Note : 4 / 5
Belleruche est un groupe de musique anglais fondé en 2005. Il se
compose de trois membres, la chanteuse Kathrin deBoer, le guitariste
Ricky Fabulous, et DJ Modest chargé des scratchs et de la production.
Son style est au carrefour des musiques soul, trip hop et électronique.
Trio londonien, Belleruche semble avoir quelque peu changé la donne ! Après des réalisations hip-hop/soul assez tranchées, pour imposer sur leur dernier album, "Rollerchain",
une électro-pop de qualité, parfois froide, assez régulièrement
organique, qui sur les cinq premiers titres s'avère même assez
renversante, sous la houlette de la voix de Kathrin deBoer et d'une instrumentation bien équilibrée entre organique et synthétique.
Tout en conservant les éléments essentiels à leur marque de fabrique
(mélodies mélancoliques et immédiates, groove irrésistible,
écriture à la sensibilité pop, ...), les membres de Belleruche ont su
faire évoluer leur son vers un univers musical plus sombre et complexe,
étrange et fascinant, magnifié par une production mêlant avec brio
analogique et synthétique.
Le ton peut se faire froid et bluesy ("Reach for the bottle"), en
gardant un cachet soul, suite à un début rythmé que "Stormbird",
excellent, puis "Wasted time", valorisent grandement. Un savoir-faire de taille s'applique à l'album,
"Get more" s'imposant ensuite comme un standard electro-pop gentiment
cold, que Kathrin encanaille et enjolive dans le même mouvement.
La symbiose est quasi parfaite, la basse déterminante, qui porte le
groove comme sur "Afan", aidée en cela par les percus, et on ne s'ennuie
pas un seul instant, captivé par ce revirement accompli, traduit avec
la même magnificence par "Underfire", aussi cold que funky, ou les
claviers aigrelets de "Henbane". Et on en profite d'autant plus que la
fin du disque ne fléchit pas plus que le reste, sur les rails de ce
"Limelight" alerte, s'achevant par un "Longer days, longer nights" aux
riffs funk greffés à une voix soul qui distingue à nouveau le groupe et
Kathrin, en même temps qu'il impose une trame simple, dépouillée, et
parfaitement conçue.
Au final, ce dernier opus de Belleruche s'attaque, sans coup férir, au centre névralgique de tout être vivant
normalement constitué : le cœur. Ni plus ni moins. Ses rythmes balancés
et saccadés vous chamboulent le pouls vite fait bien fait, ses mélopées à
fleur de peau vous coupent le souffle, sa débauche de bruitages vous
file le vertige, impossible d'en sortir indemne. D'en sortir tout court.
Mi-électronique, mi-acoustique, il distille en flot continu des
arrangements d'une saisissante pureté, oscillant entre groove débridé et orgie synthétique.
Le dispositif voix/guitare/platines, permet toutes les dérives sous influence soul et il est ici mis au service d'une esthétique du downtempo qui ose urbanités électroniques et rapprochements nu jazz couvert de flirt courtois. Le groupe passera à la Laiterie à Strasbourg, le 10 octobre 2012. Une expérience incroyable et inoubliable !!!
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