Note : 4 / 5
Synopsis :
Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Docteur
King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de
Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les
meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa
liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle, morts ou vifs.
Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves.
Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche. Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie.
Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves.
Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche. Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie.
Critique :
Mêler la légende germanique de Siegfried et l'esclavage en Amérique
avant la guerre de Sécession, il n'y a que Quentin Tarentino pour oser
le faire. Django, l'esclave justicier, incarné par Jamie Foxx, est
comparé au Siegfried de la légende, prêt à battre le fer, ou plutôt ici
manier à merveille le pistolet, pour délivrer sa belle Brunehilde (Broomhilda dans le film). Il
est aidé par un chasseur de prime allemand qui l'achète, puis
l'affranchit pour qu'il l'aide à retrouver trois négriers sadiques.
Dans "Django Unchained", on retrouve tout ce qu’on aime dans
le cinéma de Tarantino, et tout ce qui en fait un cinéma important tout
en étant un joyeux divertissement. Il y a les
nombreuses références, donc, mais aussi les dialogues drôles et
hyper affûtés, les situations absurdes, les scènes cultes (la libération
de Django, les négociations sur le meurtre d’un shérif, le
caméo "explosif" de Tarantino himself,…), les explosions soudaines
de violences, la bande son méticuleusement constituée, la mise en scène
éclatante, etc.
Sans oublier bien sûr le casting tout simplement énorme. Tout d'abord, Jamie Foxx est nickel chrome en Django et Christoph Waltz (la seule et unique révélation et génialité de "Inglorious Basterds", le pire Tarantino à mon sens) est une nouvelle fois délicieux dans le
rôle d’un chasseur de prime très smart (qui se fait passer pour un
dentiste et ment effectivement comme un arracheur de dents !).
Ensuite
Leonardo DiCaprio s’en donne à cœur joie dans le rôle d’un
vrai méchant, celui de Candie (qui a d’ailleurs nommé son domaine "Candie Land"), un riche exploitant
qui abuse de l’autorité qu’il a sur ses esclaves. Et enfin un Samuel L. Jackson, dans le rôle de Stephen un vieux serviteur renégat, est tout simplement incroyable dans son interprétation du personnage le plus haïssable du film.
"Django Unchained" est un western-spaghetti particulier, sans indiens mais en plein monde de
l’esclavagisme américain. Django est un esclave affranchi, qui va
bientôt vouloir se venger de ceux qui lui ont arraché à sa
femme. Tiens, voilà d’ailleurs à nouveau la vengeance, l’un des
grands thèmes récurrents du cinéma de Tarantino !
Dans "Django Unchained", on ressent une énergie vengeresse, devenue
encore plus déterminée, plus crue et plus impressionnante que dans les précédentes œuvres du cinéaste. Peut-être prêt à
accepter une maturité qu'il semblait toujours repousser, Tarantino livre un film d'une beauté presque classique et se laisse gagner par une
sincérité nouvelle.
Si l'humour et la dérision n'ont pas disparu, ils semblent tenus en
respect. Le ton est donné par le personnage à la fois ahurissant et
subtil du chasseur de primes qui se fait passer pour un arracheur de
dents. Interprété par Christoph Waltz, aussi splendide que dans "Inglourious Basterds",
King Schultz est un pince-sans-rire. Capable de balancer un bon mot en
même temps qu'une balle en pleine tête, ce VRP pragmatique court après
les dollars mais se double d'un idéaliste, un homme de culture et de
valeurs. Venu d'Europe, il est prêt à s'affronter à la sauvagerie de
l'Amérique, mais pas à s'y fondre. Il libère Django (Jamie Foxx)
uniquement parce qu'il l'aidera à reconnaître trois négriers dont la
tête est mise à prix. Mais il accepte, très vite, au nom de l'honneur et
de la liberté, d'aller sauver sa femme, esclave du riche Calvin Candie
(Leonardo DiCaprio).
Dans ce western spaghetti new-look, le kitsch parodique auquel on
pouvait s'attendre passe après un réquisitoire à la gravité jamais
feinte contre l'esclavage. Il y a une part profondément tragique dans le
personnage de Django, sobrement campé par Jamie Foxx.
Toutefois, l’emprunt aux westerns spaghetti se trouve surtout dans l’utilisation de
la musique. Elle n’est pas là pour simplement accompagner l’image ou "remplir" grossièrement un mauvais silence. Elle passe soudainement au premier plan, tandis
que les mouvements des acteurs ralentissent. Les scènes prennent ainsi
des accents opératiques.
L’approche musicale se retrouve dans les
réparties des acteurs. Tarantino est d’abord un formidable dialoguiste.
Il déclare aimer écrire pour Christoph Waltz ou Samuel L. Jackson car
ces derniers ne récitent pas le texte, ils "chantent" les échanges.
Ces figures du Sud esclavagiste manient le canon, mais aussi le verbe.
Le pouvoir des personnages est établi par leur maîtrise du discours et
le niveau de langue employé. Ainsi, King Shultz, l’étranger, est un
modèle de raffinement et de civilisation.
Si le film possède un scénario et des dialogues
coupés au cordeau, un rythme d’enfer malgré ses presque trois heures (et quelques légères longueurs)
et un ton entre ultraviolence et désinvolture goguenarde tout à fait
savoureux, il n’en demeure pas moins que l’on n’en sort
peut-être pas autant emballé que d’autres expériences cinématographiques
du réalisateur de "Pulp Fiction".
En effet, tout est bien là, mais tout semble aussi un peu trop calculé, ou trop
maîtrisé ! Le film se prend sans doute un peu trop au sérieux, ne
serait-ce que dans sa façon d’aborder ce thème si délicat de l’esclavage. On a connu Tarantino bien plus corrosif et
impertinent sur des sujets pourtant tout aussi casse-gueule, comme
le nazisme dans "Inglorious Basterds". Pas d’inquiétude cependant, le tout reste de très
haut niveau, mais il est possible de se demander si Tarantino ne
commencerait pas à s’engoncer légèrement dans une forme de classicisme,
bien malgré lui d’ailleurs, qui le freinerait dans son
audace ou ses ambitions.
Ceci étant dit, au final, Tarentino le cinéphile avait renouvelé le film de gangsters avec "Reservoir Dogs", pastiché les films de sabre asiatiques avec les deux "Kill Bill".
Ici, il rend hommage au western spaghetti. On retrouve sa patte : des
dialogues très écrits et jubilatoires alternant avec des séquences
ultraviolentes. Avec cette septième œuvre, Quentin Tarentino est au
sommet de son art. Lui qui réaffirme qu'il arrêtera la réalisation à son
dixième film.
"Django Unchained" procure un plaisir immédiat, à commencer par son formidable trio d'acteurs.
Une fois de plus, l’art du
génial Quentin ne ressemble qu’à du Tarantino : et c’est purement
jubilatoire. Pour nous, et pour ses comédiens qu’il gâte comme personne.
En retour, Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio et Samuel L.
Jackson lui donnent le meilleur et s’illustrent dans un grand moment de
cinéma !!!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire