Synopsis :
1931. Au cœur de l’Amérique en pleine Prohibition, dans le comté de
Franklin en Virginie, état célèbre pour sa production d’alcool de
contrebande, les trois frères Bondurant sont des trafiquants notoires.
Jack, le plus jeune, ambitieux et impulsif, veut transformer la petite
affaire familiale en trafic d’envergure. Il rêve de beaux costumes,
d’armes, et espère impressionner la sublime Bertha. Howard, le cadet,
est le bagarreur de la famille. Loyal, son bon sens se dissout
régulièrement dans l’alcool qu’il ne sait pas refuser. Forrest, l’aîné,
fait figure de chef et reste déterminé à protéger sa famille des
nouvelles règles qu’impose un nouveau monde économique. Lorsque Maggie
débarque fuyant Chicago, il la prend aussi sous sa protection. Seuls
contre une police corrompue, une justice arbitraire et des gangsters
rivaux, les trois frères écrivent leur légende : une lutte pour rester
sur leur propre chemin, au cours de la première grande ruée vers l’or du
crime.
Attente :
Présenté en Sélection Officielle à Cannes, sur un scénario du musicien australien Nick Cave (chanteur, auteur et compositeur du groupe Nick Cave and the Bad Seeds), John Hillcoat signe un film de gangsters rural au temps de la prohibition. John Hillcoat (le réalisateur de "La route") et Nick Cave ont l'habitude faire équipe ensemble. De préférence dans des films de genres comme "The proposition", un western australien, ou "Ghosts of the civil dead". Cette fois-ci, les deux hommes se sont intéressés à un roman, "Pour quelques gouttes d'alcool"
qui retrace l'histoire mi-réelle mi-imaginaire des
grands oncles de l'auteur, contrebandiers dans les années 1930.
Le film a pour originalité de sortir les gangsters de la ville car
l'action se déroule dans un petit comté proche de Chicago où la plupart
des fermiers fabriquent avec leurs cultures de l'alcool de contrebande
qui va, entre autres, se retrouver dans les speakeasy de la
ville. Le trafic est une tradition locale qui ne gêne personne. Jusqu'au
jour où un flic zélé décide de prendre sa commission. Les frères
Bondurant résistent et vont dès lors trouver sur leur route un ennemi
capable des pires ruses, l'agent spécial Rakes.
Emmené par Tom Hardy, Shia LaBeouf, Jason Clarke, Jessica Chastain, Guy Pearce, Mia Wasikowska et Gary Oldman, le long métrage a comme autre originalité d'ajouter des éléments du western au film de gangsters. Fait rare, John Hillcoat et Nick Cave
ont particulièrement travaillé le rôle de Jessica Chastain afin de
créer un personnage féminin un peu plus consistant que dans les autres
films de gangsters.
Si le pitch paraît original (des "péquenauds gangsters"), il semblerait que son traitement, lui, le soit bien moins. John Hillcoat semble avoir eu le malin plaisir de nous ressortir tous les clichés du genre : la rue désertée par ses habitants avant le règlement de comptes, la veillée au coin du feu, le gros mafieux qui abat son second.
Cependant, après avoir recueilli un maximum de news lors du festival, "Des hommes sans loi" semble avoir deux atouts majeurs. Le premier gros atout du film est le personnage de Forrest Bondurant
interprété par Tom Hardy. L'aîné de la fratrie est un colosse, un homme
qui a résisté à tout (la maladie, la mort...) et se croit invincible.
Il défend les intérêts de sa famille avec une puissance rentrée qui
force le respect. Ce personnage est à lui seul une légende et les
moments où il est à l'écran emportent le spectateur. Tom Hardy
fait de lui une interprétation toute en finesse : il laisse percer une
douceur derrière la bestialité de l'homme qui le rend très attachant.
C'est d'autant plus remarquable que le comédien n'a que quelques phrases pour défendre son
personnage.
A ses côtés, Shia LaBeouf, deuxième gros atout du film,
livre une composition étonnante. Benjamin aux frêles épaules, il peine à
rivaliser avec ses costauds aînés et compense avec la parole. Jack Bondurant
est un héros d'aujourd'hui : un type qui embobine les autres, fait plein
de plans sur la comète et rêve de bling-bling. En 2012, il serait
trader. En 1930, sa maîtrise du langage ne lui sert qu'à séduire une
femme. John Hillcoat montre assez subtilement que l'époque n'est pas aux
mots et qu'elle pourrait perdre ce personnage hors du temps.
Au final, si "Des hommes sans loi" n’étonne pas par son scénario ou sa mise en scène, le jeu des
acteurs, la réalisation maîtrisée et la musique font de ce film un pur
moment de cinéma. Et si John Hillcoat ne réussit pas à renouveler le genre, il le dépoussière
le film certainement !!!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire