Note : 4 / 5
Qui ne connaît pas Skunk Anansie
? Et bien pour les rares ermites qui peuples notre terre, Skunk Anansie est un groupe de rock alternatif britannique dont le
membre le plus remarquable est la chanteuse au crâne rasé, Deborah Dyer, alias Skin, qui est accompagnée d'Ace à la guitare, de Cass à la basse
et de Mark Richardson aux percussions. Le nom du groupe vient du mot
africain "anansie", qui signifie araignée ou homme-araignée et fait
référence à Anansi, un personnage mythique de certains contes africains.
Le groupe s’est affirmé dans les années 1990 comme un des plus beaux
fleurons du rock alternatif bourrin, le temps de trois excellents albums et,
surtout, de concerts endiablés durant lesquels Skin et ses troupes ont
toujours mis tout le monde d’accord.
Un split et une reformation plus
tard, Skunk était revenu en forme en 2010 avec "Wonderlustre",
qui nous montrait un groupe à l’aise dans ses baskets, apaisé mais pas
mou du genou, qui faisait toujours son truc sans se soucier du qu’en
dira-t-on, avec quelques années en plus.
Et surtout, le gang n’avait
rien perdu de sa superbe en live et avait atomisé les salles dans
lesquelles il s’était produit.
Skunk Anansie avait donc disparu depuis "Post Orgasmic Chill" en 1999, qui
avait triomphé tout comme son prédécesseur "Stoosh" en 1996. Ainsi, après une
séparation de 10 ans, le groupe revenait sur le devant de la scène en
2009. "Black Traffic" est le troisième album du groupe de
non-conformistes londoniens depuis leur réunion en 2009. Skunk Anansie
n'a pas l'habitude de réaliser des albums bâclés, et il en va de même
pour celui-ci. Un must pour tout fan de Skin et ses acolytes.
Il serait dommage de réduire Skunk Anansie à une image facile de groupe de punk métal emmené par une exubérante amazone. Il a déjà prouvé par le passé avec "Post Orgasmic Chill" qu'il sait aussi manier les climats. Le charme de Skunk Anansie, c'est justement ce mélange entre des titres violents, et d'autres qui font penser à un trip-hop très rock.
Skin |
Comme leurs concerts qui défilent à 100 à l'heure, "Black Traffic" est un
album relativement hard qui offre peu de répit à l'auditeur. On entre
tout de suite en matière avec "I Will Break You", avec ses riffs
méchants et une batterie lourde et rapide, et "Sad Sad Sad", qui rappelleront aux adeptes de jeux vidéo classiques l'univers de Doom. On a
néanmoins plusieurs occasions au long de l'album de prendre du repos
auditif, comme lors de "I Hope You Get to Meet Your Hero", avec son
violon triste et langoureux, ou "Our Summer Kills the Sun", qui se
rapproche du son original de Skunk. Propulsé par une basse lourde, ce titre monte en intensité jusqu'à l'inévitable explosion finale.
La qualité est au
rendez-vous de manière générale, mais deux chansons en particulier sont à
noter : "Spit You Out" commence de manière tranquille, avant de partir
en vrille à vous donner la chair de poule. "I Believed In You", à la
cinquième plage, est un véritable appel à la révolution, et d'ailleurs
la chanson qui porte le reste de l'album. Rayon rentre dedans ou coup de boule en pleine face donc, "Will Break You", "I Believed in You", et "Satisfied ?" font le boulot sans aucun remords, riffs punk et pied au plancher. "Sticky Fingers in Your Honey" n'est pas à mettre en toutes les mains, et renoue avec une tradition lubrique du rock. "Drowning" et ses violons approche même de territoires pop que Skunk Anansie n'a jamais trop aimé fréquenter.
Le ton de ce nouvel opus se rapporte directement aux habitudes de Skunk.
On y retrouve l'angoisse existentielle, et la désillusion se trouve à
chaque tournant. Cependant On ne peut pas parler de Skunk Anansie sans s'attarder
un instant sur leur charismatique front woman, dont la gamme
d'utilisation vocale est sans doute la marque déposée du groupe depuis
toujours.
Dans "Black Traffic", Skin ne perd rien de sa
verve et de sa rage habituelle, mais s'adoucit habilement quand il
s'agit de passages plus calmes et mélodieux. En passant du fragile aux
cris rauques, Skin démontre un enthousiasme pour son art tout aussi frais qu'il y a 20 ans.
Le groupe se trouve dans les bacs depuis le 17 septembre, sous le nouveau label du groupe, Boogooyamma. Pour son seulement cinquième album en dix ans de carrière effective, Skunk Anansie poursuit
une évolution qui a le bon goût de ne pas renier la sauvagerie animale
qui a fait son charme au début. Évoluer sans se renier, voilà bien une
des marques des grands groupes !!!
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