Note : 3.75 / 5
Depuis l'invention de la pop music, les duos d'amour platonique ont toujours eu leurs bonnes heures. De Nancy Sinatra et Lee Hazlewood dans les sixties à She and Him dans les années 2000, ces couples fantasmés ont souvent livré de grands disques. Dernier en date, la rencontre entre Binki Shapiro et Adam Green.
A
ma droite, le crooner indie Adam Green à la discographie déjà
importante (six albums en solo). A ma gauche, l'égérie, indie elle aussi, Binki Shapiro, échappée de feu-Little Joy. Tous deux
joignent leur talent au profit d'un disque charmant,
fortement inspiré par les duos mixtes de Nancy & Lee à Jane
& Serge.
Adam Green, qui entama sa carrière aux
côtés de la fantasque Kimya Dawson, aime les duos. Les disques de Lee Hazlewood
et Nancy Sinatra l’obsèdent. Les chansons de cœurs brisés, ciselées d’accords
mineurs, le ravissent. "Blood On The
Tracks" (1975), le plus grand disque de rupture amoureuse jamais enregistré,
demeure son album préféré de Bob Dylan.
De sorte que, traversant lui-même
l’éprouvante fin d’une aventure sentimentale, l’homme a suivi le même chemin
que ses héros, enregistrant son meilleur disque au bord des larmes mais en
charmante compagnie ! Celle de Binki Shapiro, ex-compagne de Fabrizio Moretti avec
qui elle anima le réjouissant trio Little Joy, qui ne donnera probablement jamais
suite à son inusable album éponyme de 2008. On l’a dit, entièrement écrite à
quatre mains, la collaboration entre mademoiselle Shapiro et mister Green doit
beaucoup à Lee Hazlewood qui, rappelons-le, aida Phil Spector a démarré son
illustre carrière.
Seuls ensemble, ils vont donc composer un bouquet de chansons
romantiques et un brin désabusées, déposé dans le vase immémorial de la
country-pop et du folk baroque. Il suffit
d’une seule écoute à "Adam Green & Binki Shapiro" pour accrocher à leur
univers. Grâce à ses arrangements rappelant les sonorités pop-folk de la fin
des sixties et à la complicité évidente qui lie les deux chanteurs, ce duo
semble être l’accompagnement parfait pour une journée d’été ensoleillée en
Californie.
L’atmosphère dans laquelle nous entraînent les deux artistes, avec
leurs sons de guitares rayonnants et les discrets accents de claviers suggère évidemment quelque chose de romantique, néanmoins les paroles sont plus axées
vers une douce mélancolie, discourant de manière simple et candide sur la
trahison, les ruptures amoureuses et les discordes conjugales. Oscillant entre
harmonie et amertume, Green et Shapiro nous apparaissent comme des confidents,
des intimes, transposant de difficiles situations personnelles en de complexes
et bucoliques chansons.
Cet album oscille entre le folk, la pop sixties et des accents rock qui rappellent les débuts du Velvet Underground. On y retrouve la voix de crooner de Green et celle plus mélancolique de Shapiro. Les deux timbres se répondent à la perfection et le parfois est parfois cynique, comme des chroniques amoureuses douces-amères.
Avec cet album, on lorgne un peu vers l’exercice de style. En effet, on
est face à des chansons qui nous plongent directement dans la pop
américaine des années 60. "Here I am", qui ouvre l’album, est une ballade folk à 3 temps des plus classiques, où les voix des deux compères se marient à merveille. Binki livre une belle prestation façon Nancy Sinatra et on retrouve la voix puissante et grave d’Adam Green, à la manière d’un Leonard Cohen.
Adam croone avec classe ("Pitty Love"), la voix de Binki ennivre ("Pleasantries", "What's The Retard").
C'est le musicien et producteur Noah
Georgeson (Devendra Banhart, The Strokes, Little Joy, Charlotte
Gainsbourg, Vetiver...) qui a supervisé le projet, apposant sa patte sur
la dizaine de titres portés par des arrangements savoureux.
Certains titres vont même verser dans la country-folk, toujours à l’ancienne, comme le sympathique "Pleasantries". Des titres plus folk très réussis jalonnent cet album, comme "Don’t ask for more", plus 70’s, ou encore "Pity Love", qui nous rappelle que Nicole Kidman et Robbie Williams
s’étaient déjà pliés à ce genre d’exercice rétro avec "Somethin’
stupid", chanson reprise une multitude de fois depuis sa création en
1963, pour Nancy et Franck Sinatra.
On retrouve même un bon vieux slow comme on en fait plus avec "Casanova" et son clavecin, titre qui donne l’impression d’avoir été entendu
1000 fois, mais qui fait l’effet d’une friandise sucrée auquel on ne
peut résister.
Bien sûr, on a déjà entendu tout ça ailleurs, et même en mieux chez She
& Him, dont Adam Green et Binki Shapiro évoquent souvent la
doublure. Avec un brin de mauvaise foi, on pourrait même soupçonner
les deux New-Yorkais de ne pas avoir composé leurs propres mélodies, se
contentant de reformuler les plus belles compositions du génie de Las Vegas, Hazlewood.
Pourtant, séduit par la légèreté du résultat, on n’en
fera rien.
Car
aussi facile soit-il, cet enregistrement inaugural n’est jamais simpliste ou putassier.
On y retrouve avec délice ces deux voix tant aimées, réunies le temps de dix titres
brillants. Emmené par la guitare
acoustique d’Adam, l’orchestre qui mène le bal maîtrise sur le
bout du médiator l’âge d’or des glorieuses années 60. Basse chaloupée, batterie
économe, claviers en pleurs, rien ne manque à l’appel. L’ambition n’est pas de renouveler le genre mais de s’y réfugier !
Bien évidemment, il ne faut pas s’attendre à quoique ce soit de très
nouveau ou à une quelconque surprise de la part d’un tel album. On est
là dans du très connu, voir du déjà entendu, mais c’est réalisé avec la
manière, le duo Adam Green / Binki Shapiro fonctionne à
merveille et ces chansons qu’on entend pour la première fois semblent
avoir toujours existées dans un coin de notre tête. Un exercice de style
réussi haut la main. Faussement naïf et de grande classe, cette première collaboration est une réussite !!!
Il suffit
d’une seule écoute à Adam Green & Binki Shapiro pour accrocher à
leur univers. Grâce à ses arrangements rappelant les sonorités pop-folk
de la fin des sixties et à la complicité évidente qui lie les deux
chanteurs, ce duo semble être l’accompagnement parfait pour une journée
d’été ensoleillée en Californie. L’atmosphère dans laquelle nous
entraîne les deux artistes, avec leurs sons de guitares rayonnants et
les discrets accents de claviers suggère evidemment quelque chose de
romantique, néanmoins les paroles sont plus axées vers une douce
mélancolie, discourant de manière simple et candide sur la trahison, les
ruptures amoureuses et les discordes conjugales. Oscillant entre
harmonie et amertume, Green et Shapiro nous apparaissent comme des
confidents, des intimes, transposant de difficiles situations
personnelles en de complexes et magnifiques chansons. - See more at:
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