de José Carlos Somoza
Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Isolée sur un atoll de l'océan Indien, la fine fleur de la physique
mondiale est en quête du Graal. Elle œuvre à un ambitieux projet fondé
sur la théorie des cordes, qui permettrait d'ouvrir le temps. S'ils
parviennent avec ravissement à contempler le passé de l'humanité (la
crucifixion du Christ ou la terre à l'ère jurassique), les
scientifiques perçoivent rapidement que ce programme, financé par de
mystérieux fonds privés, pourrait connaître des applications moins
angéliques. Un drame conduit à la suspension immédiate des recherches,
dispersant aux quatre vents les apprentis sorciers.
Dix ans plus tard, dans une université de Madrid, Elisa Rohledo déplie
un journal pour étayer une thèse de physique théorique. Une fraction de
seconde lui suffit à comprendre qu'elle est en danger de mort.
Aux côtés d'un confrère, depuis toujours intrigué par la modestie des aspirations professionnelles de la séduisante physicienne au regard de son cursus académique, Elisa et ses anciens acolytes retournent aux origines de la tragédie, sur cet îlot où ils avaient profané le temps.
Aux côtés d'un confrère, depuis toujours intrigué par la modestie des aspirations professionnelles de la séduisante physicienne au regard de son cursus académique, Elisa et ses anciens acolytes retournent aux origines de la tragédie, sur cet îlot où ils avaient profané le temps.
Critique :
"La Théorie des Cordes", malgré son titre qui fait peur à ceux qui n'y
comprennent rien à la physique, est un roman très prenant. Il est
construit comme un thriller, avec un suspens haletant. Quatrième roman de l’auteur originaire de la Havane, Somoza s’attaque cette
fois à la science dans ce qu’elle a de dangereux et mystique, à ses
limites et ses buts.
L'auteur sait tisser un suspens qui captive le lecteur. Il joue sur le
fait que le lecteur ne sait rien : il débarque, et n'a que les maigres
renseignements que veut bien lui donner Elisa par le biais de sa pensée.
Le lecteur se rend encore mieux compte qu'il arrive en plein milieu de
la vie de quelqu'un. Le fait de ne pas tout savoir dès le départ est
gênant, mais plus réaliste.
Admirablement découpé, le scénario de "La Théorie des cordes"
renvoie le plus machiavélique des scénaristes hollywoodiens au vestiaire et déroule sa ligne narrative sans heurt. Dans son style fluide habituel, Somoza dresse la trame d’une sorte de
thriller scientifico-fantastique, vendeur et accrocheur. Le roman se lit sans ennui, il
capture aisément l’attention, il intrigue, il noue les fils de
personnalités fortes mais néanmoins floues.
Il m'a été tout simplement impossible de me détacher de ce roman, malgré
ses 500 pages. Le rythme est soutenu et palpitant, la plupart des rebondissements sont assez
inattendus. Les personnages ont suffisamment d'épaisseur et de failles
pour que l'empathie fonctionne à merveille. Ils sont attachants et le lecteur ressent leur détresse, à tel point qu'il s'identifie parfaitement à eux.
Mais surtout, José Carlos Somoza est un maître du fantastique et de l'indicible. Tous nos sens sont en éveil pour tenter de cerner l'invisible. L'horreur est distillée avec talent et on se prend parfois à retenir son souffle en tournant les pages.
Mais surtout, José Carlos Somoza est un maître du fantastique et de l'indicible. Tous nos sens sont en éveil pour tenter de cerner l'invisible. L'horreur est distillée avec talent et on se prend parfois à retenir son souffle en tournant les pages.
Chaque partie du récit est introduite par une citation choisie avec
justesse qui laisse le lecteur construire ses hypothèses. Bien
évidemment, il y a derrière ce récit toute une réflexion philosophique
sur ce que l'homme peut ou ne peut pas se permettre de faire. Quand l'humain se
prend pour un apprenti sorcier et que les scientifiques se substituent à
un Dieu hypothétique.
Souvent, dans ce genre de roman, ce qui déçoit particulièrement, c'est la manie qu'ont les auteurs de verser dans le mysticisme. Non seulement José Carlos Somoza ne tombe pas dans ce travers, mais le dénouement est aussi soigné que l'intrigue, ce qui est loin d'être évident quand on choisit un tel sujet. La fin que l'auteur nous propose est en parfaite adéquation avec ce qui précède.
Souvent, dans ce genre de roman, ce qui déçoit particulièrement, c'est la manie qu'ont les auteurs de verser dans le mysticisme. Non seulement José Carlos Somoza ne tombe pas dans ce travers, mais le dénouement est aussi soigné que l'intrigue, ce qui est loin d'être évident quand on choisit un tel sujet. La fin que l'auteur nous propose est en parfaite adéquation avec ce qui précède.

Au final, le roman de Somoza se dévore d'une traite et horrifie peu à peu
son lecteur avec ses descriptions impeccables et cette sensation
d'angoisse étonnamment bien rendue. Sexe, mort, tourments de
l'inconscient et surprenante illustration d'une théorie physique
séduisante, "La Théorie des cordes" fourmille d'idées géniales.
Géniales, car elles n'inventent rien, mais recyclent avec
bonheur l'histoire classique de la noirceur humaine. Ajoutez à cela
quelques gouttes du meilleur des romans à suspense, et vous obtenez un
livre d'une exceptionnelle facture, à découvrir au plus vite.
Rythmé, fouillé, documenté, passionnant de bout en bout, "La Théorie
des cordes" est un roman qui marque. Pas nécessairement un chef
d’œuvre impérissable, mais suffisamment jubilatoire, affreux et barré
pour enthousiasmer les lecteurs. Ne passez pas à côté, José Carlos Somoza est un auteur qui fait mouche... Et mal !!!
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