samedi 14 juillet 2012

Livre - Just Kids de Patti Smith

Just Kids
          de Patti Smith

Note : 4.5 / 5

Synopsis :
C'était l'été où Coltrane est mort, l'été de l'amour et des émeutes, l'été où une rencontre fortuite à Brooklyn a guidé deux jeunes gens sur la voie de l'art, de la ténacité et de l'apprentissage. Patti Smith deviendrait poète et performeuse, et Robert Mapplethorpe, au style très provocateur, se dirigerait vers la photographie. 
Liés par une même innocence et un même enthousiasme, ils traversent la ville de Brooklyn à Coney Island, de la 42e Rue à la célèbre table ronde du Max's Kansas City, où siège la cour d'Andy Warhol. En 1969, le couple élit domicile au Chelsea Hotel et intègre bientôt une communauté de vedettes et d'inconnues, artistes influents de l'époque et marginaux hauts en couleur. 
C'est une époque d'intense lucidité, les univers de la poésie, du rock and roll, de l'art et du sexe explosent et s'entrechoquent. Immergés dans ce milieu, deux gamins font le pacte de toujours prendre soin l'un de l'autre. Romantiques, engagés dans leur pratique artistique, nourris de rêves et d'ambitions, ils se soutiennent et et se donnent confiance pendant les années de vache maigre.

Critique :
Cette critique ne sera pas classée dans la rubrique "Musique" mais bien dans celle des "livres", car contrairement à ce que vous auriez pu penser, il ne s'agit pas d'un nouvel album de Patti Smith mais d'un bouquin. Une autobiographie comme véritable roman de sa vie.
Râpeuse, trépidante, serrée, aimante : cette autobiographie résonne comme la voix de son auteur. Patti Smith a l'art du survol. D'une pudeur frénétique, elle effleure sa mémoire et tressaille d'une émotion contagieuse. Elle parle doucement, calmement. On est dans un des salons du Théâtre de l’Odéon, où elle donnera une performance le soir même. Cheveux longs, lâchés, jeans troués, veste d’homme oversize, bonnet, elle est, à 63 ans, d’une simplicité et d’une sincérité touchantes, elle qui, contrairement à d’autres, se souvient d’où elle vient, fidèle à elle-même, celle qu’on avait baptisée la marraine du punk-rock.
Just Kids commence comme une histoire d'amour et finit comme une élégie, brossant un inoubliable instantané du New York des années 60-70, de ses riches et de ses pauvres, de ses paumés et de ses provocateurs. Véritable conte, il retrace l'ascension de deux jeunes artistes, tel un prélude à leur réussite.
Le rock, dans ce livre, elle en parle, très peu – d’ailleurs le récit s’achève avec ses premiers concerts au CBGB et l’enregistrement de son premier album en 1975, Horses. Just Kids tient avant tout du roman d’initiation : c’est la Patti arrivée à New York en 1967, après avoir confié son bébé qu’elle a eu trop jeune à une famille d’accueil, qu’elle a choisi de raconter. La genèse de celle qui allait devenir la Patti Smith que l’on connaît.
Parmi toutes les figures emblématiques que croise Patti Smith sur sa route et qui font de son autobiographie un témoignage documentaire passionnant (Janis Joplin, Jim Morrison, Allen Ginsberg, Sam Shepard), un homme se détache. De somptueux clichés de sa figure d'ange émaillent le livre. Qu'il bâille, qu'il parle au téléphone, qu'il soit tapi dans l'ombre, son charisme saute au visage. C'est Robert Mapplethorpe, artiste plasticien qui "croyait en la loi de l'empathie, en vertu de laquelle il pouvait, par sa volonté, se projeter dans un objet ou une œuvre d'art, et influencer ainsi le monde extérieur". 
Elle débarque à New York sans argent, vit dans la rue, travaille chez Brentano’s, rencontre Robert Mapplethorpe, celui qui allait devenir l’un des plus grands photographes américains, passe son temps avec lui à dessiner et écrire, à s’aimer. Just Kids s’ouvre et se ferme sur sa mort, en 1989, du sida. Leur histoire d'amour, libre et éperdue, se niche dans leurs différences, que Patti Smith évoque la plume nouée, reconnaissante. Toxicomane et homosexuel, Robert voue une passion illimitée à sa compagne qui, le jour de leur rencontre, a su qu'il était son chevalier éternel.
Et elle s’est servi, pour ce livre qu’elle a pensé et écrit en plus de treize ans, de tous ses journaux intimes, où chaque détail était consigné, les coupes de cheveux qu’elle administre à Mapplethorpe à la lumière de la lune, ou l’atmosphère du New York des années 60 ou 70. L'intuition à vif, elle rebrousse aujourd'hui chemin tout en allant de l'avant. Et il fait bon être bercé par le roulis de ses souvenirs errants.
J'ai fermé ce livre de Patti Smith, pris par son émotion contagieuse. La rencontre fusionnel de deux êtres, qui se reconnaissent dès le premier regard, partagé par une seule et unique ambition, consacrer leur vie à l'art. Patti Smith raconte avec pudeur et émotion ces années où tout a commencé. Et si l’on referme ce livre la gorge nouée, c’est parce qu’elle parvient à nous faire ressentir la nostalgie du temps de l’innocence, ce temps où avec Robert, ils étaient "juste des gamins" !!!

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