vendredi 9 août 2013

Musique - Palms de Palms

Palms - Palms : Un rock atmosphérique très onirique !!!

Note : 4 / 5 

Quand ces béhémoths du métal que sont Isis se sont séparés, ils ont laissé un vide qui n’a pu être remplacé. La nouvelle que trois de ses membres s’étaient associés avec le leader des Deftones, Chino Moreno, on peut imaginer l’excitation que Palms étaient en droit d’attendre.
Ainsi Palms c’est la réunion des ex-musiciens d’Isis, regrettée légende du post metal à tendance toolesque, et de Chino Moreno, le grand ordonnateur d’un nü metal adoubé par une critique en général peu amène avec ce mouvement. En clair, Palms, c’est un peu l'Audioslave des années 2010, le genre de rencontre entre un chanteur charismatique qui n’a rien à prouver et une bande de musiciens orphelins qui s’ennuie sec. Ce projet, sitôt officialisé, a déchaîné des passions dévorantes sur la toile avant de doucher pas mal de monde avec la révélation d’un premier trailer aussi surprenant qu'à contre-courant.
Le but avoué de Jeff Caxide (basse), Bryant Clifford Meyer (guitare), et Aaron Harris avec Palms, était de continuer dans la voie d'Isis. On pouvait craindre avec l'arrivée de Chino Moreno, d'en être réduit à une formule Isis plus Chino Moreno. Il n'en est finalement rien, Palms ayant réussi à façonner sa propre personnalité tout en restant dans la continuité.
Tout le monde s’attendait, de la part d’Isis, à une musique puissante, psychotique et aliénante, et c’est tout le contraire qui nous est proposé. Le quartet a dégagé six compositions extrêmement apaisées, longues, atmosphériques, nonchalantes, contemplatives, à l’image d’un artwork dévoilant un coucher de soleil mordoré baignant un paysage maritime sauvage.
Ici les guitares tintent plus qu’elles n’agressent, s’étalant en de longues vagues qui s’échouent sur un rivage de sable brûlant, tandis que la batterie développe des tempos optant pour la rêverie et une certaine forme de félicité. Là-dessus, Moreno n’a plus qu’à déposer sans effort sa voix en modulant tranquillement ses effets en de longues plaintes tenues percluses des rares paroxysmes hystériques qui ont fait sa renommée.
C'est donc à un album de metal alternatif aux senteurs progressives que les quatre hommes nous convient. Morceaux denses, amples, et à la violence savamment contenue peuplent ce premier disque. Les neuf minutes que dure "Mission Sunset" sont propices aux ruptures et aux changements d'ambiances, sur fond de guitares prêtes à bondir. A l'inverse et pour une durée similaire, "Antartic Handshake" mise sur une lente progression qui s'achève par un atterrissage en douceur.
Il faut prendre le temps de l'apprivoiser pour profiter des paysages fantastiques et clairement abstraits que génère la découverte de cet album homonyme. Sauvage et domestique. Vous êtes bercés par ce post rock à la Isis car, dans le cœur de Palms, il y est. Avec ses structures tantôt répétitives, tantôt évolutives, les titres s'étirent en longueur sans que cela ne paraisse un instant longuet. Grâce à des compositions flirtant pour certaines avec les dix minutes, vous prenez un "ticket for a ride" dans le monde des chimères sans passer par la case succubes. Touchés par la grâce.
Il ne s’agit pas en effet d’un album frontal, il ne possède pas ces riffs à vous scier les os et Moreno n’adopte pas un phrasé vocal qui soit agressif et défiant. "Palms" est un disque au tempo mesuré, du début à la fin, plutôt post-rock à certains moments que post-metal, mais parvenant néanmoins à ne tomber dans aucune de ces catégories.
Une légère électricité appuie de temps à autre les propos du groupe, plus en appui que pour faire pulser une rage, ici inexistante. Quant aux compos elles sont agréables. Le temps est au repos, à la rêverie les yeux mi-clos, cette musique drive son auditeur dans quelque chose de post rock qui que meut soit sous la caresse d’une musique répétitive soit mutant tranquillement. Chaque titre transporte en lui sa petite particularité, de plus, bien que les compos soient longues, on ne voit pas le temps passer.
La voix de Moreno colle merveilleusement à l'ambiance de "Future Warrior", faite d'une trame lourde et déchirante. Autre voyage intense, "Patagonia" saura charmer les plus difficiles en matière de post-metal. Ecouter "Palms", c'est l'adopter immédiatement et remercier la nouvelle entité d'avoir si bien pris la suite d'Isis.
Au final, Palms est donc bien plus que les éléments qui le constituent. Moreno est sans doute au pinacle de son interprétation et le groupe semble fonctionner comme s'ils étaient destinés les uns aux autres. Il serait plus que dommage qu’une telle expérience et avancée dans le domaine du metal s’arrête là. "Palms" est un florilège d'émotions et de sentiments qui touche l'être en son for intérieur. Fermez les yeux et laissez-vous guider !!!

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