Note : 4.75 / 5
Synopsis :
Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents
infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est
attaqué, et M est obligée de relocaliser l’Agence. Ces événements
ébranlent son autorité, et elle est remise en cause par Mallory, le
nouveau président de l’ISC, le comité chargé du renseignement et de la
sécurité.
Le MI6 est à présent sous le coup d’une double menace,
intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu’un seul allié de confiance
vers qui se tourner : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans
l’ombre. Avec l’aide d’Eve, un agent de terrain, il se lance sur la
piste du mystérieux Silva, dont il doit identifier coûte que coûte
l’objectif secret et mortel.
Critique :
Le film d’environ deux heures et demie, inspiré des romans de Ian Fleming est sans nul doute le meilleur de la série ! Sam Mendes offre une vision plus humaine du héros, qui reçoit des balles, rate ces cibles et a des sentiments. À l’aide de la nouvelle Arriflex Alexa,
Roger Deakings, directeur de la photographie, donne une vision jeune au
film. Il privilégie la caméra à l’épaule ce qui apporte plus de
violence aux cascades.
Il faut bien l'avouer, Sam Mendes, qui succède à Marc Forster réalisateur du très décevant "Quantum of Solace", redore le blason de la franchise. Quand on connaît
la fonction de pur faiseur qu’est celle d’un réalisateur de Bond, il semble difficile de tenir Mendes pour l’auteur véritable de "Skyfall". Sauf
que les conflits œdipiens, la question du vieillissement et le trop
plein de sérieux, sans parler des 2h23, à l’œuvre dans cette 23ème
aventure de 007 sont tellement "mendesiens" qu’on pourrait presque le
prendre pour un film d’auteur.
Avant tout, c’est l’intelligente
roublardise du réalisateur ("American Beauty", "les Noces Rebelles")
qui est patente ici tant, adossée au scénario de John Logan
("Gladiator", "Hugo Cabret") et des indéboulonnables Neal Purvis &
Robert Wade, elle semble vouloir en donner à tout le monde. Ceux qui
aiment Bond pour ses basiques (l’action, les filles, l’exotisme et le
méchant magnifiquement kitch) apprécieront surtout la première partie.
Ceux qui préfèrent le Bond nouveau depuis "Casino
Royale", plus froid, dramatique, réinterprétant la mythologie bondienne
dans un mélange de sécheresse pulp et de tragédie shakespearienne (à l’image d’un Daniel Craig si minéral, voire monolithique)
exulteront lors d’une seconde partie qui prolonge "Casino Royale" tout
en rebootant une énième fois mais malignement le cahier des charges.
Dès le prologue, suivi
d’un générique sublime (la chanson d’Adele étant l’une des plus réussies
de la saga), Sam Mendes enfonce donc le clou fixé par "Casino Royale". La
franchise, ouvertement postmoderne (les autocitations se ramassent à la
pelle ; on fait du neuf avec du vieux et du vieux avec du neuf), plonge
dans la psyché de Bond, orphelin triste que les services secrets
britanniques ont érigé en sauveur de la nation, sans le ménager pour
autant. 007 a grandi sous l’autorité de "parents" exigeants dont M n’est pas la moins autoritaire. "Skyfall", qui confronte
deux galopins rebelles (l’un a coupé le cordon ombilical pour sombrer
dans le terrorisme), est un drame shakespearien entrecoupé de scènes
d’action graphiques surexcitantes. Exit les James Bond Girls, peu
présentes, et les gadgets, place à l’essentiel. Et c’est tant mieux !
James Bond a grandi, mais cela a un prix : des morts, des illusions qui s'envolent, un monde qui ne se ressemble
plus, Internet qui remplace les solides Luger. Il y a quelque chose de
crépusculaire dans cet adieu aux armes. Cette époque ne reviendra plus. L'ensemble est tellement réussi qu'on adopte Daniel Craig, peut-être comme le meilleur Bond depuis le début de la franchise, Sean Connery compris, c'est peu dire !
Il a des
rides. Il a vieilli. On le sent fourbu, désenchanté. Sauver l'Occident,
c'est un job. La fatalité
pèse sur cet athlète en smoking. Il regarde à peine les femmes, sirote
son Martini dry d'une paille distraite. Une fêlure intérieure le déchire. Il n'a plus
20 ans. Personne n'a cet âge-là, désormais.
L'espion en conçoit
une amertume légitime. La routine consiste à découper un
train en marche à la pelleteuse, à rouler en moto sur les toits
d'Istanbul, à séduire des étrangères dans des casinos chinois. C'est un
champ de bataille. Une brume se lève. À la dernière séquence, on devine
qu'une suite nous attend. Quelle surprise! Ainsi aime-t-il son pays,
même s'il lui reproche de l'avoir abandonné. La politesse l'oblige à
avoir des répliques cinglantes, à ne pas montrer son désespoir serein.
Il est malheureux. C'est ce qui arrive à tous les témoins de la grandeur
passée.
Sous la baguette de Sam Mendes, Daniel Craig offre une de ses plus belles performances. Entre humour, drame et action, le résultat est explosif ! Le film est extrêmement dynamique, les scènes d’action percutent.
Côté méchant, Javier Bardem, en mode Christopher Walken, restera un méchant mémorable. Il campe un méchant génial et ridicule, pathétique et terrifiant,
cartoonesque et humain. Un double négatif, efféminé (vraisemblablement
bisexuel) de James : ex-agent du MI-6 qui, comme lui, fut recruté,
orphelin, par M, est mort et a ressuscité.
Cette fois, la James Bond girl est un homme. C'est lui, Javier Bardem. Il fait des mines, se tortille, bat des cils. À côté, la brune sculpturale, Berenice Marlohe, fait pâle figure. On l'aperçoit à peine quelques secondes sous la douche, la nudité masquée par des nuages de vapeur. Le film est étrangement chaste, tout en sous-entendus (exacerbant de la sorte une certaine tension sexuelle qui n'explosera jamais entre Bond et Miss Moneypenny). La rencontre Bardem-Craig a des accents quasi audiardiens.
Cette fois, la James Bond girl est un homme. C'est lui, Javier Bardem. Il fait des mines, se tortille, bat des cils. À côté, la brune sculpturale, Berenice Marlohe, fait pâle figure. On l'aperçoit à peine quelques secondes sous la douche, la nudité masquée par des nuages de vapeur. Le film est étrangement chaste, tout en sous-entendus (exacerbant de la sorte une certaine tension sexuelle qui n'explosera jamais entre Bond et Miss Moneypenny). La rencontre Bardem-Craig a des accents quasi audiardiens.
"Skyfall", un très bon cru à
déguster sans modération !!!
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