Tony Valente - Radiant : Un Shônen addictif made in France mélangeant action et humour !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Un peu partout dans le monde, des monstres nommés Némésis semblent
pleuvoir du ciel et causent dès lors, de nombreuses catastrophes. Ces
créatures sont confrontées à une résistance inattendue venant des
infectés, des humains mis au ban de la société pour leur capacité à
manipuler la magie, c’est-à-dire des sorciers.
Seth est l'un d'eux et il
a pour caractéristique physique d'avoir deux petites cornes sur la
tête. Ce jeune homme maladroit et volontaire apprend des sorts auprès
d'Alma, une sorcière au caractère bien trempé, tout en entraînant
ardemment son physique. Un jour, alors qu'il observe la ville, Seth
aperçoit un Némésis s'écraser. Sans plus attendre, il saute sur
l'occasion pour affronter son premier monstre mais voit que d'autres
chasseurs sont déjà là : le Bravery Quartet. Ces derniers font forte
impression à la population qui n'apprécie guère Seth. Pourtant, c'est
bien ce dernier qui va s'illustrer contre la créature.
Critique :
Un "bon gros" shônen. Voilà comment l’amateur de manga, ou non, pourrait qualifier ce premier tome de "Radiant",
dans lequel Tony Valente réussit à reprendre à son compte les
principaux ingrédients du genre et à les faire siens pour offrir une
aventure riche en action, combats et bourrée d’humour. La recette
fonctionne très bien, le monde créé comporte son lot de mystères, les
personnages se révèlent aussi prometteurs que hauts en couleur et les
péripéties qui s’enchainent assurent un rythme trépidant.
Tony Valente a réussi un coup magistral avec cette nouvelle série, qui
n’est pas une pâle copie d’un livre japonais. Je dirai même qu’il se
classe dans les meilleures productions shônen de ces dernières années.
Il faudra, bien sûr, juger la série dans la durée, mais l’auteur débute
très fort, avec une excellente histoire, des personnages de haut vol et
un humour omniprésent.
Fan inconditionnel de mangas, Valente s’est lancé dans une trilogie qui a toutes les apparences de la BD japonaise :
sens de lecture inverse, action et explosions à gogo, univers fantasy
familier, confrontation entre humains et créatures surnaturelles,
blagues gentiment salaces, dessin bouillonnant et sans cesse en
mouvement, découpage ultra efficace… Et
grâce à un vrai talent graphique et une bonne compréhension des codes
du manga, l’auteur parvient à produire un premier tome d’excellente
facture, qui n’a rien à envier aux bons titres pour ados, sans non plus
les singer.
Car Valente réussit à ne pas s’enfermer dans les tics visuels du
genre, il s’amuse avec, triture les références pour les plier à son
histoire et donne énormément à lire et à voir, sans jamais ennuyer.

Jamais une production française n’aura autant réussi à atteindre le
niveau de ses références nippones. L’auteur s’appuie en effet clairement
sur les séries mythiques qui ont bercé les lecteurs français (de "Dragon Ball" à "One Piece"),
et ne souffre pas du tout de la comparaison. Son graphisme semble
libéré de toute contrainte de format. La qualité des décors, des
cadrages, du remplissage de l’espace et des designs de personnages
(quelle expressivité et quelle galerie hilarante !) n’a d’égale que le
rythme étourdissant de ce premier tome, entre rebondissements
incessants, humour non-stop et secrets bien gardés.
A
première vue, "Radiant" évoque donc plusieurs séries à succès : on
pense à "Fairy tail", à "Dragon Ball", à "One Piece" ou même à
"Eyeshield 21".
Un tel mélange pourrait paraître impersonnel et mal équilibré, mais il
n'en est rien. Le récit imaginé par Valente est frais, dynamique,
drôle et spectaculaire. Les codes du shônen sont parfaitement
respectés et même parfaitement appliqués. L'auteur n'a pas cherché à
innover à tout prix mais plutôt à créer une lecture agréable. Le héros
est charismatique et attachant, et les personnages secondaires trouvent
eux aussi petit à petit leur place, avec notamment la jolie Mélie ou
encore la sorcière Alma.
Nous entrons avec "Radiant" dans un univers imaginaire où tout
semble possible. Monstres, sorciers et magie sont le quotidien de cet
univers qui regorge d'action, de mystère et de magie. On entre
directement dans ce monde et on est en immersion totale durant toute la
lecture du manga.

L'histoire,
l'univers et les personnages ont été peaufinés et
travaillés dans les moindres détails. Rien n'est laissé au hasard. Les
dialogues et la trame narrative ont ce petit charme que l'on trouve
chez tous les mangas non japonais. Ce qui donne une touche d'originalité
et un charme unique. Le récit débute sur les chapeaux de roue, puis ne connaît guère de creux.
Cependant, l’auteur ne manque pas de distiller les informations
nécessaires à la compréhension de cet univers fantastique, ni d’apporter
des éléments enrichissant l’intrigue.
Les graphismes sont aussi réussis que l’histoire. Le trait est
parfaitement maîtrisé et la diversité de la mise en scène ajoute encore à
cet effet de bouillonnement de bonnes idées. Tony Valente s'est réellement retroussé les manches pour dessiner des planches totalement incroyables. Le character design
est soigné, le découpage d'une lisibilité à toute épreuve, les trames
bien en place, les cadrages efficaces. Les influences de l'auteur sont
parfaitement digérées et se combinent si bien que la série pourrait
provenir de l'archipel nippon qu'on n'y verrait que feu !

Au final, "Radiant" est une série à découvrir pour tous les amateurs de
bons shônens, de bons mangas et de mangas possédant leur propre univers.
Il a un charme unique qui le fait se démarquer des autres. Une telle maîtrise de tous les codes du manga et un premier coup
d’œil qui ne laisserait jamais croire à une BD française font déjà de "Radiant"
la meilleure référence du genre. Il y a longtemps que je n’avais pas
passé un si bon moment en lisant un shônens. Vous l’avez compris, pour
moi, ce Valente a bien l’âme d’un vrai
mangaka !!!
Cyril Bonin - Amorostasia : Un roman graphique fantastique et atypique !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
À Paris, de nos jours. La première victime a été retrouvée figée devant
sa fenêtre, une demande de mariage à la main. Puis, ce fût un jeune
couple, s'embrassant dans la rue, figé lui aussi. Rapidement,
l'information s'est propagée, une nouvelle épidémie sévissait à Paris,
baptisée l'Amorastasie.
Rigidité, mutisme, les victimes de cette étrange
maladie tombent dans un état catatonique. Les autorités médicales, en
l'absence de remède, ne peuvent que recommander d'éviter toute
manifestation intempestive du sentiment amoureux. Pire, la paranoïa
s'installe dans la société, le moindre regard est l'objet
d'interprétation fantasmatique.
Olga Politoff, journaliste enquêtant sur
la maladie, le découvre à ses dépens en figeant Julien Lambert, un
collègue secrètement amoureux d'elle. Alors même qu'elle et son fiancé
ne se sont pas figés. L'état décide d'obliger les femmes "tentatrices"
à porter un brassard discriminatoire et sexiste. L'amour est-il devenu une maladie dont on ne peut se soigner ? Un jeune
homme se prénommant Kiran va l'aider à découvrir la vérité.
Critique :
L’Amour ! Délicate alchimie des sens et des humeurs, aussi
indéfinissable qu’insaisissable et qui peut conduire aux chefs d’œuvre
les plus sublimes comme aux pires bassesses. Au moins une fois dans sa
vie, tout un chacun s’est demandé de quoi il était fait et pourquoi il
frappait. Cyril Bonin n’échappe pas à la règle et a décidé d’en faire un
album : "Amorostasia".
Après avoir adapté remarquablement le roman de Marcel Aymé "La belle image" et écrit à la suite, une nouvelle inédite intitulée "L'homme qui n'existait pas",
Cyril Bonin revient en force avec cette histoire graphique qui conserve
les ambiances surnaturelles auxquelles il nous a sensibilisé
précédemment. En effet, cette fois-ci, il nous plonge dans un contexte
surprenant dans lequel avoir des sentiments peut se révéler dommageable
pour la santé.
C’est
avec une vraie pudeur et une grande sobriété que Cyril Bonin aborde
cette histoire, comme un conte de science-fiction sensible et
philosophique. Qu’est-ce que l’amour ? Chimie et biologie ? Magie et
impalpable ? Avec cette idée toute simple, et simplement belle, l’auteur
interroge
subtilement le lecteur sur ces grands thèmes existentiels, en prenant
soin de pas imposer de réponse toute faite, ni de solution miracle.

En préface, le professeur Bernard
Sablonnière, spécialiste française des mécanismes moléculaires des
sentiments, souligne d’ailleurs l’ingéniosité de Bonin pour soulever les
différents aspects de cette question essentielle. Car désormais en tant
qu’auteur complet, en 124 planches qui se dévorent littéralement, Bonin
narre brillamment une intrigue rythmée et équilibrée sur ce propos.
Force est de constater qu'une fois encore, Cyril Bonin, bien inspiré,
nous entraîne dans une histoire sociale, complètement délectable, au sein de
laquelle la moindre émotion, le moindre sentiment peut provoquer des
effets irréversibles. Via ce concept, on ne peut plus original et des
plus surprenants qui entame le passionnel, l'artiste fait état de cette
pandémie qui grève la capitale et qui met en émoi la collectivité
scientifique.
A cet égard, l'auteur fait monter en puissance son
aventure à laquelle est liée la belle Olga dans une méthodologie
adaptée, usant d'une fluidité narrative et d'une humanité confondante.
Jouant sur le fait que l'amour peut se transformer en véritable
pathologie, postulat à première vue fantaisiste, il nous plonge dans une
dérive sociétale extrême voire paranoïaque qui n'est pas sans rappeler
certains dérapages historiques. Fort de cette évolution inquiétante, le
lecteur ne manquera pas de se demander comment tout ça peut se régler. A
ce titre, Cyril Bonin nous en donnera la conclusion via une pirouette
scénaristique sensible et plutôt surprenante.

Si le scénario est des plus concluants, la partie graphique se révèle donc
d'une grande efficience. Le style de Bonin est toujours aussi
saisissant de réalisme, de sensibilité, d'humanisme. Son trait qu'il
nous fait appréhender pour la première fois dans un univers noir et
blanc, est juste, explicite, évocateur en terme de sentiments (dans la
façon de pencher les têtes, de traiter les regards…). Ses personnages,
légèrement déformés, bénéficient d'un charisme confondant et donnent du
corps aux évènements qui les entourent.

Au final, "Amorostasia" est une bien belle histoire de sentiments aux ambiances fantastiques bien pesées, à porter à l'actif d'un artiste talentueux. "Amorostasia" est un livre hors du temps, qui
pose un questionnement universel sur la nature de l’homme et son avenir
sur cette planète, à travers un prisme original et ambitieux, l’amour. Sur un sujet aussi universel qu’intemporel, la BD analyse
joliment le camaïeu des sentiments amoureux et, finalement, renonce à
l’expliquer, préférant y succomber !!!
Gonelore, Tome 1, Les Arpenteurs
de Pierre Grimbert
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Pour la
plupart des gens, le monde de Gonelore est si vaste que seul un menteur
oserait prétendre avoir visité tous ses royaumes. Et, d’ailleurs, il
faudrait être fou pour se lancer dans un pareil voyage : trop de
créatures redoutables hantent les territoires délaissés par les hommes,
et aucune arme d’acier ne réussit à repousser ces monstres !
Il existe
pourtant une confrérie d’individus de taille à relever ces défis. On les
appelle "les Arpenteurs". Pisteurs, guides et guerriers, ils sont
aussi des érudits en quête permanente de connaissances, sur cet univers
aux multiples facettes. Pendant des siècles, ils ont lutté contre les
débordements des forces élémentaires, repoussant le danger loin de la
surface du monde. Puis, le calme revenu, leurs rangs se sont éclaircis,
et on les a presque oubliés.
Mais une fois encore, les bêtes sont
revenues pour semer la terreur. Et cette première vague semble annoncer
un chaos tel qu’on n’en a jamais vu. Ni même imaginé dans les pires
cauchemars. Pour les derniers Arpenteurs, le temps est venu de reprendre
les chemins. Et, surtout, de former une armée de nouveaux élèves. En
espérant que cela sera suffisant.
Critique :
Critique :
Pierre Grimbert est un auteur bien connu des amateurs de fantasy francophone, notamment pour son cycle "Le secret de Ji"
(encore aujourd'hui une des meilleures épopées fantasy à mes yeux) et
ses suites. Il nous revient cette année avec le premier volume d'une
nouvelle saga au titre mystérieux : "Gonelore, tome 1 : Les Arpenteurs".
D'après certaines légendes, la Confrérie des Arpenteurs serait aussi
ancienne que le monde où elle a vu le jour. Son but ultime : veiller, à
l'aide du pouvoir des prismes, à ce que les Chimères restent à leur
place, derrière le Voile, protégeant ainsi le monde des hommes.

Les hommes vivent sur la couche centrale de cet univers, et tout
autour d'eux gravitent, sans qu'ils ne les voient généralement, toutes
sortes de créatures plus ou moins imposantes selon leur dimension
d'origine, mais rarement inoffensives. Il arrive parfois que ces
Chimères traversent le Voile, poussées par la faim et le besoin
d'étendre sans cesse leur déjà vaste territoire.
C'est
donc pour lutter contre l'invasion de ces créatures que la confrérie
des Arpenteurs a été créée. Grâce à des prismes colorés issus des mondes
derrière le Voile, ils peuvent voir les Chimères et les combattre pour protéger les citoyens de Gonelore.
"Les Arpenteurs" porte décidément bien son nom, en mettant
l’accent sur les personnages en question. Car, comme dans le cas de
beaucoup de séries de Pierre Grimbert, ce premier tome se contentera de
poser les bases de son histoire et de présenter son monde.

Les
changements de point de vue à chaque nouveau chapitre, là aussi
classiques, sont toutefois intéressants, variant les éclairages
proposés. En effet, la narration alterne le point de vue de différents
personnages qui vont
des nouvelles recrues de la Confrérie à leurs professeurs.
Pour ce qui est de l'école Mageronce, on
aurait pu craindre d'être transposé
dans un nouveau Poudlard, mais en réalité, ce n'est pas le cas ! Car
Mageronce
est en définitive bien plus qu'une école, et les maîtres-Arpenteurs plus
que des professeurs. Les relations entre les différents membres de la
confrérie sont biaisées par des évènements passés qu'on ne découvre
qu'en
partie, et on a beau tourner les pages à un rythme rendu effréné par la
curiosité, le mystère plane sur tout ce premier tome. D'intrigues
politiques en invasion de chimères, de découverte de la magie des
prismes en interrogations sur les origines du jeune Jona, on ne s'ennuie
pas une seconde.

Au final, malgré une intrigue et une construction très classiques sous forme de
roman initiatique, on se laisse très vite emporter par ce premier
tome d'introduction. On prend plaisir à
suivre quatre jeunes apprentis
Arpenteurs dans leur découverte de cette confrérie et des dangers de
Gonelore. Le livre se termine sur un cliffhanger sur de nombreuses
interrogations sans réponses, mais l'essentiel est là : évasion et
aventure
sont au rendez-vous !
De
ce fait, le dénouement de ce premier tome nous laisse dans une totale
incertitude
quant au devenir de nos héros ! Alors bien évidemment, on a hâte de
découvrir la suite, et la bonne nouvelle, c'est que la parution de
"Gonelore, tome 2 : Le Maguistre" est d'ores et déjà prévue à l'automne
prochain. Personnellement, je serai au rendez-vous !!!
Dobbs et Stéphane Perger - Scotland Yard, T1, Au cœur des ténèbres : Un album efficace et bien ficelé !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Londres, 1890. L’inspecteur Tobias Gregson est une des valeurs montantes
du Yard. Mais sa carrière serait accélérée s’il n’était pas considéré
comme un humaniste trop sensible et avant-gardiste, et surtout s’il
n’avait pas pour fonction principale d’être le défouloir quotidien de
son supérieur Lestrade.
Alors lorsqu’un transfert de prisonniers ne se passe pas comme prévu, Gregson se retrouve au placard. Un blâme qui va vite se transformer en opportunité afin de démontrer sa vraie valeur aux yeux du patron des patrons, le commissionner Fix. À la tête d’une équipe atypique réunissant un gamin des rues, ancien informateur de Sherlock Holmes, un médecin psychiatre aux méthodes atypiques ainsi que son étrange assistante, Gregson va faire alliance avec le diable : coopérer avec la pègre londonienne pour traquer deux fous extrêmement dangereux qui ont profité du fiasco de l’opération de transfert pour se volatiliser. Deux aliénés mentaux qui vont apprendre aux citoyens de Londres la signification du mot terreur.
Critique :
Alors lorsqu’un transfert de prisonniers ne se passe pas comme prévu, Gregson se retrouve au placard. Un blâme qui va vite se transformer en opportunité afin de démontrer sa vraie valeur aux yeux du patron des patrons, le commissionner Fix. À la tête d’une équipe atypique réunissant un gamin des rues, ancien informateur de Sherlock Holmes, un médecin psychiatre aux méthodes atypiques ainsi que son étrange assistante, Gregson va faire alliance avec le diable : coopérer avec la pègre londonienne pour traquer deux fous extrêmement dangereux qui ont profité du fiasco de l’opération de transfert pour se volatiliser. Deux aliénés mentaux qui vont apprendre aux citoyens de Londres la signification du mot terreur.
Critique :
Dobbs, alias Olivier Dobremel, semble avoir pris un abonnement au sein de la collection 1800
de Soleil, car il a également scénarisé le diptyque "Mister Hyde contre Frankenstein" ainsi "qu’Allan Quatermain et les mines du roi Salomon". Pour rappel, Jean-Luc Istin
dirige cette collection, qui joue sur les atmosphères et les
personnages fétiches du XIXe Siècle. Même si les albums se concentrent
plus particulièrement sur la fin du siècle, on prend globalement
beaucoup de plaisir à se plonger dans des récits fantastiques et
innovants.
Comme le titre n'en fait pas vraiment mystère, "Scotland Yard, Au cœur des ténèbres", il scénarise
ici un nouveau diptyque satisfaisant aux canons du thriller victorien,
option crimes sordides et tueurs psychopathes. Le héros est en effet un
inspecteur de Scotland Yard déchu, qui intègre une cellule
d'investigations aux méthodes un brin décalées. Leur enquête va chercher
à neutraliser deux meurtriers déments récemment évadés, le plus
rapidement possible car les cadavres s'accumulent.

L’histoire
se déroulant au sein des arcanes de Scotland Yard, il est donc normal
d’y rencontrer les personnages principaux des romans de Sir Arthur Conan
Doyle, ou de les voir citer (comme Moriarty ou Sherlock Holmes).
D’autres personnalités romanesques figurent cependant en bonne place,
comme le docteur Seward, qui aide l’inspecteur Gregson dans son enquête,
et Reinfeld, l’un des deux dangereux psychopathes.
Dobbs monte encore en puissance avec ce récit glauque qui mêle des personnages des romans de "Dracula", "Frankenstein" et "Sherlock Holmes"
à de figures historiques, tout en se lançant dans une étude des tueurs
en série. On se rappelle effectivement que Dobbs avait scénarisé avec
beaucoup de réussite deux albums de la collection Tueurs en série, parvenant à percer la carapace de ces psychologies anormales.
Ainsi, la bonne idée de Dobbs est de convoquer
pour ce premier tome différents seconds couteaux de la mythologie victorienne, en
évitant astucieusement de recourir aux cadors du registre (Sherlock
Holmes, Jack l'éventreur...). Et comme s'il cherchait à
consolider son petit univers, Dobbs redonne également un rôle important à
la psychiatre Faustine Clerval, personnage central de son récent "Mister Hyde contre Frankenstein".

L'autre bonne idée, c'est de s'appuyer sur
les talents artistiques de Stéphane Perger, dont l'exquis lavis et les
superbes aquarelles semblent avoir été précisément mis au point pour
dessiner les bas-fonds londoniens et leur glauquitude. A partir de
savantes ambiances de couleurs, Perger restitue les blancs comme
personne et utilise à merveille l'humidité de ses pinceaux pour créer
des effets éthérés angoissants, des "accidents" de reflets somptueux.
Côté colorisation, Stéphane Perger utilise la technique de la "couleur
directe" (la couleur et les tracés de contour noir ne sont pas
séparés). Il joue aussi beaucoup avec les ombres et les lumières
permettant de donner du volume, par exemple aux vêtements mais aussi
d’accentuer les expressions des visages de chaque personnage, notamment
celles de Carfax, qui font parfois froid dans le dos.

Au final, en découvrant ce premier tome, on
s’aperçoit très vite que Dobbs et Stéphane Perger forment un duo de choc
en nous servant une histoire qui retient très vite l’attention que ce
soit au niveau du scénario que du graphisme. Un tome très efficace que ce "Scotland Yard, Au cœur
des ténèbres". S’il souffre d’une absence de personnages attachants, il
bénéficie d’une intrigue bien ficelée se déroulant dans une ambiance
victorienne bien rendue. Le choix de traitement de Stephane Perger
n’est pas étranger à la bonne impression ressentie à la lecture de cet
ouvrage. Du bon travail au sein d'une collection qui ne cesse de se bonifier !!!
La Sybille et le marquis
de Nicolas Bouchard
Note : 4 / 5
Synopsis :
Septembre 1797. Dans le Paris du
Directoire gouverné par Barras, une série de meurtres d'une barbarie
absolue touche des hommes politiques influents et leurs maîtresses.
Frappée par des visions d'une extrême sauvagerie, la cartomancienne
Marie-Adélaïde Lenormand décide d'enquêter sur ces assassinats, qui lui
évoquent irrésistiblement ceux décrits dans les textes d'un auteur
publié sous le manteau : Donatien Alphonse François Sade.
Sade, justement, vit dans le dénuement, sans cesse poursuivi par ses créanciers. Contacté par une association de femmes de lettres aux motifs pour le moins étranges, il reçoit pour mission d'écrire une pièce musicale dans la lignée de Justine ou les Malheurs de la vertu, roman prohibé pour obscénité. Dénué de scrupules, il va s'exécuter, mettant en marche à son insu une monstrueuse machine de mort.
Critique :
Sade, justement, vit dans le dénuement, sans cesse poursuivi par ses créanciers. Contacté par une association de femmes de lettres aux motifs pour le moins étranges, il reçoit pour mission d'écrire une pièce musicale dans la lignée de Justine ou les Malheurs de la vertu, roman prohibé pour obscénité. Dénué de scrupules, il va s'exécuter, mettant en marche à son insu une monstrueuse machine de mort.
Critique :
Après "La Sibylle de la Révolution" et "Le traité des supplices", voici la troisième partie de la trilogie consacrée par Nicolas
Bouchard à Marie-Adélaide Lenormand : "La Sibylle
et le Marquis". Troisième volet d’un triptyque, on
retrouve la demoiselle Lenormand qui tente de déchiffrer ses visions
d’horreur où elle voit tortures sexuelles et meurtres sur de jeunes
femmes. Son destin va croiser encore quelques personnages historiques comme le marquis de Sade, Joséphine de Beauharnais, Fouché,...
Nous sommes huit ans après la prise de la bastille est la république mise en place est plus qu’instable. Dans ce contexte politique houleux, des femmes sont assassinées de façons violentes. Mlle Lenormand, dite la Sibylle de la révolution, voyante, a des visions de ces crimes. Ceux-ci étant susceptibles de toucher une de ses amies proches, elle se voit fortement "inviter" par un des hommes de mains de l’état de mener l’enquête. Celle-ci va l’emmener à rencontrer Sade, ce sulfureux auteurs à la mauvaise réputation.
Nous sommes huit ans après la prise de la bastille est la république mise en place est plus qu’instable. Dans ce contexte politique houleux, des femmes sont assassinées de façons violentes. Mlle Lenormand, dite la Sibylle de la révolution, voyante, a des visions de ces crimes. Ceux-ci étant susceptibles de toucher une de ses amies proches, elle se voit fortement "inviter" par un des hommes de mains de l’état de mener l’enquête. Celle-ci va l’emmener à rencontrer Sade, ce sulfureux auteurs à la mauvaise réputation.
Avec le personnage authentique de Marie-Adélaïde Lenormand, Nicolas
Bouchard tient une héroïne hors-pair qui lui offre la possibilité
d'imaginer des intrigues tout en virtuosité. Le don de prescience qu'il
prête à la Sibylle autorise des développements attrayants avec
l'imprécision liée à des visions, par nature, parcellaires.
Son
héroïne partage la vedette avec Louis Sade, comme se fait appeler, en
cette période peu faste aux titres de noblesse, Donatien Alphonse
François, marquis de Sade. L'auteur brosse de ce personnage un portrait
d'une grande véracité, alors qu'en 1797, âgé de cinquante-sept ans, il
est obèse et n'a plus rien d'un fringant séducteur.
Le
Directoire est une étape particulière de la période révolutionnaire.
Finie la Terreur, place au divertissement.
Si manigances et complots menacent la tête de l’État, l’ambiance se
veut festive dans la vie parisienne. La danse, la mode et les arts
retrouvent une place de choix chez les nouveaux riches. Il
est probable que, plus discrets, les plaisirs décadents soient aussi
courants, dans quelques salons mondains.
De
la luxure à la perversion, il n’y a qu’un pas. C’est un marquis de Sade
encore vif, bien que déjà d'un certain âge et malgré ses treize années en prison, que nous présente Nicolas
Bouchard. Son
vocabulaire ne s’embarrasse pas de périphrase, s’adressant à des
lecteurs avertis. Il semble qu’on s’inspire de ses histoires pour
assouvir de cruels penchants, avec le décorum qui s’impose. Pas
plus chaste qu’une autre, la voyante Marie-Adélaïde ne peut qu’être
troublée ou horrifiée, par des pratiques criminelles et sadiques,
auxquelles elle sera mêlée de près.
Bien que l’authenticité historique soit respectée, l’auteur nous invite à
traverser le miroir. En imaginant, au fil d’un récit
fluide et idéalement construit, une noire face cachée de ces
années-là. Mystère et pires vices sont au rendez-vous dans ce roman fort
original.
Nicolas Bouchard pratique, avec un sens aigu de l'intrigue, l'art de la
chute. Cette fois encore, il ne déroge pas à sa réputation. Ce
troisième volet des enquêtes de la Sibylle marque un point culminant
dans la violence des meurtres. L'auteur avait déjà secoué ses lecteurs
avec des traitements particulièrement cruels dans "Le Traité des supplices".

Au final, sur fond de post-révolution, où se côtoient personnages historiques romancé
et personnages fictifs, Nicolas Bouchard nous emmène sur des pistes où
l’amour, le sexe, la douleur et la vengeance sont étroitement liés. Bouchard signe, avec ce nouveau titre, un superbe roman policier
historique, mettant tout son talent d'écrivain de fiction au service de
la Grande Histoire afin de fusionner intrigue politique et libertinage dans un Paris où la République naissante a bien du mal à s’affirmer !!!
Masasumi Kakizaki - Green Blood : Un western hallucinant qui pourrait être le best-seller manga de l'été !!!
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
Synopsis :
A Manhattan à la fin du XIXe siècle, misère, criminalité et prostitution
ravagent le quartier de Five Points. La pègre, qui a corrompu les
autorités, y fait régner sa loi. Au sein de la marée d'immigrants qui
transitent par New York jour après jour, le jeune Luke Burns s'efforce
de rester honnête et joue les dockers pour survivre. Il sait, comme tout
le monde, que le clan mafieux le plus dangereux de la ville, les Grave
Diggers, s'appuie sur des assassins pour asseoir son autorité.
Mais ce qu'il ignore, c'est que le plus célèbre d'entre eux, le Grim Reaper, n'est autre que son frère aîné, Brad.
Critique :
Mais ce qu'il ignore, c'est que le plus célèbre d'entre eux, le Grim Reaper, n'est autre que son frère aîné, Brad.
Critique :
Après "Rainbow" et "Hideout", c’est pour notre plus grand plaisir que l’on retrouve Masasumi Kakizaki qui nous propose cette fois un western. En
prenant comme contexte la sixième circonscription de Manhattan, à
l'époque de l'immigration massive vers les États-Unis (fin XIXe siècle),
Masasumi
Kakizaki dévoile un scénario d'une noirceur sans
commune mesure. Tout au long du volume, la trame est enveloppée d'une
aura dévastatrice qui favorise une immersion plus que réussie
dans ce ghetto nommé Five Points.

Sombre, cruel et
sans pitié, le récit se montre très prenant et captivant. Il faut dire
que la retranscription de l’époque est très réussie, que l’intrigue est
très réaliste et que le scénario se montre déjà bien ficelé.
Immense fan des westerns spaghetti de Sergio Leone et compagnie, je suis heureux de retrouver cette ambiance dans "Green Blood"
: des gueules d'ange (le héros, son frère), des gueules cassées, des
personnages bourrus, des personnages amoraux, des duels au flingue,
etc. Mais "Green Blood",
ce n'est pas que ça. Kakizaki va un peu plus loin que le simple
hommage. Il emprunte certains codes, mais va aussi lorgner du côté de
"Gangs of New York" en nous présentant un monde urbain sale et
impitoyable. Les immigrant(e)s venant chercher prospérité ou fortune aux
USA se retrouvent dans un monde violent et sans espoir.
Le lecteur se retrouve ainsi plongé dans un environnement hostile, où
tout se règle par la violence, laquelle submerge le volume par des
scènes à caractère explicite qui confirment que ce titre ne
s'adresse clairement pas à des enfants. Entre règlements de comptes et
prostitution, "Green Blood" illustre le quotidien difficile vécu par ces recalés au rêve américain, sur un rythme
cadencé, ralenti seulement par quelques touches d'optimisme disséminées.

L'intrigue ne serait pas aussi agréable sans la présence d'un personnage aussi charismatique que Brad Burns.
Ce grand paresseux le jour, toujours à faire semblant de chercher du
travail mais préférant dormir, devient, le soir, le tueur à gages le
plus redoutable et redouté des gangs, sous le nom de Grim Reaper.
Sa détermination à protéger son petit frère par
tous les moyens, mais également sa crainte que ce dernier découvre son
secret, font de lui un personnage emblématique, tandis que l'insouciance
et innocence de Luke le rendent également
attachant. Le chef mafieux est très bien représenté, ainsi que son fils psychopathe et grosse
réussite pour les flics corrompus.

Le dessin est d'une beauté à couper le souffle. On pourra trouver des similitudes
avec Buronson ("Hokuto No Ken") mais avec de la finesse. Tout est réaliste, des décors aux
personnages, les pages sont quant à elles très fournies, et on a
réellement l’impression d’être au XIXème siècle. Les passages se
déroulant de nuit sont sombres mais lisibles, ce qui les rend d’autant
plus effrayants.
Au final, "Green
Blood" est seinen haletant dans lequel Masasumi Kakizaki exprime tout
son talent. Le manga offre plus que du divertissement, il propose
un western dont la puissance de feu amorcée laisse présager du lourd
pour la suite. D'autant plus qu'il est prévu en seulement 5 tomes. Bref, un premier volume absolument superbe, qui a toutes les caractéristiques d'un véritable carton : beau, violent, racé !!!
La Femme qui valait trois milliards
de Boris Dokmak
Note : 4 / 5
Synopsis :
Synopsis :
Elle est la plus célèbre disparue au monde. Elle sème la mort et le chaos. Elle s’appelait Paris Hilton.
Le privé Almayer, dopé aux cocktails et à l’étherine, va remonter la piste sinueuse de la princesse blonde de Beverly Hills. A Bruges, un flic obsessionnel enquête sur le meurtre d’une jeune femme, retrouvée embaumée suivant un rituel surgi du fonds des âges. Grouillant sous le soleil de Californie, la jet-set dégénérée, les narcotrafiquants et les mercenaires saignent pour leur place au paradis. La femme qui valait trois milliards sera leur ticket pour l’enfer.
Critique :
Le privé Almayer, dopé aux cocktails et à l’étherine, va remonter la piste sinueuse de la princesse blonde de Beverly Hills. A Bruges, un flic obsessionnel enquête sur le meurtre d’une jeune femme, retrouvée embaumée suivant un rituel surgi du fonds des âges. Grouillant sous le soleil de Californie, la jet-set dégénérée, les narcotrafiquants et les mercenaires saignent pour leur place au paradis. La femme qui valait trois milliards sera leur ticket pour l’enfer.
Critique :
650 pages qui se lisent en quelques jours. Un livre qu’on ne peut pas
lâcher, qui fonctionne jusqu’au bout et dont la fin est une tuerie. Une
écriture impeccable, un style unique, des personnages qu’on aimerait
retrouver. Dokmak refait le monde, l’histoire, la politique, et on y
croit ! "La Femme qui valait trois milliards" a tout d’un grand polar, mais pas que.
Boris Dokmak, né à Kiev en 1967, agrégé de philosophie installé en
France, fait une entrée tonitruante sur la scène du polar français avec
un thriller subtil et haletant. Écrivain de 45 ans né en Ukraine et vivant en Anjou donc, "La Femme qui valait trois milliards" fait partie des livres qu’on n’oubliera pas cette
année. Polar paré de mille qualités, magnifique objet pop, le livre imagine la disparition de
Paris Hilton dans une intrigue qui mêle services secrets américains,
narcotrafiquants et serial killers férus d’égyptologie.
"La Femme qui valait trois milliards" c'est : 2023, le Mexique, la mer d’Oman, Bruges, Los Angeles, un ex-agent
foireux qu’on vient chercher pour le remettre sur une vieille affaire
foireuse, un flic belge qui s’embarque dans une enquête improbable sur
une jeune fille momifiée vivante, la vraie-fausse histoire de la
disparition dix ans plus tôt de l’icône Paris Hilton, des trafiquants de
chair fraiche, des égyptologues embaumeurs venus de l’Europe de l’Est, des services spéciaux à initiales, des
milliardaires saouls, des anarchistes sémiologues, des extraits de
journaux, des rapports de surveillance. On pourrait croire, à première vue, à un véritable foutoir. Mais tout tient
debout !
Cette profusion d'éléments aurait pu plomber l'édifice romanesque. Il
n'en est rien. Dokmak tient son histoire avec une maîtrise pour le moins
hallucinante pour un débutant. Au bout du compte, le sort de Paris
Hilton, icône d'une époque déboussolée et creuse, importe moins au
lecteur que cette descente aux enfers de deux hommes que tout oppose.
Tout d'abord, il s'agit d'une histoire de tueur en série mais qui limite
sa collection à un nombre extrêmement réduit de victimes. L'enquête est
menée en parallèle par un policier belge dont l'un des principaux faits
de gloire sera de se retrouver dans une prison de la douane américaine,
et par un ancien des services secrets chargé de protéger Paris Hilton
et qui a failli bien plus qu'on ne le croit d'ailleurs.
Boris
Dokmak aligne donc de nombreux éléments archétypaux du thriller
avec de longs développements sur le choix d'une arme, des parrains de la
drogue, des tueurs fous et sanguinaires, des attaques en bateau, des
filatures, des complots, des secrets d'État,... Toutefois, s'il emprunte
la forme à la ligne traditionnelle des thrillers, la vivacité et
l'intelligence du monde créé par Dokmak se révèlent bien plus proche de
genres moins communs que sont le roman d'anticipation ou futuriste.
L'intrigue joue sur une opposition. La femme du titre qui vaut trois
milliards est-elle Paris Hilton ou plutôt cette momie que l'on retrouve
et qui serait unique ? L'ensemble est décrit dans un futur proche où se
développent des luttes sordides. L'auteur parvient à maintenir, par un
style nerveux, la ligne étroite entre le modèle et sa parodie pour
présenter une histoire forte, qui joue sur plusieurs niveaux
avec force et conviction. Tous les éléments disparates s'adaptent au final comme dans un puzzle pour créer un suspense
intelligent qui lie l'Égypte antique et les dérives médiatiques
actuelles.

Au
final, "La Femme qui valait trois milliards" est un polar qui va faire
référence pour la grâce de son mouvement, son ambition et sa
manière de ne pas y toucher. Mieux que ça, le roman réussit à nous
convaincre que Paris Hilton n’est pas la coquille vide qu’on a toujours
crue. Et ça non plus, ce n’était pas une mince affaire. Si "La Femme qui
valait trois milliards" n'est pas un one shot, les Grangé, Chattam et
consorts ont des soucis à se faire !!!
J. M. Straczynski et S. Davis - Superman Terre Un Tome 1 : Une rénovation des origines de l'Homme d'acier à la tonalité plus que tragique !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Synopsis :
Extraterrestre envoyé enfant sur la Terre, Clark Kent découvre ses
pouvoirs et tente de se fondre dans la masse des habitants de
Metropolis. Mais son destin est tout autre : comment concilier son
statut de sauveur de l’humanité et son désir de vivre comme un humain
normal ?
Dans le train de Smallville à destination de
Metropolis, Clark Kent se rappelle les derniers conseils que sa mère lui
a donnés avant son départ. Gentil et discret, le jeune homme est sûr de
ses capacités. Il loue une chambre et passe des tests d'embauche dans
le club de football américain et dans un grand laboratoire. Pour ces
deux opportunités, c'est une réussite totale aboutissant à un contrat.
Il gagne très vite beaucoup d'argent et en envoie à sa mère, veuve
depuis seulement quelques mois.
Se baladant, il remarque la couverture
d'un journal, le Daily Planet, et choisit d'aller y proposer ses
services. Perry White, le rédacteur en chef, n'a pas vraiment de place
pour un nouveau journaliste et l'envoie plus ou moins paître. De retour à
son immeuble, Clark voit que son appartement est en feu. Sans attendre
et à une vitesse folle, il fonce récupérer un costume cousu par sa mère
et un morceau de métal. En le touchant, un système s'active.
Quelques
minutes plus tard, les ciels du monde entier sont couverts par des
vaisseaux extra-terrestres. Leurs intentions sont loin d'être pacifiques
mais celui qu'ils sont venus chercher est aussi celui qui leur opposera
une vive résistance. En effet, Clark vient d'une autre planète et
possède des capacités surhumaines, vitesse, force ou encore pouvoir
voler, qui ne seront pas de trop pour repousser cette menace venue de
l'espace.
Critique :
Après son label "All-Star" quelques années auparavant, DC Comics lance en 2010 un nouveau label mélangeant les genres : "Earth One" ("Terre Un" en français).
Un peu comme "All-Star", l'idée est de donner à une équipe créative la
liberté de réinventer un personnage DC pour un public plus actuel. On
retrouve là-dedans ce qui était également à l'origine de la ligne "Ultimate Marvel
10" plus tôt. La particularité du label se trouve principalement sur sa
publication : il n'y a pas vraiment de contrainte de temps pour les
auteurs, et ceux-ci sortent des tomes de 128 pages, que l'on appellera
Graphic Novel, plutôt que des singles classiques de 22 ou 24 pages. Ainsi chaque fois nous avons une histoire complète.
À l’occasion de la sortie de "Man of Steel" au cinéma (long
métrage réalisé par Zack Snyder et produit par Christopher Nolan promet
aux néophytes une entrée en matière spectaculaire et accessible), Urban Comics nous sort un récit inédit en France. Celui de "Superman Earth One" dont les deux volumes parus en version originale sont rassemblés en un seul album. Mais qu’est-ce donc que cet univers de "Terre Un" ?

Le scénariste, désireux de rénover l'image et les origines de l'Homme d'acier, modernise le héros en le montrant plus fragile et dans un contexte plus réaliste. Ainsi l'auteur applique la méthode de Marvel sur l'univers "Ultimate",
avec cependant un aspect politique moins prononcé. Straczynski évite
aussi de placer dès le début les ennemis classiques de Superman. C'est
ainsi que vous ne croiserez pas Brainiac et quasiment pas Lex Luthor
dans ces pages.
Aux USA, "Earth One" a été publié sous la forme de
plusieurs graphic novels. La narration s'en trouve bousculée et permet
au scénariste d'offrir une lecture agréable et qui monte en puissance.
Cet album contient les deux premiers épisodes et amène sa pagination à
plus de 250 pages. Straczynski est en grande forme
et ne déçoit à aucun instant durant ces deux sagas successives. Il
est vraiment intéressant de voir un Clark Kent qui s'installe
progressivement dans le costume de Superman et qui se construit une
personnalité de super héros.

C’est en effet un récit initiatique que
nous propose ce graphic novel : tout au long de l’histoire, Superman
apprendra à se connaître et tentera de déterminer le rôle qu’il a à
jouer sur Terre, en tant qu’homme et en tant que super-héros. Il
apparaît comme étant quelqu’un de sensible et altruiste, un héros
sacrificiel qui lutte pour le bien d’une race qui n’est pas la sienne
mais dont il est très proche, bien qu’il soit incapable de s’intégrer
pleinement dans cette société, vivant parmi elle sans en faire
partie. La dimension tragique du protagoniste est probablement l’aspect le plus réussi de "Superman Terre-Un",
qui brille pourtant aussi par ses scènes d’action, très hollywoodiennes
et par la présence d’un casting
secondaire plutôt bien développé, constitué de figures connues, comme de
nouveaux arrivants.
La série bénéficie en plus d'un seul et
unique dessinateur. Shane Davis n'est pas encore très connu mais il
possède suffisamment de qualités pour devenir l'un des futurs grands du
métier. Un trait fin, des personnages soignés, des décors fouillés sont
les points notables et positifs de cet artiste en devenir. Un Jim Lee en
puissance !

Au final, efficace et spectaculaire, malgré la tonalité tragique que Straczynski donne aux aventures de son héros qui peut
sembler assez pesante bien qu’elle soit tout à fait appropriée au
personnage, voici une nouvelle série consacrée à Superman à suivre obligatoirement. "Terre Un" en reste un vrai Superman pour la nouvelle génération qui a le mérite de moderniser le personnage sans le trahir et nous montre, plus que jamais, que le dernier fils de Krypton
n’est pas véritablement l’homme de demain, mais bien l’homme
d’aujourd’hui !!!
La Geste du Sixième Royaume
d'Adrien Tomas
Note : 4 / 5
Synopsis :
Synopsis :
Cinq royaumes des plus turbulents se
combattent sans relâche depuis des décennies. Au cœur même de ce monde
se trouve le Sixième royaume, la Grande Forêt. Des palais luxueux aux
cases les plus misérables de Val ou encore dans les villages mouvants
des yogourts des plaines venteuses de Khara, partout l’on conte les
légendes de la Grande Forêt, terre d’asile des créatures fantastiques
qui peuplent les rêves les plus fous ou les cauchemars les plus noirs.
Un jour les cinq royaumes s’unissent
sous la bannière Seï et la Déesse Seva pour détruire la Grande Forêt.
Venus des cinq royaumes des aventuriers que rien ne lie se lèvent et
prennent la route vers cette immense forêt sauvage. Moineau, la sorcière
Grise, le conteur désabusé, le demi-nain marchand et enfin l’homme loup
se retrouvent sur le devant de la scène bien malgré eux. En effet, à la
suite de circonstances tragiques pour nos valeureux héros, ils vont
devoir comprendre et surtout survivre aux différentes embûches et aux
pièges que leur réserve leur destinée commune.
Une véritable course poursuite sous
les frondaisons d’une forêt immense aux pouvoirs magiques
impressionnants, avec aux trousses une ribambelle d’assassins et de
créatures des plus machiavéliques, attendent ces hérauts d’une cause
dont ils n’ont encore pas compris l’ampleur pour la survie de leur
monde.
Critique :
Critique :
En bref : Adrien Tomas nous
propose un premier tome solide et efficace, qui fera passer un bon
moment à tous les férus de fantasy. Si la trame reste très classique, il
faut reconnaître que l'auteur connait ses bases et s'amuse même à les
détourner de temps en temps. Après cette lecture, vous ne verrez plus
jamais les elfes et les dragons de la même manière !
L'opposition entre
le Bien et le Mal se transforme également en conflit entre la Nature et
le Progrès, une vision intéressante assez appréciable. Les personnages
sont nombreux et bien travaillés, même s'il est regrettable que certains le
soient beaucoup plus que d'autres. Une bonne pioche avec ce livre qui, malgré quelques longueurs, se révèle efficace et prenant.
Plus en profondeur, "La Geste du Sixième Royaume" est un pur roman de fantasy épique. Destinée, monde en danger, batailles,
magie, nombreuses races, etc, etc... La grande majorité des figures
imposées du genre répondent à l’appel, même si l'auteur se les approprie pour mieux les détourner.
"La Geste du Sixième Royaume"
est le premier roman d’Adrien Tomas. L’auteur a fait le choix
audacieux d’écrire une véritable épopée en prenant le parti de
développer son récit à travers les yeux d’une multitude de personnages.
Le livre se divise en quatre parties : l’appel, le rassemblement, la
guerre et la chute. Adrien Tomas nous raconte l’histoire d’un pays qui
se prépare à subir une guerre.
Deux
grandes puissances, le Père et l’Autre, s’affrontent depuis la nuit des
temps mais elles ne peuvent le faire directement au risque de signer la
destruction de l’univers tout entier. Elles choisissent alors de nommer
des représentants, les Héraults. Ces Héraults sont au nombre de cinq
dans chaque camp. Adrien Tomas les a baptisés : la Dame, le Prophète, le
Soldat, la Bête et le Danseur. Ils présentent certains pouvoirs comme
la magie, la télépathie, un flair hors norme, la voyance ou encore une
maîtrise exceptionnelle de la science guerrière.
Chaque
Hérault a un double dans l’autre camp, il lui incombe de l’affronter et
de le terrasser pour apporter la victoire à la puissance qu’il sert. Il
y a un aspect très intéressant concernant ces personnages qui doivent
s’affronter. En effet, ils ont parfois été amenés à se côtoyer dans le
passé. Les relations qui les lient peuvent aussi bien être cimentées par
la haine que par des sentiments plus positifs. La mission qui leur est
confiée prend alors une tournure plus personnelle et cela confère une
grande crédibilité au texte, le lecteur se laissant volontiers
contaminer par les émotions des protagonistes.
La
trame de base semble classique vous me direz. Toutefois, si l'univers
et l'intrigue sont en apparence assez classiques, Tomas détourne
habilement les codes de la fantasy
tout en suivant une trame qui a fait ses preuves. Il transforme
certains peuples bien connus des adeptes de la fantasy en leur
attribuant une histoire et des caractéristiques étonnantes, bien loin
des glorieux récits qu'on a l'habitude de lire sur ces créatures. C'est
notamment le cas des elfes et des dragons, mais pas
seulement... Sans oublier qu'une autre créature bien connue est évoquée
dans le tout dernier chapitre du livre, ce qui nous réserve très
certainement des surprises pour la suite.
L’auteur décide donc de prendre à
contre-pied ses lecteurs pour ce premier roman. En effet on trouve
plusieurs différences dans cette histoire de fantasy par rapport aux
stéréotypes du genre.
Notamment, comme dit plus haut, vous vous retrouvez
non pas avec un, mais plusieurs narrateurs, qui vont faire avancer et
prendre vie cette aventure épique. Ce n’est pas par un numéro de
chapitre mais par l’un des prénoms des héros qu'Adrien Tomas annonce
ses chapitres, ce qui est pratique pour ne pas se perdre avec cette
ribambelle d’intervenants. Chacun très différents autant pour le
physique que pour le caractère. Le jeu du chaud et du froid est très souvent
employé, apportant régulièrement une note d’humour dans ce monde assez
dur malgré tout.
Ainsi là où Tomas
innove et convainc, c’est par le traitement de son histoire. Plus
qu’il ne rend hommage aux grands classiques de la Fantasy, Adrien Tomas
redéfinit ses codes. Ainsi nous sommes en face
d’un immense échiquier où chaque personnage est un pion qu’il faut
faire avancer. Il y a les blancs, il y a les noirs, mais comme dans la
vraie vie, aucun joueur n’est finalement totalement bon
ou mauvais, l’enjeu de cette guerre étant beaucoup plus complexe que
ça.

Une chose est sûre, l’auteur a pris la peine et le temps de bâtir un
univers cohérent. Citons une vraie chronologie, le travail et le soin
apporté au peuple des sylphides, les liens entre les différentes thématiques
abordées. Adrien Tomas essaie aussi d’apporter sa propre patte en jouant
sur les clichés du genre : le véritable passé des Elfes, le rôle des
dragons, la nature du conflit entre le Père et l’Autre. Des petites
touches qui apportent un plus.
La contrepartie négative de la chose existe, malheureusement. De
nombreuses plages explicatives, y compris par le biais des dialogues,
pèsent sur le rythme du récit et lui donnent parfois des allures de
guide, avec l’impression que l’on résume pour le lecteur, et non pour
les personnages, les épisodes précédents.
Au final, vous l’aurez compris, le bilan est plus que positif pour "La Geste du Sixième Royaume".
Le point fort d’Adrien reste son style, un style ovni dans le genre de
la fantasy puisqu’il apporte une légèreté favorisant l’immersion du
lecteur dans un univers d’une grande richesse. Généreux, pas bête, mais souffrant encore de défauts de jeunesse, Adrien Tomas nous propose un premier tome solide et efficace, qui fera passer un bon moment à tous les férus de fantasy !!!
Fuyumi Soryô - Cesare : Un travail incroyable de réhabilitation supervisé par un historien pour un manga colossal !!!
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
Synopsis :
1491, Pise, Italie. Angelo commence l’université aujourd’hui. Le jeune
homme est issu d’une famille d’artisans mais l’homme pour qui
travaillait son grand-père, Lorenzo de Medicis, est un riche bienfaiteur
qui a décelé en lui du talent. Il l’a donc fait intégrer la Sapienza,
la prestigieuse université de Pise. Angelo lit et étudie énormément,
mais les livres ne lui ont pas appris à se comporter en société au
milieu des fils de bonne famille.
A son arrivée, il apprend que les
étudiants se regroupent en fonction de leur région d’origine : il fera
donc partie du cercle des florentins, dirigé par Giovanni, le fils de
Lorenzo. Dès le premier jour, Angelo enchaîne malheureusement les
bourdes : il appelle Giovanni par son prénom au lieu "d’excellence"
(le jeune homme est destiné à devenir cardinal à la fin de ses études),
et lors d’un cours il répond au professeur mieux que ne vient de le
faire son aîné. Pour lui montrer qu’il ne lui en veut pas, Giovanni
l’invite à une chevauchée au cours de l’après-midi.
Angelo n’a pas
l’habitude de monter à cheval et n’est pas à l’aise. Aussi, lorsque
Draghignazzo, le bras droit de Giovanni, agissant sur ordre de ce
dernier, décide de lui donner une leçon en lançant son cheval au galop,
Angelo n’arrive plus à le maîtriser et fonce droit vers un précipice. In
extremis, un autre cavalier arrive à son secours et arrête la course
folle de la bête. Il s’agit de Cesare Borgia, le chef du cercle des
espagnols et plus grand rival de Giovanni. Dès lors, Angelo va découvrir
la réalité cachée des luttes de pouvoirs d’aujourd’hui et de demain
auprès de Cesare dont il se rapprochera de plus en plus, tandis qu’il
devra par ailleurs rester soumis à Giovanni.
Critique :
Alors
que Canal+ et HBO ont sorti leur série sur les Borgia en même temps, un
manga, très soigneusement édité par Ki-oon, propose de prendre le
contre-pied des clichés sur cette famille à la réputation odieuse.
"Cesare" se concentre sur le personnage de Cesare Borgia en le
présentant comme un jeune génie politique et, tout ceci, à l'aide d'un
conseiller historique très impliqué dans la genèse du manga.
Dans le domaine du manga, nous connaissons déjà plusieurs œuvres
portant sur des personnages ou des événements historiques, comme "Vagabond", "Lady Oscar" ou "Au temps de Bocchan".
Chaque auteur interprète librement les faits et les personnages
historiques et nous propose son propre point de vue. Fuyumi Soryô, la
dessinatrice de "Cesare", est connue pour ses shôjo des années
80, cependant, bien que son Cesare est un personnage masculin pouvant
s'apparenter au style shôjo, tant au
niveau du dessin qu’au niveau relationnel, avec "Cesare" nous sommes bien face à un seinen.

Pouvoir, stupre, poison. Des mots qui, aujourd’hui encore, résument
souvent les Borgia, père, fils et fille. Des termes réducteurs que la
littérature, le cinéma, la télévision ou la BD ont largement fait leurs
pour évoquer cette dynastie, alors même que les historiens ont apporté
des nuances à cette légende noire, du moins en ce qui concerne Lucrèce
et Cesare. Ce dernier doit une bonne partie de sa renommée à
Nicola Machiavelli qui s’en est inspiré dans "Le Prince". Évêque à
quinze ans, cardinal à seize, puis défroqué et chef de guerre, érudit et
amateur d’art, supposé fratricide et incestueux, le personnage a de
quoi fasciner, même les Japonais.
Sans occulter les zones d'ombre du
personnage, Cesare, son portrait du plus controversé des Borgia,
ne cède en rien au sensationnalisme et rétablit, au contraire, certaines
vérités historiques mises à mal par les récentes adaptations
télévisuelles. Nourrie par les idées et les questions qui agitaient les
hommes de cette époque, cette fresque complexe, entamée depuis huit ans
au Japon, donne surtout à réfléchir sur les notions d'individu, de
pouvoir et de famille. Remarquable !
Autant dire que "Cesare" se place ainsi
dans un souci de réalité historique, que ce soit dans le déroulement du
scénario ou dans chacun des détails du background. En cela, il
s’éloigne de la seule autre adaptation manga de cette partie de
l’histoire, "Cantarella" qui apportait de nombreux éléments
fantastiques au récit de la vie de Cesare Borgia.
Le côté romancé n’est
pas mis de côté pour autant ici. Évitant le piège du simple report
d’événements historiques, l’auteur prend pour héros principal un jeune
étudiant qui va découvrir en même temps que le lecteur les us et
coutumes de la société pisane ainsi que les rouages et les manigances du
pouvoir religieux, de ceux qui le détiennent ou ceux qui veulent
l’obtenir.

Le récit se montre passionnant dès les
premières pages, alors que les manigances n’ont même pas encore
commencé. Le soin apporté aux détails permet en effet de rendre chaque
page ou chaque dialogue intéressant. L’action se
met en place lentement, Fuyumi Soryô prenant le temps de poser le
maximum d’assise historique au récit. Il en résulte un rendu moins
clinquant que dans les séries télé, mais sur la durée un contenu
probablement plus intéressant. Et même si ces explications historiques prennent parfois le pas sur l’action, "Cesare" n’en reste pas moins un manga dynamique.
Graphiquement, la reconstitution s’avère réussie et séduit par la
finesse et l’expressivité du trait autant que par le soin apporté aux
décors (jusqu’à la Chapelle Sixtine qui a été restituée sans les
fresques de Michel-Ange, plus tardives), ainsi qu’aux détails (en
particulier pour les costumes). Les cadrages variés offrent par moments
quelques très belles vues de la cité pisane, tandis que le découpage
précis assure une bonne fluidité et un certain dynamisme.

Au final, Fuyumi Soryô
nous offre un récit palpitant dont la trame historique est agréablement
transposée. Elle permet d’appréhender avec réalisme l’Italie du XVe
siècle, en particulier les tensions qui occupent la curie, écho à une
réalité plus contemporaine. Quant au dessin particulièrement subtil et précis, il est dans la lignée du célèbre seinen "Bersek",
principalement au niveau des perspectives aériennes et des monuments
architecturaux, offrant un panorama de décors somptueux, d’une précision
remarquable. Ki-oon nous permet de pénétrer dans le monde terrible et fascinant de Cesare Borgia à ne surtout pas perdre !!!
Blondel, Recht, Poli et Bastide - Elric, Le trône de rubis : Elric prend vie sous vos yeux dans cette nouvelle adaptation très réussi de l’œuvre de Moorcock !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Le peuple de Melniboné règne sur les états
humains depuis dix mille ans. Toutefois, la vigueur d’antan a fait place
à la décadence. Retirés sur l’île aux dragons, ils s’adonnent aux
plaisirs des sens, entre orgies, drogues, tortures et hommages à leurs
maîtres du Chaos. De plus, leur régent est un albinos au sang maudit. Sa
faiblesse physique et le désintérêt pour son règne inquiètent ceux qui
voudraient que leur civilisation s’impose à nouveau, par la violence et
la peur, aux jeunes royaumes qui s’émancipent de plus en plus.
Le royaume de Melniboné est donc dirigé par Elric, roi
albinos souffrant, combattant au passé héroïque, qui a choisi pour son
peuple une vie de paix. Son cousin Yyrkoon, prince jaloux évincé du
pouvoir, conteste avec brutalité son autorité, et promet au peuple de
nouvelles heures de gloire et de nouvelles batailles. La rivalité entre
les deux hommes se concrétise lorsque trois intrus sont faits
prisonniers en ayant réussi à pénétrer dans la ville, franchissant les
labyrinthes d'eau qui entourent et protègent le royaume.
Torturés par le
Docteur Jest, ils avouent qu'une flotte de navires mercenaires est en
route vers Imrryr. La stratégie pour la bataille qui s'annonce est
âprement discutée. Elric veut favoriser la ruse et tendre un piège aux
assaillants, son cousin rêvant d'un assaut massif et frontal, quel qu'en
soit le coût. A bord du même navire, les deux hommes livrent finalement
bataille côte à côte.
Elric démontre une nouvelle fois l'étendue de sa
puissance et ses qualités de guerrier, faisant déferler sur l'ennemi les
légions de Pyaray. Mais il sort épuisé de la bataille. Le peuple a
néanmoins retrouvé l'image d'un pouvoir fort et uni face à l'ennemi.
Jusqu'à ce qu'un évènement imprévu se produise, qui pourrait donner à
Yyrkoon l'occasion dont il rêve depuis si longtemps.
Critique :
Cette nouvelle adaptation de la saga de Michael Moorcock, qui a semble-t-il suscité l'enthousiasme de l'auteur anglais, est une véritable superproduction graphique aux résultats très convaincants. La conception de l'univers de Melniboné n'a rien laissé au hasard, réunissant le talent d'un dessinateur (Didier Poli), d'un encreur (Robin Recht) et d'un retoucheur et coloriste (Jean Bastide), pour aboutir à une cohérence et une puissance évocatrice remarquables. Cette approche rare dans la BD européenne, mais très fréquente dans le monde des comics, peut aboutir au meilleur quand les talents s'ajoutent, ce qui est le cas ici, avec un rendu final presque toujours homogène.
Critique :
Cette nouvelle adaptation de la saga de Michael Moorcock, qui a semble-t-il suscité l'enthousiasme de l'auteur anglais, est une véritable superproduction graphique aux résultats très convaincants. La conception de l'univers de Melniboné n'a rien laissé au hasard, réunissant le talent d'un dessinateur (Didier Poli), d'un encreur (Robin Recht) et d'un retoucheur et coloriste (Jean Bastide), pour aboutir à une cohérence et une puissance évocatrice remarquables. Cette approche rare dans la BD européenne, mais très fréquente dans le monde des comics, peut aboutir au meilleur quand les talents s'ajoutent, ce qui est le cas ici, avec un rendu final presque toujours homogène.
Qu'est-ce donc qu'Elric et son "Trône de Rubis" ? C'est tout
simplement le récit de la fin d'un empire sombre et décadent, celui des
Melnibonéens. Lorsque Michaël Moorcock entreprend de créer "Elric", il répond à une commande pour des nouvelles dans le genre "Sword & Sorcery", dans la lignée de "Conan". Il faut dire, qu’à l’époque, Howard et son Cimmérien, ainsi que Tolkien et "le Seigneur des anneaux"
sont les références absolues.
Moorcock se démarque rapidement de la figure encombrante du fier barbare. En effet, Elric est son antithèse. Membre d’une vieille race pré-humaine et faible physiquement, il ne tire sa force que de breuvages magiques puis, plus tard, des âmes absorbées par son épée diabolique. Sorcier affilié au Prince des démons, il se montre cruel et sans beaucoup de valeurs morales. Son rapport avec le monde et, plus généralement, l’existence, est cynique et désabusé.
Par la suite, l’auteur utilisera le concept de Multivers (ensemble
d’univers parallèles). Il complète alors son œuvre pour faire de son
héros une des figures du Champion éternel, le gardien, conscient ou non,
de la balance cosmique qui assure l’équilibre entre la Loi et le Chaos.
Parmi tous les livres qui s’inscriront dans ce thème ("La Légende d’Hawkmoon", "La Quête d'Erekosë" et "Les Livres de Corum"), "le Cycle d’Elric",
malgré des défauts de jeunesse, restera le plus marquant pour quantité
de lecteurs et de jeunes auteurs, en particulier, parce que l’écrivain
bouscule progressivement les règles de la Fantasy. S’attaquer à un tel monument n’est donc pas chose aisée !
Michael Moorcock himself juge, dès la préface, que cette adaptation est absolument la meilleure qui puisse être faite de ce personnage si particulier. L'antihéros par excellence se retrouve à la tête de cet empire sans âge mais qui semble avoir déjà trop duré. Ce premier opus nous montre la décadence du royaume de Melniboné, esclavage, torture, tout ce qui peut avilir l'homme est présent dans les pages "d'Elric".
Il va sans dire, sans dévoiler l'intrigue en aucune façon, que le scénario élaboré par Julien Blondel répond parfaitement aux attentes de ce genre d'adaptation. Le personnage est rendu à merveille dans ses contradictions et l'univers qui l'entoure est dévoilé juste ce qu'il faut pour pouvoir avancer au moyen de repères évidents.
La force de l'intrigue de Moorcock suffit à tendre ce récit d'un fil rouge fondamental autour de la rivalité entre Elric et Yyrkoon. La qualité de la narration de Julien Blondel permet de développer les premiers ressorts de cette saga avec un vrai sens de l'équilibre, laissant leur juste place aussi bien aux scènes de bataille épiques, qu'à la cruauté du sort d'un Elric malade, sacrifiant des vierges pour sa propre survie. Le scénario de Blondel réussit à résumer sans entacher la lecture. Il garde tout ce qui fait le piment de la série, le synthétise pour n'en garder que la substance.
Ainsi, un des premiers défis consistait à ne pas faire d’Elric un super guerrier, affrontant moult ennemis et créatures à coup d’arme magique et de sorcellerie. Sur ce plan, le but est atteint. Loin de se lancer dans une surenchère de spectacle, la narration prend le temps de travailler le contexte, de mettre en place le personnage principal en faisant ressortir ses différentes facettes. Être tourmenté, rongé par des conflits intérieurs et détaché du devenir de ces sujets, il est capable de faire ressurgir en lui toute la cruauté et la vitalité de ses ancêtres : le châtiment infligé aux envahisseurs tentant de s’emparer de l’île sacrée en est une belle preuve.
De la même façon, la transposition graphique de ce monde de fantasy par Didier Poli, Robin Recht et
Jean Bastide donnent vraiment envie, car ça suinte la décadence et la
nécrose à toutes les pages ! C'est sombre, c'est héroïque, c'est de la
bonne fantasy comme on l'aime !
Les planches de Poli, Bastide et Recht sont tout simplement magnifiques et illustrent la grandeur qu'on peut lire chez Moorcock. Ce souffle épique que j'ai éprouvé au cours de mes lectures est retranscrit à la perfection, là sur le papier, quand on voit le trône de rubis, l’île des dragons, les trirèmes melnibonnéennes ou la toute-puissance d'Arioch. Un design qui s'inspire à la fois des illustrations d'époque des romans et de l'univers morbide de Clive Barker (à qui l'on doit "Hellriser"), qui colle parfaitement à la vision que l'on peut avoir en lisant Moorcock. Les dessinateurs réussissent donc des plans à couper le souffle, comme la sortie de la flotte de Melniboné vers le labyrinthe d'eau en page 19, sublime de lumière aveuglante.
De ce fait, le deuxième challenge se situait au niveau du graphisme qui doit apporter sa propre interprétation de la matrice originelle, une vision à même d’exprimer ce qui est dédié au narratif dans un roman. La réussite semble pleine et entière tant l’atmosphère de déliquescence de cette culture est prégnante. L’apparence ancestrale et la puissance ressortent à travers les décors minéraux constituant le palais des Melnibonéens, de par l’aspect froid et intemporel.
Le sadisme est très présent, lui aussi, dans l’esthétique de ce peuple qui emprunte aux codes du gothique et du SM. Le crayonné un peu rond et doux de Didier Poli prend un caractère acéré, quelque peu déstructuré, grâce à l’encrage appuyé de Robin Recht. Les retouches finales et la mise en couleur particulièrement aboutie de Jean Bastide, avec des teintes crépusculaires, achèvent de donner la dimension épique qui sied à ce récit.
Si vous aimez l'Heroïc-Fantasy d'exception, vous aimerez cette
excellente adaptation du "Elric" de Moorcock. Beaucoup d'américains
avaient déjà adapté le personnage, mais, à l'exception de Craig Russel,
tous en avait fait une espèce de sous "Conan". Enfin, voici Elric dans
toute sa magnificence et sa décadence, une œuvre graphique
époustouflante et un Elric comme on était en droit de l'imaginer : sombre, torturé et
malade. Les auteurs peuvent être fier de leur œuvre.
Au final, Cette première plongée dans l'univers du nécromancien est une entrée en matière réussie. Pleine de puissance, de luttes de pouvoir et de paysages fantastiques hors du temps, elle plaira aux amateurs d'heroïc-fantasy en BD. Ce premier tome est une énorme surprise. Je ne m'attendais pas à un travail de cette ampleur. Cela m'a donné l'envie de me replonger dans les romans de Moorcock et de découvrir la suite de cette adaptation. Un rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte !
Bref "Elric" est simplement la meilleure adaptation des romans de Moorcock. "Elric" illustre un destin tragique, la grandeur et la décadence d'un empire, des mythes et légendes. Ce premier tome est impressionnant. De plus, cette première édition comporte un cahier explicatif de huit pages ainsi que huit visions de l’univers d’Elric réalisées par Virginie Augustin, Aleksi Briclot, Andreas, Philippe Druillet, Adrian Smith, Anthony Jean, Matthieu Lauffray et Thierry Ségur. Que des bonnes raisons pour venir (re)découvrir la légende du seigneur des dragons !!!
Moorcock se démarque rapidement de la figure encombrante du fier barbare. En effet, Elric est son antithèse. Membre d’une vieille race pré-humaine et faible physiquement, il ne tire sa force que de breuvages magiques puis, plus tard, des âmes absorbées par son épée diabolique. Sorcier affilié au Prince des démons, il se montre cruel et sans beaucoup de valeurs morales. Son rapport avec le monde et, plus généralement, l’existence, est cynique et désabusé.

Michael Moorcock himself juge, dès la préface, que cette adaptation est absolument la meilleure qui puisse être faite de ce personnage si particulier. L'antihéros par excellence se retrouve à la tête de cet empire sans âge mais qui semble avoir déjà trop duré. Ce premier opus nous montre la décadence du royaume de Melniboné, esclavage, torture, tout ce qui peut avilir l'homme est présent dans les pages "d'Elric".
Il va sans dire, sans dévoiler l'intrigue en aucune façon, que le scénario élaboré par Julien Blondel répond parfaitement aux attentes de ce genre d'adaptation. Le personnage est rendu à merveille dans ses contradictions et l'univers qui l'entoure est dévoilé juste ce qu'il faut pour pouvoir avancer au moyen de repères évidents.
La force de l'intrigue de Moorcock suffit à tendre ce récit d'un fil rouge fondamental autour de la rivalité entre Elric et Yyrkoon. La qualité de la narration de Julien Blondel permet de développer les premiers ressorts de cette saga avec un vrai sens de l'équilibre, laissant leur juste place aussi bien aux scènes de bataille épiques, qu'à la cruauté du sort d'un Elric malade, sacrifiant des vierges pour sa propre survie. Le scénario de Blondel réussit à résumer sans entacher la lecture. Il garde tout ce qui fait le piment de la série, le synthétise pour n'en garder que la substance.
Ainsi, un des premiers défis consistait à ne pas faire d’Elric un super guerrier, affrontant moult ennemis et créatures à coup d’arme magique et de sorcellerie. Sur ce plan, le but est atteint. Loin de se lancer dans une surenchère de spectacle, la narration prend le temps de travailler le contexte, de mettre en place le personnage principal en faisant ressortir ses différentes facettes. Être tourmenté, rongé par des conflits intérieurs et détaché du devenir de ces sujets, il est capable de faire ressurgir en lui toute la cruauté et la vitalité de ses ancêtres : le châtiment infligé aux envahisseurs tentant de s’emparer de l’île sacrée en est une belle preuve.

Les planches de Poli, Bastide et Recht sont tout simplement magnifiques et illustrent la grandeur qu'on peut lire chez Moorcock. Ce souffle épique que j'ai éprouvé au cours de mes lectures est retranscrit à la perfection, là sur le papier, quand on voit le trône de rubis, l’île des dragons, les trirèmes melnibonnéennes ou la toute-puissance d'Arioch. Un design qui s'inspire à la fois des illustrations d'époque des romans et de l'univers morbide de Clive Barker (à qui l'on doit "Hellriser"), qui colle parfaitement à la vision que l'on peut avoir en lisant Moorcock. Les dessinateurs réussissent donc des plans à couper le souffle, comme la sortie de la flotte de Melniboné vers le labyrinthe d'eau en page 19, sublime de lumière aveuglante.
De ce fait, le deuxième challenge se situait au niveau du graphisme qui doit apporter sa propre interprétation de la matrice originelle, une vision à même d’exprimer ce qui est dédié au narratif dans un roman. La réussite semble pleine et entière tant l’atmosphère de déliquescence de cette culture est prégnante. L’apparence ancestrale et la puissance ressortent à travers les décors minéraux constituant le palais des Melnibonéens, de par l’aspect froid et intemporel.
Le sadisme est très présent, lui aussi, dans l’esthétique de ce peuple qui emprunte aux codes du gothique et du SM. Le crayonné un peu rond et doux de Didier Poli prend un caractère acéré, quelque peu déstructuré, grâce à l’encrage appuyé de Robin Recht. Les retouches finales et la mise en couleur particulièrement aboutie de Jean Bastide, avec des teintes crépusculaires, achèvent de donner la dimension épique qui sied à ce récit.

Au final, Cette première plongée dans l'univers du nécromancien est une entrée en matière réussie. Pleine de puissance, de luttes de pouvoir et de paysages fantastiques hors du temps, elle plaira aux amateurs d'heroïc-fantasy en BD. Ce premier tome est une énorme surprise. Je ne m'attendais pas à un travail de cette ampleur. Cela m'a donné l'envie de me replonger dans les romans de Moorcock et de découvrir la suite de cette adaptation. Un rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte !
Bref "Elric" est simplement la meilleure adaptation des romans de Moorcock. "Elric" illustre un destin tragique, la grandeur et la décadence d'un empire, des mythes et légendes. Ce premier tome est impressionnant. De plus, cette première édition comporte un cahier explicatif de huit pages ainsi que huit visions de l’univers d’Elric réalisées par Virginie Augustin, Aleksi Briclot, Andreas, Philippe Druillet, Adrian Smith, Anthony Jean, Matthieu Lauffray et Thierry Ségur. Que des bonnes raisons pour venir (re)découvrir la légende du seigneur des dragons !!!
Poussière tu seras
de Sam Millar
Note : 4 / 5
Synopsis :
Synopsis :
Ancien policier à Belfast, Jack Calvert, alcoolique, élève seul son fils
adolescent, Adrian. En faisant l’école buissonnière, celui-ci découvre
un os humain dans la forêt, mais ne parle à personne de son trésor.
Quelques jours plus tard, il est kidnappé.
Jack retrouve l’os qui
s’avère être celui de la petite Nancy, disparue depuis trois ans. Alors
qu’il enquête, d’autres personnes disparaissent, des restes humains
sont retrouvés dans les bois et les anciennes pratiques sordides de
l’orphelinat local sont révélées au grand jour. C’est tout le terrible
passé de la ville qu’Adrian semble avoir déterré.
Critique :
Critique :
Sam Millar n'est pas
exactement un auteur comme les autres. Ancien activiste de l'IRA, il a
passé de nombreuses années en prison dans des conditions
particulièrement dures (torture, privations, isolement,...). Des années
qui ont laissé sur l'homme et sur l'auteur irlandais des traces profondes et
indélébiles. Il n'est pas inutile de le savoir avant de commencer la
lecture de "Poussière tu seras", son premier roman paru en français. Une lecture qui n'est pas de tout repos.
Ce premier roman est une vraie pépite noire. Les chapitres
sont courts, et à l'image du style de l'auteur, incisifs. Chaque
chapitre se termine sur une note sombre sans pour autant verser dans
l'excès, la surenchère. Le récit n'en a pas besoin, il est aussi
implacable qu'impeccable. En effet Sam Millar a choisi la concision,
le juste-ce-qu'il-faut, pour créer cette atmosphère si moite, si sombre,
si effrayante.
Sans avoir peur de me répéter, l'écriture est efficace, sans fioriture et implacable lors de certaines
scènes qui produisent un impact visuel très fort. On est saisie par le
relief qu'elles ont. Ces images nous suivent une fois le livre terminé
comme une peinture lugubre dont on ne peut détacher le regard et qui induit en nous une fascination morbide. Millar a un réel talent pour décrire des ambiances inquiétantes.
Que
ce soit le contexte, l’histoire, les personnages ou l’ambiance, tout
est noir, pas un petit noir brillant, mais un vrai noir mat, où rien
ne se reflète. Il ne faut pas chercher la moindre étincelle d’espoir,
pas la moindre lumière, c’est du noir brut,
brutal.
Le style de Sam
Millar y est donc pour beaucoup, avec ses descriptions minimales et ses mots
soigneusement choisis qui laissent planer une atmosphère
brouillardeuse, glauque, mystérieuse. Et les personnages vont
s’enfoncer dans cette histoire sans que le lecteur ne puisse rien faire à
leur déchéance. Ils ont tous des cicatrices ou des secrets
qui petit à petit font leur apparition pour nous étaler des
ignominies sans nom.
La noirceur est
présente à tous les instants, la peur aussi. Dans les premières pages,
on ne sait pas très bien de quoi on a peur. Mais Millar sait instiller
dans ses mots une sensation de malaise, voire d'épouvante qui évoque un
Edgar Poe moderne. La première scène du roman, où l'on fait la
connaissance d'Adrian, est particulièrement virtuose.
Adrian fait
l'école buissonnière, mais ça n'est pas pour s'amuser avec ses
copains. Il se promène dans la campagne, au milieu des arbres ployant
sous la neige, quand il fait sa macabre trouvaille. Et sa rencontre à la
fois compassionnelle et violente avec un corbeau blessé nous confirme
au bout de quelques pages que nous venons de pénétrer dans un territoire
interdit. Ce livre dur ne nous épargne jamais, Millar ne fait pas de
concessions.
La mort, l'enfance violée, la perversion, la mémoire et le
mensonge, dans "Poussière tu seras", si l'intrigue, basée sur un
fait réel qui a marqué l'histoire de l'Irlande, est passionnante, ce
sont néanmoins l'émotion et la puissance des mots qui l'emportent, avec
des scènes particulièrement éprouvantes, sans aucune complaisance, qui
atteignent leur cible en plein cœur.

Les personnages chutent comme les feuilles mortes avec pour seul destin,
qui parait inévitable, une fin de course sur un sol à l'odeur de terre
et de sang. Le corbeau, qui transporte les âmes des défunts ayant subis
une mort violente, est présent en filigrane durant tout le livre, il
achève de donner à cette histoire une atmosphère aussi sombre que les
plumes de ce dernier.
Au final,
on a là un véritable concentré de noirceur sur plus de 300 pages, où
l'âme humaine est mise à nue. La violence et la perversité formant la
trame de ce roman dans lequel l'auteur va à l'essentiel. Percutant ! Un
premier roman impressionnant !!!
Jeph Loeb et Jim Lee - Batman, Silence (Intégral) : Une nouvelle pépite par Urban Comics sur une saga époustouflante, incontournable, sublime et accessible à tous !!!
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
L'héritier des richissimes industries chimiques Lamont, le jeune Edward,
a été enlevé par Killer Croc. Alors que Batman vole à son secours, il
s'interroge sur les motivations du kidnapping. Croc n'est pas un
habitué de ce genre de choses.
Pour l'homme chauve-souris, c'est le
début d'une longue et tortueuse intrigue car tous ses vieux adversaires
réapparaissent, manipulés, semble-t-il, par un mystérieux criminel. Avec
l'aide de Catwoman, Robin ou encore Superman, le héros de Gotham
explore sa culpabilité et son passé sous un nouveau jour.
Batman se retrouve donc assailli par tous ses ennemis, lorsqu’un mystérieux
personnage qui dissimule son visage sous des bandelettes apparaît. Son
nom ? Silence. Son but ? Harceler le justicier jusqu’à lui faire perdre
raison. Catwoman saura-t-elle lui apporter l’aide et le réconfort dont
il a cruellement besoin ?
Critique :
Critique :
Le Chevalier Noir a connu de nombreux succès, aussi bien sur version
papier que sur pellicule. Mais il a aussi beaucoup souffert, comme
dans la saga enfin sortie il y a quelque temps en France : "Batman, Silence" ("Batman Hush" en V.O.), où notre héros est franchement malmené, aussi bien physiquement que moralement.
"Silence" est l’une de ces histoires qui peuvent définir votre perception de Batman
d’une façon durable. Ce n’est peut-être pas le plus grand classique du
Chevalier Noir, et ce n’est certainement pas celui qui fait l’unanimité,
mais voilà tout y est. Un scénario qui met en avant les talents de
détective de notre héros, un dessin valorisant son univers, et surtout
des personnages à foison, une sorte de "who’s who" du Bat-verse.
"Un long Halloween" fut un des grands moments de l'histoire de Batman. Déjà à l'époque, Jeph Loeb
réussissait à mêler le panthéon des super-vilains de Gotham pour
approfondir le personnage du justicier solitaire qu'endosse Bruce Wayne
tout en menant une intrigue palpitante dans le même temps. Pour "Silence", il reprend une recette similaire mais accompagné du dessinateur Jim Lee au lieu de Tim Sale.
Jeph Loeb est un scénariste qui traîne sa
bosse depuis pas mal d'années dans le milieu du 9ème art. Connu pour
être aussi génial qu'irritant, capable de livrer des récits cultes comme
"Un long Halloween", cité précédemment, ou de véritables catastrophes intellectuelles comme "Ultimates 3". Dans le cas de "Batman, Silence",
nous sommes clairement dans la première catégorie. Jeph Loeb montre sa
capacité à rendre accessible un univers complet comme celui du Dark Knight.
La recette est simple puisque l'on suit un héros qui affronte plus ou
moins successivement tous les méchants les plus glorieux de son
existence. Des ennemis redoutables tels que Poison Ivy, Killer Croc,
Harley Quinn et son chéri de Joker, Double Face, Le Sphinx,
l’Épouvantail ou même Ras’ Al Ghul. Les lecteurs croiseront aussi la
divine Catwoman, Superman et les alliés de la chauve-souris. Jeph Loeb
offre un casting impressionnant auquel il rajoute un nouvel adversaire
de taille : Silence.
"Silence" confirme l'amour de Jeph Loeb pour les intrigues policières à tiroirs. Il élabore
ainsi une intrigue complexe multipliant les fausses pistes et cultivant
savamment la révélation du mystérieux Silence. On retrouve donc tous les
ingrédients que Loeb
affectionne. Le résultat s'avère tout aussi efficace et passionnant à
lire. Pourtant, le scénariste nous réserve bien des surprises pour une
œuvre qui joue sur divers tableaux.
Et avec cette aventure de Batman, effectivement, il voit gros, il voit bon, il voit bien ! Tout
d'abord, ce qui frappe, que l'on soit
ou non un lecteur régulier de Batman, c'est le nombre important de
personnages que l'on croise donc !
Et heureusement, cette multitude de personnages n'est pas placée au
hasard juste pour faire joli. Ils sont très bien intégrés à l'histoire,
et sont liés d'une manière complexe et pourtant très compréhensible,
tous entourés d'un complot sanglant et macabre dont la cible finale n'est autre que le mystérieux justicier masqué Batman !
Le premier élément développé compte parmi les plus incontournables : le
passé de l'homme chauve-souris. Traumatisé par la mort de ses parents,
le milliardaire devient un sombre justicier dans une ville corrompue. On
connaissait déjà cela par cœur mais Loeb
tente d'humaniser davantage son héros en lui offrant une enfance. Dans
divers flash-back et grâce à ses retrouvailles avec son meilleur ami,
l'auteur approfondit la dimension humaine de Wayne.
On y découvre un
enfant qui n'a pas encore été bouleversé par le crime, ce qu'on a peu eu
l'occasion de voir auparavant. Mais ce n'est pas tout. Si nous savions
déjà le poids porté par Batman, Loeb revient sur la mort du second Robin, Jason Todd, tué par le Joker dans "Un deuil dans la famille". Événement tragique pour l'homme chauve-souris, il se révèle aussi
déterminant pour comprendre la férocité renouvelée du héros face aux
criminels. La mémorable confrontation avec le Joker permet d'embrayer
sur la seconde piste exploitée par l'américain.
Thème central "d'Un long Halloween",
la notion de justice ne pouvait naturellement pas manquer à l'appel.
Mais c'est une approche plus radicale dont il s'agit cette fois.
Rejoignant en cela "Dark Knight" de Frank Miller ou "Rire et Mourir" d'Alan Moore,
la situation du Batman face au Joker est des plus éloquentes. L'abysse
qui menace le justicier se fait de plus en plus sentir. Entre le Batman
et ses ennemis, seule la loi les sépare et l'instabilité du sombre héros
rend douteuse sa santé mentale.
A force de secret et de culpabilité, de
peine et d'obsession, la figure héroïque présentée semble bancale.
C'est d'ailleurs ce secret et cette double identité qui occuperont un
autre point important du récit : l'idylle avec Catwoman. Incapable de
faire confiance et solitaire par essence, comment le personnage peut-il
trouver l'amour si ce n'est avec un de ses semblables ? Explosive rencontre entre deux héros costumés, la relation permet aussi de comprendre la nécessaire solitude du Batman.
Avec
un récit aussi agréable et spectaculaire, il fallait bien un artiste
inspiré pour propulser "Silence" parmi les indispensables de Batman.
C'est à Jim Lee que la tâche fut confiée. Le dessinateur américain dont
la popularité n'a jamais décru depuis les années 90 offre probablement
l'une de ses plus belles prestations, voir la meilleure jusqu'ici. Le
Dark Knight est charismatique, Catwoman sexy en diable, les méchants
effrayants... Et que dire du découpage, des décors et des cadrages ?
Jim Lee parvient en plus à maintenir ce niveau de qualité tout du long.
Les dessins sont d'une extrême beauté, Jim Lee a fait un travail
exceptionnel et on en redemande. Tous les personnages sont détaillés à
souhait, leurs charisme est authentique et aucun personnage n'est
négligé. Les dessins sont violents et vifs, et les couleurs
très contrastés rehaussent l'intensité et subliment le tout. Les
couleurs font partie intégrante du comics. Elles
dépeignent le monde de la chauve-souris en collant, avec parfois des
tons sombres à souhait et parfois des contrastes lumineux saisissant qui
mettent en valeur les parties obscures ou bien définissent une autre
ambiance. En témoigne la partie dans Métropolis qui est tout
à coup beaucoup plus éclairé et plus propre qu'une scène se passant à
Gotham City.
Il retranscrit ici parfaitement l'univers sombre du Caped Crusader avec
un coup de crayon racé nous offrant de magnifiques planches. Ces dernières sont précises et flamboyantes avec une dynamique
particulièrement réussie, le dédoublement des personnages lors des
combats est une idée aussi simple que payante. On appréciera les pages
de Métropolis ou encore celles concernant le passé du Batman. Sans
surprise, Lee fait honneur au récit de Loeb.
L’intérêt de "Batman, Silence" est aussi de pouvoir offrir une porte
d'entrée sur l'univers Batman en nous présentant une grande partie des
personnages de cet univers sans pour autant avoir besoin de références
antérieures pour comprendre les événements (d'ailleurs de petites
explications sont là pour vous aider). Si vous êtes réticents au style
de "Batman, Année Un" ("Year One"), "Silence" est le comics par lequel
vous devez commencer.

Au final, dans "Silence", les scènes d'actions sont de haute
voltiges, impressionnantes et fluides, les révélations y sont tortueuses
pour un dénouement bluffant (qui ne plaira pas à tout le monde), avec
une histoire rythmé et extrêmement bien écrit. Les planches sont
précises et flamboyantes avec une dynamique particulièrement réussie,
aucune case n'est là pour remplir bêtement la page et la narration à la
première personne est remarquable. C'est bien simple, que l'on ne connaisse
rien à l'univers de Batman ou, au contraire, que l'on soit un lecteur régulier, lire ce
fabuleux comics ne laissera personne indifférent.
Urban Comics frappe encore un grand coup en nous sortant un très
bon comics sur le Chevalier Noir. Une sublime version hardcover de
372 pages comprenant 80 pages de croquis et commentaires de Jim Lee, et
pour 35 euros ce serait une erreur de s'en priver !!!
Brian K. Vaughan et Fiona Staples - Saga T1 : De la space fantasy fiévreuse et captivante !!!
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
Synopsis :
Dans l'arrière-salle d'une carrosserie, Alana, une
jeune femme portant des ailes dans le dos et ancienne soldat, et Marko,
un lunien orné de cornes de bouc et ayant des dons pour la magie, vivent
des instants merveilleux avec la naissance d'Hazel, leur petite fille.
Cet enfant n'aurait pourtant jamais du naître. Alana et Marko viennent
tous deux de planètes différentes et d'espèces en guerre depuis
longtemps.
Considérés comme des parias, ils sont recherchés de toutes
parts. Un baron robot et des soldats de la coalition les ont retrouvés
et les tiennent en joue. Trois luniens font aussi irruption. Par
miracle, le couple et leur bébé parviennent à s'échapper et à mettre la
main sur une carte. Sur celle-ci figure un lieu synonyme d'espoir : la
forêt de la fusée.
Là-bas, ils pourront quitter Clivage et se rendre sur
une autre planète. Mais leur fuite ne se fera pas sans danger, car les
différents camps ont engagé des mercenaires indépendants, réputés pour
leur méthode expéditive et leurs résultats.
Critique :
Critique :
La space fantasy, voilà un genre bien casse-gueule. Mais quand on s’appelle Brian K. Vaughan,
bâtir une série galactique avec des luniens cornus, des robots à tête
cathodique, des fantômes rosâtres et des combattantes à ailettes, n’est
pas du tout mission impossible. Pour preuve ce premier tome de "Saga", quête héroïque et romantique qui met en scène deux amoureux fuyant la guerre
que se font leurs peuples respectifs, ainsi que les tueurs lancés à
leurs trousses. Car ils portent un symbole d’espoir plus fort que la
haine : un nouveau-né, narrateur de cette épopée éclatante.
Parti durant quelques années dans l'industrie de la télévision pour participer à l'écriture de séries télé comme "Lost",
Brian K. Vaughan a laissé de nombreux fans dans l'expectative de son
retour. Il faut dire que le scénariste canadien a livré de jolies
pépites de l'art séquentiel avec "Y, le dernier homme", "Les Seigneurs de Baghdad" ou "Ex Machina". Avec "Saga", l'auteur créé une histoire aux confluents des genres, entre le space opera, le récit d'aventure et la love-story.
La collection Urban Indies de Urban Comics accueille des titres
indépendants qui ne sont donc pas issus de l’univers DC Comics. Ce
premier volet, qui reprend les épisodes 1 à 6 de "Saga", va ainsi piocher
dans le catalogue d’Image comics et permet surtout de retrouver
l’excellent Brian K. Vaughan. Ce dernier revient sur le devant de la scène avec une
nouvelle série particulièrement prometteuse qui mélange space opera,
romance, géopolitique, aventure et même une petite touche de fantasy.
Bref, un ovni que je vous conseille vivement.
Démarrant sur les chapeaux de roue, cette aventure spatiale a d’abord
des allures de road-movie fantasy relativement traditionnel. Mais, très
vite, les personnages imaginés par Vaughan et surtout son humour mordant
font décoller le récit bien au-dessus du lot. À partir d’une trame de
facture classique, il brode une bande dessinée ambitieuse aux confins
des genres, un conte moderne tantôt tendre, tantôt cruel, et véritablement palpitant.
Tout ici est un prétexte à une aventure spatiale où l’action sait
parfois laisser sa place à un peu d’humour et de sentiments tout en
permettant à l’auteur d’apporter des nombreuses idées toutes aussi
originales les unes que les autres. C’est là que réside la principale
force du récit d'ailleurs.
"Saga" est une aventure hors du commun dans un univers
foisonnant d'espèces étranges et dangereuses. Débute alors une aventure parfaitement rythmée au sein d’un univers
fourmillant d’excellentes trouvailles et d’espèces insolites. Des
fantômes de la planète Clivage à l’arbre-fusée, en passant par les
pouvoirs magiques des habitants de la lune Couronne, l’album regorge
ainsi d’idées originales.
L’idée de base, qui consiste à opposer deux
peuples qui ont exporté leur conflit sur d’autres planètes de la galaxie
afin de préserver les leurs, s’avère excellente. L’univers proposé est
du coup non seulement extrêmement vaste, multipliant ainsi les
possibilités scénaristiques, mais cela permet surtout à Brian K. Vaughan
d’intégrer de nombreux peuples à son récit et quand on connaît sa
capacité à exploiter pleinement ses personnages, cela est certainement
un autre des gros plus de la série.

Avec un scénario aussi inspiré, il fallait
bien un visuel en adéquation. C'est la dessinatrice canadienne, elle
aussi, Fiona Staples qui se charge d'offrir des planches étonnantes et
des designs aussi surprenants que déstabilisants. Entre les robots
barons (des écrans de télé sur des corps humains) ou la Traque (nom
d'une des mercenaires indépendants), l'originalité déborde des cases. Le
travail sur les décors est minutieux et se joue des perspectives. Si
certains n'accrocheront peut être au premier coup d’œil au visuel de
Fiona Staples, nul doute qu'en entamant la lecture de "Saga", ils sortiront, une fois l'album terminé, finalement conquis, le visuel étant juste parfait pour un tel récit.
Les design sont orignaux et plaisants tandis que l’ensemble du travail
est très soigné et les couleurs maitrisées. Fiona Staples nous offre là
une atmosphère unique pour un récit qui ne l’est pas moins ! Staples donne vie à des créatures au look très réussi et installe une
ambiance toujours adéquate, à l’aide d’une colorisation qui accompagne
toujours parfaitement le ton du récit. La dessinatrice canadienne offre également un découpage efficace qui contribue à
une lecture fluide qui incite à tourner les pages à grande vitesse.
Au final, grâce à des héros aux sentiments et réactions si humains, à des figures
secondaires hautes en couleurs (le prince robot, les chasseurs de têtes)
et des trouvailles jouissives, Vaughan développe une histoire d’amour S-F accessible et rapidement fascinante,
parfaitement mise en image par la Canadienne Fiona Staples, dont le
dessin, en apparence rêche et froid, se révèle finalement plus
chaleureux que prévu. Une belle réussite du label Image, et encore une
bonne pioche pour Urban Comics. "Saga" est donc une série de science-fiction et, surtout, un
comics absolument génial à l'univers hyper dense et peuplé de
créatures magnifiquement dingues !!!
Angle Mort
d'Ingrid Astier
Note : 4 / 5
Synopsis :
"La nature a horreur du vide. Dans le banditisme peut-être plus qu'ailleurs". Diego est braqueur, né à Barcelone. Il vit à Aubervilliers, dans une
hacienda délabrée, avec son frère Archibaldo et des souvenirs. Leur sœur, Adriana, a fait d'autres choix. Artiste au cirque Moreno, elle
rêve d'accrocher son trapèze à la tour Eiffel.
Paris, bassin de la Villette. Lors d'un braquage, le gérant d'un bar s'effondre, terrassé par un coup de batte de base-ball. La brigade criminelle du 36 et le 2e DPJ sont co-saisis. Les commandants Desprez et Duchesne, aidés de la Fluviale, tirent le fil qui les fera remonter à Diego.
La traque est lancée, du quai des Orfèvres au canal Saint-Denis, des marges du Grand Paris aux cerveaux des indics, du port de l'Arsenal aux replis secrets d'Aubervilliers. Entre flingages et virées nocturnes, Diego garde toujours un temps d'avance. Comment piéger celui que rien n'arrête ?
Au fil de l'enquête, les histoires se tissent. Celle d'un homme dont le salut passe par les armes. Celle d'une jeune femme en lutte contre son hérédité. Diego prêt à tout pour protéger sa sœur. Adriana prête à tout pour protéger son frère. Quand les sentiments viennent bouleverser les liens de sang.
Critique :
Paris, bassin de la Villette. Lors d'un braquage, le gérant d'un bar s'effondre, terrassé par un coup de batte de base-ball. La brigade criminelle du 36 et le 2e DPJ sont co-saisis. Les commandants Desprez et Duchesne, aidés de la Fluviale, tirent le fil qui les fera remonter à Diego.
La traque est lancée, du quai des Orfèvres au canal Saint-Denis, des marges du Grand Paris aux cerveaux des indics, du port de l'Arsenal aux replis secrets d'Aubervilliers. Entre flingages et virées nocturnes, Diego garde toujours un temps d'avance. Comment piéger celui que rien n'arrête ?
Au fil de l'enquête, les histoires se tissent. Celle d'un homme dont le salut passe par les armes. Celle d'une jeune femme en lutte contre son hérédité. Diego prêt à tout pour protéger sa sœur. Adriana prête à tout pour protéger son frère. Quand les sentiments viennent bouleverser les liens de sang.
Critique :
Chez Ingrid Astier, le caractère obsessionnel du geste de l'écrivain
évoque le travail d'un peintre. Qu'elle décrive un commissariat de
banlieue ou la piste aux étoiles d'un cirque, aucun détail ne manque au
tableau. Quand elle trace les mots Paris, Saint-Denis ou Aubervilliers
sur le papier, elle veut que la littérature cesse d'être cosa mentale et
que le lecteur sente, entende et voie.
"Angle Mort" est un roman noir superbe, dont on souhaite qu’il ne séduise pas seulement
pour ses qualités techniques. Certes, on ne peut que rester agréablement pétrifié
devant la qualité de sa documentation : armes, méthodes de casse,
procédure policière, on jurerait qu’Ingrid Astier a passé une partie de
sa vie dans le milieu très fermé des braqueurs de banlieue avant de se
reconvertir chez ceux qui les traquent.
Cependant, si ce
professionnalisme concourt au parfum d’authenticité du récit, les
véritables mérites du roman sont ailleurs. Avec maestria, sans
embellissement épique ni dénigrement racoleur, Astier a choisi de
présenter trois semaines d’affrontement à Aubervilliers entre un jeune
hors-la-loi rageur et suicidaire et des policiers coriaces.
Il y a des livres dont les premiers mots nous sautent aux yeux comme des fléchettes sur une cible. C’est le cas "d’Angle mort" : "Les armes, c’est comme les femmes, on les aime
quand on les touche". Voilà un style qui fait mouche même si l’on dit
que les revolvers et les fusils sont des symboles phalliques. Ici
l’auteur est une femme et elle voit midi à sa porte. Dans ce polar nous
ne sommes ni à Chicago ni à Tokyo et encore moins à Singapour.
L’intrigue se déroule à Aubervilliers donc.
Magistralement mise en scène, la cité a vu, avec la
disparition de ses usines et d’une classe ouvrière organisée, les
solidarités se dissoudre dans les égoïsmes individuels et la volonté de
s’en tirer contre plutôt qu’avec. Loin des clichés et du mépris courant
pour l’humanité ondoyante et diverse qui s’y mélange, de la peinture au
vitriol d’une ville forcément sinistre et sinistrée, l’auteur témoigne
une véritable compréhension à ses habitants, jusqu’aux moins
recommandables. La ville est d’ailleurs une des héroïnes du récit. Comme
la Seine, lorsqu’à bord d’une embarcation de la brigade fluviale, on
découvre un monde insoupçonné avec la même frayeur émerveillée que les
lecteurs du XIXe siècle l’océan à travers les hublots du Nautilus.
Dans cet univers reconstitué avec un soin maniaque, ses personnages
évoluent avec un naturel confondant, restituant les grandeurs et misères
de l'humanité contemporaine de part et d'autre du périphérique nord
parisien dans les premières années du XXIe siècle. Il y a Diego, le
braqueur catalan, qui travaille avec son petit frère Archibaldo et
veille sur la fragile Adriana, sa sœur trapéziste au cirque Moreno. Mais aussi les
commandants Desprez et Duchesne, de la brigade criminelle, que l'on
retrouve trois ans après "Quai des enfers", premier roman d'Ingrid Astier. Comme dans ce premier
roman noir, ces policiers à la faconde audiardesque peuvent compter sur
le soutien de leurs collègues de la brigade fluviale, et notamment sur
celui de Remi Jullian, un plongeur habitué à éclairer les mystères de
Paris en inspectant ce qui se passe sous le fil de l'eau.
Astier sait créer de véritables personnages, fouillés, fascinants, attachants. Elle est très douée pour maintenir l’attention des lecteurs, une
politesse qui n’est pas donnée à tout le monde. Elle campe bien ses
personnages qu’elle fait évoluer dans une trame à rebondissements.
Le rythme et la construction du livre, alternant (simple, mais si
efficace) regards des tenants de la loi, et ceux des voyous, sont minutés par
un en-tête de chaque chapitre ("lundi 27 juin 2011 – 10h50 – Paris
XIXè – croisement du quai de Seine et de la rue Riquet – bar-PMU le
Bellerive"). Tout, mené à train d’enfer, vous faisant avaler les 500
pages, sans presque reprendre le souffle (une poursuite dans le canal
Saint-Martin est digne d’un très grand film américain).

Cette densité n'empêche en rien les accélérations
soudaines d'une action qui privilégie la vraisemblance aux frissons
faciles. L'ambiance qui rappelait Simenon ou Vargas qui a
attiré beaucoup de détracteurs pour "Quai des Enfers" laisse
place à une brutalité banlieusarde dont l'auteure a su gommer la plupart
des clichés au bénéfice de réalités ignorées par d'autres polars dit
"sociaux".
Au final, "Angle Mort" est un produit littéraire des plus réussis. Ingrid Astier a trente-sept ans, elle est française. Son roman,
magistral, évoque pourtant les chefs-d’œuvre du cinéma américain noir
des années quarante. "Angle mort" frappe par la netteté de son style, la précision
souveraine de son déroulement, la puissance de ses sombres images et la
hauteur de son ambition !!!
Rémi Guérin et Guillaume Lapeyre - City Hall : Un manga français au visuel léché et au scénario original !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Un drame a eu lieu à City Hall : le ministre des finances a été tué.
Très vite, l'inspecteur-chef Lester est sur le dossier. Il se rend
compte que le crime a été commis de façon improbable. Sur le cadavre, un
papier est découvert. Lester le saisit et, tout en le dissimulant sous
son manteau, se rend chez le maire Malcolm Little. Ce dernier fait appel
au romancier Jules Verne pour enquêter sur cette affaire.
Accompagné de
son assistant Arthur Conan Doyle, l’écrivain a pour mission de
retrouver le criminel. Le choix du maire énerve l'inspecteur, mais il
le justifie par le fait que le papier a disparu depuis plusieurs
décennies et qu'il fut longtemps utilisé comme support magique. Les
écrivains les plus talentueux pouvaient ainsi laisser vagabonder leur
imagination et créer des créatures aussi immenses que dangereuses. Pour
Jules Verne et Arthur Conan Doyle, qui n'ont jamais connu l'utilisation
du papier, débute une enquête où leur intelligence et leur talent seront
mis en valeur.
Critique :
Ankama a montré depuis plusieurs années que les mangas pouvaient parfaitement venir de France ! Après "Debaser" (et sa rock attitude) et "Appt.44" (et son extra-terrestre caché au milieu d'une colocation), l'éditeur lance "City Hall".
Les auteurs sont loin d'être des inconnus dans le 9ème art : Rémi
Guérin (le scénariste) et Guillaume Lapeyre (le dessinateur) ont déjà
œuvré sur de nombreuses séries.
"City Hall"
est une création réellement originale. Et de plus, c'est un manga français, ce qui est assez
rare pour être souligné vu les difficultés que les auteurs français
rencontrent pour publier ce genre de projet. Un manga français donc. Et Ankama a mis le paquet pour que ça ne se voie
pas. La maquette, la jaquette, le format, tout vous fera penser à la BD
nippone.
Habitués en Neuvième Art, Rémi Guérin ("Kookaburra Universe", "Les Véritables légendes urbaines") et Guillaume Lapeyre ("Ether", "Les chroniques de Magon", …) n’en sont pas à leur première collaboration, puisque "Explorers"
avait déjà été pour eux l’occasion d’un travail commun. L’occasion
également de broder, déjà, sur les travaux de Jules Verne et d’Arthur
Conan Doyle. C’est donc logique qu’on retrouve à présent en chair et en
os ces deux personnages en héros de leur nouvelle œuvre.

Après quoi, ce monde a suivi un
autre chemin que le nôtre et la technologie s’est développée plus
rapidement que la Révolution Industrielle. Nous voici donc dans un
environnement mécanique, prônant le travail à la chaîne comme une
nouvelle méthode de rentabilité révolutionnaire, mais possédant déjà
internet et des écrans LCD.
100%
certifié français, "City Hall" n’en obéit pas moins
scrupuleusement à tous les codes du manga, du format au style graphique
en passant par la découpe des cases. Seule la lecture, de gauche à
droite, échappe aux règles nippones du genre. Non content de mixer les
cultures, "City Hall" mixe aussi les genres ! Empruntant son Londres
victorien et ses mécanismes chuintants au courant steampunk,
il y allie des auteurs, sinon classiques, tout du moins à l’image
vieillissante auprès des jeunes générations, qu’il transforme en sorte
de super-héros. Ne parlons pas de l’aviatrice Amelia Earhart
soudainement dotée d’un décolleté plongeant et des plus sexy.

Un lecteur assidu de manga trouvera peut-être qu'il y a des similitudes avec "Death Note".
En effet, dans ce monde, écrire sur un cahier devient une arme. De
plus, les deux héros de l'histoire pourront vous faire penser aux duels de cerveaux
de "Death Note",
notamment Conan Doyle (auteur de "Sherlock Holmes") qui est capable de trouver des indices un peu partout tout
en restant méthodique et froid. Ils seront accompagnés par une charmante
jeune fille chargée de les "protéger".
Ainsi, si le principe initial pourrait
rappeler "Death Note", sans le côté sombre et sadique, "City Hall"
se distingue néanmoins par une narration millimétrée. Rémi Guérin
délivre un récit solide, un peu bavard par instants et
spectaculaire à d'autres. Les personnages sont bien en place et
disposent d'un caractère travaillé. Explosif et mené à toute allure, ce cocktail hétéroclite dépoussière
avec humour les héros de notre Histoire. Loin du méli-mélo pâteux que
cette réunion improbable aurait pu produire, le premier tome de "City Hall" frappe un grand coup grâce à son humour et son univers étonnant.

Au final, sous le trait assuré de Guillaume Lapeyre, et grâce aux talents de
conteur de son compère, les héros de cette aventure londonienne prennent
vie aussi sûrement qu’un papercut entre les mains de Lord Black Fowl.
Si le scenario n’a guère le temps que de s’esquisser dans ce premier
tome qui pose surtout les règles de son univers, nul doute que la suite
saura vous tenir en haleine d’un bout à l’autre.
Ce manga est aussi frais et original que l’idée qui le fait vivre. A
croire qu’il y a effectivement du Jules Verne là-dessous. C’est beau, un rien
bavard, mais bien pensé et rythmé. Les auteurs s’amusent à ajouter des héros de
renom face à un vilain rusé, insaisissable, et les pages défilent avec action
et humour !!!
Sylvain Runberg et Josep Homs - Millenium : Une adptation réellement réussie...chose rare !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Journaliste et copropriétaire du magazine Millenium,
Mikael Blomkvist déteste ce surnom qu’il a glané en offrant plusieurs
articles d’investigations qui ont fait grand bruit. Celui de "Super
Blomkvist". D’autant qu’en ce matin suédois frileux, devant le parterre
de confrères qui lui tendent leur micro à la sortie du tribunal, il ne
sent pas "Super" pour deux sous. Il vient en effet d’écoper d’une
amende de 300 000 couronnes et de 3 mois de prison pour diffamation
aggravée. Et ce, en raison d’un article accusant Hans-Erik Winnerström
de détournement de biens sociaux.
Le pire pour lui dans tout ça est de
voir Winnerström partir du tribunal totalement innocenté. Rapidement,
pour que son journal ne soit pas une des victimes collatérales de la
condamnation, Blomkvist décide de démissionner. Il en fait l’annonce le
soir même à son associée et maîtresse, Erika Berger, lors de fougueux
ébats. Un sympathique divertissement bientôt interrompu par l’appel de
l’avocat d’Henrik Vanger, un homme d’affaires puissant. Via l’agence
Milton Security et en particulier de l’une de ses employées Lisbeth
Salander, l’avocat sait que Blomkvist est l’homme de la situation.
Aussi
l’invite-t-il à rencontrer Vanger dans sa propriété d’Hedeby, pour
qu’il lui expose la mission qu’il souhaite lui confier. Et de fait, dès
le lendemain, Blomkvist est mis au parfum : Vanger souhaite qu’il
enquête sur la disparition de sa nièce, Harriet, dont il est sans
nouvelle depuis plus de 40 ans. Fugue, assassinat ? La police n’a jamais
eu la moindre piste. Pourtant, depuis plus de 40 ans, pour son
anniversaire, le vieil homme reçoit une fleur séchée encadrée.
Exactement comme celle que lui offrait sa nièce avant sa disparition.
Critique :
Critique :
A l’origine, "Millenium" est une trilogie de romans
policiers du journaliste et écrivain suédois Stieg Larsson décédé avant la
publication de ces livres. Publiée en Suède de juillet 2005 à mai 2007, cette
saga titrée "Millenium", dans les éditions en suédois et dans
diverses autres langues a obtenu un succès planétaire avec plus de 50 millions
d'exemplaires vendus à l’heure d’aujourd’hui. Après des adaptations au cinéma version suédoise et une
version américaine avec Daniel Craig, "Millenium" débarque en BD aux éditions
Dupuis sous la houlette des auteurs Sylvain Runberg et Josep Homs pour les deux
premiers tomes.
Au départ, on voit "adaptation BD de Millenium", et on
grimace un peu. Les adaptations de roman en bande dessinée sont
nombreuses ces dernières années, et la déception est parfois grande tant
l’exercice est difficile. Car transposer une œuvre d’un média, le
roman, à un autre, la BD, implique un autre rythme, une narration
différente, mais aussi de mettre concrètement en images ce qui n’était
que des mots.
Pour "Millenium", en plus, il y a le fait qu’il y a
déjà eu deux adaptations (la série suédoise, et le film américain) et
qu’on voit suspicieusement venir le titre commercial qui voudrait surfer
sur le succès de la franchise. Oui mais je vous arrête tout de suite, on aurait vraiment tort de penser ça du "Millenium" que nous offre Runberg et Homs.
Succès éditorial, télévisuel et cinématographique colossal, la fabuleuse trilogie du suédois Stieg Larsson
s’offre aux talents conjugués de Sylvain Runberg (scénariste français résidant à Stockholm) et José Homs pour une
excellente adaptation en bande-dessinée. Confié à un suspens policier à
tiroirs et sellé par la force d’attraction de ses protagonistes
principaux, chaque opus de la trilogie originelle sera traité en deux
tomes.
Que
l’on ait lu ou pas les romans de Stieg Larsson, que l’on ait vu les
films ou non, le plaisir sera au rendez-vous. Le duo a réussi le tour de
force de réinventer "Millenium", sans jamais le dénaturer.
C’est la même histoire et pourtant, c’est différent. Sylvain Runberg,
le scénariste, a retravaillé le roman de telle manière qu’il nous
propose de regarder chaque évènement, chaque détail, sous un angle
différent. Et Homs, dessinateur incroyablement talentueux, allie une
mise en scène impeccable à un dessin sublime (et la colorisation est
superbe elle aussi). Le rythme du roman était lent, ici la tension
grimpe à chaque page. La part belle est faite à la Suède, véritable
personnage de l’histoire. Les héros, eux, n’ont rien perdu en
personnalité, et cette Lisbeth-là concurrence sans problème Noomi Rapace question charisme.
Pour cette première immersion en terre
suédoise, on se laissera immédiatement prendre par la mécanique du
récit. Pour fil rouge, l’intrigue se gorge en effet d’une enquête sur la
disparation, 44 années plus tôt, d’Harriet Vanger, héritière d’une
famille au passé nauséeux. Enquête qui sera menée dans le huis-clos
d’une île par un journaliste à succès en disgrâce, Mikael Blomkvist. Le patriarche de la
famille Vanger lui promet ainsi de le réhabiliter grâce à quelques
juteuses informations, si toutefois il résout l’énigme de cette
disparition.
On suivra également avec attention, dans le même mouvement,
le tumulte de l’existence de Lisbeth Salander dont les connexions avec
Blomkvist sont pour l’heure à peine filigranées, mais dont le personnage
ne manque pas immédiatement d’interpeler. Rien à redire sur le plan de
l’adaptation ! Les coupes nécessaires pour une lecture dans ce nouveau
format sont en effet judicieusement choisies pour garder la
substantifique moelle du récit. Surtout, le rythme en tension, alimenté
par un impeccable découpage, des rebondissements pointus et
d’énigmatiques visions d’horreurs, agrippe avec force dès la lecture
entamée. Et ce quand bien même on connait déjà, pour les avoir lus ou vus,
les tenants et les aboutissants du récit.
Cette
adaptation est donc une pure merveille. Le scénario, on le connaît, est
très riche et son intrigue et ses personnages ne peuvent vous
laisser indifférent. Mais ce qui est frappant dans avec cette BD, c’est
l’alchimie entre le
scénario et un graphisme franchement brillant. Le dessinateur Homs
recrée avec
brio l’ambiance sombre, angoissante, parfois suffocante ou malsaine de
"Millenium". On retrouve ces personnages qui frappent, qui cognent et qui vous
laissent sur le carreau. Un franc bravo à Homs, sa partition fait de ce
premier opus une pure réussite.
Cette mise en bouche est donc plus que
satisfaisante, parfaitement rythmée, dense et tisonnant furieusement la
future association de Blomkvist et Salander. Josep Homs se saisit quant à
lui brillamment de cette adaptation, grâce à un dessin élégant et on ne
peut mieux cadré. On aime aussi sa mise en couleurs, qui assume
parfaitement la charge émotionnelle du récit. Enfin il garde aussi
l’intelligence de ne pas s’éloigner radicalement des images
cinématographiques imprimées malgré nous dans un coin de notre cerveau,
tout en offrant sa propre personnalité.
Fans des romans ou simplement amateurs de polar, ruez-vous sur cette
merveille ! Runberg et Homs sont allés bien au-delà de la
simple adaptation, et nous livrent un vrai petit bijou, sombre et lumineux à la fois, qui n’aurait, à coup sûr, pas déplu à feu Stieg Larsson.
Au final, cette première adaptation en BD ne surfe pas uniquement sur l’effet de
mode mais montre à quel point l’intrigue de la saga colle à celle du
genre. L’action, le suspense, l’angoisse, tout est là, et c’est un
régal. Les choix graphiques de Josep Homs sont très convaincants,
l’auteur ayant par ailleurs un art certain de la mise en scène, apte à
captiver le lecteur. Au scénario, Sylvain Runberg trouve le juste
équilibre entre une adaptation fidèle et la retranscription d’une
ambiance suédoise qu’il connait bien.
En d’autres termes, on ne s’ennuie
pas une seconde et on prend un plaisir fou à redécouvrir une histoire
qu’on connaît pourtant par cœur. C’est là un joli tour de force !!!
Butcher Bird
de Richard Kadrey
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
Synopsis :
Spyder est un tatoueur spécialisé dans les motifs anciens, les runes et
les symboles ésotériques. Parce que sa copine vient de le larguer, il
décide d'aller noyer son chagrin au Bardo, le seul bar tibétain de San
Francisco, dont la saleté des sanitaires est proverbiale. Alors qu'il
vide tequila sur tequila en se demandant qu'elle est la pire façon de
mourir, il rencontre une aveugle fort désirable, Pie-grièche.
En sortant du bar, Spyder est agressé par un démon. Mais comme les démons n'existent pas, il décide qu'il s'agit plutôt d'un junkie de taille inhabituelle. Au moment où il va recevoir le coup de grâce, Pie-grièche intervient et décapite le monstre avec sa canne-épée.
Le lendemain, perclus de douleurs, Spyder découvre une Californie hantée par des démons aztèques, tibétains, et bien d’autres créatures fabuleuses qu'il est le seul à voir. Une personne peut lui expliquer ce qui lui arrive : Pie-grièche. Mais on ne se mêle pas impunément des affaires de la belle tueuse de démons.
Critique :
En sortant du bar, Spyder est agressé par un démon. Mais comme les démons n'existent pas, il décide qu'il s'agit plutôt d'un junkie de taille inhabituelle. Au moment où il va recevoir le coup de grâce, Pie-grièche intervient et décapite le monstre avec sa canne-épée.
Le lendemain, perclus de douleurs, Spyder découvre une Californie hantée par des démons aztèques, tibétains, et bien d’autres créatures fabuleuses qu'il est le seul à voir. Une personne peut lui expliquer ce qui lui arrive : Pie-grièche. Mais on ne se mêle pas impunément des affaires de la belle tueuse de démons.
Critique :
Décidément, Denoël/Lunes d’encre a connu une étincelante année 2012. Après "Soldat des brumes" et "Armageddon Rag", l’éditeur a encore changé de
registre, avec un roman signé Richard Kadrey, un roman qui
nous fait basculer à cette occasion du côté de la fantasy urbaine. Mais pas seulement.
Richard Kadrey n'est pas un inconnu en France : il y a été publié deux fois, dans la défunte collection Présence du Futur. "Métrophage" parut en 1988, et "Kamikaze l'Amour"
en 1997. Les deux s'attirèrent plutôt de bonnes critiques. Alors,
comment cela se fait-il que l'on n'ait plus croisé ensuite l'auteur ?
Tout simplement parce que Kadrey était un auteur rare jusqu'à il y a
peu.
Sur les sept romans qu'il a publiés, cinq datent de moins de dix
ans. Et la cadence s'est accélérée depuis 2007 et la parution de "Butcher Bird" : à partir de 2009, il écrit un roman par an dans la série "Sandman Slim",
que Denoël devrait faire paraître à partir de 2013. Ajoutez à cela une
passion pour la photographie, notamment fétichiste (dont on peut voir
certains clichés en
cherchant "Kaos Beauty Klinik" sur le net, mais attention, ils ne conviennent pas à tous publics), et vous comprendrez sans
doute mieux que l'on n'a pas affaire ici à une carrière d'auteur
classique.
"Butcher
bird" est le quatrième livre de Kadrey, une incursion dans l'univers
impitoyable des anges et des démons qui se livrent un éternel combat. Le
pitch est plus que classique : un homme a priori normal, quoiqu'un peu
en marge de la société
et qui, du jour au lendemain, découvre un tout autre univers auquel
lui-même appartient sans jamais en avoir eu conscience.
Avec un tel
début on ne peut s'empêcher de penser à quantité de romans ou de films
qui font figures de références. Pour peu qu'on précise que cet univers
s'étend sur plusieurs niveaux (on parle de sphères), qu'il est peuplé de
monstres, de démons et d'anges, qu'il est écrit avec une bonne dose
d'humour et qu'il frise la satyre par moment, le choix se limite
alors à des auteurs tels que Hal Duncan, Neil Gaiman, et à des films tels que "Dogma".
D'ailleurs, à la lecture de la quatrième de couverture, ou même des premiers
chapitres, on pourrait se croire dans une aventure de fantasy urbaine
comme l’on en croise finalement souvent (malgré quelques indices nous
laissant penser le contraire !), avec un univers caché qui se dévoile à
notre héros, l’irruption de la magie dans son quotidien, des dialogues
qui n’ont rien de châtié pour insister sur le caractère fort en gueule
des personnages, sans même parler des traditionnelles références à la
pop-culture, aussi bien pour ancrer le récit dans notre monde que pour
adresser quelques clins d’œil au lecteur.
Toutefois, malgré les références classiques qui s’en dégagent, ce qui est attrayant ici,
c'est que le roman a indéniablement un côté manga avec ses combats
à l'arme blanche, les batailles et certaines scènes cocasses. Ils sont savamment orchestrés, facilement visualisables et
spectaculaires. Ça et l’humour dans les dialogues. Ainsi, pour peu que ce cocktail soit efficace, et c’est le cas, les références
de l’auteur ou ses seconds rôles atypiques suffiraient à hisser le roman
largement au-dessus de l’essentiel de la production du genre, en
particulier en lorgnant du côté des rayonnages encombrés de la Bit-Lit.
Le style de Richard Kadrey est vivifiant, direct et sans fioriture. L’atmosphère de "Butcher Bird"
est brûlante et électrique. Le rythme est soutenu avec une intrigue
solide combinée à de l’action et de l’humour, ce périple est un vrai
plaisir à lire. Bien que la trame de fond ne soit pas très innovante, la
guerre ancestrale entre le Bien et le Mal, l’auteur a su avec brio
faire prendre à la légende une tournure intéressante et rafraîchissante.
D’ailleurs, on a du mal à lâcher le roman une fois commencé, les pages
défilent toutes seules sous nos doigts. De plus, l’univers est
passionnant, bien pensé, bien défini et expliqué avec sa faune
surnaturelle riche et hétéroclite et ses différentes sphères qui
englobent des mondes variés entourés de magie noire et de mystère.
Il suffit de patienter une poignée de chapitres pour que les
choses s’emballent nettement : aussi bien au niveau de l’intrigue
proprement dite que du côté de la plume de Kadrey, qui nous dépeint tout
à coup des scènes réellement dantesques et fait preuve
d’une imagination débordante qui rivalise avec certaines idées d’un Neil
Gaiman période "Sandman" ou "Neverwhere" ou bien encore d’un John C. Wright
façon "Guerriers de l’Eternité". Le roman acquiert alors une tout autre
ampleur, une tout autre couleur, et le rythme ne faiblit plus à partir
de là, le roman se découpant qui plus est en courts chapitres qui
s’avalent les uns après les autres, sans imposer le moindre temps mort.
C’est avec un plaisir jubilatoire que l’on se laisse littéralement emporter par ces montagnes russes déjantées et roublardes, entrecoupées de répliques cinglantes mais aussi de rencontres souvent aussi dangereuses que savoureuses. En ce qui concerne les personnages justement, ils sont charismatiques, originaux, attachants et fascinants. Du reste, Richard Kadrey a effectué un excellent travail avec le Prince des Ténèbres qui est surprenant. C’est avec un réel et attachant amusement que nous avons suivi les joutes verbales entre nos protagonistes qui sont à la fois sarcastiques et intelligentes.
Alors, bien sûr, on pourra trouver justement que les dialogues forcent parfois un peu le trait, que la relation entre Spyder et Pie-grièche n’est pas follement originale ou que certains fils de l’intrigue se concluent de façon quelque peu abrupte, mais, très honnêtement, ce serait bouder son plaisir et jouer les pisse-froid !
C’est avec un plaisir jubilatoire que l’on se laisse littéralement emporter par ces montagnes russes déjantées et roublardes, entrecoupées de répliques cinglantes mais aussi de rencontres souvent aussi dangereuses que savoureuses. En ce qui concerne les personnages justement, ils sont charismatiques, originaux, attachants et fascinants. Du reste, Richard Kadrey a effectué un excellent travail avec le Prince des Ténèbres qui est surprenant. C’est avec un réel et attachant amusement que nous avons suivi les joutes verbales entre nos protagonistes qui sont à la fois sarcastiques et intelligentes.
Alors, bien sûr, on pourra trouver justement que les dialogues forcent parfois un peu le trait, que la relation entre Spyder et Pie-grièche n’est pas follement originale ou que certains fils de l’intrigue se concluent de façon quelque peu abrupte, mais, très honnêtement, ce serait bouder son plaisir et jouer les pisse-froid !
Après un roman cyberpunk ("Métrophage") puis un digne successeur du Ballard de "La forêt de cristal" ("Kamikaze l'Amour"),
Kadrey change donc une nouvelle fois de registre en arpentant les
terres de la fantasy urbaine. Il nous livre ici un livre
particulièrement réjouissant, un roman de démonologie mâtiné de roman
d'aventures picaresques, entre batailles aériennes et plongée
étourdissante dans les entrailles de la Terre, le tout traversé par des
personnages particulièrement déjantés.
C'est sympa, rythmé, léger mais
aussi parfois grave, et surtout c'est porté par un humour corrosif qui
s'exprime essentiellement par des dialogues percutants. Et n'oublions pas le recours permanent à des éléments de culture et de contre-culture.
Ce plaisir de la langue fleurie,
et des discussions à n'en plus finir (comme lorsque John Travolta et
Samuel Jackson préfèrent différer un règlement de comptes dans "Pulp
Fiction" afin de pouvoir finir leur café peinards), participe beaucoup à
l'attrait de ce roman.
Au final, "Butcher Bird" se révèle un livre fort plaisant, une distraction démonologique et rock. C'est
une urban-fantasy moderne à la beauté brutale et élégante où un
antihéros et une héroïne maudite se retrouveront mêlés au sort du monde.
On ira de rebondissements en révélations où se côtoient violence et
douceur, religion chrétienne et bouddhisme. Richard Kadrey est un
conteur brillant qui nous entraîne dans un road trip divertissant.
"Butcher
bird"
est un livre fantastique où il est question d'anges et de
démons. Jusqu'ici, rien de nouveau. La fraîcheur des anti-héros,
l'humour présent de bout en bout et les rebondissements en font
néanmoins, à défaut d'être un très grand roman, un grand divertissement.
C'est aussi une porte d'entrée idéale dans l'univers de Richard Kadrey
que l'on dit complètement déjanté avec notamment "Sandman Slim" et que l'on espère rapidement lire en France !!!
Chiho Saitô, éditions Soleil - Le Vicomte de Valmont, Les Liaisons Dangereuses : Un classique remis au goût du jour par un rythme dynamique et avec une belle illustration !!!
Note : 3.75 / 5
Synopsis :
Synopsis :
Paris, 18ème siècle. Cécile de Volanges, 15 ans, a été
élevée dans un couvent et, un mois après sa sortie, la demoiselle ignore
tout des choses de la vie, son absence de connaissance n’ayant d’égale
que sa candeur. Sa mère a prévu de la marier au comte de Gercourt, un
homme largement plus âgé qu’elle, mais elle craint que la jeune fille ne
puisse survire dans le milieu mondain.
Aussi, elle demande à sa
cousine, la marquise de Merteuil, de l’aider à parfaire l’éducation de
Cécile. La marquise accepte volontiers mais ne compte pas tout à fait
faire ce qui lui est demandé. En fait, elle souhaite se venger du comte
de Gercourt et écrit donc une lettre à un de ses anciens amants, le
vicomte de Valmont, dont le tempérament libertin est connu de tous. Elle
lui demande de l’aider à déflorer Cécile pour que le futur époux de
cette dernière soit humilié le jour des noces.
Valmont refuse car il a
une autre proie en vue, qui promet beaucoup plus de challenge : la
présidente de Tourvel, une femme très pieuse dont le mari est absent. La
marquise de Merteuil lui trouve toutefois un remplaçant : le chevalier
Danceny qui s’est amouraché de Cécile, ce qui est réciproque. Commence
alors un jeu entre les deux correspondants : la marquise de Merteuil
remportera le pari si Cécile perd sa chasteté avant que Valmont ne fasse
de la présidente de Tourvel sa conquête.
Critique :
Qui n’a jamais entendu parler du célèbre roman "Les Liaisons Dangereuses"
de Pierre Ambroise François Choderlos de Laclos ? Pour ceux-là, je rappellerais qu’il
s’agit de l’histoire d’un duo de libertins sadiques, la marquise de
Merteuil et le vicomte de Valmont, qui vont faire d’innocentes personnes
les victimes de leurs cruels jeux de séduction. Cette œuvre célèbre du XVIIIème siècle, se déroulant à Paris, dévoile la
correspondance des lettres entre le vicomte de Valmont et la marquise
de Merteuil, tous deux libertins, pervers et manipulateurs donc.
"Les Liaisons dangereuses" ont fait l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques,
télévisuelles, théâtrales, musicales… Le manga en deux volumes signé de
la mangaka Saitô Chiho, auteure entre autre "d'Utena, la fillette
révolutionnaire", a
été publié en 2010 par Shogakukan au Japon. Le premier tome est paru en
France le 9 janvier 2013 aux éditions Soleil Manga et le deuxième et
dernier volume est paru le 6 mars 2013.

L’adaptation en manga est plutôt réussie et se lit aisément du fait que
l’histoire ne comporte que les éléments essentiels du roman. C’est
d’ailleurs toujours un exercice périlleux que d’adapter un roman
contenant un nombre de pages conséquent, notamment en manga avec deux
volumes. Objectivement, Saitô Chiho nous
sert un récit concis, bien mené sans détails soporifiques et avec des
graphismes agréables.

Si les adaptations en manga de chefs d’œuvre
de la littérature sont souvent bâclées, ce n’est absolument pas le cas
de celui-ci qui est le parfait exemple de ce qu’on souhaite lire. Si
l’on ne connaît pas encore ce classique magnifique, voici une
excellente occasion de le découvrir et pour ceux qui le connaissent, une
excellente occasion de le redécouvrir !!!
Johns, Reis et Mahnke - Blackest Night, T1, Debout les morts : Un cross-over ambitieux et complètement prenant !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Synopsis :
William Hand a toujours été passionné par la mort. Il a
grandi dans le funérarium où son père exerçait. William a toujours été
fasciné par les choses mortes et il a souvent empaillé des animaux, dont
son propre chien de compagnie. Un jour, alors qu'il se balade dans un
cimetière, il croise Atrocitus, qui voit en lui un doux espoir, celui
des ténèbres absolues.
Avant que la créature soit capturée par Sinestro
et Hal Jordan, deux Green Lanterns, elle confie à William un objet. Ce
dernier permet à Hand d'utiliser la lumière verte telle une arme. Des
années durant, il se battra contre Green Lantern sous l'identité de
Black Hand afin d'éteindre la lumière qui l'empêche de dormir.
Seulement, un jour, William Hand entend une voix. C'est la mort qui
l'appelle et l'invite à le rejoindre. Black Hand rentre alors au
funérarium et élimine chaque membre de sa famille. Il garde son dernier
geste pour lui et s'effondre, le crâne transpercé par la lumière de
l'objet qu'Atrocitus lui avait confié. La mortelle blessure se remplit
soudainement d'un liquide noir. Un anneau noir arrive et ramène William à
la vie.
Black Hand est à présent conscient, il se fait l'exécuteur
d'une mystérieuse entité. Dans les heures qui viennent, Black Hand
ramène d'anciens super héros à la vie. L'objectif est simple : conquérir
le monde avec les hordes de morts-vivants qui sont sous ses ordres.
Critique :
Critique :
Un fan de Green Lantern de DC Comics, ne peut décemment pas rater cet
album. "Blackest Night" est sans doute une des meilleures sagas de ces dix
dernières années pour l'éditeur américain. C'est un
cycle paru avant la remise à zéro New 52 (Renaissance, chez Urban),
qui apporte une forme de conclusion aux intrigues lancées depuis 2005
par Geoff Johns autour de l'univers des Green Lanterns.
Absolument incontournable, donc !

L'histoire de Johns est simple et bigrement efficace. Centré sur l’univers
"Green Lantern" pré-relaunch donc, ce cross-over épique débute avec le suicide
d’un super criminel, le sinistre Black Hand. Ressuscité par des forces
qui dépassent l’entendement, le vilain devient l’agent d’un mal
indéfinissable, qui s’attaque à tous les corps de Lanterns existants en
ressuscitant les morts. Et dans ce contexte mi-chemin entre l’univers
héroïques et un bon gros survival de Zombie, nos héros favoris vont
devoir lutter pour le sort du cosmos.
Comme souvent avec l'auteur, on retrouve un
récit dense, bien construit, où les manipulations et les rebondissements
sont nombreux. Geoff Johns inclut de nombreux héros et ce qui aurait pu
être un frein majeur pour le néophyte, ne l'est pas grâce aux qualités
narratives de l'auteur et à quelques petites astuces éditoriales. "Blackest Night" se montre donc un récit intense.
Toutefois, "Blackest Night" n’est pas qu’une histoire de zombie. Certes des
personnes décédées ressuscitent tout au long des 300 pages de ce tome 1
publié par Urban Comics en France, mais assimiler cette série à une vague histoire
de morts-vivants serait réducteur. Car avant tout c’est cette limite si
faible entre la fiction et la réalité dont il est question ici.
Fiction
car nous sommes avant tout plongés dans le monde merveilleux des
super-héros de comics, dotés de super-pouvoirs et aux arcs narratifs
tellement longs que c’est à se demander s’ils sont capable de mourir. Et
c’est là que la réalité prend place. Car oui, le héros peut mourir et
chaque mort constitue un moment crucial dans la continuité. Et dès lors,
le lecteur est renvoyé à sa situation de pauvre mortel qui lit des
histoires de super-héros pas si immortels que ça, et ce dès les
premières pages car tout commence le jour où l'on commémore les défunts
héros.
Vous
l’aurez compris,
ceux qui oseront feuilleter les pages de "Blackest Night" n’en
reviendront
pas indemne ! Avec ce pitch dantesque, Geoff Johns fait culminer des
années de travail sur l’univers "Green lantern" dans une bataille
impliquant non seulement les gardiens d’émeraude, mais aussi tout le
reste de l’univers DC. Autant vous le dire tout de suite, ceux qui n’ont
pas un minimum de connaissances sur cet univers risquent de se heurter à
quelques incompréhensions. Heureusement cependant, Urban a pensé aux
débutants, en complétant son
album de quelques explications fort utiles, qui permettent notamment de
faire le lien entre cet univers pré-relaunch et celui développé chaque
mois en kiosque dans les sagas.
Urban Comics se démène pour permettre aux néophytes de suivre ce qui se
passe à l'aide de résumés, de présentations de personnages, voir
même d'épisodes supplémentaires facilitant la compréhension, et régale
les habitués avec plusieurs pages de commentaires des
épisodes par les artistes y ayant contribué ou avec les pages du
Journal de Black Hand. Impossible d'être perdu ou de se sentir floué par
une telle édition.
Parlons un peu dessin maintenant. Il semble évident que "Blackest Night" est clairement une œuvre de
scénariste. C'est le bébé de Geoff Johns. Mais Ivan Reis, pour
parler de lui avant tout, et Doug Mahnke sont des dessinateurs fantastiques. Ils livrent une copie sombre à souhait. Leurs
styles sont différents : Reis encre plus ses planches que Mahnke. Mais
une fois dans la lecture, cela ne choque pas du tout.
Ils nous proposent régulièrement des pages doubles, des splash-pages comme
on dit en anglais, à tomber par terre. L'une d'elle montre un
fond noir avec les zombies
en uniforme noir, et reste pourtant parfaitement lisible, on peut
dénombrer et identifier tous les personnages. Leur style au trait fin, énergique,
convient parfaitement à la multitude de fils d'intrigues
développés par leur collègue scénariste. De plus, ce premier Tome est remarquablement mis
en couleur.
Au final, "Blackest Night" est donc un épisode-clé de la continuité DC dans lequel le scénariste Geoff Johns
dévoile tout ce qu’il a mis en place depuis cinq ans. A la fois sur
Terre et dans l’espace, le monde des super-héros sera bouleversé à
jamais car ceux qu’ils croyaient disparus à jamais reviennent les hanter
pour en plus tenter de les tuer. Même s’il n’en porte pas le nom et
qu’il ne concerne pas le multivers, l’événement s’apparente à une crise
car il touche tout l’univers DC.
L’œuvre est aussi une ode à l’âge d’argent des comics car les protagonistes en sortent tout droit, après avoir été ressuscités par Johns. Et au-delà des combats qui s’enchaînent, la série offre une véritable réflexion sur la part d’humanité que détient chaque super-héros. Enfin, pour ceux qui hésiteraient encore, n’oubliez pas qu’après la nuit, aussi sombre soit-elle, vient le jour.
L’œuvre est aussi une ode à l’âge d’argent des comics car les protagonistes en sortent tout droit, après avoir été ressuscités par Johns. Et au-delà des combats qui s’enchaînent, la série offre une véritable réflexion sur la part d’humanité que détient chaque super-héros. Enfin, pour ceux qui hésiteraient encore, n’oubliez pas qu’après la nuit, aussi sombre soit-elle, vient le jour.

Istin, Duarte et Saito - Elfes, Tome 1, Le crystal des Elfes bleus : Un superbe moment d'évasion magnifiquement imagé, mais qui manque légèrement d'originalité !!!
Note : 3.75 / 5
Synopsis :
C’est la débandade dans le royaume des elfes. Le village Ennlya a été
sauvagement attaqué et tous ses habitants elfes ont été retrouvés
massacrés. La belle elfe Lanawyn, assistée de l’humain Turin, mène
l’enquête et se rend au village pour constater les dégâts. Elle y trouve
un spectacle apocalyptique et un indice précieux : une dague qui
appartient au clan brutal des Yrlanais.
Dans le même temps, une
expédition elfique est chargée d’une mission des plus délicates :
accompagner Vaalann au royaume des eaux pour y récupérer le Crystal. Cet
objet magique et précieux désignera l’élu, celui capable de maîtriser
les mers et les océans. Pendant que Vaalan plonge dans les tréfonds de
l’océan pour récupérer le Crystal, Lanawyn et Turin plongent dans la
gueule du loup en rendant visite aux Yrlanais. Jamais le destin des
elfes n’avait connu de telles turpitudes.
Critique :
Critique :
Les éditions Soleil lancent une série concept de cinq albums autour de
ce peuple mythique que sont les Elfes, avec des auteurs différents à chaque fois. Cette
première histoire propose d’aller à la rencontre des Elfes bleus, dont
l’univers est lié à l’eau, et c’est Jean-Luc Istin qui s’y jette.
L’heroïc-fantasy a toujours laissé une
grande part aux personnages des elfes, peuple noble et élégant, doué de
sagesse et de magie. Quoi de plus naturel, du coup, que de leur
consacrer une série en bande dessinée ? Pour ce faire, Soleil invite
l’inévitable Jean-Luc Istin à s’occuper du scénario. Grand adepte de
l’aventure et des récits légendaires, Istin n’en est pas à son coup
d’essai, puisqu’il a enchaîné bon nombre de récits sur la légende
d’Arthur, l’histoire des Templiers et autres aventures épiques. Ce
savoir-faire se ressent très vite dans l’album. Istin nous transporte
dans un monde enchanté plein de dangers et de péripéties.
Le
scénariste et directeur de collection est très à l’aise avec
l’imaginaire et cela se ressent. Bien sûr, le tout souffre du format
one-shot qui n’autorise pas le développement des caractéristiques
propres aux "longues oreilles". Cependant, l’alternance entre
l’enquête sur le massacre des villageois d’Ennlya et le parcours de
Vaalan pour devenir le guide de son peuple est habillement agencée. La
narration ne souffre d'aucun temps mort, les personnages, malgré le
manque d’espace, sont intéressants et bien présentés.

Alternant donc deux histoires en parallèle, on
assiste à deux récits classiques, dignes des romans : une enquête sur une
affaire criminelle des plus sombres (le massacre du village Ennlya) et
un récit d’initiation (Vaalann qui devient l’élu). Deux éléments
classiques d’une histoire, qui ont tous deux pour sujets les elfes. Avec
des dialogues soignés et une narration savamment orchestrée, le lecteur
est rapidement transporté dans le royaume des elfes et familiarisé à
leurs us et coutumes.
Toutefois,
si le récit reste des plus classiques, il est tout à fait plaisant, et
est magnifiquement mis en images par Kyko Duarte ("Chronique de la guerre des Fées").
Le dessinateur espagnol passe avec une égale réussite de plans
rapprochés sur les protagonistes à de grandes cases proposant des décors
majestueux, en particulier ceux liés au royaume marins des êtres bleus.
Le cadrage varié sert efficacement l’aventure.
Tout comme Istin, Duarte n'en est pas à son coup d'essai. Ce dernier, aiguisé par le travail remarquable réalisé dans les séries "Chroniques de la guerre des fées", "De sang-froid", "Le Capitaine Fracasse",
nous démontre une fois de plus son savoir-faire dans la manière de
mettre en images un univers imaginaire bien léché, indubitablement
magique peuplé de créatures disparates. Le geste, maîtrisé,
proportionnel, plein de créativité, peut se révéler doucereux quant à
l'apparence des elfes féminins mais également incisif quand il s'agit de
décrire la cruauté et la dureté de certains autres personnages.

Au final, même si, compte tenu du thème, un soupçon d’originalité aurait été le
bienvenu, cette épopée possède suffisamment d’atouts pour séduire les
lecteurs désireux de s’offrir un bon moment d’évasion. Le spectacle est impressionnant.
Dans ce bel écrin graphique, l’histoire se déploie
majestueusement. Istin prend le temps de décrire les personnages
importants : la colère du roi Rinn, la perfidie du conseiller Siemir, la
cruauté sournoise des orcs… De plus, la fin réserve de belles
surprises. Récit d’heroïc-fantasy dépaysant et prenant, le pilote de
cette œuvre sans prétention offre un beau moment de détente et de
plaisir. Une première partie engageante qui mêle harmonieusement monde légendaire et quête aventureuse fantastique. A suivre donc !!!
Le nom du vent,
Chronique du Tueur de Roi
de Patrick Rothfuss
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
Critique :
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
J'ai libéré des princesses. J'ai incendié la ville de
Trebon. J'ai suivi des pistes au clair de lune que personne n'oserait même
évoquer. J'ai conversé avec des dieux, aimé des femmes et écrit des chansons
qui font pleurer les ménestrels. J'ai été exclu de l'Université à un âge où
l'on est encore trop jeune pour y entrer. J'y étais allé pour apprendre la
magie, celle dont on parle dans les histoires. Je voulais apprendre le nom du
vent. Mon nom est Kvothe. Vous avez dû entendre parler de moi.
Raconté par Kvothe lui-même, voici le
conte de ce jeune homme, naturellement doué pour la magie et qui deviendra ce
magicien que tout le monde connait.
Voici le récit intime de sa jeunesse auprès d’une troupe de baladins, de ses
années noires comme orphelin au milieu d’une cité où le crime guette, de son
pari fou pour s’inscrire à une école de magie légendaire, et de sa vie passée
comme fugitif après la mort d’un roi.
Critique :
Premier
tome de la trilogie "Chronique du Tueur de Roi" et premier roman de
Patrick Rothfuss, ce livre est une véritable réussite. On y découvre le
personnage de Kvothe, arcaniste légendaire qui nous propose un récit de sa vie
et de ses aventures relatées en l'espace de trois jours ("Le nom du
vent" correspondant à la première journée de narration). On est très vite
happé par l'univers fascinant dépeint par l'auteur, tant par les paysages et
villes évoqués que par l'originalité et la complexité du système de magie
élaboré.
Écrit à l’origine en un seul tome,
mais trop long pour être publié dans ce format, il a été découpé en une
trilogie. Les deux tomes suivants sont donc déjà écrits. Classique, déjà-vu, pourrait-on dire ? Oui, c’est vrai,
Patrick Rothfuss reprend les codes bien connus de la high-fantasy, mais, et
c’est plus rare, il le fait avec élégance et brio ! L’écriture est
superbe, légère, le style fluide, et plus les pages défilent plus il devient
compliqué de s’arrêter. Ce livre arrive à procurer une réelle sensation de
manque, un besoin de lire la suite, une difficulté à le reposer.
Il y a par moments des livres qui
arrivent à faire évoluer un genre, à l’amener vers d’autres horizons. "Le
Nom du vent" fait partie de ses ovnis dignes d’être décortiqués à
chaque page, chaque ligne, chaque mot. Il se veut digne des plus beaux romans
d’apprentissages et nous fait suivre la première partie des aventures de Kvothe
: son éducation, son entrée à l’Université à un âge précoce et ses multiples
péripéties, drames, qu’a connus sa jeunesse.
Le récit est construit d’une manière classique, à l’aide d’un schéma
souvent utilisé et plus particulièrement au cinéma : le début du livre voit
Kvothe d’un certain âge dictant son histoire à un scribe. Et donc au lecteur. Et ne vous attendez-pas à un récit
avec un héros pompeux, sans défauts. Kvothe est jeune et ça entraîne les bons
et mauvais côtés de la jeunesse.
L'attrait de ce premier tome est
renforcé par une singularité : la cohabitation de deux modes de narration
! La troisième personne pour le présent de Kvothe, et la première personne pour
son passé. Cela rend le héros principal très attachant, met en exergue ses
émotions, et on ne peut que compatir aux différents coups durs auxquels il doit
faire face.
"Le nom du vent" est une gigantesque fresque, fabuleuse dans ces descriptions et fabuleuse dans le parti pris narratif de l'auteur. Roman à tiroirs, oscillant entre focalisation interne et externe, avec des histoires dans l'histoire, Patrick Rothfuss ne choisit pas la facilité. Le roman n'est absolument pas tourné vers l'action, ici pas d'épées qui s'entrechoquent, pas de grands champs de batailles et très peu de violence, on est dans une fantasy sage et propre ce qui en temps normal n'est pas du tout mon style.
Pourtant, il faut le reconnaître, malgré certaines longueurs et certains temps morts, "Le nom du vent" est un grand roman que l'on ne lâche pas si facilement. Là où Rothfuss est fort c'est dans la construction de ces personnages qui du secondaire au méchant sont tous attachants, avec leurs particularités et leurs défauts.
Une fois les premières pages passées servant à mettre en place les personnages, l'univers et la rencontre entre Kvothe et Chroniqueur, le lecteur n'a plus qu'à se laisser plonger dans la vie captivante du héros. Une vie remplie de souffrances, de désillusions mais aussi de rencontres, d'amours et de quêtes. Une vie trépidante et palpitante qui fait qu'on a du mal à abandonner ce livre. L'auteur maîtrise parfaitement bien son histoire et joue avec une grande efficacité sur les rebondissements et les effets de surprises mais aussi sur les émotions et les moments plus intimes de la vie de Kvothe.
Concernant l'univers on retrouve avec plaisir un univers vraiment magique et efficace remplis de peuples différents, de magies passionnantes, d'un bestiaire vraiment intéressant mais aussi un univers d'artiste ou la musique et la poésie ont une grande place et rendent l'histoire vraiment agréable. Ce premier tome pose des bases solides et efficaces concernant l'univers comme par exemple sur la mythologie des "chandrians" dont on espère en apprendre plus dans les prochains tomes. L'auteur a vraiment réussi à mettre en place un univers agréable et magique.
Autre grande force du roman, la description des lieux et des villes : on y est ! On marche le long de grandes bibliothèques remplies de livres interdits, on est dans des villes souvent lumineuses, des tavernes sordides et à chaque fois le danger ou l'amour guettent notre héros. Sachant que la plupart du roman se situe dans l'université des magiciens, ces descriptions sont très précieuses pour le lecteur qui voit devant ces yeux vivre tout l'Arcanum et ses passages secrets ! La description des mythologies est aussi assez surprenante et très travaillée.
"Le nom du vent" est une gigantesque fresque, fabuleuse dans ces descriptions et fabuleuse dans le parti pris narratif de l'auteur. Roman à tiroirs, oscillant entre focalisation interne et externe, avec des histoires dans l'histoire, Patrick Rothfuss ne choisit pas la facilité. Le roman n'est absolument pas tourné vers l'action, ici pas d'épées qui s'entrechoquent, pas de grands champs de batailles et très peu de violence, on est dans une fantasy sage et propre ce qui en temps normal n'est pas du tout mon style.
Pourtant, il faut le reconnaître, malgré certaines longueurs et certains temps morts, "Le nom du vent" est un grand roman que l'on ne lâche pas si facilement. Là où Rothfuss est fort c'est dans la construction de ces personnages qui du secondaire au méchant sont tous attachants, avec leurs particularités et leurs défauts.
Une fois les premières pages passées servant à mettre en place les personnages, l'univers et la rencontre entre Kvothe et Chroniqueur, le lecteur n'a plus qu'à se laisser plonger dans la vie captivante du héros. Une vie remplie de souffrances, de désillusions mais aussi de rencontres, d'amours et de quêtes. Une vie trépidante et palpitante qui fait qu'on a du mal à abandonner ce livre. L'auteur maîtrise parfaitement bien son histoire et joue avec une grande efficacité sur les rebondissements et les effets de surprises mais aussi sur les émotions et les moments plus intimes de la vie de Kvothe.
Concernant l'univers on retrouve avec plaisir un univers vraiment magique et efficace remplis de peuples différents, de magies passionnantes, d'un bestiaire vraiment intéressant mais aussi un univers d'artiste ou la musique et la poésie ont une grande place et rendent l'histoire vraiment agréable. Ce premier tome pose des bases solides et efficaces concernant l'univers comme par exemple sur la mythologie des "chandrians" dont on espère en apprendre plus dans les prochains tomes. L'auteur a vraiment réussi à mettre en place un univers agréable et magique.
Autre grande force du roman, la description des lieux et des villes : on y est ! On marche le long de grandes bibliothèques remplies de livres interdits, on est dans des villes souvent lumineuses, des tavernes sordides et à chaque fois le danger ou l'amour guettent notre héros. Sachant que la plupart du roman se situe dans l'université des magiciens, ces descriptions sont très précieuses pour le lecteur qui voit devant ces yeux vivre tout l'Arcanum et ses passages secrets ! La description des mythologies est aussi assez surprenante et très travaillée.
"Le
nom du vent" porte en lui les germes d'une grande épopée et reste très
plaisant à lire pour qui aime ce genre d'histoires, malgré quelques défauts. On
pourra noter certaines longueurs, mais on les oublie vite devant la magie
de la lecture. Non, le principal défaut de ce roman, c’est sa fin, ou plutôt
devrait-on dire son absence de fin ! Et oui l’histoire s’arrête d’un coup,
sans cliffangher rocambolesque ou conclusion rapide, et l’on retrouve les
impressions de découpages sauvages de romans bien connues des lecteurs
français, cette frustration de découvrir un roman incomplet.
Toutefois, n'oublions pas que "Le nom du vent" est le premier roman de Rothfuss. L’auteur a commis certes des erreurs, mais n'est-ce pas choses inévitables pour une première œuvre ?! Cela n'entache en rien la qualité de l’œuvre !
Au final, "Le nom du vent" est un livre qui offre un excellent moment de lecture. L'auteur connait parfaitement les codes de la fantasy et sais les réutiliser avec brio et efficacité nous offrant une intrigue efficace et palpitante. Kvothe est un personnage fascinant et charismatique et l'écriture de l'auteur est vraiment fluide et efficace. Il y a bien quelques longueurs principalement au début mais elles sont vite balayées par la magie de l'histoire, dont on reprochera juste à l'auteur la fin trop abrupte.
Bref un roman à ne surtout pas manquer, un petit bijou de la fantasy vraiment agréable à lire. "Le nom du vent" est une expérience exceptionnelle qui mérite d’être vécue tant par sa fraîcheur que son originalité. Et il permet de mettre en avant un auteur qui risque de devenir rapidement un pionner de la fantasy : Patrick Rothfuss !!!
Toutefois, n'oublions pas que "Le nom du vent" est le premier roman de Rothfuss. L’auteur a commis certes des erreurs, mais n'est-ce pas choses inévitables pour une première œuvre ?! Cela n'entache en rien la qualité de l’œuvre !
Au final, "Le nom du vent" est un livre qui offre un excellent moment de lecture. L'auteur connait parfaitement les codes de la fantasy et sais les réutiliser avec brio et efficacité nous offrant une intrigue efficace et palpitante. Kvothe est un personnage fascinant et charismatique et l'écriture de l'auteur est vraiment fluide et efficace. Il y a bien quelques longueurs principalement au début mais elles sont vite balayées par la magie de l'histoire, dont on reprochera juste à l'auteur la fin trop abrupte.
Bref un roman à ne surtout pas manquer, un petit bijou de la fantasy vraiment agréable à lire. "Le nom du vent" est une expérience exceptionnelle qui mérite d’être vécue tant par sa fraîcheur que son originalité. Et il permet de mettre en avant un auteur qui risque de devenir rapidement un pionner de la fantasy : Patrick Rothfuss !!!
Geoff Johns & Jim Lee - Justice League, Aux Orignines : Un reboot époustouflant des origines de la Ligue des Justiciers !!!
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
Il y a de cela 5 ans, le monde ne connaissait pas
l'existence des super héros. A cette époque, ceux-ci n'étaient que des
légendes urbaines. Pourtant, tout allait changer lorsqu'une nuit, deux
d'entre eux virent leur route se croiser.
Sur les toits de Gotham,
Batman traque un monstre agressif. Au moment où il le rattrape et
commence à le frapper, une lumière verte apparaît. Il s'agit de Green
Lantern, qui, alerté par les médias, est venu calmer la situation. La
créature profite de l'arrivée d'Hal Jordan pour fuir, en explosant au
passage les hélicoptères de la police qui surveillaient la scène. Batman
et Green Lantern la retrouvent dans les égouts. Ils l'observent
installer une sorte de cube sur le mur. Celle-ci les repère et explose.
Batman et Green Lantern saisissent l'objet et ne parviennent pas à
l'analyser. Il a tout l'air d'être de provenance extra-terrestre. Or,
récemment, à Metropolis, un dénommé Superman s'est manifesté. Et il n'a
pas l'air d'être très humain.
Critique :
Critique :
DC Comics dispose de nombreuses
séries de super héros. En 1960, Gardner Fox et Mike Sekowsky ont l’idée
de réunir les figures marquantes de l'éditeur pour lutter contre des
menaces encore plus grandes que celles qu'ils ont affrontées
individuellement. De nombreuses aventures furent créées mais en 2011 aux
USA, DC Comics a choisi de remettre ses séries à zéro. C'est donc le moment idéal pour se lancer dans de nouveaux titres. "Justice League" revient sur les origines de la formation de cette équipe.
Pourtant censée être la série porte étendard de la licence DC Comics, en réunissant ses plus grandes icônes, la "Justice League"
(anciennement "of America") n’a pas passionné depuis des années.
Enchainant les scénaristes peu inspirés, souvent dépendant des
évènements se déroulant dans les séries individuels des personnages les
plus importants ("Batman R.I.P.", "New Krypton", etc.) et les
dessinateurs de secondes zones jamais à leur plus haut niveau, le titre
ne se vendait pas et passionnait guère.
Il est donc normal, qu’à
l’occasion de la Renaissance de l’univers, les pontes de la DC, Geoff Johns (qui a redonné ses lettres de noblesses à "Green Lantern") et Jim Lee, le légendaire dessinateur,
mettent les mains dans le cambouis. Deux superstars de l’industrie des
comics pour, enfin, donner l’ampleur que la série mérite, en livrant
simplement l’une des meilleures histoires de la Ligue des Justiciers de ses
dernières années.
Ce tome1 est donc consacré à la création de la Ligue.
On assiste donc à l’introduction de chacun des personnages au fur et à
mesure des pages. La progression de l’histoire fait que les personnages
se rencontrent de manière plutôt naturelle, par la force des événements,
preuve de leur envie commune de protéger la terre. Ce déroulant 5 ans
avant les autres titres, certains d’entre eux sont assez différents par
rapport à leur titre solo. Ce gap amènera surement de nombreux flashback
nous expliquant les éléments qui les ont changés, fait murir.
C'est le scénariste Geoff Johns qui se
charge de recréer cette situation. Comme souvent avec lui, le récit est
très abordable et multiplie les séquences de bravoure. Le casting de
héros est bien sûr prestigieux. On retrouve Batman, Superman, Flash,
Wonder Woman, Aquaman et Cyborg. L'histoire est vraiment très dynamique
et l'on arrive très vite à la fin de l'album sans s'être ennuyé une
seule fois !
On reprend donc au début et Johns nous introduit un par un les
héros qui vont se joindre à la Justice League et il le fait très bien,
il prend le temps de montrer chaque membres de l'équipe et quels sont
les forces et faiblesses de chaque personnages. Johns arrive a tirer le meilleur de
chaque personnages pour nous faire découvrir une Justice League vraiment
solide.
On redécouvre aussi pour l'occasion un méchant classique de l'équipe, à
savoir Darkseid, qui lui aussi a subit un petit lifting des origines et
du design. Il marche vraiment bien comme méchant pour introduire la
ligue et réunir les personnages et nous offre aussi un combat vraiment
épique.
Geoff Johns a ici la lourde tâche de donner le ton, et de
réintroduire tout ce joli beau monde en collants. Et force est de
constater que le bonhomme le fait avec brio, et cela surtout grâce à son
talent de dialoguiste. L’auteur écrit des dialogues savoureux, riches
de sens et cernant avec brio chaque personnage : Green Lantern est un casse-cou un brin vantard, Batman un justicier qui n’aime pas trop le travail d’équipe, Wonder Woman
une amazone un peu paumé et en décalage avec le monde qui l’entoure…
Bref, Johns nous représente toute cette galerie de protagonistes d’une
bien belle manière, en jouant sur cette lutte entre égos qui vont devoir
s’unir contre une seule et même menace.

Toutefois, la qualité du récit passe aussi par les
dessins de Jim Lee. Ce dernier s'est fait très rare ces dernières années
et en voyant le niveau qu'il atteint tout au long de cet album, on ne
peut que le regretter. Ses planches sont absolument divines ! Le design
des personnages est soigné, les décors bénéficient d'un haut niveau de
détail et les cadrages sont spectaculaires. Jim Lee livre six épisodes
de très haute volée et l'on espère qu'il ne faiblira pas pour les
prochains.
Les scènes d’actions et situation dantesques de Johns sont transcendées par le dessinateur coréen. Adulé pour ses travaux chez "Wildstorm" ainsi que sur "Batman"
("All Star", "Hush"), l’artiste livre ici un magnifique travail, qui donne
enfin du grandiose à cette équipe. Lee signe des planches très
dynamiques, bourrés d’action, hyper fun et souvent jouissives. Avec un
chara-design tout en muscle et en posture, il joue avec ses justiciers
masqués, en offrant des planches iconiques des plus impressionnantes.
L’artiste compose des doubles pages d’une beauté et d’un équilibre
époustouflants.
Au final, la promesse derrière une BD comme "Justice League" est enfin tenue ! C’est
une excellente série d’action super-héroïque que nous offre Geoff Johns
et Jim Lee, mettant en scène les icônes de DC Comics de la plus belle
des manières. Porte étendard de la "Renaissance DC",
cette nouvelle version, modernisé, est des plus fun et relance
l’intérêt de personnages maintenant vieux de quelques décennies. Une
lecture de qualité à mettre entre toutes les mains.
Pour ce titre il n'y a aucun contexte à prendre en compte étant un
reboot complet des origines de la Justice League et donc c'est un comics
qui est fait pour ceux qui découvre DC Comics et la Justice League.
C'est donc l'introduction des personnages et de l'équipe qu'on découvre
ici ! La seule chose à savoir c'est que le titre se passe 5 ans avant tout les autres du reboot.
"Justice League" a été l'un des gros
succès lors de sa parution aux USA l'été dernier. Il n'y a rien
d'étonnant lorsque l'on voit le plaisir retiré à la lecture de ce
premier opus. Si ce n'est pas déjà fait, précipitez-vous dans votre librairie ou comicshop le plus proche et procurez-vous cette petite bombe ! Vous ne le regretterez pas !!!
La théorie des cordes
de José Carlos Somoza
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Isolée sur un atoll de l'océan Indien, la fine fleur de la physique
mondiale est en quête du Graal. Elle œuvre à un ambitieux projet fondé
sur la théorie des cordes, qui permettrait d'ouvrir le temps. S'ils
parviennent avec ravissement à contempler le passé de l'humanité (la
crucifixion du Christ ou la terre à l'ère jurassique), les
scientifiques perçoivent rapidement que ce programme, financé par de
mystérieux fonds privés, pourrait connaître des applications moins
angéliques. Un drame conduit à la suspension immédiate des recherches,
dispersant aux quatre vents les apprentis sorciers.
Dix ans plus tard, dans une université de Madrid, Elisa Rohledo déplie
un journal pour étayer une thèse de physique théorique. Une fraction de
seconde lui suffit à comprendre qu'elle est en danger de mort.
Aux côtés d'un confrère, depuis toujours intrigué par la modestie des
aspirations professionnelles de la séduisante physicienne au regard de
son cursus académique, Elisa et ses anciens acolytes retournent aux
origines de la tragédie, sur cet îlot où ils avaient profané le temps.
"La Théorie des Cordes", malgré son titre qui fait peur à ceux qui n'y
comprennent rien à la physique, est un roman très prenant. Il est
construit comme un thriller, avec un suspens haletant. Quatrième roman de l’auteur originaire de la Havane, Somoza s’attaque cette
fois à la science dans ce qu’elle a de dangereux et mystique, à ses
limites et ses buts.
L'auteur sait tisser un suspens qui captive le lecteur. Il joue sur le
fait que le lecteur ne sait rien : il débarque, et n'a que les maigres
renseignements que veut bien lui donner Elisa par le biais de sa pensée.
Le lecteur se rend encore mieux compte qu'il arrive en plein milieu de
la vie de quelqu'un. Le fait de ne pas tout savoir dès le départ est
gênant, mais plus réaliste.
Admirablement découpé, le scénario de "La Théorie des cordes"
renvoie le plus machiavélique des scénaristes hollywoodiens au vestiaire et déroule sa ligne narrative sans heurt. Dans son style fluide habituel, Somoza dresse la trame d’une sorte de
thriller scientifico-fantastique, vendeur et accrocheur. Le roman se lit sans ennui, il
capture aisément l’attention, il intrigue, il noue les fils de
personnalités fortes mais néanmoins floues.
Il m'a été tout simplement impossible de me détacher de ce roman, malgré
ses 500 pages. Le rythme est soutenu et palpitant, la plupart des rebondissements sont assez
inattendus. Les personnages ont suffisamment d'épaisseur et de failles
pour que l'empathie fonctionne à merveille. Ils sont attachants et le lecteur ressent leur détresse, à tel point qu'il s'identifie parfaitement à eux.
Mais surtout, José Carlos Somoza est un maître du fantastique et de l'indicible. Tous nos sens sont en éveil pour tenter de cerner l'invisible. L'horreur est distillée avec talent et on se prend parfois à retenir son souffle en tournant les pages.
Chaque partie du récit est introduite par une citation choisie avec justesse qui laisse le lecteur construire ses hypothèses. Bien évidemment, il y a derrière ce récit toute une réflexion philosophique sur ce que l'homme peut ou ne peut pas se permettre de faire. Quand l'humain se prend pour un apprenti sorcier et que les scientifiques se substituent à un Dieu hypothétique.
Mais surtout, José Carlos Somoza est un maître du fantastique et de l'indicible. Tous nos sens sont en éveil pour tenter de cerner l'invisible. L'horreur est distillée avec talent et on se prend parfois à retenir son souffle en tournant les pages.
Chaque partie du récit est introduite par une citation choisie avec justesse qui laisse le lecteur construire ses hypothèses. Bien évidemment, il y a derrière ce récit toute une réflexion philosophique sur ce que l'homme peut ou ne peut pas se permettre de faire. Quand l'humain se prend pour un apprenti sorcier et que les scientifiques se substituent à un Dieu hypothétique.
Souvent, dans ce genre de roman, ce qui déçoit particulièrement,
c'est la manie qu'ont les auteurs de verser dans le mysticisme. Non
seulement José Carlos Somoza ne tombe pas dans ce travers, mais le
dénouement est aussi soigné que l'intrigue, ce qui est loin d'être
évident quand on choisit un tel sujet. La fin que l'auteur nous
propose est en parfaite adéquation avec ce qui précède.

Au final, le roman de Somoza se dévore d'une traite et horrifie peu à peu
son lecteur avec ses descriptions impeccables et cette sensation
d'angoisse étonnamment bien rendue. Sexe, mort, tourments de
l'inconscient et surprenante illustration d'une théorie physique
séduisante, "La Théorie des cordes" fourmille d'idées géniales.
Géniales, car elles n'inventent rien, mais recyclent avec
bonheur l'histoire classique de la noirceur humaine. Ajoutez à cela
quelques gouttes du meilleur des romans à suspense, et vous obtenez un
livre d'une exceptionnelle facture, à découvrir au plus vite.
Rythmé, fouillé, documenté, passionnant de bout en bout, "La Théorie
des cordes" est un roman qui marque. Pas nécessairement un chef
d’œuvre impérissable, mais suffisamment jubilatoire, affreux et barré
pour enthousiasmer les lecteurs. Ne passez pas à côté, José Carlos Somoza est un auteur qui fait mouche... Et mal !!!
Luc Brunschwig et Roberto Ricci - Urban, Les règles du jeu : Un Sin City futuriste...du moins dans l'esprit !!!
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
Monplaisir est un vaste complexe de loisirs, le dernier
endroit de la galaxie où il est encore possible d’assouvir tous ses
fantasmes et d’oublier ses frustrations, durant deux semaines par an. Mais
une telle débauche ne va pas sans certains excès.
Les forces de l’ordre
veillent donc à ce que le séjour de chaque client soit un véritable
enchantement. Ainsi en décembre 2058, Zach, un jeune fermier plutôt musclé, intègre-t-il
l’académie de police de Monplaisir, afin de devenir un Urban
Interceptor. A.L.I.C.E, le système de gestion de l’information,
supervise certes l’ensemble du complexe et veille sur la sécurité
courante des 18 millions de visiteurs quotidiens. Mais l’IA ne gère pas
les investigations criminelles qui demeurent encore la prérogative
des humains.
Toutefois,
elle assure la promotion des enquêtes, dont la
retransmission en direct, auxquelles nul ne peut se soustraire,
constitue un spectacle particulièrement prisé par les visiteurs de
Monplaisir. D’importants paris sont même organisés sur leurs
circonstances. Mais, cette fois ci, Zach ne sera pas Urban Interceptor :
c’est dans les bras d’Ishrat, une ex-femme Pub devenue liftière, qu’il
regardera celui qui l’a supplanté se faire tuer par un certain
Antiochius Ebrahimi. Ce que Zach ignore, c’est que derrière cette façade
de plaisir, de futilité et de jeu, Monplaisir cache une réalité plus
sordide, dont le meurtre d’un policier venu de Ganymède constitue le
dernier élément en date.
Critique :
Luc Brunschwig a connu en 2011 une année particulièrement faste puisqu’après les deux suites du "Pouvoir des Innocents", voici qu’il reprend un album déjà édité en 1999. Publié alors chez les Humanoïdes Associés, sous le titre "Urban Game",
l’album était dessiné par Jean-Christophe Raufflet. Désormais chez
Futuropolis, Brunschwig refonde, a priori, l’album en profondeur et
s’associe pour la circonstance à Roberto Ricci.

Toutefois au-delà de l’histoire de Zach dans les
méandres de Monplaisir, Brunschwig aborde, l’air de rien, une multitude
de sujets sociétaux. Ce qui est intéressant dans ce "nouvel" album, ce
n’est pas tant les thématiques traitées, qui l’ont déjà toutes été
maintes fois aussi bien au cinéma, en littérature ou en BD, mais la
manière dont elles sont agencées pour constituer une histoire.
Sur la
base de ce premier album, celle-ci semble cohérente, avec cependant
quelques interrogations ! L’abrutissement des masses au travail ou
durant leurs temps de loisir, la solitude au sein de la foule, la misère
au milieu de l’opulence, le voyeurisme de la téléréalité, la
"Big-Brotherisation" de la société, etc., tout y passe ! Et c’est ce qui fait l’attrait de cet album et en rend la
lecture enrichissante.
Un véritable scénario d’anticipation implacable qui jette magnifiquement les
règles du jeu. Au terme de ce premier tome, plusieurs personnages se
démarquent, dotés d’un certain charisme et de personnalités bien
développées. Un personnage atypique vient compléter le tableau cependant, Monplaisir.
L’entité urbaine joue de son ambiguïté tantôt chaleureuse tantôt
destructrice. Son apparence ludique cache un vivier de réseaux
parallèles : petites frappes, tueurs professionnels, mafia… des acteurs
incontournables à Monplaisir.
Ses attractions s’adressent à tous les
milieux sociaux mais la majorité des touristes est issue des classes
défavorisées. L’immersion de l’individu
est totale, Monplaisir le dévore corps et âme grâce à la présence
d’A.L.I.C.E. et de Springy Fool. D’ailleurs, ce dernier est le seul
personnage commun à "Urban Games" et "Urban". Cette "créature médiatique" est à la fois organe du pouvoir et élément
principal de la propagande politique. Son image omniprésente dans le
paysage urbain étouffe tout libre-arbitre ou toute liberté de pensée des
individus.
Brunschwig nous offre donc un univers riche et terriblement cohérent, une histoire
passionnante, un personnage attachant pour une superbe introduction qui
nous promet tant de choses à venir ! Le meilleur des scenarii ne serait cependant rien sans un dessinateur qui sait en exploiter les qualités.
Sur "Urban", Roberto Ricci sait donner
toute la mesure de son talent. Le trait est serein, sûr, et l’univers
graphique mis en page offre une réelle épaisseur. Tout juste est-il
possible de regretter le manque de lisibilité des séquences de
téléréalité, mais ce n’est qu’un détail qui
devrait-être vite réglé.
Roberto Ricci ("Les âmes d'Helios") signe ici, pour le moment, l'un de ses plus beaux travaux en tant que dessinateur et coloriste. Il suffit juste de regarder l'une de ses planches ou une case pour s'en rendre compte. Il a su instaurer une belle atmosphère dans cette aventure et donner une belle architecture, ainsi que de beaux designs pour les véhicules dans cette histoire. Oui, il semble indéniable que le récit de Brunschwig l'a vraiment inspiré. L'artiste rend aussi hommage à quelques héros de cinéma, de bandes dessinées ou de dessins animés dans les premières pages du livre. Saurez-vous reconnaitre Bender, Pinhead, Batman, Dark vador et Leia, Wonder Woman, Robocop entre autres dans ces cases ?
Roberto Ricci ("Les âmes d'Helios") signe ici, pour le moment, l'un de ses plus beaux travaux en tant que dessinateur et coloriste. Il suffit juste de regarder l'une de ses planches ou une case pour s'en rendre compte. Il a su instaurer une belle atmosphère dans cette aventure et donner une belle architecture, ainsi que de beaux designs pour les véhicules dans cette histoire. Oui, il semble indéniable que le récit de Brunschwig l'a vraiment inspiré. L'artiste rend aussi hommage à quelques héros de cinéma, de bandes dessinées ou de dessins animés dans les premières pages du livre. Saurez-vous reconnaitre Bender, Pinhead, Batman, Dark vador et Leia, Wonder Woman, Robocop entre autres dans ces cases ?
Servi par les illustrations de Ricci, l’univers "d’Urban"
campe les décors d’une société futuriste ludique et cynique.
L’architecture urbaine créée est un régal, les décors des scènes en
extérieur fourmillent de détails. Des ocres-rouilles cohabitent avec des
gris-verts. Le dessinateur a su matérialiser une ambiance atypique,
progressivement l’apparente bonhomie de la cité s’efface pour une
noirceur plus marquée. Il y a
ici une alchimie très appréciable entre le scénario et le graphisme !

Et c’est bien la force de ce premier volume, qui ne
sert pour l’instant que d’introduction, terriblement immersive pourtant.
L’histoire est suffisamment dense et intéressante pour nous tenir en haleine
jusqu’au bout. Mais tout comme ce monde riche, ce sont surtout les
différents détails, les nombreuses pistes qu’il reste à développer, le
mystère sans cesse entretenu qui font de ce volume une grande réussite.
Le
graphisme, en parfaite adéquation avec l’histoire, est tout simplement
somptueux, avec une mention spéciale à l’usage des différents jeux de
lumière. Avec tous ses détails, toutes ses qualités, son
ambiance exceptionnelle, son originalité et son effroyable crédibilité,
ce premier tome constitue une formidable introduction pour une série
déjà très prometteuse !!!
Izu et Shonen - Lords of Chaos : Une nouveauté française dont on attend beaucoup et qui est très prometteuse !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Au fin fond de l'Antarctique, en 1993, des
scientifiques font une curieuse découverte avec le fossile d'un être
vivant dont l'apparence n’avait jamais été vue jusqu'ici. Peu après, des
membres de l'Ordre de Qlipoth, les adorateurs des Seigneurs du Chaos,
font irruption et massacrent les chercheurs.
En 2013, dans le
monastère d'Embrun, en France, des examens sont en cours pour que soient
élus les futurs chevaliers de Sephiroth, un Ordre combattant celui de
Qlipoth. Alice et Esteban forment un des binômes du monastère. Si le
jeune homme est le meilleur élève, il fait équipe avec la bonne
dernière. Celle-ci n'a d'ailleurs qu'une seule envie : quitter le
monastère et découvrir la vie à l’extérieur.
Le tandem a beau bénéficier
de talents inédits, ils ratent leur examen de passage, suite à une
erreur d'appréciation d'Alice. Pourtant, alors qu'ils ne peuvent se
représenter que dans 5 ans, leur maître leur donne une mission : Alice
et Esteban doivent surveiller un jeune homme, Mickaël Stern, dont les
mages de Sephiroth pensent qu'il a tout pour devenir un des terrifiants
Adam Kadaman, c’est-à-dire l’hôte d’un démon. Malgré le risque éventuel,
Alice est super heureuse car le lieu des opérations se trouve à Paris.
Critique :
Les fans de manga ont découvert le duo Izu - Shonen sur "Omega Complex", une série publiée aux Humanoïdes Associés
il y a quelques années. Le scénario et les dessins s'étaient mis au
diapason pour offrir un récit absolument passionnant (État
du Nevada, Etats-Unis, 1987. Dix ans après la fin de la guerre
nucléaire, le traitement Ghost permet de mettre en veille les effets des
radiations sur l'organisme et même de les contrôler. Certains
acquièrent des superpouvoirs : les Erynies. Kama, agent fédéral raté de
23 ans, les chasse). Voir les deux
compères revenir aux affaires a de quoi réjouir.


Ce premier tome est une bonne surprise et très agréable à lire. Les explications fournies rendent accessibles les idées de l’auteur et le petit mot d’Izu en début de tome permet de bien cerner les grands thèmes qui seront présents dans cette série (la kabbale, la magie, la place des hommes dans l'univers). Shonen y va aussi de son petit mot en fin de volume.

En mêlant habilement Kabbale (mystique juive), manga et tranche de vie
de lycéens français, "Lord of Chaos" touche au but. L’histoire conjugue en
effet humour, action et mystère, servie par le trait péchu de Shonen
qui a encore progressé. Izu et Shonen nous offrent une nouvelle série énergique, pleine d’action
et de mysticisme. Une série qui vous plongera dans l’univers de la
Kabbale, grâce au scénario documenté et puissant du mystérieux Izu,
servi par le trait de plus en plus affirmé du dessinateur autodidacte de
BB Project.
Un récit touffu et prometteur allié à des dessins de haute
voltige font de ce premier opus de "Lords of Chaos" une lecture inévitable pour 2013 !!!
Le Livre de Johannes
de Jorgen Brekke
Note : 3.75 / 5
Synopsis :
En août 2010, le cadavre décapité et écorché d’Efrahim Bond est retrouvé
au musée Edgar Allan Poe de Richmond, Virginie. L’assassin a, par
ailleurs, emporté sa peau. L’enquêtrice Felicia Stone s’aperçoit
rapidement que peu avant sa mort, la victime avait envoyé un morceau de
la reliure en cuir d’un livre pour analyse. Quand elle prend
connaissance des résultats de celle-ci, elle ne doute plus que le
meurtre soit lié à ce mystérieux ouvrage relié en peau humaine.
L’auteur nous transporte alors cinq siècles en arrière, sur les traces
de ce mystérieux manuscrit intitulé "Livre de Johannes" qui décrit les
observations du premier médecin de l’histoire pratiquant des autopsies.
Selon la rumeur, le chirurgien ne se contentait pas de subtiliser des
corps dans les cimetières mais fabriquait lui-même les cadavres
indispensables à ses travaux !
Quelle fascination cette histoire séculaire exerce-t-elle sur
l’assassin et pourquoi écorche-t-il chacune de ses proies, car Efrahim
Bond n’est que la première victime d’une longue série ?
Critique :
"Le Livre de Johannes" est un roman sur les romans, sur des amoureux des livres qui se retrouvent embarqués dans une folle histoire. Jorgen Brekke nous livre un excellent thriller. Il nous entraîne dans les enquêtes de deux meurtres, un commis à Richmond en Virginie et l’autre à Trondheim en Norvège, dont le point commun est le Livre de Johannes qui a été relié en peau humaine.
Nous sommes donc entrainés dans deux examens judiciaires qui vont se recouper. Le premier sera conduit par l’enquêteur américain Felicia Stone. Le second par son pendant norvégien, le détective Singsaker. Les enquêtes sont bien ficelées et nous tiennent en haleine jusqu’à la fin.
"Le Livre de Johannes" est un roman sur les romans, sur des amoureux des livres qui se retrouvent embarqués dans une folle histoire. Jorgen Brekke nous livre un excellent thriller. Il nous entraîne dans les enquêtes de deux meurtres, un commis à Richmond en Virginie et l’autre à Trondheim en Norvège, dont le point commun est le Livre de Johannes qui a été relié en peau humaine.
Nous sommes donc entrainés dans deux examens judiciaires qui vont se recouper. Le premier sera conduit par l’enquêteur américain Felicia Stone. Le second par son pendant norvégien, le détective Singsaker. Les enquêtes sont bien ficelées et nous tiennent en haleine jusqu’à la fin.
Brekke nous tient en haleine jusqu’au bout grâce à de nombreuses fausses
pistes. De nombreux personnages sont suspects par leur attitude ou leur
passé : le chef de la sécurité de la bibliothèque de Trondheim qui ne se
souvient plus des derniers instants passés avec une des victimes et qui a
déjà été suspecté de meurtres, la nouvelle bibliothécaire un peu trop
entreprenante et curieuse qui a une prédilection pour tout ce qui touche
au polar, la reproductrice de livre ancien bien pressée devant les
policiers, un universitaire américain qui semble en savoir plus sur le
livre de Johannes que ce qu’il dit, etc.
Bien
que le meurtrier commette des crimes affreux (il dépèce ses
victimes après leur mort), vous n’y verrez pas de portrait trop macabre
ou dégoûtant. La plume subtile de l'auteur décrit à merveille les choses
sans entrer dans des détails non nécessaires. On visualise bien assez
facilement les scènes, aucun besoin de rajouter des particularités
sordides. Superbement écris.
Les
personnages, quant à eux, sont très variés et très nombreux. Cet aspect
est à la fois la force et la faiblesse du "Livre de Johannes". Déjà,
nous suivons deux enquêtes parallèles et ses acteurs, mais nous
sommes aussi confrontés à quelques retours dans un lointain passé. Il y a
donc un enchevêtrement de récits qui peut mêler les idées à certains
moments. Toutefois, outre cet
aspect un légèrement négatif, les protagonistes ont un vécu bien défini,
des réactions qui
leur sont propres et un tempérament réaliste.
Ainsi le livre n’est pas seulement une simple enquête. Il y a
toute une partie historique, qui se passe au début du XVIe siècle, en
Norvège puis dans l’Europe. On y suit un moine mendiant, qui va raconter une histoire particulière, dans laquelle il va côtoyer un barbier chirurgien et un
médecin anatomiste.
Cette histoire fait froid dans le dos ! Il s'agit d'abord d'une histoire où les
corps sont découpés au scalpel pour découvrir les origines
de l’homme et le fonctionnement de son corps. Pour être repris par la suite, quelques siècles plus
tard, afin d'assouvir le questionnement d'un psychopathe. D’où venons-nous ? Comment sommes-nous à l’intérieur ?
De fait, Brekke nous ballade dans ce thriller entre les différents suspects et
protagonistes mais aussi entre les différentes époque (2010 et le
seizième siècle) nous menant sur les traces du Livre de Johannes,
manuscrit comportant les observations du premier légiste qui n’aurait
pas seulement prélevés les corps à disséquer dans les cimetières mais
qui serait à l’origine de la perte de vie des personnes qui se
retrouvaient sur sa table.
Au final, ce premier roman de Jorgen Brekke est une réussite. On se laisse rapidement emporter par cette histoire et par ces personnages. Au début le
changement de lieux et d’époque ainsi que le nombre important de protagoniste sont un peu perturbant, mais le récit est assez prenant et soutenu pour happer le lecteur.
Une des bonnes idées de ce thriller a été d’utiliser Edgar Allan Poe en tant que fil rouge : nom du musée, auteur préféré ou détesté de certains personnages… Quoi de mieux que de faire apparaître le maître des récits macabres dans un thriller tout aussi macabre. Enfin, quelle bonne initiative d’avoir nommé ce livre relié en peau humaine "Johannes", prénom de Gutenberg, inventeur de l’imprimerie et de la typographie.
Une des bonnes idées de ce thriller a été d’utiliser Edgar Allan Poe en tant que fil rouge : nom du musée, auteur préféré ou détesté de certains personnages… Quoi de mieux que de faire apparaître le maître des récits macabres dans un thriller tout aussi macabre. Enfin, quelle bonne initiative d’avoir nommé ce livre relié en peau humaine "Johannes", prénom de Gutenberg, inventeur de l’imprimerie et de la typographie.
Pour un suspense qui nous tient en haleine, avec des personnages bien
définis et un meurtrier sadique, je conseille ce roman aux amateurs du
genre !!!
Dargaud - Asgard, Tome 1 "Pied de fer" : Un univers nordique parfaitement restitué par une narration fluide et dynamique et une écriture efficace et percutante !!!
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
Il y a 40 hivers, les Dieux du Northland l’ont puni en
faisant de lui à la naissance un "skraëling", littéralement "un homme
laid", un infirme. Différent parce que né avec un seul pied. Son père aurait dû
s’en débarrasser pour éviter que sa maison soit marquée du sceau de la
malédiction. Mais il n’a pas pu. Et en une ultime ironie, il lui a donné
le nom d’Asgard, nom du royaume que les Dieux lui avaient
refusé.
On le surnomme aujourd’hui "Pied-de-Fer". Et ce matin-là, il recueille sur le rivage Sieglind, une jeune esclave affranchie et à demi-consciente, la seule survivante du naufrage d’un petit navire de pêche. Comme bien d’autres avant lui, l’équipage vient de faire une funeste rencontre : un Krökken, un monstre marin sorti des enfers. La bestiole immonde fait des ravages en décimant la population du village de Dyflin ou en empêchant les drakkars royaux de prendre la mer pour livrer combats et rapporter leur butin.
Asgard n’était pas là par hasard. Il est en effet un chasseur de monstres réputé. En raccompagnant la jeune fille à Dyflin, il propose d’ailleurs aux villageois de ramener la tête du monstre contre 1000 talents d’argent. La somme est rondelette. Kristen, du clan des Aardvern, lui offre pour tout paiement ses deux bras et son navire, le dernier du village. Svenn Larssen, le scalde, propose quant à lui ses talents d’ancien marin expérimenté. "Pied-de-fer" s’apprête à refuser ses offres, quand un valeureux guerrier de la garde royale propose sa vaillance et 2000 talents d’argent. Après quelques préparatifs, l’équipage prend la mer.
On le surnomme aujourd’hui "Pied-de-Fer". Et ce matin-là, il recueille sur le rivage Sieglind, une jeune esclave affranchie et à demi-consciente, la seule survivante du naufrage d’un petit navire de pêche. Comme bien d’autres avant lui, l’équipage vient de faire une funeste rencontre : un Krökken, un monstre marin sorti des enfers. La bestiole immonde fait des ravages en décimant la population du village de Dyflin ou en empêchant les drakkars royaux de prendre la mer pour livrer combats et rapporter leur butin.
Asgard n’était pas là par hasard. Il est en effet un chasseur de monstres réputé. En raccompagnant la jeune fille à Dyflin, il propose d’ailleurs aux villageois de ramener la tête du monstre contre 1000 talents d’argent. La somme est rondelette. Kristen, du clan des Aardvern, lui offre pour tout paiement ses deux bras et son navire, le dernier du village. Svenn Larssen, le scalde, propose quant à lui ses talents d’ancien marin expérimenté. "Pied-de-fer" s’apprête à refuser ses offres, quand un valeureux guerrier de la garde royale propose sa vaillance et 2000 talents d’argent. Après quelques préparatifs, l’équipage prend la mer.
Critique :
A la barre "d’Asgard", on retrouve Xavier Dorison ("Long John Silver", "Le Troisième Testament", "Sanctuaire",…) au scénario et Ralph Meyer ("Berceuse Assassine", "Ian") au dessin. Prévu en deux tomes aux éditions Dargaud, "Asgard" revoit donc le duo Dorison / Meyer se reformer depuis leur association sur la collection "XIII Mystery" qu’ils avaient entamée avec le premier album "La mangouste". C’est donc avec une certaine excitation qu’on les retrouve pour cette histoire nordique.
A la barre "d’Asgard", on retrouve Xavier Dorison ("Long John Silver", "Le Troisième Testament", "Sanctuaire",…) au scénario et Ralph Meyer ("Berceuse Assassine", "Ian") au dessin. Prévu en deux tomes aux éditions Dargaud, "Asgard" revoit donc le duo Dorison / Meyer se reformer depuis leur association sur la collection "XIII Mystery" qu’ils avaient entamée avec le premier album "La mangouste". C’est donc avec une certaine excitation qu’on les retrouve pour cette histoire nordique.
Au centre du récit, un quadra maudit (en
raison d’une infirmité congénitale), ex-guerrier, solitaire et chasseur
réputé de grosses vilaines bestioles. Pour faire craquer sa grosse
carapace, une orpheline animée d’une redoutable énergie. Tout autour
s’anime alors, avec une justesse rigoureuse, un univers viking dont les
contours esquissés dans ce premier tome rappellent ceux de "Thorgal", ni plus ni moins.
Un peu de vocabulaire viking, un peu de folklore nordique, un dessin
mature et voilà une bonne histoire de viking qui n’a rien de banale, même si elle reste assez classique.
Traitée simplement, on ressent tout le poids des histoires personnelles
des personnages et en particulier le lien qui va se tisser entre
Sieglind, orpheline de parents esclaves et Asgard le "skraëling". Et si
chacun a beaucoup à gagner à s’embarquer dans cette aventure, ils ont
aussi beaucoup à perdre, et en particulier la vie.
Avec Asgard, on voit tout de suite que Dorison veut se concentrer sur la chasse épique de son petit groupe et décide pour se faire de tout miser sur l’efficacité maximum et un rythme soutenu. Tout se met en place assez vite et, surtout, avec justesse. En ça l’auteur décide d’aller à l’essentiel en fournissant les informations nécessaires aux lecteurs, sans s’encombrer de superflu. Ce choix permet de nous faire vivre la tension présente sur le bateau et de s’assurer que notre concentration est à 100 % là où Dorison veut qu’elle soit.
Cette pratique est assez risquée, mais au final l’exercice est maîtrisé et rend le tout assez atypique. On a donc affaire à des planches avares en dialogues, mais diablement fluides qu’on enchaîne rapidement afin de suivre les mésaventures de Pied de Fer et sa troupe. Mais voilà, bien que cela soit efficace c’est peut-être bien là son principal défaut. Le rythme étant si haletant et rapide qu’on enchaîne un peu trop vite les pages, sans toujours bien prendre le temps d’observer à leurs justes valeurs les casses de Meyer, et en peu de temps, on se retrouve déjà à reposer l’album que l’on vient de dévorer.
Avec Asgard, on voit tout de suite que Dorison veut se concentrer sur la chasse épique de son petit groupe et décide pour se faire de tout miser sur l’efficacité maximum et un rythme soutenu. Tout se met en place assez vite et, surtout, avec justesse. En ça l’auteur décide d’aller à l’essentiel en fournissant les informations nécessaires aux lecteurs, sans s’encombrer de superflu. Ce choix permet de nous faire vivre la tension présente sur le bateau et de s’assurer que notre concentration est à 100 % là où Dorison veut qu’elle soit.
Cette pratique est assez risquée, mais au final l’exercice est maîtrisé et rend le tout assez atypique. On a donc affaire à des planches avares en dialogues, mais diablement fluides qu’on enchaîne rapidement afin de suivre les mésaventures de Pied de Fer et sa troupe. Mais voilà, bien que cela soit efficace c’est peut-être bien là son principal défaut. Le rythme étant si haletant et rapide qu’on enchaîne un peu trop vite les pages, sans toujours bien prendre le temps d’observer à leurs justes valeurs les casses de Meyer, et en peu de temps, on se retrouve déjà à reposer l’album que l’on vient de dévorer.
Pour autant dédié principalement à
l’aventure et l’action, le récit (prévu en 2 tomes) s’ouvre un large
potentiel. Dorison n’explore en effet que par petites touches
parcimonieuses le profil de son personnage principal en laissant
plusieurs balises qui, exploitées a posteriori, pourraient nous offrir
une série au long court.
Sans entrer trop dans les détails, le scénariste nous présente à la fois le cadre historique, culturel, environnemental et les personnages qui peuplent ce monde. À travers la série "Asgard", l’auteur arrive à traiter de vastes thèmes comme celui de la lutte d’un homme contre les dieux, contre son destin, mais aussi de sa place dans la société et l’inefficacité de cette dernière à s’adapter aux changements.
Très impressionnant, le dessin de Ralph Meyer nous gratifie de quelques belles cases avec de belles gueules. En particulier, le personnage d’Asgard exprimant à la fois virilité et sagesse. On perçoit un homme endurcit par la vie, mais ayant acquis une certaine expérience issue de ses désillusions et de la connaissance de la nature humaine.
Meyer arrive à nous proposer une mise en scène qui lui est propre et qui ne cherche pas à imiter le style d’un autre auteur. Le découpage est excellent, et rend l’aventure vibrante, énergique, et donne du sens à l’histoire de chasse. Le trait du dessinateur arrive à la fois à donner de la puissance aux personnages nordiques durs et massifs que sont les guerriers vikings, tout en donnant de la finesse et fragilité au personnage de l’innocente Sieglind.
Sans entrer trop dans les détails, le scénariste nous présente à la fois le cadre historique, culturel, environnemental et les personnages qui peuplent ce monde. À travers la série "Asgard", l’auteur arrive à traiter de vastes thèmes comme celui de la lutte d’un homme contre les dieux, contre son destin, mais aussi de sa place dans la société et l’inefficacité de cette dernière à s’adapter aux changements.
Très impressionnant, le dessin de Ralph Meyer nous gratifie de quelques belles cases avec de belles gueules. En particulier, le personnage d’Asgard exprimant à la fois virilité et sagesse. On perçoit un homme endurcit par la vie, mais ayant acquis une certaine expérience issue de ses désillusions et de la connaissance de la nature humaine.
Meyer arrive à nous proposer une mise en scène qui lui est propre et qui ne cherche pas à imiter le style d’un autre auteur. Le découpage est excellent, et rend l’aventure vibrante, énergique, et donne du sens à l’histoire de chasse. Le trait du dessinateur arrive à la fois à donner de la puissance aux personnages nordiques durs et massifs que sont les guerriers vikings, tout en donnant de la finesse et fragilité au personnage de l’innocente Sieglind.
En ce qui concerne les paysages, Meyer arrive à jouer la carte
du dépaysement en nous offrant des paysages de fjords magnifique, et se
joue de cet effet carte postale, pour faire le contraste avec l’arrivée
de la bête monstrueuse. Chaque planche est vraiment un bonheur pour les
yeux tant le dessin est beau précis et plein de détails. Plus important encore, le trait de
Meyer participe à la fluidité de l’histoire et sert aussi à masquer
l’absence fréquente de texte.
L’idée du mouvement est parfaitement retranscrite, et la colorisation oscillant entre les gris bleutés, gris verts et les rouges orangés retranscrivent bien l’aspect glacé et sombre que l’on peut se faire de cet univers nordique. Ainsi son travail est un sérieux atout pour la réussite de ce projet. Bref, son talent explose littéralement et font de cette entame un véritable petit bijou.
L’idée du mouvement est parfaitement retranscrite, et la colorisation oscillant entre les gris bleutés, gris verts et les rouges orangés retranscrivent bien l’aspect glacé et sombre que l’on peut se faire de cet univers nordique. Ainsi son travail est un sérieux atout pour la réussite de ce projet. Bref, son talent explose littéralement et font de cette entame un véritable petit bijou.
En résumé, "Asgard" est une œuvre qui regorge de technicité afin de
livrer au lecteur un résultat accessible, prenant, montrant le niveau de
savoir-faire des deux artistes qui savent très bien ce dont est capable
l’autre. Bien qu’assez classique l’histoire de Pied de fer n’en reste
pas moins efficace, intéressante et est l’une des bonnes surprises
franco-belge de l’année 2012.
"Asgard" est une
fresque épique parmi les vikings ! Une légende que doit affronter un
guerrier maudit des dieux : le terrible serpent-monde, fils
des dieux et incarnation d'une terrible prophétie. On s'attache à ce farouche guerrier qui ne recule devant rien et personne, poursuivant inlassablement sa quête. Les graphismes sont très beaux, réalistes et parés de couleurs vives. Un excellent premier tome !!!
Jeph Loeb et Tim Sale - Batman, Un long Halloween : Un comics haletant et sombre qui a marqué l'histoire du genre !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
La carrière de Justicier de Batman ne fait que commencer. Un
mystérieux tueur opère à Gotham City, liquidant ses victimes pendant les fêtes.
Un nom lui est rapidement attribué : celui
d’Holiday. En étroite collaboration avec le lieutenant de police James
Gordon et le procureur Harvey Dent, Batman cours contre le temps,
tentant de découvrir l’identité du meurtrier avant les prochaines fêtes.
Critique :
Critique :
"Un long Halloween" figure à raison dans la collection DC Essentiels d'Urban Comics. En
1996, Jeph Loeb et Tim Sale ne se sont pas contentés de signer un des
plus beaux Batman, ils ont juste créé une saga d’anthologie ! Et même deux, puisque "Amère victoire", sa suite, est tout aussi géniale (et rééditée l'an dernier). Si
les collaborations entre Jeph Loeb et Tim Sale ont
su prouver l'efficacité de ce duo, c'est indéniablement avec ce
comics-book qu'ils graveront leurs noms dans l'histoire de Batman et des
comics en général.
Une année, c’est le temps que dure cette magnifique histoire. Une année
étalée sur treize chapitres et au cours de laquelle nous sommes plongés
dans Gotham City, Gotham la ville de la Pègre, la ville du crime mais également la ville du Chevalier Noir, la ville du Batman. Comme le fait désormais Scott Snyder ("Sombre Reflet", "La Cour des Hiboux"),
Jeph Loeb s’attarde sur cette ville qui tient une place centrale dans
son récit. Et pour nous parler de Gotham, Loeb traite avant tous de ses
habitants notamment ses familles, et pas n’importe lesquelles puisque ce
sont les familles mafieuses qui sont au centre de ce récit : les Maroni
et les Falcone.
Véritable roman noir, "Un Long Halloween" est d’abord un polar
centré sur la Pègre de Gotham et Loeb s’amuse tout au long des 300 pages
à nous en raconter le fonctionnement, les objectifs mais aussi ses
déboires. Car voilà, le gros du propos de Loeb est que désormais,
la Pègre n’est plus le seul maître à bord à Gotham. D’abord, les grandes
familles sont désormais divisées et le récit s’attarde également sur la
lutte de pouvoir entre les Maroni et les Falcone, mais il nous montre
aussi qu’outre les divisions internes, la Pègre doit désormais faire
face au Batman et au nouveau procureur de la ville : Harvey Dent, qui peut passer pour le véritable héros du comics.
L'histoire de Jeph Loeb a même des faux airs du "Parrain", et certaines séquences y renvoient directement. Quant au récit, il repose sur une trame de pur polar, où l’action ne constitue jamais le premier centre d’intérêt. Le triptyque Gordon-Dent-Batman a tout d’un triumvirat, où le rôle de chacun se négocie, ainsi que les limites des interventions envisagées.
Toute cette mise en scène sous la forme d'une enquête policière restitue un but bien précis. Holiday et sa traque ne sont que la base qui sert à Loeb pour réfléchir sur la justice et sa dualité. A travers la lutte contre les grandes familles de la mafia, l'auteur confronte Batman et ses alliés à la figure du justicier, qu'il soit masqué ou non. "Un long Halloween" choisit d'aborder un thème central dans la mythologie de l'homme chauve-souris, celui de la frontière entre la loi et le crime. Entre la vengeance et le devoir.
L'histoire de Jeph Loeb a même des faux airs du "Parrain", et certaines séquences y renvoient directement. Quant au récit, il repose sur une trame de pur polar, où l’action ne constitue jamais le premier centre d’intérêt. Le triptyque Gordon-Dent-Batman a tout d’un triumvirat, où le rôle de chacun se négocie, ainsi que les limites des interventions envisagées.
Toute cette mise en scène sous la forme d'une enquête policière restitue un but bien précis. Holiday et sa traque ne sont que la base qui sert à Loeb pour réfléchir sur la justice et sa dualité. A travers la lutte contre les grandes familles de la mafia, l'auteur confronte Batman et ses alliés à la figure du justicier, qu'il soit masqué ou non. "Un long Halloween" choisit d'aborder un thème central dans la mythologie de l'homme chauve-souris, celui de la frontière entre la loi et le crime. Entre la vengeance et le devoir.

Même si la majorité du récit gravite autour des familles mafieuses et du Romain, cela n'empêche pas Jeph Loeb d'intégrer, un à un, les protagonistes costumés les plus connus de l'univers de l'homme chauve-souris. On a premièrement ceux introduits par Miller dans "Batman, Année 1" (Catwoman et Harvey Dent, alias Pile-ou-Face) et ceux déjà traités par Loeb dans "Batman, Halloween" (l'Epouvantail, le Chapelier Fou, le Joker, Poison Ivy et le Pingouin), mais également l'Homme Calendrier, Solomon Grundy et le Sphinx (The Riddler).
La vraie force de Loeb est d'être parvenu à intégrer tous ces personnages de manière crédible à son récit, tout en développant habilement les liens entre les différents protagonistes. Du Joker, mort de jalousie des crimes de Holiday, à l'Homme Calendrier, copiant Hannibal Lecter, chaque apparition est soignée et contribue à la force du récit. Le climax étant obtenu lors de l'apparition simultanée de Catwoman, Batman, Pile-ou-Face, l'Epouvantail, le Chapelier Fou, le Joker, Poison Ivy et du Pingouin dans une des pièces de la maison du Romain.
Graphiquement, "Un long Halloween" est tout simplement fascinant ! Une ligne pure, où Batman se détache souvent de l’ombre. Il surgit et disparait en un clin d’œil, marquant sa présence de sa froide puissance. Habituellement, Gotham est la transposition de New-York, cette fois-ci la ville a plus que jamais un faux air de Chicago, livrée à la mafia et corrompue jusqu’au dernier degré.
Sale parvient en effet à instaurer une ambiance de "film noir" au fil
des cases. Cases impressionnantes d’ailleurs, autant par la taille que
par la composition, jouant sur de grands panels, voire des doubles
pages. Les couleurs sont sobres, et jouent sur les contrastes. Les
couleurs emblématiques des nombreux "vilains" parsèment les pages de ce
polar.

Sale nous livre des planches de la vieille école, dénuées de toute
informatisation. Le
résultat achève de convaincre du caractère exceptionnel du travail
accompli. Offrant une apparence bien à lui à des monstres bien connus
tels que le Joker ou Poison Ivy, il livre également une partition des
plus convaincantes dans le changement d'atmosphère au gré des fêtes et
des circonstances. On saluera également le magnifique travail du
coloriste Gregory Wright qui donne un caractère particulier au travail de Sale.
L'utilisation de séquences en noir et blanc ne laissant qu'un élément
de couleur au cœur de la planche figure dans la liste de ces petits plus
indéniables.

L'histoire passionnante permet à Jeph Loeb de dévoiler tout son talent au lecteur encore sous le charme des magnifiques dessins de Tim Sale. Ne cédant pas aux sirènes de la facilité, le récit n'oublie jamais d'être intelligent et parfois même poignant. "Un long Halloween" figure d'emblée comme une œuvre culte et fondatrice.
Véritable bible, "Un Long Halloween" reste peut-être
l’une des œuvres les plus abouties en la matière et ce n’est pas pour rien qu’aujourd’hui encore, de nombreux
artistes s’en inspirent et tentent de reprendre les ingrédients qui ont
fait son succès. Une lecture IN-DIS-PEN-SA-BLE !!!
Makoto Yukimura - Vinland Saga : Un manga dur, froid, exacerbé et passionné !!!
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
Depuis qu'Askeladd, un chef de guerre fourbe et sans honneur, a
tué son père lorsqu'il était enfant, Thorfinn le suit partout dans le
but de se venger. Mais bien qu'il soit devenu un guerrier redoutable, il
ne parvient toujours pas à vaincre son ennemi.
Au fil des ans,
enchaînant missions périlleuses et combats afin d'obtenir des duels
contre l'homme qu'il hait plus que tout, le gentil Thorfinn est devenu
froid et solitaire, prisonnier de son passé et incapable d'aller de
l'avant. Jusqu'à ce que la vie le force à regarder le monde différemment.
Critique :
"Vinland Saga" est un manga original, qui nous plonge dans un univers plutôt inhabituel pour le genre : celui des vikings. Il fait partie de ces grands récits d’aventures typique du manga. Un seinen tout en puissance où l’intrigue se joue entre luttes de pouvoir,
trahison et grosses épées. Nous ne sommes pas dans la poésie et dans la
finesse ici. Mais il faut avouer que tout cela est très efficace et les
amateurs d’histoire et d’aventure devraient trouver ce qu’il cherche.
L'histoire se déroule à des milliers de kilomètres du Japon puisque "Vinland Saga"
raconte les aventures de Thorfinn, un jeune islandais qui rejoint une
flotte Viking pour devenir fort et venger la mort de son père. Tout au
long du manga, on se tranche la tête, on se coupe les jambes, on se
crève les yeux à tout va. Ici, la violence fait partie du quotidien.
Venger son père, Thorfinn ne vit que pour cela. Si ce gamin de 14 ans
accompagne Askelaad et sa troupe de mercenaires vikings dans leurs
campagnes, c'est uniquement dans l'espoir de pouvoir le tuer. Mais dans
cette Angleterre du XIe siècle, mise à sac et pour moitié contrôlée par
les Danois, les règles de la tragédie classique n'ont pas cours. Tuer
celui qu'on abhorre n'est pas aussi simple qu'il y paraît.
L'intrigue initiale est riche et de nombreux développements intéressants se profilent tout au long des 11 tomes existants. Brutale, palpitante et extrêmement bien documentée (l'auteur, Makoto
Yukimura, s'est plongé dans les sagas islandaises et a multiplié les
voyages d'études), cette fresque guerrière penche souvent vers le récit
initiatique. Entre deux passes d'armes joyeusement gore, les
personnages se révèlent, s'interrogent, gagnent en nuances et en
densité, à l'exemple d'Askelaad, salaud magnifique et complexe, digne
d'un Richard III.
Au deçà du graphisme tout à fait agréable et pour une fois lisible dans les phases de combat, la véritable réussite de "Vinland Saga" tient donc avant tout à la vraie présence de ses personnages principaux et
secondaires (et ils sont nombreux). Même si ces derniers répondent aux
critères habituels des récits d’aventure historique, ils ne sont pas non
plus des pions qui se baladent sans réfléchir. Ainsi, les rythmes de
l’histoire se basent sur leurs décisions. Des chapitres entiers peuvent
être tendus comme un arc alors que d’autres seront bien plus calmes
laissant l’histoire suivre son cours.
Les nombreux focus et flashbacks enrichissent l’ensemble du récit et surtout apportent une
profondeur d’âme aux différents protagonistes. De plus, leurs positions
sont rarement figées. Les limites, un peu trop manichéenne dans ce genre
d’histoire, sont vite gommées par le jeu des rebondissements et des
alliances parfois inattendues.
Cependant, les rebondissements sont tout de même parfois un peu gros, il faut se l'avouer, on sent que le besoin de relancer le récit à de temps en temps amené l’auteur à tirer un peu sur la corde. De plus, les vikings et leurs échelles de valeurs sont assez proches du samouraï, un peu trop proche même pour des occidentaux. Toutefois ces légers défauts n'entachent en rien la qualité de l’œuvre !
Cependant, les rebondissements sont tout de même parfois un peu gros, il faut se l'avouer, on sent que le besoin de relancer le récit à de temps en temps amené l’auteur à tirer un peu sur la corde. De plus, les vikings et leurs échelles de valeurs sont assez proches du samouraï, un peu trop proche même pour des occidentaux. Toutefois ces légers défauts n'entachent en rien la qualité de l’œuvre !
Pour poser des bases saines, l'auteur offre un premier volume présentatif, un deuxième pour explorer le passé
avant de se lancer enfin dans le grand bain. Entre mythes
nordiques, bases de stratégie, découvertes de grands espaces et
guerriers légendaires, ce seinen possède des arguments convaincants.
Bien plus complexe qu'il n'y paraît, l'addiction apparaît rapidement
surtout lorsqu'on connaît le potentiel narratif de Yukimura !
"Vinland Saga" a d'ailleurs quelque chose d'éminemment théâtral dans sa mise en scène, son graphisme souvent outrancier et sa façon d'apostropher le lecteur. Assassinats, complots, farce et humour tragique : depuis sa précédente et remarquable série, Planètes, on savait Yukimura grand fan de science-fiction classique ; on le découvre ici amateur éclairé du drame shakespearien.
"Vinland Saga" a d'ailleurs quelque chose d'éminemment théâtral dans sa mise en scène, son graphisme souvent outrancier et sa façon d'apostropher le lecteur. Assassinats, complots, farce et humour tragique : depuis sa précédente et remarquable série, Planètes, on savait Yukimura grand fan de science-fiction classique ; on le découvre ici amateur éclairé du drame shakespearien.
Assez réaliste et violent, Yukimura ne tombe pas non plus dans ce qu’on reproche, parfois à tord, à ce genre
de manga. A savoir, une certaine célébration de la violence. Au
contraire, le manga,
avec des scènes parfois difficile et sous les traits de son personnage
principal, dénonce l’absurdité de la guerre et de la vengeance.

Ce manga est plutôt envoûtant, et ces paysages de grand froid vous happent comme une tempête de neige. Cela donne envie d'en savoir plus et de percer l'écorce de ce jeune héros solitaire et à la beauté sauvage. Méritant une attention particulière, "Vinland Saga" est une petite bombe sur pattes dont on attend énormément après des débuts prometteurs. Un pari assez peu risqué aux vues de premiers volumes flamboyants et à la personnalité d'un mangaka qui arrive à surprendre souvent où il n'est pas attendu.
Au final, "Vinland Saga" est une lecture des plus agréable et bien construite. Un très bon seinen qui se plonge dans une
réalité historique parfois cruelle (même très dure dans certains chapitres). Un très bon moment de lecture avec du sang, des tripes, mais
aussi des doutes, des larmes, de la poussière, des embruns et du casque
à cornes. Bref, tout ce qu’on aime quoi !!!
Le chant des âmes
de Frédérick Rapilly
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
Le cadavre mutilé d’une jeune femme est découvert en Bretagne, dans la
forêt de Brocéliande, quelques jours après la traditionnelle rave-party
qui se tenait dans les environs. Les autorités soupçonnent un rituel
païen ou satanique, et placent en garde à vue plusieurs suspects.
Alors
que les médias se déchaînent, un ex-grand reporter et une photographe
mènent une contre-enquête. Rapidement, leur chasse au scoop se
transforme en chasse à l’homme. Il apparaît que ce meurtre n’est pas
isolé ; en Thaïlande, en Ukraine, aux Canaries, et en Australie, des
jeunes femmes sont retrouvées mortes en marge d’évènements similaires.
Notre duo de journalistes se lance alors sur les traces d’un tueur en
série obsédé par la musique qui choisit ses proies dans la fièvre des
festivals électro.
Critique :
On dit d'une œuvre réussie (que ce soit un film, un livre, de la musique, ...)
qu'elle est capable de vous intéresser à n'importe quel sujet, même un
auquel vous seriez de prime abord récalcitrant. Pour tout vous dire, le monde du journalisme ne me passionne pas vraiment et je
n'apprécie pas tellement la musique électro. Et pourtant "Le chant des âmes" a réussi l'exploit de me captiver.
Un thriller qui se passe dans le
milieu de la musique techno/électro me semblait peu attractif de prime abord. Pourtant il s'est avéré réellement original. L'enquête nous
plonge dans l'univers très spécifique des DJ et des raves parties,
et découvrir leurs codes et fonctionnements est très instructif.
C'est Marc, un ex grand reporter et
Katie, une photographe, qui mènent l'enquête et nous font voyager aux
quatre coins de la planète. L'un est brisé par la vie et
s'interdit d'aimer, l'autre est une fonceuse et va prendre les
choses en main. N'oublions pas Jillian, DJ en vogue et élément
déclencheur. La course poursuite du techno killer par ces deux
journalistes commence à Brocéliande pour se poursuivre entre autres
en Thaïlande, en Ukraine, en Pologne ou encore à Bali. Le style est
impeccable, l'intrigue est prenante et on ne s'ennuie pas
une seconde. La musique techno est omniprésente et certaines
pratiques underground font froid dans le dos si elles sont réelles. La
motivation du serial Killer est effrayante et, malheureusement,
crédible.
Le mystère de ce livre commence dès la première de couverture où sont
disséminées des photos des auteurs des éditions Critic. Un clin d’œil
qui, dès le début, amuse et intrigue. Ensuite, le récit commence et là
quelque chose et certain, Frédérick Rapilly a un don pour transporter
son lecteur dans l'histoire. Cela faisait longtemps que je n'avais pas
eu cette sensation d'être attirée et fascinée. L'histoire est originale
et bien documentée, on sent que l'auteur au demeurant DJ s'y connaît en
musique.
Car si je vous dis que Frédérick Rapilly est à la fois grand reporter et DJ, serez-vous surpris ? Sans doute pas, c'est tout son savoir-faire et sa culture personnelle que l'auteur met en scène dans ce roman. Un livre très musical (on trouve en fin d'ouvrage de quoi se concocter une belle petite play-list, même lorsqu'on n'est pas un fan de techno...), qui nous fait entendre aussi de la pop, du rock, du classique. D'ailleurs, toutes les têtes de chapitres sont assurées, si on peut dire, par Nick Cave et les Bad Seeds, des textes extraits de l'album "Murder Ballads", ce qui vient accroître encore le côté sombre de ce "Chant des âmes".
La première partie du livre est assez lente, l'enquête de Marc et Katie piétine. Ils font chou blanc un peu partout, même s'ils ont une encolure d'avance sur la gendarmerie. Néanmoins cette partie permet de faire connaissance avec les personnages. En parallèle l'auteur aborde légèrement, par petite touche, l'enfance perturbée de celui dont on se doute qu'il est notre psychopathe.
Les personnages sont bien campés et pas clichés. A la fois attachant et mystérieux, le personnage principal, Marc Torkan, est à lui seul une énigme. Son accolyte Katie incarne une photographe noire américaine atypique et qui complète le caractère du personnage principal.
Marc a un passé chargé lui aussi, il a souffert, a voulu se couper de tout. Mais la fibre journalistique reprend le dessus, et c'est l'infernale marche en avant pour LE scoop. Le duo qu'il forme avec Katie, une photographe d'art à la base, qui se trouve embarquée dans ce fait-divers sans avoir eu le temps de dire ouf, est vraiment efficace. Elle a un fichu caractère, ne s'en laisse pas conter et, surtout, réussie à imposer ses idées, c'est assez rafraîchissant !
Car si je vous dis que Frédérick Rapilly est à la fois grand reporter et DJ, serez-vous surpris ? Sans doute pas, c'est tout son savoir-faire et sa culture personnelle que l'auteur met en scène dans ce roman. Un livre très musical (on trouve en fin d'ouvrage de quoi se concocter une belle petite play-list, même lorsqu'on n'est pas un fan de techno...), qui nous fait entendre aussi de la pop, du rock, du classique. D'ailleurs, toutes les têtes de chapitres sont assurées, si on peut dire, par Nick Cave et les Bad Seeds, des textes extraits de l'album "Murder Ballads", ce qui vient accroître encore le côté sombre de ce "Chant des âmes".
La première partie du livre est assez lente, l'enquête de Marc et Katie piétine. Ils font chou blanc un peu partout, même s'ils ont une encolure d'avance sur la gendarmerie. Néanmoins cette partie permet de faire connaissance avec les personnages. En parallèle l'auteur aborde légèrement, par petite touche, l'enfance perturbée de celui dont on se doute qu'il est notre psychopathe.
Les personnages sont bien campés et pas clichés. A la fois attachant et mystérieux, le personnage principal, Marc Torkan, est à lui seul une énigme. Son accolyte Katie incarne une photographe noire américaine atypique et qui complète le caractère du personnage principal.
Marc a un passé chargé lui aussi, il a souffert, a voulu se couper de tout. Mais la fibre journalistique reprend le dessus, et c'est l'infernale marche en avant pour LE scoop. Le duo qu'il forme avec Katie, une photographe d'art à la base, qui se trouve embarquée dans ce fait-divers sans avoir eu le temps de dire ouf, est vraiment efficace. Elle a un fichu caractère, ne s'en laisse pas conter et, surtout, réussie à imposer ses idées, c'est assez rafraîchissant !

Connaissant
lui-même bien le milieu techno, Rapilly nous en propose un portrait
certes sans concession, mais qui évite aussi les clichés qui sont
souvent véhiculées sur cette musique et ces festivals, souvent organisés
dans la clandestinité, voire l'illégalité. Autrement dit, on ne nie
pas la présence de drogues ou d'évènements un peu glauques souvent
inhérents aux grands rassemblements humains, mais on s'attache aussi à
mieux faire comprendre la créativité des artistes technos (parfois
hard-core, certes) ainsi que la si étrange et si contagieuse attraction
que peut avoir cette musique, cette rythmique, plutôt.
Le rythme lui aussi est assez musical, avec des mouvements rapides et des mouvements lents, mais on est plus dans un roman noir que véritablement dans un thriller à l'américaine. C'est une enquête minutieuse, hors des sentiers battus, plus qu'une course-poursuite dératée, que nous propose Rapilly, avec une touche d'exotisme, même si les touristes que l'on croise ne vont guère découvrir les cultures locales.
Le rythme lui aussi est assez musical, avec des mouvements rapides et des mouvements lents, mais on est plus dans un roman noir que véritablement dans un thriller à l'américaine. C'est une enquête minutieuse, hors des sentiers battus, plus qu'une course-poursuite dératée, que nous propose Rapilly, avec une touche d'exotisme, même si les touristes que l'on croise ne vont guère découvrir les cultures locales.

Dans son thriller, Rapilly campe une intrigue réaliste et rondement menée, il respecte les codes du thriller et les casse aussi par moments, le tout avec beaucoup de talent. Fréderic Rapilly parvient avec brio à donner vie à ses personnages, leur interactivité fonctionne pleinement et on s’y attache rapidement. La fin est frustrante (dans le bons sens du terme) et appelle une suite, qui est d'ailleurs déjà disponible ("Le chant du diable").
Mais, la véritable qualité de ce roman est qu'il saura vous intéresser même si vous n'y connaissez rien en techno, même si vous ronchonnez en disant que ce n'est pas de la musique, même si vous les considérez encore simplement comme un ramassis de drogués. Alors n'hésitez pas à entrer dans la danse et à vous laisser hypnotiser par ce thriller assez particulier.
Jusqu'au bout du roman, jusqu'à la terrible révélation finale, impossible de décrocher. Et même une fois la dernière page tournée, fiévreux, la gueule de bois, le cœur battant la chamade, vous ne pourrez vous sortir de la tête les dernières notes du "Chant des Âmes" !!!
Le vent des Khazars : Un roman de Marek Halter adapté avec brio par Pierre Makyo !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Au milieu du Xème siècle, un peuple a choisi contre vents et marées
d'adopter la foi judaïque. Il est entouré de l'influence et de la
puissance des pays catholiques et musulmans voisins, établi dans les
montagnes entre mer noire et mer Caspienne. Sa réputation traverse le
continent pour atteindre le rabbin de Cordoue. Il se dit que ce peuple
peut vivre sa foi sans contrainte, sans devoir monnayer son existence,
sans subir ni joug, ni domination d'aucune sorte. Le rabbin décide alors
d'envoyer Isaac Ben Eliezer à la rencontre du Khagan des Khazars, le
très respecté leader de ce peuple libre et fier, pour lui porter un
message de la plus haute importance.
Plus de 1000 ans après ces
évènements, Marc Sofer, un écrivain à succès en mal d'inspiration,
reçoit la visite d'un juif qui cherche à fuir la Géorgie, et lui demande
son soutien pour pouvoir séjourner en France ou en Europe. Pour
attester de sa bonne foi et pour convaincre l'écrivain, le mystérieux
visiteur lui laisse une pièce de monnaie récupérée dans une grotte
secrète au cœur de sa Géorgie natale. Une grotte inconnue des hommes,
dans laquelle son propre père aurait découvert une synagogue et une
bibliothèque pleine de livres anciens. Il fixe rendez-vous à Sofer trois
jours plus tard. Ce laps de temps laisse à l'écrivain le temps de faire
expertiser la mystérieuse pièce de monnaie. Celle-ci révèle alors son
extraordinaire origine.
Cet album nous entraîne donc sur les traces d’une civilisation juive méconnue, les Khazars ! L’histoire débute en 939 et nous montre la princesse Attex et son frère Joseph qui se font attaquer par une peuplade rivale. Nous
revenons en 2000, Marc Sofer, un écrivain célèbre, participe à une
conférence de presse. Ephraïm Yakubov le contacte pour lui
demander des papiers afin de rentrer chez lui.

Pierre Makyo nous fait partager un scénario très intéressant en nous faisant voyager sans cesse entre une enquête réalisée de nos jours et l'époque lointaine des Khazars, d'abord musulmane, puis reconvertis au judaïsme, grâce à un récit fluide et mené de mains de maître. Toute l'expérience de Pierre Makyo est perceptible dans cet album qui, à aucun moment, ne donne le sentiment d'un effort d'adaptation pour passer du roman de Marek Halter au récit en BD.
L'alternance répétée entre les deux époques
(les années 955 et 2000) est fluide et bien rythmée, les dialogues sont
efficaces et pas trop nombreux. Cela aboutit à un album qui se lit sans
effort. L'intérêt pour l'histoire du peuple Khazar, plutôt méconnue, est
par ailleurs réel, lorsqu'il enrichit une intrigue aux facettes
multiples.

A la fin de
ce premier tome, le suspense est total. On se trouve réellement au cœur
d'un roman destiné au grand-public. Et gageons qu'il faudra à nouveau
72 pages pour que le tome 2 (à venir) conclue cette épopée sans trop de
précipitation. Un bel album qui annonce donc une suite et fin des plus intéressantes !!!
Kyle Higgins et Eddy Barrows - Nightwing, Pièges et Trapèzes : Une excellente surprise, indispensable pour les lecteurs de la saga "Batman, La cour des Hiboux" !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Dick Grayson a été Robin par le passé, puis Nightwing. Lors de la
disparition de Bruce Wayne, il a enfilé le costume de Batman pendant
toute une année. Au retour du milliardaire, Dick a enfin repris sa
liberté et surveille Gotham dans son costume de Nightwing.
Ces derniers
temps, des crimes sont produits par divers désaxés. Le super héros
n'hésite pas à intervenir. Une fois sa tâche effectuée, Dick se rend
dans un coin très précis de la ville, où le cirque Haly a déplié son
chapiteau. S'il l'observe, c'est tout simplement parce qu'il s'agit du
cirque dans lequel il a grandi et dans lequel ses parents sont morts.
Après plusieurs jours d'hésitation, Dick franchit le pas et salue ses
anciens amis. L'accueil est chaleureux et le plaisir de revoir la belle
Raya immense. En partant, Dick est agressé par un homme masqué et
particulièrement agile. Ce dernier parvient à s'enfuir mais pour
Nightwing, ce n'est que le début d'une nouvelle enquête.
Critique :
Alors que la France entière attend la suite de "Batman : La Cour des
Hiboux", il est temps de retourner à Gotham. C’est à l’oiseau de nuit
d’entrer en scène. Avec le relaunch DC (Renaissance ou The New 52 en
version originale, remise
à zéro des cinquante-deux séries de l’univers DC proposant notamment
une nouvelle porte d’entrée à tous les néophytes) et la pétarade de
sorties chez Urban Comics, nous
retrouvons Dick Grayson sous le costume de Nightwing après avoir endossé
les collants, ou plutôt les tenues, de Robin et même de Batman, plus
récemment, suite au départ imprévu de ce dernier. L’histoire se déroule
en parallèle du génial Batman de Capullo et Snyder, vous vous en doutez
donc qu’il va y avoir du Hibou au menu !
Ce premier Tome de "Nightwing",
entièrement écrit par Kyle Higgins et dessiné par Eddy Barrows, Eduardo
Pansica, Gerald Borges et Trevor McCarthy contient les sept premiers
numéros de "Nightwing". L'auteur offre une magnifique leçon de
rattrapage aux nouveaux lecteurs en revisitant le passé de Dick Grayson,
suite à la visite d'un cirque en ville et pas n'importe lequel,
puisqu'il s'agit de celui où il a grandi et où il a perdu ses parents.
La narration est assez agréable et empreinte des tonalités assez sombres. Il faut dire que très vite le héros est pris pour cible par un agresseur masqué et dont la force et la violence sont pour le moins extrêmes. Higgins inclue aussi pas mal d'action, une love story et des caméos aux événements de l'univers.
L’objectif est ici de poser le personnage de Dick. Ainsi c’est avec le retour du Cirque Haly à Gotham que tout se construit. Les souvenirs resurgissent laissant Dick confus (il n’est jamais retourné au cirque) alors qu’un nouvel adversaire fait son apparition à Gotham. Il se nomme Saïko et souhaite la mort de Dick Grayson, le qualifiant de meurtrier.
La narration est assez agréable et empreinte des tonalités assez sombres. Il faut dire que très vite le héros est pris pour cible par un agresseur masqué et dont la force et la violence sont pour le moins extrêmes. Higgins inclue aussi pas mal d'action, une love story et des caméos aux événements de l'univers.
L’objectif est ici de poser le personnage de Dick. Ainsi c’est avec le retour du Cirque Haly à Gotham que tout se construit. Les souvenirs resurgissent laissant Dick confus (il n’est jamais retourné au cirque) alors qu’un nouvel adversaire fait son apparition à Gotham. Il se nomme Saïko et souhaite la mort de Dick Grayson, le qualifiant de meurtrier.

Les dernières parties du numéro sont, pour moi, les plus intéressantes. Le rythme s’accélère, l’arc prend fin efficacement et l’affrontement tant attendu a lieu. Le secret que Dick découvre lui fait froid dans le dos. Bref, le scénariste fait un très bon travail et s'appuie sur des dessinateurs aux devenirs certains. Eddy Barrows assure la quasi-intégralité des épisodes et se débrouille bien mieux encore que sur la couverture.
Le dessin est très réussi, c’est du haut niveau, ce genre de licence est un régal pour les yeux. D’autant plus quand le scénario est en accord. Le design est différent de celui de Capullo, c’est ici beaucoup plus lisse, moins crayonné, l’ambiance est moins malsaine mais non moins sombre. C’est différent et c’est voulu. Visuellement donc, le travail d’Eddy Barrows (surtout) est splendide, avec des scènes d’action et des acrobaties qui en mettent plein la vue.

Je ne peux que vous conseiller ce "Nightwing : Pièges et trapèzes". Ce n’est pas parfait mais c’est excellent, il serait dommage de passer à côté. Et même si les dernières pages de cette lecture rendront votre attente du prochain Batman encore plus insoutenable, cela reste un régal. Ce personnage est classe à souhait et apporte certaines choses que Batman ne peut pas apporter. C’est comme un élan de fraîcheur à Gotham et c’est bon.
Au final, sans
figurer parmi les indispensables du genre, "Nightwing" se lance avec un
premier album ciselé et qui plaira sûrement aux fans du "Batman" de
Snyder !!!
La formule de Dieu
de José Rodrigues Dos Santos
Note : 3 / 5
Synopsis :
Printemps 1951, deux espions de la CIA épient une rencontre de la plus
haute importance entre David Ben Gourion, "premier" Premier Ministre
de l'État d'Israël, et Albert Einstein. L'objet de leur discussion :
l'obtention de l'arme nucléaire par le jeune état juif et l'existence de
Dieu.
Cinquante ans plus tard, Tomas Noronha, expert en cryptologie, est appelé au Caire par une mystérieuse jeune femme. Sa mission : déchiffrer un cryptogramme caché dans un document détenu par le gouvernement de Téhéran. Un manuscrit écrit de la main d'Albert Einstein dont le contenu pourrait bousculer l'ordre mondial.
Tomas Noronha devient alors un agent double censé collaborer avec les Iraniens pour informer l'Occident. Mais au cours de son enquête, il découvre que le fameux manuscrit contient beaucoup plus de choses que ne l'espéraient ses différents commanditaires. Il serait tout simplement la preuve scientifique de l'existence de Dieu.
Cinquante ans plus tard, Tomas Noronha, expert en cryptologie, est appelé au Caire par une mystérieuse jeune femme. Sa mission : déchiffrer un cryptogramme caché dans un document détenu par le gouvernement de Téhéran. Un manuscrit écrit de la main d'Albert Einstein dont le contenu pourrait bousculer l'ordre mondial.
Tomas Noronha devient alors un agent double censé collaborer avec les Iraniens pour informer l'Occident. Mais au cours de son enquête, il découvre que le fameux manuscrit contient beaucoup plus de choses que ne l'espéraient ses différents commanditaires. Il serait tout simplement la preuve scientifique de l'existence de Dieu.
Critique :
Pour beaucoup d'entre nous, Dieu est mystère mais pour
d'autres son existence peut être prouvée scientifiquement. Tel est en
quelques mots le sujet de "La formule de Dieu" du reporter et
journaliste vedette portugais José Rodrigues dos Santos. Ce livre à suspens à mi-chemin entre spiritualité et science, qui
s'est déjà vendu à deux millions d'exemplaires, mêle, plus ou moins, habilement un
manuscrit d'Einstein, la CIA et une enquête dans le monde entier.
Avec cette "Formule de Dieu", nous sommes en présence de ce que les anglo-saxons nomment un "pageturner novel".
Entendez un livre qu’on ne lâche qu’à la fin. A ce petit jeu, José
Rodrigues dos Santos ne semble pas le plus manchot à première vue. Il faut dire, aussi, que
son sujet est des plus ambitieux. Il y compose une enquête à cheval sur
trois continents et y défend un postulat impossible : prouver
l’existence de Dieu grâce à une formule.
Son héros, Tomàs Noronha, s’y
trouve "forcé" de décrypter un document sensible, manuscrit apocryphe
d’Albert Einstein appelé à bouleverser le statu quo établi pour
la paix des contrées entre physique, espace/temps et religion. De là, l'auteur cherche, assez maladroitement à mon sens, à imbriquer rebondissements et retournements de situations propres à
écheveler l’amateur d’énigmes ! Sur une trame ardue, voire rédhibitoire,
l’auteur vulgarise les données, et remplit finalement le contrat que se
devrait d’honorer tout créateur d’histoires : élever son public.
Attention toutefois ! Pas question ici de prouver l’existence d’un Dieu anthropomorphe, pourvoyeur de morale, colérique et grand censeur. Ici, c’est du Dieu de Spinoza dont il s'agit, du Dieu qui correspond à la Nature, à l’univers et aux forces qui le gouvernent. "La Formule de Dieu" n’a rien d’un thriller ésotérique.
Le roman commence très bien. Les premiers chapitres du livre font presque croire que nous sommes en présence d'un véritable roman d’espionnage : très vite, le pauvre Tomas Noronha est pris dans des conflits qui le dépassent, et on retrouve la classique figure de l’agneau convoité par trop de loups. Très vite aussi, l’enjeu scientifique et métaphysique se met en place. Les développements autour du manuscrit d’Einstein sont assez passionnants, et les personnages se transforment en vulgarisateurs. C’est parfois un peu poussif, mais nécessaire et surtout relativement très intéressant.
Sur ce point d'ailleurs, c'est une très bonne et très ambitieuse vulgarisation scientifique que nous livre José Rodrigues Dos Santos. De la théorie de la relativité à celle de l'indétermination quantique en passant par la théorie du chaos et à celle des cordes (pour cette dernière, on reste un peu sur sa faim cependant, a fortiori lorsque l'on a lu "La théorie des cordes" de José Carlos Somoza) sans parler des paradoxes autoréférentiels et des philosophies orientales, le roman se caractérise par un savoir universel, une grande clarté d'exposition et une volonté de cohésion aboutissant à la proposition d'un univers cyclique. Même si le sujet est ardu, l'auteur le rend assez passionnant !
Attention toutefois ! Pas question ici de prouver l’existence d’un Dieu anthropomorphe, pourvoyeur de morale, colérique et grand censeur. Ici, c’est du Dieu de Spinoza dont il s'agit, du Dieu qui correspond à la Nature, à l’univers et aux forces qui le gouvernent. "La Formule de Dieu" n’a rien d’un thriller ésotérique.
Le roman commence très bien. Les premiers chapitres du livre font presque croire que nous sommes en présence d'un véritable roman d’espionnage : très vite, le pauvre Tomas Noronha est pris dans des conflits qui le dépassent, et on retrouve la classique figure de l’agneau convoité par trop de loups. Très vite aussi, l’enjeu scientifique et métaphysique se met en place. Les développements autour du manuscrit d’Einstein sont assez passionnants, et les personnages se transforment en vulgarisateurs. C’est parfois un peu poussif, mais nécessaire et surtout relativement très intéressant.
Sur ce point d'ailleurs, c'est une très bonne et très ambitieuse vulgarisation scientifique que nous livre José Rodrigues Dos Santos. De la théorie de la relativité à celle de l'indétermination quantique en passant par la théorie du chaos et à celle des cordes (pour cette dernière, on reste un peu sur sa faim cependant, a fortiori lorsque l'on a lu "La théorie des cordes" de José Carlos Somoza) sans parler des paradoxes autoréférentiels et des philosophies orientales, le roman se caractérise par un savoir universel, une grande clarté d'exposition et une volonté de cohésion aboutissant à la proposition d'un univers cyclique. Même si le sujet est ardu, l'auteur le rend assez passionnant !
Toutefois, il reste des tas de maladresses dans ce livre, des passages qui utilisent un peu trop
clairement les ficelles des best-sellers, ou dans lesquels les personnages sont un peu maladroitement peints. La partie proprement romanesque ne suit pas, l'écriture, durant ces passages, n'étant pas vraiment éblouissante.
L'intrigue est assez peu crédible et, surtout, trop téléphonée : les méchants Iraniens
qui prennent le manuscrit où Einstein n'apporte rien moins que "la preuve
scientifique de l'existence de Dieu" pour la formule d'une bombe
facile à réaliser et pas trop chère !
Quant aux protagonistes, jeunes beaux et amoureux comme il se doit, ils se tirent des griffes de leurs opposants avec des ruses dérisoires. Décryptage et décodage des formules initiales et finales, ce qui était le grand suspens de l'ouvrage, sont, quant à eux, à la limite du ridicule ! C'est le danger de ce genre d'ouvrage : l'auteur n'aurait pas pu faire passer son savoir et ses théories auprès d'un grand public sans utiliser le romanesque, mais le romanesque est faible.
Quant aux protagonistes, jeunes beaux et amoureux comme il se doit, ils se tirent des griffes de leurs opposants avec des ruses dérisoires. Décryptage et décodage des formules initiales et finales, ce qui était le grand suspens de l'ouvrage, sont, quant à eux, à la limite du ridicule ! C'est le danger de ce genre d'ouvrage : l'auteur n'aurait pas pu faire passer son savoir et ses théories auprès d'un grand public sans utiliser le romanesque, mais le romanesque est faible.
Ceci étant, "La formule de Dieu" reste
assez passionnant et stimulant, et contient pas mal d’idées géniales.
Il en reste tout de même un énorme travail de grande qualité, une somme
d'informations bien plus palpitantes que celles portant sur les ébats de
Jésus et Marie Madeleine !
Au final, "La formule de Dieu" reste un bon divertissement, même si
certains passages sont assez ardus. Pour les novices, il
permet de découvrir les avancées majeures faites dans le monde des
mathématiques et de la physique. La théorie développée dans ce livre est
vraiment bien trouvée au détriment des personnes qui ne sont pas du
tout développés et d'une conclusion décevante. Ce n'est pas de la grande littérature, mais
ce n'est pas ce que l'on vient chercher dans un tel ouvrage !!!
Lee Bermejo - Batman, Noël : L'étrange noël de Mr. Bruce "Batman" Wayne !!!
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
C'est la nuit de Noël et la neige tombe sur Gotham. Sur les toits, une
ombre court et saute d'immeuble en immeuble. Il s'agit bien sûr de
Batman.
Il observe les faits et gestes de Bob, un petit malfrat qui
livre des marchandises pour un plus gros poisson : le Joker. Selon les
consignes qui lui ont été donné, l'homme de main dépose un paquet dans
une vieille boutique et récupère celui du Joker. A peine a-t-il fait
quelques mètres, que le Chevalier Noir sort de sa cache et attrape le
livreur.
Batman lui réclame des informations, mais il comprend que Bob est juste un intermédiaire dont les choix de vie ont toujours été mauvais. Il le laisse partir en lui greffant un mouchard sur ses vêtements. De retour à la Batcave, le Chevalier Noir apprend qu'une autre de ses connaissances sème le trouble dans les ruelles de Gotham.
Dans la nuit de Noël, Batman pourchasse donc son pire ennemi. Mais à mesure que son enquête progresse, le Chevalier Noir s'interroge sur ses motivations de super héros. Un Dark Knight version Dickens particulièrement savoureux.
Batman lui réclame des informations, mais il comprend que Bob est juste un intermédiaire dont les choix de vie ont toujours été mauvais. Il le laisse partir en lui greffant un mouchard sur ses vêtements. De retour à la Batcave, le Chevalier Noir apprend qu'une autre de ses connaissances sème le trouble dans les ruelles de Gotham.
Dans la nuit de Noël, Batman pourchasse donc son pire ennemi. Mais à mesure que son enquête progresse, le Chevalier Noir s'interroge sur ses motivations de super héros. Un Dark Knight version Dickens particulièrement savoureux.
Critique :
La période de Noël a inspiré des centaines de contes différents. Charles Dickens a notamment écrit "A Christmas Carol", mettant en scène Scrooge. Ce personnage patibulaire, égoïste, avare et misanthrope connaîtra un jour de Noël qui le changera à jamais. Lee Bermejo a eu la riche idée de croiser sa plume avec celle de Dickens, pour un nouvel opus plus que réussi de Batman, chez Urban Comics, "Batman, Noël".

Dans ce graphic novel, Lee Bermejo a donc pris le pari risqué d'adapter complètement le récit de Dickens dans l'univers du Chevalier Noir. Il décide de garder l'esprit original de l'oeuvre et de faire que son graphic novel ressemble autant à un comics qu'à un véritable conte illustré.
Et autant être clair d'emblée, le pari est remporté haut la main ! Non seulement
la trame est là, mais beaucoup de petits évènements présents ici sont
directement tirés du conte original, transposés à Gotham City dans
des "rôles" interprétés par des personnages parmi les plus connus de
l'univers de Batman. Pour garder cet esprit de conte de noël, il se targue même d'un
narrateur racontant l'histoire, non pas au lecteur, mais a sa
progéniture, donnant ainsi une mise en abîmes assez ironique.
La séquence d'introduction de l'album
bénéficie d'une narration très prenante et d'un découpage mettant en
avant l'immense talent de l'artiste. Bien mené, le récit parvient à
mêler les aspects propres à Dickens à ceux du Bat-universe.
Le reste du scénario persévère dans cette lignée d'astucieuses adaptations, de transfiguration du super-héros en protagoniste de conte, de dialogues bien tournés avec son lot de répliques pas loin de devenir mémorables. On appréciera d'ailleurs le choix du "casting", que ce soit pour les trois fantômes de noël ou les personnages secondaires présents, rien n'est fait au hasard. Le choix du fantôme qui initie la quête spirituelle de notre héros est aussi très bien pensé et ne manquera pas de nous remémorer quelques souvenirs. Du début à la fin, Bermejo montre un certain talent pour l'écriture qui n'est pas sans rappeler l'ingéniosité percutante d'un Garth Ennis ou la finesse d'un Grant Morrison.
Cependant, au-delà de la trame scénaristique, l'efficacité de l'histoire s'appuie surtout sur un visuel exceptionnel. Bermejo offre des planches sublimes où le jeu d'ombres se montre hallucinant de réalisme. Ses personnages sont charismatiques, sa version de Catwoman tend même vers celle d'Adam Hughes.
Le reste du scénario persévère dans cette lignée d'astucieuses adaptations, de transfiguration du super-héros en protagoniste de conte, de dialogues bien tournés avec son lot de répliques pas loin de devenir mémorables. On appréciera d'ailleurs le choix du "casting", que ce soit pour les trois fantômes de noël ou les personnages secondaires présents, rien n'est fait au hasard. Le choix du fantôme qui initie la quête spirituelle de notre héros est aussi très bien pensé et ne manquera pas de nous remémorer quelques souvenirs. Du début à la fin, Bermejo montre un certain talent pour l'écriture qui n'est pas sans rappeler l'ingéniosité percutante d'un Garth Ennis ou la finesse d'un Grant Morrison.
Cependant, au-delà de la trame scénaristique, l'efficacité de l'histoire s'appuie surtout sur un visuel exceptionnel. Bermejo offre des planches sublimes où le jeu d'ombres se montre hallucinant de réalisme. Ses personnages sont charismatiques, sa version de Catwoman tend même vers celle d'Adam Hughes.
Coté mise en page et illustrations, Bermejo se surpasse et offre un
véritable régal pour les yeux. Un souci du détail, une mise en scène
admirable, une structure efficace parfois osée, un trait précis, et une
impression d'Art qui vient se poser sur la majorité des planches de cet
album. L'ensemble ici est homogène sans être uniforme pour autant.
L'atmosphère entre les diverses parties du récit se transmet via
quelques petits détails, parfois insignifiant, et pourtant rien ne passe
vraiment inaperçu.
A travers les dessins, la mise en scène prend forme, tantôt pur comics, tantôt simple conte, avec quelques envolées d'actions et quelques planche plus "contemplatives" qui nous laissent apprécier la magie de ce conte de noël pas comme les autres. La colorisation de Barbara Ciardo, quant à elle, vient parfaire l'ensemble en ne gâchant aucunement le travail de l'artiste. D'ailleurs, en fin d'album, vous pourrez voir quelques croquis que l'on qualifiera d'impressionnants.
Au final, cette histoire de Batman en forme de conte sombre de Noël est excellente. Le graphisme de Lee Bermejo est toujours impeccable, les plans sont cinématographiques à souhait, les ambiances sont parfaites, dramatiques et théâtrales. Superposer ce conte classique et l’univers du chevalier noir était une idée audacieuse. Mais le pari est payant. On se régale de bout en bout. Qui a dit que les grands n’aimaient pas qu’on leur raconte des histoires ? Quand elles sont aussi bonnes que celle-là, moi, j’adore !
A travers les dessins, la mise en scène prend forme, tantôt pur comics, tantôt simple conte, avec quelques envolées d'actions et quelques planche plus "contemplatives" qui nous laissent apprécier la magie de ce conte de noël pas comme les autres. La colorisation de Barbara Ciardo, quant à elle, vient parfaire l'ensemble en ne gâchant aucunement le travail de l'artiste. D'ailleurs, en fin d'album, vous pourrez voir quelques croquis que l'on qualifiera d'impressionnants.
Au final, cette histoire de Batman en forme de conte sombre de Noël est excellente. Le graphisme de Lee Bermejo est toujours impeccable, les plans sont cinématographiques à souhait, les ambiances sont parfaites, dramatiques et théâtrales. Superposer ce conte classique et l’univers du chevalier noir était une idée audacieuse. Mais le pari est payant. On se régale de bout en bout. Qui a dit que les grands n’aimaient pas qu’on leur raconte des histoires ? Quand elles sont aussi bonnes que celle-là, moi, j’adore !
"Batman Noël"
n'est certes pas le combat le plus épique qu'ait livré le Dark Knight dans son
histoire, mais la maîtrise et la qualité de l'ensemble font de ce graphic novel une oeuvre d'exception !!!
Enfants de poussière
de Craig Johnson
Note : 4 / 5
Synopsis :
Le comté d'Absaroka, dans le Wyoming, est le comté le moins peuplé de l’État le moins peuplé d'Amérique. Aussi, y découvrir en bordure de route le corps d'une jeune Asiatique
étranglée est-il plutôt déconcertant. Le coupable paraît pourtant tout
désigné quand on trouve, à proximité des lieux du crime, un colosse
indien frappé de mutisme en possession du sac à main de la jeune femme.
Mais le shérif Walt Longmire n'est pas du genre à boucler son enquête à
la va-vite. D'autant que le sac de la victime recèle une autre surprise :
une vieille photo de Walt prise quarante ans plus tôt, et qui le
renvoie à sa première affaire alors qu'il était enquêteur chez les
marines, en pleine guerre du Vietnam.
Enfants de poussière entremêle passé et présent au gré de deux enquêtes aux échos inattendus. Ce nouveau volet des aventures du shérif Longmire et de son ami de toujours l'Indien Henry Standing Bear, nous entraîne à un rythme haletant des boîtes de nuit de Saïgon aux villes fantômes du Wyoming.
Enfants de poussière entremêle passé et présent au gré de deux enquêtes aux échos inattendus. Ce nouveau volet des aventures du shérif Longmire et de son ami de toujours l'Indien Henry Standing Bear, nous entraîne à un rythme haletant des boîtes de nuit de Saïgon aux villes fantômes du Wyoming.
Critique :
Craig Johnson a été policier et pêcheur professionnel avant de s'installer dans un ranch bucolique, au cœur du Wyoming, lieu même où se déroule l'intrigue de son "Enfants de poussière". Johnson part de faits de société souvent peu connus pour élaborer une intrigue
qui se tient. Grâce à une écriture concise, efficace, qui a l'art du
petit détail précis, sans préambules ni digressions inutiles, on se
retrouve très vite au cœur d'un sujet costaud, ici le passé des
vétérans de la guerre du Vietnam, via le shérif Longmire.
Après les excellents "Little Bird",
" Le camp des morts" et "L'indien blanc", c'est avec plaisir que l'on retrouve dans une nouvelle
enquête le désormais célèbre shérif et son entourage. Rapidement,
des éléments de l'enquête obligent le toujours aussi sympathique shérif
à se replonger dans son moins sympathique passé.
Johnson, encore une fois, nous surprend par sa capacité à constamment se renouveler. Si le style est désormais familier et tout à fait identifiable, il n'en reste pas moins que chacun des épisodes de la série "Longmire" a une identité propre et des sujets variés. Je ne sais pas si cette aventure est la plus ambitieuse comme le stipule la quatrième de couverture. Je trouve que les deux intrigues qui s'entrecroisent sont assez simples. Johnson nous ayant habitués à des scénarios souvent beaucoup plus complexes et par cela des meurtriers moins décelables. Par contre, comme à son habitude, il nous emmène sur des sentiers inattendus.
Johnson, encore une fois, nous surprend par sa capacité à constamment se renouveler. Si le style est désormais familier et tout à fait identifiable, il n'en reste pas moins que chacun des épisodes de la série "Longmire" a une identité propre et des sujets variés. Je ne sais pas si cette aventure est la plus ambitieuse comme le stipule la quatrième de couverture. Je trouve que les deux intrigues qui s'entrecroisent sont assez simples. Johnson nous ayant habitués à des scénarios souvent beaucoup plus complexes et par cela des meurtriers moins décelables. Par contre, comme à son habitude, il nous emmène sur des sentiers inattendus.
Le premier personnage de son nouveau polar, retrouvé au bord d'une autoroute, est un
cadavre. Celui d'une jeune Vietnamienne auprès de laquelle rôde un
marginal, un Indien étrangement mutique tout désigné pour être le
coupable. Mais le shérif Walt Longmire n'est pas homme à se laisser
abuser et il mènera une longue enquête qui, à cause d'une photo jaunie
découverte dans la doublure du sac de la victime, le conduira peu à peu
vers son propre passé, quatre décennies plus tôt, quand il débarqua dans
l'enfer de la guerre du Vietnam. Alternant les époques et les énigmes,
Johnson signe un thriller remarquable, dans un Wyoming rempli de
revenants.
Le récit alterné nous fait découvrir deux aspects de l’Amérique que nous
ne connaissons pas forcément très bien : la rurale d’aujourd’hui, bien
loin des villes modernes où il est très compliqué d’avoir une connexion
wifi ou un réseau de téléphone portable et celle de Vietnam qui a laissé
une trace profonde dans les esprits des deux camps.
Comme toujours, Craig Johnson
s'arme d'une documentation très fournie pour rendre l'ambiance et les
décors les plus réalistes possible. Sans faire l'apologie de la guerre,
loin
s'en faut, il est bien renseigné sur tout ce qui est armes et moyens
logistiques afin de nous transporter dans l'environnement de la base
aérienne américaine de Tan Son Nhut. Quant à son style,
très reconnaissable comme je le disais plus haut, il s'enrichit d'une
nouvelle gamme narrative très bien maîtrisée : l'ellipse. Les flashbacks
arrivent à point nommé, les allers-retours passé-présent
répondent à une belle retranscription de l'esprit humain et des
associations d'idées qu'il peut faire selon les circonstances.
Tout est suggéré en peu de mots, les dialogues sont brefs et rapides, et le rythme d'ensemble est mené savamment crescendo. Un polar, certes, mais qui dérange. Johnson est un
décrypteur, un analyste de la société et de ses ombres. Policiers,
psychologiques, sociologiques, ses livres sont à la fois des
témoignages, des dénonciations et un regard "autre", dans lequel la pire
violence n'est pas forcément celle du crime, mais celle que nous impose
toute civilisation qui sacrifie ses plus faibles. Et c'est la voix de
ceux-là que Johnson nous
donne à entendre, celle des sans-grades, des oubliés et des victimes de
mafieux sur lesquels la très honorable société ferme plus ou moins les
yeux.
![]() |
Craig Johnson |
En plus de
nous donner à voir avec réalisme certains aspects de la guerre du
Vietnam, l'auteur nous régale en décrivant son Wyoming
d'adoption et en faisant vivre ses personnages. Aux protagonistes
principaux que l'on retrouve avec plaisir (en plus de Walt, citons
Henry Standing Bear, le meilleur ami du shérif, Vic, sa
séduisante adjointe et Saizarbitoria, son autre bras droit), il faut
ajouter des personnages secondaires réussis et pas délaissés pour un
sou. Certains ne manquent pas de piquant, comme ces deux
vieux frères célibataires dont l'un est persuadé que leur mère,
morte depuis un quart de siècle, lui prépare encore son café du matin.
Comme dans les autres opus de la série, l'humour occupe une
belle place, aussi bien dans les situations que dans les dialogues
et les pensées de Walt.
Au final, il n'y a
donc rien à redire à ce nouveau volet. Les petites faiblesses de
l'intrigue policière à proprement parlé étant largement compensées par
le toujours et même dynamisme stylistique et par
encore tout ce qu'on peut apprendre de notre shérif préféré et de
son entourage. S'il ne s'agit peut-être pas du meilleur livre écrit par Craig Johnson à ce jour, "Enfants de poussière" n'en demeure pas moins un très
bon roman. Un bien agréable moment de lecture passé avec Walt,
Henry, Vic et les autres dans les sublimes paysages du Wyoming !!!
Luis et Romulo Royo - Malefic Time Apocalypse : Une œuvre pluridisciplinaire, originale et ambitieuse, qui mérite vraiment le détour !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
En 2038, la ville de New York n'est plus que l'ombre d'elle-même. L'apocalypse l'a ravagée. La métropole est totalement vidée de ses habitants et des créatures étranges hantent désormais les lieux.
En 2038, la ville de New York n'est plus que l'ombre d'elle-même. L'apocalypse l'a ravagée. La métropole est totalement vidée de ses habitants et des créatures étranges hantent désormais les lieux.
Une secte s'implante dans ce décor en ruine. "Les Treize Ombres", telle
qu'elle se nomme, surveillent un entrepôt désaffecté et s'apprêtent à
une lutte acharnée contre ces monstres. Baal rend visite à Luz, son
élève. Afin d'être prêt au combat, il lui confie une épée, mais pas
n'importe laquelle. Il s'agit de Malefic, une lame qui traverse
l'histoire et fait régulièrement couler le sang. Pour Luz, Malefic est
le prétexte rêvé pour enfin venger sa compagne.
Critique :
Les fans de l'artiste espagnol Luis Royo attendaient avec impatience ce projet débuté en 1994. "Malefic Time" a dévoilé quelques-unes de ses planches dans l'artbook "Malefic". A l'instar de "Dead moon",
Luis Royo narre une histoire qu'il illustre aussi. Si cet exercice n'en
fait pas une bande dessinée à proprement parler, les amateurs d'heroic-fantasy et de beaux dessins apprécieront bien évidemment cet univers
post-apocalyptique.
L’Apocalypse selon les Royo est humide, glacial et peuplé de créatures
sorties d’une parade gothique. Le Manhattan de l’année 2038 est devenu
le champ de bataille d’un conflit opposant des forces ésotériques
supérieures. Après avoir planté ce décor, le récit du roman graphique
s’attarde sur le personnage de Luz, une goth mélancolique et dangereuse
qui, en raison de ses origines mystérieuses, sera appelée à jouer un
rôle qui la dépasse. Elle est accompagnée de Soum, membre d’une secte
occulte nippone, envoyée en mission dans ce New York ravagé, et d’un
geek vaguement emo, Allen.
Impossible de faire autrement que de baver devant
les magnifiques illustrations. Du visuel de couverture à la dernière
page, tout n'est que sensualité et beauté sombre jusque dans les
moindres détails. Devenu incontournable depuis "Dead moon", Luis
Royo nous offre un album riche, à mi-chemin entre le néogothique et la
Dark Fantasy, d'une complexité fascinante, qui nous entraîne dans un
monde post-apocalyptique, brutal, sans concession, mais passionnant. L'artbook lui-même est une pépite, accompagné d'un DVD très intéressant qui propose quelques suppléments non négligeables.
Si la narration
n’est pas un modèle de fluidité, les textes de Romulo Royo
semblant davantage destinés à contextualiser les superbes illustrations
de son père Luis, le récit se révèle plus maîtrisé que sur "Dead moon" et conserve de petites zones d'ombre sur ce qui se passera dans les deux autres volets prévus. L’intérêt de l’ouvrage réside cependant surtout dans ses illustrations.
Essentiellement des huiles et acryliques sur papier, les peintures de
Luis Royo sont splendides. L’artiste a eu la bonne idée de lever le pied
à la fois sur l’aérographe et sur l’usage des couleurs, pour livrer des
tableaux sobres, quasi monochromatiques, dans des tons gris ou sépia,
relevés parfois d’une touche de rouge ou de bleu. Avec un sens aigu de
la lumière (voir par exemple le vol épique des "anges" dans la
cathédrale St. Patrick), Luis Royo retranscrit magnifiquement
l’atmosphère de solitude et de désolation qui règne dans l’univers
gothique et post-apocalyptique de "Malefic Time".
L’artiste offre de
sublimes vues de son Manhattan déchu : des gratte-ciel rongés par
l’humidité, des rues désertes dévorées par la brume, des carcasses de
voitures abandonnées, des rames de métro désaffectées… Certaines
illustrations s’étalent sur des doubles-pages à couper le souffle qui
invitent le lecteur à promener longuement son regard pour s’y immerger
pleinement. Quant aux femmes, sujet de prédilection de Luis Royo, elles
sont, sous l’ahurissante finesse du trait de l’artiste, plus éthérées et
plus gracieuses que jamais.
Ainsi visuellement, il semble inutile de dire que
Luis Royo atteint un niveau de finition assez hallucinant. D'une beauté
incroyable, ses personnages sont fins et possèdent un aspect sensuel
indéniable. Luis Royo partage chaque étape créatrice avec Romulo Royo,
son fils, aux dessins et au scénario. On peut donc dire que les Royo
délivrent ici une saga pleine de promesses.
Le livre est accompagné d’un DVD offrant de nombreux bonus : une sorte
de making-off, des scènes coupées, un commentaire de l’œuvre, un musée
virtuel ainsi que cinq titres composés et interprétés par le groupe de métal mélo-progressif espagnol, Avalanch, sur le thème de "Malefic Time". Tout ceci afin de prolonger et d’approfondir l’expérience.
De la couverture jusqu’à la quatrième de couverture cet album est une véritable réussite dont il nous tarde de voir la suite. En
bref, une réussite de par son contenu mais également grâce à l'édition
très soignée de Milady Graphics qui nous balance, pour cette fin
d'année, une véritable bombe à ne surtout pas manquer !!!
Baltimore
de David Simon
Note : 4 / 5
Synopsis :
Baltimore, fin du siècle dernier. Une des villes au taux de criminalité
le plus élevé des États-Unis. Journaliste au Baltimore Sun, David Simon a
suivi pendant un an, jour après jour, les inspecteurs de l’unité des
homicides de la ville.
Depuis le premier coup de fil annonçant un
meurtre jusqu’au classement du dossier, David Simon était là,
inlassablement, derrière l’épaule des enquêteurs, sur les scènes de
crime, dans les salles d’interrogatoire, au service des urgences. Durant
de longues heures, il a partagé jour et nuit leur quotidien dans les
rues de la ville, aux marges de la société.
Des tensions raciales aux
circuits de la drogue, en passant par les décisions politiques,
judiciaires et administratives, parfois aberrantes, David Simon passe en
revue chacun des aspects du crime à Baltimore. De ce
document exceptionnel naîtra, quelques années plus tard, la série "Sur
écoute" ("The Wire" en anglais), aujourd’hui légendaire, que David Simon a écrite en
collaboration avec George Pelecanos, Richard Price et Dennis Lehane.
Critique :
David Simon est en particulier connu pour ses apports au monde de la
télévision avec de nombreuses séries à son actif en tant que scénariste
et producteur : "Homicide", "The Corner", "The Wire" et "Treme". Avant de se
lancer au petit écran, David Simon a passé 12 ans en tant que
journaliste au Baltimore Sun.
En 1988, il convainc la police de Baltimore de le laisser suivre
pendant un an complet les inspecteurs de la Criminelle. Il en résulte "Baltimore", sorti au États-Unis en 1991. Plus tard, cette expérience donnera lieu à la série "Homicide".
Par la suite il passera deux ans dans les rues de Baltimore au cœur du
trafic de drogue à ciel ouvert qu'il décrit dans le livre "The Corner" adaptée elle aussi en mini-série télévisée.
Ces deux livres et sa rencontre avec l'ex-inspecteur devenu professeur
Ed Burn ont formé le matériau nécessaire pour réaliser la série devenue
culte "The Wire" ("Sur écoute"), qui traite de
façon admirable sur cinq saisons les sujets suivants : les dessous du
marché de la drogue de Baltimore, l'impuissance de la police,
l'influence de la politique, la faillite du système éducatif et le rôle
des médias.
Fresque
sur le trafic de drogue à Baltimore
alternant les points de vue des policiers, des divers échelons de
trafiquants, des consommateurs mais aussi des hommes politiques, des
journalistes, des enseignants ou encore des dockers, "The Wire", avec
l'aide de coscénaristes aussi prestigieux que Richard Price, George
Pelecanos ou Dennis Lehane, est un fascinant tableau d'ensemble qui
vient clore des années de travail pour David Simon.

Il en résultera une œuvre imposante, tant par son aspect (937 pages pour un bon kilogramme) que par son contenu. Ce livre-enquête nous laisse à voir bien plus que le
quotidien de flics chargés d'enquêter sur les quelques 234 Homicides commis à Baltimore en 1988.
Simon nous parle bien sûr des enquêteurs. De leur opiniâtreté, de leurs
grandes gueules ou de leur professionnalisme, mais aussi du fond de
racisme dans les services qui tend à remonter parfois, de leurs erreurs
de jugement ou de la mesquinerie dont peuvent faire preuve entre eux des
types qui partagent les mêmes bureaux et qui ne s'entendent pas
forcément. Cependant Simon nous parle aussi de la manière dont est gérée par
les services municipaux la lutte contre la criminalité :
boucs-émissaires, arrangements avec les statistiques par la presse, par
la justice et, bien entendu, comment cette lutte est vécu par ceux qui la
subissent.
David Simon détaille le moindre rouage, le
plus petit aspect de la procédure. Il sait dépeindre les physionomies,
transcrire les inflexions, mettre au jour les tensions, détecter les
signes du burn-out. L'analyste le dispute au styliste,
l'observateur se double d'un conteur pour, au-delà des individus,
dépeindre Baltimore, comment on y vit, comment on y meurt, sans toujours
savoir pourquoi. Ce document d'exception fait entendre le pouls d'une
ville au bord de l'implosion.
Simon a choisi de mettre son rôle en retrait et de décrire les faits
comme s'il n'était pas là, simplement en tant que témoin. Le récit n'est
pas non plus construit comme un journal de bord, au contraire l'auteur
utilise le recul de son année passée à la Criminelle pour analyser sans
cesse les conséquences de certaines actions. On trouve aussi un
véritable guide du bon inspecteur avec par exemple : "La règle n°2 du guide de la Criminelle : la victime se fait tuer
une seule fois, mais une scène de crime peut être assassinée un millier
de fois."
![]() |
David Simon |
Ce faisant, Simon dresse un portrait bien sombre de Baltimore
en particulier (et, encore, en 1988, l'épidémie de crack n'est pas
encore apparue et les gangs ne font pas encore la loi) et de l'Amérique
en général : racisme, exclusion, paupérisation, justice à plusieurs
vitesses et, bien sûr, crimes violents qui ne méritent déjà plus qu'un
entrefilet dans le journal local tant que les victimes ne sont ni des
touristes ni des enfants.
Le contenu est ainsi extrêmement riche et intéressant. Le style de
David Simon, sans fioritures, est très agréable à lire et les années
passées au Baltimore Sun n'y sont pas étrangères. Ainsi "Baltimore" est un livre incontournable, une plongée incroyable dans la vie de la Crim' bien plus propice à la réflexion sur notre société qu'un reportage racoleur.
Tout cela est fait avec une honnêteté confondante par un David Simon
dont on se demande (et il se le
demande d'ailleurs lui-même en épilogue) comment la police de Baltimore
et les inspecteurs qu'il a suivi ont pu lui laisser écrire ce livre. Témoignage mais aussi véritable œuvre littéraire car Simon est doté d'une vraie bonne plume, "Baltimore" est un instantané fascinant et un livre intelligent.
Les accros à "The Wire" se laisseront tenter et l'on ne peut que conseiller à ceux qui ne connaissent pas encore de se laisser entraîner dans le monde âpre mais réel de David Simon !!!
Les accros à "The Wire" se laisseront tenter et l'on ne peut que conseiller à ceux qui ne connaissent pas encore de se laisser entraîner dans le monde âpre mais réel de David Simon !!!
Franck Miller - Batman, The Dark Knight Returns : Le comics culte de 1986 ayant ouvert la voie aux super-héros torturés, réalistes et destinés aux adultes !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Batman est vieux, perclus de douleurs, aigri. Et pourtant, il
va vivre sa plus belle aventure, celle qui va le propulser de nouveau au
sommet. Nous sommes à Gotham, dans un futur proche. Les deux grands
sont au bord d'une nouvelle guerre nucléaire. Les gangs font la loi. Les
super-héros ont été bannis. Seul reste Superman mais il a vendu son âme
et n'est plus que le bras armé de la Maison Blanche.
Voilà dix ans que
le "bat-signal" n'avait pas illuminé le ciel. Batman va rendosser sa
cape pour un dernier combat. Dix années que Batman n'officie plus, ni à Gotham ni ailleurs. Depuis la
mort de Jason, le dernier Robin, Bruce Wayne n'a plus ni l'envie, ni la
motivation, de faire régner la justice comme autrefois.
Le commissaire Gordon n'en peut plus. Après tant
d'années à servir la justice, il s'apprête à raccrocher les gants. Le justicier
souhaite remettre la main sur ses ennemis mais également en profiter
pour rendre la paix et la sécurité aux habitants de Gotham. Très vite,
ces actes sont remarqués par les médias qui constatent que Batman opère
cette fois-ci de façon beaucoup plus expéditive qu'auparavant. Qui plus
est, les nouvelles méthodes du justicier ne sont guère appréciées par la
police qui lance un mandat d'arrêt à son encontre.
Critique :
Imaginé en 1939 par Bob Kane et Bill Finger, Batman
est l'un des super-héros les plus populaires et les plus prisés jamais
créé. Au fil des années, le personnage a fini par s'affubler d'une image
légèrement kitsch dont le summum est sans nul doute la série télévisée
issue des années 60.

Mais c'est cette même année qu'un autre génie choisit de remuer les
lecteurs américains. Il s'appelle Frank Miller. Auteur de "Ronin" ou du renouveau de "Daredevil", il s'attaque à une autre légende : "Batman". A la fois dessinateur et scénariste, il accouche d'un électrochoc. Immensément noir, déconstruisant le mythe du justicier, "The Dark Knight Returns" achève de retourner l'univers du comics. Après lui, rien n'a plus été pareil. Retour sur un chef-d'œuvre total.
Après diverses tentatives, c'est donc finalement en 1986
à Frank Miller que la tâche de réanimer "Batman" est confiée.
L'auteur est un artiste complet qui a révolutionné la narration et le
dessin des comics depuis la fin des années 70. Alors qu'il sort d'un run
gigantesque sur "Daredevil" (42 tomes), il revisite le héros en le
vieillissant et en le montrant aigri et désabusé.
Absent depuis quelques
années, le Dark Knight marque son retour dans les rues de Gotham en
faisant preuve d'une violence qu'il s'était jusqu'ici interdite. C'est
avec une vision radicale que Miller a fait passer le justicier d'une
lecture grand public à celle plus adulte que de nombreux auteurs ont
repris aujourd'hui.

Dressant le portrait d'un Batman plus névrosé
que jamais, à la limite de la schizophrénie, Frank Miller assombrit le
personnage, lui conférant une aura de ténèbres
qui plus jamais ne le quittera. Dans toute la production ultérieure
liée à l’homme chauve-souris, impossible de s’affranchir de la vision de
Miller.
Le scénario est de très haute qualité. Appuyant dès le départ sur l’importance des médias dans le retour
souhaité ou honni de Batman, Frank Miller fait de l'homme chauve-souris
un symbole, une icône de l’ordre face au chaos, érigé par les habitants
de Gotham en dictateur au sens romain du terme.
Miller a utilisé de multiples trouvailles
narratives, comme l'utilisation des médias qui commentent chaque scène.
Il décrypte également les années 80 et nous fait le portrait d'une
Amérique désabusée. Ingénieux et provocateur, son "Batman" marque
les esprits dès les premières pages. Sa critique de la politique est
aussi très dure, notamment vis à vis de la réelle utilité d'un
Président.

Graphiquement, l’ensemble est superbe. Non content de livrer un récit d'une densité proprement incroyable, Frank Miller
le met en images. Son trait dur et sombre, plein de violence et de
noirceur, permet d'approfondir l'impact de l'œuvre sur le lecteur. Les pages bénéficient d'une précision effarante et d'une inventivité omniprésente. Il
faut dire que Klaus Janson encre cette histoire avec un immense talent.
Certaines des planches présentes dans le comics s'avèrent d'une beauté
véritablement incroyable, on pense notamment à cette scène où le Batman
tient dans ses bras un corps dans un drapeau américain, comme un hymne
funéraire à une Amérique que Miller rejette
Seuls points négatifs, s'il faut en trouver, tout en muscles, massifs, lourds, Batman et consorts pèsent à
l’œil et privent certaines planches d’un peu d’espace et d’aération. Rajoutant à
ceci les interventions constantes des médias en petites
bulles et cases en enfilade qui parfois lassent dans leur répétition
graphique. Cependant, cela n'entache en rien la qualité du récit, comme du dessin !
Si "The Dark Knight Returns"
s'est taillé une si grande réputation, c'est aussi pour le plus célèbre
affrontement des comics américains qui oppose Batman à Superman. Ce
dernier, au contraire de Bruce, n'a pas vieilli et se trouve en pleine
possession de ses moyens. Pourtant, Miller
nous présente ce héros de l'âge d'or comme un outil du gouvernement, un
toutou du président.
On comprend rapidement que pour continuer leur
exercice, les héros ont dû se soumettre aux autorités ou prendre leur
retraite.
Superman s'affiche comme un play-boy obéissant docilement. Quand Batman
menace l'équilibre de la nation, c'est naturellement Superman qu'on
envoie. Avec l'aide de Green Arrow, Batman s'y oppose et va mettre au
héros de Metropolis la plus cuisante des corrections. Miller
porte sa destruction du mythe jusqu'à ce moment précis où l'homme bat
le super-héros, où Batman a ses mains autour de la gorge de Superman.
Après cette confrontation épique, rien dans l'univers des comics
américains ne sera plus jamais pareil.
Au final, Miller interpelle, secoue et marque définitivement son lecteur. Excellentissime comics, "The Dark Knight Returns" transforme Batman en héros gothique violent, radical, paranoïaque et
finalement aussi fou que ses ennemis. Son égoïsme remet en cause l'idéal
d'un héroïsme désintéressé. Batman est une drogue pour Wayne, pas la
preuve de sa philanthropie. A travers une ville de Gotham rongée par le
vice, Miller nous dépeint une Amérique totalitaire et sécuritaire et attaque sans vergogne les
médias. Les super-héros sont les parias d'une société qui veut les
soumettre, faisant de Batman un héros révolutionnaire qui ne lutte
finalement que pour sa propre liberté.
Ce comics est donc resté dans les mémoires comme étant celui qui, avec "Watchmen" d'Alan Moore, a lancé l'âge sombre des comics en 1986, aux héros torturés et aux thèmes plus proches de la réalité. Œuvre fondamentale non seulement du "Batman" mais des comics dans leur ensemble, "The Dark Knight Returns" envoie Frank Miller au firmament. Extrêmement dense et intelligente, transfigurant totalement la figure du justicier et se jouant du politiquement correct, l'œuvre fait date. On pourrait encore écrire des pages sur ce chef-d'œuvre mais on le résumera par un mot : culte !!!
Ce comics est donc resté dans les mémoires comme étant celui qui, avec "Watchmen" d'Alan Moore, a lancé l'âge sombre des comics en 1986, aux héros torturés et aux thèmes plus proches de la réalité. Œuvre fondamentale non seulement du "Batman" mais des comics dans leur ensemble, "The Dark Knight Returns" envoie Frank Miller au firmament. Extrêmement dense et intelligente, transfigurant totalement la figure du justicier et se jouant du politiquement correct, l'œuvre fait date. On pourrait encore écrire des pages sur ce chef-d'œuvre mais on le résumera par un mot : culte !!!
Le Combat d'Hiver
de Jean-Claude Mourlevat
Note : 4 / 5
Synopsis :
Quatre orphelins, Miléna, Helen, Milos
et Bartolomeo, prennent conscience de leur identité. Ils
sont les enfants de résistants à la Phalange. Ce groupe,
implanté dans un monde dont on ignore le nom gouverne avec
tyrannie depuis une quinzaine d'années.
Le combat d'hiver est donc celui de nos quatre adolescents, évadés de leur orphelinat-prison, pour reprendre la lutte perdue par leurs parents, quinze ans plus tôt. Ont-ils la moindre chance d'échapper aux terribles "hommes-chiens" lancés à leur poursuite dans les montagnes glacées ? Pourront-ils compter sur l'aide généreuse du "peuple-cheval" ? Survivront-ils à la barbarie des jeux du cirque réinventés par la Phalange ? Leur combat, hymne grandiose au courage et à la liberté, est de ceux qu'on dit perdus d'avance. Et pourtant.
Le combat d'hiver est donc celui de nos quatre adolescents, évadés de leur orphelinat-prison, pour reprendre la lutte perdue par leurs parents, quinze ans plus tôt. Ont-ils la moindre chance d'échapper aux terribles "hommes-chiens" lancés à leur poursuite dans les montagnes glacées ? Pourront-ils compter sur l'aide généreuse du "peuple-cheval" ? Survivront-ils à la barbarie des jeux du cirque réinventés par la Phalange ? Leur combat, hymne grandiose au courage et à la liberté, est de ceux qu'on dit perdus d'avance. Et pourtant.
Critique :
Il est devenu rare en littérature de jeunesse fantastique de trouver un
tome unique et autonome, un "one-shot" en quelque sorte. Jean-Claude
Mourlevat nous prouve que l’entreprise est encore réalisable, de
surcroît avec qualité.
L’histoire sombre, violente souvent, explore un fantastique sans effets
faciles, mais à la limite de l’effrayant justement de par sa volonté réaliste. Dès le départ, Jean-Claude Mourlevat réussit à créer un univers un peu
trouble et étrange. Les consoleuses, les hommes-chiens, les hommes-loups
participent de cette impression. Cependant, il le fait avec un tel réalisme, décrivant un monde qui pourrait être le nôtre (sans l'être vraiment), que cela en est troublant !
On a l'impression de se mouvoir dans un monde gris et triste, flirtant avec ceux décrit par Orwell dans "1984", ou Huxley dans "Le meilleur des
mondes" ou bien encore celui de "V pour Vendetta", tout en étant dans un tout
autre monde. Un monde avec un orphelinat très particulier digne d'une prison, où des policiers s'aident de mutants mi-chien, mi-homme beaucoup plus féroces que de
simples chiens. Mais aussi un monde peuplé d'hommes simples, braves et très
forts qui ont de ce fait hérité du nom d'hommes-chevaux. Et puis surtout un monde qui connaît l'horreur des
combats d'hiver, ces combats à mort sur le principe des antiques jeux
des gladiateurs romains.
Mourlevat montre, décrit, explique
et raconte autour de ça. Il fait le récit de la prise
de conscience d'un peuple qui va vers la révolution. Avec lui, on n'a pas le temps de s’ennuyer ! Dès les premières pages,
nous sommes plongés dans l’univers de ces adolescents, dans leur internat
très sombre ou terreur et angoisse règnent en maître.
Le thème principal du livre, bien que déjà vu, est vraiment prenant.
Suivre ces quatre adolescents qui reprennent un dur combat mené par
leurs parents autrefois est un réel plaisir.
Ainsi, bien que l'histoire soit du vue et du revue donc, elle
se veut tout de même passionnante. C'est un peu comme en fantasy où
l'auteur fait toujours le récit du bien contre le mal et
trouve, pour les plus doués, des variantes. Ici c'est le
cas, Mourlevat ne va pas dans l'évidence, il fait vivre ses
personnages et n'hésite pas à jouer avec leur vie.
Le narrateur externe cherche à ne privilégier aucun des quatre personnages,
s’attardant même sur l’ignoble Mills et la relation ambiguë qu’il
entretient avec son homme-chien. Cependant, on ressent clairement que des quatre personnages principaux, l'accent est surtout mis sur Helen,
loyale et pleine d'empathie, une Mademoiselle-tout-le-monde, comme vous
et moi. Son amitié pour Milena, puis son amour pour Milos, l'amènent à
prendre des risques inédits, mais Helen reste le genre de personnage
témoin des événements, de ceux qui les vivent au quotidien, non de ceux
qui en sont à l'origine et qui agissent.
Milena et Bartolomeo en sont l'exact inverse, des personnages plus inaccessibles, emportés par leur combat, d'autant que la jeune fille est l'incarnation de cette Culture qui lutte pour exister, à travers sa voix extraordinaire qui lui vient de sa mère. Une grande place est donc accordée à la musique. D'ailleurs l'idée de l'évocation du pouvoir des mots et des notes sur les gens (des émotions qui les transportent et qui leur fait trouver la meilleure partie d'eux-mêmes) est une belle trouvaille. Un formidable message d'espoir où l'Art révèlerait la beauté humaine dans cette aventure sombre et fantastique, allégorie du combat de la Culture contre l'obscurantisme.
Milena et Bartolomeo en sont l'exact inverse, des personnages plus inaccessibles, emportés par leur combat, d'autant que la jeune fille est l'incarnation de cette Culture qui lutte pour exister, à travers sa voix extraordinaire qui lui vient de sa mère. Une grande place est donc accordée à la musique. D'ailleurs l'idée de l'évocation du pouvoir des mots et des notes sur les gens (des émotions qui les transportent et qui leur fait trouver la meilleure partie d'eux-mêmes) est une belle trouvaille. Un formidable message d'espoir où l'Art révèlerait la beauté humaine dans cette aventure sombre et fantastique, allégorie du combat de la Culture contre l'obscurantisme.
Cependant, "Le combat d'hiver" n'est pas exempt de défauts, qui n'entache en rien la qualité de l'œuvre, et qui sont, à mon humble avis, essentiellement dus aux fait que le livre soit un "one-shot". En effet, on peut regretter que Mourlevat n'aille
pas plus loin dans l'exploration de son monde, à la frontière du
fantastique et du réel. En mettant davantage l'accent sur les sentiments
des adolescents que sur les descriptions et le déploiement de cet
univers, on ne peut s'empêcher de ressentir, à certains moments, un manque, voire une légère déception.
Malgré ce léger point négatif, au final, "Le combat d'hiver" est un solide roman mené de main de maître par un très bon auteur, capable de mettre au monde des histoires plus surprenantes les unes que les autres !!!
Snuff
de Chuck Palahniuk
Note : 3.75 / 5
Synopsis :
Cassie Wright, star du porno sur le retour, a décidé de terminer sa
carrière sur un coup d’éclat : se faire prendre devant les caméras par
six cents hommes au cours d’une seule nuit. Dans les coulisses, les
heureux élus attendent patiemment leur tour.
Parmi eux les numéros 72,
137 et 600 font part de leurs impressions. Mais, entre fausses
identités, désirs de vengeance et pulsions homicides, la nuit ne va pas
du tout se dérouler comme prévu.
Critique :
Longtemps le snuff movie a été une vilaine légende urbaine racontant
qu'il existe un réseau de pornos clandestins, où les actrices se
faisaient trucider en direct. L'expansion d'Internet a malheureusement
permis à ce fantasme de devenir réalité (je pense notamment Luka Rocco Magnotta !).
Le sujet avait déjà inspiré le cinéma avec, notamment, le génialement oppressant "8 mm" de Joël Schumacher (avec Nicolas Cage et Joaquin Phoenix). C'est au tour de la littérature de s'y intéresser. Ainsi, après les clubs de baston ("Fight Club"), les ados terroristes ("Pygmy") et les renégats tarés ("Peste"), Chuck
Palahniuk continue d’arpenter la société américaine par les marges et
s’intéresse cette fois au milieu du porno. Et à son côté le plus
extrême, glauque et répugnant, le snuff movie !
"Snuff", son dernier roman, se déroule justement en plein tournage d'un porno tout ce qu'il y a de plus régulier. Une entreprise qui va dégénérer, comme nous le promet le titre ainsi que, dès l'ouverture, l'un des quatre narrateurs. L’histoire est racontée par trois acteurs, un débutant, un acteur confirmé et une star masculine mythique du porno, auxquels il faut ajouter l'assistante de Cassie Wright, Sheila.
Palahniuk choisit donc de raconter les événements du point de vue de ces quatre protagonistes. De ce fait, nous suivons le tournage à travers les monologues intérieurs du numéro 75 (un admirateur de Cassie), le numéro 132 (son ancien partenaire), Sheila (son assistante) et Monsieur 600. Ce dernier devra jouer la scène finale et transformer "l'innocent" gang bang en snuff.
Comme d’habitude, Palahniuk ne s’embarrasse pas de dispositif narratif trop
élaboré. Son talent est dans la précision et la simplicité
de sa langue. L'auteur de "Fight Club" a choisi ici une langue qui colle littéralement à son sujet
: appauvrie, crue et bancale. En évacuant tout fantasme de glamour de
l'industrie du porno, Palahniuk essaye de se livrer à une véritable
réflexion sur l'obscénité.
Avec "Snuff", Palahniuk prend une recette qui fonctionne : celle de "Peste". Il abandonne la narration fixée-panoramique au-dessus des
personnages ou la première personne pure, pour un récit multiforme et
polyphonique qui s'articule autour de témoignages, qu'ils soient ici
oraux ou flux de conscience. Exactement comme pour "Peste", mais à
plus petite échelle, le
récit prend la forme d'une enquête, enquête de seconde zone peut-être,
mais enquête malgré tout. L'enjeu : décrypter l'envers d'une réalité
donnée par le biais de visions multiples et fragmentées.
On reconnaît facilement un roman de Chuck Palahniuk. Le parti pris est toujours
volontairement chargé, osé, trash, la narration est toujours
brève et sèche, les paragraphes courts et les constructions répétitives.
Il y a toujours ces petits slogans qui reviennent toutes les cinq ou
dix pages pour forger une marque de fabrique qui accroche, idem pour les
paragraphes-phrases dont le but est de renforcer lapidairement en
quelques syllabes le propos du paragraphe précédent. C'est souvent sec
et cynique, c'est souvent acide et violent, tant pis pour l'Amérique
bien-pensante.
Le récit va crescendo avec des moments saisissants. Palahniuk
joue beaucoup sur l’aspect visuel, le rythme trépidant, les sensations
bien plus que les sentiments, dérangeant le lecteur qu’il cherche à
interpeller, ou le paragraphe d’après à le séduire, le tenter ou encore
le dégoûter le renvoyant à ses propres turpitudes. Le talent de cet
écrivain se situe dans cette virtuosité, ce vertige, qu’il rend aussi
drôle que terrifiant. Les anecdotes constituent alors l’analyse
sociologique qui apporte un vrai sens à cette intrigue quelque peu
décousue, racontées froidement en contraste avec la tension, la drogue
et le rock'n'roll qui règne sur ce tournage crépusculaire, cru où la
mort semble l’aboutissement inéluctable, horriblement rassurant.
Cependant, Palahniuk tombe une fois de plus dans le piège qu’il se tend lui-même. Il commence par dénoncer avec
un talent fou la noirceur de notre société de consommation qui vend du
sexe comme des surgelés. Mais finit par aimer ce qu’il dénonce. Cet exercice est si
jubilatoire, si jouissif que l’on sent que l’auteur bascule avec un vrai
bonheur dans cette folie ambiante. La fascination est si perceptible
que c’est bientôt elle qui peu à peu nous dérange plutôt que le propos.
Le lecteur devient alors un complice, la complaisance s’installe avec un
réel bonheur et l’ensemble tourne en rond par moment, perdant de sa force et de sa
puissance.
"Snuff" est vraiment plaisant (quoi qu'un peu mécanique), quand on apprécie l'auteur et son style !!!
Morvan, Looky et Thill - "Hercule, Le sang de Némée" : Une relecture futuriste des douze travaux d'Hercule aux dessins époustouflants !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Hercule est un puissant MerK. Mi-homme, mi-extraterrestre grâce aux
greffes cellulaires, il n’a pas peur de la mort. Une part de lui est
déjà morte : hanté par le crime commis sur sa femme et ses enfants, il
doit expier en acceptant les ordres, même les plus fous, des Officiers.
Hercule n’a pas le choix, il doit traquer des extraterrestres se
crashant sur des planètes colonisées par des humains. Sa première
mission sera de tuer le lion de Némée, dont le vaisseau s’est crashé et
qui protège sa femme très gravement blessée. Il a besoin du sang des
humains qui vivent sur place pour la guérir. Le combat entre Hercule et
le lion sera aussi sauvage qu’émotionnel et réveillera de bien
douloureux souvenirs dans l’esprit de notre héros.

Scénarisée par Jean-David Morvan et dessinée ainsi que colorisée par Looky et Thill, cette série relate les douze travaux d’Hercule en version science-fiction. À l’origine, dans la mythologie Hercule (nommé Héraclès par les grecques) est le fils illégitime de Zeus et d’Alcmène. Hercule après avoir tué sa femme et ses enfants dans un accès de folie est condamné à servir pendant douze ans le roi de Tirynthe, Eurysthée, années au cours desquelles il effectuera douze travaux. Lors du premier il doit éliminer un lion monstrueux à Némée dont la peau est impénétrable. C’est donc avec une énorme massue qu’il a confectionné qu’Hercule assommera la bête puis l’étrangla.
"Hercule, Le sang de Némée" est donc une
transposition de la mythologie grecque ou romaine dans
un univers de science-fiction. Du déjà vu me direz-vous. Et bien pas vraiment ! Le travail fournit par Jean David Morvan et Looky est
époustouflant.
Si les ambiances de départ, les errances des héros et
l'incursion des forces supérieurs font parfois penser à des séries de SF à
l'esprit bon enfant comme "Ulysse 31", l'approche graphique
évoque surtout des univers visuels plus rudes, notamment ceux de certains
classiques de type "Métal Hurlant". Grands panels, découpages
empruntés aux comics, couleurs fortes, design robotique et sexuel, on retrouve
ici de multiples influences. On pense parfois à "L'exterminateur 17"
de Bilal et Druillet, avec moins de maestria certes, mais avec beaucoup de
modernité.

Côté technique, on entrevoit les modélisations par ordinateur déjà observées dans le "Blanche-Neige" du même dessinateur paru chez Ankama. C'est parfois un peu figé, mais le plus souvent c'est surtout époustouflant.
Le personnage
d'Hercule est très intéressant. L'univers est riche et
passionnant. Il s’éloignera cependant clairement du héros lisse et sans reproche. Ici,
il est dépeint sans émotions, mort de l’intérieur, après avoir tué femme et
enfants. De quoi allécher les amateurs de relectures antiques façon SF.
L'album
est donc à conseiller aux amateurs du genre. On connaît peut-être la trame de fond, mais la variation autour du thème est un voyage terriblement beau !!!
Defense Devil : Du nouveau dans le monde des mangas et... des avocats !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Chassé des enfers à cause de son caractère trop gentil, Kucabara est un
démon qui transite dans une zone située entre le monde des humains et
celui des démons. Afin de retrouver son prestige et son pouvoir, il
décide d'aider les âmes condamnées injustement en devenant l'avocat de
la défense.
Son but : rassembler de la dark matter, l'énergie à la
source du pouvoir des démons que les pêcheurs produisent et qu'il pourra
s'approprier en les aidants. Avec Bichura, son assistant, il va tenter
de prouver leur innocence avant que les shinigami (dieux de la mort) ne s'en emparent et ne
les jettent en enfer. La bataille juridique commence.
Critique :

Petite série terminée en 10 tomes, "Defense Devil" est un manga
sympathique et drôle. Le héros est un démon qui a la particularité de
vouloir aider les humains ! Surfant sur la vague des mangas parlant de
démons, celui-ci se démarque assez bien grâce à son graphisme et son
scénario bourré d'humour, notamment grâce au duo Kucabara / Bichura.
Quand on parle, dans le résumé, de la "gentillesse excessive" de
Kucabara, je m'attendais à voir un mec "trop gentil", un peu benêt, se
faisant marcher sur les pieds, tout ça. Et bien pas du tout ! C'est
un démon, avec un sale caractère, parfois vulgaire et à l'humour à deux
balles (qui, du coup, fait énormément rire). Ce qu'on appelle
gentillesse est surtout, ici, une envie de rendre justice, même aux
Enfers. En effet, plutôt que de condamner directement chaque âme
arrivant en Enfer, Kucabara va préférer enquêter pour connaître le fin
mot de l'histoire, et essayer de trouver des preuves de l'innocence des
gens. Le voilà Avocat des Enfers !

Ce n’est pas réellement difficile de conclure sur
"Defense Devil", puisque clairement ce manga possède toutes les qualités
requises et bien plus encore. Une magnifique bouffée
d’air, donnant cet esprit nouveau dans un style beaucoup trop exploité
et finalement très restreint qu'est le shônen, on ne s'ennuie pas du début à la fin et on prend plaisir à suivre les
différents procès qui permettent petit à petit de mieux cerner
l'histoire et le personnage principal. A découvrir !!!
Benjamin Whitmer - Pike : Un chef-d’œuvre stupéfiant et viril !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Pike n'est plus l'effroyable truand d’autrefois, mais il a beau s'être
rangé, il n’en est pas plus tendre. De retour dans sa ville natale des
Appalaches proche de Cincinnati, il vit de petits boulots avec son jeune
comparse Rory qui l'aide à combattre ses démons du mieux qu’il peut.
Lorsque sa fille Sarah, disparue de longue date, meurt d’une overdose,
Pike se retrouve en charge de sa petite-fille de douze ans.
Mais tandis
que Pike et la gamine commencent à s'apprivoiser, un flic brutal et
véreux, Derrick Kreiger, manifeste un intérêt malsain pour la fillette.
Pour en apprendre davantage sur la mort de Sarah, Pike, Rory et Derrick
devront jouer à armes égales dans un univers sauvage, entre squats de
junkie et relais routiers des quartiers pauvres de Cincinnati.
Critique :
Attention chef-d’œuvre ! On ne sait pas grand-chose du surdoué Benjamin Whitmer qui publie, avec "Pike", un premier roman sidérant. Mais ce qui est certain, c'est qu'un immense écrivain est né ! L'écrivain laboure le sillon du roman noir. Du noir, du très noir même pour ce premier roman dans
lequel on plonge en apnée vers les profondeurs de la bassesse humaine.
Les hommes sont rudes, durs au mal, cyniques, violents et n'hésitent pas
à tuer celui qui viendrait faire obstacle à leurs plans. Les filles se
droguent, se prostituent pour payer leurs doses. Les flics ont la
gâchette facile, sont dealers ou proxénètes. A Cincinatti, dans les
squats où cohabitent SDF, poivrots et drogués, une femme même morte peut
servir à prendre du plaisir et un cadavre ne repose pas en paix tant
que son odeur n'alerte pas les autorités. Dans les rues, les flics
tirent à vue sur les dealers qui travaillent pour eux et qui auraient eu
l'inconscience de grappiller une petite part du magot. Dans les bois,
les vétérans du Vietnam revivent cent fois leur guerre dans des
campements de fortune. Tout n'est que violence brute et animale. Celui
qui croit avoir connu le pire sait que le pire est encore à venir,
l'espoir n'existe pas !
Plus que noir, le décor de "Pike" est crade. Tout est crade du
ciel aux immeubles, des squats de junkies aux repères à prostitués, des
motels pourris aux passés des personnages. Tout n’est que vomi, pisse,
odeurs pestilentielles, sang. Le seul élément qui pourrait être d’une
blancheur immaculée, serait la neige qui tombe sur la ville puante et là
encore, c’est raté.
L'intrigue
n'a rien d'original, il est vrai, mais le style et le souffle magistral
portent ce roman avec une force stupéfiante ! Grâce à une écriture
sobre et efficace, des chapitres courts et
incisifs, on dévore ce roman âpre, sombre et asphyxiant, mais on tourne
la dernière
page avec soulagement, heureux de respirer à nouveau !
![]() |
Benjamin Whitmer |
Whitmer a l'art de la métaphore : "Un
visage de pare-brise éclaté" entre dans mon panthéon des images
originales. Il a un talent pour l’ellipse, les dialogues pleins de
silences avortés. Sa peinture de l’hiver, par touche subtile, insiste
sur sa permanence et installe son importance dans la vie quotidienne des
personnages, donnant une tonalité glacée à toute l’affaire, qui,
forcément, ne peut que mal tourner. Y aura-t-il des rescapés à tout ça ?
Mention particulière à l’éditeur pour avoir entamé chaque chapitre par une phrase
prise dans celui-ci. Cela devient un jeu : la lire, la chercher,
l’isoler, réfléchir à son poids : seule ou noyée dans le chapitre ?
Whitmer saisit à bras le corps le genre noir, signant un premier roman
dur, brutal, transi par le froid hivernal des Appalaches désolées. Le
tout sur fond de Bruce Springsteen, visiblement le seul disque
disponible dans tout le comté. Cette hargne contamine même l’écriture,
rongée par des images inquiétantes ou des comparaisons grimaçantes. Les personnages rugueux, qui semblent n’avoir aucun
autre horizon que la cigarette qu’ils sont sur le point d’allumer,
possèdent au fond d’eux une sauvagerie au bord de l’explosion. Comme
s’ils ne pouvaient qu’alimenter cette violence, incapables de faire un
pas de côté pour oser, un instant, s’écarter du fleuve sanglant qui les
emporte.
Une très belle découverte que je recommande vivement au lecteur suffisamment armé pour supporter toute cette misère humaine !!!
Philippe Aymond - "Highlands, Le portrait d'Amélia" : La première partie d’un diptyque historique et romantique impeccablement mené !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
En aout 1743, sur le quai d’un port écossais, le docteur Murdoch accueille bras ouverts son filleul Joseph Callander, de retour d’Italie. Désormais adulte, celui-ci revient de plusieurs années d’étude de la peinture. Il découvre un contexte politique tendu : l’Angleterre essaie d’absorber diplomatiquement l’Écosse, et les anciens clans font de la résistance, notamment dans les Highlands. Sous une pluie torrentielle, le carrosse de Murdoch fait un détour par le manoir de l’un de ses patients, le Duc de Plaxton, favorable à l’Union. Durant la consultation, Callander attend son parrain dans le carrosse resté dans la cour. Il a alors la surprise d’y voir monter la fille de Plaxton, la belle Amélia.
En aout 1743, sur le quai d’un port écossais, le docteur Murdoch accueille bras ouverts son filleul Joseph Callander, de retour d’Italie. Désormais adulte, celui-ci revient de plusieurs années d’étude de la peinture. Il découvre un contexte politique tendu : l’Angleterre essaie d’absorber diplomatiquement l’Écosse, et les anciens clans font de la résistance, notamment dans les Highlands. Sous une pluie torrentielle, le carrosse de Murdoch fait un détour par le manoir de l’un de ses patients, le Duc de Plaxton, favorable à l’Union. Durant la consultation, Callander attend son parrain dans le carrosse resté dans la cour. Il a alors la surprise d’y voir monter la fille de Plaxton, la belle Amélia.
Celle-ci vient d’être sournoisement enlevée
par des indépendantistes, qui lancent aussitôt le carrosse vers
l’extérieur du manoir. Les soldats de Plaxton se livrent à une
course-poursuite. Mais d’autres brigands leur tendent un guet-apens
depuis les collines environnantes. Le carrosse s’arrête enfin dans un
sous-bois, repaire des indépendantistes. Callander parvient alors à
faire diversion et à attirer l’attention des soldats : Amélia est sauve.
Au manoir, Plaxton le remercie chaleureusement. Le Duc découvre en
outre les talents artistiques de Callander et l’embauche aussitôt en
tant que peintre de la famille.
Critique :

Aymond nous entraîne dans un contexte géographique et historique rarement exploré dans le genre. Les Highlands et les rebellions jacobites du XVIIIème siècle ! Les Highlands c'est l’Écosse, ses lochs, ses monts et ses châteaux,
comme vous pouvez le constater sur la belle couverture de ce livre. En effet, Le diptyque proposé prend pour contexte les
rebellions jacobites qui se déroulèrent au milieu du XVIIIème siècle,
contre l’indexation de l’Écosse à l’Angleterre.
Le contexte historique choisi présente l'avantage d'une certaine originalité
puisque la France des lumières a davantage séduit les auteurs que les
Highlands déchirées par les rivalités entre Écossais et Anglais. En
choisissant de prendre comme personnage principal un jeune peintre
talentueux, qui se remet d'un amour tué dans l’œuf, Philippe Aymond
prend là encore une option qui sort des sentiers battus. Et tout au long
du récit, une jolie atmosphère se met en place, avec des regards
expressifs qui en disent long sur des sentiments qu'on veut taire et un
arrière-plan politique qui tisse des intrigues autour d'une relation
naissante. La narration est intelligente, mettant habilement en place
les événements comme les personnages dans ce récit annoncé comme un
diptyque.
Parfaitement menée et documentée, l’intrigue
va donc toutefois au-delà du simple exposé politique, en proposant un récit
romantique, donc tragique. Tourmenté par un passé encore méconnu, un
beau et talentueux héros se laisse porter par l’espoir d’une idylle
impossible avec la belle et riche héroïne et tombe dans ce qui
ressemble à un piège fatal.
Le graphisme d'Aymond est toujours aussi efficace. Son trait réaliste
fonctionne et nous fait revivre avec une certaine facilité l'Écosse en
cette année 1743. Il y a de très belles scènes comme ce combat amical
entre Joseph et le sergent Hunt, dans de merveilleux paysages qui nous
font sentir les parfums des Highlands ! Évidemment, le fait que l'auteur assure lui-même le passage au dessin
facilite l'adéquation entre ses planches et l'ambiance qu'il veut créer.
Le trait est classique et élégant, avec un joli travail sur les
angles de vue qui confère beaucoup d'efficacité à l'ensemble. La mise en
couleurs, discrète, donne de l'ampleur au dessin travaillé et
minutieux.
Tous les ingrédients qui forgent les grandes séries sont présents :
passions interdites, jalousie, trahison, complot, tout cela sur fond de
tensions politiques entre l’Angleterre et l’Écosse. Le théâtre parfait
pour cette intrigue rondement mené dans laquelle l’auteur parvient même à
distiller un soupçon de poésie et qui nous fait découvrir chez lui un
vrai talent d’écriture.
Au final, fin, soigné et d’une belle maîtrise, le
dessin réaliste est à la hauteur du scénario, faisant la part-belle aux
expressions des visages et aux costumes, sans oublier les décors
sauvages des Highlands. La psychologie des personnages et les dialogues
ne sont pas en reste, tout aussi équilibrés que rigoureux. Au terme de
ce premier opus, c’est totalement convaincus que nous abandonnons le
héros en bien fâcheuse posture.
"Highlands"
est une série à découvrir pour ses ambiances et son efficacité. Les
amateurs de contexte historique devraient apprécier ce premier album,
d'autant qu'il ne s'agit pas de se lancer dans une série à rallonge, ce
qui est appréciable dans un contexte de vaste production BD !!!
Le monde à l'endroit
de Ron Rash
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Travis Shelton est un jeune gars de dix-sept ans, en perpétuel conflit
avec son père, un peu bravache, un peu paumé. L’été où débute ce roman,
un jour de pêche à la truite, le hasard lui offre l’occasion de commettre la bêtise
qui va sans doute changer le cours de sa vie : il tombe sur une
plantation clandestine de chanvre indien. C’est un jeu d’enfant de
couper quelques pieds et de charger le plateau de son pick-up.
Pour écouler la moisson miraculeuse, il s’adresse à un ancien prof devenu dealer, Leonard Shuler. Trois récoltes scélérates plus tard, Travis est surpris par le propriétaire du champ, l’intraitable Carlton Toomey, qui lui sectionne au couteau le tendon d’Achille, histoire de lui apprendre qu’on ne vole pas le bien d’autrui. Mais ce ne sera pas la seule leçon de cet été-là : Travis quitte ensuite la maison paternelle et trouve refuge dans le mobile home de Leonard, qui va devenir son mentor.
À cette occasion, Travis découvrira les lourds secrets qui pèsent sur la communauté de Shelton Laurel depuis un massacre perpétré pendant la Guerre de Sécession, et se trouvera confronté aux doutes engendrés par le passé. Le passage à la stature d’homme se fera certes, et comme souvent, au prix de la découverte de l’amour et de la rupture avec le père, mais il y aura aussi un prix plus fort à payer, qui aura pour monnaie le sang.
Pour écouler la moisson miraculeuse, il s’adresse à un ancien prof devenu dealer, Leonard Shuler. Trois récoltes scélérates plus tard, Travis est surpris par le propriétaire du champ, l’intraitable Carlton Toomey, qui lui sectionne au couteau le tendon d’Achille, histoire de lui apprendre qu’on ne vole pas le bien d’autrui. Mais ce ne sera pas la seule leçon de cet été-là : Travis quitte ensuite la maison paternelle et trouve refuge dans le mobile home de Leonard, qui va devenir son mentor.
À cette occasion, Travis découvrira les lourds secrets qui pèsent sur la communauté de Shelton Laurel depuis un massacre perpétré pendant la Guerre de Sécession, et se trouvera confronté aux doutes engendrés par le passé. Le passage à la stature d’homme se fera certes, et comme souvent, au prix de la découverte de l’amour et de la rupture avec le père, mais il y aura aussi un prix plus fort à payer, qui aura pour monnaie le sang.
Critique :
Trois ans après "Un pied au paradis" et un an après "Serena", voici "Le Monde à l'endroit",
nouvelle virée dans un monde âpre, archaïque où les hommes et les
femmes sont élevés dans la rudesse, où la religion et les superstitions
cohabitent, où les fantômes n'ont pas besoin de draps blancs pour vous
faire sentir leur présence. Troisième roman de Ron Rash donc, "Le monde à l'endroit" impose
l'auteur comme l'écrivain des Appalaches, fidèle à cette tradition du
nature writing, chère à Jim Harrison.
Cette fois, Ron Rash nous
dit que non seulement l'homme est façonné par la nature qui l'a vu
naître et grandir (ici les montagnes de Caroline du Nord) mais également
par le passé qui peut ressurgir à tout instant. Presque classique. Son
personnage principal, Travis Shelton, 17 ans est une caricature de
rebelle à l'autorité paternelle, un white anglo saxon protestant de
base. Sauf que le destin va en faire un personnage lumineux.
D'un côté, une nature intègre, paisible, lumineuse. Des montagnes, à
pic, des cours d'eau paisibles, nimbés de douceur. De l'autre, des
hommes, des femmes, d'une noirceur sans fin, sans fond. Travis, un
adolescent de 17 ans, s'essaye à vivre dans ce milieu, tant bien que
mal. Un monde à l'endroit ? Il a plutôt l'impression d'être comme
sur un manège à la foire, dans un monde qui n'est plus trop d'aplomb.
D'ailleurs, quand on y regarde de plus près, ce paysage en apparence
tranquille et rassurant recèle des ombres cachées, des fantômes d'un
autre temps. C'est ce qu'il va apprendre au contact de Leonard, un
dealer paumé qui le recueille. Entre ombres et lumière, la vie et la
mort se côtoient tandis que le temps laisse "tomber ses secondes goutte
à goutte".
"Le monde à l'endroit" demeure un roman noir tout du long. À l'inverse des deux premiers Rash, ce nouveau roman est plus ramassé et centré sur les hommes. Ce que veut Rash, c'est creuser au plus profond du passé américain, pour en
comprendre les hommes et déterrer leurs actions déraisonnables. Pour Travis, son irascible
de père, l'inquiétant Toomey et le mystérieux Leonard sont trois défis
qu'il va devoir relever pour grandir et se dépasser. Pour Ron Rash, la rédemption peut venir du savoir : connaître ses
origines, son histoire, permet de grandir et d'échapper à un morne
destin.
"Le monde à l'endroit" est un roman noir qui joue habilement sur les contrastes. On est
frappé d'emblée par la majesté des paysages décrits dans une langue
poétique apaisante. Le rythme est lent, Ron Rash semble
poser le décor. L'envers des mots laisse cependant affleurer une
réalité en demi-teinte : "les arbres se firent plus denses, quelques
bouleaux des rivières pareils à des lames de lumière emprisonnées parmi
les feuillus plus sombres". Car les montagnes portent ici, dans leur
majesté même, leur part de menace et d'obscurité.
Les fantômes de la
guerre de Sécession hantent les lieux. Ron Rash joue aussi sur le
contraste entre le passé et le présent, liés par un fil ténu qui reste,
au moins au début, énigmatique.
Lyrique et terrien, usant d'une écriture ample et sans artifice, Ron
Rash n'est pas un donneur de leçons, mais il pense que les livres
peuvent sauver les hommes. Dans un paysage somptueux, sauvage, Ron Rash, contemplatif, démontre que
la fureur des hommes reste dévastatrice, mortifère. Pendant la Guerre
de Sécession comme aujourd'hui. "Le monde à l'endroit" est aussi
riche en chlorophylle qu'il est fort en testostérone, un roman
initiatique dur, tragique, qui confirme le talent extravagant de cet
auteur.
"Le monde à l'endroit"
est une œuvre lumineuse dans sa façon de distiller la noirceur humaine,
perpétuellement aux prises avec ses parts d'ombres, ses errances, ses
failles, mais aussi ses forces et points d'appui. Un livre puissant et
implacable, tressage habile du passé et du présent sur une terre maudite
qui met en exergue l'enfermement dans les valeurs familiales et les
limites humaines !!!
Les âges sombres
de Karen Maitland
Note : 4 / 5
Synopsis :
1321. Les habitants d’Ulewic, une petite cité isolée de l’est de
l’Angleterre, sont sous le joug de leur seigneur et de l’Église,
celle-ci ayant supplanté, depuis quelques années, le paganisme qui
régnait dans la région. Non loin du village s’est installée une petite
communauté chrétienne de femmes, des béguines originaires de Belgique.
Sous l’autorité de sœur Martha, elles ont jusqu’alors été assez bien
tolérées.
Mais les choses commencent à changer. Le pays connaît en effet
des saisons de plus en plus rigoureuses, les récoltes sont gâchées, les
troupeaux dévastés et le besoin d’un bouc émissaire se fait sentir.
Neuf hommes du village, dont on ignore l’identité, vont profiter de la
tension qui commence à monter pour restaurer un ordre ancien et obscur.
Renouant avec de terribles rites païens, usant de la terreur, du meurtre
et de la superstition, ils vont s’en prendre aux béguines, qui devront
les démasquer et élucider les secrets du village avant que la région ne
soit mise à feu et à sang.
Critique :
"Les âges sombres" est un roman époustouflant, tout en atmosphère, qui nous piège dans un huis clos fantasmagorique. A côté du village, du béguinat et du manoir, il y a "la forêt", cette zone de non-droit, hors du temps, où vivent encore les anciens dieux et où tout peut arriver. L’auteur décrit avec brio cette petite communauté, vivant sur elle-même depuis des générations (les villageois ont tous la même anomalie physique, deux doigts collés à la main droite) et montre comment cette autarcie ainsi que la peur née de l’ignorance, crée la xénophobie.
"Les âges sombres" est un roman époustouflant, tout en atmosphère, qui nous piège dans un huis clos fantasmagorique. A côté du village, du béguinat et du manoir, il y a "la forêt", cette zone de non-droit, hors du temps, où vivent encore les anciens dieux et où tout peut arriver. L’auteur décrit avec brio cette petite communauté, vivant sur elle-même depuis des générations (les villageois ont tous la même anomalie physique, deux doigts collés à la main droite) et montre comment cette autarcie ainsi que la peur née de l’ignorance, crée la xénophobie.
D’autant que cette ignorance est entretenue par l’église et ses
assertions, "la lèpre est la punition pour le péché de luxure". Alors ce que les villageois ne savent pas, ils l’inventent et quand
ils ne comprennent pas, ils vont chercher l’explication dans les
vieilles superstitions.
Thriller à l’ambiance noire et prenante, "Les Âges sombres"
embarque le lecteur dans une autre époque où croyances et peurs étaient
intimement liées, dictant la plupart des comportements, comme partie
intégrante de la vie de tous les jours. L’univers
mis en place par Karen Maitland nous présente avec précision les mœurs
et manières de vivre de l’époque et nous transporte directement au début
des années 1320. Le côté historique est particulièrement bien rendu et
il est très facile de s’imaginer les préoccupations et activités de
cette période.
Après l'excellent "La compagnie des menteurs", l'auteur nous entraine une fois de plus dans son moyen-âge crasseux et sombre. Un roman très documenté et assez passionnant tant il regorge d'anecdotes
sur les mœurs et les croyances de l'époque comme dans son précédent
roman. En plus de cette
ambiance réaliste, l’auteur construit un univers parsemé de croyances,
où la foi est part entière du quotidien, où la frontière entre sainteté
et sorcellerie est mince, où chaque action est vérifiée, et où il faut
surtout prendre garde à ne pas devenir sacrilège de peur de voir fleurir
les bûchers.
Le roman est sombre, réellement, autant dans le cadre boueux de ce grand récit à
plusieurs voix que dans la nature humaine des protagonistes. Les grandes
figures hiératiques sont là, prêtre fou, femme intransigeante,
villageois manipulés, gamins paumés, sorcières païennes, et les
ambitions intellectuelles nouvelles des uns doivent affronter
l'obscurantisme d'une religion et d'une seigneurie dévorées par le goût
du pouvoir. Passionnant, original, et noir.
Le suspens est terriblement bien entretenu car les personnages sont pour
la plupart détenteurs d’un secret qui les amènera à faire des choix
surprenants. Ainsi des personnages plutôt sympathiques se révéleront
redoutables et d’autres nous surprendront agréablement. Les personnages évoluent
donc dans une atmosphère bien particulière, que ce soient les béguines
et leur Martha, le curé, les simples gens, les nobles ou les
Maîtres-Huants. Beaucoup ont des secrets avec lesquels ils doivent
apprendre à composer, et qui nous sont révélés au fil des chapitres,
quand vient le tour de chaque protagoniste d’être narrateur et de nous
présenter sa vision des choses.
![]() |
Karen Maitland |
L'histoire est racontée de manière originale par le point de vue de cinq personnages, à chaque fois à la première personne. Seul petit bémol cependant, l'histoire prend son temps à se mettre en place. En effet ce n'est
pas un thriller classique avec un serial killer et de
l'action non-stop. L'action se déroulant sur une année, l'auteur choisit
de nous conter son histoire par les différentes petites intrigues et
complots entre les personnages. L'histoire commence vraiment à se
préciser après le premier tiers du roman.
Toutefois, il y a quand même des passages assez stressants voir gores
qui permettent de redonner du souffle à l'histoire, et une petite touche
de fantastique pour relever le tout. Le style de l’auteur,
parfois cru donc, souvent direct, s’adapte parfaitement à l’atmosphère de
l’histoire et décrit avec précision la suite d’évènements et les
ressentis des uns et des autres.
Au final, Karen Maitland nous offre ici un roman aussi réussi que "La compagnie des menteurs" (malgré une construction complètement différente),
dans une atmosphère sombre et ensorcelante, elle fait évoluer des
personnages originaux et complexes, dont les liens et les secrets créent
un suspens prenant qui pousse le lecteur à dévorer ces
quelques sept cents pages. Donc un très bon roman, qui ne
plaira sans doute pas à tout le monde à cause de sa construction, mais
qu'il serait dommage de bouder tant l'univers est riche et ses
personnages haut en couleur. Un grand plaisir de lecture. Un polar érudit et foisonnant à découvrir d’urgence !!!
Virtus : Un Ken le survivant à l'époque romaine !!!
Note : 3.75 / 5
Synopsis :
An 185 de l’ère chrétienne. L’empereur Commode, cruel et sanguinaire,
entraîne Rome à sa ruine. Peu pressé de gouverner, il préfère combattre
dans l’arène. Pour Marcia, concubine du tyran, Rome a perdu ce qui
faisait le fondement de sa grandeur : la “virtus”, la force d’âme, la
droiture.
Désespérée, elle sollicite l’aide d’une sorcière, qui fait venir par
magie à Rome des hommes capables de rappeler cette valeur fondamentale
au tyran. Le sort choisit un groupe de prisonniers japonais du XXIème siècle. Précipités sur les sables de l’arène, ils vont découvrir la
cruauté du destin des gladiateurs : brutalité des entraînements,
férocité des combats, brimades quotidiennes au ludus. Les intrigues
politiques et la corruption de la capitale impériale parviendront-elles à
briser l’esprit de ces hommes ?
Critique :
Après "Thermae Romae" (manga sur les bains publics romains et japonais), Rome continue d'inspirer les mangakas. Les éditions Ki-oon nous proposent "Virtus". Une histoire plutôt virile pour lecteurs avertis : L’empereur Commode se défoule régulièrement dans l’arène et mène
Rome à sa ruine, alors sa concubine s'associe à une sorcière pour
ramener du japon, et du XXIème siècle, un mystérieux judoka qui saura
faire revenir tout le monde à la vertu !

Ce qui frappe en premier c'est l’esthétique old school de ce manga, que l'on pourrait croire avoir été dessiné dans les années 80. Trait épais, musculatures surdéveloppées, yeux globuleux exsangues et déformations extrêmes des corps meurtris par les coups.
Découlant directement de ce parti pris old school, la lecture se révèle très efficace. Le tome se dévore et l'on parvient à
la fin sans vraiment sans apercevoir. Le style y est donc pour beaucoup : on
se délecte du graphisme réaliste, aux traits d'une épaisseur cohérente
avec le côté "brut" de l'histoire. Le dessin, très détaillé, possède
aussi une puissante expressivité et beaucoup de dynamisme. Les visages
en colère, les mouvements, et autres faciès de lion d'arène ont une
sacrée gueule et nous font frémir ! Cependant, le dessinateur a beaucoup plus de peine avec les visages
souriants ou inexpressifs, qui parfois dérangent un peu l’œil au milieu
de tant de réussite. Mais comme il n'a pas si souvent que ça l'occasion
de les dessiner, ce n'est pas en fin de compte ce qui marque le
plus.
Ainsi, son aspect clairement old school lui donne un charme désuet sympathique, à
défaut de transcender la série graphiquement parlant. Si le dynamisme, la mise en scène et les coups d'éclats sont bien là, l'aspect
gothique, surchargé parfois, ajoute à toute une ambiance qu'il est
difficile de renier : à la lecture de ce premier tome, "Virtus" est avant tout un défouloir qui fonctionne ! Ajoutons à cela une source fantastique, proche de ce que l'on a connu dans l'excellent "Thermae Romae", à savoir le choc des cultures de la Rome antique et du Japon contemporain, pour donner à ce "Virtus" un ambiance assez unique, il faut bien le dire.
Le manga mélange ouvertement
"Gladiator", "Rome" la série (le héros étant un gentil géant un peu
frustre à la Titus Pullo) et divers mangas de baston. On pensera
d'ailleurs à "Coq de combat" concernant les détails techniques des
affrontements et à "Hokuto no Ken" ("Ken le survivant") concernant le
dessin et l'ambiance réalistico-gore !
Au
final, on ne lit pas "Virtus" pour sa finesse ni sa morale, mais pour
sa redoutable efficacité dans l'illustration des différents combats que
va aligner Takeru Narumiya avant sa probable rencontre finale avec
Commode. Réponse en cinq volumes !!!
My lady vampire : Une série qui ne révolutionne pas le genre, mais qui apporte des nouveautés intéressantes !!!
Note : 3.75 / 5
Synopsis :
En 1825, Aloïs, bâtard du Marquis de Tullencourt, est accosté par le
ténébreux Faust, assassin et vampire de son état. Après avoir été mordu
jusqu'au sang, le jeune homme découvre qu'il est mort et devenu un
vampire. De fait, son tortionnaire lui propose d'œuvrer pour lui durant
le demi-siècle à venir.
Au bout d'une trentaine d'années, alors qu'il
s'est acquitté normalement de ses missions, Aloïs se voit pris dans un
traquenard tendu par la meute dont dépend Faust. In extremis, il sauve
sa peau pour échouer gravement blessé en Cambridge, au manoir du Comte
Shelley dans lequel vit Loreleï, jeune aveugle après l'accident mortel
de sa mère. Ne sera-t-elle pas la prochaine victime du vampire ou, au
contraire, va-t-elle être celle qui va influer sur la destinée du fuyard ?
Critique :
Vu l'abondante production d'histoires de
vampires parues ces derniers temps, faire preuve d'originalité dans le
genre n'est guère une
entreprise aisée. Pourtant, s'apparentant à la romance paranormale de
par ses thèmes et ses atours, "My Lady Vampire : Deviens ma proie", de la collection Strawberry de chez Soleil,
fait figure de bonne surprise. Une
impression positive due à l'efficacité de l'histoire.
On ne s'ennuie à
aucun moment lors de la lecture de ce premier tome : une intrigue solide
prend place rapidement, la galerie de personnages se réclame
intéressante et les grandes lignes d'une romance complexe s'ébauchent. Force est de constater que la lecture de ce premier épisode est des plus
agréables, bien rythmé, même s'il ne bouleverse pas le genre. On y
trouve quelques bonnes trouvailles liées aux vampires et à leur mode
opératoire.
La série s'adresse principalement aux filles, le titre et la couverture de ce premier tome ne font d'ailleurs guère mystère de la tonalité sentimentalo-gothique de la BD. Néanmoins, dès les premières planches, la
série aborde deux petites originalités qui font plaisir. Premièrement,
les humains découvrent tout de suite qu'Aloïs est un vampire (ce dernier
ne s'en cache pas vraiment) ; ensuite, il ne tombe pas sous le charme
de la charmante humaine Loreleï, du moins pour le moment. Du coup le
récit concocté par Audrey Alwett ("Ogres", "Triskell", "Voyages aux ombres") y gagne en rythme et en intérêt.

Les dessins de cette nouvelle série sont assurés par Silvestro Nicolaci, auteur italien ayant déjà participé au collectif "Sweety sorcellery", en illustrant une histoire courte. La partition visuelle se montre à la hauteur du récit. Le dessinateur réussit avec efficacité les transitions entre les ambiances nocturnes et diurnes. De même, son travail sur le character-design permet de distinguer aisément les vampires des humains.
Graphiquement donc, le dessin possède un très bon potentiel. Appuyé par une
colorisation très réussie, le trait de Nicolaci est gracieux,
assuré, plein de détails et anime un univers historique homogène qui
colle aux intentions scénaristiques et plaisant à parcourir. Si les
décors, dans leurs proportions, sont un tant soit peu "cartoonesques",
il n’en demeure pas moins que la qualité picturale est au rendez-vous
et se veut indéniable grâce à des personnages au charisme et au physique
envoutants.
"My Lady Vampire : Deviens ma proie" est une BD qui s'adresse aux lecteurs en quête d'une fiction rappelant
les grandes tragédies anglaises pleines de cruauté, de sensualité et de
sentiments. Le tout saupoudré de fantastique. Une bonne entrée en matière d’une aventure au mordant assuré que filles et pourquoi pas garçons grignoteront bien volontiers. Un premier tome qui fait
bonne impression et génère l'attente de sa suite avec une certaine
impatience !!!
Qu'avons-nous fait de nos rêves ?
de Jennifer Egan
Note : 4 / 5
Synopsis :
Qui n'a jamais rêvé de monter un jour sur scène ? De quitter l'ombre pour se retrouver sous les feux des projecteurs ?
C'est l'ambition que partage une petite bande d'adolescents dans le San Francisco débridé des années 1970. Avec leur groupe de musique punk, ils jouent dans des bars, font des pogos et se donnent l'illusion d'une désinvolture propre à leur jeunesse. Mais le temps passe et l'irrévérence laisse bientôt place aux contraintes de la vie adulte. Bennie, ancien mélomane passionné, est devenu producteur de musique et se contente de sortir des tubes insipides. Lou Kline, dragueur invétéré, se retrouve seul dans sa belle maison. Et que dire de la belle Sasha qui, après un passé tumultueux, a le sentiment d'entraîner les échecs ? Et pourtant, ils n'ont pas dit leur dernier mot.
C'est l'ambition que partage une petite bande d'adolescents dans le San Francisco débridé des années 1970. Avec leur groupe de musique punk, ils jouent dans des bars, font des pogos et se donnent l'illusion d'une désinvolture propre à leur jeunesse. Mais le temps passe et l'irrévérence laisse bientôt place aux contraintes de la vie adulte. Bennie, ancien mélomane passionné, est devenu producteur de musique et se contente de sortir des tubes insipides. Lou Kline, dragueur invétéré, se retrouve seul dans sa belle maison. Et que dire de la belle Sasha qui, après un passé tumultueux, a le sentiment d'entraîner les échecs ? Et pourtant, ils n'ont pas dit leur dernier mot.
Critique :
L'un des temps forts de la rentrée littéraire est la traduction aux éditions Stock du prix Pulitzer 2011, "Qu'avons-nous fait de nos rêves?", de Jennifer Egan. Née à Chicago en 1962, aujourd'hui installée à New York, l'auteur de "L'envers du miroir" (Belfond, 2003) relie dans ce livre une série de courtes nouvelles, autant d'histoires où les destins s'enchaînent "en restituant le passage du temps et les aléas du désir".
L'un des temps forts de la rentrée littéraire est la traduction aux éditions Stock du prix Pulitzer 2011, "Qu'avons-nous fait de nos rêves?", de Jennifer Egan. Née à Chicago en 1962, aujourd'hui installée à New York, l'auteur de "L'envers du miroir" (Belfond, 2003) relie dans ce livre une série de courtes nouvelles, autant d'histoires où les destins s'enchaînent "en restituant le passage du temps et les aléas du désir".
Il y a mille et une façons de raconter une histoire, commencer par le
début pour aller vers la fin n'est qu'une des options, assez académique
mais pas obsolète pour autant, non plus que forcément banale. Ce n'est
pas celle qu'a choisie la romancière américaine Jennifer Egan, dont "Qu'avons-nous fait de nos rêves ?"
s'offre à contempler, à lire, à savourer comme une constellation (de
personnages, de scènes, d'époques) dont l'ordonnancement, assurément
savant, répond à une logique qui ne doit rien en apparence à la
chronologie. Jennifer Egan démontre une grande ironie,
qu'elle pratique avec bonheur et délicatesse. Ludique, chatoyante est
l'architecture romanesque qu'elle met en place avec brio, mais sans
bousculer en profondeur les codes.
Séduisant, virtuose, ancré dans notre
temps, "Qu'avons-nous fait de nos rêves ?" demeure un beau
roman mélancolique, au cœur duquel se déploie une
méditation sur le temps et le destin de l'individu.
On dit toujours que l'intelligence nuit au romanesque. Jennifer Egan
prouve le contraire. Elle sait ce qu'elle fait et où elle va. La
technique n'est pas incompatible avec l'émotion.
Beaucoup de
personnages, plus ou moins liés au monde de la musique : producteurs,
musiciens, parfois bien installés dans leur existence, mais toujours
avec une pointe d'insatisfaction, ou bien partant à la dérive. Le livre
est un roman hybride, ni roman ni recueil de nouvelles, qui regroupe
différentes histoires axés sur un de ces personnages alors que les
autres passent au second plan, sans continuité chronologique, et dans un
style d'écriture très différent d'un chapitre à l'autre, l'un d'entre
eux par exemple est le journal d'une adolescente écrit en Powerpoint. Chaque chapitre se concentre donc sur un personnage et un moment de sa vie.
![]() |
Jennifer Egan |
Chaque personnage a un côté obscure, et on a l'occasion de lire Face A
et Face B pour chacun d'entre eux. On fait régulièrement des bons dans
le temps, voir dans l'anticipation pour l'un des chapitres. Un livre
plein d'énergie, de rire ou de larmes et de réflexions sur nos destins
quotidiens.
Prix Pulitzer en 2011, "Qu'avons-nous fait de nos rêves ?" est addictif comme une série télé, le livre
entremêlant les destins et les époques pour dire les désillusions et le
temps qui passe. Jennifer Egan parle d'ailleurs de lui comme un livre se situant entre Proust et Les Sopranos !
Qu'est-il arrivé à tous ces personnages ? Quelqu'un
peut-il leur expliquer ce qui est arrivé ? La réponse attend
peut-être page 146. "Je suis comme l'Amérique", dit un des personnages,
"je me suis sali les mains". Une ribambelle d'autres questions
surgissent dans ces chapitres enlevés. Pourquoi les joggeuses
portent-elles des brassières ? Un punk peut-il avoir des taches de
rousseur ? Où ont disparu les espoirs ? Qui a bousillé les illusions ?
Comment se fait-il que le monde n'ait pas changé ?
Au-delà des questionnements, ce livre est une peinture de la société si
juste et violente qu'il résonne forcément en chacun de nous et nous
laisse un goût de nostalgie. Un livre dense, qui remue et ne laisse pas indifférent. Difficile de résumer ce roman brillant et ambitieux, en tous cas une chose est sûre il faut le lire absolument !!!
Une place à prendre
de J. K. Rowling
Synopsis :
Bienvenue à Pagford, petite bourgade anglaise paisible et charmante :
ses maisons cossues, son ancienne abbaye, sa place de marché
pittoresque... et son lourd fardeau de secrets. Car derrière cette
façade idyllique, Pagford est en proie aux tourmentes les plus
violentes, et les conflits font rage sur tous les fronts, à la faveur de
la mort soudaine de son plus éminent notable.
Entre nantis et pauvres, enfants et parents, maris et femmes, ce sont des années de rancunes, de rancœurs, de haines et de mensonges, jusqu'alors soigneusement dissimulés, qui vont éclater au grand jour et, à l'occasion d'une élection municipale en apparence anodine, faire basculer Pagford dans la tragédie.
Entre nantis et pauvres, enfants et parents, maris et femmes, ce sont des années de rancunes, de rancœurs, de haines et de mensonges, jusqu'alors soigneusement dissimulés, qui vont éclater au grand jour et, à l'occasion d'une élection municipale en apparence anodine, faire basculer Pagford dans la tragédie.
Attente :
"Une place à prendre" ("The casual vacancy" en anglais) est le nouveau roman très très très attendu de J. K. Rowling. Il sera disponible le 28 septembre prochain en France. Il est traduit par Pierre Demarty pour les éditions Grasset. La quatrième de couverture nous dit : "Attendue de tous, J.K. Rowling revient là où on ne l'attendait pas et signe, avec ce premier roman destiné à un public adulte, une fresque féroce et audacieuse, teintée d'humour noir et mettant en scène les grandes questions de notre temps". Espérons seulement que ce n'est pas simplement une manœuvre marketing et que ce roman "noir" sera à la hauteur des expectatives !
"Une place à prendre" ("The casual vacancy" en anglais) est le nouveau roman très très très attendu de J. K. Rowling. Il sera disponible le 28 septembre prochain en France. Il est traduit par Pierre Demarty pour les éditions Grasset. La quatrième de couverture nous dit : "Attendue de tous, J.K. Rowling revient là où on ne l'attendait pas et signe, avec ce premier roman destiné à un public adulte, une fresque féroce et audacieuse, teintée d'humour noir et mettant en scène les grandes questions de notre temps". Espérons seulement que ce n'est pas simplement une manœuvre marketing et que ce roman "noir" sera à la hauteur des expectatives !
L’auteur, quant à elle, le présente comme le symbole d’une "nouvelle page de sa vie d’écrivain". "Une place à prendre" s’annonce, selon elle, représentatif de "la liberté d’explorer de nouveaux territoires que le succès d’Harry" lui a conféré. Ce livre-là sera donc très différent d’Harry Potter.
C’est aussi ce que laisse entendre
l’éditeur Neil Denny qui parle de ce roman noir de 500 pages environ
dans les termes suivants : "Ce
livre n’est clairement pas un polar traditionnel, il sonne original, il
sonne intéressant et ambitieux. C’est un créneau peu exploité et vide,
que peut-être, elle seule peut combler."
Bien décidée donc à repartir de zéro,
comme une débutante, J.K. Rowling s'apprête à publier, le 27 septembre
en Angleterre et le lendemain en France, son premier roman destiné aux
adultes. Aucun doute que la démarche de l'auteur des sept volumes d'Harry Potter,
publiés entre 1997 et 2007 et vendus à plus de 450 millions
d'exemplaires, est sympathique voire même courageuse. Reste que J.K.
Rowling ne s'attendait sans doute pas à ce que le public réponde avec si
peu d'enthousiasme à son changement de cap littéraire.

Les aficionados de l'auteur ne semblent pas suivre ce changement de direction. Pour ma part, je ne peux qu'espérer et souhaiter que ce roman me plaira. L'imagination
et le sens du détail de J. K. Rowling étaient si impressionnants dans
"Harry Potter" que je me ferais un devoir d'être un des premiers
lecteurs français de ce nouveau roman "Une place à prendre" !!!
Runberg et Juzhen - Konungar : Une aventure épique et fantastique qui mêle brutalité et subtilité !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Aux confins nordiques de l'Europe, dans le Royaume d'Alstavik, la menace est partout. Les Centaures, ennemis mortels des Vikings, s'apprêtent à franchir la muraille d'enceinte qui les protège depuis la dernière invasion.
Du côté de la mer, les Celtes du royaume de Moh Ruith se font
pressants, alors que le Royaume est toujours en proie à une guerre
civile effroyable. Car depuis le décès du roi, ses deux fils Rildrig et
Sigvald se disputent le trône. Contraints par le péril qui gronde
partout, les frères ennemis s'associent pour faire face aux menaces
extérieures.
Critique :
Konungar nous entraîne dans un récit d’héroïc fantasy nordique de grande
qualité. Bien des dangers fragilisent le royaume d’Alstavik au premier
rang desquels la guerre fratricide à laquelle se livrent Sigvald et
Rildrig. Mais les deux frères vont devoir tenter de mettre leur haine de
côté afin de réunifier le royaume car la menace du peuple centaure se
fait sentir à nouveau.
Sylvain Runberg aime les récits de guerre, dans des lieux reculés, peu traités en BD, avec une pointe de fantastique. Après "Reconquêtes" et l’Asie mineure, voici donc "Konungar" et les terres scandinaves. Un cadre réaliste où l’on trouve pourtant centaures, personnages fictifs et magie runique. La construction est ici un peu la même que "Reconquêtes", avec la menace naissante dans les premières pages suivie de la description des forces en présence, avec une alternance des personnages et des époques. "Reconquêtes" n’avait pas particulièrement touché, contrairement à "Konungar".
Sylvain Runberg aime les récits de guerre, dans des lieux reculés, peu traités en BD, avec une pointe de fantastique. Après "Reconquêtes" et l’Asie mineure, voici donc "Konungar" et les terres scandinaves. Un cadre réaliste où l’on trouve pourtant centaures, personnages fictifs et magie runique. La construction est ici un peu la même que "Reconquêtes", avec la menace naissante dans les premières pages suivie de la description des forces en présence, avec une alternance des personnages et des époques. "Reconquêtes" n’avait pas particulièrement touché, contrairement à "Konungar".

Un scénario assez simple donc rendu pourtant original par sa mise en
place progressive, puisque la raison des tensions s’explique
progressivement au fil de ces flashbacks, les liens se complexifient,
l’histoire s’enrichit. Véritable force de "Konungar", ils ont aussi
malheureusement l’effet pervers de rendre par moment l’ensemble un peu
confus, le rythme un peu haché. On passe pourtant facilement outre ces
quelques détails, "Invasion" se présente bien comme une introduction, délimitant les
cadres, tout laissant penser que le rythme s’accélèrera considérablement
avec les tomes suivants.
Une histoire passionnante illustrée avec brio par Juzhen. A noter, au début de la bande dessinée
se trouve une superbe illustration d’un Centaure sur une pleine
planche. Les expressions et les visages des personnages sont réalistes
et minutieusement travaillés. Les ombres et les lumières permettent
aussi de donner vie aux mouvements des personnages, d’accentuer les
reliefs des paysages, la texture des cheveux, des vêtements, etc. Juzhen
utilise aussi différents angles de vue et de perspective contribuant au
dynamisme de l’ensemble tout comme les dispositions variées des cadres
et leurs diverses tailles. Côté dessin donc, la précision et le souci du détail sont bluffant. Juzhen ne recule pas devant la difficulté.
Graphiquement, pas grand-chose à redire par conséquent, au contraire même. Un
dessin très abouti, vraiment joli dans l’ensemble malgré un design des
centaures assez déroutant au départ. Le trait met parfaitement en valeur
les décors monumentaux et la brutalité des affrontements alors que les
personnages gardent un aspect lisse pas désagréable. Un ensemble
finalement assez original et très réussi. La colorisation est, quant à
elle, tout simplement superbe !

Force est de constater que la puissance évocatrice des évènements antérieurs perdure dans cette suite, nous promettant ainsi une intrigue toute aussi puissante pour ne pas dire massive. De fait, le scénariste joue sur plusieurs tableaux distincts, s'attachant à faire monter en puissance son aventure de tout côté. Cette conjonction scénique dévoile ainsi avec force, dans un sens du découpage inné, les faits présents qui sous-entendent une trahison latente bien amenée. Pour mieux en apprécier la profondeur de cette dernière, des séquences de dix ans en arrière, elles-mêmes porteuses d'un mystère à découvrir prochainement, viennent les entrecouper audacieusement.
A n'en pas douter, cette aventure de par sa vigueur
barbare et de ses accents fantastiques, possède un potentiel tonitruant
plaisant à déguster. Sylvain Runberg pousse à l'extrême ses personnages
et leurs caractères entiers, dans une férocité démesurée, pour mieux
appréhender leurs aspirations parfois bonnes, parfois machiavéliques. De
même, en fin stratège, il nous désoriente volontairement pour laisser
entrevoir une autre perception de son histoire, perception que l'on aura
au final de cet épisode.
Il ne fait aucun doute que Juzhen semble être dans son élément quand il s'agit de jouer la carte de la démesure. Il suffit pour cela de regarder ses personnages, mythiques ou réels, qui ont un charisme totalement surdimensionné. La puissance évocatrice de ces derniers se ressent par leur apparence massive, sauvage et sanguinaire, et se veut de fait impressionnante. Une deuxième partie tonitruante d'une épopée viking qui ne laisse pas indifférente. Au final, "Konungar" se trouve être une excellente aventure qui promet et qui ne génère qu'un seul regret inévitable, celui de devoir patienter pour lire la suite !!!
Il ne fait aucun doute que Juzhen semble être dans son élément quand il s'agit de jouer la carte de la démesure. Il suffit pour cela de regarder ses personnages, mythiques ou réels, qui ont un charisme totalement surdimensionné. La puissance évocatrice de ces derniers se ressent par leur apparence massive, sauvage et sanguinaire, et se veut de fait impressionnante. Une deuxième partie tonitruante d'une épopée viking qui ne laisse pas indifférente. Au final, "Konungar" se trouve être une excellente aventure qui promet et qui ne génère qu'un seul regret inévitable, celui de devoir patienter pour lire la suite !!!
Indignation
de Philip Roth
Note : 4 / 5
Synopsis :
Nous sommes en 1951, deuxième année de la guerre de Corée. Marcus
Messner, jeune homme de dix-neuf ans, intense et sérieux, d’origine
juive, poursuit ses études au Winesburg College, dans le fin fond de
l’Ohio. Il a quitté l’école de Newark, dans le New Jersey où habite sa
famille. Il espère par ce changement échapper à la domination de son
père, boucher de sa profession, un homme honnête et travailleur, mais
qui est depuis quelque temps la proie d’une véritable paranoïa au sujet
de son fils bien-aimé. Fierté et amour, telles sont les sources de cette
peur panique. Marcus en s’éloignant de ses parents, va tenter sa chance
dans une Amérique encore inconnue de lui, pleine d’embûches, de
difficultés et de surprises.
Indignation, le vingt-neuvième livre de Philip Roth, propose une forme de roman d’apprentissage : c’est une histoire de tâtonnements et d’erreurs, d’audace et de folie, de résistances et de révélations, tant sur le plan sexuel qu’intellectuel. Renonçant à sa description minutieuse de la vieillesse et de son cortège de maux, Roth poursuit avec l’énergie habituelle son analyse de l’histoire de l’Amérique, celle des années 1950, des tabous et des frustrations sexuelles, et de son impact sur la vie d’un homme jeune, isolé, vulnérable.
Indignation, le vingt-neuvième livre de Philip Roth, propose une forme de roman d’apprentissage : c’est une histoire de tâtonnements et d’erreurs, d’audace et de folie, de résistances et de révélations, tant sur le plan sexuel qu’intellectuel. Renonçant à sa description minutieuse de la vieillesse et de son cortège de maux, Roth poursuit avec l’énergie habituelle son analyse de l’histoire de l’Amérique, celle des années 1950, des tabous et des frustrations sexuelles, et de son impact sur la vie d’un homme jeune, isolé, vulnérable.
Critique :
Un roman, même mineur, de l'écrivain américain du New-Jersey reste un évènement littéraire. Avec "Indignation",
un des plus grands auteurs américains vivants narre la difficile année
1951 d'un jeune homme juif de 19 ans dans une université de l'Ohio.
Roman
d'apprentissage aussi drôle que désespéré, le livre met avant tout en
exergue l'hypocrisie et la dureté de la société américaine
d'après-guerre, tout en soulignant les frustrations sexuelles d'un jeune
homme comme tant d'autres. Véritable maître de la
peinture sociale, Roth braque son télescope sur une période méconnue de
l'histoire du XXe siècle : la guerre de Corée.
Tout Philip Roth peut tenir dans une
phrase : l’ironie et la morale, la chance et le destin. Des paradoxes
implacablement à l’œuvre dans toute vie, c’est pourquoi on ne peut
réduire "Indignation"
à la seule dénonciation de l’hypocrisie puritaine de l’Amérique des
années 50. Philip Roth, bien entendu, nous délivre toujours quelque
chose de plus profond que le background sociétal de ses romans. Ici,
mine de rien, il nous montre comment, point par point, toute existence
peut sombrer dans la tragédie, ou plus modestement, le drame, que
toute vie n’est que la somme de ses actes, même les plus infimes.
![]() |
Philip Roth |
Le héros, Marcus Messner, nous parle d'outre-tombe. Ce jeune diplômé vient de trouver la mort au combat. Depuis son
au-delà (pensé par Roth comme un endroit vide où,
solitaire, chacun est condamné à se souvenir à jamais des menus détails
de sa vie), Marcus essaie de reconstruire les mœurs qui régnaient sur
le campus où sa vie bascula. Pour échapper à la surveillance constante
d'un père fou d'angoisse à l'idée que son fils unique affronte les
périls de l'existence, Marcus a quitté Newark et s'est inscrit dans une
université paumée du Midwest. Là, il découvre qu'il ne peut échapper à
une autre tyrannie : celle des conventions. Assister à l'office
religieux, suivre des camarades de chambrée dans leur mutisme ou leur
chahut, intégrer la communauté universitaire,... tant d'obligations qui
indignent Marcus. Furieux, humilié, amer, ce dernier a beau trouver
l'amour (ou ce qui lui ressemble) dans les bras de la Reine de la
fellation 1951, il considère comme inadmissible ce monde décervelé. Où
le mènera sa perpétuelle indignation ?
La brève vie de Marcus, c'est en fait l'histoire d'un garçon de bonne
volonté, modeste, droit, honnête, dont l'existence brutalement dérape, Roth ne faisant rien pour le retenir dans sa chute.
Laquelle se produit
sur le campus de l'université de Winesburg, Ohio, où la sincérité
naïve de l'attachant Marcus finira par se retourner contre lui.
Caustique, poignant, le roman embrasse en outre toute une série de
motifs constitutifs de l'univers de Roth : l'histoire moderne des
États-Unis, la société américaine d'avant la révolution sexuelle, les
relations filiales hautement problématiques, la sexualité comme énergie
vitale... Au destin de Marcus, le romancier n'appose nulle conclusion
édifiante, nulle morale et le pouvoir d'impact "d'Indignation" n'en est que plus grand.

"Indignation" est la tragédie de celui qui n’a
pas su adapter sa vie à son temps, le contredisant sans cesse, s’y
heurtant continuellement comme un pauvre petit papillon de nuit au
lampadaire qui finira par lui consumer les ailes. Mais n’est-ce pas
cela, être révolutionnaire ? Ainsi, Marcus Messner est l’un des plus
beaux personnages de Roth, plongé dans un monde auquel il ne comprend
rien, suivant son désir jusqu’à la mort, incapable de faux-semblants,
incarnation du désir de liberté de toute une génération !!!
Vampire, L'âge des ténèbres : Un jeu de rôle passionnant et aux possibilités de déroulement gigantesque !!!
Note : 4.75 / 5
Synopsis :
Ils sont partout. Ils sont parmi nous depuis le début des temps. Ils
se nourrissent du sang des mortels, et tirent leur puissance de leur
propre flux sanguin, don ou malédiction hérité du premier d’entre eux :
Caïn. Premier meurtrier de l’humanité, premier à avoir versé le sang, premier Vampire.
Les siècles ont passé, Caïn a engendré des infants, qui à leur tour
ont étreint de nouveaux vampires, perpétuant et développant ainsi la
race des damnés de la nuit, appelés caïnites, du nom de leur Père à tous.
Mais au fil des générations, le sang originel se dilue de plus en plus,
rendant les nouveau-nés de moins en moins puissants. Des lignées de
vampire se sont construites au fil du temps, pour finalement former de
véritables clans, treize en tout, chacun ayant hérité de pouvoirs et de tempéraments
particuliers.
En cette période obscure qu’est le Moyen-Âge, la survie des vampires
est l’objet d’une lutte constante. Si les conflits entre les clans sont
parfois très meurtriers, la préoccupation majeure du caïnite est avant
tout de se nourrir. Et s’il est facile de se cacher parmi les ombres de
la nuit, s’intégrer dans une société qui ne vit que sous le règne de
l’astre solaire, et dont l’activité nocturne est plus que réduite, est
un combat quotidien.
Pour vivre, et survivre, les caïnites devront parfois mettre leurs
rivalités de côté, et s’allier, de gré ou de force, avec quelques
initiés mortels. Ce n’est qu’à ce prix que les Vampires pourront sortir de l’Âge des Ténèbres.
Critique :
Imaginez des villages médiévaux, isolés dans les ténèbres. Imaginez des
cathédrales illuminées par les torches des fanatiques religieux.
Imaginez des forêts impénétrables, hantées par des créatures dont les
hurlements résonnent dans la nuit. Imaginez les volets qui claquent à
votre approche, les regards apeurés, les gens qui se signent. Vous ne
craignez que vos semblables, et vous avez, par goût ou par nécessité,
voué votre immortalité à la lutte pour le pouvoir, pour votre survie. La
nuit est à vous, elle vous appartient. Enfin, c'est ce que vous croyez,
parce que la vie d'un vampire au Moyen-Age n'est pas des plus
faciles.
"Vampire : L'âge des ténèbres", ou "Vampire : Dark age" en son titre original, décline le principe de "Vampire : la Mascarade",
en l'adaptant au Moyen-Age. Le contexte est celui de l'Europe en l'an
1199, en pleine époque des croisades, des bâtisseurs de cathédrale, et
des premiers échanges commerciaux. L'ambiance devient au XIIème siècle "médiéval-sombre", et l'Europe de fiction du
jeu est fortement marquée par l'obscurantisme, la superstition, et le
surnaturel. Des monstres sont tapis dans l'ombre, la magie est une
réalité, et qui veut être prudent ne sort pas de chez lui à la nuit
tombée.
![]() |
Armoiries cappadociennes |
Le concept à la base du jeu se caractérise par le fait que les vampires sont des prédateurs nocturnes figés éternellement dans
un état entre la vie et la mort, déchirés par un conflit intérieur entre
leur partie humaine, et la bête assoiffée de sang qui sommeille en eux.
La malédiction vampirique, transmise par morsure de "génération" en
"génération", remonterait à Caïn, père de tous les vampires et
"grand-père" des fondateurs des clans de vampires.
La division clanique est à la base de la société vampirique que les "caïnites" ont constituée en marge de celle des mortels : treize lignées existent (les Assamites, les Brujah, les Cappadociens, les Fils de Seth, les Gangrels, les Lasombras, les MAlkaviens, les Nosferatus, les Ravnos, les Toréadors, les Tremere, les Tzimisces et les Ventrues), fondées par les treize vampires de troisième génération qui se sont révoltés contre les enfants de Caïn, de seconde génération. Chaque clan apporte en héritage à ses membres un caractère, des capacités, des affinités et des faiblesses héréditaires. Outre son appartenance clanique, la position d'un vampire vis-à-vis de ses pairs est basée sur son ancienneté. L'âge, et le nombre de générations qui séparent le vampire de Caïn, le premier d'entre eux, conditionnent le statut social du "caïnite".
La division clanique est à la base de la société vampirique que les "caïnites" ont constituée en marge de celle des mortels : treize lignées existent (les Assamites, les Brujah, les Cappadociens, les Fils de Seth, les Gangrels, les Lasombras, les MAlkaviens, les Nosferatus, les Ravnos, les Toréadors, les Tremere, les Tzimisces et les Ventrues), fondées par les treize vampires de troisième génération qui se sont révoltés contre les enfants de Caïn, de seconde génération. Chaque clan apporte en héritage à ses membres un caractère, des capacités, des affinités et des faiblesses héréditaires. Outre son appartenance clanique, la position d'un vampire vis-à-vis de ses pairs est basée sur son ancienneté. L'âge, et le nombre de générations qui séparent le vampire de Caïn, le premier d'entre eux, conditionnent le statut social du "caïnite".
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Armoiries tzimisces |
Les vampires du XIIème siècle
sont marqués par le mysticisme de leur époque, et s'interrogent sur la
raison de leur damnation. Certains ont même réussi à concilier leur foi
de mortel et leur code de conduite vampirique.
En 1199, les vampires vivent en seigneurs de la nuit, qu'ils
contrôlent un territoire ou aient décidé de mener une vie vagabonde. La
société vampirique de l'époque est brutale et rigide. Les Anciens utilisent dans leurs querelles de clocher
les jeunes vampires comme de la chair à canon, et aucune autorité ne
vient tempérer la puissance d'un Prince sur son Domaine. Le nombre de
vampires étant très important par rapport à la population humaine, les
Traditions sont implacablement appliquées, et la mortalité chez les
jeunes vampires est très importante. Seule l'ancienneté compte, et c'est
ce qui provoquera quelques siècles plus tard le schisme entre les clans
et la création du Sabbat, à l'époque de l'Inquisition. Car la méfiance
de la population, l'absence d'activité humaine à la nuit tombée, la
présence de garous dans une nature encore sauvage, sont des facteurs qui
rendent la dissimulation particulièrement difficile, et la menace de
l'Inquisition se rapproche.

Certainement mon jeu de rôle préféré et assurément le meilleur concernant le monde vampirique !!!
Naruto : Un concentré d'idées nouvelles sur un thème connu qui a fêté ses 10 ans d'existence !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
L'histoire commence pendant l'adolescence de Naruto, vers ses douze
ans, à Konoha (un puissant village de ninja). Orphelin, éternel cancre et grand farceur, il fait toutes les
bêtises possibles pour se faire remarquer. Son rêve : devenir "Hokage" (le plus haut niveau hiérarchique auquel puisse accéder un ninja, c’est
donc bien évidemment la caste la plus puissante mais également la plus
difficile à atteindre)
afin d'être reconnu par les habitants de son village. En effet, le
démon scellé en lui a attisé la crainte et le mépris des autres
villageois, qui, avec le temps, ne font plus de différence entre le
Kyûbi (le démon-renard à neuf queues) et Naruto.
Malgré cela, Naruto s'entraîne dur afin de devenir "genin",
le premier niveau chez les ninjas. Après plusieurs essais, il arrive
finalement à recevoir son bandeau frontal de Konoha et la promotion qui
va avec. Il est alors inclus dans une équipe de trois apprentis ninjas,
avec Sakura Haruno et le talentueux Sasuke Uchiwa. Peu après, ils
rencontrent leur "jōnin" (maître instructeur et ninja de niveau supérieur), celui qui s'occupera de leur formation : le mystérieux Kakashi Hatake.
Au début craint et méprisé par ses pairs, il va peu à peu monter en
puissance et gagner le respect et l'affection des villageois grâce
notamment aux combats dantesques qu'il remportera face aux ennemis les
plus puissants de Konoha parmi lesquels se trouvent plusieurs anciens
villageois. Peu à peu, les sombres desseins de domination mondiale de
l'un d'entre-eux se dessinent.
Critique :
Demandez le nom d'un manga à un non-adepte, il vous répondra "Naruto". Une référence donc.
"Naruto" est un Shônen, un récit mettant en avant un héros juvénile auquel le lecteur s’identifie
facilement, possédant aussi un talent caché qui lui permettra de
se dépasser et d’accomplir de grandes choses. Le lecteur est
immédiatement plongé dans l’action. Les auteurs optent d’ailleurs
souvent pour une mise en page qui exalte les prouesses de leurs
personnages.
L'originalité
de ce manga est que son histoire se déroule dans un monde
rétro-futuriste où, bien que de nombreuses technologies modernes aient
vu le jour, les ninjas et, dans une moindre mesure, les samouraïs sont
restés de véritables puissances militaires.
Concernant le dessin, celui-ci est vraiment correct pour un shônen,
détaillé et très dynamique grâce à l'utilisation des hachures mais aussi
dans le découpage des planches. De plus les personnages sont vraiment
expressifs et pour une fois ils ne se ressemblent pas. Ainsi, ils ont
chacun un style bien particulier et unique.
En outre, ce style unique des personnages se retrouve aussi au niveau de leur comportement et de leur caractère. On remarque que l'auteur a particulièrement travaillé sur les sentiments et réactions de ses acteurs. Toutefois attention car on reste comme même dans un shônen et donc les personnages sont toujours légèrement stéréotypés avec le héros, Naruto, mauvais-garçon mais porteur d'un grand pouvoir ; Sasuke, taciturne mais avide de vengeance, et Sakura, groupie avec 0 de QI mais totalement dévouée. En outre, l'humour a logiquement une place très importante avec des noms de techniques voir des techniques plus que loufoques, des blagues salaces, des combats de vannes voir des situations mémorables.
Enfin, ce qui m'a le plus marqué c'est en fait le personnage de Naruto. L'auteur arrive à rendre vraiment son héros intéressant mais surtout humain. On ressent réellement la solitude et les sentiments qui habitent le héros tels que la tristesse et l'incompréhension. L'auteur arrive alors à distiller un message sur les thèmes de l'exclusion et de la tolérance.
En outre, ce style unique des personnages se retrouve aussi au niveau de leur comportement et de leur caractère. On remarque que l'auteur a particulièrement travaillé sur les sentiments et réactions de ses acteurs. Toutefois attention car on reste comme même dans un shônen et donc les personnages sont toujours légèrement stéréotypés avec le héros, Naruto, mauvais-garçon mais porteur d'un grand pouvoir ; Sasuke, taciturne mais avide de vengeance, et Sakura, groupie avec 0 de QI mais totalement dévouée. En outre, l'humour a logiquement une place très importante avec des noms de techniques voir des techniques plus que loufoques, des blagues salaces, des combats de vannes voir des situations mémorables.
Enfin, ce qui m'a le plus marqué c'est en fait le personnage de Naruto. L'auteur arrive à rendre vraiment son héros intéressant mais surtout humain. On ressent réellement la solitude et les sentiments qui habitent le héros tels que la tristesse et l'incompréhension. L'auteur arrive alors à distiller un message sur les thèmes de l'exclusion et de la tolérance.

Acclamé par beaucoup, le petit
ninja orange (devenu grand depuis!) fête ses 10 ans d'existence ! Afin
de fêter comme il se doit cet événement, les éditions Kana publieront en
2012, les 8 volumes collector sortis au Japon pour la même occasion.
Ces 8 tomes exceptionnels correspondent aux volumes 1 à 27 de la série.
Qui dit édition collector, dit stock limité. Autant vous prévenir, il
n'y aura aucune réimpression ! Afin de respecter au mieux
l'édition
originale, Kana éditera ces 8 opus au format "Shonen Jump", comprenez
par-là, 178 x 258 mm. En plus de cela, vous trouverez de nombreux
goodies dans chacun des volumes. Autant dire que les fans de Naruto seront aux anges !!!
Dijan, Legrand et Ryser - Les derniers Argonautes : Une trilogie offrant une réflexion intéressante sur la pertes des repères !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Un beau jour, les Dieux ont cessé de parler aux Hommes, les abandonnant
aux désastres et au désespoir. Un seul homme peut mener à bien la quête
qui restaurera l’équilibre du monde : Jason, le héros légendaire qui,
jadis, emmena les Argonautes chercher la toison d’or.
Mais les temps ont
changé, Jason est devenu un vieil homme hanté par de terribles
souvenirs. Il va cependant accepter de partir pour une ultime aventure à
la tête d’une bande de héros que rien ne semble prédestiner à entrer
dans la légende !
Critique :

Voilà le postulat de départ de cette BD aux multiples degrés de lecture. Dijan et Legrand avaient déjà marqué les esprits à travers la série "Les quatre de Baker Street". Cependant cette variation sur le mythe de Jason semble réellement plus ambitieuse !

Ensuite, en mettant de côté les
considérations sur le fond, la forme captera tout autant le lecteur,
notamment par une mise en couleurs terriblement efficace. Les variations d'ambiance procurent une dimension onirique à l'histoire, participant pour beaucoup à la narration. Le génie de Ryder est de considérer la couleur comme étant au service du récit et du dessin.
Concernant
ce dernier, l'emploi d'un canon inhabituel permet au dessinateur
d'accentuer la dynamique des situations, particulièrement celle des
combats. La représentation longiligne des argonautes
fait référence aux héros antiques tout en conservant une expressivité
plus que moderne !
Au final, "Les derniers Argonautes" est servi par un scénario solide et une mise en image très originale, qui offre des grilles de lecture plus qu'intéressantes.
Cette trilogie, dont le premier tome est déjà dans les bacs, mérite
amplement d'être citée parmi les très bonnes surprises de l'été !!!
A la trace
de Deon Meyer
Note : 4 / 5
Synopsis :
L'art du pisteur, évoqué par
une citation en début de chapitre, illustre la manière dont chacun des
protagonistes va laisser des traces. Toutes, à un moment donné, se
recouperont : septembre 2009.
Milla Strachan, lasse de vingt ans de
mariage-maltraitance, plaque son mari et est embauchée par la
Presidential Intelligence Agency, branche des services secrets. La PIA
surveille un groupuscule islamiste qui semble attendre une importante
livraison par bateau. Milla s'entiche d'un
aventurier, Lukas, prétendument archéologue, en réalité
archéologue-gentleman-cambrioleur. Il combat un gang allié aux
Islamistes qui a embarqué par accident ses économies et refuse de les
lui restituer. L'action de Lukas va croiser celle des services secrets,
qui le prennent à tort pour un terroriste.
Lemmer, l'antihéros de Lemmer l'invisible, est
chargé par un défenseur des espèces animales menacées d'assurer le
transfert à la frontière du Zimbabwe de deux inestimables rhinos noirs.
Lors d'une fusillade, il est dépossédé de son Glock, où ses empreintes
abondent. Il n'aura de cesse de le récupérer.
Mat Joubert, au service de
l'agence de détectives privés créée par l'ex-inspecteur Griessel enquête sur la disparition de Davie Flint, cadre de
l'Atlantic Bus Company, qui s'est volatilisé devant son club de gym.
Critique :
C’est un fait, le polar et l’Afrique du
Sud se sont peu rencontrés. On se rappelle Wessel Ebersohn, découvert
dans les années 1990, le haut-fonctionnaire et romancier Louis-Ferdinand
Despreez. On se rappelle aussi que le Français Caryl Férey avait été y
voir avec "Zulu" (2008), qui va d’ailleurs être adapté au cinéma. C’est un beau tableau, mais resserré.
Jusqu’ici, Deon Meyer s’était fait connaître en France par six polars
fort bien troussés, en particulier "Jusqu’au dernier" (2002), "Les
Soldats de l’aube" (2003) et "L’Âme du chasseur" (2005). Des romans
qui évoquaient l’Afrique du Sud d’après 1994 et l’arrivée de l’ANC au
pouvoir à travers notamment le trafic d’armes, la reconstruction de l’armée et de la police et la collaboration d’anciens du parti boehr et d’anciens de l’ANC à la tête des administrations.
Ici, ces thèmes sont toujours là, mais il y ajoute une touche
d’espionnage (cette fameuse Agence présidentielle de renseignement), le
trafic d’animaux rares et l’islamisme. Le tout dans une Afrique du Sud qui n’est plus obsédée par son propre
passé, mais par le continent africain, par le monde, et surtout par le
futur. "A la trace" est donc un mix entre ce qu’écrivait Meyer jusqu’ici et cette voie nouvelle.
L'art du pisteur consiste à identifier les signes, puis à les
interpréter. Dans son nouveau roman, Deon Meyer (né en 1958) s'appuie
sur ces techniques de traque animale pour déployer une histoire où
chaque personnage laissera des traces qui finiront par se recouper. Le
romancier sud-africain de langue afrikaans, auteur notamment des
mémorables "Soldats de l'aube" (2000), rappelle du même coup les
fondamentaux du thriller : la chasse et la fuite, le chasseur et le
gibier, le fort et le faible. Mais, en scrutant les failles et les
conflits internes d'une poignée d'hommes inquiets et de femmes
déroutées, il évite également toute forme de manichéisme.
Découpé en quatre parties d'apparence distincte, "A la trace"
entremêle donc trois histoires : celle de Milla, jeune femme blanche qui
tente de se construire une nouvelle vie et qui va se retrouver entraînée
dans une aventure digne d'un roman d'espionnage. Puis on retrouve un
des personnages favoris de Deon Meyer : Lemmer ("Lemmer, l'invisible")
qui va devoir convoyer a travers le désert deux rhinocéros sauvages,
mais ce qu'il ignore c'est que la sauvegarde des animaux n'est le seul
enjeu de ce voyage. Et enfin la dernière partie qui concerne également
un personnage déjà rencontré, Matt Joubert ("Jusqu'au dernier"),
ancien flic devenu enquêteur qui va se lancer sur la trace d'un mari
disparu. Évidemment, toutes ces histoires vont s'entrecroiser et le
puzzle finira
par s'assembler. On ne perd pas le fil, on bascule d'une histoire vers
une autre, on est entraîné et finalement sidéré, d'avoir lus ces 700
pages avec autant de facilité et de plaisir.
![]() |
Deon Meyer |
Chaque partie du livre aurait pu donner à elle seule un
roman. Mais le tout, mélange on ne peut plus réussi, efficace, de roman
d'espionnage, de procédure policière et d'aventure, offre au lecteur un
vaste panorama d'une Afrique du Sud en pleine mutation depuis la fin de
l'apartheid. Au-delà de la construction implacable, des personnages incarnés, il y a
donc le pays : une Afrique du Sud post-apartheid qui ne se résume pas à la
ville du Cap. On quitte les chics banlieues résidentielles pour se
perdre dans des parcs nationaux et rouler au cœur de la brousse. On
entend les bruits de la nuit, le hurlement du chacal, le chuintement des
crocodiles, pour finir la soirée à manger un bobotie au riz jaune et
patates douces.
Deon Meyer maîtrise,
encore une fois, totalement sa partition. Il réussit à mener
parfaitement son histoire avec rythme et densité même si la dernière
partie est en demi-teinte, la fin un peu précipitée. Avec une
construction remarquable, il signe son roman le plus complexe et le plus
audacieux. L'habileté de ses intrigues, la force de ses
descriptions, sa passion sincère pour un pays dont il connaît les
fragilités, en font, à mon sens, un des meilleurs auteurs de roman policier
contemporain !
Le Sud-Africain aux origines alsaciennes Deon Meyer est donc de retour avec "À la trace", son septième roman en dix ans, et de loin le plus ambitieux. Un demi-kilo d’intrigues, de traques, de bastons et de coups fourrés
dans une Afrique du Sud qui, sortie de l’apartheid et de ses
conséquences, fait désormais face à la mondialisation de la finance et
du crime !!!
La maison des tocards
de Mick Herron
Note : 4 / 5
Synopsis :
River, Louisa, Sid, Rodredrick, Min, Catherine, Jed et Jackson,
travaillent tous pour le MI5, mais dans le service le plus pourri des
services secrets de Sa Majesté. Pourquoi ? Parce qu’à un moment ou à un
autre, ils ont fait une erreur, ce qui leur vaut cette affectation au
Placard.
Seulement voilà, avant d’être des ratés se sont des agents secrets,
et lorsqu’un groupuscule menace de décapiter un jeune homme en direct
sur internet, leurs instincts prennent le dessus et plus rien ne peut
les arrêter ! Et si c’était leur dernière chance de réintégrer Regent’s
Park.
Critique :
Que l’on
soit amateur ou non de romans et de films d’espionnage, nous avons tous
des stéréotypes bien ancrés dans nos mémoires de cet univers
particulier, fait d’ombres et de silences, de trahisons et de
complots. Dans ce
domaine de grands noms ont apporté leur pierre à l’édifice de notre
imaginaire. De William Le Queux au début du XX siècle, à
Ian Flemming en passant John Bucan , sans oublier John Le Carré ou
Gérard de Villiers, tous ont contribué à forger l’image de l’espion ne
pouvant compter que sur lui-même, animal au sang-froid
ayant une parfaite maîtrise de soi et faisant face à toutes les
situations. Bien sûr avons-nous retenu les gadgets de James Bond et
l’ingéniosité d’un Jason Bourne.
Alors
sans doute est-il temps pour vous de pénétrer dans l’univers de Mick
Herron. Un univers où ne brille pas le flamboyant, où le
temps ne court pas après lui-même, et où l’envers du décor est
sombre, sent le désœuvrement et où la mort sociale étouffe peu à peu
votre existence. Débutant
un peu comme une histoire dans laquelle Max la menace aurait le beau
rôle, ce roman pourrait aussi s’inspirer des œuvres de Peter
Cheney lorsqu’il s’adonna au genre de l’espionnage ("Héros de l’ombre", "Sombre interlude", "Duel dans l’ombre") les boissons alcoolisées en moins. En effet un léger humour se dégage, surtout dans les dialogues,
subtilement, sans vraiment être poussé, afin de laisser une chance aux
Tocards de se réhabiliter et ne pas tomber dans la parodie, mais
suffisamment noir et machiavélique pour entretenir le suspense de façon
prégnante.
Pas vraiment roman d’espionnage, d’ailleurs il n’est pas
annoncé comme tel, il s’inscrit plus dans un roman noir. Il met en
scène une sorte de guerre des services, et le côté policier réside dans
l’enlèvement d’un jeune Pakistanais vivant en Grande Bretagne, dont les
jours sont comptés selon les ravisseurs, jouant sur les multiples
facettes de la manipulation et pointant d’un doigt mollement tendu la
résurgence de
l’extrême-droite et du racisme.
Si
le
thème de ce roman aurait pu prêter à l’écriture d’une histoire riche en
situations cocasses et pleine d’humour (ce dernier, savamment distillé,
servant surtout à relever l'intérêt du lecteur), il n’en est
absolument rien dans le livre de Mick HERRON. Au contraire, il
s’agit d’un roman sombre, noir, avec ses
drames et ses rebondissements.
Les personnages sont savoureux, entre le hacker asocial et l’éternel
étourdi ayant laissé un dossier ultra-secret sur la banquette du métro,
l'otage, prénommé Hassan, devrait se faire du souci. Condamnés,
pas tout à fait morts, plus vraiment vivants, parqués là par une
administration qui refuse de donner le coup de grâce en les virant, les
laissant prendre eux même le soin de se suicider
professionnellement en démissionnant, ils traînent leur faute sans
échappatoire, sans possibilité d’expiation. Mais la vidéo de la prise d'otage va offrir à tout ce petit monde l’occasion de la rédemption !
L'auteur brosse une galerie de personnages conditionnés par le goût du secret,
installés dans une paranoïa les amenant à se méfier de tout, de tous. Le
romancier connaît bien la nature humaine. Il sait la capacité de
renoncement à toute dignité de ceux qui veulent gagner ou regagner une
place, qu'il s'agisse de politiciens, de responsables économiques ou
administratifs. Mike Herron élabore une histoire astucieuse
s'appuyant sur la propension des spécialistes du renseignement à monter
les scénarios les plus improbables, mais pas toujours pour servir la
raison d'État.
Mick Herron a su modernisé les classiques du genre. Non, vous ne
trouverez pas dans ces pages le super agent secret entouré de belles
femmes et avec tout un assortiment de gadget plus fou les uns que les
autres. Mais ne soyez pas déçus parce que vous rencontrerez des
personnages authentiques et savoureux capables de donner le meilleur
comme le pire d’eux même. Des agents qui ne demandent qu’une seule
chose, qu’on croit en eux! Vous découvrirez les rouages du système, des
théories du complot, des bourdes médiatiques, des revirements de
situation ! Tout le monde à quelque chose à cacher, et encore plus dans
les services secrets ! Quoi de mieux pour commencer l’année ! Vous
l’avez deviné ? C’est un coup de cœur !!!
Seuls les innocents n'ont pas d'alibi
de Giorgio Faletti
Note : 3.5 / 5
Synopsis :
Francesco
Marcona, alias Bravo, n'est pas à
proprement parler un enfant de choeur. Au volant de sa vieille Austin
Mini, ce voyou ambitieux au physique de jeune premier écume chaque nuit
en loup solitaire tout ce que le Milan de la fin des années 1970 compte
de lieux interlopes, autant pour y prendre du bon temps que pour y faire
prospérer ses affaires. Son créneau ? Le commerce des femmes.
"Proxénète haut de gamme" à l'impressionnant carnet d'adresses, Bravo se
propose de gérer au mieux les intérêts de ses protégées, de jeunes
beautés avides d'argent, en les mettant en relation avec des hommes
riches en quête d'aventures sexuelles.
D'aventures sexuelles, Bravo, lui, n'a guère le loisir d'en avoir. Et quand bien même il le souhaiterait, il ne le pourrait pas. Car Bravo a un signe très particulier : il n'a pas de sexe. Ou, plus précisément, il n'a plus de sexe depuis que, quelques années plus tôt, il a été châtié au couteau, ses attributs virils sacrifiés sur l'autel de mystérieuses représailles... Mais l'abstinence sexuelle, qu'elle soit volontaire ou contrainte, n'empêche pas les sentiments. Aussi, lorsque le hasard place sur sa route Carla, prête à vendre ses charmes pour s'offrir une vie meilleure, Bravo tombe-t-il aussitôt éperdument amoureux. Un coup de foudre, bientôt suivi de coups de feu, qui pourraient bien lui faire perdre ce qui lui reste de peau.
D'aventures sexuelles, Bravo, lui, n'a guère le loisir d'en avoir. Et quand bien même il le souhaiterait, il ne le pourrait pas. Car Bravo a un signe très particulier : il n'a pas de sexe. Ou, plus précisément, il n'a plus de sexe depuis que, quelques années plus tôt, il a été châtié au couteau, ses attributs virils sacrifiés sur l'autel de mystérieuses représailles... Mais l'abstinence sexuelle, qu'elle soit volontaire ou contrainte, n'empêche pas les sentiments. Aussi, lorsque le hasard place sur sa route Carla, prête à vendre ses charmes pour s'offrir une vie meilleure, Bravo tombe-t-il aussitôt éperdument amoureux. Un coup de foudre, bientôt suivi de coups de feu, qui pourraient bien lui faire perdre ce qui lui reste de peau.
Critique :
Touche-à-tout de génie, Giorgio Faletti,
soixante ans, a débuté sur les planches des cabarets de Milan dans les
années 1970 avant de devenir l'un des acteurs de télévision et de cinéma
les plus populaires d'Italie. Il a ensuite entamé une carrière d'auteur
et d'interprète de chansons. Au début des années 2000, Faletti s'est
tourné vers l'écriture, connaissant un succès aussi fulgurant que
retentissant dès la parution de son premier roman noir, Je tue (Flammarion, 2006), qui s'est vendu à 3,5 millions d'exemplaires dans la Péninsule.
Auteur donc de romans noirs à succès, Giorgio Faletti n'a pas son pareil pour
façonner des labyrinthes dont lui seul connaît la sortie. "Seuls les
innocents n'ont pas d'alibi", dont l'action se déroule en 1978, au moment
de l'enlèvement du dirigeant démocrate-chrétien Aldo Moro, en apporte
la plus brillante des illustrations. Dans le sillage de Bravo, à travers
ce Milan des années 1970 qu'il a bien connu et au terme d'un suspense assez
haletant, Giorgio Faletti, nous conduit à vive allure jusqu'au cœur des
ténèbres des années de plomb italiennes marquées au fer rouge par l’ultra-violence terroriste.
"Seuls les
innocents n'ont pas d'alibi" est donc l’histoire d’un proxénète. Vie insouciante, argent facile,
sentiment de pouvoir, servilité… Tout va bien pour lui puisque rien ne
se fait sans l’assentiment de ces femmes qui sont à la recherche
d’argent vite gagné. Un flic probablement mal intentionné vous crache
son mépris ? Qu’à cela ne tienne ! Très vite, cependant, cette existence
paisible cède la place au cauchemar.
Nous sommes dans les années 70, au moment où la criminalité change de registre et se double d’une violence sans concession. Le terrorisme arrive, la mafia n’est jamais bien loin et les hommes politiques, certains en tout cas, semblent céder aux sirènes de la compromission. Sans parler d’une police qui parfois emprunte des chemins qu’elle devrait ignorer. Tous les ingrédients sont là pour emporter le lecteur dans un tourbillon où la peur le dispute à l’envie d’en savoir plus.
Nous sommes dans les années 70, au moment où la criminalité change de registre et se double d’une violence sans concession. Le terrorisme arrive, la mafia n’est jamais bien loin et les hommes politiques, certains en tout cas, semblent céder aux sirènes de la compromission. Sans parler d’une police qui parfois emprunte des chemins qu’elle devrait ignorer. Tous les ingrédients sont là pour emporter le lecteur dans un tourbillon où la peur le dispute à l’envie d’en savoir plus.
![]() |
Giorgio Faletti |
Cependant, ceux qui s'attendent à un opus du niveau de "Je tue" et "Droit dans les yeux", ses deux premiers romans, seront, à mon sens, assez déçus ! Le
rythme, bien que prenant pour une bonne partie du livre, n'est plus le
même, Faletti nous offrant même des longueurs. Et surtout, il ne s'agit
plus vraiment d'un Thriller. Le fond ressemble plus à une
critique de la
société italienne, avec ses magouilles et ses terroristes. Ceci étant
dit, cela reste une lecture pleine de rebondissements, qui, si on la
regarde d'un poids de vue politico-social, rend très bien compte de
l’Italie de la fin des
années 70, où règne la violence et où les compromissions entre la mafia,
les
politiques, les terroristes et plus simplement le milieu sont rendues
avec un suspense bien distillé par l’auteur.
La ville, Milan, tient une grande place dans ce livre. On s’y déplace beaucoup, la nuit de préférence. Cela permet de voir du monde, ces intermédiaires avec qui l’on fait des affaires et les autres. Les hôtels de luxe, les restaurant prestigieux, des établissements mal famés, des hangars désaffectés transformés pour une nuit en salles de jeux. Et la rue, théâtre d’ombre et de lumière parfois très crue.
La ville, Milan, tient une grande place dans ce livre. On s’y déplace beaucoup, la nuit de préférence. Cela permet de voir du monde, ces intermédiaires avec qui l’on fait des affaires et les autres. Les hôtels de luxe, les restaurant prestigieux, des établissements mal famés, des hangars désaffectés transformés pour une nuit en salles de jeux. Et la rue, théâtre d’ombre et de lumière parfois très crue.
Au final, bien que Faletti se repose sur son talent de l'écriture, sans apporter de réel nouveauté, "Seuls les
innocents n'ont pas d'alibi" reste une très bonne lecture, l'auteur réussissant tout de même à nous accrocher !!!
Servitude : Une nouvelle vision du médiéval fantastique !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Les Puissances sont les premières à avoir peuplé la Terre.
Lorsque l’Homme apparut, il suscita parmi elles passion et division.
Toutes choisirent alors de prendre forme physique : Dragons, Géants,
Anges, Sirènes et Fées. Vint alors le temps des combats, des guerres
intestines…
Aujourd’hui, mille ans ont passé, les Géants ont disparu, les
Dragons ont survécu, les Sirènes se sont retirées dans les profondeurs
des océans, les Anges et les Fées ne sont plus que des mythes. Mille ans
ont passé, et les Fils de la terre ont fini par fonder le plus grand
des royaumes. Pour eux, les Puissances ne sont plus que des légendes…
Mais les Dragons sont sortis de leur repère ! Un nouvel âge s’annonce :
est-ce la fin ou le début de la servitude ?
Critique :
Après le one-shot "Live War Heroes", le duo David et Bourgier
revient avec une série d'heroic fantasy, toujours chez Soleil. L'éditeur
est connu pour la multiplicité de ses titres dans le genre, on pouvait donc attendre "Servitude" au tournant. L'histoire est complexe, et montre comment l'annonce du mariage
politique d'un homme (Kiriel) avec une fille de roi fait naître une
guerre sournoise et violente. Riche en informations, compilant
habilement de nombreux codes et légendes, le scénario promet de tenir en
haleine sur la totalité des cinq tomes annoncés. Le
graphisme soigné,
fouillé, et magnifiquement colorisé dans une gamme de tons sépia
"dé-saturés", achève de rendre l’œuvre excellente, et donne furieusement
envie de voir défiler les quatre tomes suivants.
Passé le cap de la couverture, un chant traditionnel d’Anorœr et une
carte du Royaume des Fils de la Terre nous installent déjà
confortablement dans un univers médiéval fantastique intriguant. Un
univers où Géants, Dragons, Sirènes, Anges et Fées ne sont plus que
mythes et où les Fils de la Terre sont dorénavant maîtres du Royaume.
C’est dans cet univers qu’apparaît le héros Kiriel,
maître d’arme du Roi, galopant vers la capitale pour être marié à
Lérine, fille du roi Garantiel d'Anorœr. Ce mariage entre une princesse
et un homme aux intentions plus nobles que son sang n'est
pas forcément bien perçu et beaucoup trouvent inacceptable que le
roi puisse marier sa fille à un roturier. Le prince Vériel refuse
d'ailleurs d'assister à la cérémonie. Ce mécontentement
s'ajoute à la tension grandissante dans le pays depuis quelques
temps. A l'est du Royaume des Fils de la Terre, une forme de rébellion
s'organise et le soir de la noce une cohorte postée non loin
du château se fait décimer par d'étranges guerriers masqués. Dès
qu'il apprend la nouvelle, Garantiel d'Anorœr demande à Kiriel d’aller
surveiller les agissements suspects sur le territoire des
cousins.

Graphiquement, la série est tout simplement stupéfiante ! L'excellent
travail graphique d’Éric Bourgier, qui nous offre des planches d'une
grande précision, est axé sur les ombres et sur les chocs. Que ce soit
dans les décors que dans les costumes, on se rend compte que
l'artiste a su mettre en image un univers d'heroic fantasy plutôt
réaliste et surtout sans en faire trop. Le graphisme se place au diapason de cette histoire
sombre et distille une ambiance proche du noir et blanc qui sied à
merveille à cet univers médiéval et accentue
encore l'ambiance sombre et glauque de ces royaumes pervertis. Un
trait fin, fouillé, expressif et vivant, sublimé par une colorisation
aux tons sépia qui confère à chaque page un charme
particulier et qui insuffle esthétisme et sobriété à un genre trop
souvent fidèle aux techniques numériques et aux couleurs criardes. Un
dessin d’une grande lisibilité, fourmillant de détails,
qui s'appuie sur un réalisme frappant. Proposant des arrière-plans
travaillés, tant sur les décors intérieurs que sur les paysages
extérieurs, le dessinateur peaufine son monde moyenâgeux jusque
dans les moindres détails.

Alternant instants graphiques d'intense contemplation, moments de pleine
action et grands déclamations teintées d'honneur et de bravoure, "Servitude", "Tome 1 : Le chant d'Anoroer"
lance visiblement et visuellement une très bonne série de fantasy, qui
prend pleinement sa place dans le renouvellement constant que nous
propose ce genre littéraire. Un véritable classique de demain !!!
Victoria Francès - Favole : Un livre d'illustrations oniquement gothique !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
"Favole" par la jeune illustratrice espagnole Victoria Francés, a tous
les ingrédients nécessaires pour plaire aux amateurs du style gothique !
Elle associe à la force de ses illustrations des qualités indéniables
d'écriture. Châteaux, cimetières, vampires prennent tous vie dans les
pages de ce magnifique recueil d'illustrations gothiques. "Favole" est
le premier titre d'une collection d'albums de cet auteur qui va sûrement
enchanter le public gothique !
Critique :
Victoria Francés est une artiste-peintre née à Valence, en Espagne, le 25 octobre 1982. Elle est diplômée de la Facultad de Bellas Artes de San Carlos de l'Universidad Politécnica de Valencia.
Citant
volontiers des auteurs tels qu'Edgar Allan Poe, Anne Rice et H. P.
Lovecraft, et des illustrateurs tels que Luis Royo et Brom dans la liste
de ses influences, son travail est fortement inspiré par le fantastique
et l'univers gothique. Ainsi, évoluant dans des
environnements lugubres, vampires, succubes ou simplement jeunes femmes
spectrales vêtues de robes traditionnelles sont le genre de personnages
que l'on retrouve souvent dans ses œuvres.
"Favole",
est un petit bijou de poésie, de romantisme et surtout, un petit bijou
artistique. Toute la beauté obscure des dessins de Victoria Francès
accompagne la fable cruelle qui est celle de "Favole". Le seul point faible de la version de Norma est la traduction assez
mauvaise du récit. Mais ce qui prime dans ce livre d'art, c'est la beauté des
croquis et des peintures de l'artiste.
Elle nous entraine
avec Favole dans un univers onirique
puissant aux atmosphères gothiques et romantiques
époustouflantes, ou je cite: "elle nous met en scène des thématiques qui nous mènent vers un monde symboliste, magique, ancestral et qui soulignent l'importance du sentiment de l'esthétique
décadente des époques médiévales. Toute la
souffrance des êtres proscrits de ce monde est
décrite sous la forme de chateaux sombres et de
manoirs aux lumières clignotantes."
Ce premier tome est une invitation au voyage
mélancolique à travers trois villes, Vérone,
Venise et Gênes ou l'héroïne, une jeune
vampire récemment initiée au monde de la
nuit chasse les ombres à la recherche de
son amant Ezéquiel. Elle poursuit son
oeuvre d'une beauté poétique magnifique
avec un deuxième tome "Libères moi" paru en 2005, qui confirme tout le talent insolent de la belle du haut de ses vingt-trois ans,
ou Favole son héroïne poursuit sa quête à
la recherche de son aimé. Toujours avec
autant de brio qui laisse le lecteur
pantois. Le troisième tome, "Lumière glacée" conclu cette trilogie fantasmagorique et
réjouit tous
les amateurs de romantisme mélancolique.
A la fois merveilleux, sinistre et cruel, "Favole", c'est la puissance du gothique, de la sensualité, de la cruauté et de l'amour mêlées !!!
Allan Moore et David Lloyd - V pour Vendetta, L'intégral : L'édition définitive de ce chef-d'oeuvre britannique !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Dans les années 1980, une guerre
mondiale éclate ; l'Europe, l'Afrique et les États-Unis d'Amérique sont
réduits en cendres par des armes nucléaires. La Grande-Bretagne est
épargnée par les bombardements mais pas par le chaos et les inondations
issues des dérèglements climatiques. Dans cette société anglaise
post-apocalyptique, un parti fasciste, Norsefire,
prend en main le pouvoir et tente de rétablir le pays après avoir
procédé à une épuration ethnique, politique et sociale sans pitié.
En 1997, au moment où le parti semble
avoir la situation sous contrôle, un anarchiste commence une campagne
pour ébranler tous les symboles du pouvoir. Cet anarchiste qui se fait
appeler V porte un masque représentant le visage de Guy Fawkes, le plus
célèbre membre de la conspiration des poudres. Lors
de sa première action d'éclat, le dynamitage du Palais de Westminster, V
sauve Evey, une jeune fille de 16 ans qui risquait d'être violée puis
exécutée pour prostitution.
Critique :
Cette BD orwellienne, aux côtés du cultissime "Watchmen" du même Allan Moore, fait figure de référence dans le domaine des œuvres
d’anticipation. Alan Moore, scénariste de génie,
s'empare à sa manière de la légende du vengeur masqué pour le replacer
dans un univers d'une Angleterre fasciste. Derrière le charisme de "V",
il y a aussi toute la force de l'anonymat de ce vengeur masqué. Celui
dans lequel tout le monde retrouvera ses craintes, ses peurs, mais aussi
sa force.
Graphiquement, le dessin peut paraître déroutant au premier abord, comme souvent dans les comics scénarisés par Moore. Il faut parfois écarquiller les yeux pour bien saisir la scène mais, à chaque fois, la récompense est à la hauteur de l'effort. Les
dessins, simples mais corrects, aux couleurs pâles et sombres siéent
parfaitement à l'ambiance de l'histoire, l’atmosphère oppressante étant
parfaitement rendue par un trait noir et épais.
Le scénario, véritable point fort de cette BD, est réellement puissant et subversif ! Derrière un scénario dense,
Alan Moore réussit une nouvelle fois à nous renvoyer une réflexion sociale sur le monde actuel, qui englobe
tout : politique, culture, justice, anarchie... Il dissémine des messages de résistance au fil des pages à l’encontre des
systèmes totalitaires, qui même derrière nos façades de démocratie, ne
sont jamais bien loin, toujours prêts à réprimer ce qu'ils perçoivent
comme une menace potentielle. Quant au masque porté par V, il sert à la fois à conserver l’anonymat
face à un pouvoir répressif, mais représente aussi l’immortalité des
idées, que jamais le plus féroce des régimes ne parviendra à supprimer !
Malgré une lecture se révélant parfois ardue, il ne faut en aucun hésiter à se lancer dans la lecture de cette sublime œuvre. "V pour Vendetta" est un vibrant plaidoyer en faveur de l'anarchie, comme une des seules solutions aux dérives totalitaires !!!
Prison avec piscine
de Luigi Carletti
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Une piscine tranquille, au cœur d'une
sage résidence romaine. Une piscine vers laquelle convergent tous les
regards, parfois indiscrets. Une piscine où Filippo consent à descendre
de temps à autre sur son fauteuil roulant, accompagné de
"l'Indispensable", le fidèle Péruvien au service de sa famille depuis
des lustres.
Villa Magnolia est semblable à un petit
bourg, tout le monde s'y connaît... Mais lors d'une chaude matinée
d'été, survient un inconnu, un nouveau locataire. Au bord du bassin,
l'homme exhibe son dos traversé par trois horribles cicatrices.
Quelques jours plus tard, il intervient
manu militari pour défendre une résidente agressée par deux voyous que
l'on retrouvera par la suite carbonisés dans leur voiture ! Mais qui est cet énigmatique individu ? Et pourquoi devient-il peu à peu nécessaire à tous ?
Critique :
Cinquième roman de Luigi Carletti (le premier traduit en français), "Prison avec piscine" débute comme un remake à l'italienne du Fenêtre sur cour de Hitchcock,
avec son voyeur au rire jaune et aux idées noires. Mais le récit prend
bientôt la tangente, lorsqu'on découvre dans une voiture un duo de corps
carbonisés. Et qu'à leur suite surgissent dans la paisible villa une
série de personnages au caractère bien trempé. Avec eux se mettent en place les rouages d'un piège dans lequel
on plonge la tête la première !
Luigi Carletti orchestre cette comédie italienne avec rythme et
originalité. Le huis-clos hitchcokien avec voyeur devient une intrigue
policière avec son compte de mafieux, agrémentée de quelques touches de
comédie amoureuse. Un beau mélange, qui surprend et entraine le lecteur
dans cette drôle d'histoire à l'italienne.
Bien servi par des dialogues
percutants et un scénario digne de Tonino Benacquista,
ce huis clos brûlant marie avec bonheur l'élégance au machiavélisme. Pour relever l’ensemble, il y a donc surtout les
personnages. Une belle galerie de caractères solides et bien trempés, de ceux auxquels on s’attache
vite et sans peine. A commencer par le narrateur, Filippo Ermini, sociologue
branché d’à peine 40 ans, dont le destin idyllique a été brisé une nuit,
lorsqu’un automobiliste a percuté sa moto et l’a envoyé dans le décor où il a
perdu ses jambes. Depuis, il végète dans son fauteuil roulant, tributaire de
“l’Indispensable” Isidro, un sexagénaire péruvien au service de sa famille
depuis longtemps, tout en préparant un grand projet qu’il prend soin de garder
secret.
Puis il y a Rodolfo Raschiani, le nouveau résident aussi mystérieux que dangereusement charismatique ; Alessia, ancien amour de Filippo qui réapparaît dans sa vie ; maître Laporta, avocat opiniâtre et excessivement curieux ; Irina, femme de ménage bulgare trop canon pour être honnête… La coexistence des membres de cette drôle de tribu en quasi huis clos (la Villa Magnolia, “prison” dorée pour à peu près tous les personnages) est l’atout majeur de ce roman, par ailleurs prenant et distrayant jusqu’à son terme. Le Steven Soderbergh d’Ocean’s Eleven en ferait sûrement un bon film !
Entre un Desperate Housewife transalpin et masculin et un affreux, sale et méchant contemporain, "Prison avec piscine" est la lecture estivale la plus jubilatoire qu'on puisse envisager. Il n'y a que les italiens pour mêler, avec autant de savoir-faire, bouffonnerie, tragédie, sordide et hilarité !!!
Puis il y a Rodolfo Raschiani, le nouveau résident aussi mystérieux que dangereusement charismatique ; Alessia, ancien amour de Filippo qui réapparaît dans sa vie ; maître Laporta, avocat opiniâtre et excessivement curieux ; Irina, femme de ménage bulgare trop canon pour être honnête… La coexistence des membres de cette drôle de tribu en quasi huis clos (la Villa Magnolia, “prison” dorée pour à peu près tous les personnages) est l’atout majeur de ce roman, par ailleurs prenant et distrayant jusqu’à son terme. Le Steven Soderbergh d’Ocean’s Eleven en ferait sûrement un bon film !
Entre un Desperate Housewife transalpin et masculin et un affreux, sale et méchant contemporain, "Prison avec piscine" est la lecture estivale la plus jubilatoire qu'on puisse envisager. Il n'y a que les italiens pour mêler, avec autant de savoir-faire, bouffonnerie, tragédie, sordide et hilarité !!!
François Amoretti - Burlesque Girrrl : Le renouveau de la BD rock !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Violette est une jeune femme plutôt chanceuse. Elle est en couple avec
Peter, le chanteur des Grrrl, un groupe indé et reconnu, dans lequel
elle joue de la contrebasse. Pulpeuse à souhait et dotée de jolis
tatouages, Violette est également modèle pour des sous-vêtements
féminins.
Lors du dernier concert du groupe, Bill Friday, directeur
artistique, apprécie la performance live. Il leur donne donc rendez-vous
au siège de son label. Cette nouvelle pourrait changer l'avenir des
jeunes musiciens. En effet, ces derniers temps, les finances sont
sèches...
D'ailleurs, pour renflouer leur compte en banque, Violette
accepte d'effectuer un show burlesque où sont invités les membres de
Grrrl. Tous sont subjugués par la beauté de la jeune femme. Le
lendemain, les musiciens se rendent chez Bill Friday. Malheureusement,
le rendez-vous se transforme en pugilat, lorsque l'agent exige que
Violette soit mise en avant pour sa plastique et que leur musique ne
l'intéresse pas vraiment !
Critique :
La quatrième de couverture annonce la couleur : "Une pin-up, du rock 'n' roll et des bagnoles" ! La pin-up,
c’est Violette. Une belle fille plantureuse qui sait mettre en avant
ses atouts, mais qui est aussi une femme romantique amoureuse de son
Peter. Le rock ? C’est pour leur groupe, les GRRRL.
Trois gars et une fille, à fond dans leur musique, qui espèrent un jour
passer à autre chose que des petits concerts dans des salles
confidentielles.
Nous suivons leurs péripéties dans cet univers ingrat
et cruel au départ, avec les déceptions que cela implique. Heureusement
que Violette ne se laisse jamais abattre et sait remonter le moral des
troupes ! L'auteur construit donc son récit autour de ce quatuor, même si, la jeune femme est plus mise en avant que les autres.
Amoretti nous livre une histoire fraîche
et énergique, le glamour sans rien de salace, le côté punchy du rock,
et pas les travers qu’on nous dépeint souvent (drogue, alcool, orgies). Le maître mot ici c'est la musique ! François Amoretti pénètre dans un univers qu’il a
appris à connaître. Un univers qui possède ses codes, ses valeurs. La maîtrise
du milieu que le dessinateur dépeint ici offre de la profondeur à un
scénario simple en apparence mais qui joue sur les non-dits ou les jeux
de regards.
Amoretti s'est surtout fait connaître
jusqu'ici par son style graphique original. Avec "Burlesque Girrrl", d’un point de vue graphique, l’auteur arrive à poser une
ambiance, une chaleur qui s’exprime par le soin donné à dépeindre les
personnages et par cette profondeur de champs qui nous immerge dans les
sphères des clubs de rock crasseux, des caves et autres bureaux de
producteurs perdus à la raison du fric. Ce grand fan de pin-up offre
un design soigné et une esthétique hors du temps, le dessin merveilleusement léché étant totalement en phase avec le tatoo art. Cette rousse aux formes généreuses n'a pas fini de faire parler d'elle !!!
Just Kids
de Patti Smith
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
C'était l'été où Coltrane est mort,
l'été de l'amour et des émeutes, l'été où une rencontre fortuite à
Brooklyn a guidé deux jeunes gens sur la voie de l'art, de la ténacité
et de l'apprentissage. Patti Smith deviendrait poète et performeuse, et
Robert Mapplethorpe,
au style très provocateur, se dirigerait vers la photographie.
Liés par
une même innocence et un même enthousiasme, ils traversent la ville de
Brooklyn à Coney Island, de la 42e Rue à la célèbre table ronde du Max's
Kansas City, où siège la cour d'Andy Warhol. En 1969, le couple élit
domicile au Chelsea Hotel et intègre bientôt une communauté de vedettes
et d'inconnues, artistes influents de l'époque et marginaux hauts en
couleur.
C'est
une époque d'intense lucidité, les univers de la poésie, du rock and
roll, de l'art et du sexe explosent et s'entrechoquent.
Immergés dans ce milieu, deux gamins font le pacte de toujours prendre
soin l'un de l'autre. Romantiques,
engagés dans leur pratique artistique, nourris de rêves et d'ambitions,
ils se soutiennent et et se donnent confiance pendant les années de vache
maigre.
Critique :
Cette critique ne sera pas classée dans la rubrique "Musique" mais
bien dans celle des "livres", car contrairement à ce que vous auriez pu
penser, il ne s'agit pas d'un nouvel album de Patti Smith mais d'un bouquin. Une autobiographie comme véritable roman de sa vie.
Râpeuse, trépidante, serrée, aimante : cette autobiographie résonne
comme la voix de son auteur. Patti Smith a l'art du survol. D'une pudeur
frénétique, elle effleure sa mémoire et tressaille d'une émotion
contagieuse. Elle parle doucement, calmement. On est dans un des salons du Théâtre de
l’Odéon, où elle donnera une performance le soir même. Cheveux longs,
lâchés, jeans troués, veste d’homme oversize, bonnet, elle est, à 63
ans, d’une simplicité et d’une sincérité touchantes, elle qui,
contrairement à d’autres, se souvient d’où elle vient, fidèle à
elle-même, celle qu’on avait baptisée la marraine du punk-rock.
Just Kids commence comme une
histoire d'amour et finit comme une élégie, brossant un inoubliable
instantané du New York des années 60-70, de ses riches et de ses
pauvres, de ses paumés et de ses provocateurs. Véritable conte, il
retrace l'ascension de deux jeunes artistes, tel un prélude à leur
réussite.
Le rock, dans ce livre, elle en parle, très peu – d’ailleurs le récit
s’achève avec ses premiers concerts au CBGB et l’enregistrement de son
premier album en 1975, Horses. Just Kids tient avant tout du roman d’initiation : c’est la
Patti arrivée à New York en 1967, après avoir confié son bébé qu’elle a
eu trop jeune à une famille d’accueil, qu’elle a choisi de raconter. La
genèse de celle qui allait devenir la Patti Smith que l’on connaît.
Parmi toutes les figures emblématiques que croise Patti Smith sur sa
route et qui font de son autobiographie un témoignage documentaire
passionnant (Janis Joplin, Jim Morrison, Allen Ginsberg, Sam Shepard),
un homme se détache. De somptueux clichés de sa figure d'ange émaillent
le livre. Qu'il bâille, qu'il parle au téléphone, qu'il soit tapi dans
l'ombre, son charisme saute au visage. C'est Robert Mapplethorpe,
artiste plasticien qui "croyait en la loi de l'empathie, en vertu
de laquelle il pouvait, par sa volonté, se projeter dans un objet ou une œuvre d'art, et influencer ainsi le monde extérieur".

Et elle s’est servi, pour ce livre qu’elle a pensé et écrit en plus de
treize ans, de tous ses journaux intimes, où chaque détail était
consigné, les coupes de cheveux qu’elle administre à Mapplethorpe à la
lumière de la lune, ou l’atmosphère du New York des années 60 ou 70. L'intuition à vif, elle rebrousse aujourd'hui chemin tout en allant de
l'avant. Et il fait bon être bercé par le roulis de ses souvenirs errants.
J'ai fermé ce livre de Patti Smith, pris par son émotion contagieuse. La
rencontre fusionnel de deux êtres, qui se reconnaissent dès le premier
regard, partagé par une seule et unique ambition, consacrer leur vie à
l'art. Patti Smith raconte avec pudeur et émotion ces années où tout a
commencé. Et si l’on referme ce livre la gorge nouée, c’est parce
qu’elle parvient à nous faire ressentir la nostalgie du temps de
l’innocence, ce temps où avec Robert, ils étaient "juste des gamins" !!!
L’Ange du Chaos
de Michel Robert
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Jeune aspirant au service de l’Empire de Lumière, Cellendhyll de
Cortavar a été trahi par ses amis et accusé de meurtre. Laissé pour mort
dans un cachot, il n’a dû sa survie qu’à l’intervention des puissances
du Chaos.
Dix ans ont passé. Le jeune homme idéaliste est devenu un mercenaire impitoyable. II n’attend qu’une chose : se venger de ceux qui l’ont trahi. Le seigneur Morion du Chaos lui confie alors une délicate mission : infiltrer l’Empire de Lumière et faire échouer son grand projet de conquête. Le moment est venu pour Cellendhyll d’assouvir sa vengeance...
Dix ans ont passé. Le jeune homme idéaliste est devenu un mercenaire impitoyable. II n’attend qu’une chose : se venger de ceux qui l’ont trahi. Le seigneur Morion du Chaos lui confie alors une délicate mission : infiltrer l’Empire de Lumière et faire échouer son grand projet de conquête. Le moment est venu pour Cellendhyll d’assouvir sa vengeance...
Critique :
"L’Ange du chaos" est le premier tome de la série littéraire "L’Agent des ombres" de l’écrivain français Michel Robert, paru en 2004. En parlant de cette série littéraire, l'écrivain l'avait annoncé comme une nouvelle œuvre sombre et
sanglante. Et en effet, "L’Ange du Chaos" est un livre sérieux
et torturé, s’apparentant par certains côtés au cycle de "Elric le nécromancien" de Michael Moorcock.
Premier tome d'une longue série de Fantasy définitivement adulte, notamment
avec des descriptions sans concession et des scènes érotiques
détaillées, le cycle de "L'Agent des Ombres" nous plonge dans un univers
riche et varié. Ce monde se décompose en fait en trois plans : la
lumière, le chaos et les ténèbres, chacun régi par ses propres lois et
tous ennemis les uns des autres. Loin
d'une trame classique où la
lumière représente le bien, les ténèbres le mal et le chaos le mystère
malsain, Michel Robert insère de l'honneur et de la malveillance
partout, et les Lumineux ne sont pas les derniers concernant les pires exactions !
Du côté des personnages, ils sont complexes, certains très
sombres, d'autres plus hauts en couleur, mais tous aussi intéressants, le tout au milieu d'intrigues
politiques intéressantes. Cellendhyll de Cortavar, véritable pilier du roman, est un personnage à la fois antipathique et charismatique, auquel on s'attache malgré ses défauts et sa froide haine qui le ronge.
Cependant le véritable point fort de ce roman est son scénario. Avec un style fluide et mature, Michel Robert réussi à ne dévoiler que ce qui était juste nécessaire à une bonne
compréhension sans pour autant mettre en lumière toute l’intrigue avant
les dernières lignes, laissant le lecteur se poser de multiples
questions : quel est la véritable place du plan du Chaos dans cet échiquier géant ? Quelle
est donc cette prophétie inachevée des Ténèbres ? Quel est le véritable
but de Cellendhyl ? Un scénario donc riche et prenant, véritable point fort du livre.
Les scènes se succèdent à un rythme effréné,
ce qui pousse le lecteur à ne lâcher le roman qu'une fois arriver au
bout. Autant dire que cette première aventure vous incite à continuer sans relâche, et surtout, sitôt la dernière page tournée, à enchaîner sur le
suivant, "Cœur de Loki" !!!
Coq de combat : L'histoire d'un anti-héros prêt au pire pour survivre et imposer sa voie !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
À 16 ans, Ryo Narushima, jeune lycéen, va massacrer ses propres parents lors d’une crise de folie. Placé en
maison de correction, il va subir la violence et les humiliations de ses
codétenus et des gardiens. Coups, mitard, agression sexuelle...
La
rencontre d'un étrange détenu politique, un certain Kenji Kurokawa,
expert en karaté,
va changer le cours de son existence et faire de lui un véritable coq
de combat, prêt à tout pour ne pas se faire tuer. Une fois
purgée sa
peine, il sera tour à tour prostitué pour femmes, homme de main dans un
gang puis sportif de haut niveau, évoluant en marge de la société
japonaise occidentalisée et construisant son propre karaté au fil des
rencontres.
Critique :
Dans la plupart des mangas de baston, les héros affrontent des adversaires toujours plus forts. "Coq de combat" n'épouse pas ce modèle et préfère opposer l'ombre à la lumière. Enragé,
sombre et d'une cruauté rare, "Coq de combat" est à l'image de son
personnage principal : un anti-héros prêt réellement au pire pour
survivre et imposer ses choix !
A déconseiller à un public trop émotif, il montre des scènes d'une rare violence,
une violence qui n'est pas gratuite mais qui reflète le réalisme d'une
certaine tranche de la société nippone. La truculence des dessins montre
la cruauté existant au sein d'un pays
dans lequel on ne soupçonnerait pas que de telles choses peuvent se
produire.
Le dessin est donc très bien réalisé. Le manga est très réaliste et le fond est en adéquation quasi-parfaite avec la forme. La violence, semblant si fantasque, nous paraît si réelle avec un dessin si précis et plein de détail, que s'en est bluffant !
Cependant
le véritable point fort de ce manga est son scénario, qui place en son
centre un héros évoluant complétement à l'opposé de tout stéréotype.
On a rarement vu un anti-héros plus anti-héros que Ryo ! Il devient
toujours plus psychopathe et toujours plus incontrôlable à chaque tome.
Étrangement, loin de dégoûter, cette prise de position pousse le lecteur
à vouloir connaître la suite. On veut savoir s'il s'améliorera
ou s'il finira par crever du vice dont il est rempli.
Véritable coup de cœur, "Coq de combat" est un petit OVNI dans le monde du manga, mais à réserver à un public averti !!!
Batman - La Cour des Hiboux (Tome 1) : Un comic-book addictif au scénario vraiment bien huilé !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Gotham est une ville complexe, sombre et souvent décrite en évoquant les
multiples criminels qui la parcourent. Batman, quant à lui, pense
connaître cette ville dans les moindres recoins mais il va devoir cette
fois remettre ses convictions au placard car un ancien ordre légendaire,
la Cour des Hiboux, auquel il n’a jamais voulu croire et que tous les
habitants de Gotham connaissent à travers une comptine va faire surface
et compte bien s’en prendre à une victime que Batman connaît très bien...Bruce Wayne !
Critique :
DC Comics a décidé il y a quelques mois de
reprendre toutes ses principales séries de zéro (ou presque) en lançant
sa nouvelle collection The New 52 (DC Renaissance en France).
Celle-ci a pour but de remettre un peu d’ordre dans tous ces comics qui
devenaient très compliqués à suivre et en particulier pour les
néophytes qui désireraient se lancer dans l’aventure.
Renaissance vient tout juste de paraître en France il y a quelques semaines, éditée par Urban Comics,
qui accomplit un superbe travail depuis leur lancement début 2012 avec des éditions de très très grande
qualité. Ainsi le chevalier noir a eu droit à sa Renaissance avec "Batman : la Cour des Hiboux" dont le premier tome est sorti au début du mois de juin.
Le new-yorkais Scott Snyder reprend les manettes du scénario pour cette série, secondé
de Greg Capullo au dessin et le résultat est absolument réussi. Le New Yorkais nous offre ici ce qui est sans nul doute la meilleure
histoire de Batman de ces dernières années, n'en déplaise aux adorateurs
de Grant Morrison.
Arrivé sur une scène de crime, Batman découvre un indice présentant la
prochaine victime de ce mystérieux tueur comme étant Bruce Wayne. S'en suit la découverte d'une mystérieuse organisation
contrôlant Gotham City depuis des siècles, mais aussi et
surtout un Batman/Bruce qui perdra pied au fil de l'aventure, allant
jusqu'à frôler la démence au cinquième épisode (sur douze au total). On
le verra au cours de l'aventure voir toutes ses convictions (et donc
accessoirement les nôtres) sur Gotham City, sa ville, partir en fumée,
persuadé qu'une telle société secrète ne peut exister dans son dos, lui
qui l'arpente toutes les nuits depuis tant d'années et jurerait en
connaître tous les recoins.
Snyder joue également beaucoup sur la
métaphore animale : le hibou étant le prédateur naturel de la
chauve-souris, Batman se retrouve ici dans la position de la proie,
traqué jusqu'à dans son propre foyer. On est là bien loin du héros
tout-puissant auquel on avait pu être habitué, et en plaçant Batman dans
cette position de faiblesse presque inédite, Scott Snyder nous offre là
une vision du personnage vulnérable, terriblement humaine, mais aussi
diablement grandiose une fois le plan des Hiboux déjoué et son plan de
vengeance mis en marche.
L'intrigue est donc forte en émotions, la
tension monte, Batman "ramasse", souffre, devine peut-être, incrédule,
qu'il ne semble pas être après tout la seule légende urbaine de Gotham. On se régale en feuilletant ce Batman, à
la tension accrue et au dessin superbement rendu par un Greg Capullo au
mieux de sa forme, mais qui a choisi bizarrement, un dessin moins
gothique qu'à l'accoutumée. Pourtant la ville de Gotham et la
galerie d'affreux, s'y prêteraient à merveille! Ceci étant dit, vu la
qualité de l'ouvrage, cela reste un détail mineur.
![]() |
Batman vs Le Hiboux |
Le scénario et le dessin sont donc de grande qualité, mais l'action n'est pas en reste ! Cela cartonne et, surtout, cela détonne ! Une scène d'anthologie sort du lot, scène où l'on voit Batman et le Hibou s'affronter sur une dizaine de pages ! Fluide, lisible et terriblement bien agencé, ces scènes démontrent le travail magistral effectué par Capullo. Les combats sont chorégraphiés à la perfection, donnant une sensation de
mouvement et de dynamisme hélas trop rare par ces temps-ci.
La grande
force du dessinateur américain, c'est aussi sa capacité à pondre de
sublimes et vertigineux décors (le manoir Wayne, le
labyrinthe) qui font
honneur à l'histoire de Scott Snyder. On sent d'ailleurs une réelle
alchimie entre les deux hommes, tant ils arrivent aisément à nous
transmettre des émotions, le dessin accompagnant l'évolution
psychologique du personnage (sa barbe qui pousse au fil des épisodes
nous fait l'accompagner dans sa lente descente aux enfers).
Ce Batman est au final le condensé de toutes les qualités de scénariste
de Scott Snyder, qui parvient à creuser le background des personnages
pour mieux influencer et appuyer leurs aventures d'aujourd'hui.
Narrateur né, dialoguiste efficace sans pour autant chercher à chaque
fois la punchline qui tue, Scott Snyder
met les bons mots sur cette histoire qui nous emmène aux confins de la
peur et de la folie, auxquels on avait cru le Chevalier Noir immunisé.
Voué à devenir un must-have du personnage, La Cour des Hiboux se permet en plus de modifier pour
de bon les origines du personnage, comme Frank Miller en son temps !!!
Genesis
de Karin Slaughter
Note : 4 / 5
Synopsis :
L’ancien médecin légiste de Grand
County, Sara Linton, travaille depuis trois ans dans un grand hôpital, à
Atlanta, et essaie de reconstruire sa vie. Quand arrive aux urgences
une femme très grièvement blessée, elle se retrouve plongée dans le
monde de la violence et de la terreur.
L’inspecteur Will Trent du Georgia Bureau of Investigation, dépêché sur les lieux, va découvrir que la patiente de Sara est la première victime d’un tueur sadique, d’un esprit dérangé.
Retirant l’affaire à la police locale,
Will et sa co-équipière Faith Mitchell vont traquer le tueur. Sara, Will
et Faith (avec leurs propres blessures et leurs secrets) sont les
seuls à pouvoir analyser le cerveau d’un tel détraqué et l’empêcher de
perpétrer ses abominables meurtres.
Critique :
Voilà un roman qui porte parfaitement son genre, c'est un thriller, un pur, un dur, un corrosif. Un thriller, qui prend à la gorge, qui accélère le rythme
cardiaque et de lecture, qui raccourci les nuits, qui rend
momentanément asocial, injoignable, laconique.
Et je ne peux que reconnaître le talent de son auteur.
Toutes les recettes du genre sont là (un tueur sadique au mode
opératoire aussi distinctif que pervers et des flics écorchés vifs), orchestrées de mains de maître !
Slaughter ajoute néanmoins des ingrédients assez nouveaux et originaux. Les policiers piétinent et semblent, parfois, plus préoccupés par leurs propres problèmes que par leur affaire. Si une partie d'entre-eux s'avère plutôt antipathique, les victimes, elles, se révèlent être de véritables harpies. Cela participe sans nul doute au charme de ce roman, dans lequel les personnages ne sont pas toujours ce qu'ils paraissent et où chacun porte en lui une plus ou moins importante zone d'ombre.
L'auteur met donc en scène des personnages vrais, fracassés et cassés par la vie. Pas de super-héros et cela permet au lecteur de bien s'imprégner, peut-être même de s'identifier à eux. Ils sont véritablement ancrés dans une forte réalité.
Et si le livre fonctionne si bien, c'est parce que Karin Slaughter décrit la psychologie de ses personnages avec force de détails, n'hésitant pas à parler de leur passé, de leur famille ou de leurs relations. Cela peut paraître un peu long, voir inutile, mais c'est pour mieux nous asséner un coup derrière la tête avec une scène choc !
Genesis est un roman efficace, qui se lit et se dévore, et qui sort, par son approche des enquêteurs et des victimes, des sentiers battus et rebattus !!!
Slaughter ajoute néanmoins des ingrédients assez nouveaux et originaux. Les policiers piétinent et semblent, parfois, plus préoccupés par leurs propres problèmes que par leur affaire. Si une partie d'entre-eux s'avère plutôt antipathique, les victimes, elles, se révèlent être de véritables harpies. Cela participe sans nul doute au charme de ce roman, dans lequel les personnages ne sont pas toujours ce qu'ils paraissent et où chacun porte en lui une plus ou moins importante zone d'ombre.
L'auteur met donc en scène des personnages vrais, fracassés et cassés par la vie. Pas de super-héros et cela permet au lecteur de bien s'imprégner, peut-être même de s'identifier à eux. Ils sont véritablement ancrés dans une forte réalité.
Et si le livre fonctionne si bien, c'est parce que Karin Slaughter décrit la psychologie de ses personnages avec force de détails, n'hésitant pas à parler de leur passé, de leur famille ou de leurs relations. Cela peut paraître un peu long, voir inutile, mais c'est pour mieux nous asséner un coup derrière la tête avec une scène choc !
Genesis est un roman efficace, qui se lit et se dévore, et qui sort, par son approche des enquêteurs et des victimes, des sentiers battus et rebattus !!!
Masqué : Un Watchmen à Paris !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Tome 1 : Blessé au cours d’une mission dans le Caucase, le sergent Frank Braffort
regagne Paris après six ans d’absence. Il découvre une ville en pleine
mutation orchestrée par le Préfet Beauregard : Paris-Métropole. Une
ville où le gigantisme rétro fait fureur et où se multiplient les
“anomalies”, évènements mystérieux que nul ne peut expliquer. Une ville
qui va s’emparer de Braffort et lier leurs destins à jamais…
Tome 2 : Dans les sous-sols de Montmartre, Braffort reprend conscience. Alors
qu'il tente de se remémorer sa métamorphose, au-dehors, une explosion
lumineuse stupéfie Paris-Métropole. Le préfet Beauregard tente de faire
diversion, mais le phénomène se reproduit et frappe de plein fouet
Duroc, qui se transforme à son tour. Maintenant, il est le Fuseur, un
monstre vaporeux et toxique déterminé à semer la terreur...
Critique :
Masqué est d'ores et déjà présentée comme la série phare de 2012, avec
quatre tomes prévus au compteur et une publication rapprochée. Influencés par les Comics, les auteurs ont
décidé d'en emprunter le style mais également les méthodes. Ainsi, "Le jour du Fuseur", deuxième tome de la série Masqué dont les auteurs se sont lancés le pari de publier les 4 tomes en une année, vient de sortir, peu de temps après "Anomalies" (Tome 1).
Le premier tome est une ouverture, une mise en bouche mais qui laisse
un peu sur la faim. Les explications se font rares, ce qui est logique
lors d'une présentation mais, parallèlement, les informations sur les
personnages sont cependant un peu légères pour une introduction. Surtout que le scénario avance
trop vite pour que le décor soit parfaitement planté et pas assez pour
profiter de ces ramifications. Du coup, un sentiment de vague peut
émerger en fin d'album.
Malgré tout, le premier tome est prenant et donne envie de connaître la suite. D'autant plus qu'il se termine sur une apothéose presque homérique. Le deuxième
tome, quant à lui, introduit la première grande confrontation de cette saga en quatre
volumes, apportant déjà quelques éléments de réponse.
Scénaristiquement, ce deuxième tome est très réussi. Une nouvelle fois, nous sommes embarqués sans problème dans le scénario
imaginé par Serge Lehman, qui maîtrise parfaitement son histoire. Il place petit à petit son intrigue, faisant
monter peu à peu la tension pour nous entrainer dans une
course-poursuite endiablée entre deux mystérieux personnages (même si leur identité est connue). Mais de nombreuses questions
restent encore en suspens. Ce tome réserve de bien belles surprises. Les autres personnages
sont aussi bien écrits et intéressants comme Cléo, Raphaelle ou encore
Assan et le préfet Beauregard.
Malgré l'influence très marquée des comics US, le style graphique général est bien celui de nos contrées franco-belges, avec un
encrage particulièrement réussi, parce que justement dosé. C'est un des
points essentiels qu'il fallait maîtriser car l'encrage est une des
caractéristiques premières des comics. Les couleurs pratiquement en
aplats, ultra-brillantes, proviennent d'une palette assez ample, ajustée
à chaque ambiance. En un mot, les auteurs
rendent une copie quasi impeccable.
Quant au dessin, le réalisme rend l'atmosphère crédible, l'anticipation
quasi réelle, facilitant ainsi l'intégration du lecteur. Le rythme est
volontairement soutenu, même lorsqu'il ne se passe pas grand-chose, et
ce grâce à une mise en page particulièrement soignée, faite
d'architectures de cases ambitieuses, de décors foisonnant et d'une
grande précision. Les scènes d'actions sont justes et s'appuient sur
toutes les références graphiques (mangas et comics) de Stéphane Créty. Sa mise en scène est sobre mais reste toutefois spectaculaire, comme
lorsqu'à la moitié de votre lecture vous verrez entrer en action cet
étrange héros contre le Fuseur. Il y a de très bons moments dans ces
passages-là. Créty, grand amateur de comics US, s'amuse avec les codes
du genre et nous fait plaisir. Le combat est un grand moment et sa vision du Paris au XXIème siècle est superbe.
Ce tome 2 reste une très bonne surprise. Une œuvre que je vous convie à découvrir sans plus tarder !!!
L'invisible
de Robert Pobi
Note : 3.75 / 5
Synopsis :
Montauk,
Nouvelle-Angleterre. Jack Cole revient pour la première fois depuis
près de trente ans dans la maison où il a grandi. Son père, Jacob
Coleridge, un peintre reconnu et célébré dans tout le pays à l’égal de
Jackson Pollock, y vit reclus depuis des années, souffrant de la maladie
d’Alzheimer. Son état a récemment empiré et une crise de démence l’a
conduit à l’hôpital. Si ses jours ne sont pas en danger, ses moments de
lucidité sont rares.
Jack, qui a le corps entièrement tatoué d’un chant
de L’Enfer de Dante, souvenir d’une jeunesse perturbée, est lui aussi un
artiste en son genre. Travaillant en indépendant pour le FBI, il
possède un don unique pour lire les scènes de crime et entrer dans
l’esprit des psychopathes.
Alors qu’un terrible ouragan s’approche des
côtes, Dan Hauser, le shérif de la ville, profite de la présence de Jack
pour lui demander de l’aider à résoudre un double assassinat, celui
d’une femme et d’un enfant dont on ignore les identités. Devant la
méthode employée par le tueur, Jack ne peut s’empêcher de faire le lien
avec un autre crime, jamais résolu, le meurtre de sa mère lorsqu’il
avait 12 ans.
Alors que le village est bientôt coupé du monde par la
tempête, les meurtres se succèdent et Jack est bientôt convaincu que son
père connaît l’identité de l’assassin. La clé réside-t-elle dans les 5
000 mystérieux tableaux qu’il a peints inlassablement ces dernières
années et qui semblent constituer une sorte d’étrange puzzle ? C’est
dans l’esprit de son père que Jack va cette fois devoir entrer, comme il
entre d’habitude dans celui des criminels, pour trouver une vérité
complètement inattendue.
Critique :
Pour son premier roman, le canadien Robert Pobi se lance dans le thriller dit "littéraire".
On ne peut nier un certain talent d'écriture au bonhomme, même si son
style manque de personnalité.
L'histoire est originale, glauque à souhait, sombre et violente. Le contexte d'une enquête en plein milieu d'une tempête est plutôt une bonne idée. Le style est tout sauf sinusoïdal, et dans ce genre c’est primordial, pas besoin d’attendre deux cent pages entre chaque moment de tension. Au contraire, Pobi parvient à maintenir une certaine tension tout au long de son livre. Il dose assez bien l'horreur et le sensationnel pour ne pas tomber dans la caricature.
L'histoire est originale, glauque à souhait, sombre et violente. Le contexte d'une enquête en plein milieu d'une tempête est plutôt une bonne idée. Le style est tout sauf sinusoïdal, et dans ce genre c’est primordial, pas besoin d’attendre deux cent pages entre chaque moment de tension. Au contraire, Pobi parvient à maintenir une certaine tension tout au long de son livre. Il dose assez bien l'horreur et le sensationnel pour ne pas tomber dans la caricature.
Le
personnage principal est complexe, écorché et assez atypique. L'ensemble des personnages sont crédibles et entiers, ayant tous une personnalité assez bien exploitée.
Un premier roman vraiment pas trop mal. Et pourtant, malgré ses bons points, je n'ai que partiellement accroché à
cette lecture, où qualités et défauts se mélangent à mon sens.
On se retrouve exposé à plusieurs longueurs et redites inutiles et à une violence répétitive pas toujours nécessaire.
De plus, il vaut mieux éviter de lire la quatrième de couverture. Le parallèle avec "Ne
le dit à personne" et "Le silence des agneaux" est hors de propos et
purement racoleur.
Au final, un thriller captivant et surprenant malgré quelques défauts !!!
Les indiscrètes, photographies inédites de Jeanloup Sieff : L'opposition permanente du monde résumée en deux couleurs !!!
Note : 4 / 5
Jeanloup Sieff (30 novembre 1933 à Paris - 20 septembre 2000 à Paris) est un photographe français. Il
est reconnu pour ses portraits de personnalités politiques et du monde
du spectacle, pour ses paysages, ainsi que pour ses nus et son
utilisation des objectifs grand angle.
Il a travaillé essentiellement en noir et blanc et fut par ailleurs un
photographe de mode et sera suivi sur cette voie par sa fille Sonia.
Ses photos sont reconnaissables entre toutes pour le traitement du noir. Le noir, le vrai noir,
celui où contrairement à tous les principes de tirage, le regard se
perd, se noie comme dans l'eau d'un puits, ce noir qui engloutit avec
lui le secret de l'image.
Parmi une de ses photos les plus connues, on retrouve celle de Serge Gainsbourg.
Jeanloup Sieff était donc un photographe
complet. Il était celui qui revendiquait les adjectifs "superficiel" et
"drôle" sans jamais vraiment convaincre, sinon de par son sens de l'humour et
de sa volonté de ne pas se prendre au sérieux. Il laisse une œuvre
intense, des années 50 jusqu’à l’aube du XXIème siècle, qu’il effleura.
Et comme dans toute œuvre, il fut pris par la vitesse du médium et
n’eut pas le temps de se plonger dans l’ensemble de ses images.

Christian Caujolle, directeur artistique de l'agence VU (célèbre agence de photographes) dira de ce livre : "On retrouvera ici ses photographies, reconnaissables entre toutes par la
profondeur de leurs noirs, le sens du contraste, l'utilisation
harmonieuse et sans déformation du grand angle et, signature permanente,
une lumière apprivoisée avec une justesse rare qui, de portrait en
paysage, de mode en reportage et de derrière en frou frou, redonne au
monde une unité et une harmonie qu'il a perdu dès que nous l'avons
regardé."
Un très beau livre à avoir !!!
End - Elisabeth : Le premier tome d'une série brillamment gothique, romantique et fantastique !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Elisabeth Weatherley, 13 ans, est morte.
Elle ne le savait pas encore quand elle assistait à ses funérailles qui
lui reviennent dans un cauchemar récurrent. Fantôme perdue dans des
limbes aux allures de mausolée en compagnie d’animaux étranges (un chat
serpent, une chauve-souris poulet et un crapaud araignée), Elisabeth n’a de consistance que dans un bâtiment abandonné de son ancien internat religieux.
Prisonnière
de l'au-delà, gardée par des esprits vaporeux aux motivations
inconnues, la jeune fille veut prendre contact avec Dorothea sa sœur
aînée et sa meilleur amie, Nora. Étrangement, ces dernières sont
surprotégées par les instances religieuses mais alors que la première
semble vivre son deuil dignement, la seconde est persuadée que la disparition d’Elisabeth est étrange, voir que celle-ci n’est pas morte.
Critique :
“END” au travers de son premier tome apparaît être un titre au scénario riche et construit.
Empreint d'un mystère dense, mais sachant égrener assez de maigres
réponses pour permettre de capter l'intérêt du lecteur du début à la
fin, ce premier volume est beau comme une statue grecque recouverte de
sumac grimpant érigée à l'entrée d'un vieux manoir abandonné.
Ce
premier tome (du triptyque prévu) s'attarde sur Elisabeth et ses trois
animaux domestiques, sur son pouvoir qu'elle va devoir apprendre à
domestiquer et, surtout sur le fait qu'elle soit morte...ou pas ! Il
faudra attendre la fin du troisième tome pour connaître le dénouement de
cette histoire clef.

L’ambiance est très mélancolique, et les dessins ont quelque chose de brumeux et se prêtent parfaitement à cet univers.
Le trait est d'une finesse exceptionnelle, les couleurs sont
doucereusement feutrées, offrant un rendu d'une bouleversante beauté.
“END - Elisabeth” est donc un album gracile et fragile qui exhale des sucs doux et enivrant d'une plante carnivore. Le régal ressenti à sa lecture étant principalement dû à la haute qualité picturale et au travail assidu des deux auteures.
Complet, complexe et ténébreusement beau, le retour de Barbara Canepa (créatrice de Skydoll) est ici à célébrer !!!
Peur Express
de Jo Witek
Note : 4 / 5
Synopsis :
Un train bloqué sur un viaduc en pleine tempête de neige, dans une nuit
profonde. Six jeunes passagers - qui ne se connaissent pas - sont la
proie de phénomènes étranges : hallucinations, accès de démence, voix de
revenants, rituel satanique... Pourquoi eux ? Pourquoi dans ce train,
et cette nuit-là ? Un thriller haletant, un voyage dans le paranormal
qui atteint les frontières de nos croyances et de nos certitudes.
Critique :
Ce qui fait la force de ce thriller, c'est qu'il nous embarque vite dans
un univers très angoissant. L'essentiel de l'intrigue se déroule dans
un TGV bloqué sur un viaduc en pleine nuit à cause de la neige et du
froid glacial.
C'est dans ce huis-clos oppressant que l'on fait
connaissance avec les protagonistes, six jeunes très différents mais
attachants qui ont en commun une même fragilité, à fleur de peau. On
tremble pour eux car à chaque instant, on sent qu'il peut se passer
quelque chose d'effroyable.
Avec cette foule de personnages à présenter, le démarrage est un peu
lent, il faut bien l'avouer. L'auteur a opté pour des chapitres courts
où chaque personnage est introduit selon son point de vue, petit à
petit. Si ce choix entraîne un début qui traîne, il permet par la suite
de vivre chaque situation irrationnelle à travers le point de vue du
héros et d'en savoir petit à petit plus sur eux. J'ai donc fini par
apprécier le processus.
La première partie du roman joue vraiment avec nos nerfs ce qui
contraste avec la dernière partie qui s'attache davantage à expliquer
les phénomènes vécus dans le TGV. La tension retombe donc brutalement ce
qui m'a dérangé au début parce que je ne m'y attendais pas ! Cependant,
finalement les réflexions du professeur Michet pour expliquer ce qui
dépasse l'entendement sont intéressantes et posent de nombreuses
questions sans toujours donner des réponses et heureusement !
L'écriture
est fluide et prenante et, malgré le public visé (les ados), le style
reste assez soutenu, renforçant de fait la qualité du récit.
Ce chaos mélangeant rire, peurs et
larmes, est mené à un rythme d’enfer. Jo Witek construit un thriller
original avec une intrigue bien maitrisée, "Peur express" est à découvrir de toute urgence !
Blanche-Neige : Un splendide petit OVNI de la BD !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Après la mort du Roi des Neiges, le pouvoir est immédiatement repris
par la Reine qui n’a d’autres ambitions dans la vie que le pouvoir et la
conquête de nouveaux territoires. Et pour se débarrasser de
Blanche-Neige, à qui revient légalement le trône, elle charge son fidèle
bras droit, le chasseur défiguré, de l’assassiner. Celui-ci n’arrivera pas à exécuter sa tâche une fois devant la jeune
fille et va la laisser s’enfuir dans une forêt sombre où plus personne
ne va depuis longtemps.
En parallèle, la Reine qui a construit un immense barrage au pied de
la montagne veut faire payer un impôt pour utiliser l’eau stockée. Mais
un Prince de l’un des 7 royaumes arrive à convaincre les autres chefs de
clan de s’unir pour vaincre cette horrible sorcière.
Et c’est dans la fameuse forêt que ce Prince va retrouver
Blanche-Neige qui vit depuis avec les 7 nains. Tous ensembles, ils vont
retourner au château pour se battre contre la Reine et reprendre le
pouvoir.
Critique :

Les auteurs nous plongent dans leur monde avec un scénario fort et sombre et, surtout, bien plus riche qu'il n'y paraît. Des auteurs à suivre avec attention.
Le dessin est magnifique, sensuel et expressif.
Il n'est d'ailleurs pas sans rappeler les grands auteurs américains des
90's tels que Marc Silvestri, Jim Lee, Dave Finch, etc. Les décors, quant à eux, sont somptueux et empreints de magie tant les détails et les codes couleurs sont de qualité.
L’éditeur a en plus eu la bonne idée de
mettre des dessins originaux d’autres artistes proposant leurs visions
du personnage et quelques
croquis de la BD.
En
réussissant le tour de force de s'approprier une histoire qui n'a rien
d'originale, en créant leur propre univers scénaristique et stylistique,
L'Hermenier et Looky nous offre un véritable petit OVNI de la BD. A acquérir de toute urgence !!!
Juste une ombre
de Karine Giebel
Note : 4 / 5
Synopsis :
Cloé est brillante, elle le sait, elle
est la meilleure dans son domaine, elle succédera bientôt au grand
patron. De plus, elle est superbe. Cloé la guerrière, Cloé l’amazone apprend à baisser un peu
sa garde lorsqu’il s’agit de s’accorder du bon temps avec son amant.
Mais l’ombre guette, obscurcit son quotidien.
La menace se fait de plus en plus
pesante. Des objets sont déplacés dans sa maison. Cloé se sent épiée.
Stress lié au travail, alcool, drogues ? Police, amant, meilleure amie…
ne peuvent croire les allégations de la jeune femme. Cloé flirte-t-elle
avec la folie ?
Il n’y a pas que Cloé qui soit de plus
en plus brisée par l’existence. Dans une autre partie de la ville, Gomez
se bat. Un vrai flic de terrain, qui ne lâche pas sa prise, il flaire,
il traque. Surtout si il peut atteindre la tête du réseau, peu importe
la méthode. Être borderline, et alors ? Ce n’est pas avec de la
dentelle que l’on coince les pourris. Garder le masque même devant les
collègues, particulièrement devant les collègues.
Son plus grand combat, celui qu’il mène aux côtés de Sophie. Sa femme, sa moitié, qui lutte contre la maladie, contre la mort.
Critique :
Ce roman est un choc. Un livre qui vous prend au cœur, jusque dans les viscères et qui ne vous lâche plus.
L'écriture est dense tout en
restant fluide et surtout rythmée. Le tout permettant au lecteur de
véritablement vivre le récit, bien plus que de le lire !
Karine Giebel a une tonalité particulière dans ses écrits. Elle modèle avec brio ses personnages qu’elle
peut broyer d’une main à la page suivante. Nous ne sommes pas dans la
violence gratuite, ses textes sont d’une grande intelligence.
L'intrigue nous mène vers diverses pistes et finie immanquablement par surprendre.
L'auteur met en scène deux personnages dans deux intrigues
isolées : un homme (un commandant) et une femme (qui travaille dans la
pub). Ces deux personnages ont des fêlures, des blessures occasionnées
par un passé douloureux et omniprésent pour l'un, ou un présent tragique
pour l'autre. Karine Giebel construit
donc deux personnages pour qui on se prend vite d'affection. Le caractère parfois suffisant de Cloé peut exaspérer,
mais derrière cette façade, c'est une femme fragile. De même, la
froideur, l'autorité d'Alexandre vis-à-vis de ses collègues le rend peu
sympathique, mais c'est un personnage en souffrance du début à la fin.
Habile, bien construit et prenant, on entre peu à peu dans la spirale destructrice qui va emporter les personnages. Un thriller réellement scotchant !!!
Habile, bien construit et prenant, on entre peu à peu dans la spirale destructrice qui va emporter les personnages. Un thriller réellement scotchant !!!
Monsieur Mardi-Gras Descendres : Une des BD les plus originales qu'il m'est arrivé de lire !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Mais où est donc tombé Victor Tourterelle ?
Une glissade fatale sur la petite voiture que son fils avait oubliée dans la salle de bains, et voici Victor Tourterelle expédié sans transition de l'autre côté du miroir, au beau milieu d'un désert de craie, sous un ciel noir comme l'encre. Pas un bruit, pas une âme.
Une glissade fatale sur la petite voiture que son fils avait oubliée dans la salle de bains, et voici Victor Tourterelle expédié sans transition de l'autre côté du miroir, au beau milieu d'un désert de craie, sous un ciel noir comme l'encre. Pas un bruit, pas une âme.
De
son nouvel état, Victor se réjouit d'avoir encore toute sa conscience,
qui est bien plus claire que sur Terre ! Mais de son corps, il ne reste
que les os. Hagard, le trépassé n'imagine pas qu'il est à l'aube de
l'aventure la plus folle qu'aucun défunt n'ait jamais tentée une fois
débarqué dans l'autre monde.
Critique :
"Monsieur Mardi-Gras Descendres" d’Éric Liberge est, à coup sûr, une des BD les plus originales qu'il m'ait été donné de lire.
Elle sera cependant plutôt à conseiller aux amateurs d'humour noir et de non-sens, car le sujet principal en est la très philosophique question "qu'y a-t-il après la mort?".
A laquelle le scénariste et dessinateur Éric Liberge apporte une réponse à la fois désespérante et cruellement drôle : pour lui l'autre monde se situe entre Pluton et son satellite Charon (rappelons que Pluton est le dieu romain du monde des morts, et Charon le passeur entre les mondes des vivants et des morts, conduisant son bateau sur fleuve Lethé, le fleuve de l'oubli, dont il est aussi question dans la BD).
Elle sera cependant plutôt à conseiller aux amateurs d'humour noir et de non-sens, car le sujet principal en est la très philosophique question "qu'y a-t-il après la mort?".
A laquelle le scénariste et dessinateur Éric Liberge apporte une réponse à la fois désespérante et cruellement drôle : pour lui l'autre monde se situe entre Pluton et son satellite Charon (rappelons que Pluton est le dieu romain du monde des morts, et Charon le passeur entre les mondes des vivants et des morts, conduisant son bateau sur fleuve Lethé, le fleuve de l'oubli, dont il est aussi question dans la BD).
Graphiquement, c'est tout simplement époustouflant !
Un monde peuplé de squelettes où seuls les pieds et les mains restent
charnus, tandis que les crânes conservent toute leur expressivité
faciale. Une vraie prouesse ! La graphie a aussi été soignée, avec
plusieurs polices qui renforcent l'aspect sacré ou ésotérique du
message. Dans certain cas, les majuscules ont été retravaillées dans le
même esprit.
Les quatre tomes illustrent la vie et
les interrogations en ces confins, déclinant d'immenses perspectives et
constructions architecturales (qui dans cette ambiance transcendantale
évoquent aussi l'univers d'artistes visionnaires comme le polonais
Zdzislaw Beksinski).
Le scénario décrit la confrontation avec tous les purgés de Pluton et de son satellite Charon,
avec d’intéressantes incursions dans la métaphysique et l’histoire de
la chrétienté. De fait, ces quatre tomes mériteraient une analyse approfondie des symboles et du texte, qui s'éloigneraient
considérablement du cadre habituel de la bande dessinée.
Soulignons donc
simplement que par l’histoire et le graphisme, il s’agit d’une œuvre
profonde et très personnelle : en préface du Tome 4, Éric Liberge évoque la très
longue gestation de cet univers, près d'une décennie avant la
réalisation en BD. Il confirme aussi que derrière la cohérence interne
de la série, chaque tome possède un caractère propre.
Une totale immersion dans un imaginaire surréaliste de l’au-delà !!!
Arnaldur Indridason - La muraille de lave : Un roman conservant toutes les qualités de son auteur, tout en en renouvelant l'esprit !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Le commissaire Erlendur est parti en vacances sur les lieux de son
enfance et il a disparu, mais son équipe continue à travailler. Tandis
que Elinborg, la fine cuisinière, s’occupe d’une affaire de viol (La
Rivière noire, 2011), Sigurdur Oli, le moderne formé aux États-Unis,
reconnaît par hasard dans la rue l’un des témoins de l’affaire de
pédophilie en partie résolue dans La Voix (2007).
Ce même jour, un ami lui
demande d’aider un couple de cadres qui, pratiquant l’échangisme, fait
l’objet d’un chantage. Troublé par ses problèmes de nouveau divorcé,
Sigurdur Oli va cependant aller jusqu’au bout d’une histoire qui lui
révèle la cupidité qui s’est emparée de la société islandaise avec
l’expansion mondiale des modèles financiers.
Critique :
Comme
d'habitude, ça commence comme un roman policier de facture classique,
avant de dériver pour emprunter plusieurs routes tissant les trames de
différentes affaires.
Le héros est ici Sigurdur Oli, le personnage le plus en retrait dans
les enquêtes d'Erlendur. Ce livre doit nous permettre d'en savoir plus
sur lui et surtout de savoir comment il est devenu ce qu'il est. Il n'a
pas l'humanisme de son chef, ni l'empathie d'Elinborg et il l'admet
lui-même. La compassion pour les rebuts de la société, très peu pour
lui. La muraille de lave
humanise le second d'Erlendur qui fait face avec droiture aux enquêtes
qui lui sont confiés et avec orgueil à la débâcle de sa vie privée.
Ce roman policier présente toutes les caractéristiques que j'apprécie : des enquêtes prenantes avec un aperçu de la vie privée des enquêteurs. Nous n'avons pas à faire à des êtres asociaux mais à des personnes ancrées dans le quotidien et la vraie vie. Et sous la plume d'Indridason, c'est toujours extrêmement captivant.
J'ai été happée, engloutie par le récit. Un polar structuré, intéressant, plein d'intrigues et de suspense. Ces enquêtes douloureuses avec des sujets sensibles et graves appellent à la réflexion.
Ce roman policier présente toutes les caractéristiques que j'apprécie : des enquêtes prenantes avec un aperçu de la vie privée des enquêteurs. Nous n'avons pas à faire à des êtres asociaux mais à des personnes ancrées dans le quotidien et la vraie vie. Et sous la plume d'Indridason, c'est toujours extrêmement captivant.
J'ai été happée, engloutie par le récit. Un polar structuré, intéressant, plein d'intrigues et de suspense. Ces enquêtes douloureuses avec des sujets sensibles et graves appellent à la réflexion.
Un suspense incomparable et d'une grande qualité !!!
Dance with the devil
de Stanley Booth
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Stanley Booth a suivi les Stones lors de leur tournée américaine de
1969, qui s'est achevée sur le désormais tristement célèbre concert
d'Altamont pendant lequel les Hells Angels ont tué un spectateur.
Il retrace l'histoire du groupe de leurs débuts dans les clubs de l'est londonien jusqu'à la fin des années 60, la mort tragique de Brian Jones et Altamont.
Il retrace l'histoire du groupe de leurs débuts dans les clubs de l'est londonien jusqu'à la fin des années 60, la mort tragique de Brian Jones et Altamont.
Critique :
Sur fond de concerts et d’anecdotes sur The Rolling Stones, cette biographie écrite et vécu par
Stanley Booth dépeint avec justesse cette époque et surtout l’année
1969, véritable tournant pour les Stones qui enterrent Brian Jones et
qui doivent faire face au tristement célèbre concert d’Altamont. C’est
aussi une époque charnière pour toute une génération qui tire un trait
sur ses idéaux hippies.
Des limousines aux chambres d'hôtel, il retrace avec un terrible réalisme l'anarchie, les excès et les peurs d'un rêve
qui conduisit à sa propre destruction. Plus qu'un simple reportage sur
les Rolling Stones, Dance with the Devil est selon Harold Brodkey (écrivain américain de renom), " le
meilleur livre sur les années 60 ". A juste titre à mon sens !
Vécu en 1969, le livre ne sortira lui que 16 ans plus tard. Vrai et détaillé, c'est l'un des meilleurs livres jamais écrit sur le rock ! Un authentique classique !!!
American Gods
de Neil Gaïman
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
En sortant de prison, Ombre apprend la mort de sa femme et de son
meilleur ami dans un accident de voiture. À bord de l'avion qui le
ramène chez lui, il se fait embaucher comme garde du corps par un
étrange personnage dénommé Voyageur (Mr Wednesday dans l'original :
Ombre a rencontré ce personnage un mercredi et en anglais le mot veut
dire Jour de Wotan, ou Odin) qui l'entraîne dans un long périple à
travers les États-Unis.
Ombre découvre bientôt que Voyageur n'est autre que l'ancien dieu nordique Odin
qui tente de rallier à sa cause les autres anciens dieux et quelques
personnages folkloriques afin de mener une guerre sans merci aux
divinités plus récentes de l'Amérique que sont la voiture, internet, la télévision et les médias.
Critique :
American gods est un roman fantastique
qui fait quelques emprunts au conte philosophique (avec des personnages
souvent métaphoriques) et road movie.
Neil Gaïman raconte le périple géographique d'Ombre. Ce périple se trouve être en réalité une quête d'identité, un véritable travail d'introspection sur son
propre passé.
L'idée de départ relève d'une logique implacable. Puisque les Etats-Unis sont le pays du Melting pot, ce brassage
pluriethnique, pluriculturel, ce creuset dans lequel "macère" tous les
immigrants qui l'ont peuplé, il est incontestable que cette nation
soit également la terre d'asile des dieux que toutes ses populations
apportaient dans leurs bagages. Divinités en tous genres qui elles aussi
évolueront côte à côte !
L'écriture, tout en finesse,
distille les nombreuses révélations que contient le roman au fur et à
mesure d'un voyage grandiose, rendant au passage un bel hommage au pays
et à son terreau vivace. Le récit est dense et complétement décalé.
La maitrise de l'auteur concernant son propos et son talent
extraordinaire de conteur fait de ce livre un incroyable et
délicieux divertissement culturel. Gaïman faisant preuve d'un
savoir-faire incroyable pour inscrire le mythologique et le mythique
dans le quotidien le plus "banal", doublant son propos d'une longue réflexion sur l'Amérique contemporaine.
Un très très bon et grand moment de lecture !!! L'âme du Mal
de Maxime Chattam
Note : 4 / 5
Synopsis :
Pas plus que sa jeune assistante, l'inspecteur-profileur Brolin ne pense
que les serials killers reviennent d'outre-tombe. Fût-il le monstrueux
bourreau de Portland qui étouffait et vitriolait ses victimes avant de
les découper avec précision. Mais le bourreau est mort et le carnage se
poursuit, identique : un même rituel horrible. Le nouveau tueur agit-il
seul ou fait-il partie d'une secte ? Pure sauvagerie ou magie noire ?
Brolin a peur. Cette affaire dépasse tout ce qu'on lui a enseigné.
S'immerger complètement dans la psychologie d'un monstre, le comprendre
afin de le cerner et de prévoir ses crimes, devenir un monstre soi-même,
tels sont les moindres risques de son métier. On dit au FBI qu'il s'en
faudrait d'un rien pour qu'un bon profiteur aille rejoindre la galerie
de ses pires clients. Peut-on impunément prêter son âme au mal ?
Critique :
Avec L'âme du mal, Chattam signe le premier volet de la Trilogie du Mal.
Le style d'écriture est captivant. Jamais l'auteur ne laisse de blanc. Tout est toujours sous tension, le
lecteur ne peut qu'appréhender ce qui va se passer par la suite. Les
descriptions ne sont pas trop violentes, les scènes de crime sont
détaillées mais jamais au point d'en avoir la nausée et les méthodes
criminalistiques sont toujours accessibles au lecteur.
L'ambiance du livre est très glauque, même si le début reste très soft et peut justement attirer de ce fait. Le livre est sombre et noir, moins dans ses descriptions scéniques que dans la psychologie perverse du ou des tueurs.
La cadence du livre est rythmée. On trouve beaucoup d'action, notamment à la fin, beaucoup de mystère, de
suspens, un peu de sexe également, sexe déviant, à travers le
meurtrier, pulsions plus avouables entre Joshua et Juliette.
Les personnages sont, je pense, la clé de voûte du livre. Entre grandeur et courage pour certains, et malveillance et perversité assumée pour d'autres.
Le tout est un thriller palpitant qui forme la première partie d'une trilogie que j'ai eu beaucoup de plaisir à poursuivre !!!
Une brève histoire du temps
de Stephen Hawking
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Au
final, "Une brève histoire du temps" est passionnant et permet de
découvrir les grandes théories de l'astrophysique assez facilement, même
pour les non-initiés.
de Stephen Hawking
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
D'où vient l'univers ? Comment et pourquoi a-t-il commencé ? Telles
sont les questions essentielles auxquelles s'attaque le célèbre auteur
du plus inattendu des best-sellers scientifiques. L'astrophysicien
britannique Stephen Hawking, victime d'une grave dégénérescence
musculaire, est cloué depuis plusieurs années sur une chaise roulante et
ne communique que par l'intermédiaire d'un ordinateur et d'un
synthétiseur de parole. Les pires conditions qui soient pour faire de la
vulgarisation scientifique ont cependant abouti à une superbe leçon de
cosmologie. De big-bang en trou noir, de principe d'incertitude en
flèche du temps, Hawking fait le point sur ce que nous savons
aujourd'hui de l'évolution de l'univers, sans jamais avoir recours à la
moindre équation mathématique. Comme il le raconte dans la préface, son
éditeur lui avait dit que chaque équation diminuerait les ventes de
moitié.
Critique :
Dans ce livre de médiation scientifique concernant la cosmologie, Stephen Hawking tente d'expliquer à des non-initiés
des phénomènes comme le Big Bang, le trou noir, le cône de lumière ou
la théorie des cordes. Le propos du livre étant accompagné de peu
d'équations et de beaucoup d'illustrations.
Dans cet ouvrage de vulgarisation scientifique, Hawking fait le point sur
toutes les connaissances scientifiques de notre époque avec clarté. Parfois complexe
(j'avoue que certains passages restent ardus de compréhension malgré
les efforts de l'auteur pour les vulgariser), il éclaire tout de même
sur de nombreux
points !

A noter, dans le film Donnie Darko,
réalisé par Richard Kelly, traitant des voyages temporels, le livre y
est mentionné par un professeur de physique lors d'une discussion avec
le héros. Et dans le film Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, réalisé par Alfonso Cuarón, on peut apercevoir un client du Chaudron Baveur lire le livre d'Hawking.
Neverwhere
de Neil Gaiman
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Richard Mayhew, jeune écossais vivant à
Londres, est un homme dont l'unique fantaisie est de collectionner les
petits trolls : employé de bureau lambda, il est tyrannisé par sa
fiancée Jessica, un monstre d'égoïsme, très centrée sur elle-même et le
qu'en-dira-t-on.
Un soir, il recueille une jeune fille
blessée sortie de nulle part et venant de "la Londres d'en bas". Très
rapidement, il reçoit la visite d'un duo improbable, Messieurs Croup et
Vandemar, qui recherchent Porte, la jeune fille en question.
Dès le lendemain, Richard se rend compte
que sa vie dans "la Londres d'en haut" s'effiloche, c'est comme s'il
n'existait plus : sa fiancée l'a quitté, ses collègues l'ignorent,
l'agent immobilier fait visiter son appartement. Sans autre choix,
Richard s'enfonce dans "la Londres d'en bas", à la recherche de Porte.
Critique :
Neverwhere est un petit chef d’œuvre de la fantasy moderne britannique. Neil Gaimain décrit
un lieu intemporel, avec des personnages hauts en couleur s'appropriant les stations de métro et les égouts de Londres,
c'est un lieu de tous les possibles, royaume
des peurs et des chimères de tout un chacun, un lieu délicieusement
improbable, et illogique.
Le Londres du livre est conforme à celui que nous connaissons :
trépidant, multiculturel, formel et fou. Mais sous cette surface
coexiste un autre Londres : Neverwhere,
entre quelque part et nulle part. Un monde différent qui n'est pas
vraiment de notre réalité mais plutôt adjacent, à la fois totalement
étrange et étroitement connecté.
Neil Gaiman réussit le tour de force de faire cohabiter deux mondes très différents : le Londres de Woody Allen à celui de Jean-Pierre Jeunet, le monde auquel nous sommes habitués et ce monde différent, empreint de
fantastique.
Le style est superbe, empreint de noirceur, dense sans être étouffant et terriblement efficace ! Les personnages sont fantastiques et variés, à la fois attachants et repoussants.
Bien que la trame de l'histoire peut paraître assez classique dans sa construction, le livre est prenant et jamais ennuyeux !!!
Avec Neverwhere, Neil Gaiman nous offre un bijou de la culture underground, ne passez pas à côté !!!
L'art de Paul Bonner -
Au fin fond des Forêts
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
"Au fin fond des forêts : L'art de Paul Bonner", c'est de la fantasy sauvage décoiffant les neurones, et qui fait se retourner les yeux ! La peinture de Paul Bonner reste une énigme. Elle est
avant tout unique et la technique qu’il utilise ne doit rien, ni aux
pixels, ni aux pigments d’un logiciel. Il part d’un crayonné très
avancé, puis continue, avec un pinceau, par des aquarelles en taches
épaisses mélangées avec des encres de couleurs. Il dessine d'abord
l'environnement avant que les personnages n’entrent en scène. La minutie
apportée aux détails, la fonctionnalité des accessoires, des armes et
des armures est stupéfiante.
Au fin fond des Forêts
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir de contempler à nouveau le
soleil se coucher sur la Fantasy anémique et clichée qu'on vous sert
tous les jours. Car, à peine contenue dans les 176 pages de ce livre, se
trouve l'œuvre de Paul Bonner : du muscle, de la chair, du lourds, du
gras, du qui tache et qui tranche, qui pollue et fait des trous dans la
couche d'ozone ! L'œuvre d'un artiste intrépide capable de nous ramener
ses visions éclatantes du Valhalla, d'un futur apocalyptique et de
chaque étape de son périple à travers ces mondes ravagés et hantés. A
l'intérieur, vous trouverez la quasi-totalité des œuvres éblouissantes
de Paul Bonner.
Critique :
Fameuse figure de la fantasy contemporaine, le danois Paul Bonner est un peintre et un illustrateur de science-fiction et de fantasy, connu pour ses illustrations de jeux de figurines chez Games Workshop, FASA et Rackham.

Les peintures de Paul Bonner ont cette curieuse
étincelle de vie, et donnent le sentiment de raconter un instant
particulier, une situation sur le point de se résoudre... ou de
dégénérer !!!
La Sève et le Givre
de Léa Silhol
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Trois fois les Parques ont parlé:
Finstern, Roi de la Cour de Dorcha, doit mourir. Seule la belle
Angharad peut contrecarrer la mort de Finstern, ou la précipiter. Elle
ignore son
propre destin, et le prix à payer pour accomplir sa mission... Dans la
funeste partie d'échecs qui s'engage entre les Cours d'Ombre et de
Lumière, la Reine Blanche devra trouver sa voie.
Critique :
Léa Silhol se présente comme une véritable conteuse. Plus que cela, elle réussit l'improbable en permettant une symbiose parfaite entre poésie et fantaisie.
C'est un récit hors du temps qui nous est
servi. Un récit initiatique où nous croisons plusieurs légendes du
folklore celte, souvent un peu réinterprétées, qui servent de toile de
fond à
l'histoire d'Angharad, née du fils de la Reine d'Hiver et d'une dryade
de Cour de Lumière.
Ce qui frappe le plus est le
contraste naissant d'un style d'écriture élégant, suave et d'une beauté
rare pour décrire un univers cruel, magnifiquement dark et sauvage !
Poétique, merveilleux et mythique !!!
Graine de cuistot Chocolat
de Nathalie Cahet et
de Fabien Veançon
Note : 4 / 5
Grâce à ce petit livre, vraiment sympa, les enfants trouveront un terrain de jeu : la cuisine !
Le livre est divisé en 5 chapitres : croquants, feuilletés, fondants,
moelleux et onctueux. Les grands classiques, tels que les cookies ou le
brownie, sont revisités, « chocolatisés », ou agrémentés d’ingrédients
nouveaux, comme l’écorce d’orange dans le muffin. Graine de cuistot
chocolat propose aussi de découvrir des recettes inédites, comme le
saucisson au chocolat ou le cheesecake tout choco au coulis de fruits.
Chaque
recette est présentée par un personnage rigolo : Malo le mouton sauteur
donne sa recette des cannelés rebondissant, Croco Django le canibanane
celle du croc’chocobanane, Azenor la bretonne au bigouden la recette
des crêpes 100% chocolat ...
Les recettes, toutes très
accessibles, comportent de nombreuses indications précises comme la
liste des courses, les temps de préparations et de cuisson, la quantité
réalisée ainsi que des astuces. Les différentes étapes sont numérotées,
rédigées très simplement et agrémentées de petits dessins.
Incluant une toque et un tablier de cuistot, ce livre est idéal pour apprendre à cuisiner, s'amuser et se régaler !!!
Docteur à tuer
de Josh Bazell
Note : 3 / 5
Synopsis :
Le Dr Peter Brown est interne dans le pire hôpital de Manhattan. Il a du
talent pour la médecine, des horaires infernaux et un passé qu'il
préférerait taire. Qu'il s'agisse d'une artère bouchée ou d'un projet
machiavélique de procès pour erreur médicale, il connaît le mal qui se
tapit dans le cœur des hommes. Il faut dire que, dans une autre vie, le
Dr Brown a été Griffe d'ours, un tueur à gages pour la mafia.
Eddy
Squillante, son nouveau patient, n'a plus que trois mois à vivre, et
peut-être moins, lorsqu'il découvre que sous les traits de son nouveau
médecin se cache Griffe d'ours. Avec la mafia, le gouvernement et la
mort en personne qui s'abat sur l'hôpital, le Dr Brown parviendra-t-il à
survivre et à saisir sa dernière chance de rédemption ?
Critique :
Si je devais définir ce livre, je dirais qu'il s'agit d'un thriller déjanté et coloré, mais qui nous laisse une sensation désagréablement mitigée !
Le style dynamique et fleuri de Bazell est accrocheur mais un peu lassant. La façon, peu littéraire, d'utiliser uniquement le présent pour décrire les scènes se
déroulant à l’hôpital dérange un peu au début.
Cependant, à force, on s'y habitue pour ne plus y faire très
attention. Comme tous les styles trop marqués, on a tendance à penser au bout de
100 pages que l’auteur en fait trop et finit par desservir ses
personnages et son roman.
Ceci étant dit, l'intrigue est assez bien travaillé et Peter Brown, le personnage principal, devient vite attachant, aussi bien pour son côté pur et lumineux que (ou surtout) pour son dark side, qu'il essaie de réprimer !
Au final, Docteur à tuer ne révolutionne
pas le genre et malgré les quelques défauts que je viens d'énoncer, ce
fut tout de même une lecture sympathique et divertissante !!!
Eragon, L'Héritage
de Christopher Paolini
Date de sortie : 20 avril 2012
Synopsis :
Pourquoi Galbatorix,
l’usurpateur, ne détruit-il pas l’armée en marche vers sa capitale?
Pourquoi laisse-t-il les Vardens et leurs alliés poursuivre leur
conquête de ses places fortes? Certes, les soldats et les
magiciens de l’Empire se défendent, mais les Vardens ont avec eux
Eragon et Saphira qui font des ravages dans les rangs ennemis.
Cependant, leur avancée se trouve dramatiquement stoppée: c’est
Eragon qui doit prendre la tête des armées rebelles. or, le garçon
est loin de se sentir prêt pour une telle responsabilité…
Attentes :
Ce dernier tome du cycle de
L'héritage est extrêmement attendu par les fans (3 ans !!!). Sorti en
novembre 2011 en anglais, la version française sortira dans quelques
jours.
Cette saga d'heroic fantasy, s'adressant au départ à un public d'adolescents, a très vite connu un succès important dans tous les groupes d'âges (il s'est vendu autant en jeunesse que pour les adultes !).
Comme pour les Harry Potter, Eragon connaît une évolution certaine dans son écriture au fur et à mesure des tomes :
l'écriture et l'ambiance des livres évoluant avec le personnage
d'Eragon, un ado forcé par les évènements de sa vie à devenir homme ! L'univers devient par ce fait beaucoup plus noir et cruel !!!
On verra si ce tome 4 tiendra ses promesses !!!
L'ombre du vent
de Carlos Ruiz Zafòn
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Dans la Barcelone de l'après-guerre civile, " ville des prodiges "
marquée par la défaite, la vie est difficile, les haines rôdent
toujours. Par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon
- Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier
gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant, qui rêve toujours
de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de
livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en
génération : il doit y " adopter " un volume parmi des centaines de
milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie,
le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de
secrets " enterrés dans l'âme de la ville " : L'Ombre du Vent.
Critique :
Avec ce
tableau historique, récit fantastique dans la pure tradition du Fantôme de
l'Opéra ou du Maître et Marguerite, énigme où les mystères s'emboîtent
comme des poupées russes, Carlos Ruiz Zafòn mêle inextricablement la
littérature et la vie.
Ce récit est surréaliste, nostalgique, poétique et violent. Zafòn décrit les ambiances comme ce n'est pas permis : c'est beau et
fort, sa bibliothèque fait envie tant elle regorge d'ouvrages rares et
mystérieux, Barcelone est vivante sous nos yeux et pourtant hantée par
des fantômes, le cimetière des livres semble palpable !
Magistralement mené par une écriture extrêmement agréable et fluide
qui donne envie de ne jamais poser le livre, les événements
s'imbriquent les uns dans les autres sans laisser le temps de se lasser.
Avec ce roman Carlos Ruiz Zafòn réalise une œuvre exceptionnelle, qui est en passe, à mon sens, de devenir un classique !!!
Batman, La nouvelle aube
de David Finch et Jay Fabok
Note : 3 / 5
Synopsis :
Lorsque le premier amour de Bruce Wayne
est kidnappé par le mortel tandem du pingouin et de Killer Croc, Batman
se lance à sa recherche, prêt à tout pour les arrêter !
Mais, tapies dans l'ombre, des forces
surnaturelles attendent également de jeter leur dévolu sur la jeune
femme. Plaçant notre héro cornes-à-cornes avec le démon Etrigan, dans
une lutte qui dépasse bien vite ses simples talents de détective.
Critique :
L'action est immédiate, et portée très adroitement par le scénario et le dessin de Finch. Rapidement, on suit le chevalier noir sur les traces d’une jeune fille disparue, dans le plus pur style policier.
Cependant, le rythme s'effondre dès que l'intrigue s'oriente vers l'obscurantisme et le surnaturelle.
L'idée est bonne, mais dans le complexe univers de Batman, les
scénaristes l'ont mal amenée et, en fin de compte, l'intrigue en
souffre.
Au final, on se retrouve donc devant un Batman classiquement très entrainant, aux dessins superbes (vraiment superbes !!!), mais qui nous laisse un arrière goût de légèreté du à son intrigue surnaturelle bien mal introduite !!!
Le Secret de Ji
de Pierre Grimbert
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Il y a 118 ans, un certain Nol l'étrange manda un émissaire de chaque
royaume du monde connu pour l'accompagner sur l'île Ji, et effectuer un
long et dangereux voyage. Peu d'émissaires revinrent, et aucun d'eux ne
raconta les évènements qui s'étaient passés sur l'île. Les héritiers de
ces derniers se réunirent régulièrement pour célébrer le voyage sur
l'île Ji, et ils pensent être les seuls à se rappeler cette affaire vite
étouffée, jusqu'au jour où des assassins fanatiques se mettent à les
éliminer un à un. Il ne reste alors qu'une chance de survie aux
héritiers : percer le secret de Ji...
Critique :

Le secret de Ji est, à mon sens, l'un des meilleurs cycles fantasy qu'il met arrivé de lire. Je le classe dans mon trio de tête avec Le chant de la Belgariade de David Eddings et L'arcane des épées de Tad Williams !
Certains personnages de Grimbert
semblent d'ailleurs avoir été inspirés par ceux de la Belgariade. Loin
de gêner, cette similitude n'en rend les personnages que plus
attachants. Le style est fluide et extrêmement agréable à lire, et on passe un véritable bon moment.
Le secret de Ji est un bijou de la fantasy, les amateurs du genre comme les autres vont adorer !!!
Les Anges de New-York
de R. J. Ellory
Note : 4 / 5
Synopsis :
Frank Parish, inspecteur au NYPD, a des difficultés relationnelles. Avec
sa femme, avec sa fille, avec sa hiérarchie. C’est un homme perdu, qui
n’a jamais vraiment résolu ses problèmes avec son père, mort assassiné
en 1992 après avoir été une figure légendaire des Anges de New York, ces
flics d’élite qui, dans les années quatre-vingt, ont nettoyé Manhattan
de la pègre et des gangs.
Alors qu’il vient de perdre son partenaire et qu’il est l’objet d’une
enquête des affaires internes, Frank s’obstine, au prix de sa carrière
et de son équilibre mental, à creuser une affaire apparemment banale, la
mort d’une adolescente. Persuadé que celle-ci a été la victime d’un
tueur en série qui sévit dans l’ombre depuis longtemps, il essaie
obstinément de trouver un lien entre plusieurs meurtres irrésolus. Mais,
ayant perdu la confiance de tous, son entêtement ne fait qu’ajouter à
un passif déjà lourd.
Contraint de consulter une psychothérapeute, Frank va lui livrer
l’histoire de son père et des Anges de New York, une histoire bien
différente de la légende communément admise. Mais il y a des secrets
qui, pour le bien de tous, gagneraient à rester enterrés.
Critique :
Les Anges de New-York vous accroche dès la première ligne et ne vous lâche plus, une fois dedans plus moyen de s'en échapper !
Le style d'écriture frappe par son exactitude, sa brutalité et par sa puissance d'évocation. L'ouvrage a du rythme, de l'humour et d'une réelle vie. Les personnages sont véritablement vrai et complétement immergés dans les méandres méphitiques de leur propres réalités !!!
C'est râpeux à souhait, on en redemande !!!
Métamorphose en bord de ciel
de Mathias Malzieu
Note : 3 / 5
Synopsis :
Tom Cloudman est sans conteste le plus mauvais cascadeur du monde. Ses
performances de voltige involontairement comiques lui valent des jours
heureux. Jusqu’à ce qu’un médecin le soignant pour une énième fracture
décèle chez lui une maladie incurable. Commence alors pour Tom un long
séjour hospitalier pour tenter de venir à bout de ce qu’il appelle « la
Betterave ».
Lors d’une de ses déambulations nocturnes dans les couloirs de l’hôpital, cet homme qui a toujours rêvé de dévorer les nuages rencontre une étrange créature, mi-femme mi-oiseau, qui lui propose le pacte suivant : « Je peux vous transformer en oiseau, ce qui vous sauverait, mais cela ne sera pas sans conséquences. Pour déclencher votre métamorphose vous devrez faire l’amour avec moi. De cette union naîtra peut-être un enfant. Un risque à accepter. »
Lors d’une de ses déambulations nocturnes dans les couloirs de l’hôpital, cet homme qui a toujours rêvé de dévorer les nuages rencontre une étrange créature, mi-femme mi-oiseau, qui lui propose le pacte suivant : « Je peux vous transformer en oiseau, ce qui vous sauverait, mais cela ne sera pas sans conséquences. Pour déclencher votre métamorphose vous devrez faire l’amour avec moi. De cette union naîtra peut-être un enfant. Un risque à accepter. »
Critique :
Mathias Malzieu, chanteur du groupe
Dionysos à ses heures perdues, est pour moi un des auteurs français
contemporains qui sort le plus du rang.
Son style est empreint de poésie, de romantisme barocco-burtonien et de rêve. Son univers est réellement prenant.

Malzieu rebrasse ses thèmes récurrents
sans les décliner différemment aux vues de ses anciens ouvrages. Le
problème est qu'il ne prend aucun risque ni dans l'histoire et encore
moins dans la narration !!!
Métamorphose...reste
cependant un bon livre qui vous fait passer un bon moment à condition
de ne pas s'attendre à être surpris !!!
Un monde sans dieux : De la Dark Fantasy âpre et sanglante !!!
Note : 4 / 5
Synopsis :
Dans un monde abandonné des dieux, une paix fragile règne entre les
grandes lignées. Mais quand un ennemi ancestral, la Route Noire, surgit du passé pour
reprendre sa place légitime, les clameurs de la guerre et les fracas des
armes viennent briser le silence de l'hiver...pour mener à un dénouement déchirant !
Critique :

Brian Buckley nous plonge dans un monde dense, complexe et sinistrement attrayant.
Les personnages sont profonds et très réalistes malgré leur nombre
important, un véritable tour de force. Buckley crée avec maestria une
ambiance tangible et progressivement oppressante, qui sert à merveille
l'idée de sa saga.

Artemisia
D’Alexandra Lapierre
Note : 3.5 / 5
Synopsis :
D’Alexandra Lapierre
Note : 3.5 / 5
Synopsis :
En 1611, à Rome, dans un atelier du quartier des artistes, la jeune Artemisia se bat avec fureur pour imposer son talent.
Son adversaire le plus redoutable n'est autre que son père, son maître, le célèbre peintre Orazio Gentileschi. Il voudrait cacher au monde sa sensualité et surtout son génie. Mais le destin bouleverse les plans d'Orazio : son meilleur ami viole Artemisia.
Son adversaire le plus redoutable n'est autre que son père, son maître, le célèbre peintre Orazio Gentileschi. Il voudrait cacher au monde sa sensualité et surtout son génie. Mais le destin bouleverse les plans d'Orazio : son meilleur ami viole Artemisia.
Commence alors un duel dont
le père et la fille seront tour à tour la victime et le vainqueur.
Artemisia, c'est le drame d'un amour fou, de la tendresse et de la haine
entre deux êtres enchaînés par les liens du sang. C'est la
douloureuse rivalité entre deux artistes qui s'immiscèrent dans
l'intimité des papes et des rois en un temps où art rimait avec pouvoir
et politique.
Critique :
Cette biographie romancée raconte l'aventure de l'une de premières grandes femmes
peintres de l'histoire, une femme qui brisa toutes les lois de la
société afin de conquérir la gloire et la liberté.
Alexandra Lapierre brosse un portrait remarquable de cette artiste du début du 17ième
siècle, un portrait de femme ambigu et déchirant !
Un bon moment de lecture !!!
La Licorne - Tome 4
de Gabella et Jean
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
1565. La Renaissance... la bataille, dans l’ombre, se poursuit. Une
bataille autour de la plus merveilleuse des créations : le corps humain.
Dernier volet tant attendu de ce spectaculaire thriller fantastique !
Ambroise Paré et ses alliés savent enfin où se trouve la Licorne. Ils ne leur restent plus qu’un obstacle à franchir : le château du chasseur où réside le Vampire, le seul capable de contrôler les primordiaux. Le moment idéal pour frapper : lors de l’alignement de la constellation de la licorne, appelé le Jour du Baptême, qui arrive une fois l’an…
Le prochain aura lieu dans trois jours.
Ambroise Paré et ses alliés savent enfin où se trouve la Licorne. Ils ne leur restent plus qu’un obstacle à franchir : le château du chasseur où réside le Vampire, le seul capable de contrôler les primordiaux. Le moment idéal pour frapper : lors de l’alignement de la constellation de la licorne, appelé le Jour du Baptême, qui arrive une fois l’an…
Le prochain aura lieu dans trois jours.
Critique :
L'ambition de cette saga est de vouloir mêler le réel à la fiction mythologique afin de réviser l'histoire de la science médicale.
L'écriture et l'inventivité de Gabella étonne dès le début et nous scotche jusqu'à la fin !

Cette saga BD est mon coup de cœur, peut-être la plus réussie jusqu'à présent !!!
Le Joker : Époustouflant et sanguinaire !!!
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Le joker sort de l'Asile d'Arkham, bien mécontent. En son
absence, ses hommes ont partagé sa part du gâteau et l'ont vendue, pensant qu'il ne reviendrait plus.
Mais le joker est de retour et il est
bien décidé à mettre Gotham City à feu et à sang, même s'il doit, pour ce
faire, affronter de nouveau son ennemi de toujours !
Critique :
L’esthétique est tout simplement à couper le souffle.
Lee Bermejo à réaliser un travail d'orfèvre, donnant à tout l'album une
profondeur de trait et un caractère frisant la perfection.
Le scénario, quant à lui, est flamboyant de noirceur. Brian Azzarello nous offre un scénario froid, dur et surtout méchamment réaliste.
Une incroyable réalisation à avoir chez soi et surtout pour soi !!!

de Donato Carrisi
Note : 4 / 5
Synopsis :
Marcus, enquêteur pour une organisation secrète ayant perdu la mémoire dans un
accident un an auparavant, doit retrouver une jeune étudiante enlevée
par un tueur en série.
Sandra,
jeune enquêtrice photo pour la police scientifique milanaise, se
retrouve à Rome pour tenter d'élucider la mort de son mari. Survenue un
an plus tôt, cette mort accidentelle en apparence se révèle être un
meurtre.
Leurs chemins se croisent dans une église, devant un tableau du Caravage, et les mèneront à la frontière de la lumière et des ténèbres.
Critique :
J'attendais
avec impatience le deuxième roman de Carrisi, surtout après
l'exceptionnelle impression que m'avait fait Le chuchoteur.
Le
tribunal des âmes est, à mon sens, un peu moins bien réussi. Je trouve
la poursuite du récit un peu décousu et, par conséquent, légèrement
moins prenante que son premier roman.
Ceci dit, Carrisi est un
auteur doué et le roman reste tout de même très intrigant. On avance,
page après page, interagissant réellement avec les personnages. C'est un
thriller intelligemment conçu et bien au-dessus des autres dans le même style !!! 
de Donato Carrisi
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Cinq fosses sont trouvées dans une clairière, chacune contenant le bras gauche de cinq petites filles disparues.
Le criminologue Goran Gavilla et son équipe d'agents spéciaux du FBI sont chargés de l'affaire. Cependant, les indices que notre équipe de professionnels trouvent, les mènent tous vers des pistes divergentes.
Lorsqu'un sixième bras est retrouvé, ils décident de faire appel à Mila Vasquez, une policière experte en affaires d'enlèvement.
Dans l'atmosphère étriquée d'un appartement spartiate transformé en quartier général, ils échafaudent une théorie que personne ne veut croire...ou plutôt admettre !
Quand ces fillettes sont tuées, Dieu se tait, le diable murmure !
Critique :
Inspiré de faits réels, ce thriller est le meilleur qu'il m'est arrivé de lire. Je l'ai pratiquement fini en une nuit. Il est prenant, son rythme est soutenu et, surtout, les coups de théâtre s'enchaînent jusqu'à la dernière page.
Si vous ne devez lire qu'un livre, c'est bien celui-ci ! A lire et à relire !
C'est lors de mes recherches sur le VIH / Herpès que je suis tombé sur les informations relatives au VIH / Herpès; informations qui sont assez faciles à trouver lors d’une recherche sur STD sur Google. J'étais dans un complot à l'époque, je pensais que le VIH / Herpès guéri 'était un complot, c'était quelque chose d'ignorance, mais je trouvais assez intéressant de prendre des médicaments à base de plantes. J'ai posé des questions sur les remèdes à base de plantes sur les sites Web officiels VIH / Herpès et des modérateurs m'ont interdit de le faire, car ils m'ont dit que je suivais la propagande sur le VIH / Herpès. Cela renforça ma conviction qu'il existait un remède contre le vih / l'herpès. Puis je trouvai une dame allemande, Achima Abelard, Dr Itua, soigne le vih. Je lui envoyai un mail pour en parler plus longuement et m'envoya ses médicaments à base de plantes. et aujourd’hui, je n’ai pas guéri du vih / herpès dans ma vie, j’ai cherché des groupes du vih / herpès pour tenter d’établir des contacts avec des personnes afin d’en apprendre davantage sur le traitement du VIH / herpès à base de plantes. avec la même maladie, ces informations vous sont utiles et je voulais faire de mon mieux pour les diffuser dans l'espoir d'aider d'autres personnes.Le Dr Itua Herbal Medicine me laisse croire qu'il existe un espoir pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. , Schizophrénie, Cancer, Scoliose, Fibromyalgie, Syndrome de toxicité à la fluoroquinolone, Fibrodysplasie osseuse progressive, Mutation familiale de facteur V Leiden, Epilepsie, Maladie de Dupuytren, Maladie tumorale desmoplastique à cellules rondes, Maladie coeliaque, Creutzfeldt-Jako b maladie, angiopathie amyloïde cérébrale, ataxie, arthrite, sclérose latérale amyotrophique, maladie d'Alzheimer, carcinome corticosurrénal.Asthme, maladies allergiques.Hiv_ sida, l'herpès, la maladie inflammatoire de l'intestin, Copd, Diabète, Hépatite, je lis sur lui comment il a mort et Tara, Conley, Mckinney et beaucoup d’autres suffrins de toutes sortes de maladies, je l’ai donc contacté. Il est médecin aux herbes avec un cœur unique de Dieu, contactez Emal..drituaherbalcenter @ gmail.com ou téléphonez au whatsapp .. + 2348149277967.
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