Note : 4.5 / 5
"Break It Yourself" est parmi les albums les plus applaudis dans
les médias anglo-saxons depuis le début de 2012. Originaire de
l’Illinois, Andrew Bird s’avère l’un des plus hauts côtés pour ses
chansons de haut vol. Lancé trois ans après l’excellent "Noble Best", ce onzième album de l’artiste trentenaire le maintient dans les hautes altitudes. Andrew Bird est un artiste rare. Extrêmement discret mais sans pour autant être absent,
sérieux sans oublier d’être parfois léger, le songwriter de Chicago sait
trouver le juste équilibre.
Il en va également de ses chansons, puisant leur source dans le folk, la
musique contemporaine et le rock alternatif. Violoniste (de haut
niveau) de formation, Andrew Bird ne s’en est jamais privé, et son autre instrument fétiche, le glockenspiel, fait également partie des invités de "Break It Yourself". Ce
onzième écrin ne déroge pas à la règle qu’il s’est fixé, il y a bien
longtemps déjà : du texte, des mélodies, des instruments. Donc si les fondements y sont folk, la culture est aussi rock, l’ouverture
d’esprit y est propice au raffinement comme elle l’est à l’aventure
multi-genres. On y perçoit une variété d'influences superbement
intégrées ; post-punks, brit-pop, afro-caribéennes, musiques classiques
et contemporaines, patrimoine celtique actualisé, sifflotements aviaires
comme le suggère le nom de famille.
Au titre infiniment révélateur, "Break It Yourself" (“Brise-le toi-même”), Bird a rompu les chaînes de son
perfectionnisme et de ses habitudes de rat de studio solitaire pour
expérimenter les joies de l’enregistrement live, libre et collectif. Enregistré donc dans des conditions live, ce nouvel album n’est
pas l’œuvre d’un seul homme mais le résultat d’heures de tâtonnements,
de ratés, de moments d’épiphanie inattendus et collectifs. Un processus
expérimental et spontané dont Bird semblait avoir besoin après tant
d’années de pointillisme. Une performance qui passe aussi par celle, vocale, d’Andrew Bird.
Frustré par les conditions d’enregistrement studio de ses précédents
albums, où il dit avoir passé des heures à ciseler son timbre, il n’a
pas eu d’autre choix que d’affronter sa voix à nu, de la pousser dans
ses retranchements comme lors de ses concerts.
Résultat ? Sublime. C’est le premier mot qui nous vient en tête quand on l'écoute. Des mélodies simples et directes, une musique attachante, l’album alterne les titres courts, sortes d’interludes à l’image de "Polyation", avec des morceaux qui prennent le temps de se mettre en place. Le très beau "Hole In The Ocean Floor" nous fait voyager pendant plus de 8 minutes ! D’ailleurs, le mot "voyage" définit aussi très bien cet opus : "Danse Caribe" nous propulse, comme son titre l’indique, quelque part sur une plage des Caraïbes. C’est du bon ! Andrew Bird nous livre à la fois des morceaux envoûtants comme "Give It Away", des titres dansants et plein d’énergie à l’image de "Eyeoneye" ou le fabuleux "Near Death Experience Experience", mais encore des chansons mélancoliques telles que "Sifters". Cependant loin de dissoner, cet éclectisme s’inscrit néanmoins dans une incroyable cohérence.
Album de la libération, "Break It Yourself" est aussi celui de
l’insouciance. Andrew Bird a repoussé les nuages noirs, mis
au placard l’autopsychanalyse pour laisser place à l’instinct et au
plaisir. On sent la légèreté des nuits d’été derrière "Desperation Breeds" et "Orpheo Looks back" (peut-être ma préférée), l’envie de lâcher prise dans le nonchalant "Fatal Shore".
Le songwriter est à l’aise dans tous les domaines et sublime chaque
morceau avec sa voix tout en douceur. Il s’offre même le luxe d’être
accompagné par la talentueuse Annie Clarke, aka St. Vincent, le temps d’un "Lusitania" très réussi. Autoproduit et enregistré dans la campagne en plein cœur de l’Illinois, "Break It Yourself" est une belle réussite qui confirme ce que l’on savait depuis longtemps, Andrew Bird est un artiste rare, qui nous transporte avec son folk plein de grâce. On ne peut que l'applaudir !
Le chant de Bird, plus haut et plus pénétrant que jamais, résonne tout au long des 14 titres de "Break It Yourself".
Retourné sur les traces de son
enfance et sur la genèse de son parcours musical, au fond d’une Amérique
travailleuse mais néanmoins romantique, Andrew Bird offre ici l’une de ses plus belles créations. Là où certains artistes se contentent de nous sortir des Best Of, Andrew Bird
revient à la charge en démontrant qu’il est possible d’être toujours
meilleur, album après album. Pire, il parvient à délivrer un travail
sans cesse plus impressionnant tout en étant capable de toucher de plus
en plus de monde à travers une musique accessible et agréable.
Le chicagoan
va même plus loin ! Son album était offert en téléchargement à tous ceux
qui ont leur billet pour aller le voir en concert. On a donc
un début de révolution économique suivi d’une révolution musicale sans
précédent. Le phénomène Andrew Bird est en marche et rien n’y résistera
et c’est tant mieux !!!
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