jeudi 28 mars 2013

DVD (Documentaire) - How much does your building weigh, Mr. Foster ? de Carlos Carcas et Noberto Lopez Amado

Carlos Carcas et Noberto Lopez Amado - How much does your building weigh, Mr. Foster ? : Un documentaire qui réussit magnifiquement à faire vivre l'architecture high-tech au cinéma !!!

Note : 4.25 / 5

Synopsis :
À travers un voyage dans de nombreux pays, ce documentaire suit l’ascension de Norman Foster, né dans une famille populaire de Manchester et reconnu aujourd’hui comme l’un des architectes les plus brillants de son époque.
Le documentaire retrace l’ascension de l’un des architectes les plus importants de notre époque donc, Norman Foster et son inépuisable ambition d’améliorer la qualité de vie grâce au design. On y voit les origines de Foster, ses rêves, ses influences, et comment il en vient à des projets aussi démesurés que l’aéroport de Pékin (le plus grand édifice au monde), le Reichstag, la Tour Hearst à New York, le Viaduc de Millau… En pionnier, Norman Foster tente de répondre au grand défi du monde de demain, un monde où l’immense majorité de la population mondiale aura migré dans les villes.

Critique :
Du Viaduc de Millau, dont la construction a constitué une prouesse technique sans précédent, à la Mairie de Londres, de la renaissance du Reichstag à l'aéroport de Pékin, les époustouflantes réalisations de l'architecte Norman Foster redessinent les grandes villes du monde entier depuis les années 60. "How much does your building weigh, Mr. Foster ?" est un documentaire exceptionnel qui revient sur le parcours étonnant de Foster, et qui pose les questions de la conception de l'architecture dans le monde d'aujourd'hui !
Mairie de Londres
Ce film documentaire va bien au-delà de la présentation d’un architecte génial et de son œuvre. Le viaduc le plus haut du monde, celui de Millau, l’aéroport de Pékin, le Reichstag de Berlin, et tant d’autres bâtiments prestigieux suffisaient pourtant déjà à montrer l’importance de cet architecte majeur. Cependant c’est l’ascension de cet homme hors du commun, venu d’une famille modeste de Manchester, passionné de ski de fond aussi bien que de vol à voile, habité par l’architecture et son devenir au point d’avoir créé "Foster+Partners", l’agence mondiale d’architectes et d’urbanistes sans doute la plus innovante du monde, dont il est surtout question ici.
"How much does your building weigh, Mr Foster ?" est précisément la question que posa un jour Richard Buckminster Fuller à Norman Foster, la question du maître à son élève et qui résume le parcours d’architecte de Norman Foster. C’est surtout le point de départ de ce documentaire qui n’en est pas tout à fait un. Quiconque s’est un jour intéressé de près à l’architecture n’y apprendra pas beaucoup de choses mais le film représente une belle plongée dans cet univers de masses et de formes colossales.
Vue intérieure de la Mairie de Londres
L’architecte chercha la réponse à cette question, et s’aperçut que le poids de sa dernière construction était mal utilisé. Il remit son travail en question et de nouvelles perspectives s’ouvrirent. Cette anecdote illustre le ton du film, et montre que l’on peut parler avec simplicité et clarté d’un art complexe, sans effrayer les novices en architecture. Les propos des différents intervenants (parmi lesquels Anish Kapoor, Richard Serra, Bono…) s’inscrivent dans cette lignée, de même que la voix off de l’écrivain Deyan Sudjic, dont le texte très travaillé, précis dans son approche biographique, apporte une réelle valeur poétique à l’ambiance de ce documentaire.
Depuis son enfance, Norman Foster est fasciné par les grands espaces, les matériaux délicats et les constructions aériennes. À travers ses recherches esthétiques, l'architecte de renom tente de réconcilier les diktats de l'art et de l'utilité afin de redéfinir les paysages urbains de notre planète. Ces paysages, qui sont appelés à se multiplier au profit des paysages ruraux au cours des prochains siècles, soulèvent autant de défis que l'architecte se plaît, malgré son âge avancé, à relever avec brio. Selon lui, ces premiers balbutiements ne sont cependant que les premières réponses à un défi historique qui pourrait bien déterminer l'avenir de la race humaine.
Ce documentaire possède deux qualités à mon sens. La première, c’est de nous montrer l’art derrière l’architecture. Les bâtiments dessinés par Foster sont représentés sous un jour magnifique et différent des photos de monuments traditionnelles. Le procédé dans le film nous montrant des croquis se dessinant sous nos yeux est une belle trouvaille. Voir ces lignes et ces courbes donner vie à un projet de bâtiment gigantesque était un moment aussi très poétique.
La seconde qualité est de nous montrer comment un homme se "construit" et "bâtit" son existence. Car le bonhomme a une personnalité hors du commun. A plus de 70 ans, Monsieur Foster, jeune papa, fait des courses de ski de fond et parcourt les quatre coins du monde, ayant survécu à un cancer et une crise cardiaque. Foster étonne et détonne notamment avec son nouveau projet de ville verte Masdar, aux Émirats Arabes Unis. On dirait de la science-fiction : une ville zéro carbone, avec des véhicules sans conducteur. 
Le Viaduc de Millau
En mêlant les entretiens avec Lord Norman Foster ou ses collaborateurs et les vues époustouflantes des bâtiments qu’il a réalisés, les metteurs en scène Carlos Carcas et Norberto López Amado font que ce documentaire, visuellement très beau, devient un plaidoyer pour les villes futures du XXIème siècle. Une bouffée d’espérance dans un monde qui en a bien besoin. Le film, comme l’homme, sont fascinants.
Le seul bémol est le point de vue pris sur Foster. On remarque tout de même que le documentaire ne prend aucun recul sur la personnalité de Norman Foster, tous les témoignages étant élogieux (le fait qu'il soit produit par sa femme aurait-il une incidence ?). Alors que tous les génies possèdent leur côté obscur, il est ici totalement occulté, ou gentiment tourné. Toutefois, pour "Senna", le manque d’objectivité n'était pas vraiment gênant, et ici non plus. En effet, on est tellement pris par les images et leur force, qu’on fait le voyage sans hésiter.
Ceci mis-à-part, la fascination de l’homme pour les structures légères et les avions, qui imprime chacun de ses bâtiments, du plus modeste au plus magistral, transpire de l’écran et tisse un lien étroit entre l’architecture et l’image de cinéma. Suivant une construction extrêmement posée de longs plans aérien ou de mouvements au plus près des structures, à chaque fois d’une durée conséquente et rythmés par une composition atmosphérique, ces merveilles issues de l’esprit de celui que l’on a nommé le Mozart du modernisme semblent prendre littéralement vie dans le cadre.
Hearst Tower à New-York
Au final, "How much does your building weigh, Mr Foster ?" devient dans ces beaux moments qu’on souhaiterait ne jamais voir s’arrêter une œuvre plastique "hypnotisante". La caméra semble caresser les structures et les matières de ces poèmes gravés dans le métal et le gigantisme tandis que le temps se voit distordu par les effets de time lapse qui font se mouvoir l’environnement autour des bâtiments. L’architecture et le cinéma peuvent donc faire bon ménage, quand le second se met au service de la première pour la sublimer et l’immortaliser sur pellicule. A voir que l'on soit amateur d'architecture ou non !!!

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