Note : 3.75 / 5
Lorsque Mark Knopfler a annoncé la séparation de "Dire Straits",
c’est un univers de fans qui sombraient dans la déprime. En effet, le
groupe avait atteint des sommets inimaginés et il était difficile de se
dire que les membres pourraient partir chacun de leur côté alors qu’on
était face à une telle apogée. Ce fut pourtant le cas, et à ce jour, le
groupe ne s’est pas reformé. Knopfler a déjà bien
construit sa carrière solo, en oubliant son style d’origine pour se
consacrer à du folk rock/blues de très bonne qualité.
Peu à peu, Mark Knopfler devient une sorte de Van Morrisson écossais. Comme son aîné il est parti d'un groupe pop rock à succès ("Them" pour l'un, "Dire Straits" pour
l'autre) pour ensuite construire une œuvre personnelle nourrie de
racines celtiques, et à l'écart des projecteurs trop puissants. Ce
postulat modeste et tranquille n'empêche pas le guitariste d'obtenir
régulièrement un succès planétaire avec ses albums solos. On est bien
sûr loin de l'hystérie qui entourait les sorties de "Dire Straits", groupe phare d'une époque au même titre que "U2", mais le public suit les aventures de Mark Knopfler et c'est réjouissant.
La voix et la guitare de "Dire Straits" revient donc avec un nouvel album
solo, qui est sorti le 3 septembre. Comme pour son prédécesseur "Get Lucky", paru en 2009, c’est avec
Chuck Ainlay et Guy Fletcher que l’ancien Dire Straits a produit ce
nouvel effort studio, enregistré à Londres avec la participation de
nombreux artistes, dont le bluesman Kim Wilson, le musicien de country
Tim O’Brien, la chanteuse Ruth Moody, le multi-instrumentiste Paul
Franklin et l’accordéoniste Phil Cunningham. Fort d’une vingtaine de titres, "Privateering" sera le premier double album de Mark Knopfler.
Tout ce beau monde s'embarque donc joyeusement pour vingt titres de blues ("Don't Forget Your Heart", "Miss You Blues"), de musique à influence celtique ("Haul Away"), de rock de derrière les fagots ("Gator Blood", "Corned Beef City"). Avec à chaque chanson le plaisir de retrouver la voix et la guitare qui nous charmaient tant chez "Dire Straits" et "The Notting Hillbilies".
Le seul point négatif, et une véritable déception en ce qui me concerne, est que si le challenge est élevé (2 cds pour 1h30 de musique), la recherche musicale n’est pas au rendez-vous. On est
loin d’être devant un mauvais produit artistique, qu’on se le dise, tout
est ambiancé, composé comme Knopfler sait très bien le faire, mais il n'y a rien de nouveau.
Rien d'exceptionnel donc, mais une copieuse livraison d'un artisan de luxe en mal de confidences. Et de générosité, "Privateering" bénéficiant en édition limitée de cinq titres supplémentaires enregistrés à Londres en 2011. L'occasion de redécouvrir "Cleaning My Gun", "Why Aye Man", ou "Sailing to Philadelphia" dans des versions plutôt épurées et curieusement intimistes. Comme hors du temps, Mark Knopfler dicte
son tempo, mais sait récompenser la fidélité de ses fans avec un disque
lui aussi bien éloigné des modes et des tocades du quotidien !!!
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