Note : 3.75 / 5
Synopsis :
C’est la débandade dans le royaume des elfes. Le village Ennlya a été
sauvagement attaqué et tous ses habitants elfes ont été retrouvés
massacrés. La belle elfe Lanawyn, assistée de l’humain Turin, mène
l’enquête et se rend au village pour constater les dégâts. Elle y trouve
un spectacle apocalyptique et un indice précieux : une dague qui
appartient au clan brutal des Yrlanais.
Dans le même temps, une
expédition elfique est chargée d’une mission des plus délicates :
accompagner Vaalann au royaume des eaux pour y récupérer le Crystal. Cet
objet magique et précieux désignera l’élu, celui capable de maîtriser
les mers et les océans. Pendant que Vaalan plonge dans les tréfonds de
l’océan pour récupérer le Crystal, Lanawyn et Turin plongent dans la
gueule du loup en rendant visite aux Yrlanais. Jamais le destin des
elfes n’avait connu de telles turpitudes.
Critique :
Les éditions Soleil lancent une série concept de cinq albums autour de
ce peuple mythique que sont les Elfes, avec des auteurs différents à chaque fois. Cette
première histoire propose d’aller à la rencontre des Elfes bleus, dont
l’univers est lié à l’eau, et c’est Jean-Luc Istin qui s’y jette.
L’heroïc-fantasy a toujours laissé une
grande part aux personnages des elfes, peuple noble et élégant, doué de
sagesse et de magie. Quoi de plus naturel, du coup, que de leur
consacrer une série en bande dessinée ? Pour ce faire, Soleil invite
l’inévitable Jean-Luc Istin à s’occuper du scénario. Grand adepte de
l’aventure et des récits légendaires, Istin n’en est pas à son coup
d’essai, puisqu’il a enchaîné bon nombre de récits sur la légende
d’Arthur, l’histoire des Templiers et autres aventures épiques. Ce
savoir-faire se ressent très vite dans l’album. Istin nous transporte
dans un monde enchanté plein de dangers et de péripéties.
Le
scénariste et directeur de collection est très à l’aise avec
l’imaginaire et cela se ressent. Bien sûr, le tout souffre du format
one-shot qui n’autorise pas le développement des caractéristiques
propres aux "longues oreilles". Cependant, l’alternance entre
l’enquête sur le massacre des villageois d’Ennlya et le parcours de
Vaalan pour devenir le guide de son peuple est habillement agencée. La
narration ne souffre d'aucun temps mort, les personnages, malgré le
manque d’espace, sont intéressants et bien présentés.
Avec ce premier tome, le scénariste joue la carte du dépaysement total
puisqu'il nous immerge dans un monde médiéval onirique qui est partagé
principalement entre les hommes, les elfes et les orks. Fort de cet
exotisme très bigarré, il nous introduit dans le climat particulièrement
tendu entre chaque ethnie, chacune ayant sa particularité physique et
morale (les uns, belliqueux, les autres, immortels et sages et les
derniers, nécromanciens). Ce brassage génère ainsi une intrigue profonde
dont le départ est le massacre de tout un village elfe.
Alternant donc deux histoires en parallèle, on
assiste à deux récits classiques, dignes des romans : une enquête sur une
affaire criminelle des plus sombres (le massacre du village Ennlya) et
un récit d’initiation (Vaalann qui devient l’élu). Deux éléments
classiques d’une histoire, qui ont tous deux pour sujets les elfes. Avec
des dialogues soignés et une narration savamment orchestrée, le lecteur
est rapidement transporté dans le royaume des elfes et familiarisé à
leurs us et coutumes.
Toutefois,
si le récit reste des plus classiques, il est tout à fait plaisant, et
est magnifiquement mis en images par Kyko Duarte ("Chronique de la guerre des Fées").
Le dessinateur espagnol passe avec une égale réussite de plans
rapprochés sur les protagonistes à de grandes cases proposant des décors
majestueux, en particulier ceux liés au royaume marins des êtres bleus.
Le cadrage varié sert efficacement l’aventure.
Tout comme Istin, Duarte n'en est pas à son coup d'essai. Ce dernier, aiguisé par le travail remarquable réalisé dans les séries "Chroniques de la guerre des fées", "De sang-froid", "Le Capitaine Fracasse",
nous démontre une fois de plus son savoir-faire dans la manière de
mettre en images un univers imaginaire bien léché, indubitablement
magique peuplé de créatures disparates. Le geste, maîtrisé,
proportionnel, plein de créativité, peut se révéler doucereux quant à
l'apparence des elfes féminins mais également incisif quand il s'agit de
décrire la cruauté et la dureté de certains autres personnages.
Le voyage dans cet univers, là aussi devenu
classique, est donc surtout assuré par le dessin de Duarte des plus
spectaculaires. Ainsi, alternant dans de grandes cases de somptueux paysages et
des scènes de combats resserrés, l’artiste espagnol offre un
spectacle visuel superbe. Il faut dire que les couleurs de Saïto y
participent grandement : dans des teintes vives et chatoyantes, admirez
les monts enneigés du village d’Ennlya, la beauté fine du royaume des
elfes ou encore la fureur et la puissance des mers.
Au final, même si, compte tenu du thème, un soupçon d’originalité aurait été le
bienvenu, cette épopée possède suffisamment d’atouts pour séduire les
lecteurs désireux de s’offrir un bon moment d’évasion. Le spectacle est impressionnant.
Dans ce bel écrin graphique, l’histoire se déploie
majestueusement. Istin prend le temps de décrire les personnages
importants : la colère du roi Rinn, la perfidie du conseiller Siemir, la
cruauté sournoise des orcs… De plus, la fin réserve de belles
surprises. Récit d’heroïc-fantasy dépaysant et prenant, le pilote de
cette œuvre sans prétention offre un beau moment de détente et de
plaisir. Une première partie engageante qui mêle harmonieusement monde légendaire et quête aventureuse fantastique. A suivre donc !!!
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