Note : 4.5 / 5
Synopsis :
En 2038, la ville de New York n'est plus que l'ombre d'elle-même. L'apocalypse l'a ravagée. La métropole est totalement vidée de ses habitants et des créatures étranges hantent désormais les lieux.
En 2038, la ville de New York n'est plus que l'ombre d'elle-même. L'apocalypse l'a ravagée. La métropole est totalement vidée de ses habitants et des créatures étranges hantent désormais les lieux.
Une secte s'implante dans ce décor en ruine. "Les Treize Ombres", telle
qu'elle se nomme, surveillent un entrepôt désaffecté et s'apprêtent à
une lutte acharnée contre ces monstres. Baal rend visite à Luz, son
élève. Afin d'être prêt au combat, il lui confie une épée, mais pas
n'importe laquelle. Il s'agit de Malefic, une lame qui traverse
l'histoire et fait régulièrement couler le sang. Pour Luz, Malefic est
le prétexte rêvé pour enfin venger sa compagne.
Critique :
Les fans de l'artiste espagnol Luis Royo attendaient avec impatience ce projet débuté en 1994. "Malefic Time" a dévoilé quelques-unes de ses planches dans l'artbook "Malefic". A l'instar de "Dead moon",
Luis Royo narre une histoire qu'il illustre aussi. Si cet exercice n'en
fait pas une bande dessinée à proprement parler, les amateurs d'heroic-fantasy et de beaux dessins apprécieront bien évidemment cet univers
post-apocalyptique.
L’Apocalypse selon les Royo est humide, glacial et peuplé de créatures
sorties d’une parade gothique. Le Manhattan de l’année 2038 est devenu
le champ de bataille d’un conflit opposant des forces ésotériques
supérieures. Après avoir planté ce décor, le récit du roman graphique
s’attarde sur le personnage de Luz, une goth mélancolique et dangereuse
qui, en raison de ses origines mystérieuses, sera appelée à jouer un
rôle qui la dépasse. Elle est accompagnée de Soum, membre d’une secte
occulte nippone, envoyée en mission dans ce New York ravagé, et d’un
geek vaguement emo, Allen.
Impossible de faire autrement que de baver devant
les magnifiques illustrations. Du visuel de couverture à la dernière
page, tout n'est que sensualité et beauté sombre jusque dans les
moindres détails. Devenu incontournable depuis "Dead moon", Luis
Royo nous offre un album riche, à mi-chemin entre le néogothique et la
Dark Fantasy, d'une complexité fascinante, qui nous entraîne dans un
monde post-apocalyptique, brutal, sans concession, mais passionnant. L'artbook lui-même est une pépite, accompagné d'un DVD très intéressant qui propose quelques suppléments non négligeables.
Si la narration
n’est pas un modèle de fluidité, les textes de Romulo Royo
semblant davantage destinés à contextualiser les superbes illustrations
de son père Luis, le récit se révèle plus maîtrisé que sur "Dead moon" et conserve de petites zones d'ombre sur ce qui se passera dans les deux autres volets prévus. L’intérêt de l’ouvrage réside cependant surtout dans ses illustrations.
Essentiellement des huiles et acryliques sur papier, les peintures de
Luis Royo sont splendides. L’artiste a eu la bonne idée de lever le pied
à la fois sur l’aérographe et sur l’usage des couleurs, pour livrer des
tableaux sobres, quasi monochromatiques, dans des tons gris ou sépia,
relevés parfois d’une touche de rouge ou de bleu. Avec un sens aigu de
la lumière (voir par exemple le vol épique des "anges" dans la
cathédrale St. Patrick), Luis Royo retranscrit magnifiquement
l’atmosphère de solitude et de désolation qui règne dans l’univers
gothique et post-apocalyptique de "Malefic Time".
L’artiste offre de
sublimes vues de son Manhattan déchu : des gratte-ciel rongés par
l’humidité, des rues désertes dévorées par la brume, des carcasses de
voitures abandonnées, des rames de métro désaffectées… Certaines
illustrations s’étalent sur des doubles-pages à couper le souffle qui
invitent le lecteur à promener longuement son regard pour s’y immerger
pleinement. Quant aux femmes, sujet de prédilection de Luis Royo, elles
sont, sous l’ahurissante finesse du trait de l’artiste, plus éthérées et
plus gracieuses que jamais.
Ainsi visuellement, il semble inutile de dire que
Luis Royo atteint un niveau de finition assez hallucinant. D'une beauté
incroyable, ses personnages sont fins et possèdent un aspect sensuel
indéniable. Luis Royo partage chaque étape créatrice avec Romulo Royo,
son fils, aux dessins et au scénario. On peut donc dire que les Royo
délivrent ici une saga pleine de promesses.
Le livre est accompagné d’un DVD offrant de nombreux bonus : une sorte
de making-off, des scènes coupées, un commentaire de l’œuvre, un musée
virtuel ainsi que cinq titres composés et interprétés par le groupe de métal mélo-progressif espagnol, Avalanch, sur le thème de "Malefic Time". Tout ceci afin de prolonger et d’approfondir l’expérience.
De la couverture jusqu’à la quatrième de couverture cet album est une véritable réussite dont il nous tarde de voir la suite. En bref, une réussite de par son contenu mais également grâce à l'édition très soignée de Milady Graphics qui nous balance, pour cette fin d'année, une véritable bombe à ne surtout pas manquer !!!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire