Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Les membres de l’équipage du USS Colorado, un sous-marin nucléaire,
reçoivent l’ordre par un canal secondaire, de lancer une attaque
nucléaire sur le Pakistan. Lorsqu’ils refusent d’obtempérer, doutant de
la véracité de l’ordre, ils sont pris pour cible par l’armée américaine
et laissés pour mort.
Pour se protéger, ils n’ont pas d’autre choix que
de prendre le contrôle d’une île et de déclarer leur indépendance tout
en défiant leur pays : Les États-Unis d’Amérique. Apatrides et traqués, les marins décident donc de
fonder eux-mêmes leur patrie ! Le plus petit pays du monde à avoir
l'arme nucléaire !!!
Critique :
Après avoir créé une des meilleures séries de la dernière décennie avec "The Shield", Shawn Ryan revient avec "Last Resort". Un drame militaire et politique sur fond de menace nucléaire.
La perspective de l’élection présidentielle du 6 novembre prochain y est
peut-être pour quelque chose. La rentrée des séries US, qui bat son
plein, semble résolue à prendre à bras-le-corps les débats qui agitent
le pays. Voire à les devancer. Tandis que la comédie "The New Normal"
met en scène avec pédagogie le parcours d’un couple gay dans son désir
d’enfant, deux dramas très attendus scrutent la déliquescence morale du
pays en fantasmant une Amérique primitive.
Il s'agit de "Revolution", produit par J. J. Abrams ("Lost") et créé par Eric Kripke ("Supernatural") véritable déception, et, surtout, "Last Resort". Leur présupposé tient en une phrase : croire sincèrement en 2012 que
l’Amérique est encore le plus grand pays du monde s’avère une lubie aux
conséquences potentiellement dévastatrices !
Shawn Ryan s’y connaît en scénarios musclés et n’est pas étranger aux ambiances militaires (il a travaillé sur "The Unit"). Comme on pouvait s’y attendre, "Last Resort"
n’y va pas avec le dos de la cuillère : action, discours solennels,
sentiments exagérés, musique hypertrophiée, tous les éléments d’une
grosse série d’aventure sont au rendez-vous. Filmée à Hawaï avec un
budget visiblement conséquent, n’hésitant pas à appuyer sur les codes du
genre et malgré quelques lourdeurs, la série ne se limite pas là,
heureusement. Outre le réjouissant côté "soldats
perdus sur l’île de Lost", inévitable désormais quand une série est filmée sur une île avec palmiers, son principal ressort dramatique intrigue.
Le point de départ semble passionnant, mais "Last Resort"
voit plus loin qu'un scénario malin et commence déjà à développer
quelques personnages vraiment intéressants, et surtout une intrigue
politique qui s'annonce complexe et passionnante. Comment Washington va
réagir à la déclaration d'indépendance de ses anciens soldats ? Que vont
faire les autres pays du monde devant cette situation inédite ? Sans
compter que les relations avec les habitants de l'île sur laquelle les
marins ont trouvé refuge seront évidemment tendues et "Last Resort"
ne devrait donc pas manquer d'intrigues secondaires. Le casting est
crédible et semble armé pour porter la série, à quelques rares
exceptions près.
A la façon d’un Jack Bauer qui, malgré son ultra-patriotisme,
questionnait souvent le gouvernement américain, le capitaine de sous-marin Marcus Chaplin et son bras droit
Sam Kendal sont des rebelles, en opposition à une Maison Blanche
visiblement devenue folle, qui s’engage dans ce pilote dans une guerre
(pour le moment mal définie) contre le Pakistan. Quelles sont les
raisons de ce conflit ? Pourquoi a-t-on voulu couler leur sous-marin ?
Quelles informations arrivent jusqu’à l’île et quels généraux en place à
Washington oseront s’élever contre leurs supérieurs ? "Last Resort"
s’amuse avec l’image de la grande Amérique, souvent glorifiée dans les
films d’action, et joue la carte, ambiguë, du "vrai patriote", dont il
faudra suivre l’évolution pour saisir les intentions politiques.
Le pilote, seul épisode disponible pour le moment, est réellement très bon. De l'action, du suspens, on a envie de voir la suite malgré certains acteurs très inégaux. Les moments les plus insoutenables de l’épisode sont ceux où les
clefs de lancement nucléaire sont prêtes à être tournées. Le contexte de
la série les rend insoutenables, créant un suspens permanent. Le
spectateur est autant dans l’ombre que les membres de l’équipage, il est
donc impossible de prédire ce qui pourrait arriver. Autant au niveau
des conflits internes qu’au niveau des protagonistes de Washington. Si l’équipe de la série arrive à garder ce suspense présent pendant toute la saison, "Last Resort" s’annonce comme une des meilleures séries de la rentrée.
Si l’Amérique est devenue folle, mieux vaut en recréer une autre en
miniature, à partir de rien. Un pays sans banques, sans gouvernement,
sans corruption. Une page blanche. Ainsi le propos de "Last Resort" est
clair, mais l’avenir dira si la série développe de vraies ambitions ou
si elle enclenche simplement les ressorts d’une fiction "complotiste"
classique. En attendant,
sa précision et son efficacité dans la mise en scène de l’action
attisent la curiosité (le pilote a été réalisé par Martin Campbell,
auteur du "Masque de Zorro" et surtout de "Casino Royale" en 2006). C’est déjà respectable ! Pour le moment "Last Resort" est un coup de maître qu'on espère bien voir survivre plus d'une saison !!!
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