mardi 17 juillet 2012

Ciné - Je me suis fait tout petit de Cecilia Rouaud


Cecilia Rouaud - Je me suis fait tout petit : Du déjà-vu en apparence qui cache une œuvre réellement emballante !!!

Note : 3.75 / 5

Synopsis :
Plus rien ne retient Yvan à Paris. Sa femme l’a quitté pour vivre en Thaïlande. Ses filles, adolescentes, ont choisi d’habiter chez sa sœur Ariane, aussi angoissée qu’admirable. Yvan est prêt à partir… quand débarquent dans sa vie la belle Emmanuelle, qui fait des enfants comme elle tombe amoureuse, et Léo, le petit garçon que sa femme a eu avec un autre. Yvan va devoir changer ses plans.

Critique :
Il faut se méfier du titre du premier long-métrage de Cécilia Rouaud, " Je me suis fait tout petit". La chanson du même nom de Georges Brassens n'y est pas chantée une seule fois, et ce qu'elle raconte, l'histoire d'un homme qui s'écrase par amour pour une "poupée",  n'a pas grand-chose à voir, a priori, avec le propos du film. Et pourtant, de l'amour, une poupée, des écrasements, on en trouve à foison dans cette drôle de comédie dramatique.
De l'amour : Yvan (Denis Ménochet) aimait plus que de raison sa femme, dont le départ pour la Thaïlande l'a laissé dévasté, jusqu'à ce qu'une jolie passante, Emmanuelle (Vanessa Paradis), réveille son palpitant endurci. Une poupée : c'est l'objet que trimballe sans cesse Léo, le petit garçon qu'a conçu avec un autre homme l'ex-épouse d'Yvan. Professeur bougon et père défaillant, Yvan écope de la garde de Léo, abandonné par sa mère, mais rechigne à s'en occuper, lui qui a déjà confié à sa sœur l'éducation de ses deux filles. Des écrasements : on tombe beaucoup ici - dans les pommes, sur le caniveau, dans les bras d'autrui, sur la tête et j'en passe.
On tombe tant et si bien que la recomposition de cette famille ô combien éclatée s'avère moins prévisible et plus mouvementée que le début du film, plutôt sage, ne le laissait présager. Irrattrapable, même par Emmanuelle qui déploie des trésors de légèreté pour l'extraire de sa pesanteur triste et lourdaude, Yvan chute et rechute sans cesse, bambin boudeur prisonnier d'un corps d'adulte, et de ce fait bien incapable de veiller sur le moindre marmot.
Le coup du père largué, tendance ours abattu, qui reprend goût à la vie, à l'amour, et tutti quanti, grâce à une poupée qui ne dit pas non : la recette sentimentale de" Je me suis fait tout petit" n'est pas neuve. Pourtant, comme Denis Ménochet, on est sensible au charme bohème de Vanessa Paradis retrouvée et au petit grain de folie de Léa Drucker, qui tire, une fois de plus, son épingle du jeu en frangine phobique mais qui se soigne.
Un premier film d'une infinie justesse qui fait la part belle à d'excellents comédiens. A commencer par Denis Ménochet, magistral et à qui le cinéma français doit désormais donner un paquet de premiers rôles. Prodigieux de charisme et de virilité fragile, Ménochet impose sa stature de un premier rôle atypique.  Son jeu, tout en nuances, imprègne pour longtemps la rétine. Et son duo avec la belle inconnue fantasque (Vanessa Paradis, très drôle) fait oublier le tempo inégal de cette jolie romance.
Malgré quelques clichés et une légère naïveté, ce premier film doit beaucoup à la fraîcheur de ses interprètes. " Je me suis fait tout petit" est la métaphore parfaite d’une aspiration vers le sol, où se mêlent le burlesque et le tragique, qui contribue paradoxalement à tirer le film vers le haut !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire