Note : 4.5 / 5
Jake Bugg, un gamin de Nottingham, est né en 1994, ce qui lui fait 18
ans seulement sur la carte d’identité. Et déjà un deal avec une major et
des critiques dithyrambiques dans les canards de sa Majesté pour un
disque sorti il y a une poignée de semaines là-bas. Il faut dire que Jacob Edwin Kennedy, de son vrai nom, remplit
bien le cahier des charges lui permettant de prétendre au statut de
"chouchou de l’indie anglais" : coupe de douille comme Liam Gallagher en 1994, assurance
à la Lee Mavers et veste Fred Perry comme les piliers de pub british, accent nordiste très prononcé, affinités évidentes
avec un certain Noel Gallagher qui l’a emmené en tournée et une approche musicale qui mélange respect des anciens et aspirations modernistes.
L’histoire de Jake Bugg
ressemble presque à un conte de fées. Il se destinait au foot, mais il
change d’avis lorsqu’à douze ans, son père lui offre sa première guitare
et lui fait écouter Oasis et Neil Young.
A treize ans, il commence à écrire ses propres chansons. A quinze ans,
il va jouer dans les pubs après l’école. Trois ans plus tard, choisi par
la BBC, il se produit au festival de Glastonbury sur la scène des nouveaux artistes et signe un contrat. Cet été il était présent au festival de Reading. Il se produit également en première partie de la tournée de Noel Gallagher et ses High Flying Birds.
Une voix troublante, des chansons vintage, belles, courtes et efficaces, 2013,
sera l'année Jake Bugg. Les premiers singles de son premier album, qui sort en France fin
janvier en physique, caracolent en tête des charts britanniques. Mais Jake Bugg,
18 ans redisons-le, garde la tête froide et fait preuve d'une maturité étonnante. Celui que
la presse compare déjà à Jimi Hendrix et Bob Dylan explique que tout a commencé
avec un épisode de la série les Simpsons en entendant la chanson "Vincent" de
Don Mc Lean.
Alors Jake a décidé de se créer son propre univers et, à ce petit jeu là, c’est la foire aux références d’un bout à l’autre de ce premier album éponyme. Il va d’abord piocher du son rétro chez Donovan ou les Beatles (certains n’hésitent d'ailleurs pas à s'enflammer un peu et le désignent comme le nouveau Dylan).
A cela, il y ajoute une dynamique moderne.
On se retrouve avec de
belles ballades folk-rock, notamment la magnifique "Seen It All" qui
vous touchera immanquablement en plein cœur. On a sur cet album un
mélange de psych-folk, pop-folk façon sixties et typiquement anglais.
Mais, la présence d’harmonica (sur "Simple As This") ou la guitare
sonnant parfois très ouest américain sur d’autres titres, nous amènent
tout droit de l’autre côté de l’Atlantique. Des morceaux comme "Trouble
Town" nous projettent agréablement dans cette ambiance country sous le
soleil du Far West. Un style qui séduit, puisque la joyeuse et dansante "Lightning Bolt" est la bande-son d’une des pubs de la bière Greene King. Elle a également été jouée lors de la victoire d’Usain Bolt sur 100 mètres aux JO de Londres.
En résumé, voix de corbeau dylanienne, folk à la Donovan, élégance digne d’un Alex Turner, rythmiques empruntées à Johnny Cash ou adoration de tous les instants pour la discographie des Beatles. Mais dans cette manière qu’a Jake Bugg de se foutre des époques, le kid des East-Midlands nous fait surtout méchamment penser à Jamie T,
autre talent précoce et porte-étendard d’une génération YouTube dont
les adeptes parviennent occasionnellement à tirer quelque chose de bon
de cette boulimie musicale.
Le défaut de ce disque est qu’il y a un peu
trop de ballades au final, car certaines ("Country Song", "Someone
Told Me") sont vraiment lassantes et soporifiques. A la place, un peu
plus de titres pêchus façon "Taste It" et "Lightning Bolt" ne
seraient pas de refus. Car les solos de gratte (un peu courts
malheureusement) sont d’enfer. Bon après, l’avantage de certaines
ballades ennuyeuses, c'est que la voix de Bugg est plus que jamais mise
en valeur. Sur "Broken" par exemple, sa beauté est multipliée par
mille.
Finalement, Jake Bugg nous offre un album à base de sincérité et de
fraicheur. Accompagné de peu d’instruments, il fait dans la simplicité
et l’élégance et réussit à nous séduire avec intelligence. Une guitare dans une
main, une cigarette dans l’autre, laissez-le ouvrir la marche et vous
emmener avec lui dans la magie de son monde et de sa musique.
Alors oui, ce disque n’offre pas la moindre
surprise, si ce n’est celle d’enchaîner, avec une aisance déconcertante vu l’âge de son interprète, des titres d’une maturité
folle, d’une variété bienvenue et qui se valent presque tous qualitativement
parlant. Et pour le coup, les médias anglais si friands de superlatifs
peuvent bien s’emballer, car ce gamin en vaut vraiment la peine !!!
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