vendredi 14 juin 2013

Livre - La Geste du Sixième Royaume d'Adrien Tomas

La Geste du Sixième Royaume
                                                 d'Adrien Tomas

Note : 4 / 5

Synopsis :
Cinq royaumes des plus turbulents se combattent sans relâche depuis des décennies. Au cœur même de ce monde se trouve le Sixième royaume, la Grande Forêt. Des palais luxueux aux cases les plus misérables de Val ou encore dans les villages mouvants des yogourts des plaines venteuses de Khara, partout l’on conte les légendes de la Grande Forêt, terre d’asile des créatures fantastiques qui peuplent les rêves les plus fous ou les cauchemars les plus noirs.
Un jour les cinq royaumes s’unissent sous la bannière Seï et la Déesse Seva pour détruire la Grande Forêt. Venus des cinq royaumes des aventuriers que rien ne lie se lèvent et prennent la route vers cette immense forêt sauvage. Moineau, la sorcière Grise, le conteur désabusé, le demi-nain marchand et enfin l’homme loup se retrouvent sur le devant de la scène bien malgré eux. En effet, à la suite de circonstances tragiques pour nos valeureux héros, ils vont devoir comprendre et surtout survivre aux différentes embûches et aux pièges que leur réserve leur destinée commune.
Une véritable course poursuite sous les frondaisons d’une forêt immense aux pouvoirs magiques impressionnants, avec aux trousses une ribambelle d’assassins et de créatures des plus machiavéliques, attendent ces hérauts d’une cause dont ils n’ont encore pas compris l’ampleur pour la survie de leur monde.

Critique :
En bref : Adrien Tomas nous propose un premier tome solide et efficace, qui fera passer un bon moment à tous les férus de fantasy. Si la trame reste très classique, il faut reconnaître que l'auteur connait ses bases et s'amuse même à les détourner de temps en temps. Après cette lecture, vous ne verrez plus jamais les elfes et les dragons de la même manière !
L'opposition entre le Bien et le Mal se transforme également en conflit entre la Nature et le Progrès, une vision intéressante assez appréciable. Les personnages sont nombreux et bien travaillés, même s'il est regrettable que certains le soient beaucoup plus que d'autres. Une bonne pioche avec ce livre qui, malgré quelques longueurs, se révèle efficace et prenant.
Plus en profondeur, "La Geste du Sixième Royaume" est un pur roman de fantasy épique. Destinée, monde en danger, batailles, magie, nombreuses races, etc, etc... La grande majorité des figures imposées du genre répondent à l’appel, même si l'auteur se les approprie pour mieux les détourner.
"La Geste du Sixième Royaume" est le premier roman d’Adrien Tomas. L’auteur a fait le choix audacieux d’écrire une véritable épopée en prenant le parti de développer son récit à travers les yeux d’une multitude de personnages. Le livre se divise en quatre parties : l’appel, le rassemblement, la guerre et la chute. Adrien Tomas nous raconte l’histoire d’un pays qui se prépare à subir une guerre.
Deux grandes puissances, le Père et l’Autre, s’affrontent depuis la nuit des temps mais elles ne peuvent le faire directement au risque de signer la destruction de l’univers tout entier. Elles choisissent alors de nommer des représentants, les Héraults. Ces Héraults sont au nombre de cinq dans chaque camp. Adrien Tomas les a baptisés : la Dame, le Prophète, le Soldat, la Bête et le Danseur. Ils présentent certains pouvoirs comme la magie, la télépathie, un flair hors norme, la voyance ou encore une maîtrise exceptionnelle de la science guerrière.
Chaque Hérault a un double dans l’autre camp, il lui incombe de l’affronter et de le terrasser pour apporter la victoire à la puissance qu’il sert. Il y a un aspect très intéressant concernant ces personnages qui doivent s’affronter. En effet, ils ont parfois été amenés à se côtoyer dans le passé. Les relations qui les lient peuvent aussi bien être cimentées par la haine que par des sentiments plus positifs. La mission qui leur est confiée prend alors une tournure plus personnelle et cela confère une grande crédibilité au texte, le lecteur se laissant volontiers contaminer par les émotions des protagonistes.
La trame de base semble classique vous me direz. Toutefois, si l'univers et l'intrigue sont en apparence assez classiques, Tomas détourne habilement les codes de la fantasy tout en suivant une trame qui a fait ses preuves. Il transforme certains peuples bien connus des adeptes de la fantasy en leur attribuant une histoire et des caractéristiques étonnantes, bien loin des glorieux récits qu'on a l'habitude de lire sur ces créatures. C'est notamment le cas des elfes et des dragons, mais pas seulement... Sans oublier qu'une autre créature bien connue est évoquée dans le tout dernier chapitre du livre, ce qui nous réserve très certainement des surprises pour la suite.
L’auteur décide donc de prendre à contre-pied ses lecteurs pour ce premier roman. En effet on trouve plusieurs différences dans cette histoire de fantasy par rapport aux stéréotypes du genre.
Notamment, comme dit plus haut, vous vous retrouvez non pas avec un, mais plusieurs narrateurs, qui vont faire avancer et prendre vie cette aventure épique. Ce n’est pas par un numéro de chapitre mais par l’un des prénoms des héros qu'Adrien Tomas annonce ses chapitres, ce qui est pratique pour ne pas se perdre avec cette ribambelle d’intervenants. Chacun très différents autant pour le physique que pour le caractère. Le jeu du chaud et du froid est très souvent employé, apportant régulièrement une note d’humour dans ce monde assez dur malgré tout.
Ainsi là où Tomas innove et convainc, c’est par le traitement de son histoire. Plus qu’il ne rend hommage aux grands classiques de la Fantasy, Adrien Tomas redéfinit ses codes. Ainsi nous sommes en face d’un immense échiquier où chaque personnage est un pion qu’il faut faire avancer. Il y a les blancs, il y a les noirs, mais comme dans la vraie vie, aucun joueur n’est finalement totalement bon ou mauvais, l’enjeu de cette guerre étant beaucoup plus complexe que ça.
"La Geste du Sixième Royaume" est un très bon roman de fantasy, mais qui n'est cependant pas exempt de défauts. Dans ses meilleurs moments, le roman d’Adrien Tomas n’est pas loin par exemple d’évoquer David Eddings, dans certains dialogues notamment, amusants ou enlevés. Mais en creux, il faut bien admettre que l’on a parfois l’impression de tomber sur le récit d’une partie de jeu de rôle couchée sur papier. Et le problème, c’est que l’on sait qu’écouter ou lire quelqu’un vous raconter une partie dont vous ne connaissez rien n’est pas très agréable.
Une chose est sûre, l’auteur a pris la peine et le temps de bâtir un univers cohérent. Citons une vraie chronologie, le travail et le soin apporté au peuple des sylphides, les liens entre les différentes thématiques abordées. Adrien Tomas essaie aussi d’apporter sa propre patte en jouant sur les clichés du genre : le véritable passé des Elfes, le rôle des dragons, la nature du conflit entre le Père et l’Autre. Des petites touches qui apportent un plus.
La contrepartie négative de la chose existe, malheureusement. De nombreuses plages explicatives, y compris par le biais des dialogues, pèsent sur le rythme du récit et lui donnent parfois des allures de guide, avec l’impression que l’on résume pour le lecteur, et non pour les personnages, les épisodes précédents.
Au final, vous l’aurez compris, le bilan est plus que positif pour "La Geste du Sixième Royaume". Le point fort d’Adrien reste son style, un style ovni dans le genre de la fantasy puisqu’il apporte une légèreté favorisant l’immersion du lecteur dans un univers d’une grande richesse. Généreux, pas bête, mais souffrant encore de défauts de jeunesse, Adrien Tomas nous propose un premier tome solide et efficace, qui fera passer un bon moment à tous les férus de fantasy !!!

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