Chronique du Tueur de Roi
de Patrick Rothfuss
Note : 4.25 / 5
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
J'ai libéré des princesses. J'ai incendié la ville de
Trebon. J'ai suivi des pistes au clair de lune que personne n'oserait même
évoquer. J'ai conversé avec des dieux, aimé des femmes et écrit des chansons
qui font pleurer les ménestrels. J'ai été exclu de l'Université à un âge où
l'on est encore trop jeune pour y entrer. J'y étais allé pour apprendre la
magie, celle dont on parle dans les histoires. Je voulais apprendre le nom du
vent. Mon nom est Kvothe. Vous avez dû entendre parler de moi.
Raconté par Kvothe lui-même, voici le
conte de ce jeune homme, naturellement doué pour la magie et qui deviendra ce
magicien que tout le monde connait.
Voici le récit intime de sa jeunesse auprès d’une troupe de baladins, de ses
années noires comme orphelin au milieu d’une cité où le crime guette, de son
pari fou pour s’inscrire à une école de magie légendaire, et de sa vie passée
comme fugitif après la mort d’un roi.
Critique :
Premier
tome de la trilogie "Chronique du Tueur de Roi" et premier roman de
Patrick Rothfuss, ce livre est une véritable réussite. On y découvre le
personnage de Kvothe, arcaniste légendaire qui nous propose un récit de sa vie
et de ses aventures relatées en l'espace de trois jours ("Le nom du
vent" correspondant à la première journée de narration). On est très vite
happé par l'univers fascinant dépeint par l'auteur, tant par les paysages et
villes évoqués que par l'originalité et la complexité du système de magie
élaboré.
Écrit à l’origine en un seul tome,
mais trop long pour être publié dans ce format, il a été découpé en une
trilogie. Les deux tomes suivants sont donc déjà écrits. Classique, déjà-vu, pourrait-on dire ? Oui, c’est vrai,
Patrick Rothfuss reprend les codes bien connus de la high-fantasy, mais, et
c’est plus rare, il le fait avec élégance et brio ! L’écriture est
superbe, légère, le style fluide, et plus les pages défilent plus il devient
compliqué de s’arrêter. Ce livre arrive à procurer une réelle sensation de
manque, un besoin de lire la suite, une difficulté à le reposer.
Il y a par moments des livres qui
arrivent à faire évoluer un genre, à l’amener vers d’autres horizons. "Le
Nom du vent" fait partie de ses ovnis dignes d’être décortiqués à
chaque page, chaque ligne, chaque mot. Il se veut digne des plus beaux romans
d’apprentissages et nous fait suivre la première partie des aventures de Kvothe
: son éducation, son entrée à l’Université à un âge précoce et ses multiples
péripéties, drames, qu’a connus sa jeunesse.
Le récit est construit d’une manière classique, à l’aide d’un schéma
souvent utilisé et plus particulièrement au cinéma : le début du livre voit
Kvothe d’un certain âge dictant son histoire à un scribe. Et donc au lecteur. Et ne vous attendez-pas à un récit
avec un héros pompeux, sans défauts. Kvothe est jeune et ça entraîne les bons
et mauvais côtés de la jeunesse.
L'attrait de ce premier tome est
renforcé par une singularité : la cohabitation de deux modes de narration
! La troisième personne pour le présent de Kvothe, et la première personne pour
son passé. Cela rend le héros principal très attachant, met en exergue ses
émotions, et on ne peut que compatir aux différents coups durs auxquels il doit
faire face.
"Le nom du vent" est une gigantesque fresque, fabuleuse
dans ces descriptions et fabuleuse dans le parti pris narratif de l'auteur.
Roman à tiroirs, oscillant entre focalisation interne et externe, avec des
histoires dans l'histoire, Patrick Rothfuss ne choisit pas la facilité. Le
roman n'est absolument pas tourné vers l'action, ici pas d'épées qui s'entrechoquent,
pas de grands champs de batailles et très peu de violence, on est dans une
fantasy sage et propre ce qui en temps normal n'est pas du tout mon style.
Pourtant,
il faut le reconnaître, malgré certaines longueurs et certains temps morts,
"Le nom du vent" est un grand roman que l'on ne lâche pas si
facilement. Là où Rothfuss est fort c'est dans
la construction de ces personnages qui du secondaire au méchant sont tous
attachants, avec leurs particularités et leurs défauts.
Une fois
les premières pages passées servant à mettre en place les personnages,
l'univers et la rencontre entre Kvothe et Chroniqueur, le lecteur n'a plus qu'à
se laisser plonger dans la vie captivante du héros. Une vie remplie de
souffrances, de désillusions mais aussi de rencontres, d'amours et de quêtes.
Une vie trépidante et palpitante qui fait qu'on a du mal à abandonner ce livre.
L'auteur
maîtrise parfaitement bien son histoire et joue avec une grande efficacité sur
les rebondissements et les effets de surprises mais aussi sur les émotions et
les moments plus intimes de la vie de Kvothe.
Concernant
l'univers on retrouve avec plaisir un univers vraiment magique et efficace
remplis de peuples différents, de magies passionnantes, d'un bestiaire vraiment
intéressant mais aussi un univers d'artiste ou la musique et la poésie ont une
grande place et rendent l'histoire vraiment agréable. Ce premier tome pose des
bases solides et efficaces concernant l'univers comme par exemple sur la
mythologie des "chandrians" dont on espère en apprendre plus dans les
prochains tomes. L'auteur a vraiment réussi à mettre en place un univers
agréable et magique.
Autre grande force du roman, la description des lieux et
des villes : on y est ! On marche le long de grandes bibliothèques remplies de livres
interdits, on est dans des villes souvent lumineuses, des tavernes sordides et
à chaque fois le danger ou l'amour guettent notre héros. Sachant que la plupart
du roman se situe dans l'université des magiciens, ces descriptions sont très
précieuses pour le lecteur qui voit devant ces yeux vivre tout l'Arcanum et ses
passages secrets ! La description des mythologies est aussi assez surprenante
et très travaillée.
"Le
nom du vent" porte en lui les germes d'une grande épopée et reste très
plaisant à lire pour qui aime ce genre d'histoires, malgré quelques défauts. On
pourra noter certaines longueurs, mais on les oublie vite devant la magie
de la lecture. Non, le principal défaut de ce roman, c’est sa fin, ou plutôt
devrait-on dire son absence de fin ! Et oui l’histoire s’arrête d’un coup,
sans cliffangher rocambolesque ou conclusion rapide, et l’on retrouve les
impressions de découpages sauvages de romans bien connues des lecteurs
français, cette frustration de découvrir un roman incomplet.
Toutefois, n'oublions pas que
"Le nom du vent" est le premier roman de Rothfuss. L’auteur a commis certes des erreurs,
mais n'est-ce pas choses inévitables pour une première œuvre ?! Cela n'entache
en rien la qualité de l’œuvre !
Au final, "Le nom du vent" est un livre qui offre un
excellent moment de lecture. L'auteur connait parfaitement les codes de la
fantasy et sais les réutiliser avec brio et efficacité nous offrant une
intrigue efficace et palpitante. Kvothe est un personnage fascinant et charismatique
et l'écriture de l'auteur est vraiment fluide et efficace. Il y a bien quelques
longueurs principalement au début mais elles sont vite balayées par la magie de
l'histoire, dont on reprochera juste à l'auteur la fin trop abrupte.
Bref un roman à ne surtout pas manquer, un petit bijou de la
fantasy vraiment agréable à lire. "Le nom du vent" est une expérience
exceptionnelle qui mérite d’être vécue tant par sa fraîcheur que son
originalité. Et il permet de mettre en avant un auteur qui risque de devenir
rapidement un pionner de la fantasy : Patrick Rothfuss !!!
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