lundi 4 mars 2013

Livre (BD) - Les Elfes, Tome 1, Le crystal des Elfes bleus d'Istin, Duarte et Saito

Istin, Duarte et Saito - Elfes, Tome 1, Le crystal des Elfes bleus : Un superbe moment d'évasion magnifiquement imagé, mais qui manque légèrement d'originalité !!!

Note : 3.75 / 5

Synopsis : 
C’est la débandade dans le royaume des elfes. Le village Ennlya a été sauvagement attaqué et tous ses habitants elfes ont été retrouvés massacrés. La belle elfe Lanawyn, assistée de l’humain Turin, mène l’enquête et se rend au village pour constater les dégâts. Elle y trouve un spectacle apocalyptique et un indice précieux : une dague qui appartient au clan brutal des Yrlanais.
Dans le même temps, une expédition elfique est chargée d’une mission des plus délicates : accompagner Vaalann au royaume des eaux pour y récupérer le Crystal. Cet objet magique et précieux désignera l’élu, celui capable de maîtriser les mers et les océans. Pendant que Vaalan plonge dans les tréfonds de l’océan pour récupérer le Crystal, Lanawyn et Turin plongent dans la gueule du loup en rendant visite aux Yrlanais. Jamais le destin des elfes n’avait connu de telles turpitudes.

Critique :
Les éditions Soleil lancent une série concept de cinq albums autour de ce peuple mythique que sont les Elfes, avec des auteurs différents à chaque fois. Cette première histoire propose d’aller à la rencontre des Elfes bleus, dont l’univers est lié à l’eau, et c’est Jean-Luc Istin qui s’y jette.
L’heroïc-fantasy a toujours laissé une grande part aux personnages des elfes, peuple noble et élégant, doué de sagesse et de magie. Quoi de plus naturel, du coup, que de leur consacrer une série en bande dessinée ? Pour ce faire, Soleil invite l’inévitable Jean-Luc Istin à s’occuper du scénario. Grand adepte de l’aventure et des récits légendaires, Istin n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il a enchaîné bon nombre de récits sur la légende d’Arthur, l’histoire des Templiers et autres aventures épiques. Ce savoir-faire se ressent très vite dans l’album. Istin nous transporte dans un monde enchanté plein de dangers et de péripéties.
Le scénariste et directeur de collection est très à l’aise avec l’imaginaire et cela se ressent. Bien sûr, le tout souffre du format one-shot qui n’autorise pas le développement des caractéristiques propres aux "longues oreilles". Cependant, l’alternance entre l’enquête sur le massacre des villageois d’Ennlya et le parcours de Vaalan pour devenir le guide de son peuple est habillement agencée. La narration ne souffre d'aucun temps mort, les personnages, malgré le manque d’espace, sont intéressants et bien présentés.
Avec ce premier tome, le scénariste joue la carte du dépaysement total puisqu'il nous immerge dans un monde médiéval onirique qui est partagé principalement entre les hommes, les elfes et les orks. Fort de cet exotisme très bigarré, il nous introduit dans le climat particulièrement tendu entre chaque ethnie, chacune ayant sa particularité physique et morale (les uns, belliqueux, les autres, immortels et sages et les derniers, nécromanciens). Ce brassage génère ainsi une intrigue profonde dont le départ est le massacre de tout un village elfe.
Alternant donc deux histoires en parallèle, on assiste à deux récits classiques, dignes des romans : une enquête sur une affaire criminelle des plus sombres (le massacre du village Ennlya) et un récit d’initiation (Vaalann qui devient l’élu). Deux éléments classiques d’une histoire, qui ont tous deux pour sujets les elfes. Avec des dialogues soignés et une narration savamment orchestrée, le lecteur est rapidement transporté dans le royaume des elfes et familiarisé à leurs us et coutumes.
Toutefois, si le récit reste des plus classiques, il est tout à fait plaisant, et est magnifiquement mis en images par Kyko Duarte ("Chronique de la guerre des Fées"). Le dessinateur espagnol passe avec une égale réussite de plans rapprochés sur les protagonistes à de grandes cases proposant des décors majestueux, en particulier ceux liés au royaume marins des êtres bleus. Le cadrage varié sert efficacement l’aventure.
Tout comme Istin, Duarte n'en est pas à son coup d'essai. Ce dernier, aiguisé par le travail remarquable réalisé dans les séries "Chroniques de la guerre des fées", "De sang-froid", "Le Capitaine Fracasse", nous démontre une fois de plus son savoir-faire dans la manière de mettre en images un univers imaginaire bien léché, indubitablement magique peuplé de créatures disparates. Le geste, maîtrisé, proportionnel, plein de créativité, peut se révéler doucereux quant à l'apparence des elfes féminins mais également incisif quand il s'agit de décrire la cruauté et la dureté de certains autres personnages.
Le voyage dans cet univers, là aussi devenu classique, est donc surtout assuré par le dessin de Duarte des plus spectaculaires. Ainsi, alternant dans de grandes cases de somptueux paysages et des scènes de combats resserrés, l’artiste espagnol offre un spectacle visuel superbe. Il faut dire que les couleurs de Saïto y participent grandement : dans des teintes vives et chatoyantes, admirez les monts enneigés du village d’Ennlya, la beauté fine du royaume des elfes ou encore la fureur et la puissance des mers. 
Au final, même si, compte tenu du thème, un soupçon d’originalité aurait été le bienvenu, cette épopée possède suffisamment d’atouts pour séduire les lecteurs désireux de s’offrir un bon moment d’évasion. Le spectacle est impressionnant.
Dans ce bel écrin graphique, l’histoire se déploie majestueusement. Istin prend le temps de décrire les personnages importants : la colère du roi Rinn, la perfidie du conseiller Siemir, la cruauté sournoise des orcs… De plus, la fin réserve de belles surprises. Récit d’heroïc-fantasy dépaysant et prenant, le pilote de cette œuvre sans prétention offre un beau moment de détente et de plaisir. Une première partie engageante qui mêle harmonieusement monde légendaire et quête aventureuse fantastique. A suivre donc !!!

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