dimanche 14 octobre 2012

Livre (BD) - "Highlands T1 : Le portrait d'Amélia" de Philippe Aymond

Philippe Aymond - "Highlands, Le portrait d'Amélia" : La première partie d’un diptyque historique et romantique impeccablement mené !!!

Note : 4.5 / 5

Synopsis :
En aout 1743, sur le quai d’un port écossais, le docteur Murdoch accueille bras ouverts son filleul Joseph Callander, de retour d’Italie. Désormais adulte, celui-ci revient de plusieurs années d’étude de la peinture. Il découvre un contexte politique tendu : l’Angleterre essaie d’absorber diplomatiquement l’Écosse, et les anciens clans font de la résistance, notamment dans les Highlands. Sous une pluie torrentielle, le carrosse de Murdoch fait un détour par le manoir de l’un de ses patients, le Duc de Plaxton, favorable à l’Union. Durant la consultation, Callander attend son parrain dans le carrosse resté dans la cour. Il a alors la surprise d’y voir monter la fille de Plaxton, la belle Amélia. 
Celle-ci vient d’être sournoisement enlevée par des indépendantistes, qui lancent aussitôt le carrosse vers l’extérieur du manoir. Les soldats de Plaxton se livrent à une course-poursuite. Mais d’autres brigands leur tendent un guet-apens depuis les collines environnantes. Le carrosse s’arrête enfin dans un sous-bois, repaire des indépendantistes. Callander parvient alors à faire diversion et à attirer l’attention des soldats : Amélia est sauve. Au manoir, Plaxton le remercie chaleureusement. Le Duc découvre en outre les talents artistiques de Callander et l’embauche aussitôt en tant que peintre de la famille.

Critique :
Philippe Aymond, jusqu'à présent, s'était distingué comme dessinateur pour illustrer des récits de Pierre Christin ("Les Voleurs de Villes"), Laurent-Frédéric Bollée ("Apocalypse Mania") et Jean Van Hamme ("Lady S"). Avoir collaboré avec ces scénaristes lui a sans doute appris et donné confiance pour se lancer à son tour comme auteur complet : "Highlands" est ainsi la première bande dessinée où Philippe Aymond signe à la fois l'histoire, la couleur et le dessin. L'auteur est attendu au tournant pour sa première œuvre en solo. Et il faut avouer qu'il s'en sort plutôt bien et avec les honneurs.
Aymond nous entraîne dans un contexte géographique et historique rarement exploré dans le genre. Les Highlands et les rebellions jacobites du XVIIIème siècle ! Les Highlands c'est l’Écosse, ses lochs, ses monts et ses châteaux, comme vous pouvez le constater sur la belle couverture de ce livre. En effet, Le diptyque proposé prend pour contexte les rebellions jacobites qui se déroulèrent au milieu du XVIIIème siècle, contre l’indexation de l’Écosse à l’Angleterre.
Le contexte historique choisi présente l'avantage d'une certaine originalité puisque la France des lumières a davantage séduit les auteurs que les Highlands déchirées par les rivalités entre Écossais et Anglais. En choisissant de prendre comme personnage principal un jeune peintre talentueux, qui se remet d'un amour tué dans l’œuf, Philippe Aymond prend là encore une option qui sort des sentiers battus. Et tout au long du récit, une jolie atmosphère se met en place, avec des regards expressifs qui en disent long sur des sentiments qu'on veut taire et un arrière-plan politique qui tisse des intrigues autour d'une relation naissante. La narration est intelligente, mettant habilement en place les événements comme les personnages dans ce récit annoncé comme un diptyque.
Parfaitement menée et documentée, l’intrigue va donc toutefois au-delà du simple exposé politique, en proposant un récit romantique, donc tragique. Tourmenté par un passé encore méconnu, un beau et talentueux héros se laisse porter par l’espoir d’une idylle impossible avec la belle et riche héroïne et tombe dans ce qui ressemble à un piège fatal.
Le graphisme d'Aymond est toujours aussi efficace. Son trait réaliste fonctionne et nous fait revivre avec une certaine facilité l'Écosse en cette année 1743. Il y a de très belles scènes comme ce combat amical entre Joseph et le sergent Hunt, dans de merveilleux paysages qui nous font sentir les parfums des Highlands ! Évidemment, le fait que l'auteur assure lui-même le passage au dessin facilite l'adéquation entre ses planches et l'ambiance qu'il veut créer. Le trait est classique et élégant, avec un joli travail sur les angles de vue qui confère beaucoup d'efficacité à l'ensemble. La mise en couleurs, discrète, donne de l'ampleur au dessin travaillé et minutieux. 
Tous les ingrédients qui forgent les grandes séries sont présents : passions interdites, jalousie, trahison, complot, tout cela sur fond de tensions politiques entre l’Angleterre et l’Écosse. Le théâtre parfait pour cette intrigue rondement mené dans laquelle l’auteur parvient même à distiller un soupçon de poésie et qui nous fait découvrir chez lui un vrai talent d’écriture. 
Au final, fin, soigné et d’une belle maîtrise, le dessin réaliste est à la hauteur du scénario, faisant la part-belle aux expressions des visages et aux costumes, sans oublier les décors sauvages des Highlands. La psychologie des personnages et les dialogues ne sont pas en reste, tout aussi équilibrés que rigoureux. Au terme de ce premier opus, c’est totalement convaincus que nous abandonnons le héros en bien fâcheuse posture.
"Highlands" est une série à découvrir pour ses ambiances et son efficacité. Les amateurs de contexte historique devraient apprécier ce premier album, d'autant qu'il ne s'agit pas de se lancer dans une série à rallonge, ce qui est appréciable dans un contexte de vaste production BD !!!  

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