de Mick Herron
Note : 4 / 5
Synopsis :
River, Louisa, Sid, Rodredrick, Min, Catherine, Jed et Jackson,
travaillent tous pour le MI5, mais dans le service le plus pourri des
services secrets de Sa Majesté. Pourquoi ? Parce qu’à un moment ou à un
autre, ils ont fait une erreur, ce qui leur vaut cette affectation au
Placard.
Seulement voilà, avant d’être des ratés se sont des agents secrets,
et lorsqu’un groupuscule menace de décapiter un jeune homme en direct
sur internet, leurs instincts prennent le dessus et plus rien ne peut
les arrêter ! Et si c’était leur dernière chance de réintégrer Regent’s
Park.
Critique :
Que l’on
soit amateur ou non de romans et de films d’espionnage, nous avons tous
des stéréotypes bien ancrés dans nos mémoires de cet univers
particulier, fait d’ombres et de silences, de trahisons et de
complots. Dans ce
domaine de grands noms ont apporté leur pierre à l’édifice de notre
imaginaire. De William Le Queux au début du XX siècle, à
Ian Flemming en passant John Bucan , sans oublier John Le Carré ou
Gérard de Villiers, tous ont contribué à forger l’image de l’espion ne
pouvant compter que sur lui-même, animal au sang-froid
ayant une parfaite maîtrise de soi et faisant face à toutes les
situations. Bien sûr avons-nous retenu les gadgets de James Bond et
l’ingéniosité d’un Jason Bourne.
Alors
sans doute est-il temps pour vous de pénétrer dans l’univers de Mick
Herron. Un univers où ne brille pas le flamboyant, où le
temps ne court pas après lui-même, et où l’envers du décor est
sombre, sent le désœuvrement et où la mort sociale étouffe peu à peu
votre existence. Débutant
un peu comme une histoire dans laquelle Max la menace aurait le beau
rôle, ce roman pourrait aussi s’inspirer des œuvres de Peter
Cheney lorsqu’il s’adonna au genre de l’espionnage ("Héros de l’ombre", "Sombre interlude", "Duel dans l’ombre") les boissons alcoolisées en moins. En effet un léger humour se dégage, surtout dans les dialogues,
subtilement, sans vraiment être poussé, afin de laisser une chance aux
Tocards de se réhabiliter et ne pas tomber dans la parodie, mais
suffisamment noir et machiavélique pour entretenir le suspense de façon
prégnante.
Pas vraiment roman d’espionnage, d’ailleurs il n’est pas
annoncé comme tel, il s’inscrit plus dans un roman noir. Il met en
scène une sorte de guerre des services, et le côté policier réside dans
l’enlèvement d’un jeune Pakistanais vivant en Grande Bretagne, dont les
jours sont comptés selon les ravisseurs, jouant sur les multiples
facettes de la manipulation et pointant d’un doigt mollement tendu la
résurgence de
l’extrême-droite et du racisme.
Si le
thème de ce roman aurait pu prêter à l’écriture d’une histoire riche en
situations cocasses et pleine d’humour (ce dernier, savamment distillé, servant surtout à relever l'intérêt du lecteur), il n’en est
absolument rien dans le livre de Mick HERRON. Au contraire, il
s’agit d’un roman sombre, noir, avec ses
drames et ses rebondissements.
Les personnages sont savoureux, entre le hacker asocial et l’éternel
étourdi ayant laissé un dossier ultra-secret sur la banquette du métro,
l'otage, prénommé Hassan, devrait se faire du souci. Condamnés,
pas tout à fait morts, plus vraiment vivants, parqués là par une
administration qui refuse de donner le coup de grâce en les virant, les
laissant prendre eux même le soin de se suicider
professionnellement en démissionnant, ils traînent leur faute sans
échappatoire, sans possibilité d’expiation. Mais la vidéo de la prise d'otage va offrir à tout ce petit monde l’occasion de la rédemption !
L'auteur brosse une galerie de personnages conditionnés par le goût du secret,
installés dans une paranoïa les amenant à se méfier de tout, de tous. Le
romancier connaît bien la nature humaine. Il sait la capacité de
renoncement à toute dignité de ceux qui veulent gagner ou regagner une
place, qu'il s'agisse de politiciens, de responsables économiques ou
administratifs. Mike Herron élabore une histoire astucieuse
s'appuyant sur la propension des spécialistes du renseignement à monter
les scénarios les plus improbables, mais pas toujours pour servir la
raison d'État.
Mick Herron a su modernisé les classiques du genre. Non, vous ne
trouverez pas dans ces pages le super agent secret entouré de belles
femmes et avec tout un assortiment de gadget plus fou les uns que les
autres. Mais ne soyez pas déçus parce que vous rencontrerez des
personnages authentiques et savoureux capables de donner le meilleur
comme le pire d’eux même. Des agents qui ne demandent qu’une seule
chose, qu’on croit en eux! Vous découvrirez les rouages du système, des
théories du complot, des bourdes médiatiques, des revirements de
situation ! Tout le monde à quelque chose à cacher, et encore plus dans
les services secrets ! Quoi de mieux pour commencer l’année ! Vous
l’avez deviné ? C’est un coup de cœur !!!
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