Note : 4 / 5
Synopsis :
Un beau jour, les Dieux ont cessé de parler aux Hommes, les abandonnant
aux désastres et au désespoir. Un seul homme peut mener à bien la quête
qui restaurera l’équilibre du monde : Jason, le héros légendaire qui,
jadis, emmena les Argonautes chercher la toison d’or.
Mais les temps ont
changé, Jason est devenu un vieil homme hanté par de terribles
souvenirs. Il va cependant accepter de partir pour une ultime aventure à
la tête d’une bande de héros que rien ne semble prédestiner à entrer
dans la légende !
Critique :
Que s'est-il passé ? Pourquoi les dieux d'ordinaire si intrusifs, ont-ils délaissé l'humanité ? Nul ne le sait. Certains affirmèrent que les dieux étaient morts. A mesure que la rumeur enflait, l'humanité se laissait aller vers ses plus viles inclinaisons : meurtres, viols, rapines, guerres, etc. C'était un peu comme si, avec la disparition du regard divin, s'envolait une partie de l'âme humaine. Comme si seule la peur du courroux avait été le garant de la paix sociale. Mais un jour dans un royaume reculé, les dieux adressent un dernier message : leurs paroles guideront les hommes le jour où l'orbe qui leur fut dérobée leur sera rendu ! Pour cela, il faudra des braves pour aller jusqu'en Hyperborée et convaincre Jason, le dernier des Argonautes, de les conduire jusque-là.
Voilà le postulat de départ de cette BD aux multiples degrés de lecture. Dijan et Legrand avaient déjà marqué les esprits à travers la série "Les quatre de Baker Street". Cependant cette variation sur le mythe de Jason semble réellement plus ambitieuse !
Tout d'abord Jason semble être représenté par les auteurs comme une sorte "d'amphore" dans laquelle ils ont pu engager une réflexion sur la perte des repères. Paradoxalement, l'absence de dieux paraît mettre en exergue leur existence. La BD est véritablement une mise en perspective des croyances religieuses. Les dieux seraient donc à la fois la conscience et le miroir de l'humanité. Les derniers Argonautes partent donc à la découverte de leur âme. En effet, tous les héros sont unis par un sentiment d'incomplétude, voire d'inaccomplissement.
Ensuite, en mettant de côté les considérations sur le fond, la forme captera tout autant le lecteur, notamment par une mise en couleurs terriblement efficace. Les variations d'ambiance procurent une dimension onirique à l'histoire, participant pour beaucoup à la narration. Le génie de Ryder est de considérer la couleur comme étant au service du récit et du dessin.
Concernant ce dernier, l'emploi d'un canon inhabituel permet au dessinateur d'accentuer la dynamique des situations, particulièrement celle des combats. La représentation longiligne des argonautes fait référence aux héros antiques tout en conservant une expressivité plus que moderne !
Au final, "Les derniers Argonautes" est servi par un scénario solide et une mise en image très originale, qui offre des grilles de lecture plus qu'intéressantes. Cette trilogie, dont le premier tome est déjà dans les bacs, mérite amplement d'être citée parmi les très bonnes surprises de l'été !!!
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