samedi 11 août 2012

Livre - Seuls les innocents n'ont pas d'alibi de Giorgio Faletti

Seuls les innocents n'ont pas d'alibi
                                      de Giorgio Faletti

Note : 3.5 / 5

Synopsis :
Francesco Marcona, alias Bravo, n'est pas à proprement parler un enfant de choeur. Au volant de sa vieille Austin Mini, ce voyou ambitieux au physique de jeune premier écume chaque nuit en loup solitaire tout ce que le Milan de la fin des années 1970 compte de lieux interlopes, autant pour y prendre du bon temps que pour y faire prospérer ses affaires. Son créneau ? Le commerce des femmes. "Proxénète haut de gamme" à l'impressionnant carnet d'adresses, Bravo se propose de gérer au mieux les intérêts de ses protégées, de jeunes beautés avides d'argent, en les mettant en relation avec des hommes riches en quête d'aventures sexuelles.
D'aventures sexuelles, Bravo, lui, n'a guère le loisir d'en avoir. Et quand bien même il le souhaiterait, il ne le pourrait pas. Car Bravo a un signe très particulier : il n'a pas de sexe. Ou, plus précisément, il n'a plus de sexe depuis que, quelques années plus tôt, il a été châtié au couteau, ses attributs virils sacrifiés sur l'autel de mystérieuses représailles... Mais l'abstinence sexuelle, qu'elle soit volontaire ou contrainte, n'empêche pas les sentiments. Aussi, lorsque le hasard place sur sa route Carla, prête à vendre ses charmes pour s'offrir une vie meilleure, Bravo tombe-t-il aussitôt éperdument amoureux. Un coup de foudre, bientôt suivi de coups de feu, qui pourraient bien lui faire perdre ce qui lui reste de peau. 
 
Critique :
Touche-à-tout de génie, Giorgio Faletti, soixante ans, a débuté sur les planches des cabarets de Milan dans les années 1970 avant de devenir l'un des acteurs de télévision et de cinéma les plus populaires d'Italie. Il a ensuite entamé une carrière d'auteur et d'interprète de chansons. Au début des années 2000, Faletti s'est tourné vers l'écriture, connaissant un succès aussi fulgurant que retentissant dès la parution de son premier roman noir, Je tue (Flammarion, 2006), qui s'est vendu à 3,5 millions d'exemplaires dans la Péninsule.
Auteur donc de romans noirs à succès, Giorgio Faletti n'a pas son pareil pour façonner des labyrinthes dont lui seul connaît la sortie. "Seuls les innocents n'ont pas d'alibi", dont l'action se déroule en 1978, au moment de l'enlèvement du dirigeant démocrate-chrétien Aldo Moro, en apporte la plus brillante des illustrations. Dans le sillage de Bravo, à travers ce Milan des années 1970 qu'il a bien connu et au terme d'un suspense assez haletant, Giorgio Faletti, nous conduit à vive allure jusqu'au cœur des ténèbres des années de plomb italiennes marquées au fer rouge par l’ultra-violence terroriste. 
"Seuls les innocents n'ont pas d'alibi" est donc l’histoire d’un proxénète. Vie insouciante, argent facile, sentiment de pouvoir, servilité… Tout va bien pour lui puisque rien ne se fait sans l’assentiment de ces femmes qui sont à la recherche d’argent vite gagné. Un flic probablement mal intentionné vous crache son mépris ? Qu’à cela ne tienne ! Très vite, cependant, cette existence paisible cède la place au cauchemar.
Nous sommes dans les années 70, au moment où la criminalité change de registre et se double d’une violence sans concession. Le terrorisme arrive, la mafia n’est jamais bien loin et les hommes politiques, certains en tout cas, semblent céder aux sirènes de la compromission. Sans parler d’une police qui parfois emprunte des chemins qu’elle devrait ignorer. Tous les ingrédients sont là pour emporter le lecteur dans un tourbillon où la peur le dispute à l’envie d’en savoir plus.
Giorgio Faletti
Cependant, ceux qui s'attendent à un opus du niveau de "Je tue" et "Droit dans les yeux", ses deux premiers romans, seront, à mon sens, assez déçus ! Le rythme, bien que prenant pour une bonne partie du livre, n'est plus le même, Faletti nous offrant même des longueurs. Et surtout, il ne s'agit plus vraiment d'un Thriller. Le fond ressemble plus à une critique de la société italienne, avec ses magouilles et ses terroristes. Ceci étant dit, cela reste une lecture pleine de rebondissements, qui, si on la regarde d'un poids de vue politico-social, rend très bien compte de l’Italie de la fin des années 70, où règne la violence et où les compromissions entre la mafia, les politiques, les terroristes et plus simplement le milieu sont rendues avec un suspense bien distillé par l’auteur.
La ville, Milan, tient une grande place dans ce livre. On s’y déplace beaucoup, la nuit de préférence. Cela permet de voir du monde, ces intermédiaires avec qui l’on fait des affaires et les autres. Les hôtels de luxe, les restaurant prestigieux, des établissements mal famés, des hangars désaffectés transformés pour une nuit en salles de jeux. Et la rue, théâtre d’ombre et de lumière parfois très crue.
Au final, bien que Faletti se repose sur son talent de l'écriture, sans apporter de réel nouveauté, "Seuls les innocents n'ont pas d'alibi" reste une très bonne lecture, l'auteur réussissant tout de même à nous accrocher !!! 

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