vendredi 18 janvier 2013

Ciné - Django Unchained de Quentin Tarantino

Quentin Tarantino - Django Unchained : Un western-hommage qui contient le meilleur de Tarantino et, surtout, sa direction et le jeu d'acteur !!!

Note : 4 / 5

Synopsis :
Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Docteur King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle, morts ou vifs.
Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves.
Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche. Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie.

Critique :
Mêler la légende germanique de Siegfried et l'esclavage en Amérique avant la guerre de Sécession, il n'y a que Quentin Tarentino pour oser le faire. Django, l'esclave justicier, incarné par Jamie Foxx, est comparé au Siegfried de la légende, prêt à battre le fer, ou plutôt ici manier à merveille le pistolet, pour délivrer sa belle Brunehilde (Broomhilda dans le film). Il est aidé par un chasseur de prime allemand qui l'achète, puis l'affranchit pour qu'il l'aide à retrouver trois négriers sadiques.
Dans "Django Unchained", on retrouve tout ce qu’on aime dans le cinéma de Tarantino, et tout ce qui en fait un cinéma important tout en étant un joyeux divertissement. Il y a les nombreuses références, donc, mais aussi les dialogues drôles et hyper affûtés, les situations absurdes, les scènes cultes (la libération de Django, les négociations sur le meurtre d’un shérif, le caméo "explosif" de Tarantino himself,…), les explosions soudaines de violences, la bande son méticuleusement constituée, la mise en scène éclatante, etc. 
Sans oublier bien sûr le casting tout simplement énorme. Tout d'abord, Jamie Foxx est nickel chrome en Django et Christoph Waltz (la seule et unique révélation et génialité de "Inglorious Basterds", le pire Tarantino à mon sens) est une nouvelle fois délicieux dans le rôle d’un chasseur de prime très smart (qui se fait passer pour un dentiste et ment effectivement comme un arracheur de dents !). 
Ensuite Leonardo DiCaprio s’en donne à cœur joie dans le rôle d’un vrai méchant, celui de Candie (qui a d’ailleurs nommé son domaine "Candie Land"), un riche exploitant qui abuse de l’autorité qu’il a sur ses esclaves.  Et enfin un Samuel L. Jackson, dans le rôle de Stephen un vieux serviteur renégat, est tout simplement incroyable dans son interprétation du personnage le plus haïssable du film.
"Django Unchained" est un western-spaghetti particulier, sans indiens mais en plein monde de l’esclavagisme américain. Django est un esclave affranchi, qui va bientôt vouloir se venger de ceux qui lui ont arraché à sa femme. Tiens, voilà d’ailleurs à nouveau la vengeance, l’un des grands thèmes récurrents du cinéma de Tarantino !
Dans "Django Unchained", on ressent une énergie vengeresse, devenue encore plus déterminée, plus crue et plus impressionnante que dans les précédentes œuvres du cinéaste. Peut-être prêt à accepter une maturité qu'il semblait toujours repousser, Tarantino livre un film d'une beauté presque classique et se laisse gagner par une sincérité nouvelle.
Si l'humour et la dérision n'ont pas disparu, ils semblent tenus en respect. Le ton est donné par le personnage à la fois ahurissant et subtil du chasseur de primes qui se fait passer pour un arracheur de dents. Interprété par Christoph Waltz, aussi splendide que dans "Inglourious Basterds", King Schultz est un pince-sans-rire. Capable de balancer un bon mot en même temps qu'une balle en pleine tête, ce VRP pragmatique court après les dollars mais se double d'un idéaliste, un homme de culture et de valeurs. Venu d'Europe, il est prêt à s'affronter à la sauvagerie de l'Amérique, mais pas à s'y fondre. Il libère Django (Jamie Foxx) uniquement parce qu'il l'aidera à reconnaître trois négriers dont la tête est mise à prix. Mais il accepte, très vite, au nom de l'honneur et de la liberté, d'aller sauver sa femme, esclave du riche Calvin Candie (Leonardo DiCaprio).
Dans ce western spaghetti new-look, le kitsch parodique auquel on pouvait s'attendre passe après un réquisitoire à la gravité jamais feinte contre l'esclavage. Il y a une part profondément tragique dans le personnage de Django, sobrement campé par Jamie Foxx.
Toutefois, l’emprunt aux westerns spaghetti se trouve surtout dans l’utilisation de la musique. Elle n’est pas là pour simplement accompagner l’image ou "remplir" grossièrement un mauvais silence. Elle passe soudainement au premier plan, tandis que les mouvements des acteurs ralentissent. Les scènes prennent ainsi des accents opératiques. 
L’approche musicale se retrouve dans les réparties des acteurs.  Tarantino est d’abord un formidable dialoguiste. Il déclare aimer écrire pour Christoph Waltz ou Samuel L. Jackson car ces derniers ne récitent pas le texte, ils "chantent" les échanges. Ces figures du Sud esclavagiste manient le canon, mais aussi le verbe. Le pouvoir des personnages est établi par leur maîtrise du discours et le niveau de langue employé. Ainsi, King Shultz, l’étranger, est un modèle de raffinement et de civilisation.
Si le film possède un scénario et des dialogues coupés au cordeau, un rythme d’enfer malgré ses presque trois heures (et quelques légères longueurs) et un ton entre ultraviolence et désinvolture goguenarde tout à fait savoureux, il n’en demeure pas moins que l’on n’en sort peut-être pas autant emballé que d’autres expériences cinématographiques du réalisateur de "Pulp Fiction".
En effet, tout est bien là, mais tout semble aussi un peu trop calculé, ou trop maîtrisé ! Le film se prend sans doute un peu trop au sérieux, ne serait-ce que dans sa façon d’aborder ce thème si délicat de l’esclavage. On a connu Tarantino bien plus corrosif et impertinent sur des sujets pourtant tout aussi casse-gueule, comme le nazisme dans "Inglorious Basterds". Pas d’inquiétude cependant, le tout reste de très haut niveau, mais il est possible de se demander si Tarantino ne commencerait pas à s’engoncer légèrement dans une forme de classicisme, bien malgré lui d’ailleurs, qui le freinerait dans son audace ou ses ambitions.
Ceci étant dit, au final, Tarentino le cinéphile avait renouvelé le film de gangsters avec "Reservoir Dogs", pastiché les films de sabre asiatiques avec les deux "Kill Bill". Ici, il rend hommage au western spaghetti. On retrouve sa patte : des dialogues très écrits et jubilatoires alternant avec des séquences ultraviolentes. Avec cette septième œuvre, Quentin Tarentino est au sommet de son art. Lui qui réaffirme qu'il arrêtera la réalisation à son dixième film.
"Django Unchained" procure un plaisir immédiat, à commencer par son formidable trio d'acteurs. Une fois de plus, l’art du génial Quentin ne ressemble qu’à du Tarantino : et c’est purement jubilatoire. Pour nous, et pour ses comédiens qu’il gâte comme personne. En retour, Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio et Samuel L. Jackson lui donnent le meilleur et s’illustrent dans un grand moment de cinéma !!! 

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