samedi 16 mars 2013

Musique - Mala de Devendra Banhart

Devendra Banhart - Mala : Un album dans la continuité de sa discographie, mais qui parvient pourtant à surprendre !!!

Note : 4 / 5

En écoutant le nouvel album de Devendra Banhart, l’auditeur a du mal à réaliser que c’est déjà le huitième, en seulement un tout petit peu plus de dix ans, le premier album officiel nommé "Oh Me Oh My|Oh Me Oh My...The Way the Day Goes By the Sun Is Setting Dogs Are Dreaming Lovesongs of the Christmas Spirit" étant paru en 2002. Histoire de fêter dignement cet anniversaire, le hippie d’origine texane s’est aujourd’hui fendu d’un de ses plus jolis albums depuis longtemps, en renouant avec ce qui faisait le charme de ses débuts. Tout en s’inscrivant aussi dans l’air du temps, un air du temps où le folk reste bohème mais accessible. Résultat : un disque au charme diffus et irrésistible, manifestement réalisé par un artiste épanoui, mature et heureux.
"Mala" marque le retour en force de cet étrange zigoto, Texan de naissance, mais un peu Martien d’adoption. Apôtre d’un folk à tendance freak, Banhart a visiblement eu le cœur brisé, thème principal de ce nouvel album. Mais il n’est pas misérabiliste. Déçu et amer, certes, mais aussi baveux, voire comique.
"Mala" s’écoute donc dans le plaisir, sourire en coin. À travers les quatorze titres, le chanteur à la voix oscillante offre quelques interludes, dont la très jolie instrumentale "Ballad of Keenan Milton". La palette sonore du disque est vaste, allant du folk tout simple au rock lent, en passant par des airs latins (la belle "Mi Negrita"), tout ça mené par des lignes de basses lourdes rappelant The XX.
Quatre ans que l’on attendait fébrilement le successeur de l’immense "What Will We Be" (2009) avec l’espoir de retrouver Devandra intact et toujours aussi inspiré après sept albums pour un peu plus de 10 ans d’une courte mais déjà riche carrière. Car si l’on y regarde d’un peu plus près, on se rendra vite compte que, depuis le discret "The Charles C. Leary" en 2002, mais surtout depuis "Cripple Crow", l’album qui le révéla au grand public (avec notamment le titre "Feel Just Like A Child" immortalisé par Renault), Devandra Banhart reste plus que jamais l’un des rares songwriters capable d’écrire à chaque nouvel album des chansons qui marquent l'inconscient collectif.
Sa longue et grasse chevelure devenue courte et stylée, ses guenilles transformées en costumes The Kooples, son regard hagard finalement masqué par des lunettes Oliver Peoples, Banhart revient avec des chansons folk hippie épurées (notamment en compagnie des excellents Vetiver) devenues tour à tour hymnes rhythm & blues communicatifs ou ritournelles bossa gorgées de soleil.
Comme l’annonce la jolie ouverture lo-fi, "Golden Girls", "Mala" est un album intimiste, nettement plus que son prédécesseur "What Will We Be", enregistré avec une pléthore de musiciens dont le producteur Paul Butler. Cette fois-ci, Banhart s’est isolé avec son vieil ami Noah Georgeson pour enregistrer ces quatorze morceaux avec moult instruments et machines vintage, parmi lesquelles un enregistreur Tascam des années 1980, initialement destiné aux artistes hip-hop.
Album coloré et chaleureux, "Mala" régale par la qualité de ses mélodies, mais aussi et surtout par le foisonnement musical qui se dégage d’un ensemble dans lequel les sonorités électroniques font leur apparition de manière assez discrète, sauf peut-être sur le titre "Your Fine Petting Duck", dont le final carrément "House" peut laisser un poil dubitatif. Heureusement, c’est la seule faute de goût dans un océan de délice et de poésie, où chaque titre se déguste avec un plaisir immense, où la voix de Devandra dégage, plus que jamais, charme et douceur, le rapprochant encore un peu plus du, pourtant, inégalable Chet Baker.
Toutes ses inspirations sont là, bien ancrées. Que ce soit dans le Venezuela ou dans le Texas profond, le monsieur ne se repose pas sur ses lauriers, vire les convenances et se fait plaisir. Quitte à devenir plus accessible. Si l’ensemble ne prend pas non plus trop de risques fous et reste dans la veine du folk indie auquel nous a habitué Banhart, il possède un petit quelque chose de neuf, qui interpelle l’oreille pour mieux la conforter ensuite.
Avec des titres tels que "Daniel", "Never Seen Such Good Things", "Mi Negrita" ou "Won't You Come Home", Devandra Banhart continue de creuser son sillon. Sans rien changer ou presque à son style musical, à son mode de composition et à sa manière d’aborder le songwriting, il parvient pourtant à nous surprendre encore, à nous émerveiller avec des chansons déjà inusables et dont on devrait retrouver très vite certaines d’entre elles dans les meilleures playlists et même ailleurs.
Installé à Los Angeles au moment de l'enregistrement, Devendra Banhart a remis du soleil dans ces chansons, jouant avec les nuances et les ambiances et nous embarque avec lui au fond d'un hamac, le verre de piña colada pas loin !!!

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