Note : 4.5 / 5
Synopsis :
La place de Bob Marley dans l’histoire de la musique, son statut de
figure sociale et politique et l’héritage qu’il nous laisse sont uniques
et sans précédent. Ses chansons délivrent leur message d’amour et de
tolérance, de résistance à l’oppression, et transcendent les cultures,
les langues et les religions aujourd’hui encore, avec la même force que
lorsqu’il était en vie.
En collaboration avec la famille de l’artiste (qui a ouvert ses archives privées pour la première fois), Kevin
Macdonald a réuni une mine d’informations, des images d’archives
rarissimes et des témoignages poignants qui interrogent le phénomène
culturel tout en dessinant le portrait intime de l’artiste, depuis sa
naissance jusqu’à sa mort en 1981, faisant définitivement de MARLEY le
film documentaire de référence, au moins pour les 30 années à venir.
Critique :
Grâce à la coopération de la famille Marley et à une soixantaine
d'interviews, on approche la complexité de l'homme, ses blessures,
l'amour de son pays, son aura spirituelle (il fut le porte-parole du
mouvement rastafari), son courage et son pacifisme militant. Marley
est un puissant film hommage, honnête et respectueux dans son approche
politique, spirituelle et musicale sur l’une des plus grandes icônes du
XXe siècle. Il fourmille d’anecdotes toujours intéressantes grâce à ces
images d’archives personnelles, d’enregistrements de concerts, de
photographies inédites, d’interviews fortes de Bob Marley lui-même, de
sa famille, de ceux avec qui il a travaillé, et même d’une de ses
amantes (qui fut élue miss Monde en 1976 et avec laquelle il a eu un
enfant Damian).
Les qualités du film ne sont pas seulement à attribuer au sujet, mais aussi à son réalisateur, passionnément fasciné par l'Afrique. Kevin
Macdonald (notamment réalisateur du sublime "Le dernier Roi d’Écosse") a su se réapproprier tout ce matériel pour redonner vie en
demi-teinte à cet artiste, né d’une mère afro-jamaïcaine et d’un père
blanc d’origine anglaise, capitaine de la Royal Navy, qu’il a à peine
connu. Il mêle ainsi avec talent les réminiscences des uns et des autres
qui se contredisent encore aujourd’hui, sa grande passion pour le
football et ses nombreuses relations amoureuses avec lesquelles cet
homme plutôt timide et réservé a reconnu 11 enfants de 7 femmes
différentes dont son épouse Rita Marley.
Le cinéaste lui-même endosse le rôle d'acteur-observateur candide, enivré, mais pas dupe, par la beauté de la Jamaïque, le charisme du chanteur et de ses femmes. Avec un regard distancé et rationnel, face à la légende et le mysticisme du rastaman, Macdonald ne se laisse jamais dépassé par son sujet, et il retrace la vie électrisante de la star dans sa complexité et ses contradictions (notamment politique), voir même dans sa fragilité.
Ainsi, loin
des clichés du rasta gavé de fumette, on apprend (avec étonnement)
qu'il aimait composer très tôt le matin, qu'il buvait beaucoup de jus
de fruits, qu'il gardait sa maison toujours ouverte à quiconque voulait
entrer, sans pour autant qu'il y règne le bazar. Plus étonnant encore,
on le découvre en papa sévère et peu concerné, aux démonstrations
affectives restreintes, aux dires de ses enfants. Lui qui donne tant aux
autres ne fait pas de même avec les siens. Et de constater que le
mariage n'était pour lui qu'un rite sans réelle implication émotionnelle
au vu de ses innombrables maîtresses (et non moins innombrables enfants
illégitimes).
De nombreux moments forts et poignants charpentent ce documentaire, comme une version au piano, inédite, inconnue et déchirante, de "No Woman, No Cry" interprété par Peter Tosh. Ou encore la séquence où le demi-frère blanc de Bob Marley écoute les paroles de "Cornestone" et en comprend la signification, cri de désespoir et de tristesse.
Portrait imparable, sans concession, rythmé par les témoignages des proches, "Marley" se déguste avec un plaisir non feint, et ceci même si on n'est pas un fan !!!
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