vendredi 30 novembre 2012

Musique - "Jake Bugg" de Jake Bugg

Jake Bugg - "Jake Bugg" : Un songwriter d'une extrême précocité, prodige du british folk !!!

Note : 4.5 / 5

Jake Bugg, un gamin de Nottingham, est né en 1994, ce qui lui fait 18 ans seulement sur la carte d’identité. Et déjà un deal avec une major et des critiques dithyrambiques dans les canards de sa Majesté pour un disque sorti il y a une poignée de semaines là-bas. Il faut dire que Jacob Edwin Kennedy, de son vrai nom, remplit bien le cahier des charges lui permettant de prétendre au statut de "chouchou de l’indie anglais" : coupe de douille comme Liam Gallagher en 1994, assurance à la Lee Mavers et veste Fred Perry comme les piliers de pub british, accent nordiste très prononcé, affinités évidentes avec un certain Noel Gallagher qui l’a emmené en tournée et une approche musicale qui mélange respect des anciens et aspirations modernistes.
L’histoire de Jake Bugg ressemble presque à  un conte de fées. Il se destinait au foot, mais il change d’avis lorsqu’à douze ans, son père lui offre sa première guitare et lui fait écouter Oasis et Neil Young. A treize ans, il commence à écrire ses propres chansons. A quinze ans, il va jouer dans les pubs après l’école. Trois ans plus tard, choisi par la BBC, il se produit au festival de Glastonbury sur la scène des nouveaux artistes et signe un contrat. Cet été il était présent au festival de Reading. Il se produit également en première partie de la tournée de Noel Gallagher et ses High Flying Birds.
Une voix troublante, des chansons vintage, belles, courtes et efficaces, 2013, sera l'année Jake Bugg. Les premiers singles de son premier album, qui sort en France fin janvier en physique, caracolent en tête des charts britanniques. Mais Jake Bugg, 18 ans redisons-le, garde la tête froide et fait preuve d'une maturité étonnante. Celui que la presse compare déjà à Jimi Hendrix et Bob Dylan explique que tout a commencé avec un épisode de la série les Simpsons en entendant la chanson "Vincent" de Don Mc Lean.
Alors Jake a décidé de se créer son propre univers et, à ce petit jeu là, c’est la foire aux références d’un bout à l’autre de ce premier album éponyme. Il va d’abord piocher du son rétro chez Donovan ou les Beatles (certains n’hésitent d'ailleurs pas à s'enflammer un peu et le désignent comme le nouveau Dylan). A cela, il y ajoute une dynamique moderne. 
On se retrouve avec de belles ballades folk-rock, notamment la magnifique "Seen It All" qui vous touchera immanquablement en plein cœur. On a sur cet album un mélange de psych-folk, pop-folk façon sixties et typiquement anglais. Mais, la présence d’harmonica (sur "Simple As This") ou la guitare sonnant parfois très ouest américain sur d’autres titres, nous amènent tout droit de l’autre côté de l’Atlantique. Des morceaux comme "Trouble Town" nous projettent agréablement dans cette ambiance country sous le soleil du Far West. Un style qui séduit, puisque la joyeuse et dansante "Lightning Bolt" est la bande-son d’une des pubs de la bière Greene King. Elle a également été jouée lors de la victoire d’Usain Bolt sur 100 mètres aux JO de Londres. 
En résumé, voix de corbeau dylanienne, folk à la Donovan, élégance digne d’un Alex Turner, rythmiques empruntées à Johnny Cash ou adoration de tous les instants pour la discographie des Beatles. Mais dans cette manière qu’a Jake Bugg de se foutre des époques, le kid des East-Midlands nous fait  surtout méchamment penser à Jamie T, autre talent précoce et porte-étendard d’une génération YouTube dont les adeptes parviennent occasionnellement à tirer quelque chose de bon de cette boulimie musicale.
Le défaut de ce disque est qu’il y a un peu trop de ballades au final, car certaines ("Country Song", "Someone Told Me") sont vraiment lassantes et soporifiques. A la place, un peu plus de titres pêchus façon "Taste It" et "Lightning Bolt" ne seraient pas de refus. Car les solos de gratte (un peu courts malheureusement) sont d’enfer. Bon après, l’avantage de certaines ballades ennuyeuses, c'est que la voix de Bugg est plus que jamais mise en valeur. Sur "Broken" par exemple, sa beauté est multipliée par mille.
Finalement, Jake Bugg nous offre un album à base de sincérité et de fraicheur. Accompagné de peu d’instruments, il fait dans la simplicité et l’élégance et réussit à nous séduire avec intelligence. Une guitare dans une main, une cigarette dans l’autre, laissez-le ouvrir la marche et vous emmener avec lui dans la magie de son monde et de sa musique.
Alors oui, ce disque n’offre pas la moindre surprise, si ce n’est celle d’enchaîner, avec une aisance déconcertante vu l’âge de son interprète, des titres d’une maturité folle, d’une variété bienvenue et qui se valent presque tous qualitativement parlant. Et pour le coup, les médias anglais si friands de superlatifs peuvent bien s’emballer, car ce gamin en vaut vraiment la peine !!!  

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