mercredi 21 novembre 2012

Ciné (Nanar) - Les Barbarians de Ruggero Deodato (1987)

Les Barbarians : Un nanar héroïque-fantaisie assumé et divertissant devenu culte !!!

Note : 4.5 / 5 (pour les fans)
            0.5 / 5 (pour les autres)

Synopsis :
Deux frères jumeaux orphelins, autrefois adoptés par des artistes itinérants, ont, lors d'une attaque menée par le maléfique Kadar pour enlever la reine Canary, été séparés, alors enfants, réduits en esclavage et envoyés dans des camps d'entrainement de gladiateurs.
Quelques années plus tard, le hasard les réunis. Devenus gladiateurs, ils sont contraints de s'affronter dans l'arène mais refusent le combat. Les deux frères allient alors leurs forces pour se libérer du joug de leurs maîtres et décident de délivrer la reine Canary encore captive, et se venger de Kadar.

Critique :
Avant tout un point de vocabulaire. À la différence du navet, film ennuyeux, insipide et nul au 1er comme au 36e degré, le nanar désigne un film tellement décalé ou tellement mauvais qu’il en devient fascinant, et hypnotise littéralement celui qui le visionne. Vous l'aurez compris c'est d'un magnifique nanar dont il s'agit ici : "Les Barbarians" de Ruggero Deodato de 1987 !
Ce film d'heroic-fantasy, réalisé par Ruggero Deodato, appartient à une catégorie particulièrement prisée : celle du nanar euphorisant. Du film d'une stupidité tellement franche et joyeuse qu'elle vous fait oublier momentanément tous vos problèmes pour vous plonger aussitôt dans un univers de bêtise heureuse et décomplexée, où bon sens et logique n'ont plus cours et où les barbares culturistes s'affrontent dans des batailles de tartes à la crème. 
Produit par la Cannon de Menahem Golan et Yoram Globus (les exécutifs les plus incompétents de l’époque mais qui nous ont offert grâce à cela des perles inoubliables comme "Delta Force" avec Chuck Norris ou encore "Cobra" avec Stallone), "Barbarians" est en fait la dernière production italienne de film de genre, car à part l’argent américain, toute l’équipe est transalpine. Réalisé par Ruggero Deodato, un faiseur compétent qui s’est révélé dans les films de cannibales, ce nanar jouissif vaut surtout par les deux jumeaux, David Paul et Peter Paul, les deux acteurs en strings moule-burnes les plus nullissimes de l’histoire du cinéma.
Ces deux énormes jumeaux, catcheurs et culturistes, furent un temps des célébrités médiatiques, un peu comme les "Barbie Twins", mais en version masculine et musclée. Concevoir un film autour de ces deux phénomènes de foire était d'emblée courir le risque du ridicule le plus absolu, ce qui nous confirme une fois de plus que Golan et Globus n'avaient aucun sens de la mesure.
Ruggero Deodato, plus finaud, avoue pour sa part avoir voulu d'emblée tirer le film vers la parodie en se rendant compte du potentiel "comique" de ses deux stars. Rarement a-t-on vu scénario aussi délicieusement crétin, personnages aussi justement  clichetonneux et, surtout, bande originale aussi génialement ringarde. Le film est un long vidéo-clip totalement délirant, pétaradant à un rythme d'enfer, et jamais ennuyeux : l'action ne s'arrête jamais, et la nanardise non plus ! Un bonheur, à condition bien sûr d'apprécier ce genre d'humour !
Tout le film est en effet à l'image de ses deux interprètes principaux, les jumeaux Paul : infantile et joyeux, idiot et sympathique, rabougri du cervelet et débordant de testostérone ! David et Peter Paul sont à eux deux un spectacle tout bonnement UNIQUE ! Et c’est leur prestation d’extra-terrestre qui fait ainsi le charme d’un film qui alterne un humour volontairement nase et des situations involontairement ridicules. Car Barbarians n’est pas une parodie, l’histoire d’aventure est très sérieuse. 
David et Peter Paul
Seuls les jumeaux, décidément intenables, dotés de la maturité d’un enfant demeuré d’une classe maternelle, sont décalés, et d’une débilité jamais vue. Et le plus fort, c’est que l'on sent que cela leur est tout à fait naturel (l’acteur George Eastman qui incarne le vendeur d’arme dans le film, disait d’eux qu’ils sont les pires acteurs qu’il ait jamais rencontré, et quand on connaît sa filmo, on réalise la portée de la déclaration) et qu’ils sont bien incapables de faire autre chose que de se disputer, de marcher tout le temps comme s’ils avaient des oursins dans leur slip en peau, de peloter le cul des filles et de gueuler comme des bêtes.
Un petit mot sur le casting, simplement pour nous réjouir de la présence de Richard Lynch et Michael Berryman, deux des tronches les plus incroyables du cinéma de genre. 
Richard Lynch
Interprète du rôle de Kadar, Richard Lynch est un comédien tristement et malheureusement sous-exploité. Gravement brûlé dans sa jeunesse, il en a gardé un inquiétant visage de charognard, qui lui vaut régulièrement des rôles de méchants et de sadiques. S'il put montrer un vrai talent d'acteur dans les rares occasions où il eut quelque chose de consistant à jouer (Il faut le voir dans "L’Épouvantail", où il tient tête sans problèmes à Al Pacino), Lynch a malheureusement toujours été abonné aux pires nanars et navets ("Invasion USA").
Michael Berryman, quant à lui, n'a qu'à apparaître à l'écran pour défier le vocabulaire. Il est hélas, et c'est là une grosse déception des "Barbarians", particulièrement sous-employé, son personnage étant réduit à sa plus simple expression de méchant. Quant aux comédiennes, Eva LaRue (Ismène), Virginia Bryant (Canary) et Sheeba Alahani (China), et bien elles sont très jolies. Mes félicitations aux costumiers.
"Les Barbarians" contrairement à d'autres spécimens crapoteux du genre distille tout le long du métrage un climat jovial, ne dénombrant ni ralentissement notable, ni remplissage intempestif, les acteurs même de piètre qualité communiquant au film un souffle des plus rafraichissants. Nos deux héros bodybuildés, Peter et David Paul se comportent comme deux enfants sous la direction d'acteur ultra coulante d'un Deodato qui en a vu d'autres. 
Michael Berryman
Les jumeaux crient, vocifèrent, éructent, grimacent à tout va, deux grands gamins rappelant aux nostalgiques spectateurs leurs exploits dans les cours de récréation et l'humour potache qui y régnait. Mais le film offre également d'autres réjouissances, des invités "prestigieux" venus cabotiner à loisir (George Eastman, Michael Berryman), des créatures et des décors de qualités variables, des costumes ringards, des personnages attachants (Ibar alias Franco Pistoni dit "gueule d'asperge") et une histoire simplette assumée.
Vous l'aurez compris, "Les Barbarians", s'ils représentent un point de décadence ultime de l'heroic-fantasy, n'en sont pas moins un nanar hautement réjouissant, au fort potentiel zygomatique. Nanardise volontaire, certes, mais la nanardise involontaire est elle aussi suffisamment présente pour que chacun en ait pour son argent. Je vous recommande notamment le combat contre le dragon. On regrettera simplement que la fin soit un petit peu bâclée. Mais si vous avez l'occasion de mettre la main sur ce classique trop oublié, n'hésitez pas !!!

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