Lee Daniels - Paperboy : Un film qui aurait tout eu de fascinant, mais qui au final se révèle totalement marécageux !!!
Note : 2 / 5
Synopsis :
1969, Lately, Floride. Ward Jansen, reporter au Miami Times, revient
dans sa ville natale, accompagné de son partenaire d’écriture Yardley
Acheman. Venus à la demande de Charlotte, femme énigmatique qui
entretient une correspondance avec des détenus dans le couloir de la
mort, ils vont enquêter sur le cas Hillary Van Wetter, un chasseur
d’alligators qui risque d’être exécuté sans preuves concluantes.
Persuadés de tenir l’article qui relancera leur carrière, ils sillonnent
la région, conduits par Jack Jansen, le jeune frère de Ward, livreur du
journal local à ses heures perdues. Fasciné par la troublante
Charlotte, Jack les emmène de la prison de Moat County jusqu’aux marais,
où les secrets se font de plus en plus lourds. L’enquête avance au cœur
de cette Floride moite et écrasante, et révèle que parfois, la
poursuite de la vérité peut être source de bien des maux.
Critique :
"Paperboy" a de quoi intriguer. Hué au dernier festival de Cannes, le troisième film du réalisateur de "Precious" réunit devant la caméra le jouvenceau labellisé Disney, Zac Efron, l'actrice sur le retour Nicole Kidman et l'omniprésent Matthew McConaughey.
Il y avait sans doute les ingrédients d’un bon polar romanesque dans "Paperboy", adapté d’un livre de Pete Dexter (l’auteur de "Cotton Point" et "Deadwood") : une grande famille en semi-dégénérescence (comme dans un mélo de Minnelli),
le décor vénéneux de la Floride des années 1960, avec marécages et
alligators, du racisme et de l’obsession sexuelle à gogo. Encore eût-il
fallu un bon cuisinier. Lee Daniels
confirme hélas son goût pour les effets superflus. Et surtout son peu
d’intérêt pour le récit, qu’il désagrège consciencieusement.
Je dois avouer que le film laisse perplexe. Les éléments de l'intrigue posés, le décor planté entre plages de Floride et baies marécageuses des Everglades, l'enquête policière est vite évacuée ! Si elle constitue le cœur du roman de Pete Dexter (longtemps convoité par Pedro Almodóvar), elle n'est qu'un prétexte pour le réalisateur. Il trouve là matière à intégrer tous les maux de l'Amérique des 60's (peine de mort, racisme, conditions des populations noires, homosexualité, etc.).
Ainsi après "Precious", Lee
Daniels poursuit dans le sordide et l’écœurement avec cette adaptation. À la différence près
que cette fois-ci, il s’est fait plaisir en filmant Zac Efron torse nu
et en slip blanc comme le minet de "Pink Narcissus" (film américain de 1971 réalisé par James Bidgood, visualisant les fantaisies érotiques d'un jeune homme gay) et en confiant un rôle
de vamp white trash à une Nicole Kidman métamorphosée, l’actrice ayant
choqué lors du dernier Festival de Cannes à cause de deux scènes de sexe
au mauvais goût assuré.
Le problème, c’est que si les comédiens donnent
beaucoup, le film ne leur rend pas grand-chose, négligeant les
promesses "polardeuses" au profit de références à la culture gay
underground des années 70. Dommage pour Matthew McConaughey, acteur en
pleine révolution sexuelle qui, après son rôle d’ange exterminateur dans
Killer Joe, de William Friedkin, trouvait une fois encore matière à
défendre un personnage ambigu et troublant.
Au final, l’on ne sait jamais vraiment pourquoi deux journaleux s’acharnent à sauver un "redneck" odieux condamné à mort (John Cusack). Peut-être pour sa petite amie ultra "hot" (Nicole Kidman) que lorgne le frère d’un des enquêteurs (Zac Efron). En effet, pour compenser les béances de son intrigue, Daniels en rajoute dans la moiteur et la provoc : coming out avec
menottes et tabassage, orgasme simultané au parloir, plans langoureux
de Zac Efron en slip blanc, etc. En prime, "La" scène qui fera date,
celle où Nicole fait pipi sur le torse de Zac, piqué par des méduses.
Lee Daniels confirme son appétence pour la lourdeur et la surenchère avec une autre scène aussi choc qu'inutile, où John Cusack besogne Nicole Kidman dans la cuisine, ayant même droit à des
inserts de plans d’animaux, un cochon, notamment, soit disant pour renforcer l'aspect bestialité ! Dommage aussi pour Macy Gray, dans un second rôle sacrifié, la diva soul impressionne vraiment.
Résultat, Lee Daniels perd le fil de son récit en même temps que son spectateur et empile les scènes sulfureuses gratuites. Le tout enrobé d'une esthétique frôlant parfois celle des films "rose". Je regrette sincèrement que Daniels joue avec autant de facilité sur le sex-appeal de ses acteurs, au détriment de son récit qui se retrouve littéralement noyé dans la vase !!!
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