Note : 4 / 5
Groupe de rock indépendant américain originaire d'Amherst dans le Massachusetts, Dinosaur Jr. est une formation emblématique de l'indie-rock US. Le groupe, ayant régné sur les bas-fonds des années 80 et 90, fait aujourd'hui encore vrombir ses amplis. D'autant plus qu'il a retrouvé son line-up originel, autour de Jay Mascis, Lou Barlow et Murph.
Le cœur et le cerveau de tout être humain normalement constitué devraient s’emplir de joie et d’émotions à l’écoute de "Start Choppin’" ou de "Goin’ Home", deux titres de Dinosaur Jr. extraits de "Where You Been?", disque bruitiste majestueux de la bande de J. Mascis datant de 1993. Le groupe originaire d’Amherst en était déjà à son cinquième opus et la nonchalance lourde du groupe et de son leader était devenue une marque de fabrique inoxydable.
Le cœur et le cerveau de tout être humain normalement constitué devraient s’emplir de joie et d’émotions à l’écoute de "Start Choppin’" ou de "Goin’ Home", deux titres de Dinosaur Jr. extraits de "Where You Been?", disque bruitiste majestueux de la bande de J. Mascis datant de 1993. Le groupe originaire d’Amherst en était déjà à son cinquième opus et la nonchalance lourde du groupe et de son leader était devenue une marque de fabrique inoxydable.
Séparés en
1997 puis reformés en 2005 avec Lou Barlow, ex-démissionnaire et
génial instigateur de Sebadoh, Dinosaur Jr. avait un défi à
relever : ce lui qui consiste à diluer les années 1990 dans les
années 2000. Sans passer pour un ringard et sans pour autant renier
ce son si caractéristique qui a fait la gloire du groupe.
Depuis bientôt trente ans qu’il est apparu pour la toute première fois, Dinosaur Jr.
aurait pu saisir moult occasions de dévier de sa marque de fabrique
qui, avec le temps et à la veille de chaque nouvel album, l’a toujours
rendu prévisible. Il ne l’a jamais fait, y compris en 2005 quand il
mettait fin à huit années d’absence. Tout juste Jay Mascis, Lou Barlow et
Murph auront offert quelques variantes à leur indie-rock. Aussi, le trio
aurait pu lasser son public. Malgré quelques aspects parfois
répétitifs, il n’y est jamais parvenu non plus, la faute à son
charismatique frontman qui, en chantant et jouant de la guitare comme
personne, aura toujours servi de garantie indéfectible au style Dinosaur
Jr. Autant dire qu’il était inutile
d’attendre une quelconque innovation de la part de ce "I Bet On Sky",
nouvel et dixième album forcément symbolique.
Ces types sont diablement impressionnants. Après quelques disques
fondamentaux et des disputes légendaires, le groupe,
succombant à la tentation de la reformation en 2005, s’amusa à sortir un disque, "Beyond". Excellent.
Surpassant les livraisons des années 90. Un cas d’école. Alors
que la grande majorité des reformations se vautraient lamentablement, Dinosaur Jr. sortait un disque chic avec une facilité déconcertante. Jay et Lou font dans le comique de répétition : en 2009, "Farm" reprenait paresseusement mais avec talent les affaires de 2005. Nous sommes en 2012 et la blague dure toujours.

Ainsi les riffs autistes de Mascis et la basse lourde de
Barlow sont au service de chansons parfaites. Les cinq premières du
disque, relativement courtes, sont hallucinantes. Le riff du morceau
d’ouverture peut rendre fou les gens fragiles. Une véritable cure de
jouvence. 30 ans d’existence et une jeunesse immaculée.
"I Bet On
Sky" semble dresser des passerelles entre les
différentes époques de Dinosaur Jr. "Pierce the Morning Rain",
bien nichée au
milieu de l’album, rappelle que le groupe sait envoyer des mini-tubes
cradingues dans le ciel et les faire exploser en vol, comme un
bouquet final de feu d’artifice. "Watch
The Corners" rappelle la dimension "geek du fond de la classe" de Dinosaur Jr.
tandis que "See It On Your Side"
va chercher du côté du grunge le plus désarticulé pour le plus
grand plaisir des oreilles.
A l’écoute de ce disque, on ne peut qu’accuser Mascis and co de paresse en ce qui concerne les deux derniers disques. "I Bet On Sky" est un album diablement inspiré. "Recognition", une des deux chansons écrites par Barlow, frise l’excellence. "Rude", quant à elle, est assez dispensable.
L’intelligence musicale du groupe de
Jay Mascis, Lou Barlow et Murph fait que le passé n’assombrit pas le
présent, sans pour autant le tourner en ridicule, loin de là. "I
Bet On Sky" a tout du petit tour de force. On
n’en attendait pas moins de Dinosaur Jr. certes mais cette
constance dans la quasi excellence force le respect, encore et
toujours, près de vingt-cinq ans plus tard.
Plutôt que de se perdre et frôler le pathétique comme de nombreux autres
rockeurs à bouteille, Dinosaur Jr. dépoussière, lustre sans cesse ici
son statut de groupe culte renforcé chaque fois qu’un morceau s’achève.
Forts d’une osmose qui semble ne jamais avoir été si forte, les trois
sont la preuve vivante que, avec beaucoup de talent, le rock dans son
plus simple appareil peut faire mieux que seulement résister au temps :
il peut aussi le dicter !!!