Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Dans un New York en ébullition, l'ère du capitalisme touche à sa fin.
Eric Packer, golden boy de la haute finance, s’engouffre dans sa
limousine blanche. Alors que la visite du président des Etats-Unis
paralyse Manhattan, Eric Packer n’a qu’une seule obsession : une coupe
de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville. Au fur et à
mesure de la journée, le chaos s’installe, et il assiste, impuissant, à
l’effondrement de son empire. Il est aussi certain qu’on va
l’assassiner. Quand ? Où ? Il s’apprête à vivre les 24 heures les plus
importantes de sa vie.
Critique :
Celui qui possède tout peut-il encore désirer quoi que ce soit ? Cette question hante Eric Packer tout au long du film sans qu'il parvienne à la formuler.
Cronenberg adapte avec brio l’œuvre de Don Delillo, racontant l'odyssée d'un jeune magnat de la finance qui fait défiler collègues, médecin personnel ou maîtresse dans sa limousine hyper high-tech. Avec Cosmopolis, il réussit une adaptation virtuose du roman culte de Delillo en se démarquant notablement du roman original. Alors que dans le DeLillo, Eric Packer est
conscient de la montée du cours du Yen, il est ici dépassé par la chute
du Yuan. Et il ne pourra jamais coucher avec sa femme, un des fils rouges
du livre. Loin de lui nuire, ces deux différences majeures enrichissent
l’adaptation.
Aussi bien dans le film que dans le livre, le héros, obsédé par l’idée
de sa propre mort, la recherche activement et alors qu’on attendait Robert Pattinson
au tournant, il s’avère être capable d’une profondeur sidérante. Avec
virtuosité, il fait passer des dialogues opaques (largement extraits du
livre) et donne vie à un personnage en pleine rédemption en mettant
constamment son image en danger. Il incarne à merveille le mélange de jeunesse et de cruauté, de sex-appeal
et de déliquescence, de désir et de mort, qui sont l'essence même du personnage. Eric Packer étant rongé par la maladie de la gagne
confinant à la pathologie morbide.
La réalisation est un modèle de simplicité et d'invention. Cronenberg va même jusqu'à intégrer une sensualité perverse et malsaine aussi attirante que repoussante.
Les plans de New-York sont sublimes : les vues en coupe de la ville permettent toutes les lectures symboliques possibles. Babylone de
l’Occident, cité phare de la civilisation capitaliste depuis une
centaine d’années, le New-York City de Cosmopolis est un concentré de notre monde. Les très riches et les très pauvres y cohabitent, et c’est vieux
comme le monde. La nouveauté, c’est la promiscuité entre maîtres et
quidams induite par les nouvelles technologies.
S'il est un défaut, c'est celui de sa principale qualité ! Il est incontestable que le film s’avère extrêmement
verbeux et qu’on peut très vite se sentir dépassé. Sa nature
expérimentale s’accorde en tout cas avec le point de vue négatif du
cinéaste, et transforme Cosmopolis en un essai philosophique
réussi qui s’attaque aux fondements du monde moderne, et pas seulement
ceux de la finance.
Cronenberg réalise une véritable allégorie visuelle d’un monde dépendant de la technologie,
prisonnier de la Bourse et hautement paranoïaque tout en noyant le
spectateur sous un discours volontairement abscons et invasif. Le tout relevé par l'oppressante et géniale bande son d'Howard Shore.
Déconcertant, agaçant, étonnant et intellectuellement excitant, Cosmopolis est à voir ABSOLUMENT !!!
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