Note : 4 / 5
Synopsis :
Will Travers est analyste à l'API, l'American Policy
Institute, une agence fédérale de renseignements et laboratoire d'idées
basée à New York. Il est chargé d’analyser les informations et les informatiques pour les organisations gouvernementales américaines (CIA, armée, …). Brillant élément, il collabore avec David Hadas, son
beau-père. Sa femme et sa fille sont mortes dans les attentats du 11
septembre.
Un jour, cachées dans des grilles de mots croisés, Will
remarque de curieuses correspondances symbolisant les trois pouvoirs
traditionnels, exécutif, législatif et judiciaire, et un quatrième non
identifié. Cette découverte précipite les choses et plonge Will dans une
atmosphère de paranoïa. D'autant que David trouve la mort dans un
accident ferroviaire plus que douteux !
Critique :
La chaîne de télévision américaine AMC avait énormément misé sur cette nouvelle création du doux nom de "Rubicon",
en hommage au fleuve italien du même nom, fleuve que Jules César
traversa avec ses légions le 12 janvier 49 av. J.-C. sur les traces de
Pompée. Cette série signée Jason Horwitch
nous entraine sur deux fronts.
D’un côté, deux hommes retrouvés morts
qui n’ont a priori rien en commun vont être au cœur d’une conspiration
mondiale opérant depuis des décennies. De l’autre, une société
gouvernementale surveillant le monde entier pour prévenir de futures
attaques terroristes ou autres actions visant à entraver la domination
des États-Unis sur le reste du monde. Entre les deux, Will Travers,
brillant analyste au sein de cette organisation quasi secrète qui va
sans le vouloir être au cœur des toutes les attentions en fouillant le
mauvais classeur.
Autant le dire tout de suite, "Rubicon" a le potentiel idéal pour devenir la nouvelle série du complot basée sur trois moteurs puissants, la peur, la paranoïa et surtout la suspicion ! Cette dernière est un merveilleux
sentiment qui possède au moins trois vertus.
La première est d'être comprise par
tout le monde, sans le moindre effort. C'est une disposition naturelle de
chacun de nous car nos relations avec autrui sont fondées sur un simple
constat: "tout le monde a des secrets". La deuxième vertu est qu'une
fois instaurée, la suspicion devient quasiment indestructible. Car le doute se
nourrit de lui-même et se perpétue au-delà de la raison. La troisième vertu de
la suspicion est qu'elle constitue un ressort scénaristique aussi puissant que
subtil. Il suffit de l'employer avec modération et elle finit par se répandre
partout.
Ainsi, Digne des plus grands thrillers à la Hitchcock ou Polanski, "Rubicon" est une série qui prend le temps de s’installer, une série qui ne saute aucune étape et qui se révèle au compte-goutte. Le
pilote pose l’ambiance, mais reste extrêmement évasif sur ce qui se met en
place. Certains penseront certainement que "Rubicon" possède un pilote avant tout mystérieux qui ne révèle
peut-être pas suffisamment de son intrigue pour réellement montrer dans quelle
direction la série va s’orienter. Cependant, il est aussi d’une maitrise
indiscutable, posant chaque élément avec minutie, et ne laissant strictement
rien au hasard. De quoi attiser une grande curiosité, la lenteur, véritable
parti pris, installant une réelle atmosphère paranoïaque.
Prenant place après le 11 septembre, la série ne joue aucunement sur les
progrès technologiques, pourtant accessoires utiles au développement de
la paranoïa, mais sur l’intelligence des êtres qu’elle met en scène, et
sur les apparences ; rapidement, tout devient suffisamment opaque pour
créer une véritable méfiance. Cela fait du bien de voir des couloirs un rien tristounets, des post-it
sur lesquels on inscrit des choses mémorables, des dossiers faits de
chemises en carton sigillées et de vrais feuilles de papier. Cela fait du
bien de suivre des personnages qui ne sont pas totalement dépendants de
leur ordinateur, comme si ce dernier était devenu une sorte d'extension
d'eux-mêmes pour ne pas dire une partie de leur matière grise. Partie
sans laquelle les humains ne pourraient pas fonctionner et seraient
incapables de répondre aux questions qui se posent à eux
quotidiennement.
James Badge Dale (Will Travers) |
Servie par une esthétique nous faisant oublier la modernité et jouant
plus sur ses jeux d’ombres et de lumières, l’histoire repose
essentiellement sur les informations, sur les superstitions, et en somme
sur les détails. C’est grâce aux données que Will progresse,
de même que sa personnalité introspective met en relief un homme qui
observe et décrypte plus qu’il n’exprime. Il nous entraine ainsi dans
son univers, nous poussant à scruter l’image avec plus de soin qu’à
l’accoutumée.
Outre cette intrigue captivante, "Rubicon"
bénéficie également d’une mise en scène d’une sobriété à toute épreuve
nous prouvant qu’avec très peu d’artifices, on peut encore faire de
belles choses et d’un casting en grande pompe. Chacun campe son
personnage, chacun apporte son bagage et son charisme pour rendre
crédible cette histoire de conspiration où il faut s’accrocher pour
l’élucider.
A ce petit jeu, une personnalité se dégage nettement des
autres : James Badge Dale (interprète de Will Travers). Cet acteur montant que l’on a pu découvrir dans "The Pacific", "The Black Donnelys" ou "Les Infiltrés"
accorde cette bipolarité dont son personnage avait besoin. A la fois
agaçant à l’image d’une tête à claque qui sait tout sur tout et quelque
peu aventurier et débrouillard, il est le pilier central de cette
aventure prometteuse pour la suite des évènements.
Rubicon nous happe avec sa richesse du détail, son sens visuel et musical de la mise en scène et son enrobage froid, toujours inquiétant. Toutefois la série comporte deux défauts majeurs. Le premier est que sa progression, particulièrement tortueuse, se révèle déconcertante et il
est préférable d'être attentif à chaque scène sous peine de perdre le
fil ou de laisser échapper un élément important. Le second, et pas des moindre, est que la série a été annulé au terme de sa première saison, nous laissant avec un final rageant, mais certes pas décevant !
Au final, "Rubicon" se révèle très efficace
dans ses mises en forme, dans l’introspection de ses personnages, tous
ambivalents, et dans cette ambiance dangereuse latente. Elle réussit sans trop de difficulté à capter toute notre attention pour ne la
relâcher qu’à la toute dernière seconde. Une nouvelle preuve que l’on
peut encore faire des séries cérébrales sans que le public ne s’endorme
au bout de cinq minutes !!!
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