Carlos Carcas et Noberto Lopez Amado - How much does your building weigh, Mr. Foster ? : Un documentaire qui réussit magnifiquement à faire vivre l'architecture high-tech au cinéma !!!
Note : 4.25 / 5
Synopsis :
À travers un voyage dans de nombreux pays, ce documentaire suit
l’ascension de Norman Foster, né dans une famille populaire de
Manchester et reconnu aujourd’hui comme l’un des architectes les plus
brillants de son époque.
Le documentaire retrace l’ascension de l’un des architectes les plus importants de notre
époque donc, Norman Foster et son inépuisable ambition d’améliorer la
qualité de vie grâce au design. On y voit les origines de Foster, ses
rêves, ses influences, et comment il en vient à des projets aussi
démesurés que l’aéroport de Pékin (le plus grand édifice au monde), le
Reichstag, la Tour Hearst à New York, le Viaduc de Millau… En pionnier,
Norman Foster tente de répondre au grand défi du monde de demain, un
monde où l’immense majorité de la population mondiale aura migré dans
les villes.
Critique :
Critique :
Du Viaduc de Millau, dont la construction a constitué une prouesse technique sans précédent, à la Mairie de Londres, de la renaissance du Reichstag à l'aéroport de Pékin, les époustouflantes réalisations de l'architecte Norman Foster redessinent les grandes villes du monde entier depuis les années 60. "How much does your building weigh, Mr. Foster ?" est un documentaire exceptionnel qui revient sur le parcours étonnant de Foster, et qui pose les questions de la conception de l'architecture dans le monde d'aujourd'hui !
Mairie de Londres |
Ce film documentaire va bien au-delà de la présentation d’un architecte
génial et de son œuvre. Le viaduc le plus haut du monde, celui de
Millau, l’aéroport de Pékin, le Reichstag de Berlin, et tant d’autres
bâtiments prestigieux suffisaient pourtant déjà à montrer l’importance
de cet architecte majeur. Cependant c’est l’ascension de cet homme hors du
commun, venu d’une famille modeste de Manchester, passionné de ski de
fond aussi bien que de vol à voile, habité par l’architecture et son
devenir au point d’avoir créé "Foster+Partners", l’agence mondiale
d’architectes et d’urbanistes sans doute la plus innovante du monde, dont il est surtout question ici.
"How much does your building weigh, Mr Foster ?" est précisément la question que posa un jour Richard Buckminster Fuller à Norman Foster, la question du maître à son élève et qui résume le parcours d’architecte de Norman Foster.
C’est surtout le point de départ de ce documentaire qui n’en est pas
tout à fait un. Quiconque s’est un jour intéressé de près à
l’architecture n’y apprendra pas beaucoup de choses mais le film
représente une belle plongée dans cet univers de masses et de formes
colossales.
Vue intérieure de la Mairie de Londres |
Depuis son enfance, Norman Foster est fasciné par les grands espaces,
les matériaux délicats et les constructions aériennes. À travers ses
recherches esthétiques, l'architecte de renom tente de réconcilier les
diktats de l'art et de l'utilité afin de redéfinir les paysages urbains
de notre planète. Ces paysages, qui sont appelés à se multiplier au
profit des paysages ruraux au cours des prochains siècles, soulèvent
autant de défis que l'architecte se plaît, malgré son âge avancé, à
relever avec brio. Selon lui, ces premiers balbutiements ne sont
cependant que les premières réponses à un défi historique qui pourrait
bien déterminer l'avenir de la race humaine.
Ce documentaire possède deux qualités à mon sens. La première, c’est de nous montrer l’art derrière l’architecture. Les
bâtiments dessinés par Foster sont représentés sous un jour magnifique
et différent des photos de monuments traditionnelles. Le procédé dans le film nous montrant des croquis se
dessinant sous nos yeux est une belle trouvaille. Voir ces lignes et ces courbes donner vie à un
projet de bâtiment gigantesque était un moment aussi très poétique.
La seconde qualité est de nous montrer comment un homme se "construit" et "bâtit" son existence. Car le bonhomme a
une personnalité hors du commun. A plus de 70 ans, Monsieur Foster,
jeune papa, fait des courses de ski de fond et parcourt les quatre coins
du monde, ayant survécu à un cancer et une crise cardiaque. Foster
étonne et détonne notamment avec son nouveau projet de ville verte
Masdar, aux Émirats Arabes Unis. On dirait de la science-fiction : une
ville zéro carbone, avec des véhicules sans conducteur.
En mêlant les entretiens avec Lord Norman Foster ou ses collaborateurs
et les vues époustouflantes des bâtiments qu’il a réalisés, les metteurs
en scène Carlos Carcas et Norberto López Amado font que ce
documentaire, visuellement très beau, devient un plaidoyer pour les
villes futures du XXIème siècle. Une bouffée d’espérance dans un monde
qui en a bien besoin. Le film, comme l’homme, sont fascinants.
Le Viaduc de Millau |
Le seul bémol est le point de vue pris sur Foster. On remarque tout de même que le documentaire ne prend aucun recul sur la
personnalité de Norman Foster, tous les témoignages étant élogieux (le fait qu'il soit produit par sa femme aurait-il une incidence ?). Alors que tous les génies possèdent leur côté obscur, il est ici totalement occulté, ou gentiment tourné. Toutefois, pour "Senna",
le manque d’objectivité n'était pas vraiment gênant, et ici non plus.
En effet, on est tellement pris par les images et leur force, qu’on
fait le voyage sans hésiter.
Ceci mis-à-part, la fascination de l’homme pour les structures légères et les
avions, qui imprime chacun de ses bâtiments, du plus modeste au plus
magistral, transpire de
l’écran et tisse un lien étroit entre l’architecture et l’image de
cinéma. Suivant une construction extrêmement posée de longs plans aérien
ou de mouvements au plus près des structures, à chaque fois d’une durée
conséquente et rythmés par une composition atmosphérique, ces
merveilles issues de l’esprit de celui que l’on a nommé le Mozart du
modernisme semblent prendre littéralement vie dans le cadre.
Hearst Tower à New-York |
Au final, "How much does your building weigh, Mr Foster ?"
devient dans ces beaux moments qu’on souhaiterait ne jamais voir
s’arrêter une œuvre plastique "hypnotisante". La caméra semble caresser
les structures et les matières de ces poèmes gravés dans le métal et le
gigantisme tandis que le temps se voit distordu par les effets de time
lapse qui font se mouvoir l’environnement autour des bâtiments. L’architecture et le cinéma peuvent donc faire bon ménage, quand le
second se met au service de la première pour la sublimer et
l’immortaliser sur pellicule. A voir que l'on soit amateur d'architecture ou non !!!
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