mercredi 20 février 2013

Musique - Push The Sky Away de Nick cave and The Bad Seeds

Nick Cave and The Bad Seeds - Push The Sky Away : Un disque apaisé sans réel fil conducteur, mais terriblement harmonieux !!!

Note : 4 / 5

A l'aube de ses 56 ans et pour son quinzième round avec les Bad Seeds, Nick Cave sort un album intéressant. Décrit par son auteur comme "beau et mélodique", on pourra ajouter que "Push the Sky Away" est cohérent et envoûtant en grande partie. Profondément posé et plus crooner que jamais, l'agitation vient des voix en retrait, d'une ligne de basse et des violons de "Jubilee Street". A l'inverse de sa pochette qui nous montre tout dès le premier coup d'oeil, il faudra être patient pour que "Push the Sky Away" dévoile son potentiel. 
Congratulé par la critique, le précédent opus, "Dig, Lazarus, Dig!!!", prouvait encore une fois que ce bluesman littéraire n'en finissait pas de se promener, avec une savante production, dans un déluge de mots et de visions apocalyptiques, entre l'amour et la mort. Depuis ce dernier, paru en 2008, Cave a écrit le scénario "Des hommes Sans Loi" ainsi que sa bande originale et celle du sublime "La Route". C’est dire si "Push The Sky Away" était attendu de pied ferme. Il en résulte que les australiens livrent un quinzième opus s’annonçant comme une pépite de blues tranquille aux textes affinés.
L'album est bref mais intense. Il comporte neuf titres balayés en une quarantaine de minutes avec le Bad Seeds en grognards de rigueur. Guitares domptées, claviers tempérés, mélodie de velours pour ballades crépusculaires, "Push the Sky Away" est l'un des disques les plus apaisés de Nick Cave et ses Bad Seeds.
Le prolifique crooner (scénarios, livres, disques), accompagné de ses mauvaises graines, sort donc un quinzième album à la beauté sombre et éblouissante. Le "prince des ténèbres" chante, avec une extrême douceur et d'une voix sereine (qui fait parfois penser à Leonard Cohen), des histoires de sirènes, d'âmes damnées et de rédemption.
"Push The Sky Away" est un album qui fait l'économie de l'agitation et de l'extravagance. Pas une guitare plus forte que les pianos, pas un coup de cymbale pour effrayer les violons. Pour autant, c'est aussi un disque rythmé, en lenteur, et intense. Auto-influencé par ses dernières B.O de films, Cave hausse rarement la voix et reste dans cette ambiance théâtrale et cinématographique.
Égal à lui-même, le chanteur plante son air sombre et sa voix grave dès "Who No Who U R" (qui cette nouvelle galette), étrange ballade électronique peu dans l'habitude du rocker dont le rythme ténu est soutenu par des bribes soufflées et un chœur furtif. La voix est toujours prenante.
Le "Wide Lovely Eyes" qui suit, bien que joliment élégiaque, relève encore de la mise en jambe avant les sursauts rock de "Water's Edge" et le premier grand sommet du disque, "Jubilee Street". Un long morceau vénéneux défilant dans une atmosphère lugubre, enveloppée d'un linceul de cordes. D'ores et déjà un classique millésimé du grand Cave.
Le plus étonnant est que Nick Cave et ses Bad Seeds nous prennent par surprise en montant plusieurs fois la tension sans jamais exploser comme sur les nombreuses ballades que sont "Wide Lonely Eyes" ou la fantomatique "We Real Cool". Les structures sont trompeuses, la batterie reste en sourdine et si certains aimeraient que la furie sorte de son cercueil pour foutre le feu à des morceaux intenses qui pourraient manquer d'énergie, au fil des écoutes pourtant les morceaux prennent de l'ampleur.
Au final, même si une touche de désinvolture en forme de rock'n'roll aurait sans doute transcendé ce moment de recueillement en une célébration extatique jubilatoire, ce quinzième LP reste néanmoins de haute volée. Un de plus au compte de cet immense songwriter. Ce dernier opus, avec son atmosphère malsaine et mystérieuse, mérite sérieusement qu'on y plonge.
Nick Cave est de retour pour asséner quelques directs. Sans ligne directrice évidente, "Push The Sky Away" s'avère toutefois harmonieux dans son déroulement sur un tempo ralenti et menaçant. Son auteur a l'art de laisser monter doucement la tension et de se faufiler tel un serpent entre les notes avant de pointer un dard tétanisant. Et encore une fois, nous sommes touchés !!!

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