Note : 4 / 5
Synopsis :
Scandinavie, à la fin du 8ème siècle. Ragnar Lodbrok, un jeune guerrier
viking, est avide d'aventures et de nouvelles conquêtes. Lassé des
pillages sur les terres de l'Est, il se met en tête d'explorer l'Ouest
par la mer. Malgré la réprobation de son chef, Haraldson, il se fie aux
signes et à la volonté des dieux, en construisant une nouvelle
génération de vaisseaux, plus légers et plus rapides.
Critique :
Après le succès de "Hatfields and McCoys" (un western), la chaine américaine History lance une nouvelle série, "Vikings", créée par Michael Hirst à qui l’on doit déjà "The Tudors". Le sujet est alors des plus explicite, mais l’histoire n’est pas pour autant connue, du côté de chez nous du moins.
Après "Les Tudors", le roi Arthur ("Camelot") et les Borgia ("The Borgias", dont il n’a été que brièvement producteur), l’Anglais Michael Hirst, scénariste des films "Elizabeth" et "Elizabeth, l’âge d’or",
continue de revisiter la grande Histoire. Depuis le dimanche 3 mars
2013, il remonte plus au Nord pour raconter l’histoire semi-légendaire de Ragnar Lodbrok.
Ce guerrier et navigateur viking osa le premier s’aventurer vers
l’Ouest, en direction des futures France et Angleterre, quand ses
prédécesseurs, et son chef, Jarl Haraldson, se contentaient de piller
les terres de l’Est. Jeune, ambitieux, persuadé que les dieux lui
réservaient un destin à part, Ragnar monta, contre l’avis de ses
supérieurs, un équipage pour naviguer vers l’Ouest.
"Vikings", qui doit compter neuf épisodes, a axé sa campagne de promotion sur une certaine similarité avec
"Le Trône de Fer", dont la troisième saison (très attendue) arrive à la fin du mois. Il
n'y a pas de similitudes entre l'adaptation de la fresque de G.R.R.
Martin et ce nouveau récit épique. Cela n'enlève rien à l'intérêt
suscité par le premier épisode diffusé début du mois.
Michael Hirst aime faire de l’Histoire des fictions "sexy", qui se
soucient assez peu de crédibilité et de fidélité aux faits. Regorgeant
de beaux costumes, de jolis décors, de scènes de sexe, de sang et
d’acteurs cabotins, "The Tudors" et "The Borgias" pouvaient à juste titre irriter les historiens et les amateurs de fictions subtiles. Avec "Vikings",
il a trouvé une parade pour faire taire ses détracteurs : cette
histoire-là est en bonne partie une légende, récit de la Scandinavie
médiévale où les dieux ont leur mot à dire. "Vikings" est plus une aventure imaginaire qu’un exercice historique, et Hirst peut s’y amuser sans trop nous agacer.
Le pilote s’occupe de nous introduire cela sans trop de finesse, Hirst
paraissant plus se focaliser sur la représentation de la culture et
autres rites des Vikings. Il doit probablement justifier la place du
show sur une chaine comme History, mais le côté démonstratif de la
manœuvre tend à ralentir souvent inutilement le rythme de ce premier
épisode.
Malgré cela, il est indéniable que tout ce qui devrait être fait pour
poser les enjeux de l’histoire a bien été accompli. On se familiarise
avec Ragnar et sa famille, et on apprend à mesurer les différents
conflits présents. Il ressort de ce pilote cependant un léger manque de profondeur dans le propos,
une absence de nuances qui pourra certainement être compensée par la
suite, maintenant que la partie exposition est complétée.
Toutefois, la grande force de ce pilote vient justement de sa faiblesse, il parvient à installer un univers vraisemblable et spécifique très rapidement. Du point de vue "production values",
tout y est : décors naturels somptueux, costumes, perruques et
intérieurs soignés, utilisation discrète et efficace des effets spéciaux
numériques…
Cela semble aller de soi ou paraître peut-être banal, mais c’est un premier point positif essentiel pour le genre, car, même si "Vikings" n’a pas le budget de "Games of Thrones", elle ne ressemble pas pour autant à un jeu de rôle grandeur nature filmé dans une forêt canadienne (gros défaut de "Camelot" de Starz) ou à une fête costumée dans un château hongrois.
"Vikings" reprend la violence à la fois brutale et graphique des références du moment (toujours "Game of Thrones", "Spartacus"…) mais se crée vite une identité propre par son ambiance fantastique inattendue.
Les Vikings sont un sujet peu exploité dans la fiction occidentale. En
1958, Richard Fleischer s'y était essayé avec Tony Curtis, Kirk Douglas,
Ernest Borgnine et Janet Leigh. La tentative de Hirst, qui profite de la vague actuelle portant les
séries historiques, se révèle suffisamment intéressante pour qu'on ait
envie d'aller au-delà de la mise en place, pour voir ce que Ragnar va
trouver et surtout va ramener de son voyage. On attend évidemment une
confrontation avec Jarl Haraldson.
"Vikings" ne sera pas un nouveau "Game of thrones", comme essayait de le faire croire sa promo ("A Storm is coming", annonçaient les affiches, copiant le "Winter is coming"
de la série d’HBO), mais la série est suffisamment soignée pour nous
emporter dans sa conquête de l’Ouest maritime. La critique américaine,
qui en a vu plus, semble même promettre une montée en puissance.
Pour peu que vous supportiez quelques médiocres effets numériques (le
tournage se passe en Irlande mais des paysages informatisés sont
ajoutés) et que vous n’ayez rien contre quelques caricatures vikings (les guerriers musculeux, les femmes fières et magnifiques, tout ce beau
monde savamment décoiffé et sale), alors ces Vikings pourraient vous convaincre de vous embarquer avec eux !!!
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