mercredi 13 mars 2013

Ciné - Jappeloup réalisé par Christian Duguay

Christian Duguay - Jappeloup : Un film authentique qui parvient à faire vibrer le spectateur, malgré un certain manque d'originalité !!!

Note : 3.75 / 5 

Synopsis : 
Au début des années 80, abandonnant une carrière d’avocat prometteuse, Pierre Durand se consacre corps et âme à sa passion, le saut d’obstacle. Soutenu par son père, il mise tout sur un jeune cheval auquel personne ne croit vraiment : Jappeloup.
Trop petit, trop caractériel, trop imprévisible, il a de nombreux défauts mais une détente et des aptitudes remarquables. De compétition en compétition, le duo progresse et s’impose dans le monde de l’équitation. Mais les JO de Los Angeles sont un terrible échec et Pierre prend alors conscience de ses faiblesses. Avec l’aide de Nadia, sa femme, et de Raphaëlle, la groom du cheval, Pierre va regagner la confiance de Jappeloup et construire une relation qui va les mener aux JO de Séoul en 1988.
Critique :
Quelques semaines seulement après "Turf" de Fabien Onteniente, voici que débarque sur nos écrans un nouveau long-métrage se déroulant dans le milieu équestre. Mais si les chevaux ont la côte, il n’est, cette fois-ci, plus question de comédie.
S’intéressant à l’histoire vraie de Pierre Durand, jeune homme destiné à un grand avenir d’avocat, qui plaque tout pour revenir à sa première passion, le saut d’obstacle, "Jappeloup" est également la chronique d’une famille qui a décidé de tout sacrifier pour permettre la réussite d'un fils. Et pour mettre en boîte cette histoire, c’est le réalisateur Christian Duguay, plutôt habitué aux séries B et aux gros muscles ("L'art de la guerre", "Suffer Island"), qui a été désigné. Projet atypique, le film est une plongée spectaculaire dans l’univers des grands concours équestres, entre intimité et grand spectacle.
On connaît tous plus ou moins le destin sportif de Pierre Durand, dont le sacre olympique dans la discipline du saut d’obstacles à Séoul en 1988 constitue le point d'orgue de ce biopic qui vaut moins par son final fédérateur que par le parcours humain du bonhomme. Le film met notamment en relief sa relation complexe avec son père (Daniel Auteuil, dans l'un de ces rôles empathiques dont il a le secret), ses emportements d’enfant gâté, son entêtement confinant à la bêtise, ses manières de putschiste (il fit virer Jacques Rozier, le capitaine de l’équipe de France d’équitation).
Si le film évite l’overdose de bons sentiments, c’est en particulier grâce à un scénario très bien ficelé. Refusant l’idolâtrie et la contemplation, le film n’a pas peur de montrer un futur héros national empli de failles, aussi antipathique qu’il peut être touchant. Guillaume Canet, également scénariste, excelle dans un rôle taillé pour lui, offrant aux spectateurs une palette d’émotions extrêmement variées. Canet, qui fut cavalier de haut niveau, n’occulte aucune zone d’ombre du personnage et laisse le soin à Christian Duguay, talentueux réalisateur canadien qui monte également, de mettre en scène les moments-clés avec une certaine maestria.
De l’habile montage parallèle du début à la première rencontre, sans paroles et d'anthologie, entre Durand (Canet) et Rozier (Karyo), en passant par toutes les scènes de compétitions et d’intimité que partagent Durand et sa femme, il y a une adéquation parfaite entre la forme, ambitieuse, et le fond, assez compact. Cependant à côté de Canet, le reste du casting ne déçoit pas non plus. Tous sont à leur meilleur niveau, en particulier Daniel Auteuil, en père aimant et attentionné, dont le charisme explose une fois de plus à l’écran.
Peinture familiale, le métrage est également l’incroyable histoire d’un cheval en qui personne ne voulait croire, celui-là même qui donne son nom au projet. Pour pouvoir l’apprivoiser, Pierre Durand va devoir multiplier les efforts, ne faire plus qu’un avec sa monture. S’installe alors une danse entre les deux, leurs corps se confondant dans une parade intelligemment filmée. Malgré le rythme soutenu, le réalisateur prend, en effet, le temps de s’attarder sur ces petits moments anecdotiques qui construisent les grandes épopées.
Et malgré tout, c'est peut-être là le réel défaut de ce très bon "Jappeloup". Si le film est intéressant, même plus intéressant que prévu pour ceux qui ne sont pas fans d'équitation, il traîne en longueur, particulièrement au milieu du film. Les échecs du jeune cavalier s'enchaînent et nous font nous demander s'il y arrivera un jour. En effet, les films sur les chevaux font rarement l'unanimité mais celui-ci n'est en aucun cas soporifique.
La mise en scène de Christian Duguay y est sans doute pour quelque chose. L'investissement de Guillaume Canet aussi, tant sa passion des chevaux se fait sentir. Ce dernier allant même jusqu'à reprendre l’entraînement, à faire insérer des images d’archives personnelles et à caster Marina Hands (formidable), son amour de jeunesse, rencontrée dans les paddocks. "Jappeloup", c’est aussi son histoire.
Au final, Guillaume Canet, qui a, en langage équestre, une bonne assiette aux yeux des producteurs, n’a pas reculé, et signe un film qui a du panache et vous emmène direct à Séoul. Scénariste et acteur, il a marié le caractère difficile du cavalier et celui du cheval. Ce film tient aussi par ses acteurs (Marina Hands, Daniel Auteuil dans le rôle du père, Jacques Higelin impeccable en éleveur,…) et par un récit aussi épique qu’hippique. Surtout, "Jappeloup" est un film qui célèbre, sans en gommer les aspérités, la ténacité et le désir. Beau parcours, vraiment !!!

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