient tête sans problèmes à Al Pacino), Lynch a malheureusement toujours été abonné aux pires nanars et navets ("Invasion USA").
Michael Berryman, quant à lui, n'a qu'à apparaître à l'écran pour défier le vocabulaire. Il est hélas, et c'est là une grosse déception des "Barbarians", particulièrement sous-employé, son personnage étant réduit à sa plus simple expression de méchant. Quant aux comédiennes, Eva LaRue (Ismène), Virginia Bryant (Canary) et Sheeba Alahani (China), et bien elles sont très jolies. Mes félicitations aux costumiers.
"Les Barbarians" contrairement à d'autres spécimens crapoteux du genre distille tout le long du métrage un climat jovial, ne dénombrant ni ralentissement notable, ni remplissage intempestif, les acteurs même de piètre qualité communiquant au film un souffle des plus rafraichissants. Nos deux héros bodybuildés, Peter et David Paul se comportent comme deux enfants sous la direction d'acteur ultra coulante d'un Deodato qui en a vu d'autres. 
Michael Berryman
Les jumeaux crient, vocifèrent, éructent, grimacent à tout va, deux grands gamins rappelant aux nostalgiques spectateurs leurs exploits dans les cours de récréation et l'humour potache qui y régnait. Mais le film offre également d'autres réjouissances, des invités "prestigieux" venus cabotiner à loisir (George Eastman, Michael Berryman), des créatures et des décors de qualités variables, des costumes ringards, des personnages attachants (Ibar alias Franco Pistoni dit "gueule d'asperge") et une histoire simplette assumée.
Vous l'aurez compris, "Les Barbarians", s'ils représentent un point de décadence ultime de l'heroic-fantasy, n'en sont pas moins un nanar hautement réjouissant, au fort potentiel zygomatique. Nanardise volontaire, certes, mais la nanardise involontaire est elle aussi suffisamment présente pour que chacun en ait pour son argent. Je vous recommande notamment le combat contre le dragon. On regrettera simplement que la fin soit un petit peu bâclée. Mais si vous avez l'occasion de mettre la main sur ce classique trop oublié, n'hésitez pas !!!

Peter Jackson - Le Hobbit, Un voyage inattendu : Une trilogie qui, contrairement au voyage, est très attendue, elle !!!

Synopsis : 

"Bilbo le Hobbit : Un voyage inattendu" suit les aventures de Bilbo Sacquet, entraîné dans une quête héroïque pour reprendre le Royaume perdu des nains d’Erebor, conquis longtemps auparavant par le dragon Smaug.
Abordé à l’improviste par le magicien Gandalf le Gris, Bilbo se retrouve intégré à une compagnie de treize nains menée par Thorin Ecu-de-Chêne, guerrier légendaire. Ce voyage les conduira au Pays Sauvage, via Fondcombe, les Terres Solitaires et les Monts Brumeux, des territoires dangereux grouillant de gobelins et d’orques, de wargs assassins et d’énormes araignées, de changeurs de peau et de sorciers.
Seulement, Bilbo est capturé par les Gobelins, d'effrayantes créatures qui vivent dans des tunnels. Alors qu'il tente de s'échapper, il rencontre dans les tunnels une étrange créature nommée Gollum. Mais Bilbo Sacquet est plus fûté qu'il en a l'air. Sur les rives d'un lac souterrain, il parvient à s'emparer d'un étrange anneau jusqu'alors en possession de Gollum. 
Sans le savoir, Bilbo vient de mettre la main sur une arme redoutable, arme qui lui sera certainement utile pour conduire sa mission à bien. Seulement, ce qu'il ne sait pas, c'est que de cet anneau dépend le destin de la Terre du Milieu.
Attente :
Ce film est le premier d'une trilogie, trilogie qui est elle-même le préquel de la trilogie du "Seigneur des Anneaux".
Peter Jackson a réussi ce que Kubrick lui-même avait abandonné, la jugeant trop complexe, porter l’œuvre de Tolkien sur grand écran. Et quelle réussite que cette trilogie du "Seigneur des Anneaux" !
Tolkien a créé un monde incroyablement riche et vivant dans ses œuvres, où chaque lieu, chaque personnage est lié à une histoire complexe. Vous comprendrez la difficulté qui en découle de mettre en image un univers fantaisiste aussi riche et dense. En interprétant le plus fidèlement possible, mais à sa manière, le monde sibyllin de Tolkien, Jackson s'en est sorti avec les honneurs.
En effet, il a créé une œuvre cinématographique culte et qui restera dans l'histoire, notamment pour avoir su concilier les attentes des initiés "tolkienniens" et les exigences financières des sociétés de production. Jackson nous revient donc le 12 décembre 2012 avec une nouvelle trilogie, tout aussi démesurée que la première. 
Et autant être clair tout de suite, vu la qualité du "Seigneur des Anneaux", Jackson n'a pas le droit de décevoir !!!  

David Ayer - End of Watch : Un reflet authentique d'une réalité peu reluisante, en permanence sous pression jusqu'à l'explosion !!!

Note : 3.75 / 5


Synopsis : 

Chaque jour, Brian Taylor et Mike Zavala, jeunes officiers de police, patrouillent dans les rues les plus dangereuses de Los Angeles. À travers les images filmées sur le vif, on découvre leur quotidien sous un angle jamais vu. 
Du danger partagé qui forge la fraternité à la peur et aux montées d’adrénaline, c’est une fascinante plongée au cœur de leur vie et d’un quartier, une histoire puissante sur l’amitié, la famille, l’honneur et le courage.

Critique :
Du scénario de "Training days" et "S.W.A.T." à la réalisation "d'Au bout de la nuit" et "Bad Time", on doit à David Ayer quelques-uns des "films de flics" les plus percutants de ces dernières années. En effet, Ayer maîtrise parfaitement deux choses : évoquer les quartiers chauds de Los Angeles et écrire des buddy cop movies, comme il l’avait prouvé avec "Training days", qui avait établi sa réputation de scénariste. 
Onze ans plus tard, devenu réalisateur, il possède toujours ce style documentaire, nerveux et immersif dont la télévision s’est emparé avec bonheur ("The Shield", "The Wire"). Impossible, justement, de ne pas penser aux deux meilleures séries policières de ces dernières années en regardant "End of Watch" : réalisme sanglant, personnages complexes qui ont du mal à concilier vie personnelle et professionnelle,... Si Ayer ne remet pas les compteurs à zéro, il emboîte honorablement le pas aux showrunners Shawn Ryan et David Simon.  
Ayer s'est spécialisé dans les récits mettant en scène la police de Los Angeles. Les fictions qu'il a réalisées, ou écrites, évoquent le monde dur et corrompu également décrit dans les romans de James Ellroy. S'il garde le même environnement, "End of Watch" fait cependant davantage penser aux récits de Joseph Wambaugh, ancien policier et auteur de chroniques mettant en scène des flics du LAPD rendus à leur condition d'homme ordinaire.
C'est donc une vraie plongée en mode reportage que nous propose ce thriller très original. On prend sa respiration, et on part en apnée, en immersion totale avec les flics de L.A. "End of Watch" a évidemment ce petit côté Enquête d'action "Au cœur de la police américaine", qui agacera certains, mais qui offre un point de vu ultra-réaliste aux spectateurs.
Certes un peu limité par le choix de la narration et de la mise en scène, le thriller n'en demeure pas moins passionnant, rempli de dialogues funs et débridés, de scènes d'actions extrêmement tendues et d'une violence brutale et authentique, à faire froid dans le dos. Porté par un casting détonnant et des personnages attachants, à commencer un Jack Gyllenhaal totalement méconnaissable, "End of Watch" est un thriller électrique qui change du polar et qui ne vous laissera sûrement pas indifférent. Le duo Gyllenhall/Peña, brillant, porte réellement le film à bout de bras !
Surfant sur la tendance du docu réel à grands coups d'images amateur secouées, David Ayer offre un polar tendu comme un string sur la vie de deux flics en pleine guerre des gangs, dans les quartiers chauds de Los Angeles. L'un d'entre eux ayant ainsi décidé de filmer son quotidien. Alors, certes, la réalisation épileptique de David Ayer est réellement impressionnante, parfois jusqu'à la nausée. 
Mais la fausse bonne idée de la caméra embarquée (Brian se filme au quotidien, ce qui rend parfois la mise en scène confuse) constitue le seul bémol de ce polar franchement efficace. Ayer adopte un point de vue éclaté et confus, comme si l'univers était vu à travers quantités de caméras numériques. Ce parti pris a tout pour agacer, mais on ne saurait pourtant le réduire à un pur "truc" à la mode. 
Enfermés dans les limites de leur mission, contraints de ne voir qu'une portion, souvent dénuée de sens, de la réalité, corsetés par un règlement qui les empêche de concevoir l'arrière-plan des horreurs qu'ils découvrent, Taylor et Zavala sont deux subjectivités incomplètes, qui ont une intuition faussée de ce qui leur arrive, se trouvent déconnectés du sens de leur existence. On est très loin de la vision classique du polar selon laquelle l'application de la loi et du devoir constituerait le seul fragile rempart contre la décrépitude ambiante.
Au final, jouant brillamment sur l'aspect reportage au cœur de la vraie vie des flics de Los Angeles, "End of Watch" est un thriller puissant, électrique, et furieusement original. Même si l'histoire est un peu limitée par le choix de la narration, on prend une grosse claque, décontenancé par cette ambiance dépouillée et une mise en scène sous tension en permanence !!!

Ben Affleck - Argo : Un thriller diablement efficace qui confirme le réel talent de réalisateur de Ben Affleck !!!

Note : 4 / 5


Synopsis : 

Le 4 novembre 1979, au summum de la révolution iranienne, des militants envahissent l’ambassade américaine de Téhéran, et prennent 52 Américains en otage. Mais au milieu du chaos, six Américains réussissent à s’échapper et à se réfugier au domicile de l’ambassadeur canadien.
Sachant qu’ils seront inévitablement découverts et probablement tués, un spécialiste de "l’exfiltration" de la CIA du nom de Tony Mendez monte un plan risqué visant à les faire sortir du pays. Un plan si incroyable qu’il ne pourrait exister qu’au cinéma.

Critique :
Autant le dire de suite, avec "Gone Baby Gone" et "The Town", Ben Affleck m'avait déjà conquis avec la maîtrise de sa réalisation. "Argo" ne fait que confirmer cette impression. En effet, ce troisième long métrage témoigne d'un savoir-faire toujours plus efficace à la mise en scène.
Parallèlement à une carrière atypique où le comédien fit des choix parfois douteux qui le menèrent à quelques échecs publics et artistiques assez cinglants, Ben Affleck est en train, mine de rien, de devenir un metteur en scène important dans le paysage cinématographique. En deux films réussis, il s’est forgé une réputation de cinéaste exigeant, qui soigne aussi bien la forme que le fond, sans négliger une vraie patte d’auteur, un vrai regard, loin de l’image aseptisée que les magazines people ou des rôles indignes avaient pu renvoyer.
"Argo" sonne comme la consécration pour Ben Affleck cinéaste. Son film, maîtrisé de bout en bout, se paye le luxe de rendre hommage au septième art tout en offrant un divertissement tendu et ambitieux. Affleck ressuscite le thriller politique des 70's de manière magistrale, en offrant deux affolantes heures de cours d'histoire récente, pimentées par une critique de Hollywood et un suspense à couper le souffle.
Ce qui frappe en premier lieu, c'est le sens du détail nourrissant son long-métrage. Des costumes aux décors, en passant par l'utilisation du 16mm pour provoquer une imitation graphique d'images d'archives en introduction, la direction artistique se plaît à imposer un souci de réalisme de tous les instants.
Logo Warner vintage, typographies rondelettes, légers scratchs sur la pellicule, photographie brute, terne, granuleuse : l’illusion est parfaite, nous sommes bien en novembre 1979, quelques heures avant la prise d’assaut de l’ambassade américaine à Téhéran par des activistes proches du nouveau maître des lieux, l’ayatollah Khomeini.
Du coup, le public adhère immédiatement à cette mise en abîme pleine de suspens et d'humour, de tragédie et de comédie. Un mélange des genres parfaitement équilibré qui permet au réalisateur de signer un troisième long-métrage audacieux.
"Argo", c’est donc un peu du cinéma comme on n’en fait plus beaucoup aujourd’hui, un cinoche à l’ancienne, engagé, qui assoit son propos dans le sillage d’une histoire vraie et méconnue et qui s’inscrit dans un contexte socio-politique déterminé, couplé à une reconstitution historique pointue, et ce jusque dans les moindres détails.
Du cinéma à l’ancienne, mais ça ne signifie pas que le film soit daté, car il est au contraire très moderne dans sa forme. Et dans un contexte qui aurait pu s’avérer pesant, il instille un humour jamais lourdingue qui permet justement des respirations dans un suspense savamment orchestré.
S’en suit un film d’espionnage réaliste, haletant, drôle par moments, tendu à d’autres, excellemment interprété, avec juste ce qu’il faut de patriotisme et de mièvrerie pour séduire sans choquer : bref, une machine à gagner des oscars. Contrat rempli, messieurs dames merci. Pourtant, "Argo" est plus que cela : un film qui, tout en étant exactement ce qu’on attend de lui, déjoue ces mêmes attentes, un film de contrebande.
Car ce qui est impressionnant dans le travail que Ben Affleck est en train de mettre en place depuis ses débuts comme metteur en scène, c’est sa façon de s’inscrire dans la tradition d’un cinéma classique loin des blockbusters et de transcender les genres qu’il aborde en y apportant une vision personnelle et d’y porter un regard très pointu. Il n’a pas encore réussi le film parfait mais on sent bien dans son évolution que ce n’est qu’une question de temps.
En réunissant autour de lui un casting aussi hétéroclite que proprement génial, Ben Affleck réussit à trouver les porte-paroles idéals pour son sujet. 
John Goodman et Alan Arkin en vieux producteurs retors apportent la caution humoristique au travers d’interprétations jubilatoires, dans le cadre d’une satire du milieu hollywoodien qui vient s’intégrer avec malice dans le récit puis Bryan Cranston en boss bourru au grand cœur qui s’impose comme l’un des tous meilleurs seconds rôles actuels. Et puis, bien entendu, il y a Ben Affleck l’acteur. Sans en faire trop, en étant même parfois dans une économie de jeu, il est parfait dans un rôle central et catalyseur. 
En construisant un film unique à la mise en scène fluide et efficace, Ben Affleck et son "Argo" s’imposent comme l’une des grosses claques de l’année !!!

Looper de Rian Johnson : Un film de science-fiction racé et inspiré au charme retro-futuriste !!!

Note : 3.75 / 5


Synopsis : 

Dans un futur proche, la Mafia a mis au point un système infaillible pour faire disparaître tous les témoins gênants. Elle expédie ses victimes dans le passé, à notre époque, où des tueurs d’un genre nouveau (les "Loopers", les "boucleurs") les éliminent. 
Un jour, l’un d’entre eux, Joe, découvre que la victime qu’il doit exécuter n’est autre que lui-même, avec 20 ans de plus. La machine si bien huilée déraille.

Critique :
Avec l’intrigant "Brick" (2006), dans lequel il tentait de conjuguer film noir et teen movie, l’auteur réalisateur Rian Johnson avait fait une entrée remarquée dans le cercle fermé des cinéastes US à suivre. Son deuxième long, "Une arnaque presque parfaite" (2009), avait ensuite violemment tempéré les ardeurs ! "Looper", lui, est bien plus qu’une revanche : cette série B est la preuve que l’on avait finalement sous-estimé Johnson qui, dès son troisième essai, affiche une ambition et une assurance qui le propulsent dans la sphère des réalisateurs prometteurs à suivre.
Encore une fois il va mélanger les genres en montrant ses influences sans en être l’esclave. Il s’attaque cette fois à la science-fiction dans l’un de ses thèmes les plus fascinants mais aussi les plus casse-gueule, celui du voyage dans le temps, tout en y intégrant des éléments propres au film noir, au western ou encore aux comics et mangas, mais qu’il s’approprie d’une manière tout à fait personnelle.
En effet, bien que situé en 2044, et nous plongeant d’emblée dans un univers SF où les meurtres ne s’opèrent plus que par l’entremise de voyages dans le temps, "Looper" commence comme un film noir hollywoodien des années 40. Tout est là, conforme : la voix off du narrateur qui se présente et décrit son quotidien de tueur à gages forcément solitaire ; les arrière-salles de tripot où les gangsters préparent leurs méfaits ; même l’apparence vestimentaire du héros, interprété avec un soupçon de détachement adéquat par Joseph Gordon-Levitt, tient du total look Raymond Chandler (pantalons à pinces, chemise blanche, cravate parfaitement ajustée).
Concernant ce dernier, Johnson est très fort, et on peut dire qu’il a du flair. Faire de Joseph Gordon-Levitt la tête d’affiche d’un blockbuster, il fallait oser. Souvent méconnaissable grâce à une tonne de maquillage, Gordon-Levitt compose avec conviction une crapule mafieuse de bas étage. Il fait ainsi oublier son image de héros sympa, qui aurait pu lui coller à la peau à force de sourires et de bonhomie.
La présence de Bruce Willis ne l’écrase pas, Rian Johnson n’ayant pas sacrifié son scénario au profit de la star. "Looper", c’est d’abord le point de vue de Joe-jeune. Willis a ses moments de gloire, et vous aurez même peut-être envie de crier Yippie-Kay-yee lors d’une certaine scène, mais son temps d’écran est finalement assez réduit. Une mimique, un sourire en coin suffira à réveiller les fans de cinéma. Quant à Emily Blunt, disons qu’elle assure le job, il n’y pas vraiment grand-chose à ajouter.
Avec un modeste budget de 30 millions de dollars, Johnson arrive dès les premières images à nous embarquer dans un univers palpable et violent que l’on a hâte d’explorer et qui se révèle à chaque séquence plus passionnant. Pour autant, malgré l’impression qu’il peut donner dans sa première partie menée à un rythme d’enfer et remplie d’idées de mise en scène parfois assez folles et percutantes pour nous faire découvrir cet univers, le réalisateur ne va pas chercher à faire un film spectaculaire. 
Au contraire, il s’attache dans la seconde partie, plus posée, à développer ses personnages et à s’attarder sur des thèmes passionnants qui donnent alors toute sa profondeur au film et lui donne ce petit plus qui va le différencier de toute série B classique. D'ailleurs, la mémorable scène du face à face du vieux et du jeune Joe est un exemple fascinant. Elle fascine parce qu'elle touche au désir atavique de connaître et maîtriser l'avenir. Connaissance de toute façon illusoire puisqu'on n'en tiendra pas compte ! On lit entre les lignes qu'on ne peut se combattre soi-même et qu'il faut d'abord régler son passé avant de tenter de changer l'avenir.
On le comprend, le scénario est un des points forts du film. L’attraction principale si je puis dire. Cependant il n’est pas exempt de défauts. Qu’on se rassure, ces quelques observations ne gâchent pas l’appréciation de l’ensemble. Abordons par exemple la question du rythme. Après un départ et un premier acte scotchant (on boit les paroles des personnages lorsqu’ils présentent les enjeux), le rythme s’essouffle légèrement passé la première heure, avant de repartir de plus belle pour le final. La faute peut-être aux interactions, ou plutôt au  manque d’interactions entre certains personnages.
Se pose aussi la question de la solidité de l’intrigue. Qui dit voyage dans le temps dit casse-tête probable à la sortie pour recoller les morceaux. Certains apprécient ce petit jeu, d’autres consommeront "Looper" pour ce qu’il est, un excellent film d’action et de science-fiction. Intéressons-nous aux premiers, qui ne classeront pas l’affaire tant que tout ne sera pas élucidé. En analysant la chose par tous les bouts possibles, le scénario semble fragile par moment à cause de ses trop nombreuses zones d’ombre, que certains appelleront incohérences.
Malgré ces petites aspérités, le scénario est vraiment très original. Et si l'écriture de "Looper" est inventive, Rian Johnson sait aussi y faire du côté de la mise en scène. Maitrise de la caméra, plans complètement retournés et mouvements bien sentis, montage parfaitement lisible et logique qui tire même de la force de ses ellipses et même l’ambiance sonore se révèle particulièrement aboutie.
Beaucoup comparent le film à d'autres déjà cultes dans le genre. On a parlé de "Blade Runner", de "Bienvenue à Gattaca", j'ai même lu que "Looper" est le nouveau "Matrix" des années 2010... Je ne soutiens aucune de ces observations ! Le film rentrera certes dans les films cultes du genre, mais il n'arrive pas à la cheville de ces monstres de la SF !
"Looper" n'est pas parfait, mais il fait preuve de trop d'originalité et de richesse pour pinailler, dans le fond comme dans la forme. Le film possède une âme propre et racée, le rendant passionnant du début à la fin, avec ce qu’il faut d’action et de comédiens étonnants. Vous l’aurez compris, même s'il n'est pas du niveau des colosses du genre, cela n'empêchera pas "Looper" de rejoindre les incontournables du rayon SF. Il est et restera l’une de ces trop rares pépites de science-fiction !!!

Skyfall : Un James Bond hallucinant avec une réelle profondeur dramatique !!!

Note : 4.75 / 5


Synopsis : 

Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est attaqué, et M est obligée de relocaliser l’Agence. Ces événements ébranlent son autorité, et elle est remise en cause par Mallory, le nouveau président de l’ISC, le comité chargé du renseignement et de la sécurité. 
Le MI6 est à présent sous le coup d’une double menace, intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu’un seul allié de confiance vers qui se tourner : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans l’ombre. Avec l’aide d’Eve, un agent de terrain, il se lance sur la piste du mystérieux Silva, dont il doit identifier coûte que coûte l’objectif secret et mortel.

Critique :
Le film d’environ deux heures et demie, inspiré des romans de Ian Fleming est sans nul doute le meilleur de la série ! Sam Mendes offre une vision plus humaine du héros, qui reçoit des balles, rate ces cibles et a des sentiments. À l’aide de la nouvelle Arriflex Alexa, Roger Deakings, directeur de la photographie, donne une vision jeune au film. Il privilégie la caméra à l’épaule ce qui apporte plus de violence aux cascades.
Il faut bien l'avouer, Sam Mendes, qui succède à Marc Forster réalisateur du très décevant "Quantum of Solace", redore le blason de la franchise. Quand on connaît la fonction de pur faiseur qu’est celle d’un réalisateur de Bond, il semble difficile de tenir Mendes pour l’auteur véritable de "Skyfall". Sauf que les conflits œdipiens, la question du vieillissement et le trop plein de sérieux, sans parler des 2h23, à l’œuvre dans cette 23ème aventure de 007 sont tellement "mendesiens" qu’on pourrait presque le prendre pour un film d’auteur. 
Avant tout, c’est l’intelligente roublardise du réalisateur ("American Beauty", "les Noces Rebelles") qui est patente ici tant, adossée au scénario de John Logan ("Gladiator", "Hugo Cabret") et des indéboulonnables Neal Purvis & Robert Wade, elle semble vouloir en donner à tout le monde. Ceux qui aiment Bond pour ses basiques (l’action, les filles, l’exotisme et le méchant magnifiquement kitch) apprécieront surtout la première partie. 
Ceux qui préfèrent le Bond nouveau depuis "Casino Royale", plus froid, dramatique, réinterprétant la mythologie bondienne dans un mélange de sécheresse pulp et de tragédie shakespearienne (à l’image d’un Daniel Craig si minéral, voire monolithique) exulteront lors d’une seconde partie qui prolonge "Casino Royale" tout en rebootant une énième fois mais malignement le cahier des charges.
Dès le prologue, suivi d’un générique sublime (la chanson d’Adele étant l’une des plus réussies de la saga), Sam Mendes enfonce donc le clou fixé par "Casino Royale". La franchise, ouvertement postmoderne (les autocitations se ramassent à la pelle ; on fait du neuf avec du vieux et du vieux avec du neuf), plonge dans la psyché de Bond, orphelin triste que les services secrets britanniques ont érigé en sauveur de la nation, sans le ménager pour autant. 007 a grandi sous l’autorité de "parents" exigeants dont M n’est pas la moins autoritaire. "Skyfall", qui confronte deux galopins rebelles (l’un a coupé le cordon ombilical pour sombrer dans le terrorisme), est un drame shakespearien entrecoupé de scènes d’action graphiques surexcitantes. Exit les James Bond Girls, peu présentes, et les gadgets, place à l’essentiel. Et c’est tant mieux !
James Bond a grandi, mais cela a un prix : des morts, des illusions qui s'envolent, un monde qui ne se ressemble plus, Internet qui remplace les solides Luger. Il y a quelque chose de crépusculaire dans cet adieu aux armes. Cette époque ne reviendra plus. L'ensemble est tellement réussi qu'on adopte Daniel Craig, peut-être comme le meilleur Bond depuis le début de la franchise, Sean Connery compris, c'est peu dire ! 
Il a des rides. Il a vieilli. On le sent fourbu, désenchanté. Sauver l'Occident, c'est un job. La fatalité pèse sur cet athlète en smoking. Il regarde à peine les femmes, sirote son Martini dry d'une paille distraite. Une fêlure intérieure le déchire. Il n'a plus 20 ans. Personne n'a cet âge-là, désormais.
L'espion en conçoit une amertume légitime. La routine consiste à découper un train en marche à la pelleteuse, à rouler en moto sur les toits d'Istanbul, à séduire des étrangères dans des casinos chinois. C'est un champ de bataille. Une brume se lève. À la dernière séquence, on devine qu'une suite nous attend. Quelle surprise! Ainsi aime-t-il son pays, même s'il lui reproche de l'avoir abandonné. La politesse l'oblige à avoir des répliques cinglantes, à ne pas montrer son désespoir serein. Il est malheureux. C'est ce qui arrive à tous les témoins de la grandeur passée.
Sous la baguette de Sam Mendes, Daniel Craig offre une de ses plus belles performances. Entre humour, drame et action, le résultat est explosif ! Le film est extrêmement dynamique, les scènes d’action percutent.
Côté méchant, Javier Bardem, en mode Christopher Walken, restera un méchant mémorable. Il campe un méchant génial et ridicule, pathétique et terrifiant, cartoonesque et humain. Un double négatif, efféminé (vraisemblablement bisexuel) de James : ex-agent du MI-6 qui, comme lui, fut recruté, orphelin, par M, est mort et a ressuscité.
Cette fois, la James Bond girl est un homme. C'est lui, Javier Bardem. Il fait des mines, se tortille, bat des cils. À côté, la brune sculpturale, Berenice Marlohe, fait pâle figure. On l'aperçoit à peine quelques secondes sous la douche, la nudité masquée par des nuages de vapeur. Le film est étrangement chaste, tout en sous-entendus (exacerbant de la sorte une certaine tension sexuelle qui n'explosera jamais entre Bond et Miss Moneypenny). La rencontre Bardem-Craig a des accents quasi audiardiens.
"Skyfall", un très bon cru à déguster sans modération !!!

Lee Daniels - Paperboy : Un film qui aurait tout eu de fascinant, mais qui au final se révèle totalement marécageux !!!

Note : 2 / 5


Synopsis : 

1969, Lately, Floride. Ward Jansen, reporter au Miami Times, revient dans sa ville natale, accompagné de son partenaire d’écriture Yardley Acheman. Venus à la demande de Charlotte, femme énigmatique qui entretient une correspondance avec des détenus dans le couloir de la mort, ils vont enquêter sur le cas Hillary Van Wetter, un chasseur d’alligators qui risque d’être exécuté sans preuves concluantes. 
Persuadés de tenir l’article qui relancera leur carrière, ils sillonnent la région, conduits par Jack Jansen, le jeune frère de Ward, livreur du journal local à ses heures perdues. Fasciné par la troublante Charlotte, Jack les emmène de la prison de Moat County jusqu’aux marais, où les secrets se font de plus en plus lourds. L’enquête avance au cœur de cette Floride moite et écrasante, et révèle que parfois, la poursuite de la vérité peut être source de bien des maux.

Critique :
"Paperboy" a de quoi intriguer. Hué au dernier festival de Cannes, le troisième film du réalisateur de "Precious" réunit devant la caméra le jouvenceau labellisé Disney, Zac Efron, l'actrice sur le retour Nicole Kidman et l'omniprésent Matthew McConaughey.
Il y avait sans doute les ingrédients d’un bon polar romanesque dans "Paperboy", adapté d’un livre de Pete Dexter (l’auteur de "Cotton Point" et "Deadwood") : une grande famille en semi-dégénérescence (comme dans un mélo de Minnelli), le décor vénéneux de la Floride des années 1960, avec marécages et alligators, du racisme et de l’obsession sexuelle à gogo. Encore eût-il fallu un bon cuisinier. Lee Daniels confirme hélas son goût pour les effets superflus. Et surtout son peu d’intérêt pour le récit, qu’il désagrège consciencieusement.
Je dois avouer que le film laisse perplexe. Les éléments de l'intrigue posés, le décor planté entre plages de Floride et baies marécageuses des Everglades, l'enquête policière est vite évacuée ! Si elle constitue le cœur du roman de Pete Dexter (longtemps convoité par Pedro Almodóvar), elle n'est qu'un prétexte pour le réalisateur. Il trouve là matière à intégrer tous les maux de l'Amérique des 60's (peine de mort, racisme, conditions des populations noires, homosexualité, etc.).
Ainsi après "Precious", Lee Daniels poursuit dans le sordide et l’écœurement avec cette adaptation. À la différence près que cette fois-ci, il s’est fait plaisir en filmant Zac Efron torse nu et en slip blanc comme le minet de "Pink Narcissus" (film américain de 1971 réalisé par James Bidgood, visualisant les fantaisies érotiques d'un jeune homme gay) et en confiant un rôle de vamp white trash à une Nicole Kidman métamorphosée, l’actrice ayant choqué lors du dernier Festival de Cannes à cause de deux scènes de sexe au mauvais goût assuré. 
Le problème, c’est que si les comédiens donnent beaucoup, le film ne leur rend pas grand-chose, négligeant les promesses "polardeuses" au profit de références à la culture gay underground des années 70. Dommage pour Matthew McConaughey, acteur en pleine révolution sexuelle qui, après son rôle d’ange exterminateur dans Killer Joe, de William Friedkin, trouvait une fois encore matière à défendre un personnage ambigu et troublant.
Au final, l’on ne sait jamais vraiment pourquoi deux journaleux s’acharnent à sauver un "redneck" odieux condamné à mort (John Cusack). Peut-être pour sa petite amie ultra "hot" (Nicole Kidman) que lorgne le frère d’un des enquêteurs (Zac Efron). En effet, pour compenser les béances de son intrigue, Daniels en rajoute dans la moiteur et la provoc : coming out avec menottes et tabassage, orgasme simultané au parloir, plans langoureux de Zac Efron en slip blanc, etc. En prime, "La" scène qui fera date, celle où Nicole fait pipi sur le torse de Zac, piqué par des méduses.
Lee Daniels confirme son appétence pour la lourdeur et la surenchère avec une autre scène aussi choc qu'inutile, où John Cusack besogne Nicole Kidman dans la cuisine, ayant même droit à des inserts de plans d’animaux, un cochon, notamment, soit disant pour renforcer l'aspect bestialité ! Dommage aussi pour Macy Gray, dans un second rôle sacrifié, la diva soul impressionne vraiment. 
Résultat, Lee Daniels perd le fil de son récit en même temps que son spectateur et empile les scènes sulfureuses gratuites. Le tout enrobé d'une esthétique frôlant parfois celle des films "rose". Je regrette sincèrement que Daniels joue avec autant de facilité sur le sex-appeal de ses acteurs, au détriment de son récit qui se retrouve littéralement noyé dans la vase !!!

Alex Cross : Le retour au cinéma du détective profiler !!!

Synopsis : 

Alex Cross, psychiatre légal et détective, traque Michael Sullivan, un psychopathe surnommé "Le boucher de Sligo". Cross parvient à faire échouer une de ses tentatives de meurtres. Mais Sullivan prépare sa vengeance et la met à exécution en tuant la femme du détective.

Attente :
Alex Cross sera de retour au cinéma (annoncé pour le 19 décembre 2012 en France). Après avoir été incarné par Morgan Freeman, dans deux films adaptant les deux premiers romans de la saga consacrée au personnage ("Et tombe les filles" / "Le Collectionneur" en 1997 et "Le Masque de l'Araignée" en 2001), c'est au tour de Tyler Perry d'incarner le célèbre détective-psychologue dans une nouvelle franchise. À ses côtés, nous retrouveront, entre autres, Matthew Fox et Jean Reno). 
Tyler Perry
Le film réalisé par Rob Cohen et sobrement intitulé  "Alex Cross", semble être l'adaptation du douzième opus de la série, "La Lame du Boucher", publié en en France en 2011 par les éditions Jean-Claude Lattès. Roman dans lequel s'opère un changement de statu quo dans la vie de Cross qui va faire du bien. James Patterson se paie le luxe de créer un tueur qui va littéralement voler la vedette à son personnage principal. A voir si le film sera fidèle au livre sur ce point, ce qui serait réellement très intéressant.
Le film suit donc un inspecteur de police / profiler qui fait face à un terrible tueur en série (Matthew Fox en vilain sec comme un coup de trique) avec lequel il s’engage dans un jeu du chat et de la souris. Quand sa mission croise sa vie personnelle, Cross est poussé jusque dans ses limites morales et psychologiques. Réalisé par Rob Cohen, "Alex Cross" se dévoile avec une affiche et une bande annonce dans laquelle on découvre la trame narrative et les premières images de ce thriller américain. Une bande annonce explosive de plus de deux minutes avec un Matthew Fox méconnaissable.
Pour ma part, fut un temps où j'étais particulièrement excité par "Alex Cross", retour au cinéma du personnage hégémonique de l’écrivain James Patterson. C’était un temps où Idris Elba devait rafler le rôle-titre. Ensuite, il a été remplacé par Tyler Perry, ce qui a émoussé mon intérêt malgré une certaine curiosité de voir l’acteur/auteur/producteur américain, connu principalement pour ses comédies (qui ne franchissent que rarement l’Atlantique), prendre la tête d’un pur thriller. 
Un Matthew Fox inédit !
Ensuite, Matthew Fox, peu présent au cinéma depuis la fin de "Lost", embarquait sur le projet et je me suis mis à attendre à nouveau cette nouvelle adaptation avec une certaine impatience. Peut-être à raison, tant je suis surpris par le look de ce dernier. Maigre, tout en nerfs, l’air patibulaire : on n’a jamais vu l’ancien Jack comme ça, en psychopathe. Il campe Michael Sullivan, un assassin appâté par le sang et l’argent.
Espérons maintenant que ce nouvel opus soit bien mieux réussit que les deux premières adaptations, malgré un Morgan Freeman toujours aussi charismatique !!!

Looper : Le nouveau "Matrix" de cette génération ???

Synopsis :

En 2044, c'est le marasme économique, l'industrie est en panne, la société s'est appauvrie. Joe (Joseph Gordon-Levitt), lui, mène une vie de patachon, grâce à l'argent qu'il gagne à tuer des hommes expédiés du futur par un puissant criminel surnommé "Faiseur de pluie". Celui-ci vit en 2074 et expédie toutes les personnes qu'il veut éliminer sans laisser de trace au moyen d'une machine à remonter le temps. 
Tout "looper" qui rate la cible à date et heure convenue est liquidé pour avoir failli à "boucler la boucle". Un jour, Joe se retrouve face à son double, vieilli de 30 ans (Bruce Willis). L'ayant manqué, il poursuit le fuyard tandis que lui-même est pris en chasse. La machine si bien huilée déraille.

Attente :
"Looper" est-il le nouveau chef-d’œuvre de la science-fiction US ? Le nouveau "Matrix" de cette génération ? C’est en tous cas ce que semblent penser les critiques cinéma américains. Le film d’action / SF avec Bruce Willis et Joseph Gordon-Levitt affole la critique US et récolte 100% d’opinions positives. Un quasi-record.
Sur le papier, "Looper" paraît être un film d'action / SF séduisant au vue de son scénario musclé, de son brillant réalisateur en devenir, Rian Johnson, et de son casting alléchant composé de Bruce Willis, Joseph Gordon-Levitt et d'Emily Blunt pour la touche de féminité, pour ne citer que les premiers rôles. Et la première bande annonce ne fait que renforcer cette idée. Ça court et ça tire dans tous les sens sans jamais paraître bourrin. A première vue donc, "Looper" serait l'un des films d'action SF de cette année 2012 et le Festival de Toronto (TIFF) vient de confirmer cette idée avec 23 critiques positives sur 23, soit 100% de tomates "fresh" sur le site Rotten Tomatoes.
Le site compile les critiques et les classe suivant leur opinion : "fresh" (frais) si la critique est positive, "rotten" (pourri) si elle est négative. Le pourcentage d’opinions "fresh" indiquant donc grosso modo la qualité du film face à la critique.
Troisième long-métrage du surdoué Rian Johnson (dont le polar teenager minimaliste, éthéré et onirique "Brick", déjà avec Joseph Gordon-Levitt, avait mis tout le monde d’accord en 2005), "Looper" est un ambitieux mélange de SF et d’action. Dans lequel Joe (Gordon-Levitt) est un "looper", un tueur à gages chargé d’exécuter des cibles que la mafia lui envoie du futur, où le voyage dans le temps a été inventé. Des crimes parfaits, jusqu’au jour où il doit se tuer lui-même (sous les traits de Bruce Willis). Au programme, paradoxes temporels, script millimétré et une généreuse dose d’action et de courses-poursuites.
Apparemment, on reste scotché deux heures durant dans son fauteuil tant le suspense est savamment entretenu par le réalisateur et scénariste Rian Johnson. La mémorable scène du face à face du vieux et du jeune Joe semble fasciner les critiques américains. Peut-être parce qu'elle touche au désir atavique de connaître et maîtriser l'avenir. On lit entre les lignes qu'on ne peut se combattre soi-même et qu'il faut d'abord régler son passé avant de tenter de changer l'avenir.
Le film, qui sortira aux États-Unis le 28 septembre et le 31 octobre en France, récolte donc 100% d’opinions positives. Ce score impressionnant est suffisamment exceptionnel pour être souligné. Tous les journalistes qui ont vu le film en avant-première ne tarissent pas d’éloges sur le film. "Le troisième film de Rian Johnson est grandiose et impressionnant", écrit Peter Debruge (Variety). "Son concept de science-fiction est étourdissant mais au bout d’un moment, la SF passe à l’arrière-plan et les personnages complexes prennent le contrôle". "Looper" "place l’action à un niveau explosif tout en maintenant ’intérêt de son scénario", renchérit Todd McCarthy (The Hollywood Reporter). "Un thriller électrisant sur le voyage dans le temps dans la lignée de Terminator", écrit-on sur JoBlo. La comparaison avec le film séminal de James Cameron, qui mêle action over the top et voyages temporels, résume tout. "Looper" joue dans la cour des grands.
Joseph Gordon-Levitt

"Le vrai défi du long-métrage réside dans ses cassures narratives. La fiction voltige sur elle-même et se renouvelle à chaque fois, en accélérant la temporalité puis en la faisant renaître sous une autre forme. Cette œuvre dense et immersive n'a rien a envié à L'Armée des douze singes, modèle de déterminisme poético-uchronique qui bénéficie de la même qualité picturale et d'un propos multicouches. Le film de Rian Johnson réserve en plus des scènes d'action de haute volée. "Looper", c'est l'impression d'avoir assisté à plusieurs longs-métrages en un seul. Avec l'envie de le revoir en boucle" (extrait de la critique d'excessif.com).
Mais il y a aussi des louanges pour les acteurs : "Voir Bruce ressortir et tenir son numéro de gros dur est un voyage dans le temps en lui-même", remarque-t-on à This Is London. "Il y a là deux performances extraordinaires de la part de Willis et Gordon-Levitt. Ce dernier parvient même à reproduire l’air douloureux d’incrédulité et la démarche voûtée qui ont contribué à faire de Bruce Willis une star", s’emballle même The Guardian. Et on vous passe les "Brillant", "le film le plus cool de 2012", "plus proche de L’Armée des Douze Singes que de Terminator 2", ou encore "le film de SF le plus pertinent depuis Les Fils de l’homme"Bref, c'est enthousiasmant. Mais "Looper" pourra-t-il continuer sur cette lancée ? Espérons-le de toutes nos forces, parce qu'après de tels éloges, on n'en attend beaucoup !!!

Jason Bourne - L'héritage : Efficace tout en n'apportant rien de neuf !!!

Note : 3 / 5


Synopsis :

Le programme Treadstone, dont Jason était le cobaye, n’était que la partie émergée d’une conspiration plus ténébreuse, ourdie par d’autres branches du gouvernement et mettant en jeu d’autres agences de renseignement, d’autres programmes militaires, d’autres laboratoires secrets.
De Treadstone est né "Outcome", dont Aaron Cross est un des six agents. Sa finalité n’est plus de fabriquer des tueurs, mais des hommes capables d’assurer isolément des missions à haut risque. En dévoilant une partie de cette organisation, Jason laissait derrière lui un "héritage" explosif : compromis, les agents "Outcome" sont désormais promis à une liquidation brutale. Effacés à jamais pour que le "père" du programme, le Colonel Byer puisse poursuivre ses sinistres activités.
Une gigantesque chasse à l’homme commence, et Cross, devenue sa première cible, n’a d’autre recours que de retrouver et gagner la confiance de la biochimiste d’"Outcome", Marta Shearing, elle-même menacée de mort.

Critique : 
La trilogie Bourne a eu beau s’achever avec perfection, le studio a décidé de prolonger la saga. Il a ainsi confié au scénariste Tony Gilroy (auteur des trois premiers volets et réalisateur de Michael Clayton) la mission de mettre en scène une nouvelle intrigue.
"L’Héritage" se déroule donc parallèlement au dernier épisode (La Vengeance dans la peau), mais se concentre sur un nouveau venu, Aaron Cross, qui serait une pâle copie de Bourne sans la considérable présence de son interprète Jeremy Renner. Alimentée par une paranoïa en béton, l’action non-stop garantit un spectacle presque épuisant. 
Gilroy y a ajouté des considérations faussement lucides sur les activités des services secrets ("moralement injustifiables mais absolument indispensables"). En même temps, son cinéma propage le mythe très discutable de la toute-puissance militaire américaine. La réalité, c’est que la logistique est forte, mais les motivations douteuses et les résultats moyens.
Plutôt donc de poursuivre par une adaptation des romans d’Éric Van Lustbader, la production décide de redémarrer sur une histoire originale. Gilroy imagine donc un reboot qui s'éloigne clairement de l'ouvrage original homonyme de Van Lustbader. Délaissant le personnage de Jason Bourne, ce nouveau volet s'attarde sur "l'héritage" et imagine les conséquences qu'auront eu les actions de Bourne sur d'autres services et leurs agents.
"Jason Bourne : l'héritage" étonne par sa rythmique sans toutefois parvenir à totalement séduire, même si les deux acteurs principaux sont excellents. Divisé en deux parties distinctes, le film semble en suspension durant sa première heure. Partagés entre leur volonté d'inscrire l’œuvre dans la saga tout en s'émancipant de son ombre, les auteurs ne réussissent que partiellement leur pari. 
La faute à des bavardages incessants entre membres obscurs du gouvernement qui tentent d'étouffer l'évasion de leur meilleur agent avant de s'apercevoir qu'un autre est en pleine rébellion. La trilogie n'était que la partie immergée de l'iceberg et en voulant tout expliquer dès les débuts de cette renaissance cinématographique, Tony Gilroy finit par ennuyer sans créer de véritable tension pendant le premier tiers du film.
Difficile de passer après Jason Bourne, "l’original". Il semble en effet que l’héritage soit lourd à porter. Jeremy Renner, quant à lui, fait le film. Sachant que le personnage est un peu différent de son prédécesseur. Le programme dont il est issu générant au départ "moins de finesse", on pouvait s’attendre à un soldat un peu plus bourrin. Pourtant, il évolue avec constance et se montre très habile.
La charte de la franchise est "proprement déroulée" : Un personnage hors du commun en fuite, de la baston, de la roublardise, une juste tension sexuelle entre les deux protagonistes... Le rythme est parfaitement respecté. On ne s’ennuie pas (en tout cas pour la deuxième partie du film). Et l’interprétation est à la hauteur. On a envie de tirer le chapeau aux cascadeurs. Un régal de film d’action !
En reprenant le scénariste de la trilogie pour le mettre derrière la caméra, les producteurs ont eu une idée à double tranchant. Le bon côté, c’est que l’esprit est toujours là, mêlant complot, crise identitaire et inévitable poursuite tout en reprenant le style de Greengrass de manière plus soft. Le mauvais côté est que du coup, tout cela sent tout de même un peu le réchauffé pour un spin-off qui ne va pas bouleverser les règles.
Heureusement, on oublie peu à peu le background dans la seconde partie du film pour se concentrer sur la fuite de Cross. Une poursuite qui devient même presque trop facile à suivre en comparaison de ce qui a précédé, puisque l’espion sur-entrainé est simplement à la recherche des médicaments qui pourront le sauver en compagnie d’une doctoresse qui ne manque pas de charme. A partir de là, nous avons droit à une simple course-poursuite plutôt efficace, rythmée et lisible menée par un Jeremy Renner complètement impliqué dans l’action (à défaut d’avoir un personnage vraiment intéressant).
En fait, en dehors du fait d’être une grosse course-poursuite bien menée en terrain connu et pendant laquelle on ne s’ennuie pas, ce "Jason Bourne : l’Héritage" n’a malheureusement pas grand-chose à raconter et on sent vraiment que l’on tire sur la corde d’une franchise qui n’a plus rien à dire et qui tente de noyer sous les machinations la pauvreté de son discours et de ses nouveaux personnages. Bien, mais ils pouvaient faire bien mieux !!! 

Killer Joe : Une descente aux enfers trash, provocatrice et dérangeante !!!

Note : 4.5 / 5


Synopsis :

A Dallas, un détective est aussi tueur à gages. Lorsque Chris, un dealer de 22 ans, voit son stock dévalisé par sa mère, il est contraint de trouver la somme de 6 000 dollars au plus vite, s’il ne veut pas mourir. 
Désespéré, il se tourne vers "Killer Joe" lorsqu’il s’aperçoit que l’assurance-vie de sa mère s’élève à 50 000 dollars. Bien que Joe ait pour habitude d’être payé à l’avance, il accepte d’assouplir ses règles à condition que Dottie, la séduisante petite sœur de Chris, serve de "garantie sexuelle" jusqu’à ce qu’il soit payé... si ce jour vient.

Critique :
William Friedkin est l’un des rares vétérans réalisateurs à parvenir encore à nous prendre aux tripes et à nous maintenir sous pression, voire presque en apnée, lors de scènes clés cruciales. Si l’on retient fondamentalement dans sa filmographie "French Connection" et "L’Exorciste", deux œuvres monumentales qui ont bouleversé les codes de leurs genres dédiés dans les années 70 et qui restent encore à ce jour des références culturelles, le réalisateur américain âgé de 77 ans exprime avec toujours autant de ferveur sa hargne cinématographique.
Après l’incroyable et jubilatoire thriller paranoïaque et claustrophobe "Bug" en 2006, il revient avec l’adaptation d’une seconde pièce de théâtre sortie en 1993 du dramaturge américain Tracy Letts, lauréat du prix Pulitzer, également en charge de l’écriture du scénario. On ne change pas une équipe qui gagne ! Avec "Killer Joe", William Friedkin signe d’une main de maître un bijou d’humour noir, poisseux et sans concession, qui a remué l’assistance américaine depuis sa diffusion au Festival de Toronto pour son contenu jugé troublant au regard des scènes de violence, de sexe et de brutalité.
Tel quel, il s'agit d'une descente aux enfers convulsive, un opéra white trash allant très loin dans l'outrance (nudité frontale, perversions sexuelles, hallucinations collectives, violence hardcore), une bonne blague provocatrice et dérangeante. Cette description abrasive de l'Amérique péquenaude peut donner l'impression d'avoir été mille fois vue, notamment chez Tennessee Williams, mais Friedkin réussit à renouveler le thème de l'ambiguïté morale, son sujet de prédilection, en lui donnant une complexité inédite. Toujours aussi rebelle dans l’âme, près de 40 ans plus tard, Friedkin n’y va pas avec le dos de la cuillère pour nous jeter en pleine face le visage peu reluisant de l’Amérique.
Dès les premières images, le ton est donné. Sous une pluie battante à ne pas mettre un chien dehors, Chris (Emile Hirsch) semble particulièrement perturbé par la tournure des événements lorsqu’il déboule sur le perron de la bicoque paternelle. Accueilli par sa belle-mère (Gina Gershon), la touffe à l’air, il trouve son père (Thomas Haden Church) captivé par un show de monster trucks à la télévision, une cannette de bière à la main, tandis que Dottie (Juno Temple), sa sœur à peine pubère, s’ennuie à périr dans sa chambre. En l’espace de quelques minutes, Friedkin nous introduit dans l’intimité profonde d’une famille recomposée de la basse classe américaine, avec un humour incisif et désabusé qui fait autant rire que froid dans le dos.
L’œuvre est subversive, mais elle est avant tout brillamment réalisée et intelligemment écrite sous la plume affûtée de Letts qui parvient à séduire l’auditoire par sa verve tranchante dans une orchestration de répliques et de dialogues cyniques et désopilants. Le dramaturge et scénariste, qui a tout d’un Tennessee Williams moderne plus acide et plus sombre, permet ainsi de se détacher de la noirceur de son propos dans ce récit concentré sur l’éclatement d’une famille dysfonctionnelle. 
"Killer Joe" est un film qui s’amuse avec les conventions et les genres qu’il bouscule allègrement. C’est le film d’un vieux roublard qui a la bonne idée de se prendre pour un jeune loup en y apportant toute sa maîtrise. Car c’est bien en cela que "Killer Joe" impressionne le plus, sa maîtrise, qui derrière le vernis de la folie douce laisse apparaître une mécanique impeccable, celle des grands cinéastes conteurs.
La surprise est que si ses précédents films ne dépeignaient pas nécessairement une humanité toute rose, on était loin de se douter qu’il en viendrait à signer un portrait aussi sombre. Car le film scrute l’être humain dans ce qu’il a de plus noir tout en malmenant les notions de bien et de mal, les remplaçant généralement par le mal et le encore plus mauvais.
Derrière sa violence outrancière, que le réalisateur n’hésite pas à filmer frontalement à l’image du passage à tabac de Chris, plein cadre, "Killer Joe" est un film extrêmement raffiné. Une sorte d’élégance qui provoque tout autant le malaise que ce qui se déroule dans le cadre, comme lors de la première soirée entre Joe et Dottie, et qui donne aux acteurs, tous formidables, un terrain de jeu idéal. Si Emile Hirsch confirme à nouveau tout le bien qu’on pouvait penser de lui, tout comme Juno Temple qui n’en finit pas d’impressionner par son aura et qui bénéficie là d’un rôle à la hauteur de son talent, et central, c’est Matthew McConaughey, magnétique et flippant, qui crève l’écran. L’acteur brise avec fracs son image de beau gosse et campe un ange exterminateur bluffant, et fait entrer Killer Joe Cooper au panthéon des figures masculines majeures du cinéma de William Friedkin, aux côtés de Popeye, Jackie Scanlon, Steve Burns et Richard Chance. Impressionnant.
Friedkin semble avoir retrouvé une seconde jeunesse pour notre plus grand bonheur, fruit de sa collaboration avec le formidable scénariste Tracy Letts, amorcée il y a cinq ans avec le démentiel "Bug". Il se pourrait bien que "Killer Joe" soit son chef-d’œuvre définitif, rien de moins ! Chapeau bas l’artiste !!!

Quentin Tarantino - Django Unchained : Tarantino s'attaque enfin au western spaghetti !!!

Synopsis :

Dans le Sud des États-Unis durant la Guerre de Sécession, un ancien dentiste allemand reconverti en chasseur de primes libère Django, un esclave, et le forme afin de lui permettre de libérer sa femme des mains de Calvin Candie, un riche et terrible propriétaire terrien.

Attente :
Acteur, réalisateur, scénariste, producteur, directeur de la photographie, producteur exécutif, consultant, Quentin Tarantino est né le 27 mars 1963 à Knoxville, dans le Tennessee. Il s'est fait connaître dans les années 1990 en tant que réalisateur de films indépendants. On le reconnaît par sa narration non linéaire ainsi que pour ses scènes hautement esthétiques mais d'une violence extrême. Ayant reçu une formation d'acteur, il interprète fréquemment de petits rôles dans ses propres films. Par exemple, il joue le rôle de Mr. Brown dans "Reservoir Dogs", Jimmie dans "Pulp Fiction", ou encore celui de Warren, un tenancier de bar, dans "Boulevard de la Mort".
Aussi brillants soient-ils, les films de Quentin Tarantino ont toujours fonctionné "en référence à", "en hommage à". Cinéphile parmi les cinéphiles, groupie avant d'être idole, Quentin Tarantino parvient à chaque fois à trouver un ton personnel tout en s'appuyant sur les œuvres et univers des autres. Après le film "blaxploitation" ("Jackie Brown", 1997), le film de kung-fu ("Kill Bill", 2003), le film de guerre ("Inglourious Basterds", 2009), le fan du cinéma de genre qu’est Quentin Tarantino a enfin choisi de s’attaquer au western spaghetti.
La bande d'annonce porte définitivement la patte tarantinesque : violence, ironie et une bande-son titanesque. Encore une fois, l’auteur de "Pulp Fiction" réunit un casting en or : Jamie Foxx ("Miami Vice", "Ray") en Django, esclave libéré de ses chaînes, Christoph Waltz ("Inglourious Basterds") en chasseur de primes, et Leo DiCaprio en esclavagiste aux dents pourries.
Concernant la trame de fond du film, l'esclavage, le réalisateur a fait d’autres révélations en confiant, notamment, les raisons qui l’ont poussé à orienter le film vers ce thème. Selon Tarantino, les films western ne parlent pratiquement jamais de ce sujet. Il a choisi d’aborder l’esclavage pour se différencier. Dans ses diverses interventions, Tarantino a également soulevé quelques anecdotes de tournage en révélant que la scène avec Jonah Hill est l’une des plus drôles qu’il ait jamais tournées.
Les Weinstein (le producteur) et Sony ont de grands espoirs pour "Django Unchained", et on les comprend. C’est sans doute la raison pour laquelle la promo de Monsieur Tarantino a commencé depuis belle lurette, alors que le film ne sortira qu’en décembre aux Etats-Unis, et le 16 janvier prochain en France. Nous avons ainsi eu déjà droit à diverses images, diverses variations du poster teaser (sans compter les fan arts), un trailer américain ou international, un spot télé… Bref, on en sait déjà un peu trop sur le projet à mon goût ! 
J'espère seulement que contrairement à "Inglorious Basterds" (qui est, à mon sens, la plus grande, et la seule, déception de sa filmographie, dont le seul trait de génie a été l'incroyable et inoubliable performance de Christoph Walz), "Django Unchained" est vendu honnêtement et pour ce qu’il est réellement !
Ceci étant dit, "Django Unchained" est certainement, et à juste titre...j'espère..., un des films les plus attendus de l'année 2013 !!!

Expendables 2 : Une ode barbare complètement décomplexée et "testostéronée" à l'autodérision jouissive signant le grand retour du cinéma d'action des 80's !!!

Note : 4.5 / 5


Synopsis :

Les Expendables sont de retour, et cette fois, la mission les touche de très près.
Lorsque Mr. Church engage Barney Ross, Lee Christmas, Yin Yang, Gunnar Jensen, Toll Road et Hale Caesar et, deux nouveaux, Billy The Kid et Maggie, l’opération semble facile. Mais quand l’un d’entre eux est tué, les Expendables jurent de le venger. 
Bien qu’en territoire hostile et donnés perdants, ils vont semer le chaos chez leurs adversaires, et se retrouver à tenter de déjouer une menace inattendue : cinq tonnes de plutonium capables de modifier l’équilibre des forces mondiales. Cette guerre-là n’est pourtant rien comparée à ce qu’ils vont faire subir à l’homme qui a sauvagement assassiné leur frère d’armes.

Critique :
Il y a deux ans, Sylvester Stallone faisait son retour sur nos écrans avec un film qui tenait autant de l'All-Star Game que du film d’action dopé à la testostérone. Succès au box-office oblige (274 millions dollars de recettes au box-office mondial), une suite a rapidement été mise sur les rails. Cette fois, Stallone a laissé les rênes de la réalisation et les a confiés à Simon West, auteur du sympathique "Les Ailes de l’Enfer" avec Nicolas Cage et John Walkovich. Comme le promettait sa bande-annonce, Expendables 2 voit le retour du casting original (Sylvester Stallone donc mais aussi Jason Statham, Jet Li, Dolph Lundgren, Terry Crews, Randy Couture), donne un peu plus de temps à l’écran à Bruce Willis et Arnold Schwarzenegger et ajoute de nouveaux éléments explosifs comme Liam Hemsworth, Nan Yu, Jean-Claude Van Damme et Chuck Norris ! Sur le papier, tout cela annonce donc le meilleur dans la catégorie divertissement de destruction massive. 
Vous l'aurez compris, l’histoire est d’un classicisme à toute épreuve. Le scénario étant manichéen à souhait et très simple, comme le cinéma d'action des années 80 aimait les produire ! "Expendables 2" a donc pour défaut de tomber parfois dans la facilité scénaristique en faisant parfois appel à un deus ex machina sorti de nulle part. Si Simon West et Stallone s’en sortent toujours avec un bon mot ou une petite pirouette, nous ne sommes pour autant pas dupes.
Le premier "Expendables" a été critiqué pour ses manques, il souffrait de sérieux problèmes de rythme et ne décollait que dans une dernière demi-heure dantesque, "Expendables 2" remédie à ce problème en scotchant le spectateur dès la scène d’ouverture. Ici, aucune tromperie sur la marchandise : "Expendables 2", c’est de la sueur (un peu), du sang (beaucoup) mais pas de larmes. Les dix premières minutes ressemblent à s’y méprendre à un plaidoyer pour un retour au cinéma des années 80 en tentant de limiter l’utilisation d’effets numériques superflus. On ne va sûrement pas s’en plaindre.
Mieux, "Expendables 2 : Unité Spéciale" est extrêmement agréable, voir jouissif ! Donc plutôt que de miser sur son histoire, le film mise plutôt sur son côté "fun". Et c’est clairement réussi ! "Expendables 2 : Unité Spéciale", est peut-être le film le plus fun et plus jouissif que vous pourrez voir cet été. Certes, comme dans le un, ça démolit tout, ça tue tout, ça fait des trucs qui ne sont pas scientifiquement plausibles pour deux sous, mais ce qui faisait défaut dans le 1 fait la force du 2 : le second degré. Complètement à côté de la plaque dans le premier épisode sur ce point, le deuxième opus sait nous en donner. Et c’est du fan-service pur et simple, le film trouvant son salut dans un humour ultra référencé presque cinéphilique pointu. Sans vouloir vous gâcher la surprise, je n'en dirais pas plus. Mais sachez que chaque grosse star du film aura sa petite référence par rapport à sa carrière. Je vous laisse imaginer, par exemple, ce qui se dit quand Stallone rencontre Chuck Norris pour la première fois. Fou rire assuré !
Le film ne se prend donc pas la tête. Il a décidé d’être bête et méchant et ça lui va pour le mieux. Ce qui aurait été ridicule dans le premier devient appréciable dans le deuxième. Objectivement, le film défonce ! Dans tous les sens du terme d’ailleurs, puisque ça pète de partout, les cadavres, les explosions et les flingues étant au rendez-vous, le film étant par ailleurs pour le coup un vrai film d’équipe au contraire du premier qui tournait un peu trop autour du duo Sly / Statham.
Les acteurs sont donc mieux mis à contribution. Dans le premier, ça tournait, trop, autour de Stallone de Statham. Ici, et c’est Van Damme lui-même qui le dit, chaque acteur a le droit de briller. Ils ont chacun leur petit moment, leur déclaration qui fait mouche, et on en redemande. On en attendait pas moins et les fans seront aux anges ! En ce qui me concerne, la grande nouveauté de cet opus se nomme bel et bien Jean-Claude Van Damme. Au-delà des savoureuses apparitions de Chuck Norris, c’est bien le "Muscles from Brussels" qui attire l’attention dans un nouveau rôle de méchant. Hélas, triple fois hélas, notre belge préféré est finalement très peu présent à l’écran et, pire encore, son personnage ne donnera aucun vrai fil à retordre à la fameuse équipe de gros bras.
Car si le face-à-face attendu entre Barney Ross et ce Jean Vilain, a finalement lieu, il manque néanmoins à Van Damme le temps nécessaire pour construire son personnage, lui offrir un relief, un statut de parfait challenger et ainsi faire monter en puissance cette fameuse confrontation finale qui arrive ici, malheureusement, comme un cheveu sur la soupe. D’autant que du point de vue de la confrontation stricte, la scène d’action finale, ce corps à corps Sly contre JCVD, est absolument magistrale. "Anthologique" même !
Au final, ce deuxième opus se révèle bien plus décomplexé que son prédécesseur et rempli son objectif avec une facilité déconcertante : le fun est là, immédiat et indéniable ! Mieux, en permettant à des membres de sa team de faire bande à part, Sylvester Stallone évite de reproduire les errements du premier volet durant lequel il suivait chaque personnage pour se perdre dans une surabondance inutile de caractérisations. Ici, l'autoroute est déjà toute tracée, le bulldozer paré et il ne manquera plus au spectateur qu'à accrocher sa ceinture pour apprécier le show.
Finalement, "Expendables 2", avec la présence de JCVD, d’un amusant "Chuck Norris fact", d’une vraie séquence d’action avec Arnorld Schwarzenegger et Bruce Willis et de punchlines à tout va, s’adresse avant tout aux aficionados du genre, le brossant dans le sens du poil en lui jetant à la gueule ce qu’il est venu chercher, ni plus ni moins. D’aucun dirait que ce voyage au pays de la testostérone était donc particulièrement cool ! Une suite, une fois n'est pas coutume, supérieure au premier !
Le film est donc la dose de plaisir que vous attendiez peut-être cet été. À l’inverse de certaines suites qui se sont révélées plus ou moins décevantes, "Expendables 2 : Unité Spéciale" est l’agréable surprise qu’on n’attendait pas. Si on n’a pas aimé le 1, on aimera sûrement le 2. Si on a aimé le 1, on adorera très certainement cette suite. Et puis franchement, voir Stallone, Schwarzenegger, Van Damme, Willis, Li, et Norris se battre ensemble dans une même séquence, que demande le peuple ? Le tout parsemé de bonnes rigolades, de références abondantes, on se retrouve avec le film d’action, et pourquoi pas la comédie, de cette fin du mois d’août. Et pendant cette période de canicule, rien de mieux que de retrouver le frais d’une salle de cinéma pour profiter d’un spectacle qu’on redemanderait volontiers !!! 

Cinéma : Des répliquent qui Tuent !!!
Avec l'extraordinaire idée de "Sir" Sylvester Stallone de remettre au goût du jour les films des années 80, avec son excellent "Expendables", et maintenant sa suite, il me semblait normal de vous offrir certaines des plus "belles" répliques qu'il m'est été donné d'entendre !
Il y a certaines répliques qui peuvent tuer un homme ... Ou un film ! Elles sont parfois drôles, ridicules, cultes ou même jouissives. Elles sont dans des nanars ou des chefs-d’œuvre, elles sont souvent dites par les habitués du genre : Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis, Chuck Norris, Sylvester Stallone, Clint Eastwood. Voilà une petite vidéo qui donne un petit aperçu des répliques qui tuent au cinéma.
 
Voilà retour en image sur quelques petites perles du septième art !!!

Despues de Lucia : Un film au commencement difficile mais qui vire au chef-d’œuvre !!!

Note : 4 / 5


Synopsis :


Lucia est morte dans un accident de voiture il y a six mois ; depuis, son mari Roberto, et sa fille Alejandra, tentent de surmonter ce deuil. Afin de prendre un nouveau départ, Roberto décide de s’installer à Mexico. Alejandra se retrouve, nouvelle, dans une classe. Plus jolie, plus brillante, elle est rapidement la cible d’envie et de jalousie de la part de ses camarades. Refusant d’en parler à son père, elle devient une proie, un bouc émissaire.

Critique :
Après l'électrochoc "Daniel Y Ana" (un frère et une soeur étaient forcés de jouer dans un porno clandestin), le réalisateur Mexicain Michel Franco creuse la même veine sismique avec "Despues de Lucia" qui reprend le dispositif formel des plans-séquences fixes et rigides avec distanciation extrême pour raconter une histoire au moins aussi puissante (un père à la recherche de sa fille, disparue).  La première scène (un homme loue une voiture, s'arrête à un carrefour et l'abandonne en pleine rue) annonce une situation dure. Plus tard, la même image prend une signification totalement différente mais tout aussi dramatique. Leur juxtaposition témoigne du style de Franco qui recompose un puzzle en le compliquant de différents niveaux chronologiques et propose une incroyable étude de cas sur les thèmes de la culpabilité et de la vengeance, le tout montré en images denses et crues. 
D'ailleurs ceux qui avaient vu le précédent film de Michel Franco risquent de ne pas avoir le même point de vue sur "Despues de Lucia" que ceux qui le découvrent tel quel. Sur une idée de départ pas si éloignée (une vidéo amateur clandestine entraîne un engrenage de violence domestique), ce second long métrage offre un traitement bien différent. La où le premier tirait sa réussite d’une grande nuance psychologique, cette nouvelle pellicule y va de manière plus directe. Et c’est presque un euphémisme. 
Pourtant le film prend son temps avant de vraiment débuter, installant d’abord ses personnages dans une sorte d’absence quotidienne. Une absence à eux-mêmes et une impossibilité à communiquer entre eux (première bonne idée : le malheur ne s’abat pas sur une famille idéale). Puis ça démarre : la première torgnole atterrit dans la "gueule" de la jeune Alejandra, et là les vannes s’ouvrent. La violence choque puis se répète, s’amplifie, devient extrême. A la limite du trop plein, sans nuances, sans guillemets. L’humiliation crève l’écran, acide, infernale et étouffante. Et le silence de la protagoniste, qui était jusqu’alors un peu lassant, devient glaçant. 
Il y a des débuts qui commencent mal et qui virent au chef d’œuvre, c’est le cas de ce film. Pas toujours parfait dans la forme, mais avec un fond et une histoire tellement forte. Très vite, le film révèle ses atouts et devient l'alliance d'une mise en scène viscérale et d'un script raisonné. L'astuce, c'est de raconter l'histoire de deux points de vue différents, celui du père qui cherche à comprendre ce qui s'est passé et celui de la fille qui subit passivement un calvaire. En égrenant des informations, Franco s'attache à souligner leurs états émotionnels. 
Partant d'un scénario déjà très elliptique, il élague la rhétorique inutile et amplifie l'impact tragique d'une histoire éminemment sombre. Le spectateur peut avoir la sensation d'être pris en otage et pour peu que l'on ne soit pas amateur des expériences malaisantes de Michael Haneke ("Funny Games"), vraie référence de Franco, on peut trouver ça insoutenable. Pour autant, rien ne sert de se voiler la face. D'autant que la cruauté est telle qu'il n'est pas nécessaire d'enfoncer le clou. "Despues de Lucia" témoigne d'une vision du monde extrêmement noire. La dernière image, terrible, prend à la gorge et hante longtemps après la projection.
Michel Franco ne semble donc pas vouloir nous apitoyer simplement sur le sort d’Alejandra. La violence semble manichéenne car les personnages de "méchants" sont peu subtils, mais l’héroïne ne vire jamais à la sainte martyr. Les enjeux sont ailleurs. On évite d’ailleurs heureusement les scènes clichés où elle s’effondrerait en larmes, craquerait ou se vengerait dans une violente catharsis. En restant complètement mutique et neutre, elle ne devient pas complice de la violence mais devient aussi insaisissable pour le spectateur qu’elle ne l’est pour son père. Et qui peut aider quelqu’un qui ne veut pas l’être ? Tout cela se fait dans une très grande froideur (malgré ses scènes dures le film carbure plus à la réflexion qu’à l’affect) qui rend cette violence encore plus dérangeante, à la limite de la gratuité. Le dénouement est amer, d’une ironie un peu roublarde, mais lui aussi percutant. Tout comme l’ensemble du film, il est froid et brutal. Dans ma bouche, ce ne sont pas des défauts.
Ce film est une véritable claque, et il mérite franchement son prix "Un Certain Regard" à Cannes. L’acteur et réalisateur britannique Tim Roth, président du jury "Un Certain Regard", s’est félicité que le cru 2012, composé de 20 films originaires de 17 pays différents, ait permis de découvrir "une sélection de films extraordinaire dans sa qualité et sa puissance". "Les cinéastes ne nous ont jamais déçus une seule fois! Incroyable!", s’est-il enthousiasmé. Il parle du film comme "d'un véritable chef-d’œuvre !". 
Pari donc gagné pour Franco, qui n’en est pas à son coup d’essai et mérité vraiment de lancer sa carrière internationale avec ce film bouleversant !!!   

Len Wiseman - Total Recall, Mémoires Programmées : Un film d'action musclé et soigné, mais totalement dépourvu d'âme !!!

Note : 2.5 / 5


Synopsis :


Modeste ouvrier, Douglas Quaid rêve de s’évader de sa vie frustrante. L’implantation de souvenirs que propose la société Rekall lui paraît l’échappatoire idéale. S’offrir des souvenirs d’agent secret serait parfait… Mais lorsque la procédure d’implantation tourne mal, Quaid se retrouve traqué par la police. Il ne peut plus faire confiance à personne, sauf peut-être à une inconnue qui travaille pour une mystérieuse résistance clandestine. Très vite, la frontière entre l’imagination et la réalité se brouille. Qui est réellement Quaid, et quel est son destin ?

Critique :
Rares sont les remakes qui arrivent à égaler, voire à surpasser l'original, et ce "Total Recall 2012" ne fait pas partie de ce cercle très fermé. Pourtant réjouissant d'un point de vue visuel et plutôt bien pensé, le film sombre malheureusement trop vite du côté du blockbuster lambda. Exit Mars, exit les mutants, exit les effets manuels, exit le mouchard qu'il faut extirper en se triturant les fosses nasales et bonjour... la nouvelle prostituée à trois seins ? En simplifiant au maximum son intrigue, en expurgeant tout ce qui a fait, en 1990, du film de Paul Verhoeven une œuvre si particulière et marquante, ce "Total Recall 2012" s'inscrit dans la droite lignée des ersatz hollywoodiens modernes lavés aux billets verts et essorés par un traitement numérique et scénaristique aussi lisse que sans âme. 
L'histoire est donc la même que celle du "Total Recall" de 1990, adapté de la nouvelle de Philip K Dick. Sauf que là, on est dans un monde futuriste totalement ravagé par les guerres, où deux contrées subsistent. Une Fédération autour de la Grande-Bretagne et sa colonie, sur l'ancienne Australie. Doug Quaid est un simple ouvrier qui rêve d'une vie plus excitante. Il décide d'aller chez Rekall pour se faire implanter des souvenirs d'agent secret. Sauf que là-bas, on découvre qu'il est déjà agent secret !
Si on est toujours un peu sceptique devant la frénésie hollywoodienne de faire des remakes, il faut reconnaître que ce "Total Recall 2012" ringardise largement son ancêtre au niveau visuel. L'environnement futuriste est sublime, parfaitement réalisé et très inventif, comme ce tunnel à travers la Terre qui relie l'Australie à la Grande-Bretagne en 17 minutes. De la vraie science-fiction qui fait rêver et un monde de demain très crédible, au design magnifique, grâce aux 200 millions de dollars de budget. Une somme qui a aussi été largement dépensé pour tourner des cascades plus explosives les unes que les autres. Le rythme survitaminé de ce remake est parfois épuisant, mais il a le mérite de nous garder en haleine en permanence.
Cependant en éliminant la planète Mars de l'équation, Wiseman et les scénaristes de "Total Recall 2012" se sont tirés une balle dans le pied. Après une heure, le film commence sérieusement à dévier de sa trajectoire à cause d'un scénario aux enjeux limités, franchement stéréotypés et tirés par les cheveux. Le film basculant inexorablement dans le blockbuster de base. A l'opposé d'un "Blade Runner", on ne ressent jamais la vie de cette cité et la dangerosité de ses bas-fonds. Ainsi, malgré le soin apporté à l'architecture de la ville futuriste, il semble bien difficile pour le spectateur de se sentir concerné par le sauvetage de ce monde en péril, par le sort des personnages qui y gravitent et de se sentir angoissé par les quelques éléments d'anticipation qui émaillent le long métrage.  
La sublime Kate Beckinsale
Le plus gros problème du film est donc son manque d'identité, autant au niveau du scénario que de la réalisation. Ainsi, alors que les nombreuses séquences d'action se retrouvent chargées de références indiscutables ("The Island" de Bay, le "I, Robot" de Proyas, etc.), ces dernières sont entrecoupées de scènes de dialogues noyées sous une nuée de lens-flares numériques du plus mauvais goût. Le procédé se révélant ici être un moyen d'apposer à la va-vite un style au film et de participer, tant bien que mal, à l'effet dramatique de certaines scènes. Pas fun et décomplexé pour un sou, le film accuse même un premier degré désespérant avec une volonté générale et inextinguible des acteurs de "jouer la fin du monde".
Au final, que retenir de ce "Total Recall, Mémoires Programmées" ? Une longue course-poursuite tournée comme un jeu vidéo entre Quaid et sa chère et tendre (fausse) épouse ponctuée ci et là par des bribes de dialogues et des pistes de scénario. Certainement aussi les formes de la très très (mais vraiment très) sexy Kate Beckinsale, filmée comme une déesse par son réalisateur de mari. Mais on pourra aussi penser que, mis à part ses nombreuses références au film original de Verhoeven, cette version 2012 n’offre absolument rien de nouveau ou d’un tant soit peu original pour valoir le détour.
"Total Recall, Mémoires Programmées" est donc un film sans second degré, qui fait tout péter sans se poser de questions et en se prenant très au sérieux. Bref, aucun style et aucune âme. Dommage, car Colin Farell et Kate Beckinsale avaient parfaitement pris le succession de Schwarzenegger et Sharon Stone !!!

Les Seigneurs : Des pointures de la comédie française pour sa première réalisation comique !!!

Synopsis :


Patrick Orbéra, la cinquantaine, est une ancienne gloire du football qui a totalement raté sa reconversion. Sans emploi, alcoolique et ruiné, il n’a même plus le droit de voir sa fille Laura. Contraint par un juge de retrouver un emploi stable, il n’a d’autre choix que de partir sur une petite île bretonne, pour entraîner l’équipe de foot locale. S'ils gagnent les trois prochains matchs, ils réuniront assez d’argent pour sauver la conserverie de l’île, placée en redressement judiciaire, et qui emploie la moitié des habitants. 
Patrick Orbéra est immédiatement confronté à un obstacle majeur : transformer des pêcheurs en footballeurs quasi-professionnels. Il décide alors de faire appel à ses anciens coéquipiers pour l’aider à hisser le petit club breton parmi les grands.

Attente :
Olivier Dahan, le réalisateur de "La Môme", va visiter un genre qu'il n'a pas encore abordé, la comédie. Et pour mettre toutes les chances de son côté, il a convié quelques pointures du genre.
Et pour une sélection, c'est une sélection ! La composition de l'équipe d'Olivier Dahan pour son film "Les Seigneurs" promet de sacrées incartades. Dans cette comédie sociale, Franck Dubosc, Ramzy, JoeyStarr, Omar Sy et Gad Elmaleh interprètent d'anciennes gloires du football ayant abandonné le ballon rond depuis déjà bien longtemps. Ils ont la coupe de cheveux de Christophe Duggary ou le geste de vainqueur de Lilian Thuram: auront-ils seulement leur talent? Pour venir en aide à leur ami Patrick Orbéra (José Garcia), qui doit prouver au juge qu'il mérite la garde de sa fille, malgré son alcoolisme et son statut de chômeur, ces vétérans vont de nouveau endosser un maillot de football. Celui d'une petite équipe bretonne.
Peu habitué du genre, Olivier Dahan change radicalement de registre. Du dramatique, il passe à celui de comédie pure et dure. On le connaît, en effet, pour son film "La Môme", pour lequel Marion Cotillard a été récompensée par un Oscar de la meilleure actrice pour son rôle d'Édith Piaf, mais aussi pour "Les Rivières Pourpres 2: les Anges de l'Apocalypse".
La bande-annonce des "Seigneurs" est très courte et sans réplique culte apparente, les extraits laissent pourtant présager le meilleur. D'autant que le casting est renforcé par le délicieux Jean-Pierre Marielle et l'humoriste Le Comte de Bouderbala. Pour savoir s'ils relèveront le défi de hisser un petit club parmi les grands, cela se joue dans les salles le 26 septembre 2012 !!!    

Pixar - Rebelle : Un Disney génétiquement modifié par des injections d'ADN Pixar !!!

Note : 3.5 / 5


Synopsis :


Depuis la nuit des temps, au cœur des terres sauvages et mystérieuses des Highlands d’Ecosse, récits de batailles épiques et légendes mythiques se transmettent de génération en génération. Merida, l’impétueuse fille du roi Fergus et de la reine Elinor, a un problème… Elle est la seule fille au monde à ne pas vouloir devenir princesse !
Maniant l’arc comme personne, Merida refuse de se plier aux règles de la cour et défie une tradition millénaire sacrée aux yeux de tous et particulièrement de sa mère. Dans sa quête de liberté, Merida va involontairement voir se réaliser un vœu bien malheureux et précipiter le royaume dans le chaos. Sa détermination va lui être cruciale pour déjouer cette terrible malédiction.

Critique :
De Woody et Buzz l'éclair à Wall-E en passant par Flash MacQueen, où sont les filles ? Si l'on a souvent reproché à Pixar de ne pas mettre en scène des personnages féminins de premier plan, des héroïnes fortes, avec cette Rebelle, cette princesse-là, la parité est désormais plus qu'assurée !
Cependant un film de princesse... Tout de suite on pense au prince charmant, aux fées, au mariage, au nianian et niais, aux paillettes et au "ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants"... et si pour une fois on brisait un peu les règles ? Voilà ce qu’est Rebelle, un film qui brise les règles ses histoires traditionnelles de princesses.
Merida n’a pas de pouvoir, pas de magie mais des capacités qu’elle a travaillées comme une personne normale. Elle est entourée d’un super papa aussi gentil qu’un ours, une maman très droite dans ses bottes et trois petits frères gourmands et impossible à arrêter. Ici pas de prince charmant, mais des prétendants tous ridicules et attachants, des personnalités fortes et hilarantes !
La bonne idée de "Rebelle" est de situer l'action dans les Highlands d’Écosse, terres peu explorées dans les dessins animés et encore moins dans les films d'animation. La mauvaise, c'est d'avoir négligé un scénario qui s'avère vite convenu et sans imagination, avec des enjeux au ras des pâquerettes. On ne peut pas nier que le dernier Pixar est une énième merveille visuelle pour le studio, après des sommets comme "Là-haut", "Toy story" et surtout "WALL-E". Même l’insipide "Cars 2" était techniquement resplendissant. Dans "Rebelle", les reconstitutions organiques des riches contrées d’Écosse sont splendides, agitées par une caméra virtuelle incessante qui serpente à toute allure des chemins boisés où viennent s’ériger des rocs massifs. La mise en scène jouit d’un souffle revigorant, d’autant qu’on s’éloigne du cadre habituel des productions d’animation. Bien loin devant les produits de la maison mère, Disney donc, et à des années lumière des approximations animées de Dreamworks, Pixar épate toujours ! Cependant, à force de soigner la fluidité de l’animation et de chercher à la mettre en valeur de façon spectaculaire, l’équipe technique étouffe quelque peu toute l’écriture du projet qui est en grande souffrance, comme dans bon nombre de blockbusters américains standards.
Dans un récit ratatiné à 1h35, "Rebelle" est un embryon d’histoire d’où viennent s’échapper beaucoup de choses positives, mais les pistes ne sont jamais développées. Ce conte initiatique sur fond de crise d’adolescence, niché sur les hauteurs des Highlands, présente avec bonhommie les clans écossais, la lutte armée d’une flèche pour s’offrir la main de la princesse… ce cadre médiéval pouvait assurer plus d’arrières, mais non, il restera peu exploité.  
"Rebelle" n'est donc pas portée par l'ambition scénaristique qui magnifiait les pépites du studio. Pourtant, le charme opère. Si "Rebelle" est un Pixar trop Disney à mon goût, on retrouve quand même dans ce film beaucoup d’atouts visuels et humoristiques qui restent très efficaces, et la signature  de Pixar. La séquence d’introduction est étonnante et se termine comme introduisant une fresque héroïque. Tout le design des personnages comme de cet univers écossais est splendide et inventif. De même, l’expressivité des ours du film est excellente tant dans la drôlerie que dans les moments plus dramatiques. Enfin, on rit assez souvent durant le visionnage et on ne s’ennuie pas une seconde.
Un voyage extraordinaire au cœur des Highlands sauvages d’Écosse, dans lequel Merida va vivre les aventures les plus pixaresques qui soient !!!

Des Hommes sans Loi : Un film de gangsters très classique avec de petites touches de nouveauté !!!

Synopsis :


1931. Au cœur de l’Amérique en pleine Prohibition, dans le comté de Franklin en Virginie, état célèbre pour sa production d’alcool de contrebande, les trois frères Bondurant sont des trafiquants notoires. Jack, le plus jeune, ambitieux et impulsif, veut transformer la petite affaire familiale en trafic d’envergure. Il rêve de beaux costumes, d’armes, et espère impressionner la sublime Bertha. Howard, le cadet, est le bagarreur de la famille. Loyal, son bon sens se dissout régulièrement dans l’alcool qu’il ne sait pas refuser. Forrest, l’aîné, fait figure de chef et reste déterminé à protéger sa famille des nouvelles règles qu’impose un nouveau monde économique. Lorsque Maggie débarque fuyant Chicago, il la prend aussi sous sa protection. Seuls contre une police corrompue, une justice arbitraire et des gangsters rivaux, les trois frères écrivent leur légende : une lutte pour rester sur leur propre chemin, au cours de la première grande ruée vers l’or du crime.

Attente :
Présenté en Sélection Officielle à Cannes, sur un scénario du musicien australien Nick Cave (chanteur, auteur et compositeur du groupe Nick Cave and the Bad Seeds), John Hillcoat signe un film de gangsters rural au temps de la prohibition. John Hillcoat (le réalisateur de "La route") et Nick Cave ont l'habitude faire équipe ensemble. De préférence dans des films de genres comme "The proposition", un western australien, ou "Ghosts of the civil dead". Cette fois-ci, les deux hommes se sont intéressés à un roman, "Pour quelques gouttes d'alcool" qui retrace l'histoire mi-réelle mi-imaginaire des grands oncles de l'auteur, contrebandiers dans les années 1930.
Le film a pour originalité de sortir les gangsters de la ville car l'action se déroule dans un petit comté proche de Chicago où la plupart des fermiers fabriquent avec leurs cultures de l'alcool de contrebande qui va, entre autres, se retrouver dans les speakeasy de la ville. Le trafic est une tradition locale qui ne gêne personne. Jusqu'au jour où un flic zélé décide de prendre sa commission. Les frères Bondurant résistent et vont dès lors trouver sur leur route un ennemi capable des pires ruses, l'agent spécial Rakes. 
Emmené par Tom Hardy, Shia LaBeouf, Jason Clarke, Jessica Chastain, Guy Pearce, Mia Wasikowska et Gary Oldman, le long métrage a comme autre originalité d'ajouter des éléments du western au film de gangsters. Fait rare, John Hillcoat et Nick Cave ont particulièrement travaillé le rôle de Jessica Chastain afin de créer un personnage féminin un peu plus consistant que dans les autres films de gangsters.
Si le pitch paraît original (des "péquenauds gangsters"), il semblerait que son traitement, lui, le soit bien moins. John Hillcoat semble avoir eu le malin plaisir de nous ressortir tous les clichés du genre : la rue désertée par ses habitants avant le règlement de comptes, la veillée au coin du feu, le gros mafieux qui abat son second.
Cependant, après avoir recueilli un maximum de news lors du festival, "Des hommes sans loi" semble avoir deux atouts majeurs. Le premier gros atout du film est le personnage de Forrest Bondurant interprété par Tom Hardy. L'aîné de la fratrie est un colosse, un homme qui a résisté à tout (la maladie, la mort...) et se croit invincible. Il défend les intérêts de sa famille avec une puissance rentrée qui force le respect. Ce personnage est à lui seul une légende et les moments où il est à l'écran emportent le spectateur. Tom Hardy fait de lui une interprétation toute en finesse : il laisse percer une douceur derrière la bestialité de l'homme qui le rend très attachant. C'est d'autant plus remarquable que le comédien n'a que quelques phrases pour défendre son personnage. 
A ses côtés, Shia LaBeouf, deuxième gros atout du film, livre une composition étonnante. Benjamin aux frêles épaules, il peine à rivaliser avec ses costauds aînés et compense avec la parole. Jack Bondurant est un héros d'aujourd'hui : un type qui embobine les autres, fait plein de plans sur la comète et rêve de bling-bling. En 2012, il serait trader. En 1930, sa maîtrise du langage ne lui sert qu'à séduire une femme. John Hillcoat montre assez subtilement que l'époque n'est pas aux mots et qu'elle pourrait perdre ce personnage hors du temps.
Au final, si "Des hommes sans loi" n’étonne pas par son scénario ou sa mise en scène, le jeu des acteurs, la réalisation maîtrisée et la musique font de ce film un pur moment de cinéma. Et si John Hillcoat ne réussit pas à renouveler le genre, il le dépoussière le film certainement !!!

ACAB (All Cops Are Bastards) : l’Italie passéeau scanner du ras-le-bol social afin de montrer les démons qui la rongent !!!
 
Note : 4 / 5

 
Synopsis :


ACAB, ou “All Cops are Bastards”, était un slogan initialement utilisé en Angleterre dans les années 1970 par les skinheads. Rapidement il s’est propagé dans les rues et les stades, propices aux guérillas urbaines. 
Cobra, Nero et Mazinga sont 3 "flics bâtards" qui, à force d’affronter le mépris quotidien, ont pris l’habitude d’être les cibles de cette violence, reflet d’une société chaotique dictée par la haine. Leur unique but est de rétablir l’ordre et de faire appliquer les lois, même s’il faut utiliser la force !!!

Critique :
ACAB (pour All Cops Are Bastards) raconte avec une franchise brutale la vie d’une unité de CRS italienne ("La celeria") tout en essayant de montrer comment des êtres humains peuvent exercer un métier aussi sordide et ingrat. Pour un salaire de misère, ils servent de tampon entre les citoyens et les institutions, absorbant toute la haine et la colère d’une société sous pression. 
Pour se préserver, les CRS font preuve entre eux d’une solidarité à toute épreuve, mais aussi à double tranchant : comme dans un gang, quiconque manque de loyauté est exclu. 
L’idéologie est également un soutien, comme le signifie ouvertement le plus dur d’entre eux, joué par un Pierfrancesco Favino, l’un des piliers de Romanzo criminale, tout simplement sublime. L’iconographie mussolinienne dont il s’entoure, son discours semi-xénophobe et ses méthodes le rapprochent de ses ennemis néonazis. La seule différence, c’est que les flics sont du côté de la loi et qu'ils sont surtout intolérants contre les étrangers non-intégrés.
Sur ces dix dernières années, seul le cinéma britannique ("This is England", "Hooligans") décrivait la violence et l’embrigadement fasciste avec réalisme. Le film coup de poing ACAB, pur produit d’un cinéma bis qui frôle le métrage ultra violent et la critique sociale dissonante, vient rejoindre les rangs très resserrés de ces films nouveau visage qui viennent perturber un quotidien cinématographique souvent mou du genou. Ce cinéma, capable d’aller titiller des sujets complexes, de prendre la violence à bras le corps tout en racontant une histoire captivante avec une mise en scène des plus attractives, se fait rare. 
Stefano Sollima (fils d’un réalisateur célébré dans les années 60 pour des fameux westerns spaghetti, ex-reporter de guerre et réalisateur de la fameuse série italienne "Romanzo Criminale") est le réalisateur. Un réalisateur qui n’a pas froid aux yeux, nouveau visage d’un cinéma qui détourne ses propres codes pour se jeter dans un monde brut d’ambiguïté et de vérités, multipliant les discours et les illustrations. ACAB est avant tout un premier long métrage proprement géré, au sens physique du terme. Une superbe photographie rejoint avec grâce une bande son rock (Pixies, White Stripes, Kasabian) qui nous rappelle le style britannique. Sollima n’hésite pas à verser dans la noirceur pour mieux nous enfoncer dans le siège, utilise des plans de resserrés (le plan final en est l’illustration parfaite), les allégories (l’État n’est jamais visible ici, il est un mur). 
Pierfrancesco Favino
Donc si ACAB possède un fond politique très marqué, il reste avant tout un film de genre terriblement efficace. Un polar sec, brut de décoffrage, qui nous plonge au cœur de l’action aussi efficacement qu’un documentaire. Rien d’étonnant vu que le cinéaste a d’abord été reporter en zone de guerre ! 
Tous les acteurs sont ici excellents, à commencer par Pierfrancesco Favino, gueule du cinéma italien déjà remarquée dans "Romanzo criminale" (le film et non la série) et quelques seconds rôles hollywoodiens. Il trouve sans doute là l’un des meilleurs rôles de sa carrière. Il n’hésite pas à se jeter dans des courants si violents que nos repères ­moraux s’y noient. Pour sa performance et celle de ses camarades Filippo Nigro, Marco Giallini, Andrea Sartoretti et Domenico Diele, pour la mise en scène haletante de Stefano Sollima, pour le fond et pour la forme, ACAB est un véritable film matraque !
Avec ses héros à la fois attachants et dérangeants, "A.C.A.B." a l'étoffe d'un grand film d'action et d'une réflexion intelligente sur le fascisme ordinaire. Pour son premier long-métrage, le fils du réalisateur Stefano Sollima frappe très fort avec ce film-matraque, un des rares, et peut-être même le seul, à prendre pour héros des CRS (du moins leurs équivalents transalpins). 
A travers les portraits torturés de ces flics de "seconde zone" mais de première ligne, Stefano Sollima passe l’Italie au scanner du ras-le-bol social pour nous montrer ses démons. Le fascisme renaissant et le racisme ordinaire apparaissent, véritables tumeurs malignes, dont quelques métastases sont déjà visibles en France et ailleurs. Filmée avec une virtuosité époustouflante, la hargne populiste est ici un personnage à part entière.
Derrière cette escouade de CRS à la matraque facile, se dessine le portrait au vitriol d'une Europe en déshérence. En se gardant de tout jugement subjectif, ACAB décrit une société italienne rongée par la haine. La mauvaise nouvelle, c’est qu’elle ressemble en tout point au reste de l’Europe, et c'est là toute la force du film ! Tout en les ­dénonçant, on sent que le cinéaste est fasciné par ses personnages. Comme nous, d’où un certain malaise !!!

Batman - The Dark Knight Rises : Une conclusion épique qui referme en beauté le livre des aventures du Batman de Nolan !!!

Note : 4 / 5


Synopsis :


Il y a huit ans, Batman a disparu dans la nuit : lui qui était un héros est alors devenu un fugitif. S'accusant de la mort du procureur-adjoint Harvey Dent, le Chevalier Noir a tout sacrifié au nom de ce que le commissaire Gordon et lui-même considéraient être une noble cause. Et leurs actions conjointes se sont avérées efficaces pour un temps puisque la criminalité a été éradiquée à Gotham City grâce à l'arsenal de lois répressif initié par Dent.
Mais c'est un chat, aux intentions obscures, aussi rusé que voleur qui va tout bouleverser. À moins que ce ne soit l'arrivée à Gotham de Bane, terroriste masqué, qui compte bien arracher Bruce à l'exil qu'il s'est imposé. Pourtant, même si ce dernier est prêt à endosser de nouveau la cape et le casque du Chevalier Noir, Batman n'est peut-être plus de taille à affronter Bane.

Critique :
Attendu comme le messie, le troisième et dernier volet de la saga de Nolan se devait d'être mythique. Et c'est bien ce qu'il est ! Cependant autant se le dire de suite, bien que spectaculaire, épique et bien au-dessus de ce qu'on a pu voir actuellement, ce troisième opus est et restera au-dessous de son prédécesseur "Batman, The Dark Knight : Le Chevalier noir".
Bien que l’esprit et l'ambiance restent les même, "The Dark Knight Rises" est à regarder avec un œil totalement différent. Ne recherchez pas à retrouver la touche qui a fait du second volet un chef-d’œuvre, mais il faut le regarder en recherchant les qualités de cette conclusion. Et des qualités, "The Dark Knight Rises" en contient à foison !
"The Dark Knight Rises" doit donc composer avec les attentes engendrées par le deuxième volet : "Batman, The Dark Knight : Le Chevalier noir" était un véritable bijou narratif dans lequel on suivait les parcours de Batman, du Joker, du commissaire Gordon, de Harvey Dent, de la pègre et de Rachel Dawes sans même réaliser les transitions, dans une éprouvante chasse à l'homme dont les règles changeaient constamment. Il a placé la barre très haute pour son successeur. 
Trop haut peut être : si "The Dark Knight Rises" réussit à conserver ce même univers noir teinté d'humour, et offre des moments de génie scénaristiques et visuels, il s'égare à plusieurs reprises en digressions émotionnelles peu convaincantes. L'intrication des parcours et points de vue des différents personnages est moins évidente, et Batman lui-même est à maintes reprises délaissé au profit de personnages secondaires (John Blake en tête).
Cependant, s'il y a un point sur lequel ce dernier volet surpasse son prédécesseur, ce sont les personnages. Bane est l'une des excellentes surprises de ce volet. La promotion l'a soigneusement laissé dans l'ombre, le présentant essentiellement sous l'aspect d'une brute épaisse. Dans le film, on découvre un méchant à la fois aristocratique et sanguinaire, violent et méthodique. Bane est intelligent, machiavélique, méthodique, surpuissant et déterminé. Il ambitionne de faire de Gotham une nation à part entière, dans un délire anarchiste orchestré de main de maître. Bane aurait cependant mérité une mise en scène plus introspective, qui aurait permis de mieux saisir l'ampleur et la complexité du personnage.
En plus d'endiguer ces menaces de chaos social et de destruction massive, Batman devra affronter en combat singulier un adversaire physiquement bien plus fort que lui. Autant dire que le Joker paraît aussi menaçant qu'un chaton à côté de Bane (même s'il est imbattable du point de vue du charisme). Autre excellente surprise : Selina Kyle. Anne Hathaway est parvenue à s'approprier le personnage de Catwoman et à lui donner une identité inédite. Marginale, irrévérencieuse, mue par l'appât du gain, elle possède des codes moraux très personnels et un sens de la répartie inimitable. Quant au reste du casting, il est absolument impeccable. Christian Bale, Morgan Freeman, Michael Caine, Gary Oldman, Joseph Gordon-Levitt livrent des performances magiques.
"Batman Begins" (2005) revisitait avec brio le cheminement initiatique et légendaire du "Chevalier noir" créé par Bob Kane en 1939, autant "The Dark Knight" (2008) était clairement une œuvre de la démesure, surgi du chaos, dominée par l'interprétation hallucinée du Joker (le regretté Heath Ledger). Avec "The Dark Knight Rises", au contraire, le réalisateur d'Inception réunit toutes les pièces d'un puzzle narratif patiemment mis en place depuis sept ans. Il les rassemble en une fresque époustouflante, un digne triptyque cinématographique quasi mythologique.
C'est sans doute pour cela que le film fait montre d'une incomparable fluidité, d'une profondeur thématique certaine (terrorisme et crise financière de 2008 sont au centre du film), et d'une belle épaisseur psychologique pour tous les personnages qu'il met en scène. Et comme pour les deux précédents volets, le cinéaste britannique ne fait pas un film de superhéros. Il élargit la focale.
Nolan n'a pas céder le moindre pouce de terrain. Bien au contraire, il va au terme de sa vision, ayant le mérite d'aller jusqu'au bout de la logique initiée avec "Batman Begins" et transcendée par "The Dark Knight" : montrer que le dépassement de soi, l'héroïsme, est humainement insoutenable parce qu'inhumain.
Au final, "The Dark Knight Rises" reste un film exceptionnel, impressionnant, terrassant même ! Une sorte de fureur visuelle qui s'étend sur 2h45, qui atteint des sommets épiques et qui propose un scénario ingénieux et méandreux. Une excellente conclusion à la saga qui, à l'image du premier volet, s'attarde particulièrement sur la psychologie des personnages !!!

Cecilia Rouaud - Je me suis fait tout petit : Du déjà-vu en apparence qui cache une œuvre réellement emballante !!!
 
Note : 3.75 / 5

Synopsis :
Plus rien ne retient Yvan à Paris. Sa femme l’a quitté pour vivre en Thaïlande. Ses filles, adolescentes, ont choisi d’habiter chez sa sœur Ariane, aussi angoissée qu’admirable. Yvan est prêt à partir… quand débarquent dans sa vie la belle Emmanuelle, qui fait des enfants comme elle tombe amoureuse, et Léo, le petit garçon que sa femme a eu avec un autre. Yvan va devoir changer ses plans.

Critique :
Il faut se méfier du titre du premier long-métrage de Cécilia Rouaud, " Je me suis fait tout petit". La chanson du même nom de Georges Brassens n'y est pas chantée une seule fois, et ce qu'elle raconte, l'histoire d'un homme qui s'écrase par amour pour une "poupée",  n'a pas grand-chose à voir, a priori, avec le propos du film. Et pourtant, de l'amour, une poupée, des écrasements, on en trouve à foison dans cette drôle de comédie dramatique.
De l'amour : Yvan (Denis Ménochet) aimait plus que de raison sa femme, dont le départ pour la Thaïlande l'a laissé dévasté, jusqu'à ce qu'une jolie passante, Emmanuelle (Vanessa Paradis), réveille son palpitant endurci. Une poupée : c'est l'objet que trimballe sans cesse Léo, le petit garçon qu'a conçu avec un autre homme l'ex-épouse d'Yvan. Professeur bougon et père défaillant, Yvan écope de la garde de Léo, abandonné par sa mère, mais rechigne à s'en occuper, lui qui a déjà confié à sa sœur l'éducation de ses deux filles. Des écrasements : on tombe beaucoup ici - dans les pommes, sur le caniveau, dans les bras d'autrui, sur la tête et j'en passe.
On tombe tant et si bien que la recomposition de cette famille ô combien éclatée s'avère moins prévisible et plus mouvementée que le début du film, plutôt sage, ne le laissait présager. Irrattrapable, même par Emmanuelle qui déploie des trésors de légèreté pour l'extraire de sa pesanteur triste et lourdaude, Yvan chute et rechute sans cesse, bambin boudeur prisonnier d'un corps d'adulte, et de ce fait bien incapable de veiller sur le moindre marmot.
Le coup du père largué, tendance ours abattu, qui reprend goût à la vie, à l'amour, et tutti quanti, grâce à une poupée qui ne dit pas non : la recette sentimentale de" Je me suis fait tout petit" n'est pas neuve. Pourtant, comme Denis Ménochet, on est sensible au charme bohème de Vanessa Paradis retrouvée et au petit grain de folie de Léa Drucker, qui tire, une fois de plus, son épingle du jeu en frangine phobique mais qui se soigne.
Un premier film d'une infinie justesse qui fait la part belle à d'excellents comédiens. A commencer par Denis Ménochet, magistral et à qui le cinéma français doit désormais donner un paquet de premiers rôles. Prodigieux de charisme et de virilité fragile, Ménochet impose sa stature de un premier rôle atypique.  Son jeu, tout en nuances, imprègne pour longtemps la rétine. Et son duo avec la belle inconnue fantasque (Vanessa Paradis, très drôle) fait oublier le tempo inégal de cette jolie romance.
Malgré quelques clichés et une légère naïveté, ce premier film doit beaucoup à la fraîcheur de ses interprètes. " Je me suis fait tout petit" est la métaphore parfaite d’une aspiration vers le sol, où se mêlent le burlesque et le tragique, qui contribue paradoxalement à tirer le film vers le haut !!!

Skyfall : Le retour tant attendu de l'agent 007 !!!
 
Synopsis :


23ème film de la franchise, Skyfall est aussi la 23ème mission à haut risque confiée à James Bond, l'agent double zéro le plus célèbre au monde. Seulement, cette fois, la mission est un peu particulière. 
Il va devoir prouver sa loyauté envers M à l'heure où le passé de celle-ci revient la hanter. Une mission d'autant plus périlleuse que le MI-6 est attaqué et qu'il va devoir identifier et détruire la menace. Quoi qu'il lui en coûte !

Attente :
Le coup d'envoi du vingt-troisième épisode de James Bond est donné. La première bande-annonce se veut donc plus que marquante. Le premier teaser s'ouvre sur l'examen psychologique du héros, visiblement au cœur d'une enquête, sous forme de réponses-réflexes : "Pays ? Angleterre. Meurtre ? Profession. Skyfall ? Classé." Le mystère autour du titre reste entier, d'autant que l'ombre du méchant Javier Bardem en est encore absente (à moins que ce ne soit cet individu chevelu devant les flammes). Cependant la réponse viendra en temps et en heure, à juste titre. La mission de cette première bande-annonce est de confirmer que l'arrivée d'un metteur en scène oscarisé, chose inédite dans l'histoire de la série, n'écorchera pas le capital adrénaline du film d'action, tout en apportant de la profondeur à la franchise.
À ce jeu-là, le studio ne lésine pas sur les moyens. Dans un montage cut dynamisé par une musique militaire se succèdent des fusillades, des chutes et des explosions dans des décors exotiques et urbains. Outre un petit aperçu d'une scène sensuelle, la bande-annonce frappe fort avec l'image d'un train qui traverse un plafond et une dernière ligne droite ultra-rythmée.
En octobre prochain, Skyfall tentera de nous faire oublier Quantum of Solace, et de renouer avec l’exaltation du reboot Casino Royal, dans lequel Daniel Craig, sans nul doute possible, s'est montré le meilleur Bond depuis Sean Connery. On y croit dur comme fer, pour une simple raison : Sam Mendes. Si le réalisateur d’American Beauty n’est guère habitué au genre d'action, on lui fait une confiance quasi aveugle pour le ton, le récit et la solidité narrative et, bien sûr, les performances d’acteurs.
Daniel Craig et l'Aston Martin DB5 de 1963 !
De plus, il semblerait que la sensibilité artistique de Sam Mendes se porte vers un positif retour aux sources. En effet, Skyfall use de la fibre nostalgique. Et ce n'est pas la dernière photo dévoilée du film qui viendra prouver le contraire. En effet, on peut y voir Daniel Craig, toujours impeccable dans son costume de 007, poser devant une Aston Martin DB5, la même que conduisait Sean Connery dans Goldfinger !
Un superbe modèle collector, certainement prêtée par la marque britannique ou sortie d'un musée James Bond, qu'on espère ne pas voir abîmer comme a pu l'être dans Casino Royale ou Quantum of Solace la nouvelle génération d'Aston Martin chère à James Bond ! L'œil averti remarquera que le mimétisme a été poussé jusqu'à l'immatriculation du bolide qui est strictement identique au modèle de Goldfinger. Ce clin d'œil de Sam Mendes au passé de l'agent 007 annonce un film plein de surprises. 
Casino Royale était, à mon sens, tout simplement le meilleur opus de la série sur ces trente dernières années, ce que la saga perdait en épate, elle le gagnait en profondeur. Espérons que le triptyque Craig-Barden-Mendes permette de surpasser ce précédent et excellent opus !!!
(Sortie prévue le 26 octobre 2012) 

L'âge de glace 4 - La dérive des continents : Un film d'animation dont le niveau ne baisse pas d'un poil !!!

Note : 4.5 / 5

Synopsis :


Alors que Scrat poursuit inlassablement son gland avec toujours autant de malchance, il va cette fois provoquer un bouleversement d’une ampleur planétaire… 
Le cataclysme continental qu’il déclenche propulse Manny, Diego et Sid dans leur plus grande aventure. Tandis que le monde bouge au sens propre du terme, Sid va retrouver son épouvantable grand-mère, et la petite troupe va affronter un ramassis de pirates bien décidés à les empêcher de rentrer chez eux !

Critique :
Autant le dire tout de suite, si la critique de la presse mais également du public a été moins bonne au fur et à mesure que passaient les années, l'Âge de Glace 4 pourrait bien relancer la machine produite par Blue Sky et la Twentieth Century Fox. En effet, dès le début du film, on retrouve notre fidèle Scrat (toujours aussi obsédé par sa noisette) qui va provoquer la division de l'unique terre en plusieurs continents et ainsi séparer Manny et ses deux amis (Sid et Diego) du reste de leur famille. 
Durant cette folle introduction, plutôt anecdotique, on reste ébahit devant le graphisme du film. Époustouflant, fluide et rapide, il nous replonge vitesse grand V dans cette nouvelle épopée préhistorique, qui parvient à tirer le meilleur des ingrédients (pourtant connus) de la saga.
Ainsi "La dérive des continents" reprend les fondamentaux, au travers de la relation humoristico-familiale que forme Manny, Diego et Sid, les folies de Scrat pour sa noisette et un scénario qui s'adresse autant aux grands qu'aux petits. Cependant, ce qui fait la force de cet opus, c'est sa valeur ajoutée.
Si le trio continue à nous enchanter, les vraies surprises sont à aller chercher du côté des nouveaux protagonistes. Entre Mémé, l'irascible grand-mère aux mauvaises manières de Sid et la bande de pirates emmenée par un grand singe, les scénaristes ont imaginé un bestiaire inédit qui a totalement sa place dans l'univers. 
Souvent hilarants, ces nouveaux protagonistes secondent parfaitement nos héros historiques sans en entacher la lumière. Chacun des trois larrons continuent donc d'évoluer tranquillement vers la paternité, la romance ou la bêtise. Quant à Scrat, c'est simple : chaque apparition de la bestiole et le moindre bruitage qui lui est associé forcent le rire. Fonctionnant comme des ellipses humoristiques, les mini-séquences avec la mascotte de la saga sont toujours aussi irrésistibles et relancent l'intrigue en place.
Le photo réalisme et les prouesses technologiques ne cessent d'être repoussés à chaque film, on reste babas devant les spectaculaires séquences de tempête, d'éboulements et de combats. Tout simplement époustouflant !
Ne tombant jamais dans le gnangnan, "L'âge de glace 4" est l'une des rares productions de cette catégorie à contenter aussi bien les adultes que les enfants. Un numéro 4 qui ne fait pas honte à ses prédécesseurs, ce qui relève presque du miracle à Hollywood ! L'âge de glace 4 : la dérive des continents est un bon moment d'action et d'humour au rythme frénétique et jamais barbant !!!

Kevin Macdonald - Marley, The definitive story : L'homme derrière la légnede !!!
 
Note : 4.5 / 5


Synopsis :


La place de Bob Marley dans l’histoire de la musique, son statut de figure sociale et politique et l’héritage qu’il nous laisse sont uniques et sans précédent. Ses chansons délivrent leur message d’amour et de tolérance, de résistance à l’oppression, et transcendent les cultures, les langues et les religions aujourd’hui encore, avec la même force que lorsqu’il était en vie. 
En collaboration avec la famille de l’artiste (qui a ouvert ses archives privées pour la première fois), Kevin Macdonald a réuni une mine d’informations, des images d’archives rarissimes et des témoignages poignants qui interrogent le phénomène culturel tout en dessinant le portrait intime de l’artiste, depuis sa naissance jusqu’à sa mort en 1981, faisant définitivement de MARLEY le film documentaire de référence, au moins pour les 30 années à venir.
Critique :
Grâce à la coopération de la famille Marley et à une soixantaine d'interviews, on approche la complexité de l'homme, ses blessures, l'amour de son pays, son aura spirituelle (il fut le porte-parole du mouvement rastafari), son courage et son pacifisme militant. Marley est un puissant film hommage, honnête et respectueux dans son approche politique, spirituelle et musicale sur l’une des plus grandes icônes du XXe siècle. Il fourmille d’anecdotes toujours intéressantes grâce à ces images d’archives personnelles, d’enregistrements de concerts, de photographies inédites, d’interviews fortes de Bob Marley lui-même, de sa famille, de ceux avec qui il a travaillé, et même d’une de ses amantes (qui fut élue miss Monde en 1976 et avec laquelle il a eu un enfant Damian).
Les qualités du film ne sont pas seulement à attribuer au sujet, mais aussi à son réalisateur, passionnément fasciné par l'Afrique. Kevin Macdonald (notamment réalisateur du sublime "Le dernier Roi d’Écosse") a su se réapproprier tout ce matériel pour redonner vie en demi-teinte à cet artiste, né d’une mère afro-jamaïcaine et d’un père blanc d’origine anglaise, capitaine de la Royal Navy, qu’il a à peine connu. Il mêle ainsi avec talent les réminiscences des uns et des autres qui se contredisent encore aujourd’hui, sa grande passion pour le football et ses nombreuses relations amoureuses avec lesquelles cet homme plutôt timide et réservé a reconnu 11 enfants de 7 femmes différentes dont son épouse Rita Marley.
Le cinéaste lui-même endosse le rôle d'acteur-observateur candide, enivré, mais pas dupe, par la beauté de la Jamaïque, le charisme du chanteur et de ses femmes. Avec un regard distancé et rationnel, face à la légende et le mysticisme du rastaman, Macdonald ne se laisse jamais dépassé par son sujet, et il retrace la vie électrisante de la star dans sa complexité et ses contradictions (notamment politique), voir même dans sa fragilité.
Ainsi, loin des clichés du rasta gavé de fumette, on apprend (avec étonnement) qu'il aimait composer très tôt le matin, qu'il buvait beaucoup de jus de fruits, qu'il gardait sa maison toujours ouverte à quiconque voulait entrer, sans pour autant qu'il y règne le bazar. Plus étonnant encore, on le découvre en papa sévère et peu concerné, aux démonstrations affectives restreintes, aux dires de ses enfants. Lui qui donne tant aux autres ne fait pas de même avec les siens. Et de constater que le mariage n'était pour lui qu'un rite sans réelle implication émotionnelle au vu de ses innombrables maîtresses (et non moins innombrables enfants illégitimes).
De nombreux moments forts et poignants charpentent ce documentaire, comme une version au piano, inédite, inconnue et déchirante, de "No Woman, No Cry" interprété par Peter Tosh. Ou encore la séquence où le demi-frère blanc de Bob Marley écoute les paroles de "Cornestone" et en comprend la signification, cri de désespoir et de tristesse.
Portrait imparable, sans concession, rythmé par les témoignages des proches, "Marley" se déguste avec un plaisir non feint, et ceci même si on n'est pas un fan !!!

The Raid : Une pellicule sauvage, violente et baroque...véritable hommage du genre !!!

Note : 4.5 / 5

Synopsis :


Au cœur des quartiers pauvres de Jakarta, se trouve une citadelle imprenable dans laquelle se cache le plus dangereux trafiquant du pays. Une équipe de policiers d’élite est envoyée donner l’assaut lors d’un raid secret mené aux premières lueurs du jour. Mais grâce à ses indics, le baron de la drogue est déjà au courant et a eu amplement le temps de se préparer. 
A l’instant où le groupe d’intervention pénètre dans l’immeuble, le piège se referme : les portes sont condamnées, l’électricité est coupée et une armée d’hommes surentrainés débarque. Piégés dans cet immeuble étouffant, les policiers vont devoir se battre étage après étage pour avoir une chance de survivre.
 
Critique :
Perdus dans un dédale de corridors, livrés à eux-mêmes sans possibilité de renforts et pris en chasse par une horde de fous furieux adeptes de la machette, les policiers du Raid sont rapidement en état d'urgence. Rarement on avait vu une première partie aussi intense dans ses gunfights et sa science de l'espace.
Gareth Evans a digéré les longs-métrages de John Carpenter, Tsui Hark, John McTiernan, John Woo ou encore Sam Peckinpah pour accoucher d'une oeuvre toute personnelle. En plongeant ses héros dans l'obscurité, le réalisateur fait naître un crescendo d'angoisse avant un déferlement continu d'assauts et de fureur.
Prenant ainsi les grosses descentes à la Sam Peckinpah, des gunfight décérébrés à la John Woo, des combats de jeu de plateformes complètement dingues à la Ong Bak ou encore toute la violence d’un Old Boy, et il en a obtenu le phénoménal The raid. Un melting-pot de tout ce qui s’est fait de mieux dans l’action ces 30 dernières années. Pourtant, malgré toutes ses références, The raid ne se contente pas de respecter un cahier des charges à la lettre. Il s’impose comme un action movie qui deviendra culte en proposant avec générosité et brio tout ce dont on rêvait de retrouver en un seul film de ce genre-là, à savoir une surenchère de tension, d’action et d’émotion qui fait grimper l’adrénaline et la jubilation au paroxysme de l’excitation.
D’emblée, The Raid redonne place aux corps, transpirant et suintant, exsangues et meurtris d’un effort intense et d’une sollicitation extrême. On redécouvre alors l’amplitude du plan-séquence et du plan large, leur faculté à injecter de l’enjeu dans un espace, aussi restreint soit-il. Un choix à double sens, au profit de combats animés d’une réelle dynamique des corps mais aussi de la gestion d’un espace unique qui gagne en cohérence, en repères qui ne perdent jamais le spectateur.
Les acteurs sont impressionnants. Dans ce premier rôle d’apothéose, Iko Uwais, maître du Pencat silat, déjà vedette de Merantau, le premier film de Gareth Evans, est impressionnant d’agilité animale, sans pour autant donner dans la bestialité primaire. Il s’agite magnifiquement dans un collectif de prouesses physiques où le plus grand moment demeure un "plan à trois" stupéfiant, entre lui, son frère et l’un des bras droits du grand truand, une machine à tuer contre laquelle il faut bien être deux pour éteindre la frénésie reptilienne. La scène, d’une sauvagerie impitoyable, s’inscrit parmi les plus beaux moments d’arts martiaux au cinéma !
Déclaration d'amour au cinéma d'action le plus pur possible, "The Raid" est un festival d'impressionnantes scènes de virtuoses combats !!!

David Cronenberg - Cosmopolis : Un des films les plus intellectuellement stimulant de cette dernière décennie...Wouaouh !!!

Note : 4.5 / 5

Synopsis :


Dans un New York en ébullition, l'ère du capitalisme touche à sa fin. Eric Packer, golden boy de la haute finance, s’engouffre dans sa limousine blanche. Alors que la visite du président des Etats-Unis paralyse Manhattan, Eric Packer n’a qu’une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville. Au fur et à mesure de la journée, le chaos s’installe, et il assiste, impuissant, à l’effondrement de son empire. Il est aussi certain qu’on va l’assassiner. Quand ? Où ? Il s’apprête à vivre les 24 heures les plus importantes de sa vie.

Critique :
Celui qui possède tout peut-il encore désirer quoi que ce soit ? Cette question hante Eric Packer tout au long du film sans qu'il parvienne à la formuler.
Cronenberg adapte avec brio l’œuvre de Don Delillo, racontant l'odyssée d'un jeune magnat de la finance qui fait défiler collègues, médecin personnel ou maîtresse dans sa limousine hyper high-tech. Avec Cosmopolis, il réussit une adaptation virtuose du roman culte de Delillo en se démarquant notablement du roman original. Alors que dans le DeLillo, Eric Packer est conscient de la montée du cours du Yen, il est ici dépassé par la chute du Yuan. Et il ne pourra jamais coucher avec sa femme, un des fils rouges du livre. Loin de lui nuire, ces deux différences majeures enrichissent l’adaptation.
Aussi bien dans le film que dans le livre, le héros, obsédé par l’idée de sa propre mort, la recherche activement et alors qu’on attendait Robert Pattinson au tournant, il s’avère être capable d’une profondeur sidérante. Avec virtuosité, il fait passer des dialogues opaques (largement extraits du livre) et donne vie à un personnage en pleine rédemption en mettant constamment son image en danger. Il incarne à merveille le mélange de jeunesse et de cruauté, de sex-appeal et de déliquescence, de désir et de mort, qui sont l'essence même du personnage. Eric Packer étant rongé par la maladie de la gagne confinant à la pathologie morbide.
La réalisation est un modèle de simplicité et d'invention. Cronenberg va même jusqu'à intégrer une sensualité perverse et malsaine aussi attirante que repoussante.
Les plans de New-York sont sublimes : les vues en coupe de la ville permettent toutes les lectures symboliques possibles. Babylone de l’Occident, cité phare de la civilisation capitaliste depuis une centaine d’années, le New-York City de Cosmopolis est un concentré de notre monde. Les très riches et les très pauvres y cohabitent, et c’est vieux comme le monde. La nouveauté, c’est la promiscuité entre maîtres et quidams induite par les nouvelles technologies.
S'il est un défaut, c'est celui de sa principale qualité ! Il est incontestable que le film s’avère extrêmement verbeux et qu’on peut très vite se sentir dépassé. Sa nature expérimentale s’accorde en tout cas avec le point de vue négatif du cinéaste, et transforme Cosmopolis en un essai philosophique réussi qui s’attaque aux fondements du monde moderne, et pas seulement ceux de la finance. 
Cronenberg réalise une véritable allégorie visuelle d’un monde dépendant de la technologie, prisonnier de la Bourse et hautement paranoïaque tout en noyant le spectateur sous un discours volontairement abscons et invasif. Le tout relevé par l'oppressante et géniale bande son d'Howard Shore.
Déconcertant, agaçant, étonnant et intellectuellement excitant, Cosmopolis est à voir ABSOLUMENT !!!

Blanche-Neige et le Chasseur : Une version dark du conte des frères Grimm unique en son genre !!!

Note : 4 / 5

Synopsis :


Dans des temps immémoriaux où la magie, les fées et les nains étaient monnaie courante, naquit un jour l’unique enfant d’un bon roi et de son épouse chérie : une fille aux lèvres rouge sang, à la chevelure noire comme l’ébène et à la peau blanche comme neige. Et voilà précisément où l’histoire que vous croyiez connaître prend fin et où la nouvelle adaptation épique et envoutante de ce célèbre conte des frères Grimm débute.
Notre héroïne, dont la beauté vient entacher la suprématie de l’orgueilleuse Reine Ravenna et déclencher son courroux, n’a plus rien d’une damoiselle en détresse, et la cruelle marâtre en quête de jeunesse éternelle ignore que sa seule et unique rivale a été formée à l’art de la guerre par le chasseur qu’elle avait elle-même envoyé pour la capturer. Alliant leurs forces, Blanche-Neige et le chasseur vont fomenter une rébellion et lever une armée pour reconquérir le royaume de Tabor et libérer son peuple du joug de l’impitoyable Ravenna.
Critique :
Avant tout autre chose, ce conte survitaminé, offrant un grand spectacle, fait davantage penser au "Seigneur des anneaux" qu'à un dessin animé destiné aux bambins sages. Cette version, vraiment réussit malgré quelques longueurs, de Rupert Sanders (dont c'est le premier coup d'essai, lui-même étant issu de la pub) est très proche de l'héroïc fantasy, sombre et trash à souhait !
Le spectacle est assez ahurissant, les costumes et les effets spéciaux sont sublimes de raffinement et, tout comme dans "Le Seigneur des anneaux", les scènes de bataille sont épiques et d'une grande puissance dramatique (même si la dernière laisse un arrière-goût d'inachevé). Un spectacle donc qui demeure un magnifique livre d'images cruelles et enchanteresses (notamment la forêt des fées), porté par le souffle romanesque dont sont faites les plus grandes épopées.
Scénaristiquement, Sanders conserve certains aspects du conte original (le miroir, la pomme, les nains, le baiser,...), tout en insérant de nouveaux ingrédients (donnant une réelle profondeur au rôle du chasseur ou en inventant totalement celui du frère de la Reine).
Les interprètes se situent à la hauteur de cette adaptation épique et envoûtante. Kristen Stewart est très convaincante en princesse guerrière coriace et idéaliste. Et Charlize Theron dans le rôle de la Reine, montagne de névroses, terrifiante et touchante à la fois, a laissé libre cours à la psychose de l'horrible Ravenna pour délivrer une performance démesurée.
Au final, le spectacle à l'esthétique léchée se savoure comme une friandise !!!

Men in Black 3 : Un cocktail d'ironie pop qui en fait le meilleur de la série !!!

Note : 4 / 5

Synopsis :


En quinze ans de carrière chez les Men in Black, l’agent J a vu beaucoup de phénomènes inexplicables… Mais rien, pas même le plus étrange des aliens, ne le laisse aussi perplexe que son partenaire, le sarcastique K.
Lorsque la vie de K et le destin de la Terre sont menacés, l’agent J décide de remonter le temps pour remettre les choses en ordre. Il va alors découvrir qu’il existe certains secrets de l’univers que K ne lui a jamais révélés. Il est cette fois obligé de faire équipe avec l’agent K, plus jeune, pour sauver la vie de son partenaire, l’agence, et l’avenir même de l’humanité…

Critique :
Le film est un véritable mélange d'effets spéciaux et de gags au service d'un scénario ingénieux, plus soigné que celui des précédents opus. 
Le casting est toujours aussi juste. Will Smith, au top, fait son show, Tommy Lee Jones bougonne à merveille et Josh Brolin (en alter ego "joyeux" et jeune de l'agent K) est stupéfiant de mimétisme avec son vrai-faux aîné.
Rythmée par la musique galactique de Danny Elfman, cette comédie loufoquement fantastique revigore magnifiquement la franchise. La photographie laquée à souhait est splendide, montrant des plans de New-york impressionnants !
Le plus réussi des trois opus, un divertissement extra-non-ordinaire !!!

Moonrise Kingdom de Wes Anderson : Le film attendu du mois !!!

Synopsis :
Sur une île au large de la Nouvelle-Angleterre, au cœur de l’été 1965, Suzy et Sam, douze ans, tombent amoureux, concluent un pacte secret et s’enfuient ensemble. Alors que chacun se mobilise pour les retrouver, une violente tempête s’approche des côtes et va bouleverser davantage encore la vie de la communauté.

Attente :
Film d'ouverture du Festival de Cannes, Moonrise Kingdom sortira dans les salles le 16 mai prochain. 
Wes Anderson est le génial réalisateur des stupéfiants "La famille Tenenbaum", "La vie aquatique" ou encore "A bord du Darjeeling limited". Cinéaste indépendant, il anime et secoue le cinéma américain avec son style très particulier.
Il nous revient avec un autre film, qui a l'air tout aussi sublimement décalé que ses prédécesseurs, "Moonrise Kingdom".
Anderson est le cinéaste des dialogues décalés, des décors stylisés et de la béatitude. Sa mise en scène, très particulière, est un modèle du genre : chaque plan est comparable à un tableau dans lequel les personnages semblent statiques.
Il maîtrise tout, tout est sous contrôle. D'après tout ce que j'ai pu lire, plus encore que dans ses précédents films, la sophistication est poussée à l'extrême. 
Moonrise Kingdom est annoncé comme un film éminemment graphique, mais un graphisme proche des impressionnistes, tel Auguste Renoir, qui savaient donner vie aux tableaux comme personne !!!
Aux vues de la bande d'annonce, Moonrise Kingdom semble s'ériger en digne successeur d'une filmographie aussi magnifique que décalée.
Je l'attends avec impatience !!!

Dark Shadows de Tim Burton : Un film au charme indéniable, mais qui laisse un arrière goût de déception !!!

Note : 3 / 5

Synopsis :


En 1772, Barnabas (Johnny Depp) a le monde à ses pieds, ou tout au moins la ville de Collinsport, dans le Maine. Riche et puissant, c’est un séducteur invétéré… jusqu’à ce qu’il commette la grave erreur de briser le cœur d’Angelique Bouchard. Cette dernière, une sorcière, lui jette un sort bien plus maléfique que la mort : celui d’être transformé en vampire et enterré vivant.
Deux siècles plus tard, Barnabas est libéré de sa tombe par inadvertance et débarque en 1972 dans un monde totalement transformé...

Critique :
Pendant les deux tiers du film, le charme agit : Dark Shadows est un véritable petit bijou d'humour noir. Tim Burton reste un artisan génial et un styliste brillant (une de ses plus belles mises en scène). Tout du trait de Tim Burton est intact : beauté des cadrages, esthétisme des décors, drôlerie des personnages, bande son géniale. Le spectacle est jubilatoire. Il réussit un soap opéra à la fois théâtral, irréel, métal et libre, le cinéaste renouant avec ses obsessions gothiques et donnant du relief à des personnages intemporels (à souligner la magistrale interprétation de Monsieur Johnny Depp).
Cependant, Burton semble démissionner lors du troisième acte, où les effets spéciaux prennent le pas sur tout le reste, ne laissant qu'un vide scénaristique. Jusque-là génial, décalé et resplendissant, le film devient ampoulé et vide de sens. Le spectateur cherchant en vain l'étincelle poétique qui transcendait les touchants "Edward aux mains d'argent" ou "Ed Wood".
Au final Dark Shadows est un film d'un gothique flamboyant teinté de modernité kitsch, passant, avec une virtuosité confondante, de l'humour parodique à l'émotion sincère. Pourtant si cette sombre fantaisie, grâce au coup de patte de Tim Burton, fait un honnête divertissement, on reste toutefois sur sa faim !!!

Snatch de Guy Ritchie : Une comédie totalement débridée et délirante !!!

Note : 4 / 5

Synopsis :


Franky vient de voler un énorme diamant qu'il doit livrer à Avi, un mafieux new-yorkais. En chemin, il fait escale à Londres où il se laisse convaincre par Boris de parier sur un combat de boxe clandestin. Il ignore, bien sûr, qu'il s'agit d'un coup monté avec Vinny et Sol, afin de le délester de son magnifique caillou. 
Turkish et Tommy, eux, ont un problème avec leur boxeur, un gitan complètement fêlé qui refuse de se coucher au quatrième round comme prévu. C'est au tour d'Avi de débarquer, bien décidé à récupérer son bien, avec l'aide de Tony, une légende de la gâchette.

Critique :
Snatch c'est avant tout l'expression parfaite de l'art spécifique de son réalisateur Guy Ritchie : le portrait. D'une manière plutôt artistique, il nous régale avec ses vieilles caves, sa panoplie de truands (juifs, gitans, anglais, russes et américains) aussi caricaturaux que charismatique et leurs répliques caustiques et incroyablement cultes !
Malgré son manque d'originalité, le scénario est complétement barré et réellement efficace. La bande son décoiffe. La magnifique distribution est juste, incisive et magistralement menée par un Brad Pitt remarquable. Le tout permet à Ritchie de nous plonger dans son univers noir, cynique et délirant !
Un conseil toutefois : il faut voir Snatch en version originale. En effet, l’un des intérêts comiques, voire burlesques, du film réside dans les accents des différents protagonistes : l’accent juif américain ou russe de certains, de gangsters noirs pour d’autres, et surtout l’accent de gitan de Brad Pitt. C’est simple, le sex symbol américain est presque incompréhensible… 
Le scénario n'est pas particulièrement original mais peu importe : de petites jubilations en petites jubilations le réalisateur nous livre un film drôle toujours filmé dans l'urgence. 
Une comédie culte !!!

Les maîtres de l'univers : Une adaptation culte pour la jeunesse des années 80 !!!

Note : 4 / 5 (pour les fans)
             1 / 5 (pour les autres)

Synopsis :


Comment Musclor, grâce à une clé magique qui ouvre des passages dans le temps et malgré les poursuites acharnées du très méchant Skeletor, devient Maître de l'Univers.

Critique :
"Les Maîtres de l'univers" est à la base une gamme de jouets à succès créée par Mattel en 1981. Suite au succès des figurines Star Wars et des comics "Conan le Barbare" au début des années 1980, Mattel cherche à surfer sur la vague heroic fantasy. Mattel décide de créer un clone de Conan : He-Man (Musclor).
Dès 1983, afin de promouvoir ses figurines, Mattel a l'idée de produire un dessin animé reprenant les personnages des Maîtres de l'Univers dans un univers cohérent. L'histoire est simpliste mais efficace. 
Le succès est tel, que "Les maîtres de l'univers" ont droit en 1987 à une adaptation cinématographique. Le film est portée par un Dolph Lundgren bodybuildé, une Courtney Cox dans son premier long métrage et une pléiade de personnages secondaires très connus dans les 80's (comme Frank Langella).
Le film n'est pas un chef d’œuvre certes, mais il fait partie des précurseurs d'une nouvelle sub-culture qui connaîtra une influence croissante dans les années qui suivirent, pour atteindre son apogée au cinéma avec la trilogie du "Seigneur des Anneaux" : l'Heroic Fantasy !!!
Le scénario est basique et manichéen, l'ambiance est très kitch et les coupes de cheveux sont démentielles, mais "Les maîtres de l'univers" est un ravissement pour tous les fans de l'animé. Pour la jeunesse des 80's qui le suivait, ce film est culte !
A regarder avec l’œil de l'époque ! Divertissant et marrant !!!
 
Batman, The Dark Knight Rises : Un final très attendu pour une trilogie hors du commun !!!

Voici les premières bandes d'annonces de The Dark Knight Rises, le troisième volet des aventures de Batman de Christopher Nolan, toujours incarné par Christian Bale, et dans ce Batman 3 : Tom Hardy en Bane, Anne Hathaway en Catwoman et Joseph Gordon-Levitt en Jim Blake.
D'après ce qu'on peut voir, il a l'air d'être vraiment très noir et encore plus psychologiquement poignant que les précédents opus ! Vivement le 25 Juillet 2012 !!! 

Men in Black 3 : Un retour attendu ???

Synopsis :
Un certain Boris voyage dans le temps afin de tuer l'agent K, ce qui déclenchera la fin du monde. L'agent J est donc contraint de retourner dans les années 1960 pour y retrouver l'agent K...

Attentes :
Après la réussite rencontrée par les deux premiers opus, on pouvait s'attendre à une suite. C'est chose faite ! Le 23 mai 2012 nous pourront voir le troisième volet de nos amis en noir.
Pour protéger K, l'agent J va devoir donc retourner dans le passé. On se retrouvera donc dans les 60's et l'univers, les personnages, aussi bien humains qu'extraterrestres, et les décors du film devraient être assez rétro !!!
MIB 1 et 2 ont rempli à merveille leur rôle : divertir et amuser avec leur ambiance décalée et, surtout, avec le contraste entre l'exubérant agent J (Will Smith) et l'impassible et "indéridable" agent K (Tommy Lee Jones). Espérons seulement que les qualités humoristiques et divertissantes des deux premiers volets se retrouveront ici !!!

The Avengers : Du grand spectacle !!!

Note : 4.5 / 5

Synopsis :


Lorsque la sécurité et l’équilibre de la planète sont menacés par un ennemi d’un genre nouveau, Nick Fury, le directeur du SHIELD, l’agence internationale du maintien de la paix, réunit une équipe pour empêcher le monde de basculer dans le chaos. Partout sur Terre, le recrutement des nouveaux héros dont le monde a besoin commence… 

Critique :
Josh Whedon nous livre, avec The Avengers, un film qui bénéficie d'une direction artistique, d'une construction rythmique et d'une mise en scène qui dépassent toutes les espérances. On entre d'emblée dans son film explosif, dopé aux effets spéciaux époustouflants et à l'action bodybuildée.
On en prend plein la vue, la réalisation et la mise en scène sont incroyablement dirigées et l'énorme casting joue juste et est aussi attachant que prenant.
Avengers, n'est certes pas un film d'auteur, le scénario est basique, mais il remplit efficacement son rôle : il est divertissant, sans prise de tête, fun et jouissivement rythmé ! 
Non seulement le film fait la part belle à chaque membre du groupe, non seulement on en prend plein la tête, mais un humour exacerbé sert de ligne conductrice tout au long du film ! Sur ce dernier point, un hommage tout particulier pour Hulk dans la dernière partie du film, qui est monstrueusement drôle et attachant (notamment avec Thor et surtout Loki !).
Bien qu'il s'agisse d'une adaptation cinématographique, Josh Whedon a su préserver l'esprit du comics, en le transférant avec succès dans un  long-métrage de 2h22 époustouflant (n'oubliez pas de rester jusqu'à la fin et de voir la scène finale après les titres de fin). 
Si vous avez envie de passer un agréable moment à rire, à en prendre plein les mirettes, à voir un grand spectacle, un divertissement pure, alors The Avengers est fait pour vous !!!

V pour Vendetta : Lorsque l'intégrité et l'audace s'allient à l'efficacité cinématographique !!!


Evy : Qui êtes vous ?
V : Qui ? "Qui" n'est autre que la forme qui résulte de la fonction de "qu'est-ce que", et ce que je suis, c'est un homme sous un masque.
Evy : Ça je le vois.
V : De toute évidence. Je ne mets pas en doute ton sens de l'observation. Je ne fais que mettre en exergue le paradoxe qui est de demander à un homme masqué qui il est.

RRRrrrr ! : Une comédie préhistorique culte !!!



Young Adult : Une comédie dramatique grinçante qu'on aime détester !!!

Note : 3.5 / 5

Synopsis :


Originaire d’une petite ville de province où elle s’ennuyait à mourir, Mavis Gary s’est installée à Minneapolis où elle est devenue auteur de romans pour ados. Mais lorsqu’elle apprend que son ex-petit copain de lycée est devenu papa, elle décide de revenir sur les lieux de son enfance pour le reconquérir. Tandis que Mavis semble sûre d’elle et de son pouvoir de séduction, la situation ne tourne pas à son avantage. Elle noue alors une relation peu banale avec un ancien camarade de lycée, mal dans sa peau, qui, malgré les apparences, lui ressemble plus qu’il n’y paraît...
 
Crtitique :
Young Adult est réalisé par Jason Reitman (Juno, In the air, Thank you for smorking) et écrit par Diablo Cody. L'alchimie entre le réalisateur et la scénariste fonctionne tellement, que le résultat en est une "dramédie" romantique piquante, acerbe et salutairement cruelle.
La mise en scène est efficace et les personnages sont grinçants. Un hommage tout particulier pour Charlize Theron, qui, dans le rôle d'une adulte coincée en enfance, nous livre une interprétation délicieusement antipathique, permettant au film d'acquérir une meilleure profondeur. Je ne l'avais pas vu aussi inspirée depuis "Monster" !!!

Bienvenue à Gattaca : Un somptueux chef-d’œuvre bien trop méconnu !!!

Note : 4.5 / 5

Synopsis :


Dans un monde parfait, Gattaca est un centre d'études et de recherches spatiales pour des jeunes gens au patrimoine génétique impeccable. Jérôme, candidat idéal, voit sa vie détruite par un accident tandis que Vincent, enfant naturel, rêve de partir pour l'espace. Chacun des deux va permettre à l'autre d'obtenir ce qu'il souhaite en déjouant les lois de Gattaca.

Critique :
Ce film de science-fiction de 1997, premier long métrage d'Andrew Niccol, réalisateur de l'original et culte Lord Of War, est malheureusement peu connu.
Rares sont les films de science-fiction (d'anticipation serait sans doute plus juste) assez intelligents et excitants pour être programmés, qui ne se contentent pas d'être des coquilles vides bourrés d'effets spéciaux, mais qui créent un véritable univers, qui inventent des personnages crédibles et attachants, et qui posent des questions passionnantes sur le futur possible de la société humaine. Et bien, Bienvenue à Gattaca rempli toutes ces attentes !!!
Il est question de ségrégation non plus fondée sur la race, mais sur la perfection génétique : aux gènes plus purs (les enfants conçus in-vitro) les rangs sociaux plus élevés, aux "enfants de l'amour" les tâches ménagères et fonctionnelles.
Techniquement le film est splendide : la photographie est impeccablement laquée, l'ambiance est parfaitement aseptisée, la musique sert à merveille les émotions représentées et le montage est prenant. Le jeu d'acteur, simple mais intelligent, est porté par un cast somptueux : Ethan Hawk, Jude Law et Uma Thurman.
Passionnant et philosophique, Bienvenue à Gattaca décrit la progressive contamination d'un monde supérieurement organisé, rigoureusement aseptisé et impeccablement fonctionnel, par un élément incorrigiblement perturbateur : le facteur humain !!!
A voir sans hésitation !!!

Kill Bill 2 : Budd et Larry !!!

Larry : "Tu veux dire que...si tu ne fais pas le travail pour lequel je te verse un salaire, c'est que...y'a pas vraiment de travail pour toi ? C'est ce que tu as voulu dire ? Tu es entrain d'essayer de me convaincre que tu es aussi utile ici qu'un trou du cul à cet endroit là ?" [Il montre son coude]

Margin Call : Le krach financier vu de façon empathique !!!

Synopsis :
New-York, 2008. Dans les bureaux d'une compagnie financière, un rapport d'étude aux conséquences potentiellement catastrophiques provoque un branle-bas de combat sans précédent.
Au terme d'une nuit qui s'annonce comme la plus longue de leur carrière, les cadres et les dirigeants de la société devront prendre une décision qui changera à jamais le visage de Wall Street.
Pour sauver leur peau, un seul moyen : ruiner les autres…
(Sortie le 2 mai)

Attentes :
L'ambition du réalisateur, J. C. Chandor, est claire : retracer de l'intérieur, avec un regard empathique (et non en la diabolisant), cette nuit où tout a basculé et où quelques cols blancs ont sciemment précipité le krach en sauvant leurs plumes !!!
La bande d'annonce montre des images cliniques et implacables, d'une assurance stupéfiante pour un débutant tel que Chandor.
Un casting hallucinant (Spacey, Irons, Bettany et autre Quinto pour ne citer qu'eux), déjà loué par la critique, l’œil neuf d'un réalisateur qui semble prometteur, Margin Call semble être un film sur lequel on peut investir sans risque...ou presque !!!

Sur la piste du Marsupilami : Du gand Chabat !!!


Note : 3.5 / 5

Synopsis :


Quand Dan Geraldo, reporter en quête de scoop, arrive en Palombie, il ne se doute pas qu’il va faire la plus incroyable des découvertes… Avec Pablito, guide local plein de ressources, ils vont aller de surprise en surprise au cours d’une aventure trépidante et surtout révéler une nouvelle extraordinaire : Le Marsupilami, animal mythique et facétieux, existe vraiment !!!

Critique :
Le casting est énorme (Alain Chabat, Jamel Debbouze, Fred Testot, Géraldine Nakache, Lambert Wilson et j'en passe). L'humour convient aussi bien aux petits qu'aux grands, Chabat ayant adroitement mélangé l'humour à la cartoon (pour les petits) que l'humour caractéristiques des Nuls (pour les grands). Les effets spéciaux sont très beaux, surtout le Marsupilami qui est tout simplement époustouflant, et, une fois n'est pas coutume, sert le film à merveille plutôt qu'il ne le dessert !!!
En d'autres termes, l'humour décalé des Nuls imprègne le film de bout en bout. Cependant le résultat reste un spectacle familial jalonné de quelques séquences mémorables. Notamment celle de Jamel et d'un chiwawa, qui vous arrache des larmes d'hilarité !!!
Un très bon divertissement !!!

Battleship : De l'action pure !!!

 

Note : 3 / 5

Synopsis :


Océan Pacifique… Au large d’Hawaï, l’US Navy déploie toute sa puissance. Mais bientôt, une forme étrange et menaçante émerge à la surface des eaux, suivie par des dizaines d’autres dotées d’une puissance de destruction inimaginable.
Qui sont-ils ? Que faisaient-ils, cachés depuis si longtemps au fond de l’océan ?
A bord de l’USS John Paul Jones, le jeune officier Hopper, l’Amiral Shane, le sous-officier Raikes vont découvrir que l’océan n’est pas toujours aussi pacifique qu’il y paraît.
La bataille pour sauver notre planète débute en mer.

Critique :
A première vue, on pouvait s'attendre à ce que ce blockbuster américain ne déroge pas aux règles du genre : un scénario mono-chromique et déjà vue, les Ricains sauveurs du monde, etc.
Mais en fait, Battleship est une belle surprise : à condition de le prendre au deuxième degré, le film est un réel bon divertissement !!! La mise en scène des combats est superbement réalisée, humour et action sont bien calibrés et on se retrouve devant de l'action pure, qui se regarde avec une certaine jubilation.
Assumant complétement la faiblesse apparente du scénario, le réalisateur Peter Berg nous transmet un film d'action décomplexé où tous les clichés attendus sont déjoués !!!
Battleship remplit vraiment son rôle, divertir le spectateur !!! 

Avengers : Le retour en force de Marvel ?

Synopsis :
Lorsque la sécurité et l’équilibre de la planète sont menacés par un ennemi d’un genre nouveau, Nick Fury, le directeur du SHIELD, l’agence internationale du maintien de la paix, réunit une équipe pour empêcher le monde de basculer dans le chaos. Partout sur Terre, le recrutement des nouveaux héros dont le monde a besoin commence…

Attentes :
La bande d'annonce donne réellement envie d'aller le voir. On comprend que l'équipe de superhéros va avoir des problèmes de cohésion qu'ils vont apprendre à dépasser.
Véritable amateur de comics depuis toujours, il faut avouer que dans leur adaptation au cinéma, il y a du bon (X-men 1, X-men le commencement, Hellboy, Watchmen, Sin city et quelques autres) et beaucoup de très mauvais (Ghost rider 1 et 2, Iron man 2, X-men 3, Hellboy 2, Spider-man 3, ou bien encore Captain America, pour ne citer qu'eux !!!).
J'attends beaucoup d'Avengers. Réaliser par Joss Whedon (créateur de Buffy contre les vampires, mais surtout de Firefly et de Dollhouse), Avengers dispose de tous les ingrédients pour nous faire plaisir !!!
Espérons que ce sera le cas !!! 

Pulp Fiction : "Le con, j'ai buté Marvin !"

Pulp Fiction fait parti de mes films cultes et cette scène est un must de l'humour noir à la Tarantino !!!

Dark Shadows...ou le vampire version soap-opera-goth-burlesque !!!



Synopsis :
En 1772, Barnabas (Johnny Depp) a le monde à ses pieds, ou tout au moins la ville de Collinsport, dans le Maine. Riche et puissant, c’est un séducteur invétéré… jusqu’à ce qu’il commette la grave erreur de briser le cœur d’Angelique Bouchard. Cette dernière, une sorcière, lui jette un sort bien plus maléfique que la mort : celui d’être transformé en vampire et enterré vivant.
Deux siècles plus tard, Barnabas est libéré de sa tombe par inadvertance et débarque en 1972 dans un monde totalement transformé… (Date de sortie 9 mai)
 
Attentes :
Tim Burton adapte là une série américaine culte des 60's. L'univers, l'histoire et le sujet semblent parfaitement adaptés à l'imagination délirante du réalisateur.
Ayant fait de nouveau appel à son acteur fétiche, Johnny Depp (dont c'est la huitième collaboration), on ne peut que s'attendre à du grand Burton !!! Et Eva Green, en sorcière tout aussi sexy que psychopathe, renforce l'envie de voir le film.
On avance certes en terrain connu, mais avec tout ce petit monde, loin de la lassitude, la curiosité prévaut !!!

Madame Butterfly : Un opéra d'une puissance destructrice !!!


Synopsis :
Cet opéra de Puccini raconte l'histoire d'amour déchirante et dévastatrice d'une Geisha japonaise pour un officier de la marine américaine. 
Histoire impossible qui ne peut mener qu'à une seule et unique fin...

Attentes :
Madame Butterfly est un opéra que je n'apprécie que moyennement d'habitude. Cependant, cette adaptation du Royal Opera House de Londres a été encensée par une grande majorité de la critique !
On dit de cette production qu'elle offre une véritable richesse à l’œuvre de Puccini, certains ont même parlé d'un pur moment de plaisir...
Et puis, il est rare pour les colmariens de pouvoir profiter d'un opéra, alors pourquoi ne pas en profiter !!!   

Expendables 2 : Les 80's en grand Comeback !!!


Synopsis :

L'agent Church (Bruce Willis) oblige l'unité spéciale à prendre part à une opération "simple" en Europe de l'Est, ramener un colis. Cette mission se révèle tout sauf simple.
Les Expendables se retrouvent opposés à une troupe de mercenaires rivaux et Tool (Mickey Rourke), le cœur et l'esprit de l'équipe, trouve la mort des du chef ennemi.
Stallone et ses compères vont donc chercher à se venger tout en essayant de mener à bien leur mission.

Attentes :
Ayant grandi avec les films des 70's et 80's, j'en suis un grand fan. Leur scénario est manichéen, facile et ne casse pas trois pattes à un canard, mais ils bougent, touchent et divertissent sans chercher à se prendre la tête et, en fin de compte, c'est pour cela qu'ils étaient fait et qu'on les aime !
Dans le premier Expendables, j'ai retrouvé tout l'esprit des films de cette époque (scénario facile, des dialogues marquants et souvent outrageusement absurdes, une superbe nana et surtout des muscles, des muscles et encore des muscles !!!).
J'espère que cette suite sera encore meilleure !!!

Bilbo le Hobbit : Le grand retour de Peter Jackson


Ce film raconte les aventures de Bilbo Sacquet (oncle de Frodon, héros du Seigneur des Anneaux), lorsqu'il se retrouve embarqué dans la quête de 13 nains pour récupérer le trésor de leurs aïeuls volé par le grand dragon Smaug.

Attendu depuis longtemps, on espère qu'il sera à la hauteur et de la qualité de la première trilogie de Peter Jackson, Le Seigneur des Anneaux !!!
J'ai Hâte !!! Sortie décembre 2012. 

La Dame en noire : A devenir vert d'angoisse !!!


Note : 4 / 5

Synopsis :
Au XIXème siècle, un jeune clerc de notaire londonien veuf (Daniel Radcliffe) est envoyé en province, afin de régler la succession d'une vieille femme excentrique. Il se retrouve donc dans le manoir de la cliente morte, lieu étrange et terrifiant, que les villageois de coin redoutent pour une raison dont ils ne veulent pas parler.

Critique :
Le scénario est classique dans le genre horreur, cependant c'est justement ce qui fait le charme de ce film. En effet, on retrouve toute la panoplie des films d'épouvantes, magistralement surélevée par des effets assez inventifs.
L'ambiance gothique se durcit au fur et à mesure du film pour aboutir à un final furieusement chaotique et poétique !

Daniel Radcliffe, ex Harry Potter, est, contrairement à ce que l'on pourrait croire, très crédible en veuf éploré et, par un jeu tout en retenu, apporte une certaine fraîcheur au film. 


Les infidèles : Un film à l'arrière-goût d'inachevé...


Note : 2.5 / 5

Synopsis :
L'infidélité masculine et ses déboires vus par sept réalisateurs français au  travers de divers sketch.

Critique : 
On retrouve les deux acteurs français du moment, Jean Dujardin et Gilles Lelouch, dirigés par différents réalisateurs de talent, dans une série de sketch sur l’infidélité. On s'attend par conséquent à un petit bijou du genre, rappelant la comédie à l'italienne des 70's. 

Malheureusement, l'ensemble manque de cohérence et, pire de tout, la plupart des sketches sont lourds, prévisibles et stéréotypés ! Le comique du film, teinté trop souvent de malaise, en devient plus dérangeant que drôle.
Certaines scènes (notamment celle chez les infidèles anonymes et surtout celle entre Dujardin et sa compagne Alexandra Lamy) sortent cependant du lot, donnant au film un intérêt à être vu !

A noter : 
La scène finale étonnera plus d'une personne, vous verrez un Jean Dujardin et un Gilles Lelouch comme vous ne les avez jamais vu !!!!!!!

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