vendredi 26 avril 2013

Musique - Outlaw Gentlemen & Shady Ladies de Volbeat

Volbeat - Outlaw Gentlemen & Shady Ladies : Un album à la première écoute mitigée, mais qui risque de devenir une référence dans quelques temps !!!

Note : 3.75 / 5

Après avoir gravi les échelons et s’être taillé une solide réputation scénique, Volbeat, avec sa tambouille musicale détonante, était attendu au tournant. Après avoir développé une imagerie originale qui s’apparentait à l’Amérique des années 30, le groupe danois reste chez l’oncle Sam, mais visite cette fois le Far West et l’univers des westerns spaghetti. L’univers de Sergio Leone mêlé au talent du groupe a de quoi faire fantasmer le fan en quête de nouvelles ambiances.
À force de revendiquer son amour pour la country, il fallait bien que ça arrive. Pas un album de country, évidemment, mais un disque ayant pour thème les personnages de western. Produit par Rob Caggiano (ex Anthrax) qui en a profité pour prendre la place de guitariste laissée vacante depuis 2011 par Thomas Bredahl, "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies" est à la fois l'album le plus abouti de Volbeat et, curieusement, un cran en dessous de "Beyond Hell/Above Heaven".
Poulsen chante toujours aussi bien, c’est une constante sur les albums de Volbeat, mais le ton de ce nouvel album semble un poil plus sombre que les précédents, et le songwriting enfin revenu à un bon niveau, de même que les influences thrash de Metallica ("The Hangman’s Body Count" par exemple), qui occupent à nouveau le devant de la scène partageant le rôle principal avec les habituelles influences 50′s mais aussi celles revendiquées depuis longtemps par Poulsen, à savoir les influences country (Poulsen étant un grand fan de Johnny Cash) particulièrement audibles sur "Pearl Heart", "Lola Montez" ou sur le très réussi "Doc Holliday" qui mêle banjos et riffs thrashy en diable.
Idem pour "Our Loved Ones" sur lequel l’harmonica ouvre le bal. Volbeat continue également d’effectuer quelques détours par une pop efficace et vraiment bien écrite, comme sur le single "Cape of our Hero", très radio-friendly mais tout à fait réussi ou sur le bien rythmé "My Body".
À chaque fois qu'un groupe obtient un peu de succès et a le malheur de sortir un album un poil plus accessible, plus mélodique (parfois simplement plus recherché), l'accusation de mercantilisme n'est jamais bien loin dans le chef de file des fans de la première heure. Fans qui ont généralement cette fâcheuse tendance à considérer que si le groupe est là où il en est, c'est bien évidemment grâce à eux, ce qui interdirait tout changement, au risque de les décevoir.
Je ne suis pas ici pour juger cette tendance, qui a ses arguments, et après tout, nombre sont les groupes qui de toute façon ne varient pas d'un iota leur formule et s'en portent très bien, merci pour eux. Mais force est de constater qu'elle est quasi-systématique, comme auront pu le constater Slipnot, In Flames, Marilyn Manson, Mastodon, et bien évidemment le "cas d'école" Metallica avant eux. Non, le vrai problème est quand ce changement d'orientation s'accompagne d'une perte d'efficacité, de qualité de composition.
C'est sur une douce introduction acoustique, "Let's Shake Some Dust" que l'album commence. Traduit littéralement, "Secouons un peu de poussière" porte bien son nom car ces 90 secondes nous emmènent dans une ambiance de désert digne des westerns de Clint Eastwood. Malheureusement, la promesse n’est pas toujours tenue. En effet, l’univers western n’est exploité que sur quelques titres de l’album. On s’imagine ainsi les paysages arides s’étendant à perte de vue lors de l’intro, on voit le bandit, la cordelette au cou, sous sa potence dans "The Hangman’s Body Count", ou encore la cavalcade endiablée du couple Michael Poulsen / Sarah Backwood sur "The Lonesome Rider", qui sont autant de titres réussis de cet album. On notera également que le groupe peut allier cette ambiance d’un autre âge avec son heavy metal contemporain, avec "Doc Holliday".
Ainsi, une fois l'intro passée, il faudra attendre la chanson "Dead But Rising" pour vraiment sentir que l'album décolle d’une belle façon. Je n'ai vraiment pas été impressionné par les deux premières chansons "Pearl Hart" et "The Nameless One", les deux pistes (avec une ou deux autres) fragilisant un album qui aurait pu être d'anthologie.

Après un "Beyond Hell/Above Heaven" qui proposait paradoxalement les titres les plus radio-friendly de leur histoire jusque-là ("Fallen" et "Heaven nor Hell" en tête) mais également de vrais brûlots metal, accompagnés par exemple de valeurs sûres comme Mille Petrozza de Kreator et Barney de Napalm Death, Volbeat s'était imposé comme un groupe majeur, bientôt considérés par la plèbe comme les "nouveaux Metallica".
Conquérir le public metal était fait. L'objectif suivant était clair : entrer dans la cour des grands. Franchir l'étape supplémentaire, l'étape franchie par Metallica sur son "Black Album", ne plus être un groupe majeur du metal, mais un groupe majeur du rock. Un groupe majeur tout court. Le single "Cape Of Our Hero" allait dans ce sens : harmonies de guitare volbeatesques, voix caractéristique de Poulsen, le tout enrobé dans de superbes mélodies et un refrain tout simplement idéal. Un tube, un vrai, une réussite, plus accessible.
Malheureusement, si la variété des influences avait été un point fort sur "Beyond Hell/Above Heaven", elle tire "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies" un peu vers le bas en donnant un album mitigé. Un opus dans lequel les points forts, comme par exemple "Cape Of Our Hero", le très volbeatien "Dead But Rising" ou le sombre "Room 24", qui présente une prestation convaincante du légendaire King Diamond, se retrouvent parasité par des titres un peu trop passe-partout, comme "Lola Montez" et "The sinner is you".
Là où le précédent album était très direct et générait une énergie proche d'un AC/DC, "Outlaw Gentlement & Shady Ladies" est parfois un peu alambiqué et fait surtout penser dans sa construction à "Johnny the Fox" de Thin Lizzy. Au jeu des références, "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies" contient également deux titres dont l'emprunt à Black Sabbath est plus qu'évident avec "Dead But Rising" et surtout "Room 24".
Fidèle au thème choisi, Volbeat tire finalement le mieux son épingle du jeu avec "Our Loved Ones" introduit par un harmonica qui n'aurait pas dépareillé "d'Il était une fois dans l'Ouest", et "Doc Holliday" où Volbeat fait un usage magistral du banjo. Un autre vent de fraicheur sur l'album est la chanson "Lonesome Rider", avec comme invité la chanteuse Sarah Blackwood. Le duo s'en donne à cœur joie dans un mélange de country et rockabilly ! Sans oublier le refrain vraiment accrocheur !
Au final, avis mitigé pour "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies". Si certains morceaux sont assez décevants, les autres chansons sont d'un calibre supérieur. Les Danois nous font passer un bon moment, mais avec un léger arrière-goût. Alors que la formation est, qu'on se le tienne pour dit, un grand groupe, capable de faire passer de grands moments.
On peut gager que "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies" a tout pour séduire les États-Unis à qui il s'adresse en priorité. C'est certainement le prix à payer pour grandir encore, avec un album qui risque bien de devenir une référence dans les années qui viennent, à défaut de convaincre totalement sur l'instant !!!

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