dimanche 28 octobre 2012

Ciné - Skyfall, un James Bond de Sam Mendes

Skyfall : Un James Bond hallucinant avec une réelle profondeur dramatique !!!

Note : 4.75 / 5

Synopsis :
Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est attaqué, et M est obligée de relocaliser l’Agence. Ces événements ébranlent son autorité, et elle est remise en cause par Mallory, le nouveau président de l’ISC, le comité chargé du renseignement et de la sécurité. 
Le MI6 est à présent sous le coup d’une double menace, intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu’un seul allié de confiance vers qui se tourner : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans l’ombre. Avec l’aide d’Eve, un agent de terrain, il se lance sur la piste du mystérieux Silva, dont il doit identifier coûte que coûte l’objectif secret et mortel.

Critique :
Le film d’environ deux heures et demie, inspiré des romans de Ian Fleming est sans nul doute le meilleur de la série ! Sam Mendes offre une vision plus humaine du héros, qui reçoit des balles, rate ces cibles et a des sentiments. À l’aide de la nouvelle Arriflex Alexa, Roger Deakings, directeur de la photographie, donne une vision jeune au film. Il privilégie la caméra à l’épaule ce qui apporte plus de violence aux cascades.
Il faut bien l'avouer, Sam Mendes, qui succède à Marc Forster réalisateur du très décevant "Quantum of Solace", redore le blason de la franchise. Quand on connaît la fonction de pur faiseur qu’est celle d’un réalisateur de Bond, il semble difficile de tenir Mendes pour l’auteur véritable de "Skyfall". Sauf que les conflits œdipiens, la question du vieillissement et le trop plein de sérieux, sans parler des 2h23, à l’œuvre dans cette 23ème aventure de 007 sont tellement "mendesiens" qu’on pourrait presque le prendre pour un film d’auteur. 
Avant tout, c’est l’intelligente roublardise du réalisateur ("American Beauty", "les Noces Rebelles") qui est patente ici tant, adossée au scénario de John Logan ("Gladiator", "Hugo Cabret") et des indéboulonnables Neal Purvis & Robert Wade, elle semble vouloir en donner à tout le monde. Ceux qui aiment Bond pour ses basiques (l’action, les filles, l’exotisme et le méchant magnifiquement kitch) apprécieront surtout la première partie. 
Ceux qui préfèrent le Bond nouveau depuis "Casino Royale", plus froid, dramatique, réinterprétant la mythologie bondienne dans un mélange de sécheresse pulp et de tragédie shakespearienne (à l’image d’un Daniel Craig si minéral, voire monolithique) exulteront lors d’une seconde partie qui prolonge "Casino Royale" tout en rebootant une énième fois mais malignement le cahier des charges.
Dès le prologue, suivi d’un générique sublime (la chanson d’Adele étant l’une des plus réussies de la saga), Sam Mendes enfonce donc le clou fixé par "Casino Royale". La franchise, ouvertement postmoderne (les autocitations se ramassent à la pelle ; on fait du neuf avec du vieux et du vieux avec du neuf), plonge dans la psyché de Bond, orphelin triste que les services secrets britanniques ont érigé en sauveur de la nation, sans le ménager pour autant. 007 a grandi sous l’autorité de "parents" exigeants dont M n’est pas la moins autoritaire. "Skyfall", qui confronte deux galopins rebelles (l’un a coupé le cordon ombilical pour sombrer dans le terrorisme), est un drame shakespearien entrecoupé de scènes d’action graphiques surexcitantes. Exit les James Bond Girls, peu présentes, et les gadgets, place à l’essentiel. Et c’est tant mieux !
James Bond a grandi, mais cela a un prix : des morts, des illusions qui s'envolent, un monde qui ne se ressemble plus, Internet qui remplace les solides Luger. Il y a quelque chose de crépusculaire dans cet adieu aux armes. Cette époque ne reviendra plus. L'ensemble est tellement réussi qu'on adopte Daniel Craig, peut-être comme le meilleur Bond depuis le début de la franchise, Sean Connery compris, c'est peu dire ! 
Il a des rides. Il a vieilli. On le sent fourbu, désenchanté. Sauver l'Occident, c'est un job. La fatalité pèse sur cet athlète en smoking. Il regarde à peine les femmes, sirote son Martini dry d'une paille distraite. Une fêlure intérieure le déchire. Il n'a plus 20 ans. Personne n'a cet âge-là, désormais.
L'espion en conçoit une amertume légitime. La routine consiste à découper un train en marche à la pelleteuse, à rouler en moto sur les toits d'Istanbul, à séduire des étrangères dans des casinos chinois. C'est un champ de bataille. Une brume se lève. À la dernière séquence, on devine qu'une suite nous attend. Quelle surprise! Ainsi aime-t-il son pays, même s'il lui reproche de l'avoir abandonné. La politesse l'oblige à avoir des répliques cinglantes, à ne pas montrer son désespoir serein. Il est malheureux. C'est ce qui arrive à tous les témoins de la grandeur passée.
Sous la baguette de Sam Mendes, Daniel Craig offre une de ses plus belles performances. Entre humour, drame et action, le résultat est explosif ! Le film est extrêmement dynamique, les scènes d’action percutent.
Côté méchant, Javier Bardem, en mode Christopher Walken, restera un méchant mémorable. Il campe un méchant génial et ridicule, pathétique et terrifiant, cartoonesque et humain. Un double négatif, efféminé (vraisemblablement bisexuel) de James : ex-agent du MI-6 qui, comme lui, fut recruté, orphelin, par M, est mort et a ressuscité.
Cette fois, la James Bond girl est un homme. C'est lui, Javier Bardem. Il fait des mines, se tortille, bat des cils. À côté, la brune sculpturale, Berenice Marlohe, fait pâle figure. On l'aperçoit à peine quelques secondes sous la douche, la nudité masquée par des nuages de vapeur. Le film est étrangement chaste, tout en sous-entendus (exacerbant de la sorte une certaine tension sexuelle qui n'explosera jamais entre Bond et Miss Moneypenny). La rencontre Bardem-Craig a des accents quasi audiardiens.
"Skyfall", un très bon cru à déguster sans modération !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire