Note : 3.5 / 5
Synopsis :
L’année 1969 en Italie est marquée par une vague de grèves et de
manifestations. Le gouvernement conservateur, s’inquiétant de l’avancée
du parti communiste, met en place un réseau d’informateurs et
d’infiltrés dans les partis d’extrême gauche et d’extrême droite.
Le 12
décembre, une bombe explose à la Banque Nationale d’Agriculture sur la
Piazza Fontana, faisant 17 morts et 88 blessés. Le commissaire Luigi
Calabresi est chargé de l’enquête. Très vite il recherche les
terroristes dans les milieux d’extrême gauche. Lors d’un interrogatoire à
la préfecture de Milan, le non violent Giuseppe Pinelli, membre
fondateur d’un cercle anarchique, tombe par la fenêtre et décède.
Calabresi, absent au moment du drame, doit se fier aux témoignages des
policiers présents qui s’accordent sur une version officielle de
"suicide comme aveu de culpabilité". Mais leurs explications, peu
convaincantes, divisent l’opinion publique. Peu à peu, Calabresi a la
certitude qu’il faut aller chercher les responsables dans les hautes
sphères politiques.
A ce jour, personne n’a été déclaré coupable dans l’attentat de
Piazza Fontana qui reste l’une des affaires les plus sombres de
l’histoire contemporaine de l’Italie.
Critique :
Dans un célèbre article publié en 1974, Pier Paolo Pasolini (journaliste, écrivain, etc., bref, un des plus grands intellectuels italiens du XXème siècle) déclarait connaître les noms des commanditaires des troubles qui déstabilisaient l'Italie de la fin des 60's. Mais il lui manquait des preuves.
Depuis, les langues se sont déliées. En recoupant la somme des informations remontées à la surface, Marco Tullio Giordana révèle les manœuvres extrêmement nébuleuses qui visaient à instaurer, en Italie, une dictature militaire comme celle qui existait en Grèce.
Marco Tullio Giordana nous plonge dans une affaire tombée dans
l’oubli mais qui a joué un rôle majeur dans l’histoire de l’Italie
moderne. L’attentat de la Piazza Fontana marque le début d’une enquête
policière aux ramifications tentaculaires et qui dépasse très vite le
domaine de l’inspecteur Calabresi pour prendre des implications
nationales et même internationales sur fond de montée du communisme et
du néo-fascisme en Italie et de guerre froide dans le monde entier.
Nous avons ici affaire à un véritable polar, pas à un film d’action
déguisé mais une vraie enquête policière poussée, avec ses innocents, ses
suspects, des juges, des préfets, des actions en sous-main, des
implications politiques, des pressions, tout y est. La grande force du film est d’arriver à présenter d’une manière claire
et simplifiée cette affaire tentaculaire tout en évitant la caricature
et en évitant de désigner des coupables.
On est très loin des bonnes vibrations qui avaient valu au cinéaste une renommée internationale avec "Nos meilleurs années" (2003). Cette fois, reprenant l'enquête commencée par un commissaire trop curieux, le réalisateur reconstruit avec fluidité une affaire marquée par les morts suspectes et les preuves escamotées.
Giordana maîtrise l’exercice, il jongle avec le temps pour le
déconstruire, le recréer dans le cadre et il le fait avec une facilité
déconcertante. Cela paraît si facile qu’on n’imagine plus la difficulté de
ce type de reconstitution. Aujourd'hui, aucun coupable n’a encore été désigné, Giordana avance sa
théorie au prix d’une mise en scène au cordeau, précise, sans appel,
conviant tous les acteurs de cette tragédie à la barre de la justice
rétroactive. Le président Saragat, le premier ministre Moro, le
commandant Calabresi, l’activiste anarchiste Pinelli, enquêteurs,
extrémistes de droite, de gauche… tous confirment l’intuition qu’avait
déjà eue Pasolini dans en 74, à savoir que les responsables étaient des néo-fascistes. Pasolini fut assassiné un an plus tard.
Valerio Mastrandrea |
L’histoire racontée ici est un gigantesque puzzle dont on nous fournit
la plupart des éléments et des pistes. Il nous faudra nous faire notre
propre opinion et naviguer parmi la complexité des rouages de l’affaire.
La réalisation et l’interprétation sont sans failles et permettent au
spectateur de se reposer sur les acteurs (notamment un Valerio Mastrandrea et un Pierfrancesco Favino époustouflants de justesse et de sincérité) et la mise en scène pour lui
fournir les éléments sans le perdre.
Les premières 90 minutes sont une succession de scènes de discussion et
d’interrogatoires, une démonstration statique d’éléments à charge qui
n’ont pas grand-chose de cinématographique. Mais il faut passer par là,
présenter tous les intervenants, puis scolairement éliminer une à une
toutes les pistes de l’enquête.
Il faut attendre la dernière demi-heure du film pour entrer de plein
pied dans la vision du cinéaste, dans cet espace dédié à
l’interprétation, là où il peut se laisser aller à donner une opinion
subjective. Il exploite alors la subjectivité du commissaire Luigi
Calabresi (Valerio Mastandrea) avec lequel il partage
les opinions dissidentes, à savoir que les responsables sont dans les
hautes sphères de l’Etat. Dans cette Italie de la fin des années 60, les
hommes honnêtes et sincères finissent tous assassinés, il faut un
certain courage pour le rappeler et remuer le passé chloroformé. Le
réalisateur terminera d’ailleurs son film sur le plan d’un homme abattu,
la tête en sang.
Dans cette dernière demi-heure, il y a une proposition de cinéma qui
n’est plus à ranger dans la reconstitution ou le travail journalistique,
on touche à quelque chose qu’on pourrait appeler une conscience
historique. Calabresi doute, s’interroge, dialogue en silence avec le
fantôme de Pinelli, la mise en scène s’étoffe de mouvements de caméra
aériens, ça devient beau, touchant. Tout simplement parce qu’à
l’exercice de reconstitution Giordana a préféré l’échappée intérieure et
subjective.
Pierfancesco Favino |
On ressort de ce film un peu plus paranoïaque qu’avant. Et si tout était
plus complexe qu’il n’y paraît ? Et si chaque affaire avait des
implications qui remontent jusqu’au plus haut niveau ? Les réponses à
l’affaire de la Piazza Fontana ne sont pas fournies et les réponses
amènent d’autres questions.
Marco Tullio Giordana parvient à renouer avec ce qu’il fait de mieux,
induire dans la reconstitution historique une émotion de l’individu face
à la froide raison de l’État. Le film ne s'adresse pas seulement aux Italiens, il rappelle les dangers qui menacent la démocratie quand elle est trop faible.
Au final, "Piazza Fontana" est un vrai polar "à l’ancienne" qui retrouve l’ambiance de la fin des
années 60, une enquête d’une très grande complexité basée sur un fait
réel et présentée clairement par le réalisateur. Bien joué, bien filmé,
très documenté, le film est également un hommage à Pier Paolo Pasolini,
admiré par le réalisateur et qui avait notamment enquêté sur l’affaire à
l’époque !!!
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