mercredi 23 janvier 2013

Livre (BD) - Asgard aux éditions Dargaud

Dargaud - Asgard, Tome 1 "Pied de fer" : Un univers nordique parfaitement restitué par une narration fluide et dynamique et une écriture efficace et percutante !!!

Note : 4.25 / 5

Synopsis :
Il y a 40 hivers, les Dieux du Northland l’ont puni en faisant de lui à la naissance un "skraëling", littéralement "un homme laid", un infirme. Différent parce que né avec un seul pied. Son père aurait dû s’en débarrasser pour éviter que sa maison soit marquée du sceau de la malédiction. Mais il n’a pas pu. Et en une ultime ironie, il lui a donné le nom d’Asgard, nom du royaume que les Dieux lui avaient refusé.
On le surnomme aujourd’hui "Pied-de-Fer". Et ce matin-là, il recueille sur le rivage Sieglind, une jeune esclave affranchie et à demi-consciente, la seule survivante du naufrage d’un petit navire de pêche. Comme bien d’autres avant lui, l’équipage vient de faire une funeste rencontre : un Krökken, un monstre marin sorti des enfers. La bestiole immonde fait des ravages en décimant la population du village de Dyflin ou en empêchant les drakkars royaux de prendre la mer pour livrer combats et rapporter leur butin.
Asgard n’était pas là par hasard. Il est en effet un chasseur de monstres réputé. En raccompagnant la jeune fille à Dyflin, il propose d’ailleurs aux villageois de ramener la tête du monstre contre 1000 talents d’argent. La somme est rondelette. Kristen, du clan des Aardvern, lui offre pour tout paiement ses deux bras et son navire, le dernier du village. Svenn Larssen, le scalde, propose quant à lui ses talents d’ancien marin expérimenté. "Pied-de-fer" s’apprête à refuser ses offres, quand un valeureux guerrier de la garde royale propose sa vaillance et 2000 talents d’argent. Après quelques préparatifs, l’équipage prend la mer.
Critique :
A la barre "d’Asgard", on retrouve Xavier Dorison  ("Long John Silver", "Le Troisième Testament", "Sanctuaire",…) au scénario et Ralph Meyer ("Berceuse Assassine", "Ian") au dessin. Prévu en deux tomes aux éditions Dargaud, "Asgard" revoit donc le duo Dorison / Meyer se reformer depuis leur association sur la collection "XIII Mystery" qu’ils avaient entamée avec le premier album "La mangouste". C’est donc avec une certaine excitation qu’on les retrouve pour cette histoire nordique.
Au centre du récit, un quadra maudit (en raison d’une infirmité congénitale), ex-guerrier, solitaire et chasseur réputé de grosses vilaines bestioles. Pour faire craquer sa grosse carapace, une orpheline animée d’une redoutable énergie. Tout autour s’anime alors, avec une justesse rigoureuse, un univers viking dont les contours esquissés dans ce premier tome rappellent ceux de "Thorgal", ni plus ni moins.
Un peu de vocabulaire viking, un peu de folklore nordique, un dessin mature et voilà une bonne histoire de viking qui n’a rien de banale, même si elle reste assez classique. Traitée simplement, on ressent tout le poids des histoires personnelles des personnages et en particulier le lien qui va se tisser entre Sieglind, orpheline de parents esclaves et Asgard le "skraëling". Et si chacun a beaucoup à gagner à s’embarquer dans cette aventure, ils ont aussi beaucoup à perdre, et en particulier la vie.
Avec Asgard, on voit tout de suite que Dorison veut se concentrer sur la chasse épique de son petit groupe et décide pour se faire de tout miser sur l’efficacité maximum et un rythme soutenu. Tout se met en place assez vite et, surtout, avec justesse. En ça l’auteur décide d’aller à l’essentiel en fournissant les informations nécessaires aux lecteurs, sans s’encombrer de superflu. Ce choix permet de nous faire vivre la tension présente sur le bateau et de s’assurer que notre concentration est à 100 % là où Dorison veut qu’elle soit.
Cette pratique est assez risquée, mais au final l’exercice est maîtrisé et rend le tout assez atypique. On a donc affaire à des planches avares en dialogues, mais diablement fluides qu’on enchaîne rapidement afin de suivre les mésaventures de Pied de Fer et sa troupe. Mais voilà, bien que cela soit efficace c’est peut-être bien là son principal défaut. Le rythme étant si haletant et rapide qu’on enchaîne un peu trop vite les pages, sans toujours bien prendre le temps d’observer à leurs justes valeurs les casses de Meyer, et en peu de temps, on se retrouve déjà à reposer l’album que l’on vient de dévorer.
Pour autant dédié principalement à l’aventure et l’action, le récit (prévu en 2 tomes) s’ouvre un large potentiel. Dorison n’explore en effet que par petites touches parcimonieuses le profil de son personnage principal en laissant plusieurs balises qui, exploitées a posteriori, pourraient nous offrir une série au long court.
Sans entrer trop dans les détails, le scénariste nous présente à la fois le cadre historique, culturel, environnemental et les personnages qui peuplent ce monde. À travers la série "Asgard", l’auteur arrive à traiter de vastes thèmes comme celui de la lutte d’un homme contre les dieux, contre son destin, mais aussi de sa place dans la société et l’inefficacité de cette dernière à s’adapter aux changements.
Très impressionnant, le dessin de Ralph Meyer nous gratifie de quelques belles cases avec de belles gueules. En particulier, le personnage d’Asgard exprimant à la fois virilité et sagesse. On perçoit un homme endurcit par la vie, mais ayant acquis une certaine expérience issue de ses désillusions et de la connaissance de la nature humaine.
Meyer arrive à nous proposer une mise en scène qui lui est propre et qui ne cherche pas à imiter le style d’un autre auteur. Le découpage est excellent, et rend l’aventure vibrante, énergique, et donne du sens à l’histoire de chasse. Le trait du dessinateur arrive à la fois à donner de la puissance aux personnages nordiques durs et massifs que sont les guerriers vikings, tout en donnant de la finesse et fragilité au personnage de l’innocente Sieglind.
En ce qui concerne les paysages, Meyer arrive à jouer la carte du dépaysement en nous offrant des paysages de fjords magnifique, et se joue de cet effet carte postale, pour faire le contraste avec l’arrivée de la bête monstrueuse. Chaque planche est vraiment un bonheur pour les yeux tant le dessin est beau précis et plein de détails. Plus important encore, le trait de Meyer participe à la fluidité de l’histoire et sert aussi à masquer l’absence fréquente de texte.
L’idée du mouvement est parfaitement retranscrite, et la colorisation oscillant entre les gris bleutés, gris verts et les rouges orangés retranscrivent bien l’aspect glacé et sombre que l’on peut se faire de cet univers nordique. Ainsi son travail est un sérieux atout pour la réussite de ce projet. Bref, son talent explose littéralement et font de cette entame un véritable petit bijou.
En résumé, "Asgard" est une œuvre qui regorge de technicité afin de livrer au lecteur un résultat accessible, prenant, montrant le niveau de savoir-faire des deux artistes qui savent très bien ce dont est capable l’autre. Bien qu’assez classique l’histoire de Pied de fer n’en reste pas moins efficace, intéressante et est l’une des bonnes surprises franco-belge de l’année 2012.
"Asgard" est une fresque épique parmi les vikings ! Une légende que doit affronter un guerrier maudit des dieux : le terrible serpent-monde, fils des dieux et incarnation d'une terrible prophétie. On s'attache à ce farouche guerrier qui ne recule devant rien et personne, poursuivant inlassablement sa quête. Les graphismes sont très beaux, réalistes et parés de couleurs vives. Un excellent premier tome !!!

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